|
Le Bolchévik nº 224 |
Juin 2018 |
|
|
A bas l'UE et ses « directives de Bruxelles » antisyndicales !
Victoire à la grève des cheminots !
Pour un parti ouvrier révolutionnaire d’avant-garde, multiethnique et mutiracial !
8 mai La grève des cheminots entre dans sa sixième semaine contre le plan du gouvernement de casser le statut des cheminots et leurs syndicats et de démanteler et privatiser la SNCF, en accord avec le « quatrième paquet ferroviaire » de l’UE. Cette lutte a une importance vitale pour le prolétariat de tout le pays et au-delà. Si Macron parvient à ses fins, ce seraient les derniers bastions syndicaux du pays qui se trouveraient en ligne de mire du gouvernement, qui annonce de plus en plus ouvertement ses plans pour tailler à la hache dans l’ensemble des services publics.
Nous saluons le vote des travailleurs d’Air France qui ont mis en échec la tentative des patrons et de leur actionnaire de référence, l’Etat capitaliste français, de casser leur grève en désavouant les syndicats par un référendum d’entreprise. Cette victoire doit être un encouragement à la lutte pour tous les travailleurs du pays. Il faut défendre les syndicats contre les capitalistes et leur Etat !
Macron ne se prend pas seulement pour une espèce de monarque français de droit divin et catholique, il s’est également autoproclamé porte-parole en chef de l’Union européenne et de ses directives antisyndicales. Effectivement, le « quatrième paquet ferroviaire » de l’UE et les autres directives de Bruxelles font tous partie d’une stratégie d’ensemble pour s’en prendre à la classe ouvrière de tout le continent.
L’UE (comme ses prédécesseurs de la CEE, etc.) est fondamentalement réactionnaire depuis ses origines, et l’impérialisme français est l’un de ses architectes. Mais elle a toujours été dominée par l’impérialisme allemand, le cur industriel de l’Europe, et cela ne fait que s’accentuer. Macron veut faire croire que, si les travailleurs ici font suffisamment de « sacrifices », la bourgeoisie impérialiste française pourrait sortir de son statut de second couteau et commencer à rattraper un peu sa rivale, et que de plus ce serait bénéfique pour les travailleurs français. Nous nous sommes toujours opposés à l’UE, du point de vue de l’internationalisme prolétarien. A l’inverse, le soutien sans faille de la plupart des bureaucrates syndicaux et de la gauche à l’UE (sous couvert d’une illusoire « Europe sociale » capitaliste) et à leur propre bourgeoisie ne peut que gonfler les voiles du FN fascisant et ultra-chauvin, avec sa démagogie raciste, qui se présente comme le seul grand parti s’opposant aux attaques de l’UE contre les « petites gens ».
Comme nous l’expliquons dans notre tract du 25 mars, que nous reproduisons ci-après, les cheminots des autres pays font face aux mêmes attaques de l’UE. Cela souligne encore plus la nécessité de coordonner les luttes entre les différents pays le syndicat de cheminots britanniques RMT a ainsi appelé ses membres, au début de la grève à la SNCF, à refuser de servir de jaunes au Technicentre du Landy en banlieue parisienne. A bas l’UE ! Nous luttons pour renverser le système capitaliste ici et au-delà par une série de révolutions ouvrières, dans la perspective d’Etats-Unis socialistes d’Europe.
Au-delà du rail, c’est l’ensemble des derniers services publics encore fonctionnels qui sont visés. La campagne de propagande gouvernementale sur le fait qu’« on ne peut pas continuer comme ça » avec la crise des hôpitaux (comme on ne pouvait pas « continuer comme ça » avec la SNCF qui fournit un service de plus en plus dégradé) laisse d’ores et déjà entrevoir des plans pour démanteler la Sécu au profit des fonds de pension capitalistes, des assurances privées, des trusts pharmaceutiques et des cliniques privées. Ce serait la mort, littéralement, pour ceux qui n’auraient pas les moyens de se payer une mutuelle adéquate.
C’est pourquoi l’ensemble de la classe ouvrière a un intérêt direct dans la victoire de la grève des cheminots, et des travailleurs d’Air France, pour casser cette spirale de régression sociale. Des milliers de kilomètres de petites lignes « non rentables » (le tiers du réseau) sont menacés de fermeture à court terme, alors que la bourgeoisie elle-même reconnaît que la « réforme » ferroviaire conduirait à une augmentation des tarifs. On l’a vu en Grande-Bretagne où d’ailleurs ce sont des filiales de la Deutsche Bahn et de la SNCF qui exploitent une grande partie des lignes. C’est pourquoi des millions d’usagers ont un intérêt direct à soutenir la grève des cheminots.
Pour les capitalistes, même l’éducation doit y passer. Cinquante ans après Mai 68, le gouvernement mène une offensive pour en finir avec l’accès officiellement libre à l’université pour tous les bacheliers. Le capitalisme en putréfaction n’a pas pour objectif d’éduquer les jeunes dans l’intérêt de l’humanité et du progrès, mais de former des travailleurs suffisamment compétents et disciplinés, selon les besoins des capitalistes en main-d’uvre exploitable, et d’un autre côté un personnel technique et d’encadrement, une élite restreinte.
Le système éducatif français est parmi les plus inégalitaires de tous les pays avancés, mais ce n’est pas encore assez pour Macron, qui veut bloquer ouvertement, avec la réforme du bac, l’accès à l’université pour les enfants des banlieues ouvrières, pauvres, à forte composante de minorités ethniques et raciales (des universités elles-mêmes de plus en plus dégradées par rapport aux grandes écoles réservées à la bourgeoisie).
Ces mesures, dans la foulée de la loi Pécresse de 2007 et de la loi Fioraso du gouvernement Hollande, s’inscrivent pleinement dans le « processus de Bologne », là aussi une mesure de l’UE visant à différencier les diplômes pour à terme justifier des frais d’inscription différenciés, la privatisation rampante des universités et une sélection sociale et raciale encore plus drastique. A bas la loi ORE ! A bas Parcoursup ! A bas le « processus de Bologne » ! Pour un enseignement supérieur de qualité accessible à tous gratuitement, avec ou sans le bac, et avec des bourses suffisantes !
Pour mater les étudiants qui se rebiffent, la bourgeoisie n’hésite pas à systématiquement investir les facs avec des armées de flics et à fermer les universités et leurs bibliothèques sans compter les provocations fascistes comme à Montpellier. Les lycéens et étudiants par eux-mêmes n’ont pas de puissance sociale, mais leurs luttes ont déjà servi d’étincelle à la mobilisation ouvrière, comme en Mai 68 où la grève générale ouvrière a fait trembler le capitalisme dans ses fondements. On peut aujourd’hui se faire une petite idée de cette puissance sociale au vu des grèves des cheminots et des travailleurs d’Air France, qui commencent à impacter sérieusement notamment l’agriculture et le tourisme.
Les fascistes sont des troupes de choc extra-légales que les capitalistes gardent en réserve pour le cas où les mécanismes habituels de la démocratie et de la police capitalistes ne parviendraient pas à maintenir l’ordre ; le but des fascistes, c’est l’écrasement par la violence des organisations de la classe ouvrière, et c’est le pogrom et le génocide racistes. Face à eux, la tâche qui se pose est de mobiliser la classe ouvrière, qui a la puissance sociale et le niveau d’organisation collective pour les faire rentrer dans leur trou.
Il faut forger une nouvelle direction dans les syndicats, une direction lutte de classe comprenant que les intérêts du capital et du travail sont irréconciliables. La lutte pour des services de transport, de santé et d’éducation de qualité au service des travailleurs doit être liée au combat contre la ségrégation raciste dans l’éducation, au travail et dans le logement grâce à laquelle la bourgeoisie cherche constamment à diviser et paralyser la classe ouvrière. Seule la révolution socialiste permettra de jeter les bases de l’élimination de la pénurie et de l’oppression, grâce à l’expropriation des capitalistes, la réorganisation de l’économie sur une base collective égalitaire et une planification internationale. Cette perspective exige de lutter pour forger un parti ouvrier révolutionnaire multiethnique et multiracial, selon le modèle du Parti bolchévique de Lénine et Trotsky. C’est un tel parti que nous luttons pour construire.
|