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Le Bolchévik nº 193

Septembre 2010

Défendons les Palestiniens contre le terrorisme d’Etat sioniste !

Pour l’internationalisme prolétarien, non aux appels à l’impérialisme !

Sur le boycott, le désinvestissement et les sanctions

Particulièrement depuis le massacre de la flottille d’aide pour Gaza, perpétré par le régime sioniste, beaucoup de défenseurs des Palestiniens opprimés réitèrent leurs appels à « boycott, désinvestissement et sanctions » (BDS) contre Israël. En tant qu’internationalistes révolutionnaires, nous soutenons des actions syndicales limitées dans le temps contre l’Etat israélien. Un exemple a été l’action menée par les dockers suédois qui ont boycotté les bateaux et marchandises en provenance et à destination d’Israël entre le 22 et le 29 juin, pour protester contre l’attaque de la « flottille de la liberté ». En général, nous sommes favorables à ce que les syndicats refusent de transporter les matériels militaires destinés à Israël ; de telles actions sont autant de coups portés non seulement contre le régime sioniste mais aussi contre les classes dirigeantes impérialistes britannique, américaine et autres.

Mais si nous soutenons l’action des dockers suédois, nous sommes opposés à la stratégie politique des bureaucraties syndicales réformistes qui ont été à son initiative. En même temps qu’il avançait le mot d’ordre correct de la levée du blocus de Gaza, l’appel à l’action des dockers suédois demande aussi que « Israël respecte la loi internationale », et réclame « un blocus général des marchandises israéliennes tant que les droits du peuple palestinien ne seront pas garantis et le blocus de Gaza levé ». Dans la même veine, un texte récemment signé par les dirigeants syndicaux britanniques Tony Woodley, Dave Prentis, Billy Hayes, Bob Crow et Mark Serwotka déclare : « Nous appelons le gouvernement britannique et l’Union européenne [UE] à suspendre l’accord d’association UE-Israël et à mettre fin à leur soutien au blocus et à la punition collective des hommes, des femmes et des enfants de Gaza. Nous appelons à soutenir une politique de boycott des produits israéliens, de désinvestissement des sociétés israéliennes et de sanctions contre Israël, jusqu’à ce que justice soit rendue au peuple palestinien » (Guardian, 5 juin).

Nous sommes politiquement opposés aux boycotts permanents et aux campagnes de désinvestissement et de sanctions contre Israël, qui vont à l’encontre de la lutte ouvrière internationale, seule capable d’amener à la libération des Palestiniens. Les campagnes de BDS ne font qu’entretenir des illusions dans le caractère bienfaisant des autres puissances capitalistes – et notamment de l’impérialisme britannique – comparativement avec Israël. Si elles étaient suivies d’effets, les campagnes de boycott porteraient préjudice à la classe ouvrière d’Israël, aussi bien de langue hébraïque qu’arabe, en provoquant des licenciements en masse et en affaiblissant sa puissance sociale, laquelle peut et doit être mobilisée pour briser l’Etat sioniste de l’intérieur par une révolution socialiste.

Les réformistes du Socialist Workers Party (SWP) [en France, la tendance « Que faire ? » du NPA] soutiennent la stratégie de BDS et expliquent ses objectifs généraux dans un article intitulé « La lutte contre l’apartheid israélien » (Socialist Worker, 19 juin) :

« La stratégie de BDS consiste à rechercher le soutien et la solidarité internationaux jusqu’à ce qu’Israël respecte la loi internationale : ceci signifie qu’Israël doit mettre fin à son occupation de la Cisjordanie et au blocus de Gaza, et doit appliquer ses propres lois équitablement et universellement aux Juifs comme aux Arabes.
« La stratégie de BDS consiste à construire un mouvement international pour isoler Israël économiquement, culturellement et dans le domaine universitaire. Elle consiste à persuader les artistes, les écrivains et les hommes de spectacle à ne pas travailler en Israël – suivant en cela l’exemple de Gil Scott-Heron, d’Elvis Costello et d’autres. Elle consiste à identifier les produits israéliens qui sont importés en Grande-Bretagne – pas juste ceux produits par les colonies à partir de ressources palestiniennes illégalement confisquées – et à faire pression sur les importateurs et les distributeurs pour qu’ils ne les stockent pas. Elle consiste à retirer des rayons des supermarchés tous les articles illégalement produits en Cisjordanie et à les remettre aux directeurs des magasins pour les aider à éviter des poursuites pour vente de produits volés. »

L’article précise que « la stratégie BDS ne consiste PAS à boycotter individuellement les chercheurs ou les universitaires israéliens », mais représente un « boycott institutionnel ». Face aux cris d’orfraie poussés par les sionistes contre des syndicats britanniques qui avaient appelé à des boycotts universitaires d’Israël en 2006, nous écrivions : « La Spartacist League et le Spartacus Youth Group appellent à défendre l’UCU [University and College Union – Syndicat des universités] et les autres syndicats et organisations contre la campagne sioniste ; nous savons que la campagne de boycott est motivée par la solidarité avec les Palestiniens opprimés » (Workers Hammer n° 196, automne 2006). En même temps, nous écrivions :

« Le boycott par les syndicats universitaires, qui fait partie intégrante d’une campagne plus large de désinvestissement à l’encontre d’Israël, représente un appel à la moralité supposée des institutions universitaires et des organismes de financement britanniques et européens pour que ceux-ci coupent tout lien avec le régime brutalement oppressif et meurtrier d’Israël. Le problème avec cela, c’est que les universités ne sont pas moins attachées en Grande-Bretagne à l’Etat britanique qu’elles ne le sont à l’Etat israélien en Israël. Et l’Etat impérialiste britannique n’est pas moins sanguinaire que l’Etat israélien. »

De l’Inde au Kenya, de l’Irak et l’Afghanistan à l’Irlande du Nord, l’impérialisme britannique, dans toute son histoire, a laissé sa trace ensanglantée sur toute la surface du globe. Le bourbier sanglant du Proche-Orient d’aujourd’hui est lui-même l’héritage des machinations de la politique de « diviser pour régner » menée par l’impérialisme britannique quand il était la puissance mondiale dominante.

Socialist Worker (5 juin) en appelle aux impérialistes britanniques aux mains trempées de sang quand il déclare que « nous devons forcer la Grande-Bretagne à rompre tous ses liens avec Israël, y compris à fermer son ambassade ». L’idée que le gouvernement, les entreprises ou les administrations universitaires britanniques (ou d’ailleurs l’UE ou l’ONU) pourraient être « persuadés » de favoriser la justice économique et sociale est grotesque. Mais le programme du SWP repose sur le mythe qu’on peut faire pression sur l’impérialisme britannique pour le forcer à servir les intérêts des opprimés, et il perpétue précisément les illusions dans la « démocratie » impérialiste que les marxistes cherchent à détruire. Comme nous l’écrivions dans notre article « Retour de baton sioniste autour du “boycott d’Israël” » (Workers Hammer n° 196, automne 2006) :

« Pourquoi ne pas appeler à un boycott de tous les produits de consommation britanniques pour protester contre la brutalité dont fait preuve le régime britannique à l’encontre de la minorité catholique opprimée en Irlande du Nord, sans parler du rôle de l’impérialisme britannique dans l’asservissement de l’Irak et de l’Afghanistan ? Non seulement cela entretient des illusions dans la nature “démocratique” et “civilisée” des autres puissances et entreprises capitalistes, que la campagne cherche à dissuader de faire des affaires avec Israël, mais ce genre de campagne est en réalité anti-ouvrière. »

Les boycotts et l’Afrique du Sud de l’apartheid

La campagne de « boycott, désinvestissement et sanctions » prend délibérément pour modèle la campagne pour le désinvestissement et les sanctions contre l’Afrique du Sud de l’apartheid dans les années 1980. Dans un article publié dans le Guardian (10 janvier 2009), Naomi Klein argumentait que « la meilleure stratégie pour mettre fin à l’occupation de plus en plus sanglante est qu’Israël devienne la cible d’un mouvement mondial du genre de celui qui a mis fin à l’apartheid en Afrique du Sud. » La campagne de désinvestissement contre l’Afrique du Sud menée en Europe et en Amérique du Nord a été menée principalement à l’initiative du Congrès national africain (ANC), une formation nationaliste-bourgeoise. Elle était basée sur l’idée que le capitalisme sud-africain pouvait être fondamentalement réformé sous la pression des puissances impérialistes « démocratiques » comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. En fait, ce n’est pas le désinvestissement, mais les luttes sociales de masse des travailleurs noirs et de couleur, centrées sur la classe ouvrière, qui ont mis fin au régime de la domination blanche directe en Afrique du Sud. Les acquis significatifs arrachés par la lutte de classe noire et l’instabilité provoquée par la multiplication des grèves ont dissuadé les investissements en Afrique du Sud.

A l’époque, notre organisation était la seule à dire la vérité : que le désinvestissement était au mieux un geste moral creux ; que si les sociétés étrangères retiraient effectivement des investissements productifs significatifs, cela serait préjudiciable aux travailleurs noirs et cela affaiblirait le puissant mouvement syndical noir ; et que, et c’est le plus important, il était obscène de voir dans l’impérialisme américain et son partenaire subalterne britannique des forces pour la « démocratie » où que ce soit dans le monde. Dans les rares cas où des désinvestissements ont eu lieu, ils ont principalement pris la forme de cession par des sociétés multinationales de leurs filiales à des partenaires locaux, qui souvent traitaient leurs ouvriers encore plus brutalement. De fait, en 1989 il y a eu des grèves des ouvriers sud-africains noirs du pétrole et du caoutchouc contre des projets de désinvestissement de ce type. Comme nous l’écrivions dans notre article « Les ouvriers noirs en grève contre les attaques antisyndicales du “désinvestissement” » (Workers Vanguard n° 486, 29 septembre 1989), « La seule forme de “désinvestissement” qui profitera aux exploités et aux opprimés, ce sera la révolution prolétarienne et l’expropriation de ces richesses par un gouvernement ouvrier centré sur les Noirs, partie intégrante d’une fédération socialiste de l’Afrique australe. » Cela n’est pas moins vrai aujourd’hui, alors que les dirigeants de l’ANC comme Jacob Zuma continuent à servir d’hommes de paille noirs pour un système capitaliste de néo-apartheid dont le caractère fondamental, y compris les énormes disparités entre groupes raciaux, est demeuré intact.

Pour une fédération socialiste du Proche-Orient !

La Spartacist League et les autres sections de la Ligue communiste internationale sont intervenues dans les récentes manifestations contre l’attaque de la flottille par les sionistes, pour exprimer notre solidarité avec les masses palestiniennes et mettre en avant la seule perspective – la révolution socialiste internationale – qui pourra mettre fin à l’oppression nationale des Palestiniens. Les peuples sans nombre du Proche-Orient ne connaîtront la paix, la justice ou la prospérité que quand la domination bourgeoise aura été renversée dans toute la région par une série de révolutions socialistes. Pour nous révolutionnaires en Grande-Bretagne, la solidarité avec les opprimés dans les pays néocoloniaux signifie d’abord et avant tout nous opposer à notre propre classe dirigeante et lutter pour renverser l’impérialisme britannique par une révolution socialiste ici dans ce pays.

L’oppression abominable que subissent aujourd’hui les Palestiniens, y compris le siège de Gaza, est une expression de la domination barbare de l’impérialisme capitaliste et du nationalisme sioniste. Depuis plus de 60 ans, les Palestiniens étouffent sous la botte de l’Etat sioniste d’Israël – une oppression qui s’est intensifiée depuis la destruction contre-révolutionnaire de l’Union soviétique en 1991-1992. L’écroulement de l’URSS, qui jouait au niveau international le rôle de contrepoids à l’impérialisme américain, a privé l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de feu Yasser Arafat d’un soutien diplomatique et financier crucial, pavant ainsi la voie aux infâmes accords « de paix » d’Oslo, signés en 1993 sous la houlette des impérialistes américains, et qui faisaient de l’Autorité palestinienne une police auxiliaire des sionistes dans les Territoires occupés. Dans un article intitulé « Accord Israël-OLP pour un ghetto palestinien », nous écrivions que cet accord n’offrait « même pas l’expression la plus déformée de l’autodétermination » et qu’il « apposerait le sceau de l’OLP sur l’oppression nationale des masses arabes palestiniennes, opprimées depuis si longtemps » (le Bolchévik n° 125, novembre-décembre 1993). C’est cette trahison des nationalistes laïques de l’OLP qui a pavé la voie au développement de groupes islamistes réactionnaires comme le Hamas et le djihad islamique parmi les Palestiniens.

Depuis Oslo, chaque nouvel accord « de paix » a été salué comme ouvrant la porte à l’émancipation nationale des Palestiniens. En réalité, l’oppression sioniste des Palestiniens n’a fait que s’intensifier, conduisant à un cycle toujours plus meurtrier de terreur contre la population palestinienne. Les gouvernements israéliens cantonnent de plus en plus les Palestiniens dans des enclaves en forme de bantoustans, délimitées par un mur massivement gardé et entrecoupées de colonies de peuplement sionistes, de checkpoints et d’autoroutes strictement interdites aux Palestiniens. Gaza n’est pas autre chose qu’un camp de concentration : une bande de terre misérable et dévastée, où un million et demi de Palestiniens sont pris au piège, entourés par la mer, une clôture électrifiée et un mur qui verrouille sa frontière avec l’Egypte. Soldats et colons sionistes, hors de Cisjordanie et de Jérusalem-Est !

La nation palestinienne et la nation de langue hébraïque ont toutes les deux droit à l’autodétermination, mais du fait que ces deux nations sont géographiquement interpénétrées, l’autodétermination de l’une ne peut se réaliser qu’en déniant celle de l’autre. Sous le capitalisme, toute « solution » à la question nationale palestinienne soit perpétuera l’oppression du peuple arabe palestinien, soit impliquera un renversement des termes de l’oppression en déniant au peuple de langue hébraïque ses droits nationaux légitimes. Dans des situations de peuples interpénétrés, aucune solution démocratique ne peut être apportée sans une révolution socialiste, parce que seul le prolétariat au pouvoir a intérêt à mettre un terme aux antagonismes nationaux et pourra commencer à satisfaire les besoins matériels de tous les travailleurs.

Nous faisons une distinction entre la nation de langue hébraïque qui vit en Israël et l’Etat sioniste. Cela s’oppose à la vision des sionistes, et aussi des fondamentalistes islamiques, qui tirent un trait d’égalité entre l’Etat sioniste et le peuple de langue hébraïque. L’Etat sioniste n’est pas seulement une catastrophe pour les Palestiniens – c’est aussi un piège mortel pour les Juifs. Environ 25 % des citoyens de ce pays connaissent la pauvreté, et les inégalités de revenus y sont plus fortes qu’en Egypte et en Jordanie. Les Juifs séfarades, bien qu’ils soient sous l’influence de partis d’extrême droite et religieux, subissent discrimination et pauvreté. Les Arabes palestiniens, qui sont officiellement « citoyens » israéliens et représentent 20 % de la population du pays, sont relégués à des quartiers pauvres et ségrégués et à des boulots mal payés et non qualifiés.

La société israélienne n’est pas une masse réactionnaire uniforme. Même si le blocus de Gaza est soutenu par une large majorité de la population, il y a eu des manifestations contre les assassinats perpétrés contre la flottille, et notamment un rassemblement de 6 000 personnes le 5 juin à Tel Aviv. La fausse conscience de la religion, du nationalisme et du racisme sionistes – avec en face un antisémitisme largement répandu – constitue le ciment qui lie le prolétariat de langue hébraïque à son ennemi, la classe dirigeante israélienne. Aussi longtemps que l’oppression sioniste des Palestiniens continuera, les Juifs israéliens continueront à être la cible de la haine et de la colère des plus de 100 millions d’Arabes qui les entourent. C’est seulement la classe ouvrière d’Israël – de langue hébraïque et arabe – qui a la capacité de détruire de l’intérieur la citadelle sioniste.

En tant que marxistes, nous luttons pour mettre au premier rang la question de classe. La seule voie pour la libération nationale et sociale des Palestiniens – y compris le droit au retour dans leur patrie de tous les réfugiés et de leurs descendants – et de tous les autres peuples du Proche-Orient passe par une lutte de classe commune de la classe ouvrière arabe et de langue hébraïque, ainsi que de toutes les autres classes ouvrières de la région. Pour les Palestiniens, ceci signifie reconnaître le droit du peuple de langue hébraïque à l’autodétermination nationale. De l’autre côté, pour que les travailleurs de langue hébraïque rompent avec la classe dirigeante sioniste, il faudra qu’ils prennent fait et cause pour les droits nationaux des Palestiniens. Nous ne nous faisons pas d’illusions : gagner le prolétariat de langue hébraïque à cette perspective ne sera pas une tâche facile. En fait, il faudra probablement la victoire de la révolution socialiste dans un des autres Etats du Proche-Orient pour arracher le prolétariat de langue hébraïque au chauvinisme sioniste. Cette tâche n’est pas facilitée par les actes criminels que sont les attentats et les bombardements indiscriminés perpétrés par les forces islamistes contre les civils israéliens, qui ne font que pousser davantage encore la population de langue hébraïque dans les bras du pouvoir sioniste.

En même temps, la solidarité des masses arabes avec le peuple palestinien opprimé doit être dirigée vers la révolution prolétarienne contre leurs propres régimes arabes qui tous, nationalistes bourgeois ou traditionalistes islamiques, sont fondamentalement les agents politiques de l’impérialisme occidental. Dans le cas contraire, l’hostilité intense et légitime envers Israël et son protecteur américain ne servira qu’à renforcer le fondamentalisme islamique, qui se présente comme l’opposition « radicale » à des régimes arabes majoritairement pro-occidentaux. Nous nous tournons de façon plus large vers le prolétariat de la région, comme en Egypte, qui est depuis plusieurs années secouée par des grèves et des manifestations ouvrières. Avec plus de 50 % de la population palestinienne vivant à l’extérieur des territoires occupés – en Jordanie, au Liban, en Israël –, la libération nationale des Palestiniens requiert la perspective d’une révolution socialiste dans tout le Proche-Orient, y compris en Israël, le pays le plus puissant et le plus avancé économiquement dans la région. Il est vital de forger des partis marxistes révolutionnaires dans tous les pays du Proche-Orient, pour unir le prolétariat – arabe, perse, kurde et hébraïque, sunnite et chiite, musulman et chrétien – dans la lutte contre l’impérialisme, pour détruire de l’intérieur l’Etat-garnison sioniste et pour chasser la monarchie hachémite en Jordanie, les bonapartistes baassistes en Syrie et le régime capitaliste au Liban par la révolution socialiste. Pour une fédération socialiste du Proche-Orient !

Notre perspective internationaliste prolétarienne est opposée à celle des réformistes qui se mettent à la remorque du fondamentalisme islamique, comme le SWP. Socialist Worker du 10 janvier 2009 a publié un article intitulé « L’histoire de résistance du Hamas », où il présentait avec enthousiasme ce groupe comme « l’incarnation d’une tradition de résistance palestinienne ». Les fondamentalistes islamiques comme le Hamas et le djihad islamique sont d’abominables fanatiques anti-juifs et anti-chrétiens, qui veulent réduire les femmes en esclavage et extirper toute manifestation de progrès social. Le Hamas est issu du mouvement clérical-fasciste des Frères musulmans, qui est devenu particulièrement influent en Egypte à la fin des années 1940. Derrière le mot d’ordre « communisme = athéisme = libération des femmes », les Frères musulmans avaient organisé une campagne de terreur contre les communistes et d’autres forces laïques. Le Hamas prêche la ségrégation sociale des femmes, le port du hidjeb (le foulard islamique) et l’application de la charia, la loi anti-femmes. Loin d’incarner une « histoire de résistance », le Hamas a été initialement soutenu par Israël comme contrepoids aux nationalistes laïques de l’OLP. Les islamistes s’attaquaient aux militants laïques et communistes, mais ne menaient aucune lutte politique ou militaire contre Israël.

Avec le déclenchement de la première intifada, en 1987, les islamistes ont eu peur de perdre leur influence s’ils restaient à l’écart. Le Hamas a été fondé au printemps 1988 comme un mouvement politique islamiste doté d’une aile militaire. Il cherchait à réaliser la fusion entre la lutte nationale, qui était auparavant un mouvement laïque incluant une composante de gauche, et le fondamentalisme islamique réactionnaire. C’est seulement à l’automne 1989, après avoir découvert que le Hamas avait tué deux de ses soldats, qu’Israël a rompu ses relations avec ce groupe.

Les régimes bourgeois arabes ont toujours été les ennemis de la libération nationale des Palestiniens. Quand les armées arabes sont entrées en guerre avec Israël en 1948, ce n’était pas pour « libérer » la Palestine mais pour s’en partager les morceaux. Entre 1948 et la guerre israélo-arabe de 1967, la Cisjordanie et Gaza ont été occupés respectivement par la Jordanie et par l’Egypte. Et les Palestiniens qui y habitaient étaient privés de droits politiques et subissaient une répression brutale. Dans la décennie qui a suivi la guerre de 1967, près de 50 000 Palestiniens ont été massacrés par des gouvernements arabes, dont 10 000 militants tués par la monarchie jordanienne lors du massacre du Septembre noir en 1970.

La Révolution bolchévique de 1917, qui a jeté les bases de la libération des nombreux peuples assujettis par l’empire tsariste, a été un phare de la libération pour les opprimés du monde entier, et elle a inspiré des révoltes anticoloniales dans tout le Proche-Orient. Cet héritage s’est perpétué malgré la dégénérescence stalinienne de l’URSS. En 1958, les travailleurs irakiens, sous la direction du Parti communiste irakien multinational – qui comptait dans ses rangs des musulmans, des Juifs et des chrétiens, des Arabes et des Kurdes – ont lutté pour faire une révolution et se sont trouvés à deux doigts de prendre le pouvoir. Mais cette occasion révolutionnaire, comme d’autres, a été trahie par le Kremlin et les partis communistes dirigés par des staliniens qui ont subordonné le prolétariat à une alliance avec des nationalistes bourgeois « progressistes », lesquels, une fois au pouvoir, ont massacré les ouvriers dirigés par les communistes.

Il faut forger dans tous les pays du Proche-Orient des partis marxistes révolutionnaires, construits en opposition à toutes les formes de nationalisme et de fondamentalisme religieux, et déterminés à lutter pour la révolution socialiste, laquelle, à l’échelle internationale, ouvrira enfin la porte à l’égalité et à la libération de l’humanité. La conquête du pouvoir par le prolétariat au Proche-Orient ne signifiera pas l’achèvement de la révolution socialiste, mais l’inaugurera en modifiant la direction du développement social. Mais ce développement social ne pourra être consolidé que par l’extension internationale de la révolution, en particulier aux pays impérialistes avancés et industrialisés.

Pour défendre ceux qui, dans le monde entier, subissent le joug des impérialistes, il faut mener la lutte de classe en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans les autres centres impérialistes, avec comme perspective la lutte prolétarienne pour le pouvoir. La Spartacist League/Britain, section de la Ligue communiste internationale, s’est donnée pour tâche de forger un parti ouvrier révolutionnaire multiethnique capable de diriger le prolétariat dans la lutte pour détruire l’impérialisme britannique par une révolution socialiste.

Traduit de Workers Hammer n° 211, été 2010

 

Le Bolchévik nº 193

Le Bolchévik nº 193

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