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Le Bolchévik nº 175 |
Mars 2006 |
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A bas le chantage nucléaire des impérialistes !
USA, France, ONU : bas les pattes devant l'Iran !
Nous publions ci-dessous un article paru dans Workers Vanguard (3 février), le journal de nos camarades de la Spartacist League/U.S. aux Etats-Unis. Les impérialistes américains menacent lIran, mais limpérialisme français sest maintenant joint à lui, notamment avec la spectaculaire déclaration faite par Chirac le 19 janvier. Celle-ci dit que les dirigeants dEtats « qui envisageraient dutiliser, dune manière ou dune autre, des armes de destruction massive, doivent comprendre quils sexposent à une réponse ferme et adaptée de notre part. Cette réponse peut être conventionnelle, elle peut aussi être dune autre nature » (le Figaro, 20 janvier). Ces paroles constituent un avertissement direct à lIran en des termes que même le cinglé de la Maison Blanche na jamais utilisés. Et, pour montrer que ce nétait pas des paroles en lair, Chirac a envoyé le porte-avions Charles-de-Gaulle dans le golfe Persique, doù il est prêt à balancer des missiles nucléaires et conventionnels sur lIran. USA, France, ONU, bas les pattes devant lIran ! Pour être en mesure de se défendre lIran a besoin darmes nucléaires !
Au niveau de la politique extérieure, la déclaration de Chirac visait à réinsérer limpérialisme français au Proche-Orient, et dabord à apporter sa pierre au rapprochement avec les USA entamé avec des pressions impérialistes communes contre la Syrie et à propos du Liban. Alors que la bourgeoisie française se débat pour essayer de conserver un rôle international hérité de lère de son empire colonial et aujourdhui hors de proportion avec le déclin de sa puissance économique, cette déclaration est aussi un rappel à ses rivaux allemands que la France reste, avec la Grande-Bretagne, la seule puissance nucléaire officielle en Europe de lOuest. Autrefois la bombe atomique française visait lEtat ouvrier dégénéré soviétique, maintenant Chirac étend la menace entre autres à ceux qui mettraient en cause ses « approvisionnements énergétiques ». A bas la « force de frappe » de limpérialisme français !
Fin 2002 et pendant les premiers mois de 2003, pratiquement toute la « gauche » française, des chevènementistes au PS, au PCF et à la LCR, se prosternait à genoux devant Chirac et de Villepin pour ses discours « antiguerre » à lONU. Mais Chirac ne sopposait à lintervention américaine que dans la mesure où elle ne correspondait pas aux intérêts de limpérialisme français. Un an plus tôt, avec lappui du gouvernement Jospin-Buffet, il avait envoyé des milliers de soldats en Afghanistan, qui y sont toujours, soi-disant au nom de la lutte « antiterroriste », voire (ça cétait largument de la gauche) par pitié pour les femmes afghanes écrasées sous le poids du voile qui les couvre de la tête aux pieds. Non seulement le nouveau régime afghan fantoche des impérialistes na pas modifié dun iota le sort des femmes afghanes, mais le pays est régulièrement victime dopérations « antiterroristes » meurtrières des troupes spéciales américaines, françaises, allemandes et autres. Troupes françaises, hors dAfghanistan, hors des Balkans ! La lutte « antiterroriste » est un mot de code pour renforcer loppression raciste ici même en France contre les travailleurs originaires de pays musulmans dAfrique et leurs enfants. A bas Vigipirate !
La bourgeoisie nest « pacifique » que quand elle a des moyens plus économiques de piller et violer dautres peuples, ou quand elle a besoin dun délai pour réarmer et préparer de nouveaux conflits quelle puisse cette fois gagner. A chacun « ses » guerres coloniales : alors même que Bush préparait linvasion de lIrak fin 2002 et que la bourgeoisie française parlait de « paix », elle envoyait des milliers de soldats en Côte dIvoire. Depuis, le pays, autrefois « vitrine » du néocolonialisme français, est en pleine déliquescence. Impérialisme français, hors de Côte dIvoire et hors dAfrique !
LIrak était aussi loccasion de consolider une « union sacrée », déjà scellée dans le vote pour Chirac du PS, du PCF et de la LCR quelques mois auparavant, lors des présidentielles de mai 2002. Avoir canalisé les jeunes et tous ceux opposés à la guerre de Bush en Irak dans une unité nationale chauvine antiaméricaine derrière Chirac a directement permis aux Raffarin, Sarkozy et de Villepin de porter des coups terribles contre la classe ouvrière : début mars 2003 commençaient les déportations de sans-papiers par charters entiers, pour la première fois depuis les années 1980, et deux mois plus tard cétait les retraites de tout le monde qui étaient sur le billot.
Le PS ne sest nullement gêné pour soutenir ouvertement les rodomontades du cow-boy nucléaire de lElysée. Quant au PCF, il sest fendu dune déclaration officielle donnée par son responsable des relations internationales, Daniel Cirera, disant notamment que les Européens, dont la France, « doivent rejeter avec la plus grande fermeté tout ce qui laisserait entendre que dans cette crise ils se laissent entraîner un tant soit peu dans la stratégie impérialiste américaine » (lHumanité, 15 février). Cirera propose plutôt une stratégie impérialiste antiaméricaine française, soulignant que « les Européens [
] doivent, en privilégiant absolument une solution diplomatique, mettre lIran devant ses responsabilités pour quelle remplisse ses obligations de transparence envers lAIEA, dans le respect de son droit à accéder à lénergie civile, conformément au TNP [Traité de non-prolifération nucléaire]. » Sûrement avec des centrales électriques made in France par Areva.
Les déclarations de Chirac sur les menaces « terroristes » ont le même objectif que celles de Bush : pouvoir éventuellement permettre de mobiliser la population derrière une intervention armée impérialiste, et légitimer la terreur raciste contre les travailleurs issus notamment de pays musulmans dAfrique et leurs enfants. Le chauvinisme des directions des partis ouvriers et des syndicats, leur refus dengager la classe ouvrière à défendre les secteurs les plus vulnérables de la classe ouvrière les immigrés et leurs enfants, comme on a pu encore le voir lors des émeutes dans les banlieues en novembre dernier pavent la voie à la division de la classe ouvrière et à sa paralysie. A bas la collaboration de classes !
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Moins de trois ans après linvasion et loccupation de lIrak, limpérialisme US a maintenant pris lIran pour cible. Affirmant que lIran cherche à développer des armes nucléaires, le président Bush a délivré le 26 janvier un ultimatum : « Vos désirs de posséder une arme sont inacceptables » (New York Times, 27 janvier). Cest fort de café venant du président dun pays avec un stock dengins nucléaires capable de détruire plusieurs fois le monde. La bourgeoisie américaine est la seule à avoir utilisé des armes nucléaires, quand elle a anéanti 200 000 personnes à Hiroshima et Nagasaki en 1945, et le gouvernement américain affiche aujourdhui une politique dattaque nucléaire « préventive » contre tout pays quil considèrera comme une menace.
Il y a clairement un accord dans tout le spectre politique bourgeois américain, depuis les fanatiques religieux à la Maison Blanche jusquau Parti Démocrate, comme quoi il faut « soccuper » de lIran. En fait, une critique souvent adressée à Bush par les Démocrates est que loccupation de lIrak a été une diversion qui a empêché de soccuper plus vigoureusement de lIran, ainsi que de lEtat ouvrier déformé nord-coréen. La sénatrice Hillary Clinton a récemment dénoncé Bush pour être mou sur lIran : « Je crois que nous avons perdu un temps précieux pour nous occuper de lIran, parce que la Maison Blanche a choisi de minimiser les menaces » (Washington Post, 20 janvier).
Un autre groupe de va-t-en-guerre fanatiques mobilisés contre lIran sont les dirigeants sionistes dIsraël. Le Sunday Times britannique (11 décembre 2005) rapporte que les forces armées israéliennes ont reçu lordre « dêtre prêtes dici fin mars pour déventuelles frappes contre les sites secrets denrichissement de luranium en Iran ». Et le 21 janvier, le ministre de la Défense israélien Shaul Mofaz se faisait menaçant : « Israël ne pourra pas accepter une capacité nucléaire iranienne, et il doit avoir la capacité de se défendre, avec tout ce que cela implique, et nous nous y préparons » (site Internet du Spiegel, 23 janvier).
Dans léventualité dune agression militaire contre lIran de la part de limpérialisme US, dIsraël ou de toute autre force agissant pour le compte des impérialistes, nous, marxistes, déclarons que le prolétariat international doit se positionner pour la défense militaire de lIran contre une agression impérialiste. En même temps, nous naccordons pas un iota de soutien politique au régime réactionnaire de Téhéran. Notre défense du pays capitaliste quest lIran est conditionnelle : dans des conflits militaires entre une puissance impérialiste et un pays semi-colonial dépendant, notre politique est le défensisme révolutionnaire. Nous défendons le pays opprimé contre le pays oppresseur, et nous préconisons la lutte de classe dans les centres impérialistes ainsi que dans le pays opprimé. Chaque victoire des impérialistes dans leurs aventures militaires encourage de nouvelles guerres prédatrices ; chaque revers contribue à favoriser les luttes des travailleurs et des opprimés.
La bourgeoisie américaine, avec ses médias à la remorque, joue sur toutes les cordes sensibles pour attiser lhystérie sur la « menace » iranienne. Ils dépeignent le régime islamique iranien comme une bande de fous furieux fanatiques. Mais les vrais fous furieux nucléaires sont les intégristes chrétiens qui dirigent limpérialisme US, et qui ne seront peut-être pas dissuadés dattaquer lIran par les obstacles quils rencontreront sur leur chemin. Les vrais ennemis des travailleurs, des minorités et des opprimés aux Etats-Unis, cest la bourgeoisie américaine. La classe dominante qui menace aujourdhui lIran est la même classe capitaliste qui sabre les retraites, le système de santé et les emplois des travailleurs américains, et qui met en pièces les droits démocratiques au nom de la « guerre contre le terrorisme » réactionnaire.
Dans une lettre au New York Times (29 janvier), le responsable du service de presse de la mission iranienne à lONU insistait que « lIran na pas pour ambition de construire des armes nucléaires », et notait que le travail de recherche nucléaire iranien « est complètement conforme au Traité de non-prolifération nucléaire ». Le fait est que dans le contexte des menaces proférées par les impérialistes dotés darmes nucléaires, lIran a désespérément besoin, pour se défendre, darmes nucléaires et de systèmes de lancement adéquats. Dans le monde daujourdhui, la possession darmes nucléaires est devenue le seul critère réel de souveraineté nationale. La destruction contre-révolutionnaire de lEtat ouvrier dégénéré soviétique en 1991-1992 a supprimé le principal contrepoids militaire et politique à limpérialisme US. Depuis lors, la bourgeoisie américaine a développé une politique dutilisation de son écrasante puissance militaire, qui dépasse de loin même celle des puissances impérialistes rivales, pour empêcher le développement de tout ce qui est perçu comme une remise en cause de la domination américaine.
Dans une lettre au New York Times (17 janvier) à propos dun éditorial, un lecteur notait avec à-propos :
« Vous écrivez que personne à ce jour na proposé de bonne manière de détourner lIran de ses projets nucléaires. Mais il est évident que lIran veut la bombe principalement pour contrer lambition à peine dissimulée des durs de ladministration Bush de provoquer par la force un changement de régime dans ce pays.
« Après avoir vu ce qui est arrivé en Irak, et après avoir écouté la rhétorique sur laxe du mal, nimporte quel dirigeant militaire iranien patriote doit être en train de conseiller à son gouvernement que seule une bombe dissuadera les Etats-Unis. »
La nature réactionnaire du régime des mollahs iraniens ne diminue en aucune manière le devoir des révolutionnaires prolétariens de se tenir aux côtés de lIran contre limpérialisme US. Quand lItalie de Mussolini envahit lEthiopie en 1935, le dirigeant bolchévique Léon Trotsky répondit aux inquiétudes des militants prolétariens qui renâclaient à défendre lEthiopie à cause du régime réactionnaire de Haïlé Sélassié, qui perpétuait lesclavage dans ce pays :
« Si Mussolini lemporte, cela signifiera le renforcement du fascisme, la consolidation de limpérialisme et le découragement des peuples coloniaux en Afrique et ailleurs. La victoire du Négus, en revanche, constituerait un coup terrible pour limpérialisme dans son ensemble et donnerait un élan puissant aux forces rebelles des peuples opprimés. »
Léon Trotsky, « A propos des dictateurs et des hauteurs dOslo », avril 1936
Aujourdhui, lIran a autant besoin darmes nucléaires pour parer à une menace américaine que lEthiopie, dans les années 1930, avait besoin de Mausers pour parer à lagression des impérialistes italiens. USA, bas les pattes devant lIran ! Pour le retrait immédiat et inconditionnel de tous les soldats et toutes les bases militaires US dIrak, dAfghanistan et dAsie centrale !
Pour une opposition lutte de classe à limpérialisme !
Le seul Etat qui aujourdhui dispose darmes nucléaires au Proche-Orient, cest Israël, allié clé des Etats-Unis, et dont les dirigeants ont à maintes reprises clairement signifié quils étaient prêts à faire usage de ces armes. Les fous furieux qui dirigent lEtat sioniste ont comme politique baptisée « option Samson » par le journaliste Seymour Hersh de plonger la région tout entière dans un holocauste nucléaire si Israël était menacé dune défaite militaire. En 1986, le technicien nucléaire israélien Mordechaï Vanunu a prouvé au monde entier quIsraël avait des armes nucléaires à lépoque, plus de 200 têtes nucléaires, dont un grand nombre étaient braquées sur lUnion soviétique. Pour cet acte de courage, Vanunu a passé près de vingt ans dans les cachots israéliens.
Alors que les Etats-Unis et Israël menacent ouvertement de faire usage de leurs armes atomiques, le régime iranien actuel déclare que lutilisation darmes nucléaires est contraire aux convictions islamiques. Un livre paru en 1989, The Longest War : The Iran-Iraq Military Conflict [La guerre la plus longue : le conflit militaire Iran-Irak], de Dilip Hiro, notait que quand des officiers iraniens proposèrent à layatollah Khomeiny dutiliser des armes chimiques en réponse à lemploi massif par lIrak de ce type darmes pendant la guerre Iran-Irak de 1980-1988, « il aurait réitéré le refus quil avait précédemment exprimé, sur la base de largument que lislam interdit à ses combattants de polluer latmosphère, même au cours dun djihad, une guerre sainte ». A la fin de la guerre, qui était réactionnaire des deux côtés, les enquêtes des Nations Unies ne trouvèrent aucune preuve que lIran ait utilisé des armes chimiques. Au contraire, après que lAllemagne a utilisé des gaz toxiques à base de chlore pendant la Première Guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne répliquèrent avec leurs propres attaques aux gaz toxiques. LIran a ainsi plus de crédibilité en la matière que les puissances impérialistes.
Un document daté du 15 mars 2005 soumis pour discussion dans le Pentagone, « Doctrine for Joint Nuclear Operations » [Doctrine pour des opérations nucléaires conjointes], dont le contenu a été révélé à lautomne dernier, appelle à donner aux « commandants des forces combinées » lautorité de lancer des attaques nucléaires dans un certain nombre de scénarios. « Il est essentiel », affirme ce document, « que les forces américaines soient déterminées à employer des armes nucléaires si nécessaire, pour prévenir lutilisation darmes de destruction massives ou riposter à leur emploi ». Avec de telles directives, les commandants auraient eu lautorité nécessaire pour lancer une frappe nucléaire contre lIrak en 2003. Parmi les individus à qui on donnerait cette autorité figurent des gens comme le lieutenant-général à la retraite William G. Boykin qui déclarait à propos dune bataille en Somalie avec un seigneur de la guerre musulman : « Je savais que mon dieu est plus grand que le sien. »
Le système capitaliste, irrationnel, anarchique et guidé par le profit, est devenu encore plus irrationnel dans cette époque de décadence impérialiste. Les massacres de masse sont lexpression concentrée et la logique ultime du fonctionnement « normal » brutal du système capitaliste, qui condamne quotidiennement à mort dinnombrables êtres humains, dans le monde entier, par malnutrition, manque de soins médicaux et « accidents du travail ».
Ce quil faut, cest une opposition lutte de classe à limpérialisme US de la part du prolétariat multiracial des Etats-Unis. Le principal obstacle sur cette voie, cest la bureaucratie syndicale procapitaliste qui, en acceptant le système du profit capitaliste et en défendant les intérêts de limpérialisme US au niveau international, enchaîne la classe ouvrière à lennemi de classe. La classe ouvrière a besoin dune direction révolutionnaire. Pour que la classe ouvrière, les minorités et la jeunesse aient un avenir autre quune exploitation forcenée, le chômage, la répression et la guerre, pour que les masses plongées dans la misère, dans le monde entier, aient un avenir autre que la famine et le joug impérialiste, cest le système tout entier qui doit être détruit à la racine par des révolutions socialistes, et remplacé au niveau international par une économie planifiée et rationnelle. La Spartacist League lutte pour construire un parti ouvrier révolutionnaire une section américaine dune Quatrième Internationale reforgée qui dirigera le prolétariat américain dans un combat pour balayer le système impérialiste rapace et instaurer le pouvoir ouvrier.
Défense de la Chine !
Les bruits de bottes américaines contre lIran représentent aussi une grave menace pour la Chine. Sorti victorieux de la guerre froide contre lURSS, limpérialisme US a maintenant comme cible stratégique lEtat ouvrier déformé chinois, où le régime capitaliste a été renversé par la révolution de 1949. Les impérialistes poursuivent une stratégie à deux facettes pour restaurer le capitalisme en Chine : pénétration économique et pression militaire.
Un article de lAsia Times (2 décembre 2004) notait que « De plus en plus, limage de la République islamique dIran comme une sorte dEtat de la ligne de front dans la coalition mondiale daprès-guerre froide contre lhégémonie américaine devient omniprésente chez les théoriciens de la politique étrangère chinoise et russe. » La Chine reçoit de lIran 14 % du pétrole nécessaire à son économie en pleine croissance. Fin 2004, la Chine a signé avec lIran un accord de 70 milliards de dollars en pétrole et en gaz naturel sur une durée de 30 ans, accord aux termes duquel la compagnie pétrolière dEtat chinoise Sinopec a obtenu une part de 51 % dans le champ pétrolifère iranien de Yadavaran, dont les réserves sont estimées à trois milliards de barils.
Limpérialisme US a placé des bases militaires en Asie centrale, avec pour objectifs un encerclement stratégique de la Chine, et dappuyer les efforts américains pour contrôler les ressources pétrolières à la fois contre la Russie capitaliste et lEtat ouvrier chinois. Bien quenlisés en Irak, les Etats-Unis poursuivent une « politique dendiguement » à lencontre de la Chine, y compris en renforçant les liens militaires avec limpérialisme japonais par exemple avec le pacte USA-Japon signé lannée dernière pour défendre lîle capitaliste de Taïwan contre la Chine rouge. Lannée dernière, les Etats-Unis ont accepté de fournir à lInde, qui dispose de larme nucléaire, des technologies nucléaires supplémentaires pour tenter « de renforcer les liens avec lInde, en partie comme contrepoids à la Chine » (New York Times, 19 juillet 2005). Pour le dire simplement : cest OK pour les alliés de limpérialisme US davoir des armes atomiques, mais pas pour les prétendus « Etats voyous ».
En tant que trotskystes, nous luttons pour la défense militaire inconditionnelle des derniers Etats ouvriers déformés Chine, Corée du Nord, Vietnam et Cuba contre les agressions militaires et la contre-révolution capitaliste. Cest ainsi que nous soutenons le droit de la Chine et de la Corée du Nord à tester et à posséder des armes nucléaires qui constituent une dissuasion nécessaire contre le chantage nucléaire impérialiste. Le modeste arsenal nucléaire chinois est à cet égard un important facteur dune telle dissuasion.
Il est vital que la Chine soppose aux efforts impérialistes pour désarmer lIran. Mais le régime stalinien de Pékin, tout en sopposant en paroles aux sanctions de lONU contre lIran, collabore avec les impérialistes. De concert avec la Russie, la Chine vient daccepter, à la demande des Américains et des Européens, que lIran soit traîné devant le Conseil de sécurité de lONU. De même, la Chine a servi dintermédiaire dans des « négociations » impérialistes visant à stopper le développement darmes nucléaires par la Corée du Nord, qui lannée dernière a annoncé quelle avait développé de telles armes. Le rôle de Pékin était particulièrement criminel, étant donné que tout ce qui sape la défense de lEtat ouvrier déformé nord-coréen retombera sur lEtat ouvrier déformé chinois.
La politique de « coexistence pacifique » des staliniens de Pékin avec limpérialisme sape la défense elle-même de la Chine. Nous luttons pour des révolution politiques ouvrières dans les Etats ouvriers déformés pour chasser les bureaucraties staliniennes et les remplacer par des régimes basés sur des conseils ouvriers et paysans démocratiquement élus. De tels régimes révolutionnaires devront être guidés par un programme dinternationalisme révolutionnaire, luttant pour étendre le pouvoir prolétarien par la révolution socialiste internationale, en particulier dans les centres impérialistes, aux Etats-Unis, au Japon et en Europe de lOuest.
Cow-boys nucléaires incontrôlés
Depuis 2003, lIran est soumis aux inspections de lAgence internationale de lénergie atomique (AIEA), qui na trouvé aucune preuve dun programme darmes nucléaires. Après lannonce par lIran, le 3 janvier, quil redémarrerait son usine denrichissement de Natanz, Bush cherche à amener ce pays devant le Conseil de sécurité de lONU pour que lui soient infligées des sanctions. Les sanctions économiques sont un acte de guerre. Les guerres de 1991 et de 2003 contre lIrak ont toutes les deux été précédées et préparées par des sanctions imposées par lONU.
La Maison Blanche de Bush a fait siennes beaucoup de positions du groupe de réflexion néoconservateur sioniste « Project for the New American Century » [Projet pour le nouveau siècle américain], qui préconise depuis longtemps un « changement de régime » en Iran ainsi quen Irak, le tout étant censé contribuer à assurer le contrôle des Etats-Unis sur le Proche-Orient. Un aspect central de cette perspective est la création dun « cordon sanitaire » autour dIsraël, en installant des régimes soumis dans les pays voisins.
Dans un article intitulé « The Coming Wars » [Les guerres à venir] et publié le 24 janvier 2005 dans le New Yorker, Seymour Hersh écrit :
« Ladministration [Bush] conduit des missions de reconnaissance secrètes en Iran au moins depuis lété dernier. Celles-ci visent essentiellement à accumuler des renseignements et des informations ciblant les sites nucléaires, chimiques et de missiles iraniens, tant ceux qui sont déclarés que ceux qui sont suspectés. Le but est didentifier et disoler une douzaine, peut-être davantage, de telles cibles, qui pourraient être détruites par des frappes de précision et des raids de commandos de courte durée. »
Des politiciens israéliens ont laissé entendre quIsraël, qui avait bombardé le réacteur nucléaire irakien dOsirak en 1981, pourrait bombarder les installations nucléaires iraniennes. Avec la récente victoire du Hamas dans les élections législatives palestiniennes, les dirigeants sionistes vont probablement redoubler leurs dénonciations hystériques du « terrorisme islamique », à la fois pour intensifier les menaces contre lIran et pour accroître la répression du peuple palestinien. Les Etats-Unis, qui lannée dernière ont livré à Israël 500 bombes « anti-bunkers », pourraient donner à Israël le feu vert pour attaquer lIran. Mais contrairement à lIrak de 1981, lIran possède aujourdhui au moins neuf complexes différents, principalement souterrains, ce qui rend une telle opération beaucoup plus difficile. LIran a averti quil répliquerait à une attaque en frappant Israël et les forces occidentales dans le golfe Persique, et un général iranien a souligné que « Le monde sait que lIran a une force de missiles balistiques avec une portée de 2 000 km » (Observer de Londres, 29 janvier).
Il existe de nombreux obstacles à une attaque américaine contre lIran. Comme ce pays détient 10 % des réserves mondiales de pétrole, une attaque ferait bondir à un niveau encore plus élevé le prix du pétrole sur le marché international, ce qui déclencherait probablement une crise économique internationale. En outre, larmée américaine est utilisée au maximum pour assurer loccupation brutale de lIrak. Dans de telles circonstances, les Etats-Unis ne peuvent pas occuper un pays de la taille et de la population de lIran sans rétablir la conscription, ce qui ne serait pas très populaire auprès dune population américaine de plus en plus opposée à loccupation de lIrak. Par ailleurs, une conséquence non intentionnelle de loccupation américaine est que des partis chiites historiquement liés au régime chiite iranien sont maintenant au pouvoir en Irak. Une attaque contre lIran mettrait en rage la majorité chiite irakienne et rassemblerait une grande partie de la population iranienne derrière le régime intégriste de Téhéran.
La France et lAllemagne soutiennent lexigence américaine que le Conseil de sécurité de lONU « soccupe » de lIran, ce qui pourrait conduire à des sanctions. Bush a trouvé une alliée en la personne de la nouvelle chancelière de droite allemande, Angela Merkel, qui a déclaré lors dune conférence de presse le 29 janvier à Jérusalem quun Iran possédant larme nucléaire « nest pas juste une menace pour Israël, mais aussi pour les pays démocratiques du monde entier » (New York Times, 30 janvier). De son côté, le président français Jacques Chirac a déclenché une tempête politique en Europe en annonçant sa propre doctrine de guerre nucléaire préventive. Menaçant « les dirigeants dEtats qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous, tout comme ceux qui envisageraient dutiliser, dune manière ou dune autre, des armes de destruction massive », il déclarait que la « réponse » de la France, dotée darmes nucléaires, « peut être conventionnelle, elle peut aussi être dune autre nature. »
Mais lAllemagne, qui a dimportantes relations commerciales avec lIran, et la France, qui a dimportants investissements dans ce pays, ont aussi cherché à contrebalancer le bellicisme américain en préconisant des « négociations » et des pressions diplomatiques. Même le gouvernement britannique, indéfectiblement pro-américain, a déclaré, par la bouche du ministre des Affaires étrangères Jack Straw, quil « ny a pas doption militaire ». Cherchant à se couvrir, ladministration Bush a annoncé quelle soutenait une récente proposition russe qui permettrait à lIran de faire fonctionner des installations nucléaires civiles à condition que lenrichissement de luranium soit réalisé sur le sol russe. Les responsables iraniens nont pas rejeté cette proposition, tout en estimant quelle nest « pas suffisante pour les besoins en énergie de lIran ».
Le pouvoir aux ouvriers !
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, arrivé aux affaires en juin, est un réactionnaire qui colporte un antisémitisme empoisonné. En novembre, il a qualifié le massacre de six millions de Juifs lors de lholocauste nazi de « mythe », et déclaré quIsraël devait être « rayé de la carte du monde ».
La « révolution islamique » iranienne de 1979, qui a renversé le shah soutenu par la CIA, avait été soutenue par le gros de la gauche internationale au nom de l« anti-impérialisme ». Ceci incluait le parti pro-Moscou Toudeh (les masses) en Iran, qui était influent parmi les ouvriers, en grande partie arabes, du secteur stratégique du pétrole. La Ligue communiste internationale (qui sappelait alors Tendance spartaciste internationale) avait été la seule à mettre en garde dès le début du soulèvement de 1978-1979 que si la classe ouvrière ne rompait pas de façon décisive avec les forces islamistes, la lutte aboutirait à un désastre. Nous disions « A bas le shah ! Ne vous prosternez pas devant Khomeiny ! Pour la révolution ouvrière en Iran ! » Après avoir pris le pouvoir, les mollahs ont soumis les femmes à lesclavage du voile, massacré des milliers de militants de gauche et de syndicalistes, et intensifié la répression contre les Kurdes et les autres minorités.
La tâche de la classe ouvrière en Iran, entraînant derrière elle tous les opprimés, est de renverser le régime islamique et chauvin perse. Forger un parti ouvrier marxiste est crucial dans cette perspective. Il faut construire de tels partis dans tout le Proche-Orient, pour unir le prolétariat arabe, perse, kurde et hébreu, sunnite et chiite, musulman et chrétien dans la lutte contre limpérialisme et contre les sionistes, les mollahs, les colonels, les cheiks et tous les autres pouvoirs capitalistes. La lutte pour le pouvoir ouvrier au Proche-Orient implique comme facteur décisif de faire éclater de lintérieur lEtat-garnison sioniste par une révolution prolétarienne des ouvriers arabes et hébreux. Les partis communistes stalinisés du Proche-Orient, qui ont discrédité cette perspective révolutionnaire, portent une part de responsabilité dans la montée de lintégrisme islamique parmi les masses ouvrières et opprimées. Des partis ouvriers marxistes sont essentiels pour arracher le prolétariat de la région à lintégrisme et à toutes les formes de nationalisme, dans la lutte pour une fédération socialiste du Proche-Orient.
La conquête du pouvoir par le prolétariat ne conclut pas la révolution socialiste, mais ne fait que linaugurer, en changeant la direction du développement social. En labsence de lextension internationale de la révolution, en particulier aux autres centres impérialistes industrialisés avancés, ce développement social sera arrêté, et finalement renversé. La défense de ceux qui sont asservis par les impérialistes dans le monde entier exige de mener la lutte de classe aux Etats-Unis et dans les centres impérialistes, et nécessite au bout du compte une lutte prolétarienne pour le pouvoir. Pour que les impérialistes ne plongent pas lhumanité dans une apocalypse nucléaire, ils doivent être renversés par des révolutions socialistes au niveau international. Ceci souligne la nécessité urgente de reforger la Quatrième Internationale de Trotsky, le parti mondial de la révolution socialiste.
Traduit de Workers Vanguard n° 863, 3 février |
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