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République ouvrière nº 3 |
Hiver/printemps 2019 |
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Derrière le masque de La Riposte : ni socialisme ni indépendance Pour un parti léniniste ! Pour lindépendance du Québec ! Nous réimprimons ci-dessous un supplément à République ouvrière, publié en juin 2018.
L’oppression du Québec est à la racine de l’État canadien et la lutte pour la libération du joug anglophone a toujours été un puissant moteur pour la lutte de classe. La question nationale est la question stratégique pour la révolution au Canada et au Québec. Au cœur du programme de la Ligue trotskyste se trouve notre engagement pour la libération nationale et pour la république ouvrière du Québec. Pour mener cette lutte, nous cherchons à construire un parti sur le modèle des bolchéviks, indépendant de tous les partis bourgeois ou réformistes. C’est en suivant l’exemple de la Révolution russe et en luttant pour la dictature du prolétariat que la classe ouvrière et tous les opprimés pourront s’émanciper.
Diamétralement à l’opposé de cette perspective on trouve les réformistes de La Riposte socialiste, le groupe au Québec de la Tendance Marxiste Internationale (TMI). Comme nous l’avons montré dans le premier numéro de République ouvrière (RO), la position de ce groupe a toujours été de s’opposer à la lutte de libération nationale du Québec. Dans son article « La question nationale et la lutte des classes au Québec » (12 janvier 2018), La Riposte adopte une nouvelle posture et emploie un langage qui peut sembler sympathique à la lutte contre l’oppression nationale. L’article cite Lénine et le poème Speak White, s’oppose à la Loi sur la clarté et parle d’anglo-chauvinisme et « d’État fédéral canadien réactionnaire ». Mais loin d’être une sérieuse révision de leur programme, il s’agit d’un article qui cherche à cacher leur réelle position. Comme un drapeau, La Riposte peut voler dans le sens du vent, mais ne peut s’éloigner du poteau qui le supporte : toute la politique de La Riposte tourne autour de la social-démocratie canadienne.
Contrairement à Lénine qui cherchait à libérer la classe ouvrière de l’emprise idéologique des partis réformistes de la Deuxième Internationale, La Riposte fait miroiter l’illusion que l’élection du Nouveau Parti démocratique pourrait permettre de construire le socialisme. En cherchant à maintenir à tout prix l’unité avec le NPD, ils s’adaptent à son programme procapitaliste d’unité canadienne. C’est de là que provient leur opposition à l’indépendance du Québec, mais aussi leurs illusions réformistes dans l’État capitaliste qu’ils pensent pouvoir mettre au service des travailleurs. Ils soutiennent par exemple que la police et les gardiens de prison, les chiens de garde des capitalistes, sont des « travailleurs en uniforme » qui peuvent être gagnés au côté de la classe ouvrière. Au Québec, La Riposte cherche aussi à construire la social-démocratie canadienne, mais cette fois dans Québec solidaire, un parti petit-bourgeois à posture populiste qui n’a même pas la prétention d’être un parti de la classe ouvrière (voir « QS et GND : charlatans populistes », RO no 1, automne/hiver 2017-2018). En cherchant à concilier l’anglo-chauvinisme du NPD au milieu nationaliste de QS, La Riposte est amenée à faire d’impressionnants numéros de funambulisme. Toutefois, ces acrobaties ne peuvent tenir devant une analyse marxiste sérieuse.
Léninisme et question nationale québécoise
Contrairement aux théories confusionnistes des réformistes, le point de départ léniniste sur la question nationale est relativement simple. Il s’agit avant tout de l’opposition à l’oppression d’une nation par une autre. Comme le disait Lénine :
« Le programme de la démocratie ouvrière dans la question nationale, le voici : suppression absolue de tout privilège pour quelque nation et quelque langue que ce soit ; solution du problème de l’autodétermination politique des nations, c’est-à-dire de leur séparation et de leur constitution en État indépendant, par une voie parfaitement libre, démocratique. »
— « Notes critiques sur la question nationale », 1913
L’application de ces principes à une nation donnée dépend de son développement spécifique. Notre appel à l’indépendance du Québec sans condition préalable, que ce soit sous le capitalisme ou dans un État ouvrier, découle de notre compréhension de l’oppression historique du Québec dans le Canada.
Selon La Riposte, « la question nationale — et plus précisément la question du Québec — a dominé la politique canadienne depuis les années 1970 » (12 janvier 2018). En réalité, la question de l’oppression nationale du Québec est déterminante dès la Conquête de 1759 lorsque l’empire britannique a conquis le Québec en l’occupant militairement, piétinant du même coup les droits démocratiques des francophones. Chaque document constitutionnel canadien a comme prémisse la subjugation du Québec. Toute l’histoire du Québec est une lutte contre l’oppression anglophone et pour le droit d’exister en tant que nation. La lutte de classe et la lutte contre l’oppression nationale sont indissociables, et ce jusqu’à aujourd’hui. On ne peut séparer la rébellion des Patriotes, les crises de la conscription, la grève de l’amiante ou la Révolution tranquille de la lutte pour la libération nationale du Québec.
La Riposte fait maintenant des pieds et des mains pour faire croire qu’ils sont contre l’oppression du Québec. Ils se défendent notamment en affirmant :
« Cela ne signifie pas que les marxistes s’opposent à l’indépendance du Québec. Rien ne saurait être plus éloigné de la vérité. En tant que nation opprimée au sein de la fédération canadienne, nous défendons vigoureusement le droit du Québec à l’autodétermination. Cela signifie lutter contre l’anglo-chauvinisme, l’impérialisme anglophone et toute forme d’assimilation forcée. »
Ne vous laissez pas tromper. Ils affirment plus loin que : « Dans le contexte actuel, nous croyons que de mettre l’accent sur l’indépendance est nuisible au mouvement. » Donc pour La Riposte, promouvoir l’indépendance, la seule solution conséquente pour mettre fin à l’oppression nationale, serait... « nuisible ». Ces réformistes peuvent faire toutes les déclarations qu’ils veulent, mais dans le contexte du Québec, on ne peut pas être pour la libération nationale en s’opposant à l’indépendance. Pour La Riposte, la libération nationale n’est pas une question stratégique ou de principe, mais dépend plutôt du milieu social-démocrate (ou bourgeois) où leur organisation tente de manœuvrer.
Indépendance de classe
contre capitulations opportunistes
En tant que léninistes, nous luttons pour l’indépendance du Québec et pour la révolution socialiste. Nous cherchons à diriger la lutte de libération nationale contre toutes les ailes de la bourgeoisie et vers la prise du pouvoir de la classe ouvrière. Les partis indépendantistes bourgeois et petits-bourgeois (PQ et QS) sont des obstacles à cette perspective. L’absence d’une alternative prolétarienne et révolutionnaire pour l’indépendance laisse le champ libre aux nationalistes qui peuvent canaliser la lutte de libération nationale et les luttes sociales en appui électoral.
Puisque La Riposte ne peut concevoir aucune voie pour les travailleurs indépendamment des partis réformistes ou ouvertement capitalistes, ils ne peuvent dissocier la lutte contre l’oppression nationale des dirigeants nationalistes de ces mouvements. Dans son article sur la question nationale, La Riposte utilise cette méthodologie pour dépeindre la lutte de libération nationale du Québec comme étant essentiellement réactionnaire :
« la question nationale a constamment été utilisée pour couper court à la lutte des classes, pour amadouer les syndicats et pour détruire les traditions militantes de façon à démobiliser et paralyser les travailleurs devant les attaques d’une bourgeoisie québécoise de plus en plus agressive. »
Ce n’est pas la question nationale qui détourne les luttes, mais l’appui politique donné par la gauche et les syndicats aux partis nationalistes bourgeois, notamment le PQ. De son côté, La Riposte s’oppose à l’indépendance et en plus traverse la ligne de classe en construisant QS — qui, si élu, administrerait l’État capitaliste et attaquerait les travailleurs tout comme le PQ. Fondamentalement, si les travailleurs québécois sont si solidement liés par le nationalisme à leur propre bourgeoisie, c’est justement parce qu’ils sont victimes d’oppression nationale. Face à l’État fédéral qui opprime le Québec, et aux dirigeants du mouvement ouvrier anglophone qui se joignent au chauvinisme de leur bourgeoisie, il est facile pour les nationalistes québécois d’exploiter la colère légitime contre l’oppression pour pousser le mensonge que bourgeois et travailleurs du Québec ont un intérêt commun.
Toutes les sociétés capitalistes sont empreintes de chauvinisme et de racisme ; le Québec ne fait pas exception. Il est impératif pour les communistes de s’opposer à toutes les mesures racistes et antimusulmanes telles que la loi 62. Mais dans son article, La Riposte utilise le chauvinisme bien réel des nationalistes québécois comme prétexte pour s’opposer à l’indépendance. En réalité, loin de renforcer le nationalisme, la séparation du Québec couperait l’herbe sous le pied des nationalistes, et les exposerait encore davantage comme les ennemis jurés des travailleurs et des minorités opprimées.
Tout en dénonçant ici et là l’anglo-chauvinisme, le but de l’article de La Riposte est de montrer que c’est principalement le nationalisme québécois qui est réactionnaire et que l’unité du prolétariat va se construire en mettant de côté la libération nationale du Québec. Au contraire, c’est en s’opposant au chauvinisme des oppresseurs grands-russes que les bolchéviks ont pu gagner la confiance des nations opprimées dans la Russie tsariste et mener la Révolution russe. Dans l’Histoire de la Révolution russe (1932), Trotsky contraste la politique de Lénine à celle de la social-démocratie autrichienne :
« Alors que le bolchevisme s’orientait vers une explosion des révolutions nationales depuis des dizaines d’années, éduquant dans cette vue les ouvriers avancés, la social-démocratie autrichienne s’accommodait docilement de la politique des classes dominantes, parlait en avocat de la cohabitation forcée de dix nations dans la monarchie austro-hongroise et, en même temps, étant absolument incapable de réaliser l’unité révolutionnaire des ouvriers de différentes nationalités, les cloisonnant dans le parti et dans les syndicats en sens vertical. »
Écosse, Catalogne :
La Riposte s’enfonce dans ses contradictions
Pour démontrer qu’aujourd’hui, au Québec, la question nationale est utilisée contre la question de classe, La Riposte contraste le mouvement pour l’indépendance avec ceux de l’Écosse et de la Catalogne, affirmant que « tant en Écosse qu’en Catalogne, il est assez clair que les mouvements autour des récents référendums ont fait progresser la lutte des classes » ; alors qu’« au Québec, nous avons assisté à un processus presque totalement contraire à ce qui s’est passé en Catalogne ou en Écosse » (12 janvier 2018). Encore une fois, la position de La Riposte n’a rien à voir avec l’évolution historique de ces nations, ni avec la libération nationale, mais plutôt avec les directions petites-bourgeoises et bourgeoises de ces mouvements.
L’Acte d’union de 1707 entre l’Angleterre et l’Écosse a fait de cette dernière le partenaire junior dans la construction de l’empire britannique. Historiquement, le nationalisme écossais était faible et le mouvement ouvrier anglais, gallois et écossais menait des batailles conjointes. Mais depuis le reflux des luttes de classe qui a suivi la défaite de la grève des mineurs britanniques de 1984-85, le nationalisme écossais a été alimenté par les politiques chauvines de Westminster contre l’Écosse, une nation opprimée. Nous nous opposons fermement à toute expression de chauvinisme anglais et nous avons toujours été pour le droit à l’autodétermination de l’Écosse. Le cas de l’Écosse est différent de celui du Québec, dont toute l’histoire est une résistance à la conquête et à l’assimilation, et où l’application du droit à l’autodétermination ne peut signifier autre chose que de lutter pour l’indépendance. En Écosse, lors du référendum de 2014, notre section britannique n’appelait ni à un vote pour le « oui », ni à un vote pour le « non » (voir l’article « Behind Scotland’s no vote on independence », Workers Hammer no 229, hiver 2014-2015). Bien que le peuple écossais puisse en décider autrement dans le futur, l’issue du référendum a montré que le droit à l’autodétermination peut aussi signifier le droit de ne pas se séparer.
La Riposte affirme que le mouvement d’indépendance écossais, contrairement à celui du Québec, fait avancer la lutte de classe parce que :
« Comme l’Écosse n’avait pas de fortes traditions indépendantistes, le mouvement a été vu comme étant anti-establishment. Le SNP [Scottish National Party] a abandonné son image de ‘‘tartan tories’’ (‘‘conservateurs en kilts’’) et s’est présenté comme un parti social-démocrate. »
— 12 janvier 2018
Le SNP n’est aucunement un parti ouvrier, mais simplement un parti nationaliste bourgeois qui appuie l’Union européenne et l’OTAN, et dont la version de l’« indépendance » écossaise conserverait la monarchie britannique et la livre sterling. La position de La Riposte n’a rien à voir avec la volonté de la nation écossaise, mais simplement avec l’appétit opportuniste des confrères écossais de La Riposte de s’accrocher au SNP bourgeois. Le contraste fait avec le Québec est d’autant plus frauduleux puisqu’en 2013 la TMI était tout aussi opposée à l’indépendance de l’Écosse qu’à celle du Québec :
« Nous avons besoin de l’unité de la classe ouvrière britannique, armée d’un programme socialiste et d’un mouvement ouvrier combatif. C’est pour cela que Socialist Appeal est favorable à une campagne socialiste pour le ‘‘non’’ en plus de lutter pour des politiques socialistes dans le mouvement ouvrier. »
— « Yes or No? A Marxist View on Scottish Independence », 20 septembre 2013 (traduit par nos soins)
Malgré ses appétits contradictoires, rien n’allait détacher la TMI de ses ancrages dans l’unionisme chauvin du Parti travailliste britannique.
Dans le cas de la Catalogne, il s’agit d’une nation opprimée tant par l’Espagne que par la France et nous appelons à l’indépendance au nord et au sud des Pyrénées — pour une république ouvrière de Catalogne ! Depuis des centaines d’années, les Catalans luttent contre leur assimilation exprimant ainsi leur désir d’exister en tant que nation. L’indépendance de la Catalogne serait non seulement un énorme coup porté contre la prison des peuples espagnole, mais aussi contre le bloc impérialiste réactionnaire de l’Union européenne.
Pour la TMI et La Riposte, l’élément déterminant c’est le « mouvement », pas la libération nationale basée sur l’indépendance de classe. Ils supportent le parti bourgeois anti-indépendance Podemos, en plus des petits-bourgeois nationalistes catalans de la Candidatura d’Unitat Popular. En fait, ils sont historiquement contre l’indépendance de la Catalogne. Trois semaines avant le référendum ils affirmaient avec mépris :
« La nécessité de ce référendum pourrait laisser songeur, là où les élections de septembre 2015 étaient présentées comme un plébiscite sur l’indépendance. Mais il y a peu de logique à trouver dans les pirouettes improvisées des nationalistes bourgeois, en dehors de leur volonté de sauver leurs carrières et leurs réputations dans le court-terme. »
— « Le référendum sur l’indépendance et la question nationale catalane », 5 septembre 2017
Deux jours avant le référendum, ils ont cherché à couvrir leurs arrières en affirmant qu’« un vote OUI est un vote contre le régime de 1978 » (« Catalogne : déclaration de la TMI sur le référendum d’indépendance », 29 septembre 2017). La seule constante dans les manœuvres de la TMI c’est l’opportunisme, l’hostilité au léninisme et à la libération nationale. Les comparaisons de La Riposte entre le Québec, la Catalogne et l’Écosse sont fausses, droitières et malhonnêtes.
Fightback : Tribun de l’unité canadienne,
contre la loi 101
En tant que léninistes au Québec et au Canada, nous cherchons à construire un parti révolutionnaire binational, mais notre perspective c’est deux partis dans deux États séparés. La précondition pour construire un tel parti est que nos camarades au Canada anglais soient les défenseurs les plus conséquents de la libération nationale du Québec. Il est essentiel pour la libération des travailleurs anglophones qu’ils rompent avec le chauvinisme anti-québécois de leur bourgeoisie. Ce combat que nous menons découle du principe communiste qu’une nation qui en opprime une autre ne saurait être libre. Cette perspective a été acquise au cours d’une dure bataille interne où la Ligue communiste internationale a rompu décidément avec de mauvaises positions et renoué avec la continuité marxiste sur la question nationale (voir Spartacist édition française no 43, été 2017). Cette bataille a posé les bases programmatiques pour construire un véritable parti léniniste tribun du peuple au Québec et au Canada.
Pour La Riposte c’est le contraire. La préoccupation principale de leurs camarades de Fightback au Canada anglais est de s’opposer au nationalisme québécois. D’ailleurs, les demandes sur le Québec, qui figurent sur le programme à l’endos de chacun des journaux de Fightback et de La Riposte, changent selon la langue de publication. Alors qu’en français ils se proclament pour « faire tomber l’État fédéral capitaliste canadien » et appellent les travailleurs québécois à « s’unir avec ceux et celles qui combattent l’État canadien, donc les travailleurs anglo-canadiens », leur programme en anglais ne contient aucune trace de cette rhétorique et aucun appel à ce que les travailleurs anglophones luttent contre le chauvinisme canadien. On voit clairement que la nouvelle posture de La Riposte, c’est uniquement pour que la branche québécoise puisse se couvrir le derrière. Le nouvel article de La Riposte/Fightback a beau avoir quelques phrases ici et là sur le chauvinisme anglophone, l’écrasante majorité de leurs articles sur la question nationale est dirigée contre le nationalisme des Québécois, des opprimés.
Dans leur article suivant la « vague orange » de 2011 (uniquement en anglais), on voit les vraies couleurs de La Riposte et de Fightback. Cet article méprisant, qui s’oppose à la loi 101, blâme entièrement le mouvement ouvrier québécois pour la division de la classe ouvrière au Canada et fait disparaître le chauvinisme du NPD. Encore pire, l’article blâme le NPD pour avoir été trop conciliant sur la question nationale :
« Cependant, à certains moments de la campagne, certaines des idées mises de l’avant, particulièrement par Thomas Mulcair, allaient plus loin que d’apaiser la méfiance défensive des Québécois. »
— « What social forces led to the NDP wave in Quebec? », 27 juillet 2011 (traduit par nos soins)
Pourquoi le NPD profondément anglo-chauvin était-il trop sympathique aux Québécois pour Fightback ? Parce que Mulcair a parlé contre certaines des voies de contournement de la loi 101, comme les écoles-passerelles. Fightback s’exclame : « Malheureusement, le NPD s’est mêlé de cette question, soutenant les mêmes slogans que les nationalistes, ‘‘fermez les voies de contournement’’, ‘‘défense de la langue française’’, etc... ». C’est l’un de leurs seuls articles qui traitent de la loi 101, mais leur position est parfaitement claire :
« Cette loi ne fait que renforcer la ghettoïsation, particulièrement à Montréal, des travailleurs anglophones et francophones. Elle a créé une société où les enfants sont élevés dans deux environnements séparés à partir d’un très jeune âge. Si on veut savoir d’où le chauvinisme canadien et le nationalisme québécois tirent leur virulence, ce fait joue un rôle des plus pernicieux pour renforcer ceux-ci. »
Non, la loi 101 est une réponse légitime à des siècles d’imposition de l’anglais ! La position de Fightback sur la question linguistique est une position chauvine assimilationniste qui nie l’autodétermination du Québec.
Notre programme pour résoudre la question linguistique au Québec c’est l’indépendance. À défaut de l’indépendance, nous défendons toutefois la loi 101. Il s’agit d’une mesure défensive contre la politique d’assimilation forcée de la bourgeoisie anglophone. Pour les léninistes, l’égalité des langues passe par la lutte contre les privilèges de la langue des oppresseurs. Malgré cette loi, les privilèges de l’anglais demeurent. Le programme anglo-chauvin de Fightback/La Riposte, en défense des privilèges de l’anglais et contre l’indépendance, est l’expression de leur programme réformiste sur la question nationale. Comme le disait Lénine :
« Un changement réformiste est celui qui n’ébranle pas les bases du pouvoir de la classe dominante, dont il n’est qu’une concession, et qui maintient sa domination. Un changement révolutionnaire sape le pouvoir jusque dans ses fondements. Dans le programme national, le réformisme n’abolit pas tous les privilèges de la nation dominante ; il n’établit pas l’égalité complète des droits ; il ne supprime pas toutes les formes d’oppression nationale. »
— « Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes », 1916
La Riposte n’a pas plus comme programme celui de libérer le Québec de son oppression nationale que celui d’une révolution socialiste. Ceux qui veulent lutter pour construire un parti révolutionnaire d’avant-garde capable de mener la lutte pour une république ouvrière du Québec et pour un avenir communiste devraient se rallier à la bannière de la Ligue communiste internationale et de la Ligue trotskyste, la véritable continuité léniniste.
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