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Le Bolchévik nº 205

September 2013

Le mouvement ouvrier doit défendre les jeunes des banlieues contre la terreur raciste des flics

Les campagnes racistes du gouvernement PS-Verts gonflent les voiles des fascistes

Le meurtre de Clément Méric par une bande de skinheads en juin dernier a soudainement mis sur le devant de la scène la violence fasciste dans ce pays (voir le tract que nous avons diffusé juste après le meurtre, reproduit en page 29). Mais la racaille fasciste n’est aujourd’hui que la partie la plus visible, faite de violence illégale dans la rue, des attaques tous azimuts que subissent la classe ouvrière, les militants de gauche et les opprimés, sous l’orchestration du gouvernement capitaliste. Pendant ce temps la violence quotidienne des flics se déchaîne comme jamais contre les quartiers ouvriers à forte concentration d’immigrés et de jeunes originaires d’Afrique noire ou du Maghreb.

Une provocation policière raciste contre une femme couverte d’un voile intégral à Trappes, en banlieue parisienne, a débouché en juillet sur plusieurs nuits d’émeute policière où les flics s’en sont donné à cœur joie contre les jeunes du quartier des Merisiers qui protestaient contre le contrôle d’identité raciste, de surcroît en plein ramadan. Un gamin a perdu un œil suite à un tir de flash-ball et le ministre des flics s’est déplacé spécialement pour donner un satisfecit à ses troupes et menacer les habitants – et un jeune a pris dix mois de prison ferme malgré un dossier vide.

Ce n’est pas la première agression raciste sous prétexte de la loi contre les femmes voilées. A Argenteuil par exemple il y en a eu plusieurs récemment, que ce soit de la part de racistes en civil, apparemment des fascistes, le 20 mai puis le 13 juin dernier (la femme victime de cette dernière agression, enceinte de 4 mois, a fait une fausse couche), ou de la part de flics en uniforme le 11 juin, ce qui a provoqué des protestations locales.

La loi Chirac de 2004 contre le foulard islamique à l’école avait à l’époque reçu le soutien parlementaire massif du PS. Et la loi Sarkozy de 2010 qui a suivi, interdisant niqab et burka sur la voie publique, a directement pavé la voie aux attaques de Trappes et Argenteuil. Le voile exprime très certainement l’oppression des femmes, y compris dans la religion catholique : elles sont recluses symboliquement et réellement dans un espace réservé au mari, père ou Dieu, auquel elles sont censées appartenir.

Mais l’interdiction du voile par l’Etat n’a rien à voir avec la lutte contre l’oppression des femmes ; elle s’attaque aux victimes et va de pair avec un renforcement des pouvoirs de l’Etat capitaliste, tout en légitimant et encourageant les appels à la violence des fascistes contre les musulmans. L’Etat, c’est au fond l’appareil de coercition, formée de bandes armées diverses (police, armée) et de prisons, pour réprimer la classe ouvrière et préserver le système d’exploitation capitaliste contre toute velléité de révolte de ses victimes.

LO a pavé la voie, dans la mesure de ses forces, à la terreur contre les femmes voilées en soutenant la loi raciste de Chirac en 2004 et en organisant des mobilisations pour exclure des jeunes femmes voilées des écoles. Plus récemment, LO a protesté contre la condamnation par un tribunal du licenciement d’une puéricultrice portant le foulard à la crèche BabyLoup (voir « La Cour de cassation et la crèche BabyLoup : une attaque contre les droits des femmes », Lutte Ouvrière, 29 mars, et notre article paru dans le Bolchévik, juin).

Dernièrement, LO a déclaré à propos des agressions racistes d’Argenteuil : « Ceux qui brutalisent ainsi les femmes sous prétexte qu’elles affichent leur religion par leur tenue vestimentaire ne sont rien d’autre que des voyous qui cherchent à faire monter la haine au sein de la population » (Lutte Ouvrière, 28 juin). Mais les démocrates petits-bourgeois de Lutte ouvrière ne condamnent d’habitude ces agressions que lorsqu’elles sont commises par des fascistes, pas quand elles sont commises par les flics de la République française : en témoigne quelques semaines plus tard leur silence assourdissant sur les événements de Trappes.

La terreur raciste est inhérente au système capitaliste, que ce soit la terreur des fascistes ou celle, ordinaire, de l’Etat bourgeois, version de droite sarkozyste ou version « de gauche » à la Valls-Duflot, et qu’elle vise les Roms, les femmes voilées ou plus généralement les jeunes de banlieue. Pour en finir une bonne fois pour toutes avec l’oppression raciste, il est nécessaire d’éradiquer ses causes, qui se trouvent dans les mécanismes élémentaires du système d’exploitation capitaliste. Le capitalisme, qui se base sur l’appropriation, par les propriétaires du capital, de la plus-value créée par le travail des ouvriers, exige en permanence de nouveaux (et moins nouveaux) mécanismes pour diviser les travailleurs entre eux, afin d’empêcher qu’ils ne s’unissent pour renverser ce système par une révolution socialiste.

Les capitalistes alimentent pour cela la division des travailleurs selon la couleur de peau et la religion, et ils inventent d’innombrables mécanismes pour créer entre les travailleurs des différences de statut dont le seul but, plus que le petit profit qu’ils peuvent tirer de la surexploitation des couches les plus défavorisées, est de les dresser les unes contre les autres : hommes contre femmes, Français contre immigrés, CDI contre CDD, intérimaires ou « emplois d’avenir » contre travailleurs permanents, travailleurs du privé contre fonctionnaires, jeunes contre vieux, etc.

Les bureaucrates syndicaux au chevet du capitalisme pourrissant

Mais les dirigeants syndicaux, du fait qu’ils touchent quelques miettes tombées de la table des patrons, se rangent derrière la lutte difficile des capitalistes français pour survivre et défendre leur « compétitivité » face à leurs concurrents internationaux ; les bureaucrates syndicaux sont de ce fait incapables de défendre sérieusement les intérêts de classe des travailleurs. Le comble du grotesque : la direction de la CFDT a entériné l’ANI, qui accroît qualitativement les facilités pour les capitalistes de licencier les travailleurs et de détruire leurs acquis au nom de la « compétitivité ». Mais la CGT elle-même a une direction qui l’année dernière a appelé à voter pour ce même gouvernement, et qui n’a aujourd’hui (avec les bureaucrates de SUD, de la FSU et de FO) qu’une maigre journée d’action à proposer le 10 septembre contre la diminution des retraites claironnée sous tous les toits par le gouvernement.

La bureaucratie syndicale repose sur les couches supérieures de la classe ouvrière, et ce notamment en France où le taux de syndicalisation est pratiquement le plus bas de tous les pays capitalistes avancés ; elle trouve son expression politique dans les partis réformistes de la classe ouvrière, qui en grande partie ont soutenu l’élection de François Hollande (LO, plus circonspecte, se contentant d’indiquer que les ouvriers pouvaient faire le « choix personnel » de voter Hollande mais pas Sarkozy). Le révolutionnaire russe Léon Trotsky expliquait qu’en cette période de déclin capitaliste, où les grandes entreprises capitalistes sont intimement liées au pouvoir de l’Etat, les syndicats eux-mêmes ne peuvent être indépendants de la bourgeoisie que dans la mesure où ils se dotent d’une direction révolutionnaire :

« De là découle pour les syndicats, dans la mesure où ils restent sur des positions réformistes – c’est-à-dire sur des positions basées sur l’adaptation à la propriété privée – la nécessité de s’adapter à l’Etat capitaliste et de tenter de coopérer avec lui.
« Aux yeux de la bureaucratie du mouvement syndical, la tâche essentielle consiste à “libérer” l’Etat de l’emprise capitaliste en affaiblissant sa dépendance envers les trusts et en l’attirant à lui. Cette attitude est en complète harmonie avec la position sociale de l’aristocratie et de la bureaucratie ouvrières qui combattent pour obtenir quelques miettes dans le partage des surprofits du capitalisme impérialiste. »

Une direction révolutionnaire dans les syndicats lutterait pour unifier les travailleurs en revendiquant l’alignement par le haut des divers statuts des travailleurs. Elle lutterait pour unifier les syndicats dans un seul syndicat par industrie, quelles que soient les opinions politiques et quelles que soient les qualifications. Elle avancerait un programme de lutte pour une échelle mobile des salaires et des heures de travail, c’est-à-dire la répartition du travail entre toutes les mains ouvrières, y compris les chômeurs dont l’embauche massive s’accompagnerait d’une réduction concomitante des horaires de travail, sans perte de salaire. Face au chômage qui frappe peut-être six millions de personnes en France à un titre ou un autre, c’est le seul programme réaliste pour préserver de la ruine le prolétariat.

Le fait que ce soit là un programme tout à fait inacceptable pour les capitalistes montre non pas que les ouvriers doivent y renoncer, mais au contraire qu’ils doivent se convaincre de la nécessité et de la possibilité de renverser ce système pourrissant, comme l’avaient fait les ouvriers russes lors de la Révolution de 1917. C’est l’objectif du parti révolutionnaire de l’expliquer et de préparer la classe ouvrière à la lutte directe pour le pouvoir.

Il ne faut pas croire que si la classe ouvrière commence à lutter pour cette perspective les fascistes vont rentrer sans bruit dans leur trou. Bien au contraire, la bourgeoisie risque alors de lâcher davantage la laisse à ses dogues bruns pour mater la classe ouvrière et les immigrés avant que celle-ci ne menace son pouvoir. C’est pourquoi la classe ouvrière doit écraser les fascistes avant qu’ils ne deviennent une force capable de les écraser. La bourgeoisie a une longue expérience du pouvoir. Elle trompette la « mort du communisme » depuis vingt ans pour démoraliser les travailleurs après la destruction contre-révolutionnaire de l’Union soviétique, mais seuls ses idéologues les plus stupides croient à leurs propres mensonges. La classe ouvrière, qui produit les profits des capitalistes, est en fait la seule classe sociale ayant un intérêt historique et la force sociale pour renverser ce système.

Pour des mobilisations ouvrières/immigrées contre les fascistes !

L’historien bourgeois Robert Soucy a fait remarquer dans son livre le Fascisme français 1924-1933 que les fascistes français qui avaient commencé à s’enhardir pendant le gouvernement du Cartel des gauches en 1924 firent long feu, car le jeune Parti communiste empêchait systématiquement la tenue de ses meetings et envoyait à chaque fois quelques-uns de ces assassins en herbe réfléchir sur un lit d’hôpital à leurs perspectives. La bourgeoisie réalisa qu’ils n’étaient pas une force crédible pour écraser la classe ouvrière organisée s’il s’en avérait le besoin (un besoin aussi qui s’estompa à ses yeux avec le retour d’un gouvernement de droite sous Poincaré en 1926). Un parti ouvrier révolutionnaire chercherait aujourd’hui à mobiliser la force du mouvement ouvrier organisé pour dégager cette racaille et défendre les militants de gauche, les minorités, les homosexuels qu’elle menace.

Déjà en décembre 2011 une enquête d’opinion évaluait à 37 % la proportion des flics qui s’apprêtaient à voter Le Pen aux présidentielles. On peut difficilement croire que ce pourcentage n’a pas crû significativement depuis. Pourtant les réformistes au contraire se tournent vers l’Etat capitaliste, leur Etat, pour contenir la violence des fascistes. Ainsi Lutte ouvrière a déclaré dans sa revue Lutte de classe (juillet-août) qu’« il ne suffira pas de réclamer à Hollande ou à Valls, dont la police continue de traquer les Roms et les sans-papiers, la dissolution des groupes violents d’extrême droite ou la fermeture de leurs locaux ». Autrement dit, ce genre de dissolution serait tout de même un pas en avant, même si ce n’est pas suffisant.

La semaine où Clément Méric se faisait assassiner, Lutte Ouvrière (7 juin) publiait un article d’un « correspondant LO » citant avec approbation des revendications comme « une police exemplaire et de proximité » lors de la manifestation à Marseille du « Collectif du 1er juin contre toutes les violences ». Avec ce genre de propagande LO détourne les travailleurs de la nécessité de comprendre clairement que tout renforcement des pouvoirs de la police, toute illusion placée dans une police « de proximité » proche du peuple, est un obstacle à l’autodéfense des travailleurs et des opprimés contre l’ennemi de classe capitaliste et ses bandes armées, et plus largement c’est un obstacle à la lutte révolutionnaire du prolétariat.

La classe ouvrière doit se réapproprier le marxisme

Ce n’est ni dans un « front républicain » avec les sarkozystes, ni dans un « front populaire » incluant des bourgeois « de gauche » comme les Verts ou les Radicaux de gauche, que l’on stoppera la sinistre montée de la réaction. C’est au contraire dans la mobilisation de la classe ouvrière – dans la rue et non dans les urnes – indépendamment de la bourgeoisie, donneuse d’ordre des fascistes.

La presse capitaliste est prompte à blâmer les ouvriers pour la montée électorale du Front national. Le fascisme a pour but ultime de détruire le mouvement ouvrier organisé, par la violence dans la rue de la petite bourgeoisie ruinée par la crise capitaliste. Le fascisme, c’est l’antithèse des intérêts de la classe ouvrière. Il y a toujours eu une couche arriérée de travailleurs qui votait pour des partis bourgeois, notamment pour les chrétiens-démocrates du MRP après la Deuxième Guerre mondiale, ou pour les gaullistes. Certains aujourd’hui passent au FN.

Mais le FN n’est pas « le premier parti parmi les ouvriers ». Les travailleurs constituent la couche sociale avec une plus forte proportion de personnes qui ne sont même pas inscrites sur les listes électorales, sans même parler des non-citoyens (immigrés, sans-papiers,…) qui en tant que tels sont purement et simplement privés du droit de vote. Ces non-citoyens constituent une composante clé du prolétariat à laquelle Hollande vient encore de refuser le droit de vote pour les prochaines élections. Et parmi les citoyens inscrits, ce sont les ouvriers qui en proportion ont plus tendance à s’abstenir, ayant perdu leurs illusions dans les partis sociaux-démocrates. Pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui sont ici !

Le problème n’est pas que les ouvriers s’abstiennent de voter quand aucun candidat ne représente objectivement leurs intérêts. C’est que leur abstention exprime une démoralisation politique marquée depuis plus de vingt ans par les succès de la campagne capitaliste et social-démocrate sur la « mort du communisme ». Nous seuls avions par exemple lutté en 1989-1990 pour une Allemagne rouge des conseils ouvriers et contre une réunification capitaliste de l’Allemagne, et nous avions appelé à stopper la contre-révolution capitaliste de Solidarność en Pologne. Les réformistes du PCF au contraire ont relayé la campagne anticommuniste en dénonçant toute attache avec l’Union soviétique lors de la contre-révolution capitaliste en 1991-1992. Quant au Nouveau Parti anticapitaliste, il porte jusqu’en son nom cette campagne, l’ex-« Ligue communiste révolutionnaire » dont il est issu ayant dénoncé tant le communisme que la révolution prolétarienne.

Le PCF, qui commandait l’allégeance politique de la classe ouvrière française, a ouvertement renoncé à l’objectif d’une société socialiste égalitaire d’abondance, vers laquelle l’Union soviétique était un premier pas dans la mesure où, en dépit de sa dégénérescence ultérieure, la classe capitaliste y avait été expropriée par les bolchéviks de Lénine et Trotsky après 1917. En conséquence la régression du niveau de conscience prolétarien est particulièrement aiguë en France. Pour la stopper, il est nécessaire de tirer les leçons correctes de la contre-révolution capitaliste : ce n’est pas le communisme qui a fait faillite, mais le stalinisme, idéologie antimarxiste née de l’isolement de l’Union soviétique après l’échec de la Révolution allemande en 1923. Comme nous le disons dans notre « Déclaration de principes et quelques éléments de programme » (1998) :

« Le seul moyen de surmonter cette régression et de permettre à la classe ouvrière de devenir une classe pour soi, c’est-à-dire qui combat pour la révolution socialiste, c’est de reforger un parti léniniste-trotskyste international comme direction de la classe ouvrière. Le marxisme doit regagner l’adhésion du prolétariat. »

 

Le Bolchévik nº 205

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