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République ouvrière nº 3 |
Hiver/printemps 2019 |
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Méfiez-vous des pseudo-socialistes antisyndicaux du « World Socialist Web Site » ! Tel que nous l’expliquons dans l’article en page 9, les travailleurs d’ABI et tout le mouvement ouvrier doivent savoir reconnaître leurs ennemis. Parmi ceux-ci figurent les charlatans pseudo-révolutionnaires du « World Socialist Web Site » (WSWS), aussi connu comme le Parti de l’égalité socialiste. Depuis le début de la lutte courageuse des travailleurs d’ABI contre le lockout sauvage imposé par Alcoa et Rio Tinto, le WSWS ne cesse de s’attaquer au syndicat des Métallos. Dans un article paru le 14 janvier, ils disent que :
« le Syndicat des Métallos ne fait pas obstacle aux attaques patronales. Son rôle est plutôt d’étouffer dans l’œuf toute lutte ouvrière et de subordonner les emplois et les salaires des travailleurs aux profits des investisseurs. »
— « ABI garde la ligne dure tandis que les Métallos isolent les travailleurs »
L’article conclut qu’il faut « la mise sur pied d’un comité de la base indépendant de l’appareil syndical ». Cela n’est rien de moins que du poison antisyndical, appelant les travailleurs à abandonner leur syndicat. C’est d’autant plus grotesque puisque Alcoa et Rio Tinto ont jeté les travailleurs d’ABI dans la rue précisément pour casser le syndicat. Le WSWS fait ainsi cause commune avec les patrons dans leur croisade contre les Métallos.
Cette ligne antisyndicale n’est pas nouvelle pour le WSWS, qui s’oppose par principe aux syndicats existants. Dans une résolution traduite en français, adoptée par le congrès de leur organisation américaine à l’été 2018, ils affirment que « les syndicats nationalistes et procapitalistes ne sont pas des organisations de travailleurs, mais des extensions corporatistes du patronat et de l’État » (wsws.org, 4 septembre 2018). Foutaise ! Les syndicats sont des organes de défense de la classe ouvrière et des acquis, chèrement payés par les luttes du mouvement ouvrier. Il faut lutter pour défendre les syndicats contre les attaques des patrons et de leur État, tout en luttant contre les dirigeants syndicaux procapitalistes.
De façon particulièrement grotesque, le WSWS s’oppose aux campagnes visant à organiser les travailleurs non syndiqués. Peu après une grève du syndicat des United Auto Workers (UAW) contre General Motors en 2007, le WSWS annonçait qu’il « conseillerait aux travailleurs, si l’UAW se présentait à leur usine, de voter pour garder le syndicat dehors » et déclarait que « de rejoindre l’UAW ne ferait pas avancer les intérêts des travailleurs d’un iota ».
En fait, le WSWS ne fait aucune différence entre les syndicats et leurs dirigeants traîtres. Les bureaucrates syndicaux sont prêts à sacrifier les gains de la classe ouvrière pour quelques miettes qui bénéficient aux couches les plus privilégiées du mouvement ouvrier. Face à la succession d’attaques d’austérité anti-ouvrières des dernières décennies, les bureaucrates syndicaux procapitalistes ont surtout freiné les luttes de classe et supervisé le recul des acquis de la classe ouvrière. Le dirigeant bolchévique Léon Trotsky avait analysé la consolidation d’une bureaucratie privilégiée à la tête des syndicats comme corollaire au développement du stade impérialiste du capitalisme. Il expliquait :
« Le capitalisme monopolisateur est de moins en moins prêt à admettre à nouveau l’indépendance des syndicats. Il exige de la bureaucratie réformiste et de l’aristocratie ouvrière, qui ramassent les miettes de sa table, qu’elles soient toutes les deux transformées en sa police politique aux yeux de la classe ouvrière. »
— Léon Trotsky, « Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste », 1940
Pour que les syndicats redeviennent des bastions de luttes, les vrais communistes se battent pour remplacer les bureaucraties syndicales par des directions lutte de classe, s’appuyant sur la compréhension que les patrons et les ouvriers ont des intérêts irréconciliables. Mais cela requiert la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire qui se batte pour la république ouvrière du Québec. Le WSWS est opposé à cette perspective : en plus de dénoncer les syndicats, ces bandits politiques sont contre l’indépendance du Québec. Le pseudo-socialisme du WSWS est donc un « socialisme » sans syndicat, dans un « Canada uni ». Maudite belle perspective...
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