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Le Bolchévik nº 209

Septembre 2014

Des militants de la JC agressés par des fascistes à Rouen

Seules des mobilisations ouvrières/immigrées peuvent écraser les fascistes !

Nous reproduisons ci-dessous un tract de nos camarades de Rouen.

* * *

3 juin – Deux militants de la Jeunesse communiste (JC) ont été tabassés samedi dernier par une dizaine de nervis fascistes, alors qu’ils diffusaient des tracts pour la gratuité des transports. Un passant qui tentait de s’interposer a été agressé également. Les deux jeunes ont fini à l’hôpital, l’un d’eux avec un traumatisme crânien. Cette agression s’est déroulée en plein centre-ville de Rouen et en plein après-midi. La Ligue trotskyste condamne fermement cette attaque contre des militants de gauche ; elle montre à quel point les fascistes sentent aujourd’hui qu’ils peuvent agir en toute impunité. Il est urgent de les arrêter à travers des mobilisations centrées sur la puissance du prolétariat organisé, notamment via ses syndicats, pour stopper cette vermine avant qu’il ne soit trop tard. Une attaque contre un est une attaque contre tous !

Cette agression a eu lieu pratiquement un an jour pour jour après que Clément Méric, 19 ans, avait été assassiné par des skinheads à Paris. Les fascistes attaquent d’abord les minorités à la peau foncée, les homosexuels, les Juifs, les antifascistes, mais leur véritable but est rien moins que la destruction physique du mouvement ouvrier organisé.

Suite au meurtre de Clément Méric, les groupes fascistes de Troisième Voie et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires avaient été dissous par Hollande et Valls. Nous insistions alors que ce n’est pas par les « interdictions » de l’Etat capitaliste que l’on peut combattre les fascistes – comme l’a montré l’Histoire, la bourgeoisie utilise en réalité ces interdictions contre le mouvement ouvrier. Et ce n’est pas non plus en allant demander de l’aide auprès du préfet, le représentant sur place de Valls. Non seulement aujourd’hui les fascistes sont plus forts qu’il y a un an, ils sont encouragés par leurs victoires aux dernières élections municipales et européennes et leurs attaques se multiplient.

Sur la fac de Lettres de Mont-Saint-Aignan cela fait deux ans que nous alertons la gauche sur la présence de plusieurs fascistes notoires. Un concert de gauche a été menacé physiquement en octobre 2011 ; il ne serait pas difficile de chasser ces fascistes si les directions syndicales sur la fac et les groupes de gauche avaient l’intention de mobiliser la masse des travailleurs, des profs et des étudiants révulsés par les provocations de ces gens-là. Dans d’autres villes, ce sont des agressions contre des militants de gauche et des minorités qui ont lieu de plus en plus fréquemment. Pas plus tard que le 17 mai, le drapeau arc-en-ciel (symbole LGBT) a été brûlé dans la nuit au local de l’association AIDES Normandie à Rouen.

La montée du fascisme dans le pays – et plus généralement en Europe – prend place dans un contexte d’attaques sur tous les fronts contre la classe ouvrière, attaques menées par le gouvernement de Hollande/Valls. Hollande a été élu il y a deux ans grâce notamment aux consignes de vote du PCF-Front de Gauche, du NPA et également de la direction de la CGT. Lutte ouvrière avait alors laissé les masses faire un « choix personnel » en conseillant un vote « anti-Sarkozy ». Au contraire nous avions été les seuls à appeler à ne pas voter pour Hollande : la mise en place d’un gouvernement capitaliste de gauche avait pour seul but de faire passer les attaques de la bourgeoisie que Sarkozy n’était pas parvenu à mener.

Le capitalisme français est en crise et il doit se « réformer » s’il veut cesser de perdre des parts de marché par rapport à ses concurrents comme l’Allemagne. Cela veut dire : travailler plus, baisser les salaires, renforcer la terreur raciste pour diviser pour mieux régner, poursuivre les guerres impérialistes dans le monde. Ce n’est pas en cherchant à faire pression sur ce gouvernement pour quelques miettes ou en demandant à l’Etat capitaliste d’intervenir au côté de la classe ouvrière qu’on peut combattre les fascistes. Cela ne peut au contraire qu’alimenter davantage encore la démoralisation et le cynisme parmi les travailleurs qui subissent tous les jours les attaques de ce gouvernement – et jeter dans les bras des fascistes une couche d’ouvriers politiquement arriérés qui voient dans le FN le seul opposant sérieux au « système UMPS » discrédité.

Trotsky – l’un des dirigeants de la Révolution d’octobre 1917 en Russie qui avait balayé la bourgeoisie et autres réactionnaires – a publié au début des années 1930 de nombreux écrits sur le fascisme. Il écrivait notamment dans Comment vaincre le fascisme :

« Le régime fasciste voit son tour arriver lorsque les moyens “normaux”, militaires et policiers de la dictature bourgeoise, avec leur couverture parlementaire, ne suffisent pas pour maintenir la société en équilibre. A travers les agents du fascisme, le capital met en mouvement les masses de la petite bourgeoisie enragée, les bandes des lumpen-prolétaires déclassés et démoralisés, tous ces innombrables êtres humains que le capital financier a lui-même plongés dans la rage et le désespoir. »

Alors la question à se poser, c’est comment en finir avec cette racaille fasciste ? Il y a eu la semaine dernière à Rouen deux mobilisations de plusieurs centaines de personnes, essentiellement des lycéens et autres jeunes, contre la montée des fascistes. Cela montre qu’il y a dans la population des couches qui sont prêtes à se battre avec dévouement contre les brutes fascistes du FN et ses appendices néonazis, ce qui peut servir d’étincelle à des mobilisations plus larges. Mais seule la classe ouvrière a la puissance sociale nécessaire pour mobiliser non seulement les prolétaires, ceux qui produisent avec leur force de travail tous les profits des capitalistes, mais aussi derrière eux la jeunesse et tous les opprimés qui sont directement visés par les fascistes. C’est ainsi qu’on peut faire rentrer dans leur trou les fascistes – et en dernier ressort la classe ouvrière pourra les éradiquer avec la révolution socialiste.

Marine Le Pen a essayé le 4 mai dernier de se pointer au marché de Sotteville-lès-Rouen, un quartier ouvrier multiethnique tout proche des ateliers SNCF ; c’est une bonne chose qu’elle ait dû prendre la poudre d’escampette (protégée par les flics de Valls). Mais si les syndicats avaient mobilisé des bataillons venus du dépôt SNCF de Sotteville, de l’usine Renault de Cléon, du port et de la pétrochimie, elle n’aurait même pas osé faire son apparition ! L’obstacle à ce genre de mobilisation est un obstacle politique : les directions réformistes de la classe ouvrière. Celles-ci ne cessent de bêler pour l’unité de la classe ouvrière et de la gauche, unité non pas pour mobiliser la classe ouvrière dans la lutte pour ses propres intérêts opposés à ceux des capitalistes, mais pour faire pression sur le gouvernement et détourner ainsi la classe ouvrière de ce qu’elle doit faire.

Il faut un parti révolutionnaire d’avant-garde qui combatte le programme des réformistes et trace une perspective prolétarienne internationaliste. Le capitalisme n’est pas un système réformable ; la terreur raciste, le fascisme et l’oppression sont inhérents à ce système. La seule solution, c’est d’en finir avec ce système pourri en se battant pour une révolution socialiste, selon le modèle de la Révolution russe de 1917, pour jeter les bases d’une société fondée non pas sur les intérêts des requins capitalistes mais sur les vrais besoins des masses.

 

Le Bolchévik nº 209

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