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Le Bolchévik nº 186

Décembre 2008

« Affaire des sabotages » à la SNCF : Levée des inculpations contre Julien Coupat et ses camarades ! Ils doivent être libérés maintenant !

L’hystérie antiterroriste vise à criminaliser le mouvement ouvrier tout entier

Nous reproduisons ci-dessous un communiqué du Comité de défense sociale (CDDS) du 16 novembre. Le CDDS est une organisation de défense légale et sociale, non sectaire, se basant sur la lutte de classe et prenant fait et cause pour les intérêts de tous les travailleurs. Cet objectif est en accord avec les conceptions politiques de la LTF.

* * *

Paris, le 16 novembre 2008 – Le CDDS condamne « l’opération Taïga », le raid policier du 11 novembre au cours duquel ont été arrêtés neuf jeunes militants initialement accusés d’avoir participé au sabotage de caténaires de lignes de TGV. Il s’agit là d’une monstrueuse chasse aux sorcières d’Etat. Les dossiers de l’accusation sont totalement vides, comme en témoigne le fait que le gouvernement a dû démentir la présence près d’une caténaire de prétendues « traces d’ADN ». Malgré cela, Julien Coupat a été mis en examen comme « dirigeant d’une structure à vocation terroriste » et risque jusqu’à 20 ans de prison ; quatre de ses camarades sont mis en examen pour « association de malfaiteurs à visée terroriste et dégradation en réunion sur des lignes ferroviaires dans une perspective d’action terroriste » ; les quatre autres sont « visés par l’incrimination d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », un délit passible de dix ans d’emprisonnement (le Monde, 15 novembre).

Parmi les soi-disant « preuves » récoltées par les perquisitions policières figurent une carte du réseau ferroviaire français, des horaires de train et du matériel d’escalade. De plus, le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, présente « comme un élément de contexte » (sic) le mutisme des accusés pendant leur interrogatoire. Il y a vingt-cinq ans, dans l’affaire des « Irlandais de Vincennes », présentée triomphalement par les services de l’Elysée comme une série d’arrestations visant les cercles du terrorisme international, les flics de Mitterrand avaient fait l’effort de déposer eux-mêmes les armes et explosifs qui devaient être « découverts » lors de leur perquisition. Aujourd’hui, les preuves ont de moins en moins d’importance (le cas d’Yvan Colonna est exemplaire à cet égard), car le délit d’opinion et celui de « visées terroristes » suffisent à l’Etat pour enfermer ceux qu’il considère comme des ennemis à abattre.

Ceci est le dernier épisode en date, particulièrement sinistre, d’une campagne de harcèlement et d’intimidation contre la gauche, et tout particulièrement contre le mouvement libertaire, explicitement pris pour cible dans une circulaire du Ministère de la Justice du 13 juin dernier. Ce document stigmatisait la « mouvance anarcho-autonome » pour s’être « manifestée par la commission d’actions violentes en différents points du territoire national au préjudice de l’Etat et de ses institutions ». Cet amalgame entre gauche, violence et terrorisme vise à criminaliser le mouvement ouvrier organisé tout entier. C’est une attaque contre les droits démocratiques de tous. Nous exigeons la libération immédiate des cinq militants emprisonnés, et la levée des inculpations contre toutes les personnes mises en examen dans cette affaire.

L’un des jeunes présents lors de la descente de police contre la ferme de Tarnac, en Corrèze, où le groupe tenait une épicerie, qui organise des concerts pour les anciens du village et est très apprécié dans cette commune rurale, déclarait après l’arrestation de ses camarades : « Ils sont étrangers aux sabotages du week-end. » Au sujet de deux de ses amis interpellés à Rouen, il ajoutait : « Dans la nuit de vendredi à samedi [où le dernier sabotage a été perpétré], Elsa et Bertrand étaient dans un bus qui les emmenait à Amsterdam à l’occasion d’un voyage étudiant » (Paris-Normandie, 15 novembre). Nous ne savons pas qui a perpétré ces sabotages sur les lignes de TGV – des actions certes stupides, mais qui n’ont pas mis en danger de quelque manière que ce soit ni les cheminots ni les passagers. Mais ce que nous savons, c’est que le gouvernement utilise cette affaire comme prétexte pour intimider et réprimer la gauche et tous ceux, travailleurs, immigrés, jeunes de banlieue, qui lui résistent, ou qui sont simplement vus comme des opposants potentiels aux mauvais coups qu’il multiplie pour imposer l’austérité capitaliste.

Parmi les « éléments » retenus contre Julien Coupat et ses camarades figure leur participation « violente » au mouvement anti-CPE de 2006, aux manifestations lycéennes l’année suivante et aux actions contre les arrestations, l’emprisonnement et les expulsions de sans-papiers. Dans le contexte de la montée de la crise économique et des attaques incessantes contre la classe ouvrière, notamment contre les cheminots qui s’apprêtent une fois encore à partir en grève, le gouvernement cherche à fabriquer un nouvel « ennemi intérieur » qui viendra s’ajouter à ses autres épouvantails – les prétendus « réseaux pédophiles internationaux » inventés dans le fiasco judiciaire d’Outreau, ou les intégristes islamiques. Tout ceci sert à détourner l’attention de la brutalité quotidienne de cette société capitaliste malade, de son Etat et de ceux qui le dirigent.

Ne nous faisons pas d’illusions. Si un gouvernement soi-disant « de gauche » était aujourd’hui au pouvoir, il mènerait une politique raciste et anti-ouvrière similaire. Sous le gouvernement de la « gauche plurielle » de Jospin-Buffet, les pouvoirs de la police ont été considérablement accrus par la « Loi sur la sécurité quotidienne » adoptée en 2001. Après le 11 septembre 2001, ce gouvernement, comme tous les gouvernements capitalistes partout dans le monde, avait cherché à exploiter l’hystérie antiterroriste pour serrer la vis à la population tout entière, et en premier lieu contre la classe ouvrière. Il est aussi frappant de constater que dans cette affaire la gauche institutionnelle et l’extrême gauche « officielle » sont jusqu’ici restés silencieux, ou ont refusé de prendre la défense des personnes accusées. Nous disons : A bas les lois antiterroristes ! A bas Vigipirate ! A bas l’hystérie antiterroriste orchestrée par l’Etat !

Il est impératif que le mouvement ouvrier tout entier, et tout particulièrement les syndicats de cheminots, dénoncent cette attaque sinistre et prennent la défense de Julien Coupat et de ses camarades. C’est la classe ouvrière qui a le pouvoir social de stopper la production, les transports et les communications, et avec eux le flot de profits des brigands capitalistes et de leur Etat. Cette puissance doit être mobilisée en défense de Julien Coupat et de ses camarades. Une attaque contre un est une attaque contre tous ! Libérez Julien Coupat et ses camarades ! Levée des inculpations !

 

Le Bolchévik nº 186

Le Bolchévik nº 186

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