Documents in: Bahasa Indonesia Deutsch Español Français Italiano Japanese Polski Português Russian Chinese Tagalog
International Communist League
Home Spartacist, theoretical and documentary repository of the ICL, incorporating Women & Revolution Workers Vanguard, biweekly organ of the Spartacist League/U.S. Periodicals and directory of the sections of the ICL ICL Declaration of Principles in multiple languages Other literature of the ICL ICL events

Abonnez-vous au Bolchévik, journal de la Ligue trotskyste de France

Archives

Version imprimable de cet article

Le Bolchévik nº 201

Septembre 2012

Grèce : austérité accrue après les élections

A bas l’UE ! Pour une Europe ouvrière !

Nous reproduisons ci-dessous un article publié dans Workers Hammer, le journal de la Spartacist League/Britain, la section britannique de la Ligue communiste internationale (n° 219, été 2012).

* * *

Après la victoire électorale de Nouvelle Démocratie le 17 juin dernier, son dirigeant Antonis Samaras déclarait que « le peuple grec a voté aujourd’hui pour une orientation européenne et pour que nous restions dans l’euro » (Guardian, 18 juin). Nouvelle Démocratie, le parti conservateur arrivé en tête avec à peine une courte avance, dirigera un gouvernement de coalition avec le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK), qui n’a recueilli que 12 % des voix, et la Gauche démocratique (DIMAR), un petit parti. Le nouveau gouvernement ne peut guère se prévaloir d’un mandat clair des électeurs : les partis de la coalition gouvernementale rassemblent à eux trois moins de 50 % des suffrages exprimés dans une élection marquée par un très fort taux d’abstention. Nouvelle Démocratie et le PASOK, qui occupent le pouvoir à tour de rôle depuis la chute de la junte militaire en 1974, sont maintenant aux affaires. Avec Samaras au poste de Premier ministre, la Grèce restera dirigée par la même clique corrompue qui a conduit les masses laborieuses grecques à la ruine, sabré les salaires, les retraites et les services publics pour le compte de la « troïka » impérialiste – l’Union européenne [UE], la Banque centrale européenne et le FMI.

La victoire de Nouvelle Démocratie a été saluée avec un soupir de soulagement par les dirigeants impérialistes en Europe et aux Etats-Unis, qui craignaient un rejet des plans d’austérité et la désagrégation de la monnaie unique en cas de victoire de SYRIZA, la Coalition de la gauche radicale. La performance électorale inattendue de SYRIZA, notamment aux élections de mai dernier, est l’expression du désespoir d’une grande partie de la classe ouvrière et de la petite bourgeoisie, qui rejettent les exigences draconiennes accompagnant le plan de sauvetage des banques imposé par la troïka. Mais le programme de SYRIZA accepte l’ordre capitaliste et l’UE, qui est dominée par les banquiers impérialistes ; SYRIZA cherche seulement à renégocier les clauses de cette spoliation. Cette coalition, qui rassemble des ex-eurocommunistes, des maoïstes et plusieurs groupes réformistes pseudo-trotskystes, est arrivée en deuxième position juste derrière Nouvelle Démocratie aux élections du 17 juin, avec près de 27 % des voix. Les staliniens du Parti communiste grec (KKE) ont recueilli 4,5 % des voix, un score en baisse.

Tout le monde sait que les élections grecques n’ont pas résolu la crise de la zone euro et qu’elles n’ont fait qu’en retarder l’échéance. Le matin après les élections, les Bourses étaient en hausse, mais dès le milieu de l’après-midi elles repartaient à la baisse à l’annonce que la dette souveraine espagnole atteignait des montants record et qu’enflait la rumeur d’un plan de sauvetage pour l’Espagne.

Les problèmes fondamentaux auxquels est confrontée la société grecque restent les mêmes et le pays reste profondément divisé. Les fascistes du groupe Aube dorée, surfant sur une violente campagne de terreur raciste contre les immigrés et d’agressions contre des militants de gauche, ont fait un score menaçant de 7 %. La Grèce est secouée depuis trois ans par des protestations massives auxquelles prennent part les secteurs les plus divers de la société. On ne compte plus les grèves générales d’un ou deux jours. Les ouvriers d’une usine sidérurgique de la banlieue d’Athènes sont en grève depuis plus de 200 jours ; c’est une lutte prolétarienne importante parmi d’autres. Des actions de ce genre vont probablement se multiplier à mesure que le gouvernement intensifiera ses attaques contre la classe ouvrière.

Alors même que les Grecs sont dans leur immense majorité opposés à l’austérité, les sondages disent que la population, y compris la classe ouvrière, reste largement favorable au maintien du pays dans la zone euro et dans l’UE. Beaucoup de travailleurs, y compris sans doute des sympathisants du KKE, ont voté pour SYRIZA dans l’espoir que cela apporterait un répit face aux attaques incessantes contre leur niveau de vie. La bourgeoisie cherchait à effrayer les électeurs en dénonçant les soi-disant conséquences apocalyptiques d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Dans un pays où beaucoup de gens se souviennent d’avoir connu la faim et la misère, il y a une peur réelle que se dégradent encore les conditions de vie.

En tant que marxistes, nous sommes opposés par principe à l’UE ; c’est un instrument utilisé par les capitalistes européens pour exploiter ensemble les travailleurs européens ; il permet aux puissances impérialistes les plus fortes d’asseoir leur domination sur les pays capitalistes moins puissants. Toute lutte contre l’austérité et contre la rapacité de la bourgeoisie grecque doit nécessairement être aussi une lutte contre ses maîtres impérialistes de l’UE. Nos camarades allemands faisaient remarquer dans un article publié l’année dernière que la Grèce s’en porterait probablement mieux si elle sortait de la zone euro, et qu’« il n’y a pas d’issue pour des pays endettés comme la Grèce dans le cadre imposé par la bourgeoisie allemande ». Nos camarades ajoutaient que quitter la zone euro « pourrait briser le cercle vicieux dans lequel le pays s’enfonce ; cependant, quitter la zone euro ne mettrait pas le prolétariat grec à l’abri de la récession économique mondiale et des ravages du capitalisme » (« L’Europe déchirée par la crise économique », le Bolchévik n° 198, décembre 2011).

La position des trotskystes grecs : Votez KKE ! Aucune voix pour SYRIZA !

Nos camarades du Groupe trotskyste de Grèce (TOE) ont donné un soutien critique au Parti communiste grec lors des élections du 17 juin. Contrairement à SYRIZA, le KKE faisait campagne pour sortir de l’UE et de l’OTAN. De plus, il refusait fermement de participer à toute coalition avec des partis bourgeois, malgré les énormes pressions pour former une coalition de la « gauche unie » avec SYRIZA. Le KKE dénonçait à juste titre le soutien de SYRIZA à l’UE impérialiste, une question décisive dans ces élections. Le KKE, également à juste titre, attaquait durement SYRIZA et les groupes pseudo-trotskystes grecs divers qui avaient soutenu la contre-révolution capitaliste en Union soviétique et en Europe de l’Est.

En accordant un soutien critique au KKE, nous avons élargi l’audience pour nos positions trotskystes. Nos camarades en Grèce ont diffusé massivement le tract « Votez KKE ! Pas une voix pour SYRIZA ! » auprès des étudiants, des ouvriers en grève, des militants du KKE et d’autres partis de gauche. Ce tract était accompagné de la traduction en grec de l’article « Les banques affament les travailleurs grecs » [le Bolchévik n° 200, juin], qui oppose le programme trotskyste révolutionnaire de la LCI au réformisme des staliniens grecs. En dépit de son tournant verbal récent vers la gauche, le KKE demeure un parti parlementariste et réformiste. Ses références incantatoires au « peuple » vont à l’encontre de la conscience de classe et sont l’expression du programme de collaboration de classes profondément nationaliste de ce parti.

La réaction du KKE à la montée des fascistes d’Aube dorée montre clairement son réformisme. Le tract du TOE dénonçait le refus des staliniens de mobiliser la classe ouvrière pour combattre Aube dorée. Dans beaucoup de villes grecques, des bandes de racistes agressent en toute impunité immigrés et militants de gauche ; elles sont encouragées par le large soutien dont jouissent les fascistes parmi les policiers et les officiers. Le 7 juin, un nervi d’Aube dorée, Ilias Kasidiaris, a agressé la députée du KKE Liana Kanelli lors d’un débat télévisé en direct, après avoir jeté un verre d’eau au visage d’une autre femme, Rena Dourou, une militante de SYRIZA. D’autres militants du KKE ont été agressés en pleine rue par des nervis fascistes. Pourtant, la secrétaire générale du KKE Aleka Papariga excluait, dans une interview réalisée juste après l’agression contre Liana Kanelli, toute perspective de mobilisation pour stopper les attaques d’Aube dorée. Elle cherchait au contraire à faire concurrence aux fascistes pour attirer le vote des ouvriers arriérés :

« Soyons clairs : la réponse à l’“Aube dorée” ne peut pas être ni le “dent pour dent” ni le revanchisme. La réponse doit être donnée en principe par le peuple aux élections. Nous ne mettons bien sûr pas sur le compte des électrices et des électeurs de l’“Aube dorée” les agissements et l’orientation de ce parti. Ces électeurs doivent néanmoins prendre conscience qu’ils ont l’arme du vote et qu’ils doivent marginaliser électoralement l’“Aube dorée”, car c’est ce qu’elle mérite. »

– kke.gr, 7 juin (traduit par nos soins)

L’idée que voter est la solution aux agressions fascistes, c’est du crétinisme parlementaire. Les fascistes ne peuvent pas être « vaincus » par les urnes. Aube dorée n’est pas avant tout un phénomène électoral : ce sont des terroristes racistes. Les nervis d’Aube dorée sont les héritiers des bandes de type fasciste qui se livraient à la terreur blanche contre les militants du KKE dans les années 1940 – les « Bataillons de sécurité » pro-nazis et le groupe « X » du général Grivas. Michaloliakos, le dirigeant d’Aube dorée, était un protégé de Georgios Papadopoulos, le chef de la junte militaire qui s’était emparée du pouvoir en 1967.

Pour justifier sa passivité criminelle face à Aube dorée, le KKE nie qu’il soit nécessaire d’écraser dans l’œuf les bandes fascistes ; il trompe ainsi la classe ouvrière. Aube dorée est une menace mortelle pour les immigrés, et au bout du compte pour le mouvement ouvrier tout entier. L’urgence, c’est de stopper les fascistes avec des mobilisations de front unique du mouvement ouvrier organisé et des immigrés. L’objectif des fascistes n’est pas autre chose que la destruction physique des syndicats et des partis ouvriers. Il faut écraser ces terroristes racistes tant qu’ils sont faibles. Sinon ils grossiront et s’enhardiront dans cette période de réaction. Plus généralement, pour en finir avec le fascisme, il faudra renverser le capitalisme, le système qui engendre les effroyables crises sur lesquelles prospèrent les fascistes.

Le KKE affiche clairement son populisme nationaliste dans son programme : « Le KKE, parti profondément patriote, est l’héritier authentique et valeureux des traditions nationales, démocratiques et révolutionnaires du peuple grec » ; il appelle aussi à une « politique de défense nationale qui préserve la sécurité de la Grèce » (kke.gr). Le soutien au patriotisme et à la défense nationale est incompatible avec les prétentions du KKE à « combattre toute manifestation de fascisme, de nationalisme, de chauvinisme et de racisme » ; il va à l’encontre du mot d’ordre marxiste « prolétaires de tous le pays, unissez-vous » qui orne le bandeau de première page du journal du KKE. Le nationalisme du KKE est aussi diamétralement opposé à la lutte pour des Etats-Unis socialistes d’Europe, le seul programme qui exprime les intérêts des classes ouvrières de toute l’Europe, que ce soit dans les centres impérialistes comme l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ou dans les pays dépendants comme l’Irlande et la Grèce.

L’histoire des trahisons du KKE

Malgré son refus actuel de participer à un gouvernement de coalition, le KKE reste fidèle à son programme de collaboration de classes, qui dans le passé l’a conduit à s’allier avec des gouvernements de la bourgeoisie et à y participer. Son histoire est remplie de trahisons des intérêts de la classe ouvrière. En 1936, alors que le prolétariat grec était en proie à une profonde agitation révolutionnaire, le KKE avait cherché à pousser l’aile prétendument « progressiste » de la bourgeoisie grecque (les libéraux vénizélistes) à former avec lui une coalition de front populaire contre la droite. Comme on pouvait s’y attendre, les libéraux anticommunistes avaient fait bloc avec la droite contre le KKE. L’incapacité du KKE à lutter pour le pouvoir ouvrier, sa quête au contraire d’une alliance avec les libéraux, avaient pavé la voie à la dictature sanguinaire de Ioannis Metaxas.

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les partisans de l’ELAS, la résistance armée dirigée par les communistes qui avait combattu héroïquement contre l’occupant nazi et ses collaborateurs grecs, avaient libéré le pays et le pouvoir était à portée de leur main. Mais cette occasion pour les travailleurs de prendre le pouvoir et de régler leurs comptes avec la bourgeoisie grecque collaborationniste fut sabotée par la direction du KKE. En 1944, celui-ci entra dans le gouvernement « d’unité nationale » de Georges Papandréou (le grand-père). Il ordonna ensuite aux combattants de l’ELAS de rendre les armes, permettant ainsi à la bourgeoisie, soutenue par les Britanniques, de rétablir sa domination en Grèce. La direction du KKE perpétra cette trahison en accord avec Staline, qui dans le cadre des arrangements de l’après-guerre s’était mis d’accord avec Churchill que la Grèce ferait partie de la sphère d’influence britannique. Le rétablissement de l’ordre capitaliste en Grèce était le fruit amer du dogme stalinien du « socialisme dans un seul pays », qui signifie renoncer à la révolution mondiale.

Le KKE fut « récompensé » de sa contribution au sauvetage de la domination bourgeoise en Grèce par une campagne sanglante de persécutions et de terreur blanche. Dans la guerre civile qui s’ensuivit, les ouvriers et les paysans dirigés par le KKE furent vaincus par la coalition des forces de la réaction grecque, agissant de concert avec les impérialistes britanniques et plus tard américains. Au lendemain de la guerre civile de 1946-1949, le KKE était interdit, mais dans les années 1950 ses cadres jouèrent un rôle actif dans la Gauche démocratique unie (EDA) et participèrent aux élections dans le cadre de l’Union démocratique libérale, une coalition front-populiste avec les Libéraux et Papandréou. En 1989, le KKE, qui faisait alors partie de Synaspismos, une coalition avec l’ancienne aile « eurocommuniste » du parti, entra au gouvernement avec Nouvelle Démocratie – une trahison qui provoqua la scission d’une bonne partie de son organisation de jeunesse.

Pour un parti léniniste-trotskyste en Grèce !

Beaucoup de gens en Grèce se sont étonnés dans les semaines précédant les élections du 17 juin que des trotskystes puissent donner un soutien électoral critique à un parti stalinien. Que ceci puisse surprendre en dit long sur la « famille » anticommuniste et social-démocrate des pseudo-trotskystes grecs qui ont souillé le drapeau du trotskysme et applaudi la contre-révolution en Union soviétique. Nous, militants de la LCI, avons au contraire lutté jusqu’à la fin – d’abord en Allemagne de l’Est et ensuite en Union soviétique même – pour le programme du trotskysme authentique. Un aspect essentiel de ce programme est la défense militaire des Etats ouvriers dégénéré et déformés contre l’impérialisme et la contre-révolution intérieure, et la lutte pour une révolution politique prolétarienne afin de chasser les bureaucraties staliniennes, dont la politique de conciliation envers l’impérialisme a sapé la défense des Etats ouvriers et finalement conduit à la contre-révolution.

Les pseudo-trotskystes et autres organisations réformistes en Grèce, dans toute leur diversité, se sont frotté les mains à la perspective d’une victoire de SYRIZA et de la formation d’un gouvernement capitaliste « de gauche ». Incrustés au sein de la coalition pro-UE de SYRIZA se trouvent des groupes comme Marxistiki Phoni (Voix marxiste), lié à la Tendance marxiste internationale, et la Gauche ouvrière internationaliste (DEA), les camarades d’idées grecs de l’International Socialist Organization américaine. Dans une interview au journal américain Socialist Worker (« Une nouvelle étape de la résistance en Grèce », 23 mai), Antonis Davanelos, porte-parole de la DEA, déclarait :

« Nous avons une situation incroyable. Ce n’est pas révolutionnaire, pas pré-révolutionnaire, mais nous sommes confrontés au fait que dans un mois, SYRIZA sera le premier parti du pays. Donc nous serons alors amenés à ce moment-là à former un gouvernement qui pourra transformer les choses pour le peuple de Grèce. »

Le groupe Xekinima, affilié au Comité pour une Internationale ouvrière (CIO), a fait campagne pour « un gouvernement de gauche » et il a envoyé à Athènes son député irlandais au Parlement européen, Paul Murphy, faire campagne pour le vote SYRIZA.

De son côté, la coalition Antarsya [Résistance], qui rassemble le Parti ouvrier socialiste grec (SEK), lié au SWP britannique, et le groupe OKDE-Spartakos affilié à la prétendue Quatrième Internationale, présentait des candidats sous sa propre étiquette. Mais son but était simplement de faire pression de l’extérieur sur SYRIZA, comme le montrent de nombreuses déclarations, par exemple celle d’Alex Callinicos dans le numéro du 2 juin du journal britannique Socialist Worker :

« Antarsya a été claire : elle se considère comme travaillant aux côtés de ceux qui soutiennent SYRIZA et en dialogue avec eux. Plus forte sera sa voix, plus grande sera la pression sur SYRIZA pour rester ferme face aux forces qui essaient d’imposer l’austérité comme état permanent de la Grèce. »

En dépit de l’opposition proclamée d’Antarsya à l’UE, le fait que SYRIZA soit passée très près d’une victoire électorale est interprété par ce groupe de gauche réformiste comme un encouragement à redoubler d’efforts pour construire un mouvement de résistance contre le nouveau gouvernement. Et ce mouvement de résistance sera centré sur l’action des députés d’opposition de SYRIZA au sein du parlement. Et de fait, Antarsya présente SYRIZA comme un modèle pour les travailleurs et les opprimés de toute l’Europe dans leurs luttes contre l’austérité capitaliste.

Quelle que soit la manière dont ils cherchent à faire pression sur SYRIZA – de l’intérieur ou de l’extérieur – ces réformistes jettent le masque quand ils soutiennent une coalition qui est pour rester dans l’UE, autrement dit, qui est pour perpétuer l’assujettissement aux impérialistes des pays dépendants comme la Grèce. Ce n’est pas avec la politique de pression réformiste qui est celle des SEK, DEA, Xekinima, OKDE-Spartakos et autres Marxistiki Phoni qu’on pourra mettre fin à la dépendance historique du capitalisme grec retardataire vis-à-vis des impérialistes ainsi qu’aux attaques sauvages que les capitalistes grecs vont continuer à lancer contre la classe ouvrière et les opprimés. La seule issue, c’est la lutte pour le pouvoir de la classe ouvrière, agissant pour son propre compte. Il faut pour cela un parti léniniste-trotskyste basé sur un programme de révolution socialiste, qui expropriera la classe capitaliste, mettra à bas l’Etat capitaliste et le remplacera par un gouvernement ouvrier. La nature internationale de la crise capitaliste montre bien que cette lutte ouvrière doit s’étendre au niveau international, notamment aux centres impérialistes.

Conséquence logique de son soutien ouvert ou camouflé à SYRIZA, la gauche réformiste est également unanime à condamner le refus du KKE de s’allier avec SYRIZA pour former un gouvernement capitaliste de gauche après les élections du mois de mai. Et il y a une bonne dose d’anticommunisme dans les accusations hystériques de sectarisme qu’elle lance aux staliniens du KKE – ce qui n’est guère surprenant, étant donné qu’en 1991-1992 ces mêmes organisations avaient applaudi à la destruction de l’Union soviétique. Nous pourrions faire remarquer qu’au moins le KKE est hostile au capitalisme : le SWP britannique et ses camarades d’idées égyptiens ont donné un soutien critique aux Frères musulmans, qui adorent le capitalisme.

Ces soi-disant trotskystes vont dans le sens des courants politiques petits-bourgeois ; ils nourrissent ce faisant des illusions dans la possibilité d’un capitalisme plus humain et plus démocratique. La DEA et Xekinima présentent tous deux leur soutien à la coalition pro-UE de SYRIZA comme si c’était en quelque sorte une manifestation d’internationalisme ouvrier, et simultanément ils accusent le KKE de nationalisme parce que celui-ci est opposé à juste titre à l’UE capitaliste. Ainsi, le Comité pour une Internationale ouvrière [représenté en France par la Gauche révolutionnaire], écrit dans un article intitulé « La crise de l’euro s’intensifie » (socialistworld.net, 21 mai) :

« Le KKE, d’un autre côté, est contre l’euro et l’UE et attaque SYRIZA pour son attitude envers l’UE et l’euro. Politiquement, c’est une des justifications qu’il utilise pour ne pas participer à un front de gauche avec SYRIZA […]. L’opposition à l’UE et à l’euro sur une base nationaliste signifie que le KKE est prisonnier d’un cadre capitaliste. Ce qu’il faut, c’est une approche socialiste internationaliste qui fasse le lien entre la lutte des travailleurs grecs et la classe ouvrière dans les autres pays de l’UE. »

C’est tout bonnement ridicule d’argumenter, comme le font Xekinima et la DEA, qu’ils sont pour faire le lien entre les luttes des travailleurs grecs et celles des travailleurs des autres pays de l’UE alors même qu’ils soutiennent une coalition qui est, au mieux, pour renégocier les conditions de l’assujettissement de pays comme la Grèce aux diktats des impérialistes. Les groupes pro-UE comme le CIO doivent admettre qu’ils portent une part de responsabilité dans les formes caricaturales de nationalisme qui sont attisées par l’UE elle-même. Les rapports de dépendance au sein de l’UE enflamment le chauvinisme de grande puissance dans les pays dominants, comme l’Allemagne, et dans les pays endettés comme la Grèce ils provoquent une montée parallèle du nationalisme. Avec comme résultat, dans toute l’Europe, un développement dramatique du fascisme et des forces xénophobes.

Contrairement à ces organisations que leur anticommunisme rend hostiles au KKE et aux travailleurs qu’il influence, nos camarades du TOE ont cherché à utiliser la tactique du soutien critique au KKE pour faire en sorte que notre programme trouve un écho parmi des secteurs clés de la classe ouvrière. Comme nous l’écrivions dans « Les banques affament les travailleurs grecs » :

« Le KKE bénéficie du soutien des secteurs les plus combatifs de la classe ouvrière grecque. Son organisation syndicale, PAME, affirme représenter une opposition “avec une orientation de classe” aux bureaucrates traîtres de la GSEE et de l’ADEDY, dont elle dénonce à juste titre la collaboration de classes avec les patrons et leur gouvernement. Cependant, le KKE n’a pas de solution à proposer à la classe ouvrière au-delà du cycle sans fin des journées de grève générale, qui ne sont en fin de compte qu’une manière combative de faire pression sur le parlement. Il n’a pas comme programme la prise du pouvoir par la classe ouvrière. Et il adhère au nationalisme, qui est le principal obstacle à la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire en Grèce. Une tâche stratégique pour la construction d’un parti révolutionnaire est de gagner la base ouvrière du KKE au programme internationaliste des bolchéviks de Lénine et Trotsky. »

– le Bolchévik n° 200, juin

Pendant la campagne de soutien critique au KKE menée par le TOE, un certain nombre de travailleurs et de jeunes ont pris note du fait que le TOE ne partage pas les préjugés petits-bourgeois et anticommunistes des autres organisations qui se réclament du trotskysme en Grèce. C’est un premier pas, modeste mais important, dans la lutte pour apporter le programme du bolchévisme authentique aux couches politiquement les plus avancées de la classe ouvrière.

 

Le Bolchévik nº 201

Le Bolchévik nº 201

Septembre 2012

·

PSA Aulnay : Hollande élu pour gérer les fermetures d'usines

Pour une lutte de classe contre les capitalistes et leur gouvernement !

·

Grèce : austérité accrue après les élections

A bas l'UE ! Pour une Europe ouvrière !

·

Le massacre de Lonmin en Afrique du Sud

Le gouvernement ANC/SACP/COSATU a sur les mains le sang des grévistes noirs

·

Débat à la fête de LO

Guerre d'Algérie : Voix ouvrière et la lutte pour l'indépendance

·

Judith Szathmari-Lécuyer, 1944-2012

·

Bruits de bottes en mer de Chine méridionale

L'étau militaire de l'impérialisme US se resserre sur la Chine

·

Etudiants, alliez-vous à la classe ouvrière !

Leçons des luttes au Québec

·

Opportunistes en manque d'opportunité

Les rats de la GR quittent le navire du NPA

·

Levée des poursuites contre Raphaël Cécé et Sony Laguerre !

A bas la répression coloniale contre les jeunes et le mouvement ouvrier !