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Le Bolchévik nº 213

Septembre 2015

A bas l’Union européenne et l’euro !

La gauche française, la Grèce et l’euro

Les négociations de juillet sur le nouveau mémorandum européen contre la Grèce ont montré au grand jour les tensions interimpérialistes croissantes en Europe, notamment entre la France et l’Allemagne. Les divergences portaient, pour chaque bourgeoisie, non pas sur comment mieux « aider » la Grèce mais sur comment mieux accroître son propre taux de profit alors que les caractéristiques des économies européennes s’opposent de plus en plus. Du fait de son affaiblissement par rapport à l’impérialisme allemand, l’impérialisme français de François Hollande ne pouvait dans les faits guère que jouer le rôle de carotte face au bâton allemand pour faire accepter à la Grèce un plan d’austérité meurtrier. Le gouvernement capitaliste français a ouvertement reconnu avoir tenu la plume de Tsipras pour énoncer le nouvel accord, passé au terme d’un psychodrame diplomatique le 13 juillet. Le rôle de Hollande est ainsi doublement criminel.

Pourtant la première réaction du PCF a été de saluer, par la bouche de son secrétaire national Pierre Laurent, le « rôle positif » joué par Hollande qui selon Laurent « pour une fois » osait tenir tête au gouvernement allemand d’Angela Merkel. Sous couvert de soutien aux Grecs le PCF mettait l’accent sur le soutien à sa propre bourgeoisie impérialiste. Quelques heures plus tard, alors que l’étendue de la capitulation de Tsipras ne pouvait plus être passée sous silence, le PCF changeait d’axe en tirant à boulets rouges… sur le gouvernement allemand. Deux faces d’une même servilité face à l’impérialisme français. Les populistes petits-bourgeois du Parti de gauche de Mélenchon s’en sont eux aussi donné à cœur joie contre les méfaits allemands, minimisant ainsi le rôle de leur propre impérialisme français.

PCF et Lutte ouvrière montent au créneau pour l’euro

Le PCF se pose encore et toujours comme le meilleur défenseur de l’Union européenne, reprochant au plan d’austérité imposé par l’Allemagne de rendre à terme inévitable un « Grexit ». L’Humanité déclarait ainsi quelques jours plus tard (17-18-19 juillet) : « La vraie bataille pour le maintien de la Grèce dans l’euro commence donc par la résistance et la désobéissance aux nouveaux diktats austéritaires décrétés par Berlin et Bruxelles. » C’est lutter pour maintenir les chaînes qui étouffent le peuple grec (voir notre article page 32). A bas l’Union européenne ! A bas l’euro !

Mais le PCF n’est pas le seul à se prononcer, concernant la Grèce, contre l’émancipation de l’euro et de l’Union européenne capitaliste (franco-)allemande. Il faut surtout mentionner Lutte ouvrière, qui reste fidèle à son vote lors du référendum de 1992, lorsque sa consigne d’abstention avait permis d’extrême justesse l’adoption par la France du traité de Maastricht qui officialisait la constitution de l’Union européenne et de l’euro. D’ailleurs LO n’a, cette fois-ci non plus, pas clairement pris position pour le vote « non » au référendum grec du 5 juillet. Jean-Pierre Vial, dirigeant de Lutte ouvrière, est monté au créneau au lendemain de la victoire éclatante du « non » au diktat européen lors de ce référendum, écrivant dans Lutte Ouvrière (10 juillet ) pour mettre en garde contre la sortie de la Grèce de l’euro :

« Que la Grèce quitte l’euro et revienne à sa propre monnaie ne garantira pas la moindre amélioration du niveau de vie pour les classes populaires. Une monnaie nationale qui se dévalue comme neige au soleil pourrait très bien être un moyen de réduire encore plus le pouvoir d’achat des travailleurs, en renchérissant tous les produits importés. Et faire croire que la solution à la crise se trouve dans le sens d’un repli nationaliste revient à absoudre la bourgeoisie grecque. »

Cela rappelle les sociaux-démocrates français et le PCF qui s’opposaient autrefois à l’émancipation des colonies parce qu’elles risqueraient alors, tant que le capitalisme ne serait pas aboli internationalement, de tomber sous le joug d’un autre impérialisme tout aussi rapace que le français. Vial a prétendu que lui ne voulait pas faire oublier que « les ennemis des classes populaires sont aussi à l’intérieur », en l’occurrence en Grèce même, mais en fait la lutte des classes à l’intérieur de la Grèce est rendue plus difficile par les Tsipras qui ne cessent de proclamer qu’il n’y a pas de meilleur deal possible qu’à l’intérieur de la zone euro et qu’il faut dans ce cadre l’unité nationale grecque pour mieux lutter contre les diktats germaniques.

Il y a six mois, Lutte ouvrière était loin de compter Tsipras parmi les « ennemis des classes populaires à l’intérieur ». Elle avait au contraire félicité le peuple grec d’avoir voté « massivement pour la gauche radicale » de Syriza, ajoutant : « Il peut en être fier. » Et LO de répandre des illusions que Tsipras, avec une dizaine de milliards, « atténuera peut-être les souffrances des plus démunis » (éditorial des bulletins d’entreprise du 26 janvier, publié dans Lutte Ouvrière du 30). Nos camarades grecs du TOE expliquaient au contraire que le programme de Syriza était bourgeois et que sa promesse de maintenir la Grèce dans l’UE était « une promesse d’imposer encore davantage la faim et le chômage » (le Bolchévik n°211, mars).

Etats d’âme au NPA

Le Nouveau Parti anticapitaliste refuse également de se prononcer pour la sortie de la Grèce de l’euro, mais il a adopté un ton beaucoup moins catégorique que LO, après des années de soutien fidèle à la monnaie de la BCE. Les hésitations du NPA concernant l’euro ne font que refléter le fait que le soutien inconditionnel à l’euro a commencé à s’effriter dans la bourgeoisie française, ce qui explique aussi que le Parti de gauche de Mélenchon se soit lors de son dernier congrès de juillet déclaré prêt à « assumer l’éclatement de la zone euro et de l’Union européenne » si « le gouvernement allemand continuait à bloquer une refonte radicale des traités » (l’Humanité, 25 août). Pour ces chauvins français protectionnistes, une telle refonte imposée à l’Allemagne permettrait de desserrer le carcan austéritaire et récessif germanique étouffant les profits de nombre de capitalistes français.

Si le NPA se contorsionne sur cette question, c’est aussi parce qu’en Grèce même ses partisans soutiennent les députés et autres militants qui viennent de quitter Syriza pour former l’Unité populaire (UP). Cette formation populiste bourgeoise penche pour la sortie de l’euro et pour annuler une partie (!) de la dette, mais fondamentalement elle reste pro-Union européenne. Les cadres de Syriza qui ont formé l’UP n’ont cessé de proclamer qu’ils se réclamaient du programme qu’avait avancé Syriza pour se faire élire en janvier dernier. De courir après ces gens-là dit tout sur le NPA.

Mais le NPA ne se résout pas à prôner clairement la sortie de l’euro, car il voit mal comment présenter une telle sortie sans craindre de se faire mettre dans le même sac que le Front national, le seul parti significatif qui soit en France contre l’euro pour le moment. Le NPA cherche à se distinguer du FN en lui reprochant d’être « hostile au principe “supra-national” lui-même » (« Front national – L’introuvable crédibilité économique… », l’Anticapitaliste, 9 juillet). Qu’est-ce à dire ? Le NPA lui-même est hostile au communisme, c’est-à-dire à l’internationalisme prolétarien révolutionnaire ; ce qu’il veut dire ici c’est qu’il demeure favorable à une Europe capitaliste « unifiée » (« supra-nationale »), l’espérant simplement plus « démocratique et sociale » que ces derniers temps où l’Allemagne a pris la main de façon décisive. Mais en laissant le FN monopoliser l’opposition à l’euro et à l’UE, le NPA ne peut que lui permettre de tranquillement capitaliser sur la haine justifiée contre l’Union européenne et ses directives anti-ouvrières et la canaliser dans une direction chauvine et raciste.

Pour sortir de cette fausse alternative UE-FN il faut avancer la perspective de révolutions socialistes qui permettront la collectivisation des forces productives et une planification internationale de l’économie, partout en Europe et au-delà. C’est la seule voie pour en finir avec les supplices infligés au peuple grec, c’est la seule voie pour toute l’humanité.

En fait, à lire l’Anticapitaliste aujourd’hui on aurait peine à imaginer qu’il y a à peine six mois les Besancenot et compagnie au NPA soutenaient ouvertement et avec enthousiasme Syriza lors des élections de janvier dernier – n’en déplaise à nombre de leurs propres camarades grecs au sein du « Secrétariat unifié de la Quatrième Internationale », qui ne prônaient qu’un soutien indirect à Syriza en se présentant eux-mêmes aux élections dans une coalition séparée, Antarsya.

Au sein même du NPA la « tendance claire », affichant sa solidarité avec la ligne politique d’Antarsya, s’est déchaînée contre les « gesticulations pitoyables d’un Mélenchon ou d’un Laurent », qualifiés de « groupies françaises » de Tsipras (Au clair de la lutte n°25, printemps 2015). Mais au sein du NPA il n’y avait pas que Besancenot qui aurait pu mériter aussi l’appellation de « groupie française de Tsipras » : la « tendance claire » elle-même avait pour perspective de mobiliser les masses non pas pour rompre avec Tsipras, mais « pour exiger que Tsipras mette en œuvre son programme » (ibid.)

Autrement dit pousser Tsipras à gauche, ou tout au moins sur son propre programme populiste bourgeois sur lequel il avait été élu. Antarsya elle-même s’était prononcée pour la « rupture avec l’UE et l’euro », l’annulation de la dette, la nationalisation des banques, etc., toutes choses que l’on pourrait soi-disant « imposer » au gouvernement Tsipras par la mobilisation. On voit mal comment la tendance « claire » pourrait ne pas répéter demain le même bavardage confus fomentant des illusions dans les frondeurs de Syriza regroupés dans l’Unité populaire.

Le cas de la Grèce montre crûment que les réformistes français sont complices de leur propre impérialisme en ayant soutenu Tsipras, un laquais déclaré de l’Union européenne. En Grèce, en France et ailleurs nous luttons pour construire des sections d’une Quatrième Internationale reforgée, en opposition aux lambeaux de l’ex-« extrême gauche » pseudo-trotskyste. Pour la révolution socialiste ! Pour les Etats-Unis socialistes d’Europe !

 

Le Bolchévik nº 213

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