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Le Bolchévik nº 211

Mars 2015

Déclaration du Groupe trotskyste de Grèce

Aucune voix pour Syriza ! Votez KKE !

A bas l’Union européenne ! Pour la révolution ouvrière !
Pour les Etats-Unis socialistes d’Europe !

15 janvier – Le Groupe trotskyste de Grèce, section de la Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste), appelle à voter KKE aux élections législatives du 25 janvier. Le KKE est le seul à gauche qui se présente à ces élections sur une ligne d’opposition totale à l’UE impérialiste ainsi qu’à tous les partis qui défendent l’UE, y compris le parti petit-bourgeois qu'est Syriza. Aucune voix pour Syriza !

Nous sommes trotskystes : notre perspective, c’est la lutte pour la révolution ouvrière ici et ailleurs dans le monde. Nous sommes par conséquent contre Syriza, non seulement parce qu’il s’est engagé à maintenir la Grèce dans l’UE, ce qui est une promesse d'imposer encore davantage la faim et le chômage, mais aussi parce qu’il ne représente en rien les intérêts de la classe ouvrière. Le programme de Syriza est bourgeois, et sa base petite-bourgeoise – petits entrepreneurs, paysans et professions intellectuelles (avocats, médecins, enseignants, etc.) –, une couche qui n'a pas d’intérêts de classe indépendants, et qui sous le capitalisme se retrouve en général derrière les intérêts de la bourgeoisie. Syriza fait quelques discours très modérés contre l’austérité et ses positions ont un parfum de gauche sur certaines questions sociales, ce qui peut faire hurler la bourgeoisie contre son prétendu radicalisme. Les impérialistes de l’UE et les capitalistes grecs ont beau mettre en doute la capacité de Syriza à imposer l’austérité dictée par l’UE, il n'en demeure pas moins que le caractère de classe de ce parti est bourgeois. Pour nous, marxistes révolutionnaires, cela signifie qu’il est contraire à nos principes de donner un soutien politique à Syriza, sous quelque forme que ce soit.

Les réformistes d’Antarsya n’ont pas de tels principes, et bien qu’ils prétendent s’opposer à l’UE ils sont incapables d’appeler ouvertement à voter contre Syriza. Antarsya se lamente que le KKE « décoche ses flèches davantage contre les forces combatives de la gauche que contre le gouvernement et le système » (« Déclaration d’Antarsya pour les élections du 25.1 »). Etant donné que les polémiques du KKE visent dans leur immense majorité Syriza, cela revient à attaquer le KKE de la droite pour défendre Syriza. Aucune voix pour Antarsya ! Contrairement au reste de la gauche réformiste, le KKE est contre apporter un soutien politique, sous quelque forme que ce soit, à Syriza, et il continue à rejeter les offres d’alliance de ce dernier pour porter au pouvoir un gouvernement capitaliste « de gauche ».

La Ligue communiste internationale a depuis le début une position de principe contre l’UE impérialiste et l’euro. L’UE a pour but de permettre aux puissances impérialistes européennes, menées par l’Allemagne, d’asservir les pays capitalistes plus faibles comme la Grèce, et d’imposer une austérité féroce aux travailleurs dans toute l’Europe, y compris en Allemagne. L’UE, le FMI et les capitalistes locaux ont ruiné le niveau de vie des masses en Grèce, au Portugal, en Espagne et dans d’autres pays, et ils continuent d’exiger de nouvelles coupes réglées et la destruction totale des droits syndicaux. Ce sont ainsi les travailleurs qui sont censés payer les dettes accumulées par les capitalistes et leurs banques avides de sang. Il n’y a aucune issue pour les travailleurs et les opprimés à l’intérieur de l’UE capitaliste !

Les réformistes du KKE disent à juste titre : « Sortie de l’Union européenne, annulation de la dette », « Rejetons le chantage et les mensonges de ND [Nouvelle Démocratie] et de Syriza, le peuple a suffisamment saigné pour la ploutocratie de l’UE ». De même que lors de notre campagne de soutien critique au KKE en 2012, nous appelons à voter pour le KKE tout en critiquant violemment son programme politique de populisme nationaliste, qui représente un obstacle à la prise de conscience que la classe ouvrière doit réaliser pour mener à bien une révolution socialiste victorieuse.

Si la Grèce sortait de l’UE du fait de luttes ouvrières combatives, ce serait un pas en avant, mais ce ne serait pas en soi la solution. La crise en Grèce fait partie intégrante d’une crise économique mondiale du système impérialiste, crise qui ne peut pas être surmontée dans le cadre des frontières d'un seul pays – et en particulier quand il s'agit, comme dans le cas de la Grèce, d'un petit pays dépendant, avec un faible niveau d’industrialisation et peu de ressources naturelles. La seule voie pour aller de l’avant, c’est une série de révolutions socialistes qui exproprieront les classes bourgeoises, y compris dans les centres impérialistes, et qui avec le pouvoir ouvrier instaureront une économie collectivisée et planifiée au niveau international. Pour les Etats-Unis socialistes d’Europe !

Mais les dirigeants du KKE prétendent que la Grèce pourrait réaliser le « socialisme » sans une extension internationale de la révolution ouvrière, ce qui est une déformation stalinienne du marxisme. De même, quand ils appellent au « pouvoir populaire », ils dissolvent dans le « peuple » le prolétariat, qui seul a la puissance sociale nécessaire pour renverser le capitalisme. Ceci masque le fait que la principale division de classe dans la société capitaliste passe entre le prolétariat et la bourgeoisie, et non entre le « peuple » et les « monopoles ». Le KKE adhère au nationalisme grec, comme le montre le fait qu’il défend les frontières de la Grèce capitaliste. Pour prouver son patriotisme, il a présenté aux élections Giannis Douniadakis, un officier de la marine grecque à la retraite qui a occupé des postes de responsable militaire dans le gouvernement grec. Ce représentant patenté de l’appareil répressif de l’Etat capitaliste a également été en poste à l’OTAN. Sa candidature est en contradiction flagrante et grotesque avec l’opposition affirmée du KKE à cette alliance impérialiste. Nous disons : Aucune voix pour Douniadakis !

Le nationalisme grec a pour piliers l’Eglise orthodoxe, l’institution de la famille et l’armée ; c’est le poison qu’utilisent les fascistes d’Aube dorée pour gagner une assise parmi les petits-bourgeois ruinés, et pour détourner leur rage en direction des immigrés, des militants de gauche, des homosexuels et des syndicalistes. La direction du KKE est restée criminellement passive face aux attaques fascistes contre lui-même et contre d’autres. Malgré son poids social dans les syndicats ouvriers, le KKE n’a pas du tout comme perspective de mobiliser des détachements ouvriers, basés sur les syndicats, pour défendre les immigrés, les militants de gauche et les homosexuels, et pour balayer les fascistes des rues. La classe ouvrière ne peut pas se défendre contre la crise capitaliste si elle ne prend pas en charge cette lutte urgente. Le but ultime des fascistes, c’est la destruction des syndicats et de la gauche, et c’est la raison pour laquelle les capitalistes les gardent en réserve. Pour des mobilisations ouvrières de masse de front unique pour stopper les fascistes !

Les travailleurs ne doivent pas croire qu’il serait possible de stopper les fascistes en emprisonnant quelques dirigeants d’Aube dorée et si l'Etat édictait d'autres mesures légales à leur encontre. Ce genre de mesures servent aussi à réprimer les militants de gauche. Aucun gouvernement capitaliste, y compris un gouvernement « de gauche » dirigé par Syriza, ne pourra satisfaire les revendications pressantes des masses en ce qui concerne l’emploi, le système de santé et les retraites. Dans ces conditions, les fascistes vont continuer à se développer. La classe ouvrière doit prendre la tête d’une lutte combative pour défendre tous ceux qui ont été ruinés par la crise capitaliste. Il faut une réponse lutte de classe à la démagogie populiste des fascistes : Syndiquons les non-syndiqués ! Les syndicats doivent défendre les travailleurs immigrés – pleins droits de citoyenneté pour tous les immigrés ! Des emplois pour tous, avec une semaine de travail réduite sans perte de salaire ! Echelle mobile des salaires pour compenser l’augmentation du coût de la vie ! Annulation de la dette ! Nationalisation des banques !

Cette lutte montrera que la classe ouvrière doit exproprier complètement la bourgeoisie et instaurer son propre gouvernement au moyen d'une révolution socialiste. Mais telle n’est pas la perspective de la direction du KKE, qui refuse peut-être pour le moment un gouvernement Syriza, mais qui n’est pas contre gérer l’Etat capitaliste. C’est un fait qu’un maire du KKE gère l’Etat capitaliste au niveau régional à Patras, de même que la région de l’Attique est administrée par une préfète bourgeoise de Syriza. Et le KKE n’a pas rompu sur le fond avec le programme qui l’avait conduit dans le passé à participer à des gouvernements bourgeois, comme nous l’expliquons en détails dans notre article « La Grèce dans les années 1940 : Une révolution trahie » [Spartacist édition anglaise n° 64, été 2014 – cet article peut être commandé (en grec ou en anglais) ou consulté sur le site internet de la LCI, icl-fi.org].

Le Parti bolchévique de Lénine et Trotsky est pour nous le modèle du parti révolutionnaire qu’il faut forger ici et au niveau international, à l’opposé des programmes réformistes tant du KKE stalinien que du reste de la gauche grecque. Pour de nouvelles révolutions d’Octobre !

 

Le Bolchévik nº 211

Le Bolchévik nº 211

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