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Le Bolchévik nº 193

Septembre 2010

Les trotskystes allemands disent: Solidarité avec les travailleurs grecs

La crise financière ébranle l'UE impérialiste

Pour des Etats-Unis socialistes d’Europe !

Nous reproduisons ci-dessous, sous une forme abrégée, la traduction d’un article publié dans le n° 183 (mai 2010) de Spartakist, le journal du Parti ouvrier spartakiste (SpAD), section allemande de la Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste).

Le 24 février et le 11 mars derniers, les syndicats grecs ont organisé deux journées de grève générale pour riposter aux attaques contre les salaires et les retraites du gouvernement nationaliste du PASOK (Mouvement socialiste panhellénique) de Georges Papandréou. Le gouvernement grec applique un programme dicté dans une large mesure par l’Union européenne (UE) et l’Allemagne impérialiste, la puissance dominante de l’UE. La bourgeoisie grecque, de son côté, n’est pas un simple fantoche de l’UE ; elle profite aussi de l’occasion pour briser le pouvoir des syndicats grecs et s’enrichir de façon encore plus éhontée. Et pour ce qui est de faire soi-disant supporter le poids de la crise aux « hauts revenus » par de nouvelles hausses d’impôts, au moyen desquelles le PASOK veut calmer la colère des couches les plus défavorisées de la population grecque, Manager Magazine (24 février) rapportait la réponse de la bourgeoisie grecque : « Fuite des capitaux : les Grecs transfèrent des milliards vers les paradis fiscaux. »

Ici en Allemagne, la bourgeoisie a lancé une campagne chauvine, en accusant la Grèce de vivre « au-dessus de ses moyens », et de s’être livrée à des « mensonges » et « dissimulations » quant à l’ampleur de son déficit budgétaire, etc. Josef Schlarmann, le président de l’association des moyennes entreprises de la CDU [Union démocrate-chrétienne, le principal parti de droite], est allé jusqu’à suggérer que le gouvernement grec devrait vendre des « îles inhabitées » et d’autres propriétés de l’Etat pour réduire son déficit. Cela a été repris par le journal [à grand tirage] Bild et s’est transformé en une campagne qui a duré plusieurs semaines. La Grèce, l’Espagne et le Portugal ainsi que l’Italie et l’Irlande, pays membres de l’UE – et frappés de plus en plus durement par la crise économique – ont été stigmatisés du sigle chauvin méprisant « PIGS » (« porcs » en anglais), ce qui exprime bien l’arrogance impériale de la bourgeoisie allemande.

Celle-ci considère traditionnellement les Balkans, en particulier, comme son arrière-cour, et les peuples de cette région sont obligés de lui obéir au doigt et à l’œil s’ils ne veulent pas se retrouver directement sous sa botte. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l’impérialisme allemand a occupé la Grèce et la Yougoslavie, où il a eu recours aux méthodes les plus sanglantes pour réprimer une résistance héroïque. Et au début des années 1990, l’impérialisme allemand a joué un rôle déterminant pour encourager la contre-révolution, en incitant les peuples de l’Etat ouvrier déformé yougoslave à s’engager dans des guerres nationalistes fratricides et meurtrières. En 1999, le gouvernement de coalition de Gerhard Schröder et Joschka Fischer, qui réunissait le SPD (Parti social-démocrate) et les Verts a participé, au côté de ses alliés de l’OTAN et sous la direction des Etats-Unis, à une guerre contre la Serbie qui a imposé un régime d’occupation dans une grande partie de l’ex-Yougoslavie. Aujourd’hui, c’est par des moyens économiques qu’on essaie d’obliger la Grèce, un pays « allié » et membre de l’UE, à coopérer et saigner jusqu’à la dernière goutte la classe ouvrière et les opprimés de Grèce. Armée allemande, hors des Balkans !

Ces dernières semaines ont été dominées par des dissensions au sein du gouvernement allemand et de l’UE sur comment faire face à la situation catastrophique. Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a suggéré de créer un fonds monétaire européen afin d’éviter que ce genre de catastrophe se renouvelle. Mais la chancelière Angela Merkel, craignant que l’Allemagne se retrouve à la fin obligée de payer l’addition, était hostile à ce plan, et a suggéré à la place que le Fonds monétaire international (FMI) s’occupe de la Grèce. De son côté, dans une déclaration publiée par le magazine der Spiegel (22 mars), Schäuble expliquait que « le FMI, dominé par les Américains, [est considéré] comme une extension de la politique étrangère américaine, et il n’a rien à faire dans la zone euro. » Ce débat interne au gouvernement reflétait une controverse de longue date : la politique étrangère allemande doit-elle s’orienter vers les Etats-Unis, comme le souhaitent les « atlantistes », ou vers une attitude plus indépendante s’appuyant sur le soutien de la Russie, comme le préconisait ouvertement Schröder. Mais c’est juste un débat sur ce qui est le mieux pour l’impérialisme allemand.

De toutes façons, Merkel et Schäuble, qui ne sont pas disposés à ce que l’Allemagne continue à jouer le rôle de « trésorier » de l’Europe, sont d’accord qu’elle doit sortir vainqueur de la crise économique. Beaucoup de commentateurs craignent que la politique qu’ils mènent ne finisse pas mettre en danger l’UE et l’euro. L’arrogance de Merkel et Cie est l’expression de la confiance retrouvée de l’impérialisme allemand, ce qui conduit le reste de l’Europe à redouter ce que l’avenir leur réserve. Au sommet de l’UE, « Madame Non ! » Merkel a apparemment eu gain de cause, et a été acclamée en Allemagne comme la nouvelle « dame de fer » – en référence à l’ex-Premier Ministre britannique Margaret Thatcher, qui s’est rendue célèbre par sa guerre à outrance contre les syndicats dans les années 1980, et la destruction du secteur manufacturier qui s’en est suivie.

Mais ces acclamations et l’accord aux termes duquel la Grèce devait être obligée de payer les taux d’intérêt du marché – ce qui aurait fait définitivement exploser l’endettement du pays – n’ont pas fait long feu. Le président français Nicolas Sarkozy, le Premier ministre italien Silvio Berlusconi et le gouverneur de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet ont ensemble concocté un accord différent, qui garantissait une première série de prêts à la Grèce au taux de 5 %. Schäuble a donné son accord à ce plan lors d’une conférence des ministres des Finances. Le journaliste Wolfgang Münchau écrivait dans sa chronique du Financial Times (13 avril) : « Tant que les crédits sont remboursés, avec ce contrat il y aura davantage de transferts de fonds d’Athènes à Berlin qu’en sens inverse. »

Et c’est vers Berlin que, de plus en plus, ce transfert de richesse s’effectue. Quand la ministre des Finances française Christine Lagarde a critiqué ouvertement les bas salaires en Allemagne, à qui elle attribuait les déséquilibres au sein de l’UE, ceci a provoqué une levée de boucliers de la part de la bourgeoisie allemande et de ses plumitifs. Mais le 10 mars, Heiner Flassbeck et Friederike Spiecker avançaient dans le Frankfurter Rundschau des arguments similaires : « La Grèce et toute l’Europe du Sud ont besoin d’un nivellement [des salaires], parce qu’ils n’ont pas, et avec raison, procédé depuis dix ans, comme l’Allemagne, à des coupes claires dans les salaires. Ce nivellement doit se faire à moyen terme ; sinon on ne pourra pas préserver l’euro, on aura beau pour cela serrer la vis aux Grecs aussi longtemps, aussi durement qu’on voudra et quelle que soit l’institution qui le fasse. » Et ils ajoutaient : « Avec l’assistance de la Banque centrale [européenne], la politique allemande refuse obstinément de se pencher sur la véritable source des disparités dans la balance des paiements – la politique allemande de coupes claires dans les salaires. »

Ces « déséquilibres » existent bel et bien, mais en appeler au gouvernement et aux capitalistes allemands pour qu’ils versent des salaires plus élevés, comme le font aussi le SPD et Die Linke (La Gauche), c’est se faire des illusions – c’est comme essayer de convertir des requins au végétarisme. Avec cette crise, la bourgeoisie allemande se sent pousser des ailes, et elle entend bien extraire encore davantage de profits des travailleurs allemands et européens. La seule manière de s’y opposer, c’est par une lutte de classe acharnée.

L’UE : de l’alliance antisoviétique au consortium impérialiste

En tant que partisans de l’internationalisme prolétarien, nous, communistes, sommes opposés par principe à l’UE, dominée par les puissances impérialistes que sont l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. L’UE existe principalement pour favoriser les intérêts de ces impérialistes et de leurs partenaires moins puissants, et pour utiliser les Etats plus dépendants comme la Grèce et une grande partie des pays d’Europe de l’Est comme leur arrière-cour industrielle. Depuis le milieu des années 1990, l’UE est de plus en plus un instrument pour l’exclusion totale des réfugiés et des immigrés, qu’on laisse se noyer en Méditerranée ou qu’on enferme dans des camps de détention qui rappellent les camps de concentration, avant de les réexpédier le plus rapidement possible vers la situation infernale des pays exploités ou directement détruits par l’impérialisme.

Mais l’UE est elle-même une construction fragile, exposée aux tensions continuelles engendrées par les intérêts nationaux discordants des impérialistes européens, tensions qui menacent de la faire exploser. Et il ne peut en être autrement. Alors que les forces productives se sont depuis longtemps développées au-delà du cadre national, le capitalisme est un système qui repose fondamentalement sur les Etats-nations : chacune des différentes classes capitalistes nationales a besoin de son propre Etat afin de faire passer et défendre ses intérêts, à l’intérieur comme à l’étranger. Cette contradiction est en réalité une des causes des deux dernières guerres mondiales. Et donc l’objectif affiché d’une union politique ou d’un super-Etat européen est nécessairement une utopie vide de sens. Même l’alliance de libre-échange qu’est l’UE est menacée par la crise actuelle, du fait des déséquilibres inévitablement créés par la rapacité capitaliste. Comme l’écrivait en août 1915 le révolutionnaire russe Lénine, dirigeant de la première révolution ouvrière victorieuse :

« Certes, des ententes provisoires sont possibles entre capitalistes et entre puissances. En ce sens, les Etats-Unis d’Europe sont également possibles, comme une entente des capitalistes européens… dans quel but ? Dans le seul but d’étouffer en commun le socialisme en Europe, de protéger en commun les colonies accaparées contre le Japon et l’Amérique […]. »

– « A propos du mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe »

Les origines de l’Union européenne remontent aux années 1950, quand les impérialistes d’Europe de l’Ouest, sous la conduite des Etats-Unis, se sont efforcés de stabiliser leur alliance contre l’Union soviétique au moyen d’un renforcement de la coopération économique. Issue de la Révolution d’octobre 1917, l’Union soviétique restait un Etat ouvrier – basé sur l’expropriation des capitalistes et la collectivisation des moyens de production – malgré sa dégénérescence, qui avait commencé en 1924 avec l’appropriation du pouvoir politique par la caste bureaucratique dirigée par Staline. C’est pourquoi nous, trotskystes, défendions inconditionnellement l’Union soviétique militairement, et c’est pourquoi les impérialistes ont toujours voulu la détruire, parce qu’ils voulaient récupérer pour leur capital l’accès sans restriction à l’Europe de l’Est et à l’Union soviétique, et pour pouvoir à nouveau exploiter les peuples de ces pays.

Notre opposition de principe à la fois à l’OTAN – l’alliance militaire contre l’Union soviétique – et à l’UE et à ses prédécesseurs découlait de notre défense militaire inconditionnelle de l’Union soviétique, de la RDA et des autres Etats ouvriers déformés d’Europe de l’Est. La nature de l’UE a changé avec la destruction contre-révolutionnaire de l’Union soviétique en 1991-1992, quand a disparu l’objectif antisoviétique de l’UE. Pour affirmer plus efficacement leurs propres intérêts vis-à-vis de leur rival américain, l’Allemagne et la France – elles-mêmes puissances impérialistes rivales – ont cherché à améliorer leur coordination et, entre autres, à manœuvrer avec la Russie capitaliste.

En 1989, peu après la chute du mur de Berlin, le président français de l’époque François Mitterrand a fait dépendre d’un accord entre les deux pays sur une monnaie commune l’acquiescement français à la réunification allemande. C’était censé écarter le danger que l’Allemagne, avec sa puissance retrouvée, fasse cavalier seul, et prévenir une confrontation entre les deux « partenaires ». En outre, ce devait être une arme dans la guerre monétaire contre l’hégémonie internationale du dollar américain. C’est de là qu’est né l’euro. Mais l’unité entre ces deux puissances impérialistes est elle-même conflictuelle, comme l’ont démontré au printemps 2007 les controverses autour des délocalisations de sites de production et les licenciements en masse chez Airbus, le groupe de construction aéronautique et de défense dominé par la France et l’Allemagne, ainsi que les critiques de la ministre des Finances française Lagarde contre l’obsession exportatrice de l’industrie allemande. Soutenus par l’impérialisme britannique, les Etats-Unis s’efforcent de ralentir ou d’empêcher la consolidation d’un bloc impérialiste concurrent de ce type.

L’euro et l’impérialisme allemand

L’attitude de la bourgeoisie allemande envers l’introduction de l’euro balançait entre hésitation et hostilité, parce qu’elle voyait le danger d’abandonner des éléments de souveraineté pour obtenir une monnaie qui aurait tendance à se déprécier. En particulier, l’expérience de l’inflation catastrophique pendant la crise de 1923 semble avoir marqué de façon durable la classe capitaliste allemande. Quatre ans seulement après que la bourgeoisie allemande avait évité de justesse d’être renversée par la révolution prolétarienne en 1918-1919, grâce à la trahison des directions du SPD et de l’USPD (Parti social-démocrate indépendant), en 1923 le gouvernement [de droite] de Cuno avait cherché à faire supporter le coût des réparations [de la Première Guerre mondiale] imposées par l’impérialisme français aux travailleurs et aux classes moyennes en laissant flamber l’inflation. Ceci eut pour résultat une aggravation de la crise qui offrit à la classe ouvrière allemande la meilleure occasion qu’elle ait eu jusqu’à présent de prendre elle-même le pouvoir par une révolution socialiste – à cette époque, le KPD (Parti communiste allemand) était devenu un parti de masse ancré dans le prolétariat. Mais la direction révolutionnaire du KPD n’avait pas suffisamment rompu avec la politique du SPD et a laissé passer cette occasion.

En échange de l’introduction de l’euro, l’Allemagne a exigé des autres membres de la zone euro des concessions considérables destinées à garantir la solidité de la nouvelle monnaie. Ainsi, aucune pression politique ne devait être exercée sur la Banque centrale européenne ; le « Pacte de stabilité » [qui faisait partie des conditions pour la création de l’euro] stipulait que le déficit budgétaire d’un pays ne peut pas dépasser 3 % de son produit intérieur brut, et prévoit de lourdes amendes en cas de dépassement.

Ironie de l’histoire, ce fut l’Allemagne qui, sous Schröder, viola pour la première fois ce traité et utilisa ensuite sa puissance pour éviter de payer les amendes. Aujourd’hui que la Grèce et potentiellement aussi d’autres pays sont dans une situation beaucoup plus dangereuse, l’Allemagne bande ses muscles – sans une once de solidarité avec un de ses « partenaires » de l’UE. La campagne chauvine contre la Grèce est menée pour empêcher la classe ouvrière allemande d’avoir l’idée d’imputer la responsabilité de la crise au système capitaliste et à son propre gouvernement. Le mouvement ouvrier allemand doit se mobiliser en solidarité avec les travailleurs grecs et avec toutes les autres victimes des impérialistes de l’UE – après tout, ils vont être confrontés dans un avenir proche à des attaques similaires. La chasse aux sorcières contre la Grèce vise aussi à diviser et à affaiblir une classe ouvrière allemande multiethnique.

SPD : « social-démagogie » pour l’impérialisme allemand

Sigmar Gabriel, le secrétaire général du SPD, un parti ouvrier-bourgeois, chante le même refrain que le gouvernement en accusant la Grèce et en lui refusant un soutien financier. Quand on lui demande si l’Allemagne doit aider la Grèce, il répond (interview à Bild, 5 mars) :

« Oui. Mais pas en envoyant de l’argent à Athènes. Ce serait erroné et irresponsable ! Parce que nous allons nous-mêmes nous endetter pour cela, et nous aurons moins d’argent pour l’éducation et les dépenses sociales. Cela voudrait dire que les plus faibles d’entre nous devront se saigner pour les boursicoteurs et les spéculateurs – une idée absurde ! »

Pour ce qui est de « saigner les pauvres pour les boursicoteurs et les spéculateurs », le gouvernement SPD/Verts de 1998-2005 a fait tout ce qui était en son pouvoir pour l’encourager. Par exemple, en éliminant l’impôt sur les ventes d’actions, il a libéré des capitaux auparavant investis dans l’industrie et permis entre autres la spéculation sur les marchés financiers.

Pour détourner l’attention de cette triste réalité, Gabriel adopte un semblant de visage gauche : « Nous devons combattre cette “invasion de sauterelles” et pour finir mettre les spéculateurs en échec. » Quelle plaisanterie, de la part d’un parti qui a été au pouvoir pendant 13 ans, qui a rendu les riches infiniment plus riches et plongé des millions de travailleurs et leurs familles dans une misère profonde. C’est précisément l’« Agenda 2010 » de Schröder, les réformes Hartz [censées supprimer les « rigidités » du marché du travail allemand] et l’assouplissement de la réglementation sur le travail temporaire qui ont contribué à donner davantage de pouvoir aux « boursicoteurs et spéculateurs », qui ne sont pas « américains », mais qu’on peut trouver dans les immeubles des banques de Francfort et dans les sièges sociaux des grandes entreprises allemandes.

La dernière mesure marquante de la « grande coalition » entre le SPD et la CDU a été d’aider les banques à sortir de l’ornière où les avait conduites leur soif de profit. Pour ce faire, le gouvernement des capitalistes a trouvé des centaines de milliards d’euros et a « exproprié » les énormes dettes des banques, de sorte que la classe ouvrière de ce pays les paie aujourd’hui avec ses impôts. Les surprofits que les banques engrangent à nouveau proviennent de la plus-value créée par les travailleurs de Grèce, d’Europe de l’Est, d’Allemagne et d’autres pays que les capitalistes s’approprient.

Die Linke : pour une UE plus présentable

Die Linke, une organisation totalement social-démocrate, a affirmé sa solidarité avec les manifestations des syndicats et des opprimés en Grèce contre le programme de famine imposé par l’UE. Mais tout ceci était… sur le papier. (Die Linke est née d’une fusion entre les ex-staliniens [est-allemands] du Parti du socialisme démocratique (PDS) et des syndicalistes et militants de gauche de l’Ouest mécontents du SPD). Toutefois, il n’a pas mené d’actions de solidarité via sa base dans les syndicats. Pour Die Linke, la « solidarité avec la Grèce » n’a absolument rien à voir avec la lutte de classe contre la bourgeoisie allemande ; il s’agit seulement de l’admonester pour qu’elle mène une politique « plus sociale ». Ainsi, le 26 février, Ulrich Maurer [porte-parole de Die Linke au parlement] publiait une déclaration où il se disait inquiet de la cohésion de l’UE capitaliste et du capitalisme lui-même : « Si la spéculation continue, une réaction en chaîne est pré-programmée dans d’autres pays. Les pays faibles de la zone euro, comme l’Espagne, le Portugal, l’Irlande et l’Italie, ont accumulé une dette de 524 milliards d’euros auprès des institutions financières allemandes. Les résultats seront incalculables. » Il appelait ensuite l’Allemagne à être en première ligne pour porter assistance à la Grèce.

Dans un communiqué de presse du 5 mars, Die Linke présentait son programme positif :

« La chancelière Merkel doit enfin mettre un frein aux activités des spéculateurs. Die Linke exige une réforme de la zone euro : l’UE doit accorder des prêts en euros, de manière à diminuer la prime de risque pour la Grèce, la Banque centrale européenne doit acheter des bons du Trésor grecs pour briser le pouvoir des spéculateurs et des agences de notation. Pour éviter ce genre de crise à l’avenir, l’impôt sur les sociétés doit être harmonisé dans toute l’Europe, et un “pacte de stabilité économique étrangère” doit être adopté. »

Les injonctions adressées à Merkel pour qu’elle mette un frein aux activités des spéculateurs ou qu’elle accorde une aide d’urgence à la Grèce sonnent peut-être bien, mais elles découlent du présupposé erroné que le capitalisme serait rationnel et pourrait être réorienté, et que la bourgeoisie allemande n’est pas mue par le profit. Tous ces arguments sont autant d’illusions dangereuses. Die Linke arrive alors à la conclusion qu’elle veut simplement une UE plus sociale, où les effets du capitalisme ne seraient pas aussi extrêmes. « L’Europe a besoin de son propre fonds monétaire, qui ne soit pas explicitement construit sur le modèle du FMI […]. Die Linke ne soutiendra un Fonds monétaire européen qu’à la condition qu’il rompe avec cette politique » (communiqué de presse du 8 mars). En déguisant ainsi en agneau le loup capitaliste de l’UE, Die Linke cherche à réconcilier sa base ouvrière avec l’UE et à l’empêcher de mener une lutte de classe contre l’UE et les capitalistes allemands.

Cette « Europe sociale » n’existe pas. L’« Etat-providence » de l’Allemagne de l’Ouest devait son existence aux luttes de la classe ouvrière et à l’existence de la RDA et de l’Union soviétique, qui contraignaient la bourgeoisie allemande à renoncer à une partie de ses profits. Avec la destruction de la RDA et de l’Union soviétique, la bourgeoisie allemande trouve que cet « Etat-providence » est tout simplement trop onéreux. Ce que nous voyons à l’œuvre dans l’UE, ce sont les forces centrifuges des différents nationalismes qui poussent à l’éclatement de l’UE – et plus encore de la zone euro. Cela va continuer.

D’un côté, l’UE est un bloc dirigé contre ses rivaux impérialistes, les Etats-Unis et le Japon. De l’autre côté, c’est un instrument des impérialistes européens, d’abord et en premier lieu des impérialistes allemands, pour exploiter plus efficacement la classe ouvrière d’Europe. Elle existera seulement aussi longtemps qu’elle remplira cet objectif. Dans le cas contraire, on aura recours à d’autres instruments pour défendre ces intérêts, à commencer par le protectionnisme – qui gagne du terrain – ou, en dernier ressort, à une nouvelle guerre impérialiste. Pour la classe ouvrière d’Europe, la seule solution n’est pas l’« unité » mensongère des Etats-nations impérialistes/capitalistes, mais les Etats-Unis socialistes d’Europe.

Die Linke a maintes fois fait allégeance à la démocratie bourgeoise. Pour bien montrer encore sa loyauté fondamentale envers le capitalisme, la direction de ce parti a pris ses distances avec l’Etat ouvrier déformé qu’était la RDA, où l’industrie et les banques étaient nationalisées. La question « à qui profitent les nationalisations ? » est indissolublement liée à celle de la nature de classe du pouvoir. Ainsi, la Commerzbank a été « partiellement nationalisée », et Hypo Real Estate l’a été entièrement, afin de sauver ces entreprises pour le compte des capitalistes. En France et en Italie, des industries ont souvent été contrôlées par l’Etat, et le travail n’y était pas moins exploité qu’ailleurs. Dans le Programme de transition [1938], Trotsky expliquait comment notre revendication de nationalisation est différente de celle des réformistes du type Die Linke. La formule « charlatans du Front populaire » fait référence à ceux qui veulent forger des gouvernements de coalition avec la participation de partis ouvriers-bourgeois comme le SPD ou Die Linke :

« Exactement de même, nous revendiquons l’expropriation des compagnies monopolistes de l’industrie de guerre, des chemins de fer, des plus importantes sources de matières premières, etc. La différence entre ces revendications et le mot d’ordre réformiste bien vague de “nationalisation” consiste en ce que :
1) Nous repoussons le rachat ;
2) Nous prévenons les masses contre les charlatans du Front populaire qui, proposant la nationalisation en paroles, restent en fait les agents du capital ;
3) Nous appelons les masses à ne compter que sur leur propre force révolutionnaire ;
4) Nous relions le problème de l'expropriation à celui du pouvoir des ouvriers et des paysans. »

Die Linke voudrait aussi gérer la société capitaliste en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Ce que l’on exigera d’elle pour avoir la permission de le faire, c’est ce qu’a montré le gouvernement SPD/Die Linke à Berlin. En 2002, le PDS (prédécesseur de Die Linke) est entré au gouvernement pour sauver de la banqueroute la Berliner Bankgesellschaft (dont la ville de Berlin est par ailleurs l’actionnaire majoritaire), en lui accordant des garanties de 21,6 milliards d’euros. Le gouvernement de la région de Berlin a cédé la partie rentable et a laissé la région rembourser 9,7 milliards de pertes sur le dos des travailleurs, des retraités, des enfants, etc. Cela voulait dire jeter ces milliards aux capitalistes, exactement comme le font la CDU, le SPD et le FDP [Parti libéral-démocrate] à l’échelle nationale.

Nous, communistes, sommes opposés par principe à toute participation à des gouvernements capitalistes. Comme l’expliquait Rosa Luxemburg, quand des socialistes entrent au gouvernement d’un Etat capitaliste, ceci ne le transforme pas en un gouvernement socialiste, mais transforme au contraire les socialistes en ministres bourgeois qui sont autorisés à administrer la dictature de la bourgeoisie (voir « A bas les postes exécutifs de l’Etat capitaliste ! Principes marxistes et tactiques électorales », Spartacist édition française n° 39, été 2009).

La direction du DGB : collaboration de classes pour le « produisons allemand »

Quiconque commente avec un minimum d’esprit critique la politique du gouvernement envers la Grèce argumente que la « modération salariale » de ces dernières années a contribué aux « déséquilibres » dans l’UE et la zone euro. L’experte en questions européennes du SPD Angelica Schwall-Düren notait ainsi dans le Tagesspiegel [un quotidien berlinois] du 25 février que « la balance des paiements grecque est aussi un produit de l’excédent des exportations allemandes, qui a été obtenu grâce aux coupes claires dans les salaires aux dépens des ouvriers allemands et des autres Etats-membres de l’UE. » Michael Schlecht, un porte-parole de Die Linke, affirmait dans une déclaration publiée le 8 mars que « Die Linke réclame, entre autres, un pacte de stabilité économique étrangère pour mettre fin aux coupes claires dans les salaires allemands. » Quoi que puisse vouloir dire un « pacte de stabilité économique étrangère », la municipalité berlinoise contrôlée par le SPD et Die Linke, qui a été à l’avant-garde de l’attaque visant à réduire les salaires des fonctionnaires, n’a pas franchement donné l’exemple pour ce qui est de mettre fin aux coupes claires dans les salaires du secteur public. En fait, il s’est passé exactement l’inverse avec la présence au gouvernement de ces « socialistes » traîtres.

Comme pratiquement chaque travailleur a pu en faire personnellement l’expérience, la réalité de l’Allemagne, c’est la chute des salaires. Les chômeurs ont été plus durement touchés encore. Ce sont là les effets de la contre-révolution en RDA et en Europe de l’Est il y a 20 ans de cela, et, peu de temps après, en Union soviétique même. L’industrie de la RDA a été presque totalement démantelée, privant la classe ouvrière de sa puissance sociale. Peu après la réunification capitaliste, les attaques contre la classe ouvrière à l’Ouest se sont considérablement intensifiées. Le gouvernement CDU de l’époque, dirigé par Helmut Kohl, avait arraché quelques concessions aux syndicats, mais elles ne représentaient pas un recul décisif. C’est seulement sous le gouvernement SPD/Verts de Schröder que ce recul décisif a été obtenu, avec comme résultat une « reprise » de l’économie allemande. Ce gouvernement a aussi effectué le premier déploiement de l’armée allemande pour participer à une guerre depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Avec les décrets Hartz et la suppression des restrictions à l’embauche d’intérimaires ainsi que les contrats à durée déterminée (CDD), le SPD et les Verts ont de fait institué au niveau national un secteur de bas salaires, qui exerce également une pression salariale sur les travailleurs en CDI. Quand des centaines de milliers de travailleurs intérimaires ont été licenciés au début de la crise, et que les CDD n’ont pas été renouvelés, l’IG Metall [le syndicat de la métallurgie] n’a pratiquement pas levé le petit doigt pour les défendre. La bureaucratie syndicale considère que sa clientèle est constituée des travailleurs en CDI, dont elle est censée avoir sauvé les emplois en laissant tomber les catégories les plus vulnérables de la classe ouvrière. Mais ces attaques ont eu en fait, par la suite, un impact sur le noyau dur des travailleurs en CDI. Il faut une lutte de classe pour reconstruire les syndicats. Pour une lutte pour syndiquer les non-syndiqués ! A travail égal, salaire égal ! A bas la division entre travailleurs en CDI, intérimaires et travailleurs en CDD ! Une entreprise, un syndicat, une grille salariale ! Pour une direction syndicale lutte de classe !

Le « rebond » de l’économie allemande ces dernières années a été payé au prix d’une forte augmentation de l’exploitation de la classe ouvrière. Ceci s’est produit avec le soutien actif de la bureaucratie syndicale social-démocrate, qui a accepté, pratiquement sans combat, une succession de baisses de salaires et une dégradation massive des conditions de travail. Cela s’est fait et continue de se faire sous le prétexte de « sauver des emplois », dans le cadre d’une campagne nationaliste pour « produire allemand » [litéralement préserver l’Allemagne comme centre de production industrielle].

Le point le plus noir, au moins provisoirement, de cette tragédie de bradages et de trahisons a été les négociations de cette année sur les salaires dans la métallurgie et ceux de la fonction publique. IG Metall n’a même pas présenté de revendication salariale, et a immédiatement obtenu de convention collective contenant des promesses vagues et des clauses remettant en cause des acquis des travailleurs. Après une grève d’avertissement, Ver.di [le syndicat de la fonction publique] a demandé une médiation et a accepté un accord pourri qui se traduira inévitablement par une nouvelle diminution des salaires réels. Ceci a un effet négatif sur le taux de syndicalisation : le nombre d’adhérents au DGB [la confédération syndicale] est passé de 8 millions en 1999 à 6,26 millions en 2009. Se sentant menacés, les pontes syndicaux tentent, par des moyens bureaucratiques, de faire taire les oppositionnels de gauche dans les syndicats.

La direction social-démocrate des syndicats fait tout pour étouffer dans l’œuf toutes les luttes, car elle partage fondamentalement la conception nationaliste mensongère que ce qui est bon pour l’employeur l’est aussi pour les travailleurs. Ceci signifie aussi comploter avec les patrons pour améliorer par tous les moyens la « compétitivité » de l’entreprise, autrement dit le taux de profit des patrons. Début décembre, la stratégie des bureaucrates a conduit à une impasse quand les ouvriers de l’usine Daimler de Sindelfingen ont commencé à protester contre le transfert à Brême de 60 % de la production de la Mercedes Classe C et de 20 % supplémentaires aux Etats-Unis. Craignant avec raison pour leur emploi, ils ont paralysé l’usine pendant plusieurs jours. Mais cette lutte était fondamentalement nationaliste et protectionniste. Ainsi, une banderole qualifiait les membres du conseil d’administration de Daimler de « vaterlandslose Gesellen » [« gens sans patrie »] ; ceci sous-entendait que Mercedes doit rester « allemand », et la Classe C à Stuttgart.

Un accord a été conclu qui est censé garantir la pérennité de l’emploi à Sindelfingen, avec le transfert de la production du roadster [décapotable à deux places] SL de Brême à Sindelfingen. Ceci a provoqué en janvier dernier des protestations et des grèves des ouvriers de Daimler à Brême, qui réclamaient le maintien de la production du roadster SL dans leur usine. Ces luttes ont été applaudies par des syndicalistes oppositionnels, comme ceux du groupe « Alternative » et par pratiquement toute la gauche, sans la moindre critique du fond nationaliste de la lutte, ni des divisions entre les ouvriers des différentes usines.

Le journal Alternative de Berlin, publié par des ouvriers de Daimler, déclarait le 8 décembre 2009 : « L’objectif doit être de mobiliser nos camarades ouvriers des autres usines tous ensemble pour préserver tous les emplois. » C’est juste, mais Alternative reste totalement silencieux sur la campagne nationaliste contre le transfert de 20 % de la production de la Classe C aux Etats-Unis. Et ils ne peuvent pas faire autrement, parce qu’ils partagent fondamentalement la conception de la « co-décision » de ce qui est produit et de l’endroit où la production s’effectue. Ce n’est pas autre chose qu’une misérable politique de cogestion et de collaboration de classes. « Des camarades de travail critiques […] réclament que soit mis un terme au transfert de la Classe C. » Ainsi, dans son article sur les grèves de Brême, le numéro d’Alternative du 23 février se gardait bien d’expliquer que celles-ci étaient dirigées contre le transfert de la production du roadster SL à Sindelfingen.

Les ouvriers s’occuperont de la question de ce qu’il faut investir et à quel endroit le jour où ils auront le pouvoir et où les usines leur appartiendront, après l’expropriation des capitalistes. Vouloir « co-décider » aujourd’hui ne fait qu’enchaîner les travailleurs à leurs propres exploiteurs et les diviser – pays contre pays, usine contre usine, jeunes contre vieux, etc. Ce qu’il faut au contraire, c’est une lutte classe contre classe – basée sur une solidarité internationale qui s’étende aussi aux ouvriers américains et qui en finisse avec la politique qui consiste à dresser les uns contre les autres les ouvriers de différentes localités et de différentes entreprises. IG Metall peut soutenir la lutte pour syndiquer les ouvriers des usines Daimler dans le Sud des Etats-Unis, où les syndicats n’existent pas, en menant une lutte de classe contre les patrons de Daimler en Allemagne, brisant ainsi la spirale infernale des baisses de salaire. Ce qu’il faut, c’est lutter pour le partage du travail entre toutes les mains ouvrières, sans perte de salaire ! Pour une diminution radicale de la durée hebdomadaire du travail, sans perte de salaire ! Mais pour garantir le droit au travail pour tous, la lutte syndicale, à elle seule, ne suffit pas – il faut renverser le capitalisme au niveau mondial par une série de révolutions socialistes.

Pour la lutte de classe contre la bourgeoisie allemande et l’UE capitaliste !

En réalité, les conflits actuels démontrent que l’UE est un bloc impérialiste qui éclatera tôt ou tard sous la pression de ses contradictions, et il est absolument nécessaire de s’opposer à l’UE à partir d’une perspective internationaliste. A bas l’UE et la forteresse Europe raciste !

Comme c’est le cas chez Daimler, dans beaucoup d’industries en Allemagne des ouvriers turcs, grecs et allemands ainsi que des travailleurs originaires de l’ex-Yougoslavie travaillent côte à côte depuis des dizaines d’années. Il faut les mobiliser dans la lutte contre la classe capitaliste allemande, ainsi que contre l’UE que celle-ci domine, afin qu’ils puissent se défendre et défendre la classe ouvrière grecque et les travailleurs de l’Europe. En poussant les travailleurs grecs dans la misère, les capitalistes allemands réalisent d’immenses profits. Ils prévoient de faire la même chose ici, en particulier après les élections en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le principal obstacle qui empêche de combattre ce programme, ce sont les dirigeants traîtres sociaux-démocrates, qu’il s’agisse du SPD ou de Die Linke, qui s’empressent comme autant de médecins autour du capitalisme à l’agonie.

La classe ouvrière multiethnique d’Allemagne, avec la diversité de ses composantes venues des pays méditerranéens, des Balkans et de l’Europe de l’Est – souvent avec des traditions de lutte de classe plus combatives – possède les liens organiques pour soutenir les luttes des travailleurs grecs, des travailleurs turcs et kurdes en Turquie, ainsi que des travailleurs de nombreux autres pays. Mais plus important encore, une lutte internationaliste commune ici en Allemagne serait un exemple et une inspiration pour les classes ouvrières d’Europe de l’Est et du monde entier ; elle inciterait celles-ci à mener aussi la lutte contre l’aggravation de l’exploitation et de l’oppression. Une telle lutte pourrait signifier le début de la fin pour l’alliance impérialiste qu’est l’UE, et inaugurer une lutte pour les Etats-Unis socialistes d’Europe, qui permettront d’en finir avec l’exploitation, le racisme et l’oppression nationale dans le cadre d’une économie planifiée coordonnée au niveau international ! Pour cela, il est crucial de reforger la Quatrième Internationale, parti mondial de la révolution prolétarienne. C’est la tâche que s’est donnée la Ligue communiste internationale.

 

Le Bolchévik nº 193

Le Bolchévik nº 193

Septembre 2010

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Le prolétariat doit défendre les retraites, les Roms, les jeunes de banlieue !

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Les trotskystes allemands disent: Solidarité avec les travailleurs grecs

La crise financière ébranle l'UE impérialiste

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Vague de grèves combatives en Chine

Pour une direction lutte de classe ! Défense de l'Etat ouvrier bureaucratiquement déformé ! Pour une révolution politique prolétarienne !

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Défendons les Palestiniens ! A bas le blocus de Gaza !

Massacre sioniste en haute mer

Soldats et colons israéliens, hors des territoires occupés !

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Défendons les Palestiniens contre le terrorisme d'Etat sioniste !

Pour l'internationalisme prolétarien, non aux appels à l'impérialisme !

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Défendons la Corée du Nord contre l'impérialisme US !

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A bas la loi anticommuniste en Pologne !