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Le Bolchévik nº 211 |
Mars 2015 |
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De Mélenchon à LO en passant par le PCF et le NPA
La gauche française fête Syriza au gouvernement bourgeois
La formation du nouveau gouvernement bourgeois en Grèce a été saluée avec enthousiasme non seulement par une partie du PS (et du FN) mais aussi par le Parti de gauche, le PCF et le NPA. Mélenchon se voit déjà en Tsipras français prenant l’Elysée en 2017 pour devenir chef des armées de l’impérialisme français, pendant que le PCF voit une occasion inespérée de faire revivre les illusions dans une « Europe sociale » capitaliste (voir l’éditorial de l’Humanité au lendemain des élections, le 26 janvier). Le soutien de la gauche française à Syriza découle de son soutien à l’Union européenne, cette alliance impérialiste réactionnaire.
François Sabado, le chef du mal-nommé « Secrétariat unifié de la Quatrième Internationale », qui maintient des liens avec le NPA, s’est distingué par son soutien direct à Syriza dès avant les élections (le Monde, 20 janvier) alors que ses camarades grecs, eux-mêmes divisés, étaient en majorité groupés à l’extérieur de Syriza derrière la candidature d’Antarsya (un bloc pourri comprenant des ex-maoïstes et une scission de Syriza ayant pour politique simplement de faire pression sur Syriza, comme l’expliquent nos camarades ci-dessous). Olivier Besancenot a déclaré à l’Obs que « l’opportunité est colossale » pour la gauche française suite à la victoire de Syriza.
Même Lutte ouvrière (LO) a félicité le peuple grec pour son vote (« il peut en être fier » ! éditorial du 26 janvier), déclarant qu’« avec une dizaine de milliards [que Tsipras pourrait soi-disant obtenir des créditeurs de la Grèce], il atténuera peut-être les souffrances des plus démunis ». LO a récidivé dans son éditorial de la semaine suivante, proclamant qu’« en votant pour Syriza, l’électorat populaire grec a fait un geste fort ». LO ajoute simplement que les capitalistes ne cèderont rien et que « le peu que Tsipras a promis aux plus démunis devra être pris sur la bourgeoisie et fera l’objet d’un bras de fer entre, d’un côté, les classes populaires et, de l’autre, la classe capitaliste ». La perspective de LO est, au mieux, que les travailleurs grecs se mobilisent pour faire aboutir les quelques promesses de Tsipras ; autrement dit, un soutien « militant » au programme de Tsipras et son gouvernement (capitaliste).
Les réformistes chauvins français, tout particulièrement le PCF et le NPA, voient dans le nouveau gouvernement grec une opportunité de faire pression sur le gouvernement Hollande (qu’ils avaient élu en 2012) pour relâcher d’un cran la camisole de force austéritaire. Ce n’est pas un hasard que cette attitude des réformistes français reflète une opinion répandue dans une partie de la
bourgeoisie française : elle espère profiter de l’élection grecque pour repositionner l’impérialisme français qui avait été marginalisé dans l’UE ces dernières années par son rival d’outre-Rhin. Le Monde (1er-2 février) indiquait ainsi qu’avec l’arrivée de Tsipras au Conseil européen « M. Hollande peut espérer s’y réinstaller dans une position centrale ».
En fait, si la France s’est révélée tout aussi intraitable que sa rivale allemande pour faire pression sur la Grèce, c’est parce qu’elle n’est pas un pays opprimé en Europe (comme la Grèce, la Roumanie ou le Portugal) mais une puissance dominante. A cet égard l’impérialisme français est l’un des principaux bénéficiaires de la saignée imposée ces dernières années aux pays du Sud et de l’Est de l’Europe et aux classes ouvrières d’Allemagne et de France également. D’ailleurs la dette grecque a permis notamment de faire de ce pays le troisième client de l’industrie d’armement française (le Monde, 3 février).
En signe de solidarité avec les travailleurs grecs, le mouvement ouvrier ici devrait se battre pour annuler la dette grecque aux mains des banques et de l’Etat français. Il s’agit non de demander une restructuration de la politique économique du moloch européen, mais de se battre pour détruire l’Union européenne de l’intérieur par une série de révolutions ouvrières afin de la remplacer par une économie socialiste collectivisée et planifiée internationale. A bas l’Union européenne capitaliste ! A bas son instrument financier l’euro ! A bas la forteresse Europe raciste ! Pour les Etats-Unis socialistes d’Europe !
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