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Le Bolchévik nº 200

Juin 2012

A bas la répression coloniale à La Réunion !

Nous reproduisons ci-dessous un tract de la LTF daté du 9 mars.

* * *

La Réunion vient de connaître une semaine de protestations le mois dernier contre la vie chère et l’oppression coloniale raciste qui sont le quotidien de la majorité de la population là-bas, notamment des jeunes. Et maintenant le gouverneur de cette colonie de l’impérialisme français, le préfet Lalande, se vante des résultats obtenus : 233 personnes arrêtées dont 159, surtout des jeunes, placées en garde à vue, et 20 personnes incarcérées avec des peines allant jusqu’à trois ans de prison dont deux ferme (Libération, 27 février). Aujourd’hui l’île n’est plus sous les projecteurs des médias, mais la répression ne connaît pas de répit : trois jeunes ont pris le 1er mars des peines de prison, dont un et trois mois de prison ferme pour deux d’entre eux, tout cela pour avoir mis le feu à une poubelle qui a légèrement endommagé la porte d’un bureau de poste… Une semaine plus tard un homme de 36 ans prenait une peine de six mois, dont un ferme, pour avoir jeté des cailloux en direction de la police. Cette terreur policière et ces procès expéditifs rappellent la répression de la révolte des banlieues de 2005 en France, quand les jeunes s’étaient eux aussi révoltés contre la terreur policière raciste et l’oppression quotidienne sous le capitalisme français. La LTF exige la libération immédiate de tous les jeunes arrêtés et emprisonnés lors des récentes protestations ! Levée des inculpations ! Troupes françaises, gendarmes mobiles, hors de La Réunion !

Vu le mépris de la bourgeoisie française pour les masses réunionnaises, notamment les jeunes, une explosion sociale était à prévoir. 60 % des jeunes de l’île sont sans emploi ; ils ne voient tout simplement aucun avenir devant eux. Et, depuis que la crise économique a éclaté, la situation ne fait qu’empirer ; un Réunionnais sur deux vit maintenant sous le seuil de pauvreté. Le besoin de main-d’œuvre s’est tari en France depuis maintenant plusieurs décennies et, en conséquence, les dirigeants racistes de l’impérialisme français décadent n’ont pas l’intention de dépenser de l’argent pour éduquer et former les jeunes dans les colonies, et c’est la même chose pour les jeunes issus de la classe ouvrière en France, notamment ceux des minorités ethniques et raciales. L’illettrisme est répandu à La Réunion ; il touche près d’un adulte sur quatre ; c’est dû notamment au statut colonial du français comme seule langue officielle, malgré le fait que le créole est la langue maternelle de la majorité de la population. Le « français seulement » est une politique linguistique raciste. Pour l’égalité complète de toutes les langues, sans aucun privilège pour le français !

L’étincelle de la révolte des jeunes à La Réunion a été en fait une action de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR), une organisation patronale, qui a bloqué le dépôt de carburant de l’île pour protester contre le coût exorbitant des produits pétroliers. La FNTR a appelé la population à descendre dans la rue pour l’aider à faire face aux flics ; l’action contre le prix de l’essence a fait tache d’huile, et les protestations et les émeutes se sont répandues d’une ville à l’autre. Les transporteurs ont sans tardé pris leurs distances avec les jeunes et les ont laissés sans défense face à la répression. Quelques heures à peine après avoir appelé à l’action, la FNTR passait un accord avec le préfet et se mettait à demander la levée des barrages.

Les jeunes n’ont en tant que tels guère de puissance sociale. C’est le mouvement ouvrier de La Réunion, et aussi en France, qui doit prendre en charge la lutte contre la misère et le racisme colonial que subissent la grande majorité des Réunionnais. Il ne faut se faire aucune illusion : si François Hollande est élu en mai prochain, il ne changera rien à une pauvreté endémique où la lutte pour la survie est quotidienne pour la majorité de la population de l’île. Les dernières grandes émeutes dans le quartier du Chaudron avaient eu lieu en 1991 ; c’était sous Mitterrand et il y avait eu la même répression qu’aujourd’hui.

Il y a aujourd’hui environ 175 000 Réunionnais en France métropolitaine ; cela représente le quart de la population de l’île. Ils sont intégrés dans la classe ouvrière, notamment dans les transports et les hôpitaux. Mais ce n’est pas seulement les Réunionnais d’origine mais l’ensemble du mouvement ouvrier français qui doit protester contre la répression qui sévit à La Réunion. La main de fer de l’Etat s’abat en premier lieu contre les sujets coloniaux, les jeunes des minorités, les Roms et les sans-papiers, mais la crise économique et la pauvreté croissante poussent la bourgeoisie à compléter l’arsenal répressif et à mener de nouvelles attaques visant tous les travailleurs, qui seuls ont la puissance sociale pour bloquer le pays et couper le robinet des profits en faisant grève.

En dernier ressort, la seule manière d’éradiquer une fois pour toutes la pauvreté et l’oppression coloniale, c’est de lutter pour la révolution socialiste internationale et pour construire un parti révolutionnaire se fixant pour but de mener les travailleurs à la prise du pouvoir. Le destin de la révolution socialiste à La Réunion est indissolublement lié à la lutte des travailleurs en France et en Afrique du Sud, qui est géographiquement proche, pour renverser le capitalisme. C’est dans les luttes sociales actuelles et à venir que surgira une nouvelle génération de dirigeants combatifs. Il est crucial de lutter pour le droit d’autodétermination de La Réunion et des autres colonies françaises restantes. Comme nous sommes opposés au colonialisme français, nous serions en faveur de l’indépendance, mais nous ne la revendiquons pas aujourd’hui car pour le moment les Réunionnais n’y aspirent pas (ni non plus les Guadeloupéens ou les Martiniquais), craignant que leur situation déjà précaire n’empire encore en cette période de déprédations impérialistes. La révolution socialiste jettera les bases d’une économie planifiée rationnellement pour produire ce qui est nécessaire, et non pour produire pour le profit. Elle permettra un développement qualitatif des forces productives et ouvrira la voie à un développement économique véritable qui mettra fin à la lutte pour la survie dans les pays sous la botte impérialiste. Pour une fédération socialiste de l’Afrique australe ! Pour les Etats-Unis socialistes d’Europe !

 

Le Bolchévik nº 200

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