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Le Bolchévik nº 203 |
Mars 2013 |
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Déclaration de la LTF
Troupes impérialistes françaises, hors du Mali !
11 janvier Le chef de l’impérialisme français François Hollande a annoncé ce soir l’intervention de l’aviation et de troupes spéciales françaises au Mali dans le cadre d’une prétendue opération « antiterroriste ». Cela faisait des mois que l’impérialisme français cherchait un prétexte pour actionner ses tueurs dans son « pré carré » néocolonial. L’histoire qui nous est présentée aujourd’hui est que les réactionnaires islamistes qui contrôlent aujourd’hui le Nord du Mali auraient lancé une offensive contre le reste du pays et que l’armée malienne se serait effondrée face à une centaine de pick-up des forces islamistes, ce qui aurait ouvert la route du Sud jusque Bamako. Nous n’avons aucune idée de ce qu’il y a de vrai ou pas dans cette histoire, mais dans tous les cas nous dénonçons l’intervention française. Armée française, hors du Mali et hors d’Afrique !
Le Mali est divisé depuis un an par une guerre civile réactionnaire où le mouvement ouvrier international n’avait aucun intérêt à soutenir ni le régime militaire de Bamako, ni les islamistes anti-femmes du Nord. Mais contre la soldatesque néocoloniale française il faut sans hésiter défendre les nordistes bombardés, sans donner le moindre soutien politique à ces obscurantistes moyenâgeux. Défense des insurgés nordistes contre l’intervention française !
Le New York Times rapporte ce soir que selon certaines rumeurs un hélicoptère militaire français aurait été descendu par les troupes nordistes. Toute perte militaire de l’impérialisme français dans cette opération affaiblirait ce dernier et serait donc un encouragement pour la lutte de classe en France contre ce gouvernement capitaliste-impérialiste aujourd’hui dirigé par le PS et les Verts bourgeois, avec le soutien du PCF. C’est pourquoi la classe ouvrière de France, avec une forte composante de travailleurs maliens, des milliers en région parisienne, a un intérêt direct à s’opposer à cette nouvelle aventure militaire néocoloniale de l’impérialisme français. Nous le disons avec d’autant plus de force que nous avions appelé les travailleurs à refuser de voter pour Hollande comme chef des armées, contrairement au PCF et au NPA, et même à LO qui n’avait pas choisi entre l’abstention et le vote Hollande.
Le désastre actuel au Mali est le produit de toute l’histoire de l’oppression coloniale puis néocoloniale française. Les impérialistes français ont d’abord pillé ce pays pendant des décennies d’oppression coloniale, marquée par la pratique systématique du travail forcé (aboli officiellement en 1946 seulement). Ils ont ensuite tracé artificiellement au cordeau les frontières d’un Etat « indépendant » malien qui n’a guère que les attributs extérieurs de la souveraineté, et encore : la monnaie, le franc CFA, est directement gérée par la Banque de France qui en contrôle le cours ainsi que les dépôts. L’impérialisme français intervient aujourd’hui dans ce qu’il considère comme sa « chasse gardée » ; il s’agit de préserver la prééminence de l’impérialisme français dans toute la région et notamment les profits d’Areva qui exploite d’énormes gisements d’uranium au Niger voisin.
La situation dans le Nord du Mali aujourd’hui est le résultat direct à la fois de l’oppression des populations touareg par l’Etat central malien et de l’intervention impérialiste en Libye en 2011, soutenue à l’époque notamment par François Hollande et Jean-Luc Mélenchon. Cette intervention avait non seulement porté au pouvoir en Libye différentes milices islamistes rivales, avec la charia institutionnalisée contre les femmes, mais aussi permis l’armement des groupes islamistes réactionnaires dans toute la région. Les islamistes sont promus par Paris quand ils servent ses intérêts (Libye, Syrie), et massacrés ailleurs (Afghanistan et maintenant Mali). Cela en soi montre le cynisme sans bornes du gouvernement Hollande-Valls quand il agite la question du « terrorisme islamique » du langage codé pour lancer des opérations policières racistes en France contre la population soupçonnée d’être musulmane, notamment les travailleurs d’origine maghrébine ou ouest-africaine et leurs familles.
L’Algérie voit aujourd’hui à juste titre cette intervention française directement à sa frontière comme une menace, une première depuis l’indépendance acquise en 1962 après sept ans de guerre ; cela jette une lumière crue sur les discours de « reconnaissance » de Hollande il y a à peine quelques semaines lors de son voyage en Algérie et alors que son ministre de la guerre PS, un certain Le Drian, venait d’honorer la mémoire du général Bigeard, symbole de la torture pendant la guerre d’Algérie.
Le Mali a été ces trente dernières années utilisé notamment comme réservoir de main-d’uvre taillable et corvéable à merci en France ; des milliers d’entre eux sont sans papiers même après des années de présence et de travail ici. De nombreux jeunes d’origine malienne ont joué un rôle dans la révolte des banlieues de 2005 et dans les protestations à Villiers-le-Bel contre la terreur raciste meurtrière des flics. Le mouvement ouvrier doit défendre les jeunes des banlieues, tout comme il doit s’opposer aux aventures néocoloniales de l’impérialisme français. Il en va de l’unité de la classe ouvrière de ce pays contre les exactions quotidiennes des capitalistes et de leur gouvernement pour détruire les acquis des travailleurs. En dernier ressort, il n’y a qu’une manière d’en finir une bonne fois pour toutes avec les crimes sanglants des soudards français dans le monde : il faut renverser la dictature du capital dans ce pays au moyen d’une révolution ouvrière, menée par un parti de type bolchévique. Troupes françaises, hors du Mali et hors d’Afrique ! A bas l’impérialisme français ! A bas le gouvernement capitaliste Hollande-Duflot !
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