|
|
Le Bolchévik nº 193 |
Septembre 2010 |
|
|
Liberté pour les condamnés de Villiers-le-Bel !
Paris, le 7 juillet 2010 La cour d’assises de Pontoise a condamné le 4 juillet à des peines allant de 3 à 15 ans de prison ferme 5 jeunes de Villiers-le-Bel : Abderahmane et Adama Kamara (respectivement 15 et 12 ans ferme), Ibrahima Sow (9 ans), Maka Kanté et Samuel Lambalamba (3 ans chacun). Il s’agissait là de la culmination de la vendetta policière contre les jeunes de la cité après qu’ils avaient osé protester suite à la mort de Mouhsin et Lakamy, deux jeunes dont la moto avait été percutée par une voiture de flics en pleine accélération qui les poursuivait le 25 novembre 2007. Inutile de dire que les flics responsables de la mort de Mouhsin et Lakamy, eux, jouissent de l’impunité la plus totale.
Par contre, la cité avait fait l’objet d’une invasion policière à six heures du matin le 18 février 2008, avec plus de 1 000 flics qui avaient ratissé le quartier. Des jeunes ont été arrêtés sans l’ombre d’une preuve, le plus souvent sur la base de « témoignages » anonymes et rémunérés par les flics. Dans un premier temps, il y a un an, dix autres jeunes avaient pris de un à trois ans de prison ferme pour « jets de pierre », etc., contre les flics. Nous exigeons la libération immédiate des 15 jeunes de Villiers-le-Bel !
Le gouvernement les a coffrés pour l’exemple, parce que quelqu’un avait tiré en novembre 2007 sur les flics qui assiégeaient la cité. Une armée de flics et de juges a ensuite passé deux ans à concocter des preuves contre ces jeunes, qui au procès se sont révélés une fiction complète : il n’y a ni « arme du crime », ni trace d’ADN, ni aveux, même après des années de prison préventive et de pressions diverses sur les prisonniers et leurs familles. Même les « témoins » achetés par les flics se sont révélés être de vulgaires indicateurs de police ou des criminels notoires, ou se sont rétractés en disant qu’ils avaient été contraints par les flics de faire des dépositions. L’absence de preuves elle-même est pourtant lors de ce procès devenue la preuve suprême, l’accusation dénonçant une soi-disant « loi du silence » terrorisant les habitants de la cité mais ce sont les flics qui terrorisent en permanence la cité. Comme le disait Adama Kamara, « j’ai peur de cette justice » qui veut l’enfermer des années. Et le refus des accusés d’avouer a été lui-même présenté comme la preuve que ce sont des criminels endurcis qui ne se laissent pas impressionner.
Cela montre que les juges ne sont pas là pour redresser les torts faits aux opprimés, mais pour sanctionner ceux qui sont considérés comme un danger pour la société bourgeoise. Les deux procès de 2009 et 2010 contre les jeunes solidaires de Mouhsin et Lakamy forment un portrait saisissant de ce qu’est la justice capitaliste, qui plus est dans le pays des « droits de l’homme » : une machine raciste à broyer des innocents afin de faire respecter l’ordre de la propriété privée et mater toute velléité de révolte des travailleurs et des opprimés. Sous le capitalisme la justice est inévitablement une justice raciste et de classe. Seul le renversement du capitalisme par une révolution ouvrière permettra d’en finir avec des atrocités comme les procès de Villiers-le-Bel.
Ici, c’est toute la cité qui se retrouvait sur le banc des accusés derrière ces quinze jeunes, une vengeance de la bourgeoisie pour la révolte des banlieues de 2005 et pour les protestations contre la police en novembre 2007 à Villiers-le-Bel après la mort de Mouhsin et Lakamy. Comme l’a déclaré avec un cynisme menaçant Etienne Le Saux, l’un des avocats généraux, aux jurés : « Bien sûr, vous allez commettre une erreur judiciaire. Parce que les tireurs n’étaient pas cinq, ils étaient plus nombreux. Ils ne sont pas tous dans le box. Elle est là l’erreur judiciaire » (l’Humanité, 5 juillet).
Le deuxième procès de Villiers-le-Bel qui vient de se conclure a été marqué par une procédure particulièrement scandaleuse, celle du témoignage anonyme, une monstrueuse machine à fabriquer des coupables puisque par définition la défense ne peut pas interroger et remettre en cause ces témoins anonymes. Le « témoin anonyme » a été introduit dans la législation en novembre 2001 sous le gouvernement Jospin-Buffet-Mélenchon dans le cadre de la « loi de sécurité quotidienne ». (La seule innovation qu’y ont ajoutée les gouvernements de droite qui ont suivi, c’est d’officialiser la rémunération des indics, et ensuite de faire l’amalgame entre témoins et indics en rémunérant également les témoins, qui évidemment sont payés pour faire des déclarations conformes aux besoins des flics.) Deux mois après le 11 Septembre à New York, le gouvernement PS-PC-Verts avait utilisé l’hystérie « anti-terroriste » contre les islamistes pour faire passer dans l’arsenal judiciaire le témoignage anonyme.
L’accusation lors du procès de Villiers-le-Bel n’a d’ailleurs pas manqué d’avoir recours à tous les clichés et amalgames racistes anti-islamiques, déclarant que l’épouse de l’un des accusés portait la burqa, qu’ils étaient issus de familles polygames, etc. Alors que sévit la pire crise économique depuis les années 1930 et que le gouvernement s’emploie à la faire payer par les travailleurs, il multiplie les campagnes racistes dans le but de faire passer ses projets, notamment le démantèlement des retraites, la liquidation de centaines de milliers d’emplois dans la fonction publique, la suppression d’aides sociales, etc. Il mène ces campagnes racistes pour chercher à diviser et affaiblir la classe ouvrière, attisant le chauvinisme pour enchaîner, par le protectionnisme, les ouvriers ici à leurs exploiteurs contre les travailleurs d’autres pays. C’est pourquoi le mouvement ouvrier doit plus que jamais pour se défendre lui-même s’opposer avec intransigeance à ces campagnes racistes. A bas la loi de sécurité quotidienne et ses avatars qui ont suivi ! A bas la loi raciste contre la burqa ! Libération immédiate des 15 de Villiers-le-Bel ! |
|
|
|
|