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Le Bolchévik nº 178

Décembre 2006

Bush et les Démocrates attisent l’hystérie nucléaire

Défense de la Corée du Nord ! A bas les sanctions de l’ONU !

Nous reproduisons ci-dessous un article paru dans Workers Vanguard (n° 879, 27 octobre), journal de la Spartacist League/U.S., section soeur de la Ligue trotskyste aux Etats-Unis.

* * *

« La menace extrême des Etats-Unis de déclencher une guerre nucléaire, les sanctions et les pressions contraignent la RPDC [République populaire démocratique de Corée] à procéder à un essai nucléaire […], ce qui constitue une mesure de défense appropriée. » Le Ministère des Affaires étrangères nord-coréen a publié cette déclaration brute quatre jours avant que ce pays procède à son premier essai nucléaire. Moins d’une semaine après cet essai, le 14 octobre, le Conseil de sécurité des Nations Unies votait à l’unanimité d’imposer des sanctions contre la Corée du Nord – un acte de guerre, comme l’ont fait remarquer à juste titre les Nord-Coréens.

Il y a 56 ans, les forces de ce qui devait devenir la République populaire démocratique de Corée entraient dans le sud de la Corée avec comme objectif de libérer cette région des collaborateurs de l’occupation impérialiste japonaise – les anciens maîtres coloniaux de la Corée – qui étaient restés en place sous les auspices de l’armée américaine installée dans la région aux lendemains de la Deuxième Guerre mondiale. L’armée basée dans le nord, dans une tentative pour réunifier la Corée, déclencha dans le sud une puissante révolution sociale et fut à deux doigts de chasser l’armée impérialiste américaine de la péninsule. En un tout petit peu plus de deux ans l’armée américaine, qui menait l’assaut contre la Corée sous l’égide de l’ONU, subit presque autant de pertes que pendant plus de dix ans de guerre du Vietnam. Dans cette guerre, les Etats-Unis massacrèrent plus de trois millions de Coréens, incinérant et asphyxiant de nombreux villageois sous un océan de napalm.

En tant que trotskystes, nous sommes pour la défense militaire inconditionnelle de l’Etat ouvrier déformé nord-coréen, et c’est pourquoi nous nous réjouissons de ce que la Corée du Nord développe des armes nucléaires, une dissuasion nécessaire contre l’impérialisme. Notre défense de la Corée du Nord – où le pouvoir est exercé selon les règles de la primogéniture par Kim Jong-il, le fils de Kim Il-sung, et chef de la bureaucratie stalinienne – est une défense du renversement et de l’expropriation du capitalisme. Abandonner la défense des Etats ouvriers, c’est abandonner la cause de la révolution prolétarienne internationale. Cette cause, et par conséquent la défense militaire inconditionnelle des derniers Etats ouvriers déformés, la Chine, Cuba, le Vietnam et la Corée du Nord, constitue la pierre angulaire du programme de la Ligue communiste internationale (LCI).

La guerre de Corée n’a jamais pris fin, pas seulement techniquement parce que les Etats-Unis ont refusé de signer un traité de paix, mais dans les faits. Loin d’être le produit des délires sur « l’axe du mal » d’une administration Bush shootée aux anabolisants, la seule politique de l’impérialisme US envers le Nord et son régime stalinien a toujours été sa destruction, comme étape du processus pour renverser la Révolution chinoise de 1949. Aujourd’hui, ce sont les Démocrates qui affichent leur « fermeté » envers la Corée du Nord, attaquant l’administration Bush sur la droite.

La guerre de Corée avait été déclenchée par le président Démocrate Harry Truman et poursuivie par son successeur Républicain Dwight Eisenhower, tandis que le général Douglas MacArthur envisageait d’utiliser des armes nucléaires contre la Chine. Il ne fait guère de doute que la possibilité d’une riposte nucléaire de l’URSS a fait réfléchir à deux fois les docteurs Folamour, tandis que l’intervention de plus d’un million de « volontaires » de l’Armée populaire de libération chinoise, après que la Chine elle-même avait été menacée militairement par les Etats-Unis, a permis à la Corée du Nord de survivre. Aujourd’hui encore, les Etats-Unis maintiennent près de 30 000 soldats en Corée du Sud, ainsi qu’une base navale et trois bases aériennes. Ces soldats ont été utilisés à plusieurs reprises pour appuyer la répression des luttes ouvrières et des soulèvements sociaux au Sud, et ils témoignent de la détermination de l’impérialisme US à prendre sa revanche après sa défaite au Nord. Troupes et bases US, hors de Corée du Sud !

La veille de la publication de la déclaration du Ministère des Affaires étrangères nord-coréen, le secrétaire d’Etat adjoint américain Chris Hill lançait cet avertissement : « Nous n’allons pas vivre avec une Corée du Nord nucléaire. Elle peut avoir un avenir, ou elle peut avoir ces armes. Elle ne peut pas avoir les deux. » Les prétentions antinucléaires des Etats-Unis sont de la pure foutaise, destinée à faire oublier l’incinération d’Hiroshima et Nagasaki à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ce sont les Etats-Unis qui, dans leur « Bilan de posture nucléaire » de 2002, ont inscrit la Chine et la Corée du Nord, entre autres pays, comme cibles de premières frappes nucléaires potentielles. De son côté, la Corée du Sud a cherché à plusieurs reprises à développer en secret la technologie nécessaire à la fabrication d’armes nucléaires. Le Japon, qui possède plus de 40 tonnes de plutonium, a la capacité de développer, dans les délais les plus brefs, des armes nucléaires. Et il y a bien sûr l’important arsenal nucléaire d’Israël.

L’essai nucléaire de la Corée du Nord n’en a pas moins été caractérisé par la plupart des commentateurs bourgeois comme le produit d’une dictature bizarre, démente et incontrôlée. Il y a beaucoup à dire sur le pouvoir bureaucratique, dynastique et mythifié des Kim en général, et plus particulièrement sur les penchants du « cher dirigeant » Kim Jong-il. Mais la décision de la Corée du Nord de procéder à cet essai n’est pas seulement rationnelle ; elle constitue une première étape essentielle pour développer un arsenal nucléaire capable de dissuader une attaque impérialiste. Ce n’est pas par hasard que le seul répit partiel que la Corée du Nord ait connu face à la pression sans relâche de l’impérialisme US a été pendant la période où elle était économiquement et militairement alliée avec l’URSS. En fait, sans l’arsenal nucléaire soviétique, il est probable qu’une grande partie de la Chine, du Vietnam ainsi que de la Corée du Nord serait un champ de ruines irradiées.

A bas le chantage nucléaire impérialiste !

Au lendemain du conflit frontalier sino-indien de 1962, au cours duquel l’Union soviétique avait refusé de soutenir la Chine au nom de la quête par les Soviétiques d’une « coexistence pacifique » avec l’impérialisme américain, nous avions salué la première explosion nucléaire chinoise, en octobre 1964, comme un acte de défense élémentaire dans le contexte de la trahison soviétique. Nous déclarions alors : « La question centrale, c’est que chaque augmentation de la capacité chinoise à tenir en respect militairement les Etats-Unis augmente le temps disponible pour préparer la révolution prolétarienne – avant tout en Amérique –, au final la seule garantie de tous les acquis obtenus jusqu’ici par la classe ouvrière internationale » (Spartacist édition anglaise n° 3, janvier-février 1965).

Pour des marxistes révolutionnaires, c’est un axiome : pour que la révolution socialiste survive, elle doit, à relativement brève échéance, acquérir la prédominance dans le monde par la prise du pouvoir par le prolétariat dans les bastions les plus avancés de l’impérialisme. Les castes bureaucratiques au pouvoir dans les Etats ouvriers déformés n’ont pas ce genre de perspective. Elles tirent leurs privilèges économiques relatifs et leur pouvoir social de leur rapport parasitaire aux Etats ouvriers, et de ce fait redoutent par-dessus tout le réveil d’une combativité prolétarienne qui menacerait de remplacer leur domination. Ainsi, s’ils sont occasionnellement forcés de défendre, contre les attaques de l’impérialisme, les révolutions qu’ils tiennent sous leur emprise politique, ces bureaucrates staliniens cherchent à maintenir une futile politique de « coexistence pacifique » avec l’impérialisme dans le cadre de leur dogme nationaliste de la construction du « socialisme dans un seul pays » (ou même la moitié d’un pays dans le cas de la Corée du Nord).

Pendant la guerre froide dirigée par les Etats-Unis qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale et qui avait l’Union soviétique comme cible désignée d’une attaque nucléaire, l’URSS a fourni un important soutien militaire et matériel à l’Etat ouvrier déformé chinois nouvellement créé, et qui était pris de façon similaire pour cible pendant la guerre de Corée. Avec la désescalade de la guerre froide, les staliniens d’Union soviétique se sont déclarés prêts à monnayer ce soutien en échange d’un rapprochement avec les impérialistes américains. De même, pendant la guerre du Vietnam, le Parti communiste chinois (PCC) a saisi « l’occasion » de s’acoquiner avec les impérialistes américains contre un imaginaire « social-impérialisme » soviétique. Comme les Etats-Unis cherchaient à renverser la puissance militaire et industrielle qui était née de la Révolution d’octobre 1917, les efforts du PCC furent très appréciés par les Etats-Unis, et contribuèrent à paver la voie à la contre-révolution dans l’Etat ouvrier dégénéré soviétique en 1991-1992, une défaite historique d’importance mondiale pour le prolétariat international.

Dans le cas de la Corée du Nord, la Chine a voté, de façon criminelle, pour les sanctions contre ce pays au Conseil de sécurité de l’ONU, après avoir précédemment condamné l’essai nucléaire dans une déclaration commune avec le Premier ministre de droite japonais nouvellement élu Shinzo Abe publiée le 8 octobre. Et Pékin n’a pas cessé de faire pression sur le régime de Pyongyang pour qu’il revienne aux « pourparlers à six » dont l’objectif est de désarmer la Corée du Nord. Pour sa part, la Corée du Nord fait pression pour des discussions « bilatérales » avec les Etats-Unis.

Quel a été le résultat net de la servilité éhontée de la Chine ? A n’en pas douter, les impérialistes accordent maintenant à la Chine le statut d’acteur majeur, bien qu’aberrant, sur la scène mondiale. Et il y a les somptueux banquets arrosés d’alcools forts, accompagnés d’occasions sans aucun doute nombreuses de s’enrichir pour faveurs accordées aux investisseurs impérialistes. Mais depuis le renversement de l’Etat ouvrier dégénéré en URSS, les Etats-Unis ont redéployé en Asie des forces qu’ils employaient jadis à contenir la « menace » soviétique, et ces forces sont un danger pas seulement pour Pyongyang, mais en premier lieu pour Pékin. En même temps, les Etats-Unis renforcent leurs liens avec l’impérialisme japonais, en prenant la Chine pour cible sous couvert de « défendre » l’Etat capitaliste taïwanais. Pour sa part, le Japon s’efforce d’enjoliver sa brutale occupation de la Chine et de la Corée pendant la première moitié du XXe siècle et jusqu’à sa défaite pendant la Deuxième Guerre mondiale, et utilise en même temps la Corée du Nord comme prétexte pour contourner les restrictions au développement de son armée, inscrites dans la Constitution d’après-guerre.

La honteuse conciliation dont fait preuve Pékin envers la campagne impérialiste contre la Corée du Nord est particulièrement dangereuse pour la défense de la Chine elle-même. Une contre-révolution capitaliste en Chine serait une défaite dévastatrice pour le prolétariat international, car elle transformerait le pays le plus peuplé du monde en un atelier géant de surexploitation directement sous la coupe des exploiteurs impérialistes, ou peut-être autre chose qui n’est même pas encore envisagé. L’urgence, c’est de lutter pour la révolution politique prolétarienne en Chine, pour chasser les bureaucrates au pouvoir à Pékin et les remplacer par un régime basé sur la démocratie ouvrière et l’internationalisme révolutionnaire. Une révolution politique ouvrière en Chine serait un aiguillon pour un soulèvement similaire en Corée du Nord, en même temps que l’étincelle d’une révolution socialiste en Corée du Sud, jetant ainsi la base d’une réunification révolutionnaire de la péninsule coréenne. Elle donnerait un élan puissant au prolétariat japonais contre ses maîtres capitalistes, et préparerait le terrain pour une offensive prolétarienne à l’échelle mondiale contre la domination impérialiste.

Pour la révolution socialiste internationale !

Aux Etats-Unis, les Démocrates se sont saisis de l’essai nucléaire de la Corée du Nord pour se présenter comme les vrais durs qui savent comment défendre l’Amérique contre les vrais Etats-voyous comme la Corée du Nord et l’Iran. L’ancien sénateur Démocrate Sam Nunn résumait ainsi les leçons de l’essai nucléaire du Nord : « Ce qu’il vous dit, c’est que nous avons commencé du mauvais côté de “l’axe du mal”. Nous avons commencé avec le moins dangereux des pays, l’Irak, et nous le savions à l’époque. Et maintenant nous devons gérer cela » (New York Times, 10 octobre). Et Harry Reid, le leader de la minorité au Sénat, l’a exprimé de façon encore plus tranchante : « Distraite par l’Irak et paralysée par ses divisions internes, l’administration Bush est depuis plusieurs années dans un état de déni au sujet du défi croissant que représente la Corée du Nord, et elle a trop souvent essayé de minimiser le problème ou de changer de sujet […]. La première étape pour mettre fin au programme d’armes nucléaires de la Corée du Nord, c’est de faire en sorte que ce premier essai nucléaire présumé soit aussi le dernier » (Agence France-Presse, 9 octobre).

Une chose est claire : si les Démocrates reprennent le contrôle du Sénat et/ou de la Chambre des représentants lors des prochaines élections, ce sera dans une large mesure parce que les électeurs sont consternés par l’occupation apparemment sans fin de l’Irak. Mais les Démocrates sont, en fait, le parti par excellence de la guerre impérialiste. Pratiquement toutes les principales actions impérialistes américaines du XXe siècle ont été menées par des présidents Démocrates – parce que la classe dirigeante américaine sait que la posture d’« amis » des travailleurs qui est celle des Démocrates les rend mieux à même de faire passer les guerres de l’impérialisme US auprès de la population. Et de fait, Bill Clinton, en 1994, était prêt à bombarder la Corée du Nord jusqu’à ce qu’elle se soumette s’il n’avait pas obtenu de Kim Jong-il la promesse de cesser ses efforts pour retraiter le plutonium contenu dans les barres de combustible. Ce qu’offrent les Démocrates, c’est une « guerre contre le terrorisme » supérieure, dont la cible prioritaire serait aujourd’hui la Corée du Nord, comme premier coup tiré contre la Révolution chinoise de 1949.

Les aspirations prédatrices des Etats-Unis sont tellement transparentes que même certains des socialistes de pacotille qui esquivent la défense des Etats ouvriers déformés avec l’argument spécieux qu’il s’agirait de sociétés capitalistes, feignent la sympathie pour le sort de la Corée du Nord. Ainsi, l’International Socialist Organization (ISO) a décrit le conflit actuel comme une « confrontation américaine déclenchée par Bush » et comme « le dernier exemple de plus d’un demi-siècle de pressions militaires des Etats-Unis et de leur Etat-client, la Corée du Sud, qui ont commencé avec une guerre entre les deux Corée de 1950 à 1953 » (Socialist Worker, édition en ligne, 13 octobre).

Il faut un culot d’acier à l’ISO pour se déclarer ainsi préoccupée. Ses géniteurs ont reçu leur baptême du feu pendant la guerre de Corée quand ils ont capitulé devant l’impérialisme britannique et américain et refusé de défendre la révolution sociale coréenne contre l’agression impérialiste. L’ISO soupire maintenant qu’aucune personne sensée ne veut d’une guerre en Corée, et préconise un « vrai désarmement » qui commencerait « avec la force motrice de la militarisation de la politique étrangère en Asie – le gouvernement des Etats-Unis ».

L’ISO trahit ici sa foi misérablement réformiste dans la possibilité de créer un impérialisme bon et inoffensif. Voter pour telle ou telle version de la politique impérialiste aura un impact nul sur les aspirations de la classe dirigeante américaine, qui ne veut rien moins que dominer le monde. Pour mettre fin à la guerre et à ses ravages, il faut que le prolétariat renverse l’ordre mondial impérialiste, et cette tâche ne peut pas être accomplie sans forger un parti révolutionnaire trotskyste international voué à cet objectif. C’est à cela que la LCI consacre toutes ses ressources.

 

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