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Le Bolchévik nº 187 |
Mars 2009 |
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Mobilisations étudiantes contre la loi Pécresse
28 février Depuis le début de l’année les facs sont mobilisées contre les projets du gouvernement Sarkozy-Pécresse de liquider les instituts de formation des enseignants du primaire et du secondaire et d’attaquer le statut des enseignants-chercheurs. Les manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, essentiellement des enseignants d’université et des étudiants en master ou en doctorat. Nos camarades ont pris part à ce mouvement sur les facs à Paris et Rouen ; ils sont intervenus pour s’opposer à cette attaque contre l’éducation. Il était crucial pour cela de mettre en garde les étudiants contre la campagne en sous-main des sociaux-démocrates sur les facs pour un nouveau gouvernement capitaliste « de gauche », suite au changement de direction du PS depuis son congrès encore il y a un an le PS soutenait la loi LRU de Sarkozy.
De fait, la loi Pécresse s’inscrit fondamentalement dans un processus de démantèlement de l’enseignement supérieur public qui a été mis en branle sous le gouvernement Jospin-Buffet-Aubry, avec le « processus de Bologne » de 1998 et la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) de 2001 (voir notamment l’Humanité du 10 février). C’est dire qu’il n’y a rien à attendre pour l’éducation d’un nouveau gouvernement capitaliste de gauche. Nous luttons pour un enseignement gratuit et de qualité pour tous, avec des bourses adé-quates. Mais sous le capitalisme, l’université demeure une institution de classe destinée à former les futurs cadres et idéologues du système capitaliste d’exploitation et d’oppression (en France ses cadres centraux sont formés jusqu’à présent dans des instituts d’élite spécialisés) ; c’est particulièrement manifeste avec cette mobilisation qui touche essentiellement pour le moment les étudiants au-delà de la licence, alors que la grande majorité des étudiants d’origine ouvrière ont déjà été éliminés et éjectés du système éducatif sans diplôme de l’enseignement supérieur. Le but de notre travail sur les facs est de trouver quelques étudiants prêts à trahir la cause de la bourgeoisie et se mettre au service de la révolution prolétarienne pour en construire le parti léniniste d’avant-garde.
Les sociaux-démocrates du Nouveau parti anticapitaliste au contraire, qui sur de nombreux campus ont joué un rôle dirigeant dans la mobilisation (aidés par la Jeunesse communiste, l’UNEF et SUD Etudiant), ont tout fait pour y rendre l’atmosphère agréable à leurs congénères du PS. Leur « unité dans la lutte » avec le PS n’est qu’une couverture transparente à la promotion qu’ils font d’un futur gouvernement de gauche, « en toute indépendance » bien entendu du PS. Au nom de cette unité avec le PS ils ont tout fait pour circonscrire les AG au cadre réformiste le plus étroit. A Rouen Mont-Saint-Aignan ils ont même fait des pieds et des mains pour empêcher les étudiants réunis en AG de se prononcer pour la régularisation des étudiants sans papiers et contre une agression anticommuniste et raciste ayant eu lieu sur la fac de Rouen Mont-Saint-Aignan contre un de nos sympathisants juste avant que n’explose la mobilisation contre la loi Pécresse. Au bout de trois fois nos camarades sont finalement parvenus à faire adopter par l’AG du 19 février la motion suivante :
« Le mercredi 21 janvier, un étudiant sympathisant de la LTF a été agressé physiquement sur le campus de Mont-Saint-Aignan par trois voyous anticommunistes et racistes. Ce sont les attaques du gouvernement contre l’éducation, la classe ouvrière, les immigrés et les jeunes de banlieue qui favorisent de telles agressions.
« Les étudiants, professeurs et travailleurs rassemblés ici en AG condamnent cette attaque et déclarent que cette vermine sera chassée si elle réapparaît. La puissance du mouvement ouvrier doit être mobilisée. Une attaque contre un est une attaque contre tous. »
Nous reproduisons ci-dessous le tract de la LTF publié à Rouen le 31 janvier.
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Protestez contre l’agression anticommuniste sur le campus de Mont-Saint-Aignan !
Le mercredi 21 janvier vers midi, J. P., un étudiant de la fac de Lettres a été agressé physiquement sur le campus par trois nervis anticommunistes et racistes. Asséné de coups, il souffre de plusieurs hématomes, aux jambes et aux côtes. La Ligue trotskyste de France (LTF) condamne fermement cette agression anticommuniste envers J. P., un sympathisant de notre organisation.
Nous appelons le mouvement ouvrier, les étudiants et particulièrement les étudiants étrangers ou d’origine immigrée, les organisations politiques de gauche, les syndicats du personnel IATOS et des enseignants présents à la fac de Rouen, à être sur leurs gardes contre cette racaille. L’un de ces nervis était grand au crâne rasé, avec un piercing à la langue et un bout de sourcil rasé, le deuxième un brun aux cheveux courts avec des lunettes carrées et une petite barbe et le troisième type, gros et pas très grand, avec un sac bleu-noir avec un doigt d’honneur dessiné dessus.
Une fois que les coups se sont arrêtés contre notre sympathisant, un de ces individus lui a craché au visage en lançant un « Salopard de coco ! » et le menaçant que s’il recommençait à afficher ou dire ses « saletés de sang-mêlé », ils reviendraient. Le mouvement ouvrier, basé sur la puissance sociale des syndicats, doit empêcher que de telles ordures attaquent en toute impunité les militants de gauche, propagent des slogans fascistes et cherchent à intimider tous ceux qui s’opposent à ce système capitaliste du racisme et de l’oppression. A bas la campagne et la terreur anticommunistes et racistes ! Les étudiants, les organisations politiques de gauche et les syndicats du personnel IATOS et des enseignants doivent condamner cette attaque qui vise au final le mouvement ouvrier. S’ils réapparaissent, ils devraient être chassés. Une attaque contre un est une attaque contre tous !
L’administration universitaire, représentante du gouvernement sur le campus, met en place la politique répressive du gouvernement. Sous prétexte que nous ne sommes pas une « organisation syndicale représentative », elle nous a refusé une salle pour notre meeting du 3 décembre dernier. En fait, elle ne veut pas que la fac « soit un espace d’organisations politiques ». Cette décision nie le droit démocratique des étudiants de se réunir alors que cela était possible auparavant et ne fait qu’encourager l’hystérie anticommuniste. La censure de l’administration a été le prélude aux coups des nervis pour essayer de nous faire taire, nous et nos sympathisants. A bas la censure visant les organisations politiques de gauche sur le campus de Mont-Saint-Aignan !
Cette attaque s’inscrit dans un contexte idéologique particulièrement réactionnaire ouvert par la contre-révolution capitaliste qui a détruit l’Union soviétique en 1991-1992 avec le soutien de Lutte ouvrière et de la LCR de Krivine. La contre-révolution et les rivalités interimpérialistes exacerbées ont mené aux attaques redoublées contre les acquis sociaux que la bourgeoisie avait dû concéder aux ouvriers lorsque l’URSS existait encore, malgré la déformation bureaucratique que lui imprimait la caste stalinienne qui avait usurpé le pouvoir politique.
Et maintenant avec la crise mondiale du capitalisme, la bourgeoisie française, acculée économiquement, renforce ses attaques contre le prolétariat. A l’usine de Renault-Sandouville, en plus de milliers d’intérimaires licenciés, la direction a décidé de mettre les ouvriers au chômage technique en ne les faisant travailler qu’un jour sur quatre durant les deux prochains mois ! Face à la peur de troubles sociaux importants, la bourgeoisie française et son Etat cherchent à criminaliser le mouvement ouvrier comme le 12 janvier, à Saint-Lô, où des centaines de manifestants qui protestaient contre la venue de Sarkozy ont été sauvagement chargés par les CRS.
Il faut avoir en tête les Neuf de Tarnac quand, le 11 no-vembre dernier, les flics ont procédé à l’arrestation médiatique de neuf jeunes accusés d’avoir participé au sabotage de caténaires sur les lignes TGV. Les victimes de cette vendetta dont certains sont étudiants à Rouen sont toujours poursuivies par l’Etat et sa justice, alors que Julien Coupat continue de croupir dans les geôles républicaines. Libération immédiate de Julien Coupat et levée des inculpations contre toutes les personnes mises en examen dans cette affaire y compris celles arrêtées lors des manifs contre ‘l’anti-terrorisme’ en janvier !
Les attaques du gouvernement contre le mouvement ouvrier et le milieu « autonome » pavent la voie aux fas-cistes. Mais il faut le dire très clairement, un gouvernement « de gauche » mènerait la même campagne anti-immigrées, la même destruction des acquis de la classe ouvrière, parce qu’il s’occuperait de défendre les intérêts de sa propre bourgeoisie. C’est le gouvernement capitaliste Jospin-Aubry-Buffet, élu en 1997 avec l’aide des LCR-LO, qui a en 2001 relancé le plan raciste et anti-ouvrier de Vigipirate. Ce plan de ségrégation raciste avait été créé par Mitterrand pour terroriser les jeunes des banlieues lors de la première guerre du Golfe, en 1991. La bourgeoisie avait à l’époque une peur bleue que les banlieues n’explosent. A bas Vigipirate !
La crise économique sans précédent depuis des décennies dans laquelle s’enfonce le capitalisme montre à quel point ce système est irrationnel et entraîne les travailleurs dans la misère. C’est le capitalisme exploiteur qui inévitablement sécrète le chômage, la terreur raciste, l’oppression et la guerre. Seule la classe ouvrière a la puissance pour le renverser dans une révolution socialiste et pour lutter pour son extension internationalement et une économie collectivisée et planifiée à l’échelle du monde. Nous luttons pour construire un parti révolutionnaire qui puisse diriger la classe ouvrière à la victoire, comme lors de la Révolution russe de 1917.
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