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Le Bolchévik nº 217 |
Septembre 2016 |
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UE : ennemie des travailleurs et des immigrés
Brexit : un camouflet pour les banquiers et patrons d'Europe !
Nous reproduisons ci-dessous un tract daté du 24 juin de la SL/B, section britannique de la LCI.
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La Spartacist League/Britain, forte de son histoire de constante opposition prolétarienne, révolutionnaire et internationaliste à l’Union européenne (UE) dominée par l’impérialisme, salue le vote décisif en faveur de la sortie de la Grande-Bretagne. C’est une défaite cuisante pour la City de Londres, pour les patrons et les banquiers d’Europe dans leur ensemble, de même que pour Wall Street et le gouvernement impérialiste américain. Le vote en faveur de la sortie exprime l’hostilité des opprimés et des dépossédés non seulement envers l’UE mais aussi envers l’arrogant establishment britannique au pouvoir, qui a plongé dans l’indigence des pans entiers du prolétariat en dévastant les services sociaux et l’industrie.
Comme nous l’écrivions dans Workers Hammer n° 234 du printemps 2016 [reproduit dans le Bolchévik n° 216, juin] où nous appelions à voter la sortie : « Dans le chaos croissant qui menace l’UE, un Brexit porterait un grand coup à ce conglomérat dominé par les impérialistes ; cela le déstabiliserait encore plus et créerait des conditions plus favorables aux luttes de la classe ouvrière partout en Europe, notamment en Grande-Bretagne contre un gouvernement conservateur affaibli et discrédité. Mais le Parti travailliste et la bureaucratie syndicale, tout comme les sociaux-démocrates et les chefs traîtres des syndicats dans toute l’Europe, refusent au contraire de mobiliser contre l’UE, abandonnant le terrain de l’opposition à l’UE aux réactionnaires et aux fascistes ouvertement anti-immigrés. »
Alors que le ressentiment contre l’UE s’exacerbe parmi les travailleurs en France, en Espagne, en Italie et en Grèce, le vote en faveur du Brexit encouragera l’opposition à l’UE ailleurs en Europe. Le principal but de l’UE est de maximiser les profits des classes dirigeantes impérialistes aux dépens des travailleurs, de l’Allemagne à la Grèce, et aux dépens des pays plus faibles d’Europe. La sortie de l’impérialisme britannique pourrait sonner le glas de ce club capitaliste intrinsèquement instable. A bas l’UE ! Pour une révolution ouvrière pour briser la domination capitaliste ! Pour des Etats-Unis socialistes d’Europe !
Les forces fascistes et d’extrême droite notamment l’UKIP en Grande-Bretagne et le Front national en France se réjouissent aujourd’hui de « leur » victoire. L’UKIP a ouvertement attisé un vil racisme anti-immigrés avec notamment une dégoûtante affiche suggérant que des milliers de réfugiés à la peau foncée seraient aux portes de la Grande-Bretagne. L’UKIP est loin d’avoir le monopole du racisme : Cameron a invoqué le spectre de camps de migrants similaires à la « jungle » de Calais qui seraient transférés en Angleterre en cas de sortie britannique. Et les gouvernements travaillistes ont attisé, tout comme les conservateurs, le racisme anti-immigrés. Nous disons : Aucune expulsion ! Pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui parviennent en Grande-Bretagne ! A bas la forteresse Europe raciste !
Ceux qui ont voté pour le Brexit l’ont fait pour des raisons diverses. Mais seuls ceux qui, dans le mouvement ouvrier, ne veulent pas voir, peuvent considérer que le vote pour le Brexit n’est qu’une simple victoire de l’UKIP et de l’aile droite conservatrice. Cameron a démissionné, les conservateurs sont âprement divisés, les bourgeoisies en Europe sont sous le choc. L’heure a sonné pour des luttes ouvrières pour commencer à revenir sur les concessions faites depuis des décennies à la bourgeoisie par les bureaucrates syndicaux réformistes en matière de salaires, de conditions de travail et de droits syndicaux. Pour commencer, le personnel multiethnique et multinational du NHS [système national de santé publique] doit déchirer l’accord pourri imposé aux junior doctors [internes des hôpitaux], et se mobiliser pour lutter pour un service national de santé revitalisé et généralisé pour assurer des soins de qualité pour tous, totalement gratuits dans les centres de soins. Au moins les junior doctors se sont battus, contrairement à Len McCluskey [chef du syndicat Unite] et aux autres chefs syndicaux procapitalistes qui ont refusé même de mobiliser leurs membres pour lutter contre la pernicieuse nouvelle loi antisyndicale de Cameron. Il faut se battre pour une direction lutte de classe des syndicats.
Suite à la dévastation de la Grèce par l’UE, le camp du « Brexit de gauche », notamment le Parti communiste, le Socialist Workers Party (SWP) et le Socialist Party, ont, sans conviction, mené campagne pour un vote en faveur de la sortie. De leur point de vue réformiste « vieux-travailliste », l’UE est un obstacle à leur programme maximum : la renationalisation de l’industrie britannique sous un gouvernement travailliste de gauche. Alors que ferment les aciéries, cela revient en fin de compte à un appel protectionniste à « sauver les emplois britanniques » ; cela attise le chauvinisme anti-étrangers et c’est contraire à une perspective lutte de classe. Au lendemain du vote en faveur du Brexit, la revendication suprême du SWP est : Conservateurs dehors pour des élections législatives.
C’est la même colère et le même mécontentement au bas de la société qui ont alimenté le vote pour la sortie de l’UE et qui il y a un an avaient favorisé l’élection de Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste. Cela ouvrait la possibilité de reforger les liens historiques entre ce parti et sa base ouvrière et ainsi de revenir sur deux décennies de manuvres blairistes pour faire du Parti travailliste un parti ouvertement capitaliste. Mais, en faisant campagne pour un vote en faveur du maintien, Corbyn a foulé aux pieds les intérêts des travailleurs et des minorités dont beaucoup plaçaient en lui l’espoir d’un changement. Le crime ne paie pas : dès que les résultats du référendum sont arrivés, les ennemis de Corbyn ont commencé à comploter pour l’éliminer dès que possible de la direction du parti. Il est dans l’intérêt de la classe ouvrière de repousser toute tentative de la droite du Parti travailliste pour reprendre le contrôle du parti.
Le pays est aujourd’hui divisé selon la classe sociale, et selon des lignes régionales et nationales. L’Angleterre en dehors de Londres et le pays de Galles ont voté pour sortir de l’UE. Une majorité en Irlande du Nord a voté pour le maintien, ce qui reflétait la crainte des catholiques de voir rétablis les contrôles à la frontière entre le Nord et le Sud. L’Ecosse aussi a voté pour le maintien dans l’UE, et le SNP [Parti national écossais] a déclaré qu’un second référendum d’indépendance est à l’ordre du jour. Les nationalistes bourgeois du SNP sont déterminés à maintenir l’appartenance d’une Ecosse « indépendante » aux principaux clubs impérialistes occidentaux l’alliance militaire de l’OTAN et l’UE. La capitulation de Corbyn devant l’UE impérialiste a privé d’expression politique l’opposition ouvrière à l’UE en Ecosse (et ailleurs).
Le vote pour le Brexit est la deuxième occasion en l’espace d’un an où les masses travailleuses d’Europe votent pour désavouer l’UE. Le vote grec en juillet dernier contre l’austérité de l’UE a été totalement trahi par le gouvernement bourgeois de Syriza qui s’est mis à plat ventre devant les banques européennes. La question brûlante, c’est : de quel genre de parti la classe ouvrière a-t-elle besoin pour représenter ses intérêts ? Les problèmes fondamentaux auxquels est confrontée la classe ouvrière ne peuvent pas être résolus dans un cadre parlementaire. Il nous faut un gouvernement basé sur des conseils ouvriers, qui exproprie la classe capitaliste.
La Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste) cherche à construire, en Grande-Bretagne et dans le reste du monde, des partis ouvriers révolutionnaires ancrés dans l’idée que seule la mobilisation en masse de la classe ouvrière en lutte peut permettre aux travailleurs de combattre pour leurs propres intérêts et d’agir en défense de tous les opprimés. Des révolutions socialistes, particulièrement dans les pays économiquement développés d’Europe, dont la Grande-Bretagne, créeront des économies rationnellement planifiées reposant sur une division du travail internationale. Le renversement des classes capitalistes et le développement des forces productives dans des Etats-Unis socialistes d’Europe ouvrira la voie à une société socialiste mondiale. |