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Le Bolchévik nº 175

Mars 2006

A bas le chantage nucléaire des impérialistes !

USA, France, ONU : bas les pattes devant l'Iran !

Nous publions ci-dessous un article paru dans Workers Vanguard (3 février), le journal de nos camarades de la Spartacist League/U.S. aux Etats-Unis. Les impérialistes américains menacent l’Iran, mais l’impérialisme français s’est maintenant joint à lui, notamment avec la spectaculaire déclaration faite par Chirac le 19 janvier. Celle-ci dit que les dirigeants d’Etats « qui envisageraient d’utiliser, d’une manière ou d’une autre, des armes de destruction massive, doivent comprendre qu’ils s’exposent à une réponse ferme et adaptée de notre part. Cette réponse peut être conventionnelle, elle peut aussi être d’une autre nature » (le Figaro, 20 janvier). Ces paroles constituent un avertissement direct à l’Iran en des termes que même le cinglé de la Maison Blanche n’a jamais utilisés. Et, pour montrer que ce n’était pas des paroles en l’air, Chirac a envoyé le porte-avions Charles-de-Gaulle dans le golfe Persique, d’où il est prêt à balancer des missiles nucléaires et conventionnels sur l’Iran. USA, France, ONU, bas les pattes devant l’Iran ! Pour être en mesure de se défendre l’Iran a besoin d’armes nucléaires !

Au niveau de la politique extérieure, la déclaration de Chirac visait à réinsérer l’impérialisme français au Proche-Orient, et d’abord à apporter sa pierre au rapprochement avec les USA entamé avec des pressions impérialistes communes contre la Syrie et à propos du Liban. Alors que la bourgeoisie française se débat pour essayer de conserver un rôle international hérité de l’ère de son empire colonial et aujourd’hui hors de proportion avec le déclin de sa puissance économique, cette déclaration est aussi un rappel à ses rivaux allemands que la France reste, avec la Grande-Bretagne, la seule puissance nucléaire officielle en Europe de l’Ouest. Autrefois la bombe atomique française visait l’Etat ouvrier dégénéré soviétique, maintenant Chirac étend la menace entre autres à ceux qui mettraient en cause ses « approvisionnements énergétiques ». A bas la « force de frappe » de l’impérialisme français !

Fin 2002 et pendant les premiers mois de 2003, pratiquement toute la « gauche » française, des chevènementistes au PS, au PCF et à la LCR, se prosternait à genoux devant Chirac et de Villepin pour ses discours « antiguerre » à l’ONU. Mais Chirac ne s’opposait à l’intervention américaine que dans la mesure où elle ne correspondait pas aux intérêts de l’impérialisme français. Un an plus tôt, avec l’appui du gouvernement Jospin-Buffet, il avait envoyé des milliers de soldats en Afghanistan, qui y sont toujours, soi-disant au nom de la lutte « antiterroriste », voire (ça c’était l’argument de la gauche) par pitié pour les femmes afghanes écrasées sous le poids du voile qui les couvre de la tête aux pieds. Non seulement le nouveau régime afghan fantoche des impérialistes n’a pas modifié d’un iota le sort des femmes afghanes, mais le pays est régulièrement victime d’opérations « antiterroristes » meurtrières des troupes spéciales américaines, françaises, allemandes et autres. Troupes françaises, hors d’Afghanistan, hors des Balkans ! La lutte « antiterroriste » est un mot de code pour renforcer l’oppression raciste ici même en France contre les travailleurs originaires de pays musulmans d’Afrique et leurs enfants. A bas Vigipirate !

La bourgeoisie n’est « pacifique » que quand elle a des moyens plus économiques de piller et violer d’autres peuples, ou quand elle a besoin d’un délai pour réarmer et préparer de nouveaux conflits qu’elle puisse cette fois gagner. A chacun « ses » guerres coloniales : alors même que Bush préparait l’invasion de l’Irak fin 2002 et que la bourgeoisie française parlait de « paix », elle envoyait des milliers de soldats en Côte d’Ivoire. Depuis, le pays, autrefois « vitrine » du néocolonialisme français, est en pleine déliquescence. Impérialisme français, hors de Côte d’Ivoire et hors d’Afrique !

L’Irak était aussi l’occasion de consolider une « union sacrée », déjà scellée dans le vote pour Chirac du PS, du PCF et de la LCR quelques mois auparavant, lors des présidentielles de mai 2002. Avoir canalisé les jeunes et tous ceux opposés à la guerre de Bush en Irak dans une unité nationale chauvine antiaméricaine derrière Chirac a directement permis aux Raffarin, Sarkozy et de Villepin de porter des coups terribles contre la classe ouvrière : début mars 2003 commençaient les déportations de sans-papiers par charters entiers, pour la première fois depuis les années 1980, et deux mois plus tard c’était les retraites de tout le monde qui étaient sur le billot.

Le PS ne s’est nullement gêné pour soutenir ouvertement les rodomontades du cow-boy nucléaire de l’Elysée. Quant au PCF, il s’est fendu d’une déclaration officielle donnée par son responsable des relations internationales, Daniel Cirera, disant notamment que les Européens, dont la France, « doivent rejeter avec la plus grande fermeté tout ce qui laisserait entendre que dans cette crise ils se laissent entraîner un tant soit peu dans la stratégie impérialiste américaine » (l’Humanité, 15 février). Cirera propose plutôt une stratégie impérialiste antiaméricaine française, soulignant que « les Européens […] doivent, en privilégiant absolument une solution diplomatique, mettre l’Iran devant ses responsabilités pour qu’elle remplisse ses obligations de transparence envers l’AIEA, dans le respect de son droit à accéder à l’énergie civile, conformément au TNP [Traité de non-prolifération nucléaire]. » Sûrement avec des centrales électriques made in France par Areva.

Les déclarations de Chirac sur les menaces « terroristes » ont le même objectif que celles de Bush : pouvoir éventuellement permettre de mobiliser la population derrière une intervention armée impérialiste, et légitimer la terreur raciste contre les travailleurs issus notamment de pays musulmans d’Afrique et leurs enfants. Le chauvinisme des directions des partis ouvriers et des syndicats, leur refus d’engager la classe ouvrière à défendre les secteurs les plus vulnérables de la classe ouvrière – les immigrés et leurs enfants, comme on a pu encore le voir lors des émeutes dans les banlieues en novembre dernier – pavent la voie à la division de la classe ouvrière et à sa paralysie. A bas la collaboration de classes !

* * *

Moins de trois ans après l’invasion et l’occupation de l’Irak, l’impérialisme US a maintenant pris l’Iran pour cible. Affirmant que l’Iran cherche à développer des armes nucléaires, le président Bush a délivré le 26 janvier un ultimatum : « Vos désirs de posséder une arme sont inacceptables » (New York Times, 27 janvier). C’est fort de café venant du président d’un pays avec un stock d’engins nucléaires capable de détruire plusieurs fois le monde. La bourgeoisie américaine est la seule à avoir utilisé des armes nucléaires, quand elle a anéanti 200 000 personnes à Hiroshima et Nagasaki en 1945, et le gouvernement américain affiche aujourd’hui une politique d’attaque nucléaire « préventive » contre tout pays qu’il considèrera comme une menace.

Il y a clairement un accord dans tout le spectre politique bourgeois américain, depuis les fanatiques religieux à la Maison Blanche jusqu’au Parti Démocrate, comme quoi il faut « s’occuper » de l’Iran. En fait, une critique souvent adressée à Bush par les Démocrates est que l’occupation de l’Irak a été une diversion qui a empêché de s’occuper plus vigoureusement de l’Iran, ainsi que de l’Etat ouvrier déformé nord-coréen. La sénatrice Hillary Clinton a récemment dénoncé Bush pour être mou sur l’Iran : « Je crois que nous avons perdu un temps précieux pour nous occuper de l’Iran, parce que la Maison Blanche a choisi de minimiser les menaces » (Washington Post, 20 janvier).

Un autre groupe de va-t-en-guerre fanatiques mobilisés contre l’Iran sont les dirigeants sionistes d’Israël. Le Sunday Times britannique (11 décembre 2005) rapporte que les forces armées israéliennes ont reçu l’ordre « d’être prêtes d’ici fin mars pour d’éventuelles frappes contre les sites secrets d’enrichissement de l’uranium en Iran ». Et le 21 janvier, le ministre de la Défense israélien Shaul Mofaz se faisait menaçant : « Israël ne pourra pas accepter une capacité nucléaire iranienne, et il doit avoir la capacité de se défendre, avec tout ce que cela implique, et nous nous y préparons » (site Internet du Spiegel, 23 janvier).

Dans l’éventualité d’une agression militaire contre l’Iran de la part de l’impérialisme US, d’Israël ou de toute autre force agissant pour le compte des impérialistes, nous, marxistes, déclarons que le prolétariat international doit se positionner pour la défense militaire de l’Iran contre une agression impérialiste. En même temps, nous n’accordons pas un iota de soutien politique au régime réactionnaire de Téhéran. Notre défense du pays capitaliste qu’est l’Iran est conditionnelle : dans des conflits militaires entre une puissance impérialiste et un pays semi-colonial dépendant, notre politique est le défensisme révolutionnaire. Nous défendons le pays opprimé contre le pays oppresseur, et nous préconisons la lutte de classe dans les centres impérialistes ainsi que dans le pays opprimé. Chaque victoire des impérialistes dans leurs aventures militaires encourage de nouvelles guerres prédatrices ; chaque revers contribue à favoriser les luttes des travailleurs et des opprimés.

La bourgeoisie américaine, avec ses médias à la remorque, joue sur toutes les cordes sensibles pour attiser l’hystérie sur la « menace » iranienne. Ils dépeignent le régime islamique iranien comme une bande de fous furieux fanatiques. Mais les vrais fous furieux nucléaires sont les intégristes chrétiens qui dirigent l’impérialisme US, et qui ne seront peut-être pas dissuadés d’attaquer l’Iran par les obstacles qu’ils rencontreront sur leur chemin. Les vrais ennemis des travailleurs, des minorités et des opprimés aux Etats-Unis, c’est la bourgeoisie américaine. La classe dominante qui menace aujourd’hui l’Iran est la même classe capitaliste qui sabre les retraites, le système de santé et les emplois des travailleurs américains, et qui met en pièces les droits démocratiques au nom de la « guerre contre le terrorisme » réactionnaire.

Dans une lettre au New York Times (29 janvier), le responsable du service de presse de la mission iranienne à l’ONU insistait que « l’Iran n’a pas pour ambition de construire des armes nucléaires », et notait que le travail de recherche nucléaire iranien « est complètement conforme au Traité de non-prolifération nucléaire ». Le fait est que dans le contexte des menaces proférées par les impérialistes dotés d’armes nucléaires, l’Iran a désespérément besoin, pour se défendre, d’armes nucléaires et de systèmes de lancement adéquats. Dans le monde d’aujourd’hui, la possession d’armes nucléaires est devenue le seul critère réel de souveraineté nationale. La destruction contre-révolutionnaire de l’Etat ouvrier dégénéré soviétique en 1991-1992 a supprimé le principal contrepoids militaire et politique à l’impérialisme US. Depuis lors, la bourgeoisie américaine a développé une politique d’utilisation de son écrasante puissance militaire, qui dépasse de loin même celle des puissances impérialistes rivales, pour empêcher le développement de tout ce qui est perçu comme une remise en cause de la domination américaine.

Dans une lettre au New York Times (17 janvier) à propos d’un éditorial, un lecteur notait avec à-propos :

« Vous écrivez que “personne à ce jour n’a proposé de bonne manière de détourner l’Iran de ses projets nucléaires”. Mais il est évident que l’Iran veut la bombe principalement pour contrer l’ambition à peine dissimulée des durs de l’administration Bush de provoquer par la force un “changement de régime” dans ce pays.

« Après avoir vu ce qui est arrivé en Irak, et après avoir écouté la rhétorique sur “l’axe du mal”, n’importe quel dirigeant militaire iranien patriote doit être en train de conseiller à son gouvernement que seule une bombe dissuadera les Etats-Unis. »

La nature réactionnaire du régime des mollahs iraniens ne diminue en aucune manière le devoir des révolutionnaires prolétariens de se tenir aux côtés de l’Iran contre l’impérialisme US. Quand l’Italie de Mussolini envahit l’Ethiopie en 1935, le dirigeant bolchévique Léon Trotsky répondit aux inquiétudes des militants prolétariens qui renâclaient à défendre l’Ethiopie à cause du régime réactionnaire de Haïlé Sélassié, qui perpétuait l’esclavage dans ce pays :

« Si Mussolini l’emporte, cela signifiera le renforcement du fascisme, la consolidation de l’impérialisme et le découragement des peuples coloniaux en Afrique et ailleurs. La victoire du Négus, en revanche, constituerait un coup terrible pour l’impérialisme dans son ensemble et donnerait un élan puissant aux forces rebelles des peuples opprimés. »

– Léon Trotsky, « A propos des dictateurs et des hauteurs d’Oslo », avril 1936

Aujourd’hui, l’Iran a autant besoin d’armes nucléaires pour parer à une menace américaine que l’Ethiopie, dans les années 1930, avait besoin de Mausers pour parer à l’agression des impérialistes italiens. USA, bas les pattes devant l’Iran ! Pour le retrait immédiat et inconditionnel de tous les soldats et toutes les bases militaires US d’Irak, d’Afghanistan et d’Asie centrale !

Pour une opposition lutte de classe à l’impérialisme !

Le seul Etat qui aujourd’hui dispose d’armes nucléaires au Proche-Orient, c’est Israël, allié clé des Etats-Unis, et dont les dirigeants ont à maintes reprises clairement signifié qu’ils étaient prêts à faire usage de ces armes. Les fous furieux qui dirigent l’Etat sioniste ont comme politique – baptisée « option Samson » par le journaliste Seymour Hersh – de plonger la région tout entière dans un holocauste nucléaire si Israël était menacé d’une défaite militaire. En 1986, le technicien nucléaire israélien Mordechaï Vanunu a prouvé au monde entier qu’Israël avait des armes nucléaires – à l’époque, plus de 200 têtes nucléaires, dont un grand nombre étaient braquées sur l’Union soviétique. Pour cet acte de courage, Vanunu a passé près de vingt ans dans les cachots israéliens.

Alors que les Etats-Unis et Israël menacent ouvertement de faire usage de leurs armes atomiques, le régime iranien actuel déclare que l’utilisation d’armes nucléaires est contraire aux convictions islamiques. Un livre paru en 1989, The Longest War : The Iran-Iraq Military Conflict [La guerre la plus longue : le conflit militaire Iran-Irak], de Dilip Hiro, notait que quand des officiers iraniens proposèrent à l’ayatollah Khomeiny d’utiliser des armes chimiques en réponse à l’emploi massif par l’Irak de ce type d’armes pendant la guerre Iran-Irak de 1980-1988, « il aurait réitéré le refus qu’il avait précédemment exprimé, sur la base de l’argument que l’islam interdit à ses combattants de polluer l’atmosphère, même au cours d’un djihad, une guerre sainte ». A la fin de la guerre, qui était réactionnaire des deux côtés, les enquêtes des Nations Unies ne trouvèrent aucune preuve que l’Iran ait utilisé des armes chimiques. Au contraire, après que l’Allemagne a utilisé des gaz toxiques à base de chlore pendant la Première Guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne répliquèrent avec leurs propres attaques aux gaz toxiques. L’Iran a ainsi plus de crédibilité en la matière que les puissances impérialistes.

Un document daté du 15 mars 2005 soumis pour discussion dans le Pentagone, « Doctrine for Joint Nuclear Operations » [Doctrine pour des opérations nucléaires conjointes], dont le contenu a été révélé à l’automne dernier, appelle à donner aux « commandants des forces combinées » l’autorité de lancer des attaques nucléaires dans un certain nombre de scénarios. « Il est essentiel », affirme ce document, « que les forces américaines soient déterminées à employer des armes nucléaires si nécessaire, pour prévenir l’utilisation d’armes de destruction massives ou riposter à leur emploi ». Avec de telles directives, les commandants auraient eu l’autorité nécessaire pour lancer une frappe nucléaire contre l’Irak en 2003. Parmi les individus à qui on donnerait cette autorité figurent des gens comme le lieutenant-général à la retraite William G. Boykin qui déclarait à propos d’une bataille en Somalie avec un seigneur de la guerre musulman : « Je savais que mon dieu est plus grand que le sien. »

Le système capitaliste, irrationnel, anarchique et guidé par le profit, est devenu encore plus irrationnel dans cette époque de décadence impérialiste. Les massacres de masse sont l’expression concentrée et la logique ultime du fonctionnement « normal » brutal du système capitaliste, qui condamne quotidiennement à mort d’innombrables êtres humains, dans le monde entier, par malnutrition, manque de soins médicaux et « accidents du travail ».

Ce qu’il faut, c’est une opposition lutte de classe à l’impérialisme US de la part du prolétariat multiracial des Etats-Unis. Le principal obstacle sur cette voie, c’est la bureaucratie syndicale procapitaliste qui, en acceptant le système du profit capitaliste et en défendant les intérêts de l’impérialisme US au niveau international, enchaîne la classe ouvrière à l’ennemi de classe. La classe ouvrière a besoin d’une direction révolutionnaire. Pour que la classe ouvrière, les minorités et la jeunesse aient un avenir autre qu’une exploitation forcenée, le chômage, la répression et la guerre, pour que les masses plongées dans la misère, dans le monde entier, aient un avenir autre que la famine et le joug impérialiste, c’est le système tout entier qui doit être détruit à la racine par des révolutions socialistes, et remplacé au niveau international par une économie planifiée et rationnelle. La Spartacist League lutte pour construire un parti ouvrier révolutionnaire – une section américaine d’une Quatrième Internationale reforgée – qui dirigera le prolétariat américain dans un combat pour balayer le système impérialiste rapace et instaurer le pouvoir ouvrier.

Défense de la Chine !

Les bruits de bottes américaines contre l’Iran représentent aussi une grave menace pour la Chine. Sorti victorieux de la guerre froide contre l’URSS, l’impérialisme US a maintenant comme cible stratégique l’Etat ouvrier déformé chinois, où le régime capitaliste a été renversé par la révolution de 1949. Les impérialistes poursuivent une stratégie à deux facettes pour restaurer le capitalisme en Chine : pénétration économique et pression militaire.

Un article de l’Asia Times (2 décembre 2004) notait que « De plus en plus, l’image de la République islamique d’Iran comme une sorte d’Etat de la ligne de front dans la coalition mondiale d’après-guerre froide contre l’hégémonie américaine devient omniprésente chez les théoriciens de la politique étrangère chinoise et russe. » La Chine reçoit de l’Iran 14 % du pétrole nécessaire à son économie en pleine croissance. Fin 2004, la Chine a signé avec l’Iran un accord de 70 milliards de dollars en pétrole et en gaz naturel sur une durée de 30 ans, accord aux termes duquel la compagnie pétrolière d’Etat chinoise Sinopec a obtenu une part de 51 % dans le champ pétrolifère iranien de Yadavaran, dont les réserves sont estimées à trois milliards de barils.

L’impérialisme US a placé des bases militaires en Asie centrale, avec pour objectifs un encerclement stratégique de la Chine, et d’appuyer les efforts américains pour contrôler les ressources pétrolières à la fois contre la Russie capitaliste et l’Etat ouvrier chinois. Bien qu’enlisés en Irak, les Etats-Unis poursuivent une « politique d’endiguement » à l’encontre de la Chine, y compris en renforçant les liens militaires avec l’impérialisme japonais – par exemple avec le pacte USA-Japon signé l’année dernière pour défendre l’île capitaliste de Taïwan contre la Chine rouge. L’année dernière, les Etats-Unis ont accepté de fournir à l’Inde, qui dispose de l’arme nucléaire, des technologies nucléaires supplémentaires pour tenter « de renforcer les liens avec l’Inde, en partie comme contrepoids à la Chine » (New York Times, 19 juillet 2005). Pour le dire simplement : c’est OK pour les alliés de l’impérialisme US d’avoir des armes atomiques, mais pas pour les prétendus « Etats voyous ».

En tant que trotskystes, nous luttons pour la défense militaire inconditionnelle des derniers Etats ouvriers déformés – Chine, Corée du Nord, Vietnam et Cuba – contre les agressions militaires et la contre-révolution capitaliste. C’est ainsi que nous soutenons le droit de la Chine et de la Corée du Nord à tester et à posséder des armes nucléaires qui constituent une dissuasion nécessaire contre le chantage nucléaire impérialiste. Le modeste arsenal nucléaire chinois est à cet égard un important facteur d’une telle dissuasion.

Il est vital que la Chine s’oppose aux efforts impérialistes pour désarmer l’Iran. Mais le régime stalinien de Pékin, tout en s’opposant en paroles aux sanctions de l’ONU contre l’Iran, collabore avec les impérialistes. De concert avec la Russie, la Chine vient d’accepter, à la demande des Américains et des Européens, que l’Iran soit traîné devant le Conseil de sécurité de l’ONU. De même, la Chine a servi d’intermédiaire dans des « négociations » impérialistes visant à stopper le développement d’armes nucléaires par la Corée du Nord, qui l’année dernière a annoncé qu’elle avait développé de telles armes. Le rôle de Pékin était particulièrement criminel, étant donné que tout ce qui sape la défense de l’Etat ouvrier déformé nord-coréen retombera sur l’Etat ouvrier déformé chinois.

La politique de « coexistence pacifique » des staliniens de Pékin avec l’impérialisme sape la défense elle-même de la Chine. Nous luttons pour des révolution politiques ouvrières dans les Etats ouvriers déformés pour chasser les bureaucraties staliniennes et les remplacer par des régimes basés sur des conseils ouvriers et paysans démocratiquement élus. De tels régimes révolutionnaires devront être guidés par un programme d’internationalisme révolutionnaire, luttant pour étendre le pouvoir prolétarien par la révolution socialiste internationale, en particulier dans les centres impérialistes, aux Etats-Unis, au Japon et en Europe de l’Ouest.

Cow-boys nucléaires incontrôlés

Depuis 2003, l’Iran est soumis aux inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui n’a trouvé aucune preuve d’un programme d’armes nucléaires. Après l’annonce par l’Iran, le 3 janvier, qu’il redémarrerait son usine d’enrichissement de Natanz, Bush cherche à amener ce pays devant le Conseil de sécurité de l’ONU pour que lui soient infligées des sanctions. Les sanctions économiques sont un acte de guerre. Les guerres de 1991 et de 2003 contre l’Irak ont toutes les deux été précédées et préparées par des sanctions imposées par l’ONU.

La Maison Blanche de Bush a fait siennes beaucoup de positions du groupe de réflexion néoconservateur sioniste « Project for the New American Century » [Projet pour le nouveau siècle américain], qui préconise depuis longtemps un « changement de régime » en Iran ainsi qu’en Irak, le tout étant censé contribuer à assurer le contrôle des Etats-Unis sur le Proche-Orient. Un aspect central de cette perspective est la création d’un « cordon sanitaire » autour d’Israël, en installant des régimes soumis dans les pays voisins.

Dans un article intitulé « The Coming Wars » [Les guerres à venir] et publié le 24 janvier 2005 dans le New Yorker, Seymour Hersh écrit :

« L’administration [Bush] conduit des missions de reconnaissance secrètes en Iran au moins depuis l’été dernier. Celles-ci visent essentiellement à accumuler des renseignements et des informations ciblant les sites nucléaires, chimiques et de missiles iraniens, tant ceux qui sont déclarés que ceux qui sont suspectés. Le but est d’identifier et d’isoler une douzaine, peut-être davantage, de telles cibles, qui pourraient être détruites par des frappes de précision et des raids de commandos de courte durée. »

Des politiciens israéliens ont laissé entendre qu’Israël, qui avait bombardé le réacteur nucléaire irakien d’Osirak en 1981, pourrait bombarder les installations nucléaires iraniennes. Avec la récente victoire du Hamas dans les élections législatives palestiniennes, les dirigeants sionistes vont probablement redoubler leurs dénonciations hystériques du « terrorisme islamique », à la fois pour intensifier les menaces contre l’Iran et pour accroître la répression du peuple palestinien. Les Etats-Unis, qui l’année dernière ont livré à Israël 500 bombes « anti-bunkers », pourraient donner à Israël le feu vert pour attaquer l’Iran. Mais contrairement à l’Irak de 1981, l’Iran possède aujourd’hui au moins neuf complexes différents, principalement souterrains, ce qui rend une telle opération beaucoup plus difficile. L’Iran a averti qu’il répliquerait à une attaque en frappant Israël et les forces occidentales dans le golfe Persique, et un général iranien a souligné que « Le monde sait que l’Iran a une force de missiles balistiques avec une portée de 2 000 km » (Observer de Londres, 29 janvier).

Il existe de nombreux obstacles à une attaque américaine contre l’Iran. Comme ce pays détient 10 % des réserves mondiales de pétrole, une attaque ferait bondir à un niveau encore plus élevé le prix du pétrole sur le marché international, ce qui déclencherait probablement une crise économique internationale. En outre, l’armée américaine est utilisée au maximum pour assurer l’occupation brutale de l’Irak. Dans de telles circonstances, les Etats-Unis ne peuvent pas occuper un pays de la taille et de la population de l’Iran sans rétablir la conscription, ce qui ne serait pas très populaire auprès d’une population américaine de plus en plus opposée à l’occupation de l’Irak. Par ailleurs, une conséquence non intentionnelle de l’occupation américaine est que des partis chiites historiquement liés au régime chiite iranien sont maintenant au pouvoir en Irak. Une attaque contre l’Iran mettrait en rage la majorité chiite irakienne et rassemblerait une grande partie de la population iranienne derrière le régime intégriste de Téhéran.

La France et l’Allemagne soutiennent l’exigence américaine que le Conseil de sécurité de l’ONU « s’occupe » de l’Iran, ce qui pourrait conduire à des sanctions. Bush a trouvé une alliée en la personne de la nouvelle chancelière de droite allemande, Angela Merkel, qui a déclaré lors d’une conférence de presse le 29 janvier à Jérusalem qu’un Iran possédant l’arme nucléaire « n’est pas juste une menace pour Israël, mais aussi pour les pays démocratiques du monde entier » (New York Times, 30 janvier). De son côté, le président français Jacques Chirac a déclenché une tempête politique en Europe en annonçant sa propre doctrine de guerre nucléaire préventive. Menaçant « les dirigeants d’Etats qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous, tout comme ceux qui envisageraient d’utiliser, d’une manière ou d’une autre, des armes de destruction massive », il déclarait que la « réponse » de la France, dotée d’armes nucléaires, « peut être conventionnelle, elle peut aussi être d’une autre nature. »

Mais l’Allemagne, qui a d’importantes relations commerciales avec l’Iran, et la France, qui a d’importants investissements dans ce pays, ont aussi cherché à contrebalancer le bellicisme américain en préconisant des « négociations » et des pressions diplomatiques. Même le gouvernement britannique, indéfectiblement pro-américain, a déclaré, par la bouche du ministre des Affaires étrangères Jack Straw, qu’il « n’y a pas d’option militaire ». Cherchant à se couvrir, l’administration Bush a annoncé qu’elle soutenait une récente proposition russe qui permettrait à l’Iran de faire fonctionner des installations nucléaires civiles à condition que l’enrichissement de l’uranium soit réalisé sur le sol russe. Les responsables iraniens n’ont pas rejeté cette proposition, tout en estimant qu’elle n’est « pas suffisante pour les besoins en énergie de l’Iran ».

Le pouvoir aux ouvriers !

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, arrivé aux affaires en juin, est un réactionnaire qui colporte un antisémitisme empoisonné. En novembre, il a qualifié le massacre de six millions de Juifs lors de l’holocauste nazi de « mythe », et déclaré qu’Israël devait être « rayé de la carte du monde ».

La « révolution islamique » iranienne de 1979, qui a renversé le shah soutenu par la CIA, avait été soutenue par le gros de la gauche internationale au nom de l’« anti-impérialisme ». Ceci incluait le parti pro-Moscou Toudeh (les masses) en Iran, qui était influent parmi les ouvriers, en grande partie arabes, du secteur stratégique du pétrole. La Ligue communiste internationale (qui s’appelait alors Tendance spartaciste internationale) avait été la seule à mettre en garde dès le début du soulèvement de 1978-1979 que si la classe ouvrière ne rompait pas de façon décisive avec les forces islamistes, la lutte aboutirait à un désastre. Nous disions « A bas le shah ! Ne vous prosternez pas devant Khomeiny ! Pour la révolution ouvrière en Iran ! » Après avoir pris le pouvoir, les mollahs ont soumis les femmes à l’esclavage du voile, massacré des milliers de militants de gauche et de syndicalistes, et intensifié la répression contre les Kurdes et les autres minorités.

La tâche de la classe ouvrière en Iran, entraînant derrière elle tous les opprimés, est de renverser le régime islamique et chauvin perse. Forger un parti ouvrier marxiste est crucial dans cette perspective. Il faut construire de tels partis dans tout le Proche-Orient, pour unir le prolétariat – arabe, perse, kurde et hébreu, sunnite et chiite, musulman et chrétien – dans la lutte contre l’impérialisme et contre les sionistes, les mollahs, les colonels, les cheiks et tous les autres pouvoirs capitalistes. La lutte pour le pouvoir ouvrier au Proche-Orient implique comme facteur décisif de faire éclater de l’intérieur l’Etat-garnison sioniste par une révolution prolétarienne des ouvriers arabes et hébreux. Les partis communistes stalinisés du Proche-Orient, qui ont discrédité cette perspective révolutionnaire, portent une part de responsabilité dans la montée de l’intégrisme islamique parmi les masses ouvrières et opprimées. Des partis ouvriers marxistes sont essentiels pour arracher le prolétariat de la région à l’intégrisme et à toutes les formes de nationalisme, dans la lutte pour une fédération socialiste du Proche-Orient.

La conquête du pouvoir par le prolétariat ne conclut pas la révolution socialiste, mais ne fait que l’inaugurer, en changeant la direction du développement social. En l’absence de l’extension internationale de la révolution, en particulier aux autres centres impérialistes industrialisés avancés, ce développement social sera arrêté, et finalement renversé. La défense de ceux qui sont asservis par les impérialistes dans le monde entier exige de mener la lutte de classe aux Etats-Unis et dans les centres impérialistes, et nécessite au bout du compte une lutte prolétarienne pour le pouvoir. Pour que les impérialistes ne plongent pas l’humanité dans une apocalypse nucléaire, ils doivent être renversés par des révolutions socialistes au niveau international. Ceci souligne la nécessité urgente de reforger la Quatrième Internationale de Trotsky, le parti mondial de la révolution socialiste.

– Traduit de Workers Vanguard n° 863, 3 février

le Bolchévik no. 175

Le Bolchévik nº 175

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A bas la directive antisyndicale Bolkestein !

Pour la solidarité internationale des travailleurs, à l’Est et à l’Ouest !

Il faut briser les tentatives racistes des patrons de diviser pour mieux régner !