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Le Bolchévik nº 181 |
Septembre 2007 |
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Défendez le droit de grève ! Il faut riposter aux attaques du gouvernement ! La classe ouvrière a besoin d'un parti révolutionnaire !
Avec les rivalités interimpérialistes qui s’intensifient dans ce monde postsoviétique, l’impérialisme français a pris du retard par rapport à ses rivaux, n’ayant pas réussi essentiellement à mener le même niveau d’offensive contre la classe ouvrière que, par exemple, les gouvernements allemands. Récemment le gouvernement allemand a réussi, entre autres, à interdire une grève du syndicat des cheminots GDL qui devait commencer le 9 août. Sarkozy a promis aux patrons ici qu’il est l’homme qui est capable de renverser la vapeur et d’intensifier le taux de profit de l’impérialisme français en détruisant ce qui reste de l’Etat-providence, en particulier les acquis dans la santé, l’éducation et les retraites. Et il s’y est mis tout de suite. Il a lancé une série d’attaques ciblées contre les principaux secteurs de la société que la bourgeoisie considère comme potentiellement dangereux pour la poursuite de ses buts.
C’est pourquoi il s’est attaqué au droit de grève même des cheminots, un des secteurs les plus organisés et les plus combatifs de la classe ouvrière française, auxquels il veut imposer le « service minimum ». A partir de là, le gouvernement a l’intention de s’en prendre à leurs retraites, pour avoir une ouverture lui permettant de remettre en question l’âge de la retraite pour tous les travailleurs. Les enseignants, qui ont été le fer de lance de la lutte de 2003 contre Fillon sur les retraites, puis qui ont joué un rôle central dans les mobilisations anti-CPE, sont aussi dans le collimateur. Un grand nombre de postes doit être supprimé et Fillon parle de leur imposer les mêmes restrictions au droit de grève qu’aux cheminots. Les étudiants, qui servent souvent d’étincelle à des luttes sociales plus étendues, sont visés avec la loi sur « l’autonomie des universités », premier pas vers la privatisation des études supérieures qui va priver les enfants de la classe ouvrière d’éducation supérieure. Au même moment, Dati impose une « loi contre la récidive » qui intensifie les attaques contre les jeunes des banlieues, et poursuit avec encore plus d’acharnement la répression quotidienne des sans-papiers, des Roms et des ouvriers immigrés. C’est la politique classique de diviser pour régner contre la classe ouvrière.
Ces attaques s’accompagnent d’une offensive menée contre la gauche et, essentiellement, contre la liberté d’expression. Lutte ouvrière (LO) et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) sont ainsi traînées devant les tribunaux pour diffamation. LO a été condamné en juin par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir rapporté la mort d’un flic aux Antilles l’an dernier. Quant à Besancenot, il est poursuivi par SMP Technologies, le distributeur officiel de pistolets taser en France, et doit passer en jugement en septembre parce qu’il a objecté à ce que les flics soient équipés de cette arme pendant la campagne présidentielle (voir la lettre du CDDS en page 13). De plus le groupe Gauche révolutionnaire, section française du Comité pour une Internationale ouvrière, a rapporté dans le numéro de juillet-août de son journal l’Egalité que deux de ses militants ont été arrêtés pour « vente sans autorisation de matériel militant contre le chef de l’Etat ». Nous protestons contre toutes ces tentatives de faire taire, démoraliser et écraser le mouvement ouvrier en prévision des batailles à venir.
Les ouvriers ont besoin d’une révolution socialiste !
Pour augmenter ses profits et sa position dans le monde, la bourgeoisie a besoin de faire baisser les salaires et d’intensifier l’exploitation de la classe ouvrière. Depuis plus d’un siècle, après deux guerres impérialistes mondiales, le massacre de millions de personnes dans les guerres coloniales et néo-coloniales, et malgré le quotidien de l’esclavage salarié, du chômage et de l’oppression raciste, les soi-disant socialistes prêchent qu’il y a une voie pacifique au « socialisme » et qu’on peut réformer le capitalisme pour qu’il serve les intérêts de toutes les classes. Ils colportent un mensonge qui en fin de compte ne sert qu’à maintenir le joug de la domination de la bourgeoisie. Il y a eu des réformes et il y en aura encore, grâce à d’intenses batailles de classe et d’importants sacrifices de la part de la classe ouvrière. Mais, sous le capitalisme, les patrons chercheront toujours à les reprendre, comme nous le constatons aujourd’hui. L’exploitation de la classe ouvrière et l’oppression raciste sont la base même du système capitaliste de profit. On ne peut pas les combattre et gagner en faisant appel à ces mêmes maîtres capitalistes, que ce soient des gouvernements capitalistes de droite ou de « gauche » pour essayer de réformer le capitalisme et le rendre plus favorable aux ouvriers, pour qu’il jette quelques miettes en direction des ouvriers.
Le système de profit est basé sur l’exploitation de la force de travail des ouvriers par la bourgeoisie, et son Etat les flics, les prisons et les tribunaux est dirigé contre les ouvriers pour assurer que son exploitation est maintenue et renforcée. Pour en finir une fois pour toutes avec l’oppression capitaliste il faudra une révolution ouvrière, dirigée par un parti ouvrier multiracial, qui arrache les moyens de production des mains de la bourgeoisie. Et c’est seulement à ce moment-là, avec une centralisation et une planification internationales de l’économie basée sur les besoins de la société et non sur les profits, que les masses pourront finalement profiter du fruit de leur propre travail.
Mais aujourd’hui les soi-disant « socialistes » insistent qu’il n’y a pas d’alternative au capitalisme. Dans son discours principal à l’université d’été, Hollande a été très clair : « C’est fini le grand soir ! » ajoutant : « On va pas raconter des histoires, on ne va pas raconter qu’à l’horizon des cinq ou des dix ans [...] on va en terminer avec le capitalisme » (Reuters, 31 août).
Mais les organisations qui se prétendent « révolutionnaires » comme la LCR et LO se comportent comme si pour elles aussi, le grand soir, c’était fini. Pour ces réformistes, les revendications maximum ne vont pas au-delà de la préservation ou de l’amélioration graduelle des maigres avantages sociaux de l’Etat-providence concédés par le capitalisme. Ce que demandaient les programmes électoraux, tant celui d’Arlette Laguiller que celui d’Olivier Besancenot, dans la récente campagne, c’était essentiellement le retour à la situation dans laquelle ce pays était il y a 30 ans. Comme nous l’avons dit à l’époque : « on ne peut revenir comme ça 30 ans en arrière ; à l’époque l’Union soviétique existait, et beaucoup de travailleurs avancés voyaient en elle la preuve qu’il est possible d’instaurer une société où la classe capitaliste est expropriée. C’est la peur de l’Union soviétique, qui avait des chars à 500 kilomètres de Strasbourg et un fort parti communiste dans les banlieues et les usines de France, qui explique en partie les concessions que la bourgeoisie accordait face aux luttes des travailleurs. Elle était prête à supporter un taux de profit plus bas de peur de tout perdre. C’était cela la base de l’“Etat-providence”. » (le Bolchévik n° 179, mars). Malgré la domination stalinienne et malgré l’austérité et la pauvreté relative des économies des pays de l’Est, il n’y avait pas de chômage, pas de terreur raciste massive, comme à l’Ouest, parce que les capitalistes avaient été expropriés et l’économie collectivisée. Ces acquis n’avaient jamais été obtenus pour la classe ouvrière dans les pays capitalistes les plus riches.
La restauration du capitalisme en Europe de l’Est et dans l’ex-URSS en 1991-1992 était une défaite historique pour le prolétariat qui a créé le contexte non seulement pour les attaques des patrons en France aujourd’hui mais aussi dans le monde entier. Les exploiteurs ont été enhardis et s’attaquent de plus belle au niveau de vie des travailleurs et à leurs organisations. Les puissances impérialistes se battent avec acharnement pour défendre leur sphère d’influence existante et essayer de mettre la main sur de nouveaux marchés et une nouvelle main-d’uvre à bon marché à exploiter. La tournée expresse de Sarkozy en Afrique cet été, sa performance en Libye, et la visite « surprise » de Kouchner à ses vieux copains en Irak, ainsi que les dernières menaces de l’impérialisme français qui veut imposer avec les Etats-Unis, des sanctions meurtrières contre l’Iran, et même bombarder ce pays si ses dirigeants ne s’inclinent pas devant les diktats de l’Ouest, tout cela c’est pour développer le pillage de l’impérialisme français. La France, qui est beaucoup plus faible que les Etats-Unis et même que l’Allemagne et le Japon, met ses ambitions de politique étrangère au niveau de son statut de puissance impérialiste de troisième catégorie. Lorsque l’Union soviétique existait encore, l’impérialisme français pouvait s’appuyer sur son ancien empire colonial pour prendre une posture d’indépendance. L’impérialisme américain le tolérait parce qu’il préférait que certains pays fassent des discours et concluent des marchés avec de Gaulle ou Mitterrand plutôt que de se retrouver des satellites de Moscou. Mais aujourd’hui Sarkozy se rapproche de Bush tout en essayant d’utiliser l’Union européenne (UE) pour ses propres intérêts.
Nous sommes par principe opposés à l’Union européenne. C’est un consortium impérialiste réactionnaire qui repose sur les principales puissances impérialistes européennes qui cherchent à améliorer leur compétitivité par rapport à leurs rivaux américains et japonais en intensifiant l’exploitation de « leur » classe ouvrière, des immigrés et des masses de leurs anciennes colonies. Notre alternative ce sont des Etats-Unis socialistes d’Europe et pour cela il faut des révolutions ouvrières pour reconstruire l’Europe sur une base socialiste. Nous disons : Troupes françaises, troupes de l’UE et de l’ONU, hors d’Afrique, hors d’Afghanistan et des Balkans ! La nouvelle force d’intervention européenne en train d’être mise en place au Tchad par Sarkozy et le britannique Gordon Brown (1 200 soldats y sont déjà stationnés) au nom de l’aide « humanitaire » au Darfour va aller engraisser Total, Areva, British Petroleum et toutes les autres sangsues dans cet endroit aux nombreuses ressources naturelles.
Non à la collaboration de classes ! Rompez avec la politique de front populaire !
La gauche, avec sa politique de trahison, a bien pavé la voie aux attaques et à la montée actuelle de la réaction, notamment grâce à la collaboration de classes avec sa propre bourgeoisie et sa croisade antisoviétique contre l’ex-URSS, croisade dont Mitterrand était le fer de lance en Europe. C’était un des principaux thèmes qui ont permis à l’Union de la gauche de venir au pouvoir en 1981, avec la participation de ministres du PCF. En gage à la bourgeoisie, en échange de postes gouvernementaux, le PCF renonça à soutenir l’intervention de l’Armée rouge en Afghanistan et s’est lancé dans une attaque raciste contre un foyer d’immigrés à Vitry à la veille des élections.
Le dernier gouvernement de front populaire, la « Gauche plurielle » de Jospin, dans laquelle le PS et le PC gouvernaient avec les partis bourgeois de Taubira, Chevènement et des Verts, est aussi arrivé au gouvernement après les importantes grèves de décembre 1995 mais plus généralement dans le contexte de la contre-révolution capitaliste en Union soviétique et des rivalités impérialistes accrues qui ont conduit à une nouvelle attaque contre les acquis gagnés précédemment. Le gouvernement Jospin-Buffet a privatisé plus que n’importe quel autre gouvernement de droite avant lui. Il a notamment privatisé Air France, expulsé des milliers de sans-papiers et mené des campagnes racistes contre les jeunes des banlieues, pavant la voie à Le Pen et à son succès au premier tour des élections présidentielles de 2002 et au retour de la droite.
L’histoire des luttes ouvrières en France et de comment elles ont été sabotées tout au long du siècle dernier, c’est l’histoire de la trahison des dirigeants ouvriers qui pratiquent la collaboration de classes. Et c’est cette même politique de front populaire qui a été poursuivie sur le terrain par les réformistes dans la période qui a précédé les dernières élections. Six mois avant le CPE, on lançait des oeufs pourris sur les dirigeants du Parti socialiste. Mais les luttes contre le CPE leur ont permis de paraître combatifs et de redorer leur blason, avec l’aide de la LCR et de LO qui se sont joints au secrétaire du PS François Hollande, à Marie-George Buffet, au chevènementiste Georges Sarre et à d’autres dans les comités « Riposte », ravalant toutes leurs critiques habituelles du « néolibéralisme » du PS ou les reproches qu’ils font aux bureaucrates syndicaux, au nom de « l’unité dans la lutte ». Lors des récentes élections la LCR, et probablement LO, auraient certes préféré avoir Fabius comme candidat plutôt que Royal qui chantait la Marseillaise drapée en tricolore, mais cela ne les a pas empêchés, explicitement pour LO et implicitement pour la LCR, d’appeler à voter pour ce soi-disant « moindre mal », leur fournissant ainsi une couverture de gauche. Dans ces élections nous avons dit qu’il n’y avait « pas de choix » pour la classe ouvrière et nous n’avons appelé à voter pour l’« ordre juste » raciste et anti-ouvrier de Royal ni au premier, ni au second tour. Nous avons aussi mis les ouvriers en garde qu’à l’avenir leurs luttes seraient à nouveau détournées sur le terrain du réformisme parlementaire par la gauche collaborationniste de classes qui invoquerait les élections municipales.
Pour une direction de lutte de classe dans les syndicats !
Etant donné les intérêts irréconciliables entre la classe ouvrière et la bourgeoisie, le prolétariat doit se battre indépendamment des capitalistes pour gagner quoi que ce soit. Dans les luttes qui vont inévitablement se produire, il faudra une bataille politique contre les bureaucrates syndicaux qui cherchent constamment à freiner les luttes des ouvriers et à imposer des « partenariats » pourris avec les patrons parce que, fondamentalement, ils acceptent le cadre du système capitaliste. Autrement dit ils travaillent pour que le système capitaliste de leur pays soit plus « compétitif » par rapport à ses rivaux étrangers.
La loi sur le « service minimum » est une attaque contre les syndicats eux-mêmes, qui sont des organisations de défense économique des ouvriers. Le « service minimum », c’est-à-dire garantir que les trains vont rouler un jour de grève, sape le but de la grève qui est d’arrêter le travail, source de profits pour les patrons. Le préavis individuel de 48 heures et le vote à bulletins secrets au bout d’une semaine de grève sont des mesures visant ouvertement à briser les grèves et constituent des moyens classiques que la bourgeoisie utilise pour essayer de briser la solidarité ouvrière. Elles rendent les ouvriers plus vulnérables à la pression des patrons. Mais face à cette attaque de très grande envergure, la seule action proposée par les bureaucrates syndicaux jusqu’à présent et au moment où elle va entrer en vigueur, a été des manifestations locales sans un seul appel à la grève. Par ailleurs la CGT a fait appel au Conseil constitutionnel pour faire rejeter la loi. Comme le rejet de l’appel de la CGT par le Conseil constitutionnel l’a montré, les institutions de l’Etat capitaliste, que ce soit le Conseil constitutionnel ou les tribunaux, ne sont pas neutres, ce sont des instruments de défense de la domination et des profits de la bourgeoisie.
Le « champ de bataille » avec la bourgeoisie qu’ont choisi les chefs syndicaux, c’est celui du « dialogue social » et une série de négociations a commencé début septembre. Alors que les capitalistes optent pour l’intensification de la répression plutôt que de faire quelques concessions pour acheter la « paix sociale », la principale préoccupation des bureaucrates est de s’assurer qu’ils continuent à être consultés un minimum sur comment mieux berner les ouvriers. C’est pour cela que Chérèque et Mailly, les dirigeants de la CFDT et de FO, ont une fois de plus participé à l’université du MEDEF cette année. Mais la direction de la CGT, dont la base est plus combative, n’en est pas moins enfoncée jusqu’au cou dans la collaboration avec les patrons pour mettre en uvre les attaques anti-ouvrières que la bourgeoisie estime nécessaires pour rendre le capitalisme français plus compétitif. Il ne faut pas que la trahison des travailleurs d’EDF se répète à la SNCF. A EDF la bureaucratie de la CGT a secrètement négocié avec Sarkozy pour « maintenir » les retraites pour la génération actuelle de travailleurs d’EDF-GDF mais pas pour les nouveaux embauchés, en échange de la privatisation.
Contre le programme de collaboration et de capitulation de la bureaucratie, les cheminots et les autres secteurs de la classe ouvrière ont besoin d’une direction révolutionnaire dans les syndicats. Une telle direction défendrait l’indépendance des syndicats par rapport à l’Etat bourgeois ; financièrement elle dépendrait seulement des cotisations de ses membres au lieu de se faire acheter par les subventions de l’Etat et des patrons. Elle rechercherait le maximum d’unité dans la lutte au lieu de la division actuelle des syndicats par affiliation politique ou catégorie professionnelle, qui est en fait un cadeau aux patrons. Elle chercherait à syndiquer les non-syndiqués, en particulier les jeunes ouvriers des banlieues qui sont embauchés sous contrat temporaire et incertain, ainsi que les ouvrières qui ne peuvent souvent travailler qu’à temps partiel et dans des conditions incertaines.
La longue et dure grève de six semaines à Citroën au printemps dernier, la plus importante dans l’automobile depuis plus de dix ans, a souligné l’importance qu’il y a à lier la colère et la révolte des banlieues contre l’oppression raciste à la puissance sociale de la classe ouvrière. Nous avons toujours fait remarquer que les jeunes des banlieues ne sont pas seulement les victimes du racisme mais qu’ils sont aussi intégrés au prolétariat industriel, même si celui-ci est en baisse. Ils font partie de la seule force sociale qui puisse renverser ce système capitaliste raciste et décadent. Il sera aussi très important dans la confrontation majeure qui se prépare entre le gouvernement et la classe ouvrière que le secteur privé, en grande partie non syndiqué et qui comporte un grand nombre d’ouvriers d’origine immigrée ou appartenant à des minorités, soit aussi mobilisé aux côtés du secteur public. Mais pour que cela se produise, les syndicats doivent se battre contre le poison raciste instillé par les patrons dont le but est de diviser la classe ouvrière. Ils doivent donc défendre les ouvriers d’origine immigrée contre la discrimination sur le lieu de travail. Plus de 10 000 travailleurs étrangers ont subi des contrôles d’identité lors du premier semestre de cette année, c’est-à-dire deux fois plus que l’année dernière tout entière. Nous exigeons les pleins droits de citoyenneté pour tous les immigrés et leur famille. Les marins syndiqués de la SNCM ont empêché l’expulsion de sans-papiers vers l’Algérie. Des syndicalistes à l’aéroport de Roissy ont défendu les bagagistes contre la chasse aux sorcières raciste il y a un an. Ces actions montrent la voie. S’il y a une grève des cheminots, le gouvernement cherchera inévitablement à utiliser Vigipirate et à invoquer la « lutte contre le terrorisme » en prétendant que la grève met le pays en danger d’être attaqué par de soi-disant terroristes. Cette hystérie antiterroriste, soutenue tant par la droite que par la gauche, n’est qu’un prétexte pour s’attaquer aux minorités et à ceux qui s’opposent à la politique du gouvernement ; en dehors du pays, c’est un prétexte pour justifier des interventions militaires impérialistes. Par exemple c’est le gouvernement Jospin-Buffet qui a renforcé Vigipirate après l’attaque du 11-Septembre contre le World Trade Center et qui a exploité cette attaque criminelle pour faire passer la loi sur la sécurité quotidienne dont s’est inspiré Sarkozy pour ses propres lois racistes. On ne pourra unifier la classe ouvrière qu’en combattant le racisme et le chauvinisme qui la divisent et qui sont encouragés par les patrons et leurs agents dans le mouvement ouvrier.
Nous sommes le parti de la Révolution russe !
La Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste) dont la Ligue trotskyste de France (LTF) est la section française a combattu avec acharnement la contre-révolution capitaliste dans l’ex-Union soviétique. Nous nous sommes battus pour la défense de l’Union soviétique et des Etats ouvriers déformés, et pour des révolutions politiques prolétariennes afin de chasser les usurpateurs staliniens et leur politique de « coexistence pacifique » avec l’impérialisme. En 1979, contre les moudjahidin réactionnaires islamistes d’Afghanistan soutenus par la CIA et le gouvernement français, nous disions : « Salut à l’Armée rouge en Afghanistan ! » et nous appelions à étendre les acquis de la Révolution russe aux peuples afghans ; en 1981 nous avons dit « Halte à la contre-révolution de Solidarność ! » et en 1989 nous avons mobilisé toutes nos forces pour lutter contre la réunification capitaliste de l’Allemagne et pour sa réunification révolutionnaire, en balayant la bureaucratie stalinienne en train d’abdiquer et en établissant une véritable démocratie ouvrière basée sur les conseils ouvriers. Après la victoire du Quatrième Reich et la défaite de notre classe en Allemagne, nous avons poursuivi la lutte en Union soviétique où nos camarades ont distribué plus de 100 000 exemplaires de notre article d’août 1991 « Ouvriers soviétiques : écrasez la contre-révolution de Bush-Eltsine ! » Il n’y a que le programme trotskyste de révolution politique qui pouvait empêcher le désastre d’une contre-révolution capitaliste en URSS et en Europe de l’Est. Aujourd’hui nous continuons la lutte pour la défense militaire inconditionnelle des Etats ouvriers déformés qui restent : la Chine, la Corée du Nord, le Vietnam et Cuba, contre l’impérialisme et la contre-révolution. Nous nous opposons aux campagnes protectionnistes des patrons et des bureaucrates syndicaux contre la Chine et à leur hystérie grandissante contre les Jeux olympiques de Pékin de l’an prochain. Car, derrière cette offensive, il y a les visées des impérialistes qui veulent restaurer le capitalisme en Chine, le plus grand marché potentiel, et ouvrir le pays à une exploitation effrénée de la main-d’uvre la plus abondante.
La restauration capitaliste en URSS et en Europe de l’Est a rejeté en arrière la conscience de classe du prolétariat. L’immense majorité des ouvriers ne voient plus leurs luttes comme un combat pour de nouvelles révolutions socialistes. La tâche d’un parti révolutionnaire, à l’approche du 90e anniversaire de la Révolution russe d’octobre 1917 dirigée par le parti bolchévique de Lénine et Trotsky, la première et jusqu’à maintenant la seule révolution ouvrière victorieuse de l’histoire, c’est d’expliquer qu’il n’existe pas de raccourci pour remédier aux déprédations et à la décadence capitalistes et qu’il faut de nouvelles révolutions d’Octobre.
Les réformistes se plaignent aujourd’hui des attaques contre l’Etat-providence, mais lorsqu’ils ont soutenu les forces contre-révolutionnaires en Europe de l’Est et en Union soviétique au nom du « pluralisme politique » et de la « liberté totale d’expression », qui étaient selon eux « la seule garantie de démocratie » (numéro spécial URSS, Inprecor, août 1991), ils ont eux-mêmes modestement contribué aux attaques actuelles contre les acquis des ouvriers de l’Ouest. La LCR a carrément soutenu Eltsine, lorsqu’il a fait son contre-coup « contre la dictature stalinienne » avec le soutien des impérialistes en août 1991. Krivine, dirigeant de la LCR à l’époque, écrivit que son organisation était « pleinement solidaire de celles et de ceux qui, sur les barricades, ont fait face à la menace des chars » (tract de la LCR distribué à partir du 3 septembre 1991). La LCR et Lutte ouvrière ont aussi soutenu la contre-révolution de Solidarność en Pologne, tant chérie par le pape et Ronald Reagan. LO a soutenu inconditionnellement et avec enthousiasme la réunification capitaliste de l’Allemagne lorsque le mur de Berlin est tombé en novembre 1989.
Réformisme new look toujours le même obstacle
Aujourd’hui, dans le contexte de l’intensification des rivalités interimpérialistes, de la désindustrialisation croissante et des privatisations, le courant principal de la social-démocratie va de plus en plus à droite. L’exode d’un certain nombre des « éléphants » du Parti socialiste ainsi que le rejet par Royal, après la campagne électorale, de ses propres déclarations sur la défense des 35 heures et du salaire minimum à 1 500 euros, ne fait que souligner combien les divergences sont minces entre leur programme pour gouverner l’impérialisme français, et celui de Sarkozy et Cie.
Etant donné ce mouvement à droite du paysage politique français, la LCR voit, sur le flanc gauche, une ouverture pour elle. Elle appelle à construire un nouveau parti « anticapitaliste, féministe, écologiste, internationaliste et socialiste », « mi-guevariste et mi-libertaire » comme l’a déclaré Besancenot le 26 août, qui va « rendre possible la convergence de toutes et de tous ». Face à la réaction et à la décadence capitaliste, la dernière chose dont a besoin la classe ouvrière aujourd’hui c’est du réformisme dans un emballage nouveau de la LCR. Ce réformisme est tout autant un obstacle à la hausse du niveau de conscience de la classe ouvrière qui a besoin de se préparer à prendre le pouvoir et à renverser le capitalisme.
Pour créer sa nouvelle organisation, la LCR veut se débarrasser des mots « communiste » et « révolutionnaire » dans son nom (ce n’était de toute façon que des mots vides de sens pour elle), et ne veut plus non plus prétendre agir dans la tradition du trotskysme et de la Quatrième Internationale. C’est tout à fait en accord avec son opportunisme. En 1998 déjà, sous l’impact de la publication du Livre noir du communisme, dans le climat de triomphalisme de la bourgeoisie, la LCR s’était publiquement demandée si les bolchéviks n’auraient pas dû renoncer à prendre le pouvoir pour la classe ouvrière en 1917 et s’ils auraient dû rejeter les règles de la « démocratie » bourgeoise (voir « “Le Livre noir du communisme” : mensonges capitalistes usés », Spartacist édition française n° 32, printemps 1998, et « Communisme contre stalinisme : une réponse au Livre noir du communisme » de Daniel Bensaïd). Plus tard, en 2003, la LCR a poursuivi dans la même voie en renonçant à la « dictature du prolétariat » c’est-à-dire à ce que les travailleurs soient au pouvoir. Le fait que la LCR rejette cette perspective aujourd’hui en faveur du statu quo montre qu’au fond elle s’accommode tout bonnement de la dictature de la bourgeoisie.
La LCR a beau invectiver le PS ces temps-ci, cela n’empêche que depuis le début de son existence elle n’a jamais dévié de son cours de politique de pression en restant bien au chaud dans le cadre du capitalisme, comme le montre le fait que, dans toutes les élections, elle appelle à voter pour le candidat du front populaire, la seule exception étant son soutien indirect à Chirac en 2002 pour « barrer la route à Le Pen ». Aujourd’hui le grand plan pour combattre les attaques de Sarkozy, c’est la même politique de collaboration de classes suicidaire qu’avant : Besancenot appelle à constituer des « comités de vigilance pour organiser la riposte et la résistance, qui associent toute la gauche du PS à l’extrême gauche les organisations syndicales, les collectifs ». Quand la LCR parle de « toute la gauche » elle ne se base pas sur des critères de classe. Elle inclut les Radicaux de gauche bourgeois, le MRC, les Verts petits-bourgeois, etc. Nous nous opposons à de tels blocs permanents de collaboration de classes qui sont nécessairement subordonnés au programme de leurs composantes bourgeoises.
Se saisissant des manuvres de la LCR, LO dans son numéro de Lutte de Classe de cet été s’attaque férocement au projet de parti « 100 % anticapitaliste » et dit qu’il faut construire un « parti révolutionnaire qui recrute sur la base de la révolution sociale ». Mais dans l’action, il s’est avéré à chaque fois que la politique de LO était tout autant un obstacle à la révolution socialiste que la variante altermondialiste-anarchisante de la LCR. Même le refus de LO de voter pour Chirac en 2002 a récemment été présenté aux membres de LO comme simplement une manuvre électorale et non comme un principe. Comme Laguiller l’expliquait à la veille du premier tour des élections :
« Le Pen n’avait donc aucune chance d’être élu mais, maintenant, Sarkozy a bien des chances de l’être. [...]
« Je voterai donc pour Ségolène Royal. Et j’appelle tous les électeurs à en faire autant. Mais si je fais ce choix c’est uniquement par solidarité avec tous ceux qui, dans les classes populaires, déclarent préférer “tout sauf Sarkozy”. »
Editorial de Lutte Ouvrière, 22 avril
Un parti d’avant-garde révolutionnaire existe précisément pour apporter à la classe ouvrière la conscience de ses intérêts historiques afin qu’elle renverse le capitalisme. Les courants réformistes par contre se mettent à la traîne du niveau de conscience actuel de la classe ouvrière ou le ramènent même en arrière, acceptant comme le disait Trotsky dans les Leçons d’Octobre, « l’inébranlabilité de l’Etat bourgeois ». C’est exactement le sens du vote de Lutte ouvrière « sans réserves et sans illusions » pour Royal. Pour LO, voter pour le front populaire n’est pas une question de principe, c’est une tactique opportuniste qu’on utilise lorsque la droite est très impopulaire et qu’on a peur de s’isoler des masses, et en particulier de la périphérie du PCF que lorgne LO, si on refuse de soutenir « la gauche ».
L’attitude de LO vis-à-vis des flics est une des preuves les plus claires de son programme réformiste. C’est avec ses tribunaux et ses flics que le système capitaliste impose son exploitation des ouvriers et l’oppression des masses. Loin d’être là pour protéger les gens, le rôle des flics est de s’assurer que la résistance des ouvriers à l’exploitation capitaliste est réprimée, comme beaucoup d’ouvriers qui ont participé à une grève combative le savent très bien. Les flics, les matons et les gardiens ne font pas partie du mouvement ouvrier et n’ont pas leur place dans les syndicats. Peu après le déchaînement des flics à la gare du Nord, à peine une semaine après que quelqu’un a filmé des flics tabassant deux jeunes à Rouen, et au beau milieu d’une campagne du gouvernement pour présenter les flics racistes comme les victimes des jeunes des banlieues, voilà ce que LO avait à dire :
« Une police de proximité, que réclame entre autres le Parti Socialiste, résoudrait-elle ce problème ? Il faudrait déjà que ce ne soit pas qu'un saupoudrage de quelques policiers lâchés souvent sans formation dans des quartiers difficiles. Il faudrait aussi que les policiers aient une attitude tout autre que celle qu'ils ont lors de leurs actions “coup de poing”, où tout habitant est a priori un suspect. Une police qui serait en contact permanent avec la population, au courant des problèmes de sécurité qu'elle rencontre et soucieuse de les régler, pourrait au moins permettre aux habitants de vivre mieux en contenant la délinquance, à défaut de l'éradiquer. »
Lutte Ouvrière, 13 avril
Pour certains militants de LO ces déclarations ne sont que des aberrations, tout comme par exemple la signature de LO au bas de l’appel de la Ligue des droits de l’homme, en compagnie du PS, du PC, etc. pour demander le rétablissement de l’ordre contre les jeunes assiégés pendant la révolte des banlieues de 2005 (que Hardy, le dirigeant de LO, a qualifiée « d’ânerie mineure »). Mais en fait ces déclarations correspondent au programme politique de LO de réforme de l’Etat capitaliste. Et peut-être qu’aujourd’hui certains membres de LO se demandent pourquoi Laguiller s’est tellement entichée de Fadela Amara, qui est maintenant secrétaire d’Etat. Pourquoi cela ? Parce que tout comme LO, elle était un des fers de lance de la campagne de Chirac contre le voile en 2004. En tant que marxistes, et donc athées et combattant pour la libération des femmes, nous considérons que le voile est un symbole et un instrument d’oppression de la femme. Mais nous nous opposons à ce que l’Etat ou le gouvernement interdise ou impose des restrictions au port du voile, car c’est raciste et discriminatoire contre les musulmans. Contrairement à ce que prétendent les petits-bourgeois, à savoir qu’interdire le voile a pour objectif d’intégrer les musulmans dans la société, ces interdictions ne font qu’exclure les jeunes musulmanes des écoles et renforcent leur isolement et leur oppression. Ce n’est pas par hasard que la première mission officielle de Fadela Amara dans le gouvernement de Sarkozy a été de tenir un stand de recrutement pour l’armée française à Saint-Denis près de Paris, où elle se serait exclamée : « Une armée où il y a de la couleur, ça c’est la bombe ! » A bas la collaboration de classes raciste !
Dans le Programme de transition de la Quatrième Internationale, Léon Trotsky a écrit, à la veille du massacre de la Deuxième Guerre mondiale : « La situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction du prolétariat. » Près de 70 ans plus tard, face à la réaction raciste et nationaliste pavant la voie à de futures guerres impérialistes, cette affirmation est plus vraie que jamais. La Ligue communiste internationale et sa section française s’efforcent de construire un parti ouvrier révolutionnaire multiethnique qui se fera le champion des droits de tous les opprimés. Sa tâche est d’apporter un programme révolutionnaire à la classe ouvrière, de surmonter l’arriération et les préjugés, de combattre le réformisme et tous les autres programmes petits-bourgeois qui subordonnent le prolétariat à la bourgeoisie, dans la lutte pour renverser la domination de la classe capitaliste. Rejoignez-nous !
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