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Le Bolchévik nº 226 |
Décembre 2018 |
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Pour un gouvernement ouvrier et paysan centré sur les Kanak ! Indépendance pour Kanaky !
Le référendum qui s’est tenu le 4 novembre en Nouvelle-Calédonie a donné le « non » à l’indépendance vainqueur, mais avec une majorité inférieure à 57 %. C’est la douche froide pour les loyalistes partisans de la France, qui escomptaient 10 à 20 points de plus. La lutte pour l’indépendance, suspendue depuis trente ans à la tenue de ce référendum, est relancée par le caractère étriqué de la victoire loyaliste.
La jeunesse kanak, qu’on disait indifférente, voire de plus en plus loyaliste, s’est en réalité mobilisée en masse pour voter pour l’indépendance. La participation plus faible dans les îles Loyauté, qui sont indépendantistes de façon écrasante, montre qu’une partie des Kanak se sont abstenus non par indifférence mais parce qu’ils doutent, à juste titre, de la sincérité d’un scrutin organisé par la puissance coloniale. L’USTKE (Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités), le principal syndicat kanak, bien implanté dans les îles, avait de ce fait appelé à ignorer le scrutin.
Ce référendum marque une page sombre de plus pour la gauche française sur la question coloniale : nous sommes à notre connaissance les seuls à avoir pris position pour le « oui » à l’indépendance avant le référendum. Comme le montrait notre camarade Alexis Henri dans son discours au meeting parisien de la LTF du 25 octobre, que nous reproduisons ci-après revu pour publication, LO s’était distinguée par son hostilité hypocrite à l’indépendance.
LO s’est retrouvée à la droite du PCF, qui a manifesté une sympathie certaine pour les indépendantistes même si c’était surtout, comme d’habitude, pour promouvoir en cas de victoire du « oui » une politique néocoloniale juste de la part du « pays des droits de l’Homme » : « Notre pays [la France] aura également à définir avec la nouvelle nation des rapports financiers et des partenariats étroits et respectueux permettant le développement économique et social du territoire-nation » (déclaration du PCF, 30 octobre).
Les lambertistes du POID s’étaient esquivés derrière l’USTKE. Quant au NPA, il a profité des divergences sur le référendum entre l’USTKE et les autres indépendantistes (tous favorables au « oui ») pour déclarer : « Il ne nous appartient pas de décider à la place des Kanak, ni de leur avenir ni de leur attitude par rapport au référendum » (l’Anticapitaliste, 25 octobre). Avec une « avant-garde » de ce genre, les Kanak n’ont pas besoin d’arrière-garde ! Nous trotskystes luttons au contraire pour mobiliser la classe ouvrière, ici et là-bas, pour arracher l’indépendance de Kanaky des griffes de l’impérialisme français, et pour forger un parti révolutionnaire d’avant-garde léniniste-trotskyste.
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Chers camarades et amis,
Le 4 novembre prochain va se tenir un référendum en Kanaky sur la question : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? » Contrairement au référendum de 1988 qui portait sur l’approbation ou pas d’un nouveau statut colonial, cette fois-ci la question est clairement posée et nous appelons à voter « oui ». Même si le « non » l’emporte, nous nous basons sur la lutte des Kanak contre l’occupation française depuis plus d’un siècle et demi pour revendiquer fermement l’indépendance immédiate, quel que soit le résultat de ce référendum et des référendums suivants éventuels de 2020 et 2022, et nous sommes pour virer l’impérialisme français de tout le Pacifique.
L’indépendance serait un énorme pas en avant pour le peuple kanak et pour tous les travailleurs et opprimés de l’archipel. Ce serait une défaite pour l’impérialisme français, et par conséquent ce serait favorable à la lutte des classes ici. Le précédent le plus éloquent à cet égard est l’indépendance de l’Algérie, qui avait préparé la voie à Mai 68, comme nous l’expliquons dans le Bolchévik de septembre.
En même temps, nous sommes bien conscients que l’indépendance à elle seule n’affranchirait pas pour autant la Kanaky de la domination et de l’oppression capitalistes impérialistes. On peut voir comment l’impérialisme français en particulier continue aujourd’hui encore de chercher à « punir » le Vanuatu voisin (ex-« Nouvelles-Hébrides ») pour s’être affranchi de la tutelle directe de la France et de la Grande-Bretagne en 1980.
C’est pourquoi notre perspective pour la Kanaky, c’est un gouvernement ouvrier et paysan centré sur les Kanak. Un tel gouvernement serait bien conscient de la nécessité vitale de lutter pour étendre la révolution jusqu’aux centres impérialistes du Pacifique, c’est-à-dire l’Australie, le Japon et les Etats-Unis, et jusqu’à l’ancienne puissance coloniale française. C’est la perspective de la révolution permanente de Trotsky.
L’histoire héroïque de lutte du peuple kanak contre le colonialisme français
Le peuple kanak n’a pratiquement jamais cessé de lutter contre l’occupation de son pays par les forces françaises. La « prise de possession » de l’île en 1853 fut marquée par d’innombrables révoltes pendant des années, généralement noyées dans le sang. Il y eut notamment la révolte de 1878, dirigée par le grand chef Ataï, qui porta un coup d’arrêt pendant plus de 15 ans à l’accaparement des terres par les colons.
Louise Michel, l’une des héroïnes survivantes de la Commune de Paris, déportée là-bas, se solidarisa fameusement avec la révolte il faut d’ailleurs souligner qu’elle fut bien seule à l’époque. Le mouvement ouvrier français, qui commençait à peine à renaître après le massacre des Communards, a une histoire sordide sur la question coloniale, si l’on exclut la période du jeune Parti communiste dans les années 1920, produit de la Révolution russe d’octobre 1917. Je reviendrai tout à l’heure sur cette question, y compris sur les graves déviations de la LTF dans les années 1980.
A chaque défaite des Kanak, l’Etat français en profita pour perpétrer de nouveaux massacres et saisir les terres des vaincus. Il prit pratiquement toutes les plaines côtières et les vallées pour peu à peu « cantonner » les Kanak dans des « réserves » constituées des terres les plus montagneuses et infertiles, à peine 8 % de la superficie de la Grande Terre.
En avril 1917 éclata une nouvelle révolte dans le Nord du pays, notamment contre la conscription pour les champs de bataille en Europe. Là encore les troupes coloniales l’emportèrent. Il y eut au total non loin de 300 morts parmi les Kanak. Dans les années 1920 le travail forcé fut généralisé. Il était alors en vigueur partout dans l’empire colonial français.
A la fin des années 1920, après trois quarts de siècle d’« uvre civilisatrice » de la France, la population kanak avait été divisée par 2 voire par 4 (selon les estimations)par rapport à la situation un siècle plus tôt ; ils étaient devenus moins de 30 000. L’administration coloniale envisageait sérieusement la disparition pure et simple du peuple kanak. Il n’y avait pas un seul médecin kanak, ni même un seul bachelier.
Les Kanak n’avaient pas le droit de sortir des réserves sauf s’ils étaient étroitement encadrés pour aller travailler. L’administration coloniale avait regroupé les clans dans des tribus arbitrairement créées au gré des cantonnements, et elle avait nommé des chefs de tribu pour lui servir de relais au mépris des règles qui prévalaient parmi les Kanak sur l’autorité des chefs de clan.
Mais les Kanak continuèrent de résister à leur annihilation. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la Nouvelle-Calédonie représenta un enjeu stratégique dans la guerre du Pacifique. Ce fut pendant deux ans l’une des principales bases militaires américaines, avec des dizaines de milliers de soldats stationnés en permanence. Nos camarades aux Etats-Unis ont pas mal écrit sur le racisme contre les noirs dans l’armée à cette époque, mais pour les Kanak de voir le traitement auquel avaient droit les soldats noirs américains était source d’inspiration par rapport à la férule française. Le seul point sur lequel les impérialistes français se révélèrent moins réactionnaires (ou plus hypocrites) que leurs encombrants alliés américains, c’est qu’ils refusèrent de mettre en place des bordels qui soient ségrégés racialement.
Pour la première fois, des milliers de Kanak eurent accès à des emplois salariés afin de satisfaire les besoins logistiques des troupes américaines. A la sortie de la guerre les colons n’étaient plus en position de réimposer la pratique moyenâgeuse du travail forcé. Au vu des moyens matériels déployés par l’armée américaine, les Kanak avaient pu se rendre compte que les gaullistes étaient des minables en comparaison.
De plus il y avait une croissance exponentielle du Parti communiste parmi les Kanak, grâce au travail de Jeanne Túnica y Casas qui leur promettait l’égalité complète avec les blancs, même si c’était dans le cadre du chauvinisme tricolore. Mais Túnica y Casas dut se réfugier en Australie après que sa maison fut plastiquée (très possiblement par l’Etat français, alors même que le PCF était au gouvernement). Les curés catholiques et protestants, d’habitude à couteaux tirés, s’unirent pour contrer la menace communiste en déclarant partout que les communistes allaient prendre aux Kanak les quelques terres qui leur restaient. C’est l’origine de l’Union calédonienne, qui avait une base parmi les Kanak car elle était pour une plus forte participation des Kanak aux affaires publiques et avançait quelques mesures sociales en leur faveur.
Mais, dans les années 1950, l’insertion croissante des Kanak dans le prolétariat, y compris dans les mines de nickel et les usines de transformation du minerai, marqua le mouvement syndical naissant de la lutte pour l’égalité salariale entre les différentes ethnies. Les Kanak conquirent le droit de vote à partir de cette période (du moins sur le papier, car beaucoup ne sont comme par hasard toujours pas inscrits).
La Nouvelle-Calédonie fut reprise en main par la métropole après le coup d’Etat gaulliste de 1958. Les gaullistes voulaient garder le contrôle sur le nickel depuis Paris, et ils revinrent sur les mesures d’autonomie décrétées par Defferre en 1956 sous le gouvernement de Guy Mollet (c’était l’époque de la guerre d’Algérie). La réaction s’abattit sur les Kanak et la pression sur leurs terres s’accentua. En réaction, une nouvelle vague de lutte commençait à se préparer. Elle fut un produit direct de Mai 68. Des étudiants calédoniens en France, blancs et noirs, se radicalisèrent en résultat de la grande grève générale. Ce fut le mouvement des Foulards rouges, et un autre groupe qui s’appelait Groupe 1878 en souvenir de la grande révolte du chef Ataï.
Toute cette effervescence conduisit peu à peu l’Union calédonienne (UC) vers l’indépendantisme. La plupart des broussards blancs quittèrent ce parti, son président Pierre Declercq, un catholique de gauche d’origine métropolitaine, fut assassiné par des loyalistes en 1981. L’UC se retrouva au cur d’un Front indépendantiste.
Evidemment les vagues paroles lénifiantes de Mitterrand sur le sort des Kanak n’avaient rien à voir avec une quelconque sympathie pour leur libération. Mitterrand, qui avait été dans les années 1930 avec les fascistes de la Cagoule, puis au gouvernement de Vichy, était celui qui, dans les années 1940, avait réussi à retourner l’Ivoirien Houphouët-Boigny, alors député RDR (allié au Parti communiste français). Houphouët allait devenir le pilier de la Françafrique. Mitterrand, homme de l’Algérie française, avait sur les mains le sang d’innombrables militants algériens en tant que ministre des flics et ministre de la guillotine pendant la guerre d’Algérie.
Le Front indépendantiste, renommé FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), boycotta les élections coloniales de 1984. Le secrétaire général de l’UC, Eloi Machoro, eut un geste fameux et héroïque en détruisant une urne à la hache. Mitterrand le fit tout simplement assassiner par un commando de tueurs du GIGN, tout en attisant le chauvinisme français en faisant croire à un complot de la perfide Albion et des sujets australiens de Sa Majesté pour chasser la France du Pacifique.
La révolte kanak dura plusieurs années. Les Kanak eurent des dizaines de morts, tués par des broussards racistes et/ou par les forces de l’Etat français. Je n’ai pas le temps ici de m’étendre sur ce soulèvement, mais je dirai que le point tournant fut le massacre d’Ouvéa, dans les îles Loyauté, où 19 Kanak furent assassinés un certain nombre d’entre eux de sang-froid par les troupes spéciales françaises après la prise d’assaut d’une grotte.
Ce massacre eut lieu en pleine élection présidentielle française de 1988. Le sang des Kanak contribua à la défaite de Chirac. Malheureusement le chauvinisme de la gauche française fit que cela contribua en définitive simplement à la réélection de Mitterrand, avec comme Premier ministre Rocard, l’un des mentors de Macron.
Rocard savait manier aussi la carotte en complément de la violence sanguinaire que venaient de subir les Kanak. Ce furent les accords de Matignon, aux termes desquels le FLNKS se voyait offrir la gestion, dans le cadre colonial, des deux régions majoritairement kanak. La province Nord a ensuite obtenu les droits sur le massif minier de Koniambo et la promesse de création là-bas d’une usine pour traiter le minerai. Mais en fait la région de Nouméa et le nickel de la SLN (Société Le Nickel), la société minière principale dans l’île depuis cent ans, restaient totalement entre les mains de l’impérialisme français. Les Kanak reçurent aussi la promesse d’un scrutin d’autodétermination dix ans plus tard, soit en 1998. Dix ans plus tard c’était Jospin (avec le PCF de retour dans le gouvernement) qui négocia avec le FLNKS un nouveau report de vingt ans, jusqu’à aujourd’hui, du scrutin.
Nature du scrutin du 4 novembre
Vingt ans plus tard, donc, le FLNKS déclare que l’indépendance est au détour du chemin et il professe son optimisme sur la victoire du « oui » au référendum. Les sondages démentent catégoriquement un tel pronostic, et j’étais moi-même frappé il y a déjà six mois par la confiance inébranlable qu’affichait un journal colonial comme le Figaro dans le résultat du scrutin.
L’USTKE, qui est le principal syndicat organisant les Kanak, et le deuxième syndicat de l’archipel après l’USOENC liée à la CFDT, appelle à ne pas prendre part au référendum. Elle a fait plusieurs meetings à Paris et à la fête de l’Humanité pour expliquer sa position.
Pour l’USTKE, il ne s’agit pas d’un référendum d’autodétermination dans la mesure où 20 000 Kanak ne figurent pas sur les listes référendaires, mais où par contre des milliers de colons ont été inscrits au fil des différents réexamens de ces listes. Théoriquement, selon les accords signés en 1988 par le FLNKS, plus ou moins seules les personnes résidant en Nouvelle-Calédonie depuis au moins les années 1980, ainsi que leurs descendants, devaient avoir le droit de vote. Cela incluait donc toute la couche d’Européens importés en masse par le gouvernement gaulliste à la fin des années 1960 et au début des années 1970, lors du « boom du nickel », dans le but explicite de rendre les Kanak minoritaires.
Mais en réalité, l’USTKE explique qu’à chaque fois que les Kanak ont fait pression pour que l’ensemble des Kanak soient réellement inscrits, le gouvernement a rouvert les listes, et en définitive ce sont des métropolitains et autres personnes ayant soi-disant des « intérêts matériels et moraux » en Nouvelle-Calédonie qui ont été rajoutés. L’USTKE a chiffré à 6 000 ou 7 000 le nombre des inscrits indûment rajoutés. Au total, ce traficotage colonial de longue date met les Kanak en minorité dans un référendum concernant leur propre destin.
Les dénonciations de l’USTKE sont absolument crédibles. Nous ne doutons pas de la fourberie de l’Etat français qui s’accroche par tous les moyens à ses possessions coloniales. Joseph Andras rapporte aussi, dans son récent livre Kanaky, le cas de Kanak qui sont indépendantistes mais ont refusé de s’inscrire sur la liste référendaire car ils considèrent que tout le scrutin est une mascarade destinée à donner un visage démocratique à la domination coloniale. Toutefois, autant que nous puissions en juger de loin, la situation est très différente du scrutin de 1987 organisé par Chirac, et où l’ensemble des organisations indépendantistes kanak avaient alors appelé à l’abstention. Il y avait eu 98 % de « non » à l’indépendance dans un scrutin complètement bidon marqué par l’abstention presque totale des Kanak.
L’USTKE craint que si les Kanak participent, l’impérialisme français prétendra que les Kanak eux-mêmes ont contribué au très fort résultat attendu du « non » et que cela montre qu’ils veulent rester français. Bien sûr, dans tout conflit colonial il y a aussi une couche de loyalistes. Mais la réalité c’est qu’une partie significative des Kanak veut prendre part au vote, et sans doute y en a-t-il qui croient aux promesses du FLNKS que le « oui » peut l’emporter.
Cependant, il y en a aussi qui n’ont pas ce genre d’illusions mais veulent profiter de la première occasion qui leur est donnée de s’exprimer pour l’indépendance, même si le résultat est couru d’avance. Dans son livre, Joseph Andras mentionne ainsi des vétérans de la lutte des années 1980 qui, cette fois-ci, veulent absolument voter. Il y a aussi des Kanak qui ont peur d’une victoire écrasante du « non » et pour cette raison vont voter « oui ». C’est pourquoi nous pensons que non seulement on peut voter « oui » sans pour autant cautionner les trucages électoraux de l’impérialisme français, mais que c’est aussi une occasion de prendre position pour l’indépendance.
En tout cas, si le « non » l’emporte, nous ne considérerons pas que le peuple kanak aurait librement choisi ses chaînes et qu’il faudrait respecter ce choix. Nous continuerons de revendiquer l’indépendance immédiate de Kanaky, y compris encore si les deux référendums additionnels prévus pour 2020 et 2022 continuent de donner une nette victoire au colonialisme.
Les manuvres de l’impérialisme français pour se maintenir
C’est un peu tout le problème des référendums organisés par la puissance coloniale. Même lorsqu’ils se déroulent dans le cadre d’une lutte montante pour l’indépendance, ils sont inévitablement biaisés en faveur du colonialisme, indépendamment du problème des listes électorales. Pour un référendum équitable il faudrait le retrait préalable de toutes les troupes de l’impérialisme français. Le référendum d’indépendance de l’Algérie s’est déroulé le 5 juillet 1962, après qu’avaient été chassées les troupes françaises. De même, en Crimée, la population n’a pu exprimer son identité très majoritairement russe dans un référendum qu’après le retrait des troupes ukrainiennes et sous la protection de troupes russes.
Bien au contraire, la France a envoyé des milliers de flics et soldats supplémentaires, soi-disant pour sécuriser les conditions du scrutin. D’ailleurs Macron vient de remanier son gouvernement en nommant à la tête de toutes les polices un homme qui était sous-préfet en Iparralde (Pays basque Nord) de 2010 à 2012, en plein désarmement de l’ETA. L’homme choisi pour diriger la police politique (la « DGSI ») a fait son trou en coordonnant l’action des flics en Corse. Cela rappelle que Pasqua, ministre des flics de Chirac dans les années 1980, disait que « la défense de Bastia commence à Nouméa ». La bourgeoisie française affiche sa confiance concernant le référendum, mais elle tient la matraque et le fusil tout prêts. Nous disons : Soldats, flics et gendarmes français, hors de Kanaky !
Mais la bourgeoisie française a bien d’autres moyens, plus sournois, pour influencer la situation en sa faveur. Elle a accru depuis les années 1980 la dépendance économique de l’archipel par rapport aux subsides de l’Etat français. Le premier poste de l’économie de la colonie n’est pas le nickel mais les transferts financiers depuis Paris, notamment le paiement des fonctionnaires.
Ces fonctionnaires, souvent d’origine métropolitaine, touchent des primes d’expatriation coloniale substantielles, notamment celles désignées sous le nom d’indemnités de cherté de vie. Avec ce système, la France entretient artificiellement des niveaux de salaires nominaux élevés qui font apparaître la Nouvelle-Calédonie comme un havre de PIB par habitant très élevé par rapport au reste de la région, du fait que le franc CFP (la monnaie coloniale en vigueur) est arrimé à l’euro. Cela aide à entretenir la peur que le niveau de vie s’effondre en cas d’indépendance.
(En réalité l’argent sort au mieux brièvement de l’Hexagone, puisque une bonne partie est épargnée dans des banques françaises, et une autre sert à importer des biens et services fournis par des entreprises françaises.)
Une conséquence additionnelle du niveau élevé des salaires nominaux et des prix, c’est que les profits sont plus élevés dans le trafic d’importation qu’en produisant localement. Tout cela est conçu à dessein pour entretenir et renforcer la dépendance économique par rapport à Paris.
Lors des accords de Matignon il y a 30 ans, le FLNKS avait obtenu un accord de principe pour la réouverture de la mine de Koniambo dans le Nord et la création d’un complexe industriel de raffinage du minerai afin de contrebalancer le pouvoir écrasant de la SLN, qui a derrière elle des capitalistes français comme la famille Duval. Le complexe de Koniambo devait être contrôlé par le Conseil régional de la région Nord, aux mains des indépendantistes.
Pour commencer, l’opération a permis à Jacques Lafleur, l’un des principaux capitalistes caldoches et l’un des négociateurs des accords de Matignon, de se débarrasser à bon prix de ses actifs miniers. Comme la région n’avait pas les capitaux pour les énormes investissements en jeu, elle a en réalité simplement servi de prête-nom à de gros trusts miniers internationaux, aujourd’hui notamment Glencore, dont le PDG est un capitaliste blanc d’origine sud-africaine. En Afrique du Sud on appelle cela le Black Economic Empowerment.
De plus, un troisième trust du nickel est soudain apparu dans la Province Sud, celle-ci étant contrôlée par les Caldoches. Au total, il n’y a aucun moyen pour les Kanak de réellement avoir leur mot à dire dans l’extraction et le raffinage de la principale richesse de leur pays. Au fond, tout ce que le FLNKS a obtenu, c’est de pouvoir gérer les uvres sociales du pouvoir colonial français en administrant la région Nord et celle des îles. Cela ne fera pas avancer l’indépendance d’un pouce.
Tout cela souligne deux choses. Premièrement, les dirigeants du FLNKS ont beau prétendre que l’indépendance est en route et que le « processus de décolonisation » est engagé et inéluctable, en réalité elle ne viendra pas de ce référendum. Il faudra pour cela des luttes sociales et de classe de grande ampleur pour chasser l’impérialisme français. Deuxièmement, la dépendance économique vis-à-vis de l’impérialisme est profonde et multiforme. L’indépendance en tant que telle ne l’abolira pas. Il faut pour cela un gouvernement ouvrier et paysan centré sur les Kanak qui expropriera les capitalistes et continuera la lutte jusqu’à leur expropriation dans les centres impérialistes eux-mêmes.
C’est là que réside aussi notre divergence fondamentale avec les nationalistes de l’USTKE et de son émanation politique, le Parti travailliste : ils veulent une Kanaky indépendante dans un cadre restant capitaliste, mais qui soit plus juste envers les Kanak et les exploités. Le capitalisme ne peut pas être juste pour les Kanak et les exploités. Nous, de notre côté, nous voulons tout le pouvoir aux travailleurs grâce à la révolution socialiste.
Lors de son meeting à Paris le 19 septembre, le dirigeant de l’USTKE Rock Haocas a prouvé de façon convaincante que l’on ne pouvait espérer l’indépendance d’un référendum aux dés pipés à ce point par l’impérialisme français. Il a ajouté qu’« il faut réfléchir à une nouvelle stratégie pour gagner l’indépendance ». Mais laquelle ? Mystère. Le nationalisme radical est dans une impasse. Nous sommes intervenus à ce meeting pour présenter notre programme, qui donne une perspective pour chasser l’impérialisme français : la voie de l’internationalisme prolétarien révolutionnaire.
L’impérialisme français et la région Pacifique
La France ne partira pas de Kanaky sans en être chassée. Cela fait 30 ans qu’elle prépare ce référendum. Le gouvernement Macron a même récemment modifié le bulletin météo sur le 20 heures de France 2 pour annoncer aussi le temps qu’il fait à Nouméa, autrement dit marteler tous les jours que la Nouvelle-Calédonie c’est la France, qu’il pleuve ou qu’il vente.
Pour l’impérialisme français, la Nouvelle-Calédonie est aujourd’hui la possession clé dans le Pacifique. La Polynésie est à des milliers de kilomètres, d’où qu’on vienne, et elle a perdu son intérêt stratégique avec la fin des essais nucléaires. Par contre la Nouvelle-Calédonie est un verrou militaire aux avant-postes de l’Australie, comme je l’ai déjà mentionné. Ses ressources en nickel sont potentiellement stratégiques, même si aujourd’hui elles ne sont plus exportées vers la France.
C’est sur ses possessions dans le Pacifique que s’appuie l’impérialisme français pour prétendre encore jouer dans la cour des grands (c’était auparavant la Polynésie qui lui avait permis de maintenir à niveau son armement nucléaire). La zone économique exclusive autour de la Nouvelle-Calédonie représente plus de trois fois la superficie de la France. Comme le disait le chauvin bourgeois Mélenchon dans son programme présidentiel, « la France est une puissance maritime qui s’ignore. C’est pourtant une question de souveraineté essentielle pour notre pays, présent dans toutes les mers du globe ». Avec des déclarations comme celle-ci, on n’a pas besoin de lui demander ce qu’il pense de l’indépendance du peuple kanak. Il ferait dans le meilleur des cas comme son mentor et modèle Mitterrand.
La France est manifestement une puissance impérialiste déclinante et en voie de marginalisation. Mais elle n’a pas renoncé, ce qui ne la rend que plus dangereuse. Elle veut avoir sa petite part dans le grand jeu dans le Pacifique pour essayer de détruire l’Etat ouvrier bureaucratiquement déformé chinois et restaurer le capitalisme dans ce pays. Elle a envoyé des bateaux de guerre provoquer la marine chinoise en mer de Chine du Sud près des îles Spratley. Elle a vendu des sous-marins d’attaque de nouvelle génération à l’impérialisme australien, des armements qui n’ont de sens dans la région que pour un conflit contre la Chine. Elle n’arrête pas d’exciter la peur sur la soi-disant transformation du Vanuatu en porte-avions chinois et de dire que la Nouvelle-Calédonie elle-même prendrait le même chemin en cas d’indépendance.
Face à ces racontars de guerre froide, les marxistes clament haut et fort que nous sommes pour la défense militaire inconditionnelle de la Chine contre toute menace impérialiste et contre toute menace intérieure d’une contre-révolution capitaliste. Il y a aussi cet aspect dans notre exigence de retrait des troupes françaises de Nouvelle-Calédonie. Nous luttons pour une révolution politique prolétarienne en Chine qui instaure un régime basé sur des conseils ouvriers. Un tel régime, inspiré par l’internationalisme prolétarien révolutionnaire et non par le nationalisme chinois borné de la bureaucratie au pouvoir à Pékin, lutterait pour aider le peuple kanak à se libérer enfin du joug étouffant du colonialisme français.
La question de la terre
Notre perspective politique, ce n’est pas simplement l’indépendance. En Kanaky, c’est tout d’abord un gouvernement ouvrier et paysan centré sur les Kanak, une formulation de la dictature du prolétariat qui permet de mettre en relief deux de ses aspects cruciaux pour la Kanaky : la question de la terre et la question de la libération nationale du peuple kanak.
Concernant le deuxième point, je pense qu’il coule de source. Contrairement à ce que la presse chauvine française prétend, les Kanak ont toujours souligné qu’ils étaient un peuple accueillant et qu’ils n’avaient pas l’intention de jeter les immigrés européens ou océaniens à la mer, que le concept de Kanaky n’était pas racial mais national, mais que les Kanak devaient être maîtres chez eux. Les Caldoches ont le choix : soit ils acceptent de vivre dans une Kanaky indépendante, et ils y auront leur place, soit ils se considèrent comme Français avant tout, et dans ce cas ils n’auront qu’à partir pour la France. Pour les immigrés en Kanaky originaires de la région, la question posée est de s’intégrer dans cette société ; nous sommes pour qu’ils s’intègrent dans une société dominée par les Kanak plutôt que par l’impérialisme français. C’est une conséquence évidente de notre soutien à l’indépendance.
Un aspect fondamental de l’identité kanak, c’est la question de la terre. A l’arrivée des Européens les Kanak avaient une société de clans patrilinéaires basés sur l’horticulture du taro et de l’igname ; ils avaient aménagé des terrasses sur les collines avec des systèmes d’irrigation assez performants pour les tarodières. Chacun de ces clans était identifié par un tertre d’origine. La dépossession des Kanak de leur terre et leur enfermement dans des réserves a constitué un traumatisme fondamental. Les Kanak veulent récupérer la terre. C’est légitime. La nationalisation de la terre permettra aux soviets (conseils) de paysans dans les zones rurales de réaffecter la terre comme ils le jugeront bon.
Les très gros latifundios ont régressé depuis les années 1950. Depuis les années 1980, il y a eu une réforme agraire significative. Ce que cela veut dire en pratique, c’est qu’un nombre significatif de broussards caldoches, surtout sur la côte Est de la Grande Terre, se sont débarrassés de leur terre à bon prix, payé par l’Etat. Aujourd’hui une nette majorité des terres qui ne sont pas propriété de l’Etat sur la côte Est sont entre les mains des Kanak. Cependant, les meilleures terres se trouvent sur la côte Ouest et l’essentiel de la valeur foncière est concentrée dans le sous-sol, et dans l’agglomération urbaine du Grand Nouméa, la seule vraie ville du pays et où la propriété foncière reste comme auparavant aux mains des blancs.
Il n’y a jamais eu d’agriculture moderne de type capitaliste en Nouvelle-Calédonie. C’est une grande différence avec l’Afrique du Sud ou le Zimbabwe où l’on peut envisager la transformation directe, après la révolution socialiste, des grandes propriétés en unités de production collectives gérées par des soviets de travailleurs ruraux. En Nouvelle-Calédonie, les grandes propriétés de plusieurs centaines ou plusieurs milliers d’hectares sur la côte Ouest, et qui restent essentiellement aux mains des Caldoches, sont dédiées à l’élevage extensif de bétail avec un personnel réduit.
Le pouvoir colonial avait tenté d’implanter la culture du café, mais celle-ci ne cesse de régresser et elle est en fait tout à fait marginale aujourd’hui ; vous avez typiquement une caférie d’un hectare ou moins, une culture de complément pour certains Kanak. En réalité les banques refusent systématiquement de prêter le moindre sou aux Kanak ; de leur point de vue, la terre tribale ou clanique étant inaliénable, elle ne peut servir de garantie d’hypothèque. Donc même les Kanak qui voudraient développer une agriculture commerciale demeurent privés de toute perspective de développement économique. L’agriculture pratiquée sur les terres kanak, et c’est la même chose pour la pêche, est essentiellement destinée à l’autoconsommation et aux échanges coutumiers, pas au marché.
Alors quelle modernisation socialiste de l’agriculture ? C’est une chose qu’il nous est impossible d’esquisser en l’état de nos connaissances très limitées, à une très grande distance et surtout sans section sur place. Un gouvernement ouvrier et paysan centré sur les Kanak, cela veut dire que la dictature du prolétariat s’appuiera consciemment sur la paysannerie kanak pour créer les moyens d’un développement progressif de la productivité du travail et d’un développement harmonieux du pays au-delà du Grand Nouméa.
Pour la révolution permanente !
Si nous pouvons présenter aujourd’hui une ligne marxiste sur Kanaky, c’est parce que nous avons pu nous réapproprier un cadre léniniste sur la question nationale grâce à une lutte essentielle que nous avons menée l’année dernière dans notre parti pour rompre avec le chauvinisme de grande puissance, notamment anglais et français. Cette lutte a culminé à notre dernière conférence internationale. Je n’ai pas la possibilité de m’étendre dessus aujourd’hui mais je vous renvoie au dernier numéro de Spartacist qui présente la question mieux que je ne peux le faire ici.
En résultat de cette correction de notre programme sur la question nationale, nous avons rejeté l’ensemble des nombreux articles que nous avons publiés dans les années 1980 dans le Bolchévik sur la « Nouvelle-Calédonie » la LTF refusait alors consciemment de parler de Kanaky. Ces articles sont marqués par un chauvinisme français grossier, en réalité peu différent de ce qu’a publié Lutte ouvrière dans le numéro de mai-juin de Lutte de classe à part le fait que le Bolchévik revendiquait (sur le papier) l’indépendance.
LO affirme au contraire ouvertement son indifférence sur cette question, disant que la victoire du « oui » ou du « non » au prochain référendum aurait pour seul effet d’influer « sur la répartition [entre droite caldoche et indépendantistes kanak] des postes et des positions, mais toujours sous l’égide de l’Etat français ». Et ils insistent un peu plus bas que « même si l’indépendance était votée, les travailleurs ne seraient pas libérés de quoi que ce soit : certainement pas de l’exploitation, et même pas des discriminations en tant que Kanaks ». En même temps, LO donne absurdement à entendre que l’impérialisme français pourrait en cas d’indépendance accorder à la petite bourgeoisie kanak « d’être majoritaire au sein de l’actionnariat de la SLN ».
Le chauvinisme français va toujours de pair avec l’absence d’une perspective prolétarienne révolutionnaire. Notre propagande des années 1980 faisait pratiquement disparaître l’existence du prolétariat en Nouvelle-Calédonie. En réalité, contrairement à la plupart des îles du Pacifique, il existe depuis cent ans sur la Grande Terre un prolétariat certes petit, mais doté d’un pouvoir social considérable, disproportionné à sa taille numérique. Il se concentre notamment dans les mines, le raffinage du nickel, les ports et les aéroports.
Ce prolétariat est multiethnique. Les capitalistes français ont eu au fil du temps recours à diverses vagues de travailleurs sous contrat, venus du Japon (ils furent internés puis expulsés par les gaullistes pendant la guerre), d’Indonésie, d’Indochine (ils furent expulsés au début des années 1960 car ils étaient de plus en plus gagnés par le communisme, en pleine guerre du Vietnam). Plus récemment il y a eu bien sûr notamment de nombreux Wallisiens.
Il y a aussi des Kanak dans le prolétariat, surtout depuis la fin du régime de l’indigénat après la guerre. Comme je l’ai déjà dit, le développement du syndicat à la SLN à partir des années 1950 est intimement lié à la lutte pour l’égalité des salaires à travail égal, quelle que soit l’ethnie. J’ai déjà parlé aussi du bref essor du Parti communiste après la guerre. La question essentielle qui domine toute l’histoire du mouvement ouvrier de Nouvelle-Calédonie, c’est la question de l’égalité pour les Kanak.
Bien sûr les Kanak demeurent concentrés au bas de l’échelle du salariat. Il y a un plafond de verre raciste non dit qui réserve les emplois qualifiés aux blancs caldoches ou venus de métropole. Le manque de qualifications et l’échec scolaire des Kanak sont eux-mêmes un produit de la politique de l’Etat français d’imposer l’enseignement en français et non en langue maternelle. Cela sert ensuite de prétexte supplémentaire à la poursuite de la politique coloniale de la France, depuis les années 1960, de rendre les Kanak minoritaires sur leur propre terre en important le personnel qualifié de métropole.
Le prolétariat au pouvoir luttera en priorité pour en finir avec cet état de fait. Cela impliquera en particulier des changements radicaux dans la politique éducative, avec l’enseignement dispensé dans la langue maternelle et des investissements considérables dans les infrastructures éducatives destinées aux Kanak et autres peuples opprimés aujourd’hui.
Une telle politique sera liée à la promotion de l’emploi salarié pour les femmes, avec là aussi un salaire égal à travail égal. Il s’agira de jeter les bases matérielles pour une véritable socialisation de l’éducation et des soins aux enfants, ce qui permettra de remplacer peu à peu la famille, pilier du conservatisme social et de l’oppression des femmes, par des relations librement consenties entre les individus. Pour les Kanak, cela inclura aussi d’en finir avec les formes oppressives des structures familiales claniques, comme les mariages arrangés et l’interdiction du divorce.
Evidemment il n’est pas possible de construire le socialisme dans une seule île. Le programme du socialisme dans un seul pays est un programme stalinien qui a prouvé sa faillite en Union soviétique, conduisant finalement à la contre-révolution capitaliste en 1991-1992. L’Union soviétique était à peu près mille fois plus grande et plus peuplée que la Kanaky. La lutte immédiate pour l’extension d’une révolution socialiste en Kanaky est d’une importance vitale, car les impérialistes, qu’ils soient français, australiens ou autres, feraient tout pour étouffer la révolution avant qu’elle ne s’étende.
Mais la prise du pouvoir par un gouvernement ouvrier et paysan en Kanaky serait un énorme pas en avant pour faire rompre le prolétariat en France avec le chauvinisme qui l’attache à sa propre bourgeoisie. Ce serait un coup de fouet pour la révolution prolétarienne ici même. Les alliés d’un gouvernement ouvrier révolutionnaire de Kanaky, ce n’est pas l’ONU où siège l’impérialisme français au Conseil de sécurité, ce sont les travailleurs et les masses opprimées en Indonésie, en France, en Australie et ailleurs. Cette perspective ne peut pas se concevoir sans un parti ouvrier révolutionnaire en Kanaky, un parti très majoritairement composé de Kanak ; sans un tel parti, les inévitables soulèvements à venir du peuple kanak et des travailleurs risquent de subir à nouveau les plus cruelles déconvenues. Cette lutte est intimement liée au combat pour reforger la Quatrième Internationale, avec des sections profondément ancrées dans la classe ouvrière, en Kanaky, en France et dans le reste du monde.
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