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Archives de Spartacist et de Femmes et Révolution

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Spartacist, édition française, numéro 40

Automne 2011

Thèses de l’Internationale communiste sur le travail parmi les femmes

Nouvelle traduction

(Femmes et Révolution)

C’est avec fierté que nous publions dans Spartacist une nouvelle traduction française des « Thèses sur les méthodes et les formes de travail des partis communistes parmi les femmes » approuvées par la Deuxième Conférence internationale des femmes communistes et adoptées par le Troisième Congrès mondial de la Troisième Internationale (ou Internationale communiste, IC, Comintern) en 1921. Ces Thèses sont l’un des documents fondamentaux de l’IC dans sa période révolutionnaire, durant les quelques années où celle-ci, sous la direction des bolchéviks de Lénine et Trotsky, s’inspirait de la Révolution d’octobre 1917 qui avait renversé l’ordre capitaliste en Russie. Codifiant une expérience accumulée pendant des dizaines d’années dans le mouvement révolutionnaire international, elles énoncent en détail comment les communistes mènent le travail parmi les femmes, sur la base des leçons chèrement apprises dans la lutte. Cette nouvelle traduction établie par la Ligue communiste internationale est l’aboutissement de nos recherches dans les archives sur les origines politiques du document ; elle témoigne de notre engagement à combattre pour l’émancipation des femmes, un combat qui fait partie intégrante de la lutte que nous menons pour la révolution prolétarienne internationale.

Afin de reconstituer une version fidèle du document et de son histoire pour une nouvelle traduction, nous avons fait des recherches approfondies dans les archives du Comintern et du Parti bolchévique déposées au RGASPI (les Archives d’histoire socio-politique de l’Etat russe à Moscou), dans les dossiers du Parti communiste allemand (KPD) et du Comintern aux Archives fédérales de Berlin à Berlin-Lichterfelde, à la bibliothèque et dans les archives de la Hoover Institution à l’Université de Stanford et dans les bibliothèques de l’Université de Californie à Berkeley, ainsi que dans notre propre bibliothèque, la Prometheus Research Library. Dans la mesure où les documents actuellement disponibles le permettent, nous avons découvert comment les Thèses avaient été écrites, et par qui. Nous ignorons encore beaucoup de choses, mais nous avons pu déterminer que la langue originale du document était le russe. Il y a d’importantes différences entre le texte allemand et le texte russe : par exemple, le texte allemand de 1921, la version la plus largement diffusée par le Comintern, omet deux sections sur les méthodes principales du travail parmi les femmes non membres du parti, c’est-à-dire les réunions de déléguées et les conférences de femmes non membres du parti. Cela reflète peut-être des divergences politiques dans le débat entre les cadres dirigeantes. Le texte allemand accorde aussi un rôle limité au parti dans le contrôle de ce travail.

Deux traductions françaises ont circulé, l’une publiée en 1921 dans le Bulletin communiste et une autre en 1934 connue sous le nom de « Thèses pour la propagande parmi les femmes » (contenues dans Manifestes, thèses et résolutions des quatre premiers congrès mondiaux de l’Internationale communiste, qui a fait l’objet de rééditions ultérieures en fac-similé). Ces deux versions présentent les mêmes défauts que ceux mentionnés ci-dessus pour le texte allemand de 1921. Les traductions anglaise et allemande de Spartacist se basent donc sur le texte officiel russe du Comintern publié en 1933. Pour la version française, nous avons établi la traduction à partir de l’anglais et nous l’avons confrontée avec le russe et l’allemand.

En 1971 et 1972, nous avions publié dans Women and Revolution (Femmes et Révolution) la traduction anglaise officielle des Thèses diffusée par le Comintern en 1921, pour nous aider à intervenir dans le milieu féministe radical issu de la « Nouvelle Gauche » aux Etats-Unis (Women and Revolution nº 2 et 3, septembre-octobre 1971 et mai 1972 ; des extraits des Thèses ont été publiés dans Women and Revolution nº 22, printemps 1981). Contrairement aux féministes qui préconisaient des organisations séparées, excluant les hommes, nous insistions que la libération de la femme n’était pas une question d’opposition entre les sexes mais d’opposition entre les classes. En tant que révolutionnaires trotskystes, nous cherchions à gagner des femmes qui se considéraient révolutionnaires à une vision du monde qui soit communiste, et à les convaincre que pour émanciper les femmes il faut d’abord détruire le système capitaliste. En 1972, Women and Revolution est devenu le journal de la commission femmes du comité central de la Spartacist League/U.S. Après avoir publié pendant 25 ans ce journal marxiste dédié à la libération des femmes, nous avons en 1997 incorporé Women and Revolution dans Spartacist en quatre langues, et des articles paraissent aussi de temps en temps sous l’en-tête Femmes et Révolution dans la presse des sections de la LCI.

Nous nous réclamons de la tradition de l’Internationale communiste pour la période des quatre premiers congrès, quand la lutte révolutionnaire du prolétariat était à son point culminant, et avant les trahisons du stalinisme. Depuis cette époque, la classe ouvrière a essuyé de nombreux revers et de nombreuses défaites, notamment la contre-révolution capitaliste qui a détruit l’Union soviétique en 1991-1992. Aujourd’hui, les idéologues bourgeois parlent de la « mort du communisme », mais la lutte se poursuit entre des classes sociales irréconciliables, et avec cette lutte le combat à mener pour une société communiste où toutes les formes d’exploitation et d’oppression seront révolues. Il y a quelques années, nous avons décidé de republier les Thèses pour étudier et tirer les leçons essentielles de l’histoire, sachant que le travail des bolchéviks et de l’Internationale communiste sert d’exemple aux combattants marxistes des générations futures.

La lutte pour l’Internationale communiste

Le congrès de fondation de la Troisième Internationale eut lieu en 1919. Mais Lénine avait lancé le combat pour une nouvelle internationale dès août 1914, lorsque la plupart des partis de la Deuxième Internationale trahirent le prolétariat en soutenant leurs propres maîtres capitalistes dans le terrible carnage impérialiste de la Première Guerre mondiale.

Cette trahison avait été préparée par des années de dégénérescence politique. Comme le disait Léon Trotsky à propos du Parti social-démocrate allemand (le SPD), parti phare de la Deuxième Internationale, la politique de la Deuxième Internationale « était fondée sur l’adaptation au régime parlementaire et sur la croissance ininterrompue de l’organisation, de la presse et de l’encaisse », ce qui « en fin de compte étouffa la volonté révolutionnaire du parti » (Cours nouveau, 1923). Les divergences dans la social-démocratie étaient déjà devenues suffisamment profondes en 1914 pour que se délimitent une aile gauche et une aile droite, ainsi qu’un large courant centriste dont Karl Kautsky était la figure de proue. Dans l’ensemble, les directions social-démocrates des partis européens considéraient le travail parmi les femmes comme une question secondaire. Le travail pionnier effectué parmi les femmes avant 1914, y compris la publication de Die Gleichheit (l’Egalité), avait été lancé et mené par des militantes résolues et tenaces, conduites par Clara Zetkin, dirigeante en vue du SPD, en dépit de l’hostilité ou de l’indifférence de la direction droitière du parti.

Sous l’impact de la Révolution russe, les militants de l’aile gauche de la Deuxième Internationale affluèrent sous le drapeau bolchévique, apportant avec eux des restes d’opportunisme. Pour forger de nouveaux partis d’avant-garde léninistes comme sections d’une internationale révolutionnaire, il fallut une série de batailles politiques pour que ceux qui aspiraient à être révolutionnaires rompent entièrement avec la pratique et le programme de la social-démocratie, et pour se débarrasser des hésitants centristes. C’est dans le cadre de cette lutte que le Deuxième Congrès de l’IC adopta en 1920 les « Conditions d’admission à l’Internationale communiste », connues sous le nom de « 21 conditions », qui servirent de moyen organisationnel et politique pour faire le tri entre les révolutionnaires d’une part et les réformistes et les centristes de l’autre, ainsi que pour continuer le combat contre les « agents directs et indirects de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier », comme le disait Lénine (« Lettre aux communistes allemands », août 1921).

La lutte des bolchéviks pour les femmes travailleuses

Lors de son congrès de fondation en 1919, l’Internationale communiste proclamait, dans une brève « Résolution sur le rôle des ouvrières », le devoir impérieux de mener un travail parmi les femmes. La même année, le Parti communiste russe créait le Jenotdel, le département spécial (« section ») du comité central pour le travail parmi les femmes ; il en confia la responsabilité principale à la dirigeante bolchévique Inessa Armand. Pratiquement tous les dirigeants bolchéviques, que ce soit Lénine, Trotsky, Iakov Sverdlov ou Nadejda Kroupskaïa, s’intéressèrent à ce travail. Pour les bolchéviks, il y avait essentiellement deux principes : du fait de l’oppression spécifique des femmes, de leur relative arriération politique et, pour celles qui ne travaillaient pas, de leur isolement social au foyer, il était nécessaire de faire un travail spécifique parmi les femmes afin de les attirer sous le drapeau communiste. Deuxièmement, ce travail devait se faire sous la direction du parti en tant que travail du parti tout entier.

Sur la base du travail qu’ils avaient fait en publiant le journal Rabotnitsa (l’Ouvrière) à partir de 1914, les bolchéviks préconisaient des méthodes spécifiques de travail pour mobiliser, éduquer et intégrer les femmes non membres du parti dans le travail politique grâce à leur presse et en organisant des conférences, des cercles et des clubs de discussion et de lecture, selon les besoins, pour les femmes que le parti n’aurait pu atteindre autrement à cause de leur isolement social et politique. (Voir « Comment les bolchéviks ont organisé les ouvrières : Histoire du journal Rabotnitsa », Women and Revolution nº 4, automne 1973.) Les Thèses expliquent en détail deux des méthodes les plus importantes : les réunions de déléguées et les conférences de femmes qui n’étaient pas membres du parti. Le parti préconisait une division du travail dans toutes les instances dirigeantes du parti, depuis le comité central jusqu’aux fractions syndicales locales, afin d’établir des commissions dont la tâche spécifique serait de superviser le travail parmi les masses de femmes travailleuses.

Les bolchéviks partaient de la conception marxiste que l’oppression des femmes, l’inégalité sociale la plus ancienne de l’histoire humaine, remonte au début de la propriété privée et ne saurait être éradiquée sans l’abolition de la société divisée en classes ; pour cela il faut des ressources abondantes à l’échelle internationale. Les femmes sont opprimées avant tout par l’institution sociale de la famille, dont la fonction est d’élever la prochaine génération. Il faut supplanter cette fonction en remplaçant le travail domestique des femmes et la garde des enfants par des institutions collectives dans une société socialiste. Après la prise du pouvoir en 1917, dans la mesure où cela était possible dans des conditions d’extrême arriération économique et sociale, de guerre civile et d’invasion impérialiste, les bolchéviks mobilisèrent les travailleuses comme avant-garde pour commencer la construction de crèches et de garderies, de cantines et de laveries publiques afin de remplacer l’économie domestique individuelle. (Pour une histoire du travail parmi les femmes pendant les premières années de la société soviétique, voir « La Révolution russe et l’émancipation des femmes », Spartacist édition française nº 37, été 2006.) Comme le décrivait un rapport récapitulant un discours d’Inessa Armand :

« La lutte pour la libération des femmes est indissociable de la lutte générale pour la dictature de la classe ouvrière ; elle doit mobiliser pour le combat final des réserves par millions, fournies par l’armée du travail des femmes et provenant des couches les plus arriérées, les plus oubliées et opprimées, les plus humiliées de la classe ouvrière et des travailleurs pauvres. »

– Otchet o Pervoi mejdunarodnoi konferentsii kommunistok (Rapport sur la Première Conférence internationale des femmes communistes, Moscou, Gosizdat, 1921) [traduit par nos soins]

Début 1924, une caste bureaucratique conduite par Staline usurpa le pouvoir politique de la classe ouvrière grâce à une contre-révolution politique. En se consolidant au cours des années suivantes, la bureaucratie stalinienne renonça au combat pour la révolution mondiale et à la cause de l’émancipation des femmes. Les staliniens avaient, avec leurs déformations bureaucratiques et leurs mensonges, tellement sali et diffamé les grands idéaux du communisme qu’à la fin, en 1991-1992, la classe ouvrière ne s’est pas battue contre la liquidation définitive de la révolution et la restauration du capitalisme sous Boris Eltsine.

La Première Conférence internationale des femmes communistes

Les Thèses sur le travail parmi les femmes adoptées par le Comintern étaient l’aboutissement d’une année de débats dans l’IC, en 1920-1921, entre les communistes soviétiques d’une part et des communistes d’Europe occidentale et centrale de l’autre. La Première Conférence internationale des femmes communistes, qui se tint à Moscou du 30 juillet au 2 août 1920, avait été convoquée et organisée par Inessa Armand, qui mourut tragiquement du choléra peu de temps après, ce qui priva l’IC d’un de ses cadres dirigeants. Lorsqu’elle motiva le projet de thèses proposé par les Soviétiques, Armand s’adressa à des questions controversées qui continuèrent à être débattues l’année suivante. Son rapport attaquait la Deuxième Internationale qu’elle qualifiait de « frein au mouvement prolétarien révolutionnaire » et d’« opposant de la libération de toutes les travailleuses » :

« Non seulement la Deuxième Internationale était incapable, d’une manière générale, de mener une lutte révolutionnaire pour le socialisme, mais ses éléments dirigeants étaient eux-mêmes complètement imprégnés de préjugés philistins sur la question femmes, et par conséquent la Deuxième Internationale n’a pas seulement trahi le prolétariat en général dans sa lutte pour le pouvoir, elle est aussi responsable d’un grand nombre de cuisantes trahisons des femmes travailleuses en ce qui concerne les revendications démocratiques générales les plus élémentaires. Par exemple, concernant la question du suffrage universel féminin : les représentants de la Deuxième Internationale n’ont soit rien fait du tout (France, Belgique), soit l’ont sabotée (Autriche), soit l’ont déformée (Angleterre), etc. »

ibid.

Les déléguées d’Europe occidentale et centrale, y compris les Autrichiennes et les Allemandes, s’opposèrent obstinément à cette critique, car elles n’étaient pas d’accord avec les polémiques dans les Thèses et soutenaient que celles-ci n’appréciaient pas le travail de Clara Zetkin à sa juste valeur.

Deuxième point litigieux : les communistes russes voulaient absolument établir des directives organisationnelles précises et détaillées pour le travail afin que les Thèses ne restent pas lettre morte, comme cela avait été le cas dans la Deuxième Internationale. Troisième grand sujet de divergence : le système de déléguées et de conférences de femmes non membres du parti pouvait-il être appliqué et adapté aux pays capitalistes avancés, notamment en Europe ? Cela resta longtemps une source de controverse. C’est peut-être à cause de ces divergences que les déléguées de la Première Conférence internationale des femmes communistes soumirent deux projets de thèses au Deuxième Congrès de l’IC. Pour des raisons de temps, le Congrès dut renvoyer le débat devant le Comité exécutif de l’IC (CEIC, ou « exécutif »).

Lorsque Clara Zetkin arriva pour la première fois à Moscou en septembre 1920, le projet de thèses fut discuté lors d’un plénum du Jenotdel. Comme Zetkin avait sérieusement critiqué les thèses proposées par les Soviétiques, affirmant notamment que leur projet ne répondait pas bien aux conditions de travail dans les pays d’Europe occidentale et centrale, elle fut chargée de rédiger un nouveau projet avec les dirigeantes bolchéviques Alexandra Kollontaï et Sofia Smidovitch. Le « Projet de thèses sur le mouvement communiste féminin » est l’aboutissement de ce travail. Ce fut une étape importante dans l’élaboration des Thèses du Troisième Congrès, même si ce projet était indulgent envers le travail de la Deuxième Internationale. L’IC publia ce document dans son journal théorique, l’Internationale communiste, dans ses éditions russe (nº 15, décembre 1920), allemande (nº 15, 1921) et française (nº 15, janvier 1921).

Selon les documents que nous avons pu consulter, les Thèses de l’IC sur le travail parmi les femmes furent mises au point par une commission de rédaction composée de dirigeantes du Jenotdel et du Secrétariat international des femmes, qui travaillaient en russe, avant d’être soumises à l’exécutif et au Troisième Congrès. Le projet qui résulta de ce travail, les « Thèses préliminaires », fut ensuite à nouveau modifié en russe et adopté lors du congrès. Les archives du Comintern à Moscou contiennent des amendements aux Thèses préliminaires, écrits en russe et indiqués comme étant des « corrections aux Thèses par la cde. Kollontaï ». Les renvois en note numéro 1, 2 et 6 font référence à ces amendements.

Le Troisième Congrès mondial

Le Troisième Congrès mondial de l’IC se réunit à Moscou du 22 juin au 12 juillet 1921, à un moment où était en train de refluer la vague révolutionnaire, déclenchée par la Révolution russe, qui avait déferlé sur l’Europe après la Première Guerre mondiale. L’absence de partis d’avant-garde déterminés et éprouvés joua un rôle décisif dans la défaite des révolutions prolétariennes en Allemagne, en Hongrie et en Italie. La social-démocratie internationale bénéficiait encore du soutien de couches importantes du prolétariat, et elle s’était avérée être un outil indispensable à la domination bourgeoise. Comme Lénine ne cessait de le répéter dans les premières années du Comintern, pour forger des partis d’avant-garde, il fallait beaucoup plus que de grands discours sur la révolution : les partis devaient entièrement assimiler l’expérience bolchévique. Le gauchisme stérile était aussi un sérieux problème. Lénine s’y adressa amplement dans la Maladie infantile du communisme (le « gauchisme ») (1920), où il écrivit :

« Les acclamations adressées au pouvoir des Soviets et aux bolchéviks, ne conviendrait-il pas de les accompagner un peu plus souvent d’une très sérieuse analyse des causes qui ont permis aux bolchéviks de forger la discipline indispensable au prolétariat révolutionnaire ? »

Le Troisième Congrès de 1921 fut une école de stratégie révolutionnaire. Des résolutions furent élaborées, débattues et adoptées sur les tactiques, l’organisation des partis et le travail communiste dans les syndicats, parmi la jeunesse et parmi les femmes. Les « Thèses sur la structure d’organisation des partis communistes, sur les méthodes et le contenu de leur travail » en constituent l’un des documents les plus essentiels. (Dans Spartacist édition française nº 25, été 1989, nous indiquons certains des problèmes de la version française de ces thèses publiées par l’IC et nous reproduisons l’introduction à leur traduction anglaise que nous avons publiée dans Prometheus Research Series nº 1, août 1988.) Lénine déclara qu’« au IIIe Congrès il a fallu entreprendre un travail sérieux, positif, décider concrètement, en tenant compte de l’expérience pratique de la lutte communiste déjà engagée, comment travailler par la suite sur le plan de la tactique et celui de l’organisation » (« Lettre aux communistes allemands »). L’objectif des Thèses sur le travail parmi les femmes était de poursuivre le « travail sérieux, positif » des partis communistes qui cherchaient à gagner à la révolution les masses féminines opprimées.

La « théorie de l’offensive » suscita un débat majeur avec les « gauchistes » lors du Troisième Congrès. Cette théorie, souvent associée à Béla Kun, qui avait dirigé la révolution hongroise manquée de 1919, avait servi d’exemple pour la désastreuse action de mars en Allemagne en 1921. Comme l’écrivait Trotsky : « seul un traître pourrait nier qu’il faut une offensive révolutionnaire ; mais seul un nigaud réduirait toute la stratégie révolutionnaire à l’offensive » (« L’école de la stratégie révolutionnaire », 1921). Il écrivit plus tard à propos du danger que représentait la minorité gauchiste :

« Le revirement obtenu alors sous la direction de Lénine, malgré la résistance acharnée d’une partie, initialement considérable, de la majorité du congrès, sauva littéralement l’Internationale de l’écrasement et de la désagrégation dont elle était menacée dans la voie du “gauchisme” automatique, dépourvu d’esprit critique. »

Cours nouveau

La Deuxième Conférence internationale des femmes communistes

La Deuxième Conférence internationale des femmes communistes se réunit à Moscou du 9 au 14 juin 1921, juste avant le Troisième Congrès mondial du Comintern. Lors de cette conférence, la tendance ultragauche se manifesta en dénigrant la lutte pour l’égalité politique des femmes (le droit de vote des femmes) ainsi que le travail sur le terrain parlementaire, considérés comme « réformistes » par principe, ce qui reflétait la lutte plus générale dans l’Internationale.

Comme le souligna Trotsky dans son discours lors de la dernière séance de la conférence des femmes, l’une des tâches principales du Troisième Congrès était de reconnaître que la lutte de classe avait reflué et que l’Internationale devait s’atteler à la tâche de gagner les masses. Les Thèses ne reconnaissent pas explicitement ce tournant important, mais le document présente en détail une méthode pour trouver le chemin des masses de travailleuses. Cependant, les références à « l’imminence » de la révolution prolétarienne reflètent la perspective de la période précédente.

Le 8 juillet 1921, Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï s’adressèrent aux délégués du Troisième Congrès afin de motiver l’adoption des Thèses sur le travail parmi les femmes. Selon les procès-verbaux officiels du Troisième Congrès, celui-ci adopta deux résolutions et deux séries de thèses qui avaient toutes été proposées par la Deuxième Conférence internationale des femmes communistes. Nous n’avons pas réussi à trouver cette deuxième série de thèses sur la question femmes. La première des deux résolutions adoptées traitait des formes et des méthodes du travail parmi les femmes, et la deuxième visait à renforcer les rapports internationaux entre les sections et avec le Secrétariat international des femmes, une instance qui était sous la responsabilité du CEIC.

Plusieurs questions évoquées dans les Thèses définitives méritent un commentaire particulier. Il faut d’abord souligner l’attention que les Thèses accordent à la question de la libération des femmes si opprimées de l’Orient, ce qui est caractérisé pour la première fois de tâche centrale pour le mouvement ouvrier révolutionnaire. D’autre part, les Thèses rejettent « toute espèce de collaboration et d’accords avec les féministes bourgeoises ». Aujourd’hui, la Ligue communiste internationale n’exclut pas de participer à des actions communes avec des féministes bourgeoises, et nous avons d’ailleurs pris part à de telles actions, par exemple pour défendre des cliniques d’avortement.

Le « triste rôle » que des masses féminines jouèrent lors de la Révolution hongroise de 1919 fait référence aux grandes manifestations ouvrières réactionnaires contre l’éphémère gouvernement soviétique de Béla Kun. La contre-révolution avait pu mobiliser des travailleuses en partie parce que le parti n’avait pas su répondre à leurs besoins spécifiques.

A propos de la nouvelle traduction

Notre objectif était de fournir un texte des Thèses qui soit le plus complet possible et qui représente le plus fidèlement possible le travail parmi les femmes pendant les premières années du Comintern. Lorsque nous avons traduit ce document du russe, nous avons trouvé qu’il y avait des problèmes avec le texte lui-même. Comme le notait Witold S. Sworakowski dans The Communist International and its Front Organizations (l’Internationale communiste et ses organisations paravents, Stanford, Californie, Hoover Institution, 1965) :

« L’utilisateur des publications du Comintern doit prendre en compte le fait que le même document publié en russe, en anglais, en allemand, en français ou dans toute autre langue, même s’il paraît identique aux équivalents dans les autres langues, ne l’est pas forcément dans son contenu […]. Dans la plupart des cas il est pratiquement impossible de déterminer s’il s’agit d’un document dans la langue originale ou bien d’une traduction. Les textes du même document, que ce soit un discours, un rapport ou une résolution, peuvent présenter des différences selon les éditions en différentes langues. »

La traduction anglaise de 1921 que nous avions republiée en 1971-1972 contient l’intégralité de la version russe, mais l’anglais est mauvais et il manque de temps en temps des propositions et des phrases. Il y a eu d’autres traductions en anglais plus récentes que nous avons trouvé très défectueuses.

Nous avons basé la traduction actuelle sur l’édition russe parue en 1933 dans Kommunistitcheskii Internatsional v dokumentakh ; Recheniia, tezisy i vozzvaniia kongressov Kominterna i plenumov IKKI 1919-1932 (l’Internationale communiste par les documents : Décisions, thèses et déclarations des congrès du Comintern et des plénums du CEIC, 1919-1932, Moscou, Partizdat, 1933), publié sous la direction de Béla Kun. Nous avons comparé le texte de 1933 aux Thèses préliminaires russes ainsi qu’au texte russe des thèses distribué par le Bureau de presse du Comintern aux délégués du Troisième Congrès pour le vote. Nous avons également examiné le texte allemand des Thèses publié par le Comintern en 1921 et diffusé en Allemagne par Karl Hoym (Hambourg), et V.I. Lenin i Kommunistitcheskii Internatsional (Lénine et l’Internationale communiste, Moscou, Politizdat, 1970), traduit de l’allemand et publié sous la direction de Kirill Kirillovitch Chirinia, un spécialiste de l’histoire du Comintern. Nous avons constaté que des erreurs typographiques et des omissions furent introduites dans les Thèses du Bureau de presse lorsqu’elles furent retapées à partir des Thèses préliminaires, et que cela rendait parfois le texte russe ambigu ou même incompréhensible. Malheureusement ces erreurs et omissions mineures furent reportées dans l’édition des Thèses de 1933. Dans ces cas évidents nous avons restauré le texte original à partir des Thèses préliminaires. Dans deux cas nous avons incorporé de courts paragraphes qui figurent dans l’édition de Moscou de 1933 mais qui ne se trouvaient ni dans les Thèses préliminaires, ni dans celles du Bureau de presse.

Ces recherches nous ont permis de comprendre encore mieux l’importance de ces Thèses. D’après les ressources historiques dont nous disposions à l’époque, Women and Revolution avait présenté à tort l’histoire du « mouvement prolétarien des femmes » comme s’il y avait une continuité directe entre le travail parmi les femmes de la Deuxième Internationale et celui de la Troisième. Par exemple, dans « La Révolution russe et l’émancipation des femmes » nous écrivions : « Avant la Première Guerre mondiale les sociaux-démocrates allemands avaient été les premiers à construire une “organisation transitoire” de femmes – une instance spécifique, liée au parti par ses cadres les plus conscients. » En réalité, la conception d’un appareil spécifique du parti qui se consacrerait au travail parmi les femmes fut lancée par les bolchéviks lorsqu’ils cherchaient à attirer les masses de travailleuses aux côtés du parti d’avant-garde. Cette perspective ne peut être mise en œuvre que par un parti léniniste dont le programme est solide.

La Révolution bolchévique a apporté l’espoir aux opprimés du monde entier, notamment aux esclaves des esclaves, les ouvrières et les paysannes opprimées, qui allaient enfin prendre leur place dans l’histoire en transformant la société de classes et en allant vers un monde nouveau, un monde socialiste. Comme le disait le rapport du discours d’Inessa Armand à l’occasion de la Première Conférence internationale des femmes communistes :

« Le pouvoir soviétique sera incapable de défendre la dictature du prolétariat contre les attaques des impérialistes s’il ne recrute pas le plus grand nombre possible d’ouvrières et de paysannes pour participer à la guerre civile, et s’il ne forme pas et n’enrôle pas dans le gouvernement de l’Etat jusqu’à la toute dernière cuisinière, comme le dit le camarade Lénine. »

– « Rapport sur la Première Conférence internationale des femmes communistes » [traduit par nos soins]


Thèses sur les méthodes et les formes du travail des partis communistes parmi les femmes

Principes fondamentaux

1. Le Troisième Congrès de l’Internationale communiste, conjointement avec la Deuxième Conférence internationale des femmes communistes, réitère la décision du Premier et du Deuxième Congrès sur la nécessité pour tous les partis communistes d’Occident et d’Orient de renforcer le travail dans le prolétariat féminin, d’éduquer les grandes masses d’ouvrières dans l’esprit du communisme et de les intégrer dans la lutte pour le pouvoir soviétique ou pour la construction de la république ouvrière soviétique.

C’est dans le monde entier que se pose directement pour la classe ouvrière, et par conséquent pour les ouvrières, la question de la dictature du prolétariat[1].

Le système économique capitaliste est arrivé dans une impasse : les forces productives ne peuvent plus continuer à se développer dans le cadre du capitalisme. La misère universelle grandissante des travailleurs, l’incapacité de la bourgeoisie à relancer la production, le développement de la spéculation, le délabrement de la production, le chômage, la fluctuation des prix, le décalage entre ceux-ci et les salaires, tout cela provoque inévitablement une recrudescence de la lutte des classes dans tous les pays. Dans cette lutte se décidera par qui et sur la base de quel système la production sera dirigée, gérée et organisée : par une poignée de bourgeois ou par la classe ouvrière sur une base communiste.

La nouvelle classe montante, le prolétariat, doit, conformément aux lois du développement économique, s’emparer de l’appareil de production et créer de nouvelles formes économiques. C’est le seul moyen de créer l’impulsion nécessaire au développement maximal des forces productives jusqu’ici freinées par l’anarchie de la production capitaliste.

Tant que le pouvoir sera entre les mains de la classe bourgeoise, le prolétariat sera incapable de relancer la production. Aucune réforme, aucune mesure mise en œuvre par les gouvernements démocratiques ou socialistes des pays bourgeois ne pourra sauver la situation et alléger les lourdes et insupportables souffrances des ouvrières et des ouvriers, car ces souffrances proviennent de l’effondrement du système économique capitaliste et persisteront tant que le pouvoir sera entre les mains de la bourgeoisie. Seule la conquête du pouvoir par le prolétariat permettra à la classe des producteurs de s’emparer des moyens de production et de diriger le développement économique dans l’intérêt des travailleurs.

Pour hâter l’heure inévitable de l’affrontement décisif du prolétariat avec le monde bourgeois moribond, la classe ouvrière doit adhérer aux tactiques fermes et intransigeantes préconisées par la Troisième Internationale. C’est la dictature du prolétariat – l’objectif immédiat fondamental – qui détermine les méthodes de travail et la ligne de combat du prolétariat des deux sexes.

Partant du point de vue que la lutte pour la dictature du prolétariat est à l’ordre du jour pour le prolétariat de tous les Etats capitalistes et que la construction du communisme est la tâche immédiate des pays où la dictature est entre les mains des ouvriers, le Troisième Congrès de l’Internationale communiste déclare que ni la conquête du pouvoir par le prolétariat, ni la réalisation du communisme dans un pays qui s’est déjà libéré du joug de la bourgeoisie, ne sauraient être accomplies sans la participation active des larges masses du prolétariat et du semi-prolétariat féminin.

D’autre part, le Congrès attire une fois de plus l’attention de toutes les femmes sur le fait que, sans le soutien des partis communistes à toutes les tâches et à toutes les initiatives qui favorisent la libération et l’émancipation des femmes, les pleins droits personnels de la femme et son émancipation véritable ne sauraient être réalisés dans la réalité.

2. Les intérêts de la classe ouvrière exigent, surtout dans la période actuelle, que l’on s’applique particulièrement à intégrer les femmes dans les rangs organisés du prolétariat luttant pour le communisme, et ce d’autant plus que la ruine économique mondiale s’intensifie et devient de plus en plus intolérable pour toute la population pauvre des villes et des campagnes. Par conséquent, la classe ouvrière des pays capitalistes bourgeois est inévitablement confrontée à la question de la révolution sociale, tandis que le peuple travailleur de la Russie soviétique est confronté à la tâche de reconstruire l’économie sur de nouvelles bases communistes. Ces deux tâches seront d’autant plus facilement accomplies que les femmes y prendront une part plus active, plus consciente et plus résolue.

Partout où la question de la conquête du pouvoir est directement posée, les partis communistes doivent tenir compte du danger considérable que représentent pour la révolution les masses inertes, non entraînées dans le mouvement, d’ouvrières, de ménagères, d’employées et de paysannes qui sont toujours sous l’influence de la vision bourgeoise, de l’Eglise et des superstitions, et qui n’ont aucun lien avec le grand mouvement de libération qu’est le communisme. A moins d’être recrutées au mouvement, les masses de femmes de l’Occident et de l’Orient constituent inévitablement un rempart de la bourgeoisie et une cible pour sa propagande contre-révolutionnaire. L’expérience de la Révolution hongroise, au cours de laquelle le bas niveau de conscience des masses féminines a joué un si triste rôle, doit servir en ce sens d’avertissement au prolétariat de tous les autres pays entrant dans la voie de la révolution sociale.

Inversement, les politiques mises en œuvre par la république soviétique ont confirmé par l’expérience concrète combien est essentielle la participation des ouvrières et des paysannes à la guerre civile, à la défense de la république et à tous les aspects de la construction soviétique. En témoigne en pratique le rôle considérable qu’ont déjà joué les ouvrières et les paysannes pour organiser la défense, renforcer l’arrière, lutter contre la désertion et contre toutes les formes de la contre-révolution, du sabotage, etc. dans la république soviétique. L’expérience de la république ouvrière doit être apprise et utilisée dans les autres pays.

C’est pourquoi tous les partis communistes ont pour tâche d’étendre leur influence parmi les couches les plus larges de la population féminine de leur pays en mettant sur pied des appareils spécifiques à l’intérieur du Parti et en établissant des méthodes spécifiques qui permettent de soustraire les femmes à l’influence de la vision bourgeoise ou des partis conciliateurs et faire d’elles des combattantes résolues pour le communisme et donc des combattantes pour l’éducation complète des femmes.

3. En imposant aux partis communistes d’Occident et d’Orient la tâche immédiate de renforcer le travail du parti parmi le prolétariat féminin, le Troisième Congrès de l’Internationale communiste montre par la même occasion aux ouvrières du monde entier que leur affranchissement de l’injustice, de l’asservissement et de l’inégalité séculaires n’est réalisable que par la victoire du communisme. Ce que le communisme donne à la femme, en aucun cas le mouvement des femmes bourgeois ne saurait le lui donner. Aussi longtemps qu’existera la domination du capital et de la propriété privée dans les pays capitalistes, la libération de la femme de la dépendance vis-à-vis de son mari ne pourra pas aller plus loin que le droit de disposer de ses propres biens, de ses propres revenus, et le droit de décider à l’égal de son mari du sort de leurs enfants.

Les efforts les plus résolus des féministes (l’extension du droit de vote aux femmes dans le cadre d’un régime parlementaire bourgeois) ne sauraient résoudre le problème de l’égalité réelle des femmes, surtout en ce qui concerne les classes non possédantes. En témoigne l’expérience des ouvrières dans tous les pays capitalistes où la bourgeoisie a, ces dernières années, accordé l’égalité formelle des sexes. Le droit de vote ne supprime pas la cause fondamentale de l’asservissement de la femme au sein de la famille et dans la société. La substitution du mariage civil au mariage indissoluble dans les Etats bourgeois ne fait pas de la femme l’égale de son mari dans les rapports conjugaux et elle ne fournit pas la clé pour résoudre le problème des rapports entre les sexes, étant donné que la femme prolétaire est dépendante économiquement de son maître capitaliste et de son mari soutien de famille, et qu’il n’y a pas de protection générale des besoins de la mère et de l’enfant ni d’éducation ou de garde collective des enfants.

L’égalité non pas formelle et superficielle, mais réelle des femmes n’est possible que sous le communisme, c’est-à-dire seulement lorsque les femmes, ainsi que tous les membres de la classe travailleuse, détiendront en commun les moyens de production et de répartition, participeront à leur gestion et assumeront leurs responsabilités de travail sur les mêmes bases que tous les membres de la société travailleuse. En d’autres termes, elle est possible seulement à condition de renverser le système de production capitaliste reposant sur l’exploitation de l’homme par l’homme et d’organiser la forme communiste de l’économie.

Seul le communisme créera les conditions où la fonction naturelle de la femme (la maternité) n’entrera pas en conflit avec ses responsabilités sociales et n’empêchera pas son travail créatif au service de la collectivité. Au contraire, le communisme permettra aux femmes de se développer en tant qu’individus complets, sains et harmonieux, étroitement et indissolublement en prise avec les tâches et la vie de la collectivité des travailleurs. Le communisme doit être l’objectif de toutes les femmes qui combattent pour l’émancipation des femmes et la reconnaissance de tous leurs droits.

Cependant, le communisme est également l’objectif final du prolétariat tout entier. Par conséquent, la lutte des ouvrières pour cet objectif commun doit, dans l’intérêt des deux sexes, être menée en commun et inséparablement.

4. Le Troisième Congrès de l’Internationale communiste affirme, selon le principe fondamental du marxisme révolutionnaire, qu’il n’y a pas de questions « spécialement féminines », pas de mouvement spécial des femmes. Toute forme d’unité des ouvrières avec le féminisme bourgeois, ainsi que le soutien des ouvrières aux tactiques de demi-mesures ou de franche trahison des conciliateurs – les opportunistes – ne fait qu’affaiblir les forces du prolétariat, retardant ainsi la révolution sociale et la réalisation du communisme, et donc également l’heure historique de l’émancipation complète des femmes.

Nous ne parviendrons pas au communisme par les efforts conjugués de femmes de différentes classes mais par l’union dans la lutte de tous les exploités.

Les masses prolétariennes féminines doivent, dans leur propre intérêt, soutenir les tactiques révolutionnaires du Parti communiste et prendre la part la plus active et la plus directe aux actions des masses et à la guerre civile sous toutes ses formes et sous tous ses aspects, tant dans le cadre national qu’à l’échelle internationale.

5. La lutte de la femme contre sa double oppression (le capitalisme et la dépendance familiale et ménagère) doit prendre, dans la phase suprême de son développement, un caractère international, se transformant en combat du prolétariat des deux sexes pour la dictature et pour le système soviétique sous le drapeau de la Troisième Internationale.

6. Le Troisième Congrès de l’Internationale communiste, tout en mettant en garde les ouvrières contre toute espèce de collaboration et d’accords avec les féministes bourgeoises, prévient aussi les ouvrières de tous les pays que toute illusion dans l’idée qu’elles pourraient, sans pour autant nuire à la cause de la libération des femmes, soutenir la Deuxième Internationale ou les éléments opportunistes qui s’en rapprochent, ne peut qu’infliger le plus grand mal à la lutte du prolétariat pour sa libération. Les femmes doivent toujours se rappeler que leur asservissement a toutes ses racines dans le système bourgeois. Pour en finir avec l’asservissement des femmes, il faut passer à un nouvel ordre social communiste.

Tout soutien des ouvrières aux groupes et aux partis de la Deuxième Internationale et de l’Internationale 2 ½ met un frein à la révolution sociale, retardant ainsi la venue de l’ordre nouveau. Plus les grandes masses de femmes s’éloigneront résolument et sans retour de la Deuxième Internationale et de l’Internationale 2 ½, plus la victoire de la révolution sociale sera assurée. Le devoir des femmes communistes est de condamner tous ceux qui craignent les tactiques révolutionnaires de l’Internationale communiste et de s’appliquer fermement à les faire exclure des rangs serrés de l’Internationale communiste.

Les femmes doivent se rappeler que la Deuxième Internationale n’a ni créé, ni même tenté de créer d’organe dont la tâche serait de mener un combat pour l’émancipation complète des femmes. L’association internationale des femmes socialistes s’est créée en dehors du cadre de la Deuxième Internationale, à l’initiative des ouvrières elles-mêmes. Les femmes socialistes qui effectuaient un travail spécifique parmi les femmes n’avaient ni place, ni représentation, ni voix délibérative dans la Deuxième Internationale.

La Troisième Internationale a défini clairement, dès son Premier Congrès en 1919, son attitude envers la question du recrutement des femmes à la lutte pour la dictature. C’est à cette fin que le Premier Congrès a convoqué une conférence de femmes communistes et que le Secrétariat international pour le travail parmi les femmes a été fondé en 1920 et bénéficie d’une représentation permanente auprès du Comité exécutif de l’Internationale communiste. Le devoir des ouvrières conscientes de tous les pays est de rompre définitivement avec la Deuxième Internationale et l’Internationale 2 ½ et de soutenir fermement la ligne révolutionnaire de l’Internationale communiste.

7. Les ouvrières, les paysannes et les employées doivent faire preuve de leur soutien à l’Internationale communiste en rejoignant les rangs du parti communiste de leur pays respectif. Dans les pays et dans les partis où la lutte entre la Deuxième et la Troisième Internationale n’est pas encore achevée, le devoir des ouvrières est de soutenir de toutes leurs forces le parti ou le groupe qui suit l’Internationale communiste et de mener une lutte impitoyable contre tous les éléments irrésolus ou ouvertement traîtres, sans tenir compte de l’autorité qu’ils pourraient avoir. Les femmes prolétariennes conscientes qui luttent pour obtenir leur libération ne peuvent pas rester dans des partis qui sont en dehors de l’Internationale communiste.

Tout adversaire de la Troisième Internationale est un ennemi de l’émancipation des femmes.

La place des ouvrières conscientes d’Occident et d’Orient est sous le drapeau de l’Internationale communiste, c’est-à-dire dans les rangs du parti communiste de leur pays. Toute hésitation de la part des ouvrières, toute crainte de rompre avec les partis conciliateurs traditionnels, toute crainte de rompre avec des personnalités dont l’autorité est reconnue, aura un impact désastreux sur les succès de la grande lutte du prolétariat qui est en train de prendre la forme d’une guerre civile ouverte et impitoyable à l’échelle internationale[2].

Méthodes et formes du travail parmi les femmes

Partant des principes ci-dessus indiqués, le Troisième Congrès de l’Internationale communiste établit que les partis communistes de tous les pays doivent mener leur travail parmi les femmes prolétariennes sur les bases suivantes :

1) L’admission des femmes à titre de membres du parti égaux en droits et en devoirs dans toutes les organisations prolétariennes de lutte : le parti, les syndicats, les coopératives, les conseils de délégués d’usine, etc.

2) La reconnaissance de l’importance qu’il y a à faire participer les femmes à tous les aspects de la lutte active du prolétariat (y compris sa défense militaire), à l’édification des nouvelles fondations de la société et à l’organisation de la production et de la vie quotidienne sur une base communiste.

3) La reconnaissance de la fonction de la maternité comme fonction sociale, et la mise en œuvre ou la préservation de mesures qui permettront de défendre et de protéger les femmes en tant que porteuses de l’espèce humaine.

Tout en se déclarant décidément contre toute association de femmes séparée ou distincte au sein du parti et des syndicats ou contre des organisations spéciales pour les femmes, le Troisième Congrès de l’Internationale communiste reconnaît qu’il est nécessaire d’adopter des méthodes spécifiques de travail parmi les femmes et affirme qu’il convient, pour le succès de ce travail, de former, dans tous les partis communistes, des appareils spécifiques pour mener ce travail. En cela le congrès attire l’attention sur ce qui suit :

a) L’asservissement quotidien des femmes, non seulement dans les pays capitalistes bourgeois, mais aussi dans les pays de régime soviétique qui sont en transition du capitalisme au communisme ;

b) La grande passivité et l’arriération politique de la masse des femmes, qui s’explique par leur exclusion séculaire de la vie sociale et par leur asservissement séculaire au sein de la famille ;

c) Les fonctions spécifiques imposées aux femmes par la nature elle-même (la maternité), et les besoins spécifiques qui en découlent, c’est-à-dire une plus grande protection de leurs forces et de leur santé, dans l’intérêt de toute la collectivité.

Par conséquent, le Troisième Congrès de l’Internationale communiste reconnaît qu’il est important de créer des organes spécifiques pour mener le travail parmi les femmes. Ces organes du parti doivent être des sections ou des commissions constituées auprès de tous les comités du parti, à commencer par le CC [comité central] du parti et jusqu’aux comités de ville ou de district du parti. Cette décision est obligatoire pour tous les partis adhérant à l’Internationale communiste.

Le Troisième Congrès de l’Internationale communiste décrète que les tâches que les partis communistes ont à accomplir par l’intermédiaire des sections incluent :

1) éduquer les masses féminines dans l’esprit du communisme et les attirer dans les rangs du parti ;

2) combattre les préjugés vis-à-vis des femmes dans les masses du prolétariat masculin, en renforçant la conscience qu’ont les ouvriers et les ouvrières de leurs intérêts communs ;

3) renforcer la volonté des ouvrières en les faisant participer à la guerre civile sous toutes ses formes et sous tous ses aspects, éveiller leur activité en les faisant participer, dans les pays bourgeois, à la lutte contre l’exploitation capitaliste par des actions de masse contre la hausse des prix, la pénurie de logements, le chômage et d’autres questions révolutionnaires de la guerre civile ; et, dans les républiques soviétiques, en faisant participer les ouvrières à la construction communiste de la société et de la vie quotidienne ;

4) mettre à l’ordre du jour du parti et présenter des lois sur des questions qui servent directement à libérer les femmes, à assurer l’égalité de leurs droits et à défendre leurs intérêts en tant que porteuses de l’espèce humaine ;

5) mener une lutte systématique contre l’influence de la tradition, des mœurs bourgeoises et de la religion, afin de préparer la voie à des rapports plus sains et plus harmonieux entre les sexes et d’assurer la vitalité physique et morale de l’humanité travailleuse.

Tout le travail des sections et des commissions doit être mené sous la direction et la responsabilité directes des comités du parti. La direction d’une commission ou d’une section doit être assurée par un membre du comité. Dans la mesure du possible, des camarades communistes doivent aussi faire partie de la commission ou de la section.

Les commissions ou les sections d’ouvrières devront mettre en œuvre toutes les mesures et toutes les tâches dont elles sont responsables non pas de manière indépendante, mais, dans les pays soviétiques, par l’intermédiaire des organes économiques ou politiques appropriés (sections des soviets, commissions, syndicats) et, dans les pays capitalistes, à l’aide des organes prolétariens correspondants (partis, syndicats, soviets, etc.).

Partout où les partis communistes ont une existence clandestine ou semi-clandestine, ils ont le devoir de former un appareil clandestin pour le travail parmi les femmes. Cet appareil doit être subordonné et adapté à l’appareil clandestin du parti dans son ensemble. Là, comme dans les organisations légales, tous les comités locaux et régionaux et les comités centraux des organisations clandestines doivent avoir une camarade qui soit chargée de diriger la propagande clandestine parmi les femmes. Dans la période actuelle, les syndicats ouvriers et industriels ainsi que les coopératives doivent être, pour les partis communistes, le terrain fondamental du travail parmi les femmes, tant dans les pays où la lutte pour le renversement du joug du capital est encore en cours que dans les républiques ouvrières soviétiques.

Le travail parmi les femmes doit être imprégné de l’esprit suivant : objectif commun du mouvement du parti, organisation unifiée, initiative indépendante et lutte pour l’émancipation rapide et complète des femmes par le parti, indépendamment des commissions ou des sections. Par conséquent, l’objectif doit être non pas d’avoir un parallélisme dans le travail, mais de soutenir le travail du parti par le développement individuel et les initiatives des ouvrières[3].

Le travail du parti parmi les femmes dans les pays soviétiques

Le rôle des sections dans la République ouvrière soviétique consiste à éduquer les masses féminines dans l’esprit du communisme, à les recruter dans les rangs du Parti communiste, à éveiller et à développer l’activité et l’initiative parmi les femmes, à les intégrer dans la construction du communisme et à en faire des femmes qui défendent fermement l’Internationale communiste.

Les sections doivent attirer les femmes à tous les domaines de la construction soviétique, depuis les questions de défense militaire jusqu’aux plans économiques les plus complexes de la république.

Dans la république soviétique, les sections doivent veiller à l’application des résolutions du Huitième Congrès des soviets concernant l’intégration des ouvrières et des paysannes dans la construction et dans l’organisation de l’économie, et leur participation à tous les organes qui dirigent, gèrent, contrôlent et organisent la production. Les sections femmes doivent participer, par l’intermédiaire de leurs représentants et à travers les instances du parti, à l’élaboration de nouvelles lois et doivent exercer leur influence afin de modifier celles qui ont besoin d’être changées en vue de l’émancipation véritable des femmes. Les sections doivent faire preuve d’initiative particulière en ce qui concerne le développement de lois pour la protection du travail des femmes et des mineurs.

Les sections doivent faire participer le plus possible d’ouvrières et de paysannes à la campagne pour l’élection des soviets, et doivent également faire en sorte que des ouvrières ou des paysannes soient élues comme membres des soviets et des comités exécutifs.

Les sections doivent favoriser le succès de toutes les campagnes politiques ou économiques menées par le parti.

C’est la tâche des sections de faire progresser la qualification professionnelle des femmes en améliorant leur formation technique et en prenant des mesures pour que les paysannes et les ouvrières aient accès aux établissements de formation correspondants.

Les sections doivent veiller à la fois à l’entrée des femmes dans les commissions pour la protection du travail fonctionnant dans les entreprises et au renforcement de l’activité des commissions pour la protection de la mère et de l’enfant.

Les sections doivent favoriser le développement de tout le réseau d’institutions sociales telles que les cantines, les laveries, les ateliers de réparation, les services sociaux, les logements communautaires, etc., ce qui, en réorganisant la vie quotidienne sur une nouvelle base communiste, allégera le fardeau porté par les femmes pendant la période de transition, facilitera leur émancipation au quotidien, et fera de l’esclave domestique et familiale un être humain prenant part à la vie sociale de façon libre et souveraine, créant de nouveaux modes de vie.

Les sections doivent encourager l’éducation des syndiquées dans l’esprit du communisme à l’aide des organisations pour le travail parmi les femmes créées par les fractions communistes dans les syndicats.

Les sections doivent veiller à ce que les ouvrières assistent régulièrement aux assemblées de délégués dans les usines et les fabriques.

Les sections sont dans l’obligation d’affecter systématiquement des déléguées-stagiaires au travail dans les soviets, l’économie et les syndicats.

Dans leur travail, les Jenotdels [sections femmes] du parti doivent avant tout s’enraciner profondément parmi les ouvrières et continuer à développer le travail déjà engagé parmi les ménagères, les employées et les paysannes pauvres[4].

Afin d’établir des liens solides entre le parti et les masses, accroître l’influence du parti sur les masses qui ne sont pas dans le parti et mettre en œuvre la méthode d’éducation des masses féminines dans l’esprit du communisme par l’initiative et la participation au travail pratique, les sections convoquent et organisent des réunions de déléguées ouvrières.

Les réunions de déléguées sont le meilleur moyen d’éduquer les ouvrières et les paysannes et d’augmenter l’influence du parti sur les masses d’ouvrières et de paysannes arriérées et non membres du parti.

Les réunions de déléguées sont constituées de représentantes des usines et des fabriques d’une ville ou d’une circonscription de ville donnée, d’une circonscription rurale [volost] donnée (dans le cas de réunions de déléguées paysannes) ou d’un quartier (dans le cas de l’élection de déléguées parmi les ménagères). En Russie soviétique, les déléguées sont intégrées dans toutes sortes de campagnes politiques et économiques, elles sont envoyées dans différentes commissions dans les entreprises, elles sont intégrées dans les postes dirigeants des institutions soviétiques et enfin, dans le travail régulier quotidien des sections des soviets en tant que stagiaires pendant une durée de deux mois (loi de 1921)[5].

Les déléguées doivent être élues lors d’assemblées plénières dans les ateliers ou lors de rassemblements de ménagères ou d’employées, selon une norme établie par le parti. Les sections doivent mener un travail de propagande et d’agitation parmi les déléguées. A cette fin, les sections convoquent des réunions au moins deux fois par mois. Les déléguées sont dans l’obligation de faire des rapports sur leurs activités lors des réunions d’atelier ou de quartier. Les déléguées sont élues pour une durée de trois mois.

La deuxième forme d’agitation parmi les masses féminines consiste à convoquer des conférences d’ouvrières et de paysannes non membres du parti. Les représentantes envoyées à ces conférences sont élues lors de réunions d’ouvrières dans chaque entreprise et de paysannes dans chaque village.

Les sections d’ouvrières sont chargées de convoquer et de diriger ces conférences.

Afin d’approfondir l’expérience que les ouvrières acquièrent au cours du travail pratique du parti ou lors de ses mobilisations, les sections ou les commissions mènent une propagande systématique par oral et par écrit. Les sections organisent des rassemblements, des discussions, des réunions d’ouvrières dans leur entreprise ou de ménagères dans leur quartier, elles dirigent les réunions de déléguées et font de l’agitation au porte-à-porte.

Pour former des militantes en tant que cadres et approfondir leur conscience communiste, il faut créer des cours de formation pour le travail parmi les femmes dans les écoles soviétiques, dans le centre aussi bien que dans les régions.

Dans les pays capitalistes

Les tâches immédiates de la Commission pour le travail parmi les femmes sont dictées par la situation objective. D’une part, il y a l’effondrement de l’économie mondiale, l’augmentation énorme du chômage qui se traduit surtout par une diminution de la demande de main-d’œuvre féminine, ce qui alimente l’augmentation de la prostitution ; il y a la hausse des prix, la pénurie totale de logements et la menace de nouvelles guerres impérialistes. D’autre part, les incessantes grèves économiques des ouvriers dans tous les pays et les tentatives renouvelées de guerre civile à l’échelle mondiale – tout cela est le prologue de la révolution sociale mondiale.

Les commissions d’ouvrières doivent mettre en avant les tâches de combat du prolétariat ; elles doivent mener la lutte pour les revendications intégrales du parti communiste et doivent faire participer les femmes aux manifestations révolutionnaires des communistes contre la bourgeoisie et les sociaux-conciliateurs.

Dans la lutte contre toute forme de séparation ou d’affaiblissement des ouvrières, les commissions doivent veiller non seulement à ce que les femmes soient admises en tant que membres égaux en droits et en devoirs dans le parti, les syndicats et les autres organisations de classe, mais encore à ce que les ouvrières obtiennent des postes dans les instances dirigeantes des partis, syndicats et coopératives à l’égal des ouvriers.

Les commissions feront en sorte que le plus grand nombre possible d’ouvrières et de paysannes puissent exercer leurs droits électoraux en faveur du parti communiste lors des élections parlementaires et pour toutes les institutions publiques, tout en faisant comprendre clairement les limites de ces droits, tant en ce qui concerne l’affaiblissement de l’exploitation capitaliste que l’émancipation des femmes, et en opposant au parlementarisme le système soviétique.

Les commissions doivent également faire en sorte que les ouvrières, les employées et les paysannes prennent part le plus activement possible à l’élection de soviets révolutionnaires, économiques et politiques de députés ouvriers, et s’efforcent d’intégrer les ménagères afin d’éveiller leur activité politique et de propager l’idée des soviets parmi les paysannes. Les commissions doivent avoir pour tâche particulière la mise en application du principe « à travail égal, salaire égal ». Il incombe aux commissions de mener une campagne et de gagner les ouvriers et les ouvrières à se battre pour la formation professionnelle gratuite et accessible à tous afin de permettre aux femmes d’obtenir les meilleures qualifications.

Les commissions doivent veiller à ce que les femmes communistes participent à toutes les institutions municipales et législatives partout où les femmes ont le droit de suffrage, et y mettent en application les tactiques révolutionnaires de leur parti. Mais, tout en participant aux institutions législatives, municipales et autres instances de l’Etat bourgeois, les femmes communistes doivent défendre fermement les principes et les tactiques fondamentales du parti. Elles ne doivent pas tant se soucier d’obtenir des réformes concrètes dans le cadre de l’ordre bourgeois que d’utiliser chaque question ou revendication réelle et brûlante des ouvrières comme mot d’ordre révolutionnaire afin de les attirer dans la lutte active pour la réalisation de ces revendications par la dictature du prolétariat[6].

Les commissions doivent rester en contact étroit avec les fractions parlementaires et municipales, et doivent délibérer en commun sur toutes les questions concernant les femmes.

Les commissions doivent expliquer aux femmes le caractère arriéré et inefficace du système de ménages individuels, ainsi que les carences du système bourgeois d’éducation des enfants, en attirant l’attention des ouvrières sur les questions soulevées ou défendues par le parti en ce qui concerne l’amélioration réelle de la vie quotidienne de la classe ouvrière.

Les commissions doivent favoriser le recrutement d’ouvrières syndiquées au parti communiste, et les fractions syndicales désigneront à cette fin des organisatrices qui feront du travail parmi les femmes sous la direction du parti ou des sections locales du parti.

Les commissions d’agitation parmi les femmes doivent de plus diriger leur propagande de telle sorte que les ouvrières dans les coopératives tâchent de répandre les idées du communisme et d’assumer le rôle de dirigeantes dans les coopératives, car ces organisations auront un énorme rôle à jouer comme organes de répartition pendant et après la révolution[7].

Tout le travail des commissions doit avoir comme objectif de développer l’activité révolutionnaire des masses afin de hâter la révolution sociale.

Dans les pays économiquement arriérés (l’Orient)

Les partis communistes, ainsi que les sections d’ouvrières, doivent obtenir, dans les pays à faible développement industriel, la reconnaissance de l’égalité en droits et en devoirs de la femme dans le parti, dans les syndicats et dans les autres organisations de la classe laborieuse.

Les sections ou commissions doivent lutter aux côtés du parti contre tous les préjugés, les mœurs et les coutumes religieuses qui oppriment les femmes, et doivent mener cette agitation également parmi les hommes.

Les partis communistes et leurs sections ou commissions doivent appliquer le principe de l’égalité des femmes en ce qui concerne l’éducation des enfants, les rapports familiaux et la vie publique.

Les sections doivent chercher un appui pour leur travail avant tout dans les couches les plus larges de travailleuses exploitées par le capital dans le travail à domicile (l’artisanat) et les femmes travaillant dans les plantations de riz, de coton et autres. Dans les pays soviétiques, les sections doivent favoriser la création d’ateliers artisanaux. Dans les pays à régime bourgeois, le travail doit se concentrer sur l’organisation des femmes travaillant dans les plantations, afin de les inscrire dans les mêmes syndicats que les hommes.

Le relèvement du niveau de culture générale de la population est le meilleur moyen de combattre la stagnation du pays et les préjugés religieux chez les peuples de l’Orient qui vivent dans les pays de régime soviétique. Les sections doivent favoriser l’ouverture d’écoles pour adultes auxquelles les femmes puissent accéder librement. Dans les pays bourgeois, les commissions doivent lutter directement contre l’influence bourgeoise des écoles.

Partout où c’est possible, les sections ou les commissions doivent faire de l’agitation à domicile. Les sections doivent organiser des clubs d’ouvrières et y attirer les éléments féminins les plus arriérés. Les clubs doivent être des centres d’instruction et de culture, c’est-à-dire des institutions qui démontrent par l’expérience ce que les femmes peuvent accomplir de leur propre initiative pour leur émancipation (organisation de crèches, de jardins d’enfants, de cours d’alphabétisation sous les auspices des clubs, etc.).

Chez les peuples menant une vie nomade, les sections organiseront des clubs ambulants.

Dans les pays sous régime soviétique, les sections doivent aider les institutions soviétiques correspondantes dans la transition des formes précapitalistes de l’économie à la production socialisée, en convainquant les ouvrières par l’expérience que les tâches ménagères individuelles et l’ancienne forme de la famille empêchent leur émancipation, tandis que le travail socialisé les libère.

Parmi les peuples orientaux vivant en Russie soviétique, les sections doivent veiller à ce que soit réellement appliquée la législation soviétique, qui reconnaît l’égalité en droit des femmes et des hommes, et qui défend les intérêts des femmes. A cette fin, les sections doivent favoriser le recrutement de femmes comme juges et comme jurés dans les tribunaux populaires.

Les sections doivent également faire participer les femmes aux élections aux soviets et faire en sorte que des ouvrières et des paysannes soient élues aux soviets et à leurs comités exécutifs. Le travail parmi le prolétariat féminin de l’Orient doit être mené sur une base de classe. Les sections ont pour tâche de mettre en évidence l’incapacité des féministes à résoudre la question de l’émancipation des femmes. Dans les pays soviétiques de l’Orient, les intellectuelles (par exemple les institutrices) qui sympathisent avec le communisme doivent être utilisées pour promouvoir la connaissance et le progrès. Tout en évitant les remarques insensibles et grossières contre les croyances religieuses ou les traditions nationales, les sections ou les commissions travaillant parmi les femmes de l’Orient devront lutter fermement contre le nationalisme et contre l’influence de la religion sur l’esprit des femmes.

Toute l’organisation des ouvrières doit, en Orient tout comme en Occident, être basée non pas sur une perspective de défense des intérêts nationaux, mais sur le plan de l’unité du prolétariat international des deux sexes dans les tâches communes de classe.

A noter : Renforcer le travail parmi les femmes de l’Orient est crucial et urgent. C’est une tâche nouvelle. Aussi, les Thèses seront complétées par des directives spécifiques qui appliquent les méthodes fondamentales du travail des partis communistes parmi les femmes aux particularités de la vie quotidienne des peuples de l’Orient.

Méthodes d’agitation et de propagande

Pour accomplir les tâches fondamentales des sections, c’est-à-dire l’éducation communiste des masses féminines du prolétariat dans le but d’en faire des cadres et des combattantes pour le communisme, il est indispensable que tous les partis communistes d’Orient et d’Occident maîtrisent le principe fondamental du travail parmi les femmes, à savoir « l’agitation et la propagande par l’action ».

L’agitation par l’action signifie avant tout pouvoir éveiller l’activité indépendante des ouvrières, briser leur manque de confiance en leurs propres forces et, en les faisant participer au travail pratique dans le domaine de la construction ou de la lutte, leur apprendre par l’expérience à réaliser que chaque conquête du parti communiste, chaque action dirigée contre l’exploitation du capital, est un pas vers l’amélioration de la condition des femmes. De la pratique et de l’action à la reconnaissance des idéaux du communisme et de ses principes théoriques et, inversement, de la théorie à la pratique et à l’action, telle est la méthode avec laquelle les partis communistes et leurs sections d’ouvrières doivent aborder les masses d’ouvrières.

Pour être réellement des organes d’action et pas seulement de propagande orale, les sections doivent se servir des cellules communistes dans les entreprises et les ateliers, et veiller à ce que chaque cellule communiste désigne un organisateur pour le travail parmi les femmes de l’entreprise donnée.

Les sections doivent être reliées aux syndicats par l’intermédiaire de leurs représentants ou de leurs organisateurs qui sont désignés par les fractions syndicales [du parti] et qui effectuent leur travail sous la direction des sections.

Dans les pays soviétiques, propager par l’action l’idée du communisme signifie attirer les ouvrières, les paysannes, les ménagères et les employées dans toutes les branches de la construction soviétique, en commençant par l’armée et la milice et en finissant par tous les domaines de l’émancipation des femmes : l’organisation de cantines, de réseaux d’institutions pour l’éducation socialisée des enfants, la protection de la maternité, etc. Actuellement, il est particulièrement important d’attirer les ouvrières vers tous les aspects du travail de reconstruction de l’économie nationale.

La propagande par l’action dans les pays capitalistes consiste avant tout à faire participer les ouvrières aux grèves, aux manifestations et à tous les aspects de la lutte qui renforcent et fortifient la volonté et la conscience révolutionnaires, à intégrer les ouvrières dans tous les aspects du travail du parti, à utiliser les femmes pour le travail clandestin (en particulier dans le domaine des services de liaison), à organiser des samedis ou dimanches communistes du parti [séances de travail volontaire] où les ouvrières solidaires du communisme, les épouses des ouvriers et les employées rendent service au parti par le travail bénévole, en raccommodant ou cousant des vêtements d’enfants, etc.

Le principe de la participation des femmes à toutes les campagnes d’éducation politique, économique ou culturelle menées par les partis communistes sert également l’objectif de la propagande par l’action.

Les sections d’ouvrières des partis communistes doivent, dans les pays capitalistes, étendre leurs activités et leur influence parmi les cercles les plus étendus possibles de femmes prolétariennes asservies et opprimées ; dans les pays soviétiques, elles mènent leur travail parmi les masses féminines du prolétariat et du semi-prolétariat qui sont enchaînées par les conditions de la vie ordinaire et les préjugés.

Les commissions doivent mener leur travail parmi les ouvrières, les ménagères, les paysannes et les femmes qui font un travail intellectuel.

Dans le but de faire de la propagande et de l’agitation, les commissions organisent des manifestations de masse, des rassemblements par entreprise individuelle, des rassemblements d’ouvrières et d’employées, soit selon le lieu de travail, soit selon la circonscription de ville, des manifestations générales de femmes, des rassemblements de ménagères, etc.

Les commissions doivent veiller à ce que les fractions des partis communistes dans les syndicats, les coopératives et les conseils d’usine ou de fabrique désignent un organisateur pour le travail parmi les femmes. Autrement dit, les commissions auraient, dans les pays capitalistes, des représentants dans toutes les instances consacrées au développement de l’activité révolutionnaire du prolétariat qui ont pour but de prendre le pouvoir. Dans les pays soviétiques, elles favorisent l’élection d’ouvrières et de paysannes à tous les organes soviétiques assurant la direction, la gestion et le contrôle, servant ainsi de rempart pour la dictature du prolétariat et permettant la réalisation du communisme.

Les commissions doivent envoyer des communistes responsables travailler comme ouvrières ou comme employées dans les entreprises où il y a un grand nombre de femmes ; elles doivent envoyer ces ouvrières dans de grandes circonscriptions et centres prolétariens, comme cela se fait déjà avec succès en Russie soviétique.

Les commissions pour le travail parmi les femmes doivent utiliser au maximum l’expérience fructueuse du Jenotdel du PCR [Parti communiste russe (bolchévique)], et organiser des réunions de déléguées et des conférences d’ouvrières et de paysannes non membres du parti. Elles doivent organiser des réunions d’ouvrières et d’employées de toutes professions, de paysannes, de ménagères, au cours desquelles sont discutés les revendications et les besoins spécifiques et où des commissions sont élues. Ces commissions doivent rester en contact régulier avec les femmes qui les ont élues et avec les commissions pour le travail parmi les femmes. Les commissions doivent envoyer leurs agitateurs prendre part aux débats dans les réunions des partis hostiles au communisme. La propagande et l’agitation au moyen de manifestations et de rassemblements comparables doivent être complétées par l’organisation systématique d’agitation au porte-à-porte. Toute communiste chargée de ce travail doit avoir au plus dix foyers dans son secteur et doit s’y rendre pour faire de l’agitation parmi les ménagères au moins une fois par semaine, et même plus souvent lorsque le parti communiste mène une campagne ou annonce une mobilisation.

Afin d’effectuer leur travail d’agitation, d’organisation et d’éducation par écrit, les commissions sont chargées de :

1) faciliter la publication d’un organe central pour le travail parmi les femmes dans tous les pays ;

2) veiller à la publication dans la presse du parti de pages consacrées aux ouvrières ou de suppléments spéciaux, ainsi qu’à l’insertion d’articles sur des questions concernant le travail parmi les femmes dans la presse générale du parti et des syndicats ; les commissions doivent se charger de nommer des rédacteurs en chef pour lesdites publications et de former d’autres rédactrices parmi les travailleuses et les militantes du parti.

Les commissions doivent veiller à la production de littérature agitationnelle populaire ainsi que de publications pédagogiques sous forme de tracts et de brochures, et en assurer la diffusion.

Les commissions doivent encourager les femmes communistes à utiliser au mieux toutes les écoles d’éducation politique du parti.

Les commissions doivent s’appliquer à approfondir la conscience de classe et à renforcer la volonté des jeunes femmes communistes en les intégrant dans les stages d’éducation et les soirées de discussion de l’ensemble du parti, et, seulement là où cela s’avère nécessaire et approprié, elles doivent organiser des soirées de lecture ou de discussion ou des séries séparées de cours pour les ouvrières.

Afin de renforcer l’esprit de camaraderie entre ouvrières et ouvriers, il n’est pas souhaitable d’organiser des cours et des écoles à part pour les femmes communistes. Cependant, toutes les écoles du parti dans son ensemble doivent organiser un cours sur les méthodes du travail parmi les femmes. Les sections doivent avoir le droit de déléguer un certain nombre de leurs représentantes aux cours de formation pour l’ensemble du parti.

Structure des sections

Des sections et des commissions pour le travail parmi les femmes sont créées auprès de tous les comités locaux, régionaux [okrug] ou provinciaux [oblast] du parti, et enfin auprès du comité central du parti[8]. Le nombre de membres désignés pour ces commissions est fixé selon les besoins de chaque pays. De même, c’est au parti de déterminer, selon ses moyens financiers, combien de membres de ces commissions seront rémunérés.

La dirigeante d’une section d’agitation parmi les femmes ou la présidente d’une commission doit être en même temps également membre du comité local du parti. Lorsque ce n’est pas le cas, la dirigeante de la section assiste à toutes les séances du comité avec voix délibérative sur toutes les questions concernant le Jenotdel, et voix consultative sur toutes les autres questions.

Outre les tâches générales énumérées ci-dessus, les fonctions supplémentaires suivantes font partie des responsabilités des sections ou des commissions régionales et provinciales [gubernia] :

• maintenir la liaison des différentes sections de la région entre elles et avec l’organisation du parti ;

• rassembler l’information sur l’activité des sections ou des commissions de leur région ou province ;

• faciliter l’échange d’information entre les sections locales ;

• fournir de la littérature à leur région ou province ;

• répartir les forces pour l’agitation dans les régions ou provinces ;

• mobiliser les forces du parti pour le travail parmi les femmes ;

• convoquer au moins deux fois par an des conférences régionales ou provinciales de représentantes communistes des sections, à raison d’une ou deux déléguées par section ; et enfin

• organiser des conférences d’ouvrières, de paysannes et de ménagères non membres du parti dans la région ou la province.

Les membres des collectifs des sections ou des commissions sont confirmés par les comités départementaux ou provinciaux [du parti] sur recommandation de la dirigeante de la section. Celle-ci est élue, de même que les autres membres des comités départementaux ou provinciaux du parti, lors de conférences départementales ou provinciales du parti.

Les membres des sections ou des commissions locales, régionales et provinciales sont soit élus lors d’une conférence de ville, de département, de région ou de province, soit nommés par leurs sections respectives en collaboration avec les comités du parti.

Si la dirigeante du Jenotdel n’est pas membre du comité régional ou provincial du parti, elle a le droit d’assister à toutes les séances du comité du parti, avec voix délibérative sur toutes les questions concernant la section et voix consultative sur toutes les autres questions.

Outre toutes les fonctions énumérées ci-dessus pour les sections régionales et provinciales, l’O.P. [organisation du parti] accomplit aussi les tâches suivantes :

• informer la section pour l’agitation parmi les femmes sur les questions concernant le travail du parti ;

• superviser le travail des sections ;

• attribuer, conjointement avec les instances correspondantes du parti, des forces pour mener le travail parmi les femmes ;

• assurer le suivi des conditions et de l’évolution du travail des femmes, en tenant compte des changements dans la situation juridique ou économique des femmes ;

• participer, par l’intermédiaire de représentants ou de députés mandatés, aux commissions spéciales s’occupant de questions relatives aux améliorations ou aux changements dans la vie quotidienne de la classe ouvrière, à la protection du travail, aux besoins de l’enfance, et ainsi de suite ;

• publier des « pages centrales femmes » ;

• produire un journal périodique pour les ouvrières ;

• convoquer au moins une fois par an un rassemblement de représentantes de toutes les sections régionales ou départementales ;

• organiser des tournées d’instructeurs pour le travail parmi les femmes dans le but de faire de l’agitation à travers le pays ;

• superviser le recrutement d’ouvrières et la participation de toutes les sections à toutes sortes de campagnes et de mobilisations politiques et économiques du parti ;

• déléguer un représentant au Secrétariat international des femmes communistes ; et

• organiser des Journées internationales de l’ouvrière chaque année.

Si la dirigeante du Jenotdel auprès du CC n’est pas membre du CC, elle a le droit d’assister à toutes les séances du CC avec voix délibérative sur toutes les questions concernant les sections, et voix consultative sur toutes les autres questions. La dirigeante du Jenotdel, ou la présidente de la commission, est soit nommée par le CC du parti, soit élue lors d’un congrès général du parti. Les décisions et les décrets de toutes les sections ou commissions sont soumis à l’approbation définitive des comités correspondants du parti. Le nombre de membres de la section centrale, et le nombre d’entre eux qui ont voix délibérative, sont fixés par le CC du parti.

Le travail à l’échelle internationale

La direction du travail des partis communistes de tous les pays, le rassemblement des forces des ouvrières pour poursuivre les tâches fixées par l’Internationale communiste et le recrutement des femmes de tous les pays et de tous les peuples au combat révolutionnaire pour le pouvoir soviétique et la dictature de la classe ouvrière à l’échelle mondiale, se font sous la responsabilité du Secrétariat international des femmes de l’Internationale communiste. 


Notes

1  Ce paragraphe et les quatre suivants furent proposés comme amendements aux Thèses préliminaires. Retour

2  Ce paragraphe était le deuxième amendement aux Thèses préliminaires. Retour

3  Il s’agit ici d’un des trois paragraphes qui ne figuraient ni dans les Thèses préliminaires ni dans la version du Bureau de presse. Nous n’avons pas réussi à déterminer à quel moment cet amendement fut ajouté. Retour

4  Ce paragraphe et les huit suivants, c’est-à-dire jusqu’à la fin de la section « Le travail du parti parmi les femmes dans les pays soviétiques », furent omis du texte officiel allemand de l’IC publié par Carl Hoym en 1921. Ils sont également manquants dans les versions françaises de 1921 et 1934. Dans les Thèses préliminaires ces paragraphes figurent dans la section « Méthodes d’agitation et de propagande » ; ils ont été déplacés ici dans la version définitive. Retour

5  Cela fait référence au décret du Soviet des commissaires du peuple « Sur le recrutement des ouvrières et des paysannes pour le service dans les institutions soviétiques » du 11 avril 1921, qui donna le cadre juridique du système de déléguées. Retour

6  Ce paragraphe était le dernier amendement aux Thèses préliminaires. Retour

7  Ce paragraphe et le suivant sont les deux autres paragraphes qui ne figuraient ni dans les Thèses préliminaires ni dans la version du Bureau de presse. Nous n’avons pas réussi à déterminer à quel moment cet amendement fut ajouté. Retour

8  Les territoires administratifs des républiques soviétiques et les termes utilisés pour les désigner étaient en train de changer pendant cette période. Le terme okrug désigne ici une région, un territoire plus petit qu’une province (dans ce document désigné à la fois comme oblast et comme gubernia) et plus grand qu’un département (uyezd) ou une ville. Retour

 

Spartacist édition française nº 40

SpF nº 40

Automne 2011

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