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Workers Tribune No. 2

Summer/Fall 2019

À bas les attaques anglo-chauvines contre les Franco-Ontariens !

Cinq mois après son élection en tant que premier ministre de l’Ontario, Doug Ford et ses conservateurs se sont attaqués aux francophones début novembre 2018, éliminant le Commissariat aux services en français et sabrant les plans pour une université de langue française. Que ce soit sous les libéraux ou les conservateurs (ou les néodémocrates), les francophones ont toujours été traités comme des citoyens de seconde classe dans l’Ontario orangiste. Ils sont rabaissés, méprisés, se font traiter de « frenchie » ou pire ; ils ont eu à mener des luttes constantes simplement pour pouvoir vivre en français. La suppression des plans qui devaient mener à la création de l’université pour laquelle ils se sont battus pendant 40 ans est un autre coup dur dans la longue campagne pour assimiler de force les Franco-Ontariens.

À compter de la défaite des Français sur les plaines d’Abraham en 1759, l’anglais fut imposé par la répression, les ordonnances légales et l’étranglement économique. La pierre angulaire de la domination de classe capitaliste au Canada est la subjugation de la nation québécoise francophone, d’où découle la suppression continue des droits des autres francophones au Canada, y compris les Acadiens, les Métis et les francophones dans ce qui est aujourd’hui l’Ontario. La Ligue trotskyste au Québec et au Canada appuie la demande pour une université de langue française en Ontario. Nous sommes opposés à tous les privilèges de l’anglais, la langue de la nation oppressive, et nous appelons la classe ouvrière à se mobiliser en défense des Franco-Ontariens qui luttent pour survivre en tant que peuple. Cela est lié à notre lutte pour l’indépendance du Québec, que ce soit sous le capitalisme ou en tant qu’État ouvrier.

Le 1er décembre dernier, quelque 15 000 personnes, surtout francophones, ont manifesté à travers l’Ontario contre les attaques chauvines de Ford. La LTQC était le seul groupe se disant socialiste présent à la manifestation de Toronto. En voyant notre journal en français, République ouvrière, et son slogan pour l’indépendance du Québec et le socialisme, l’un des participants à la manifestation a dit : « Je n’avais aucune idée que quelqu’un au Canada anglais pourrait appuyer ça. » La tâche d’un parti révolutionnaire au Canada anglais est de gagner les travailleurs et travailleuses à la compréhension que d’appuyer l’indépendance du Québec et défendre les minorités francophones est crucial pour leur propre libération. Notre perspective est de déchaîner le potentiel révolutionnaire de la lutte de libération nationale vers une république ouvrière du Québec. Celle-ci serait un phare pour les travailleurs et les opprimés à travers le pays, notamment pour les francophones de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick et d’ailleurs.

Les Franco-Ontariens sont principalement les descendants de ceux qui ont été forcés de quitter le Québec par la misère et l’oppression aux XIXe et XXe siècles et attirés par les perspectives d’emplois dans les mines, les scieries et, plus tard, les usines d’automobiles. Des milliers d’entre eux se sont joints au syndicat Mine Mill à Sudbury, par exemple. Les francophones demeurent une composante clé de la classe ouvrière ; la division des hôpitaux du SCFP en Ontario, notamment, comporte 10 000 membres francophones. La pression intense vers l’assimilation est renforcée par le manque de services, qui lui-même renforce l’assimilation. L’accès aux soins de santé en français est rare, voire inexistant. Même le peu de droits actuels à l’éducation en français a nécessité de nombreuses batailles. Comme François Boileau, l’ancien commissaire aux services en français, l’a indiqué dans un rapport de 2012, le manque d’accès à l’éducation supérieure en français est une « mort lente ».

Pour la classe dirigeante, le calcul est simple : niez ou limitez le droit à l’éducation en français, et vous êtes sur la bonne voie pour vous débarrasser de ceux qui parlent français. Ce n’est pas un hasard si les batailles les plus importantes depuis plus d’un siècle ont eu lieu dans les écoles, où l’assimilation forcée réussira ou échouera. En 1912, la régulation 17 a rendu illégale dans les faits l’éducation en français en Ontario au-delà de la deuxième année. Les enseignantes ont défié l’interdiction, alors que les mères des élèves ont confronté la police et bloqué les entrées des écoles. En 1927, la régulation était devenue inapplicable, mais elle ne fut abolie qu’en 1944. En privant toute une génération de l’éducation dans leur propre langue, la régulation 17 a causé des dommages incalculables.

Avant que les écoles francophones ne soient officiellement reconnues en Ontario en 1968, les parents devaient payer pour l’éducation en français de leurs enfants. Aujourd’hui, les écoles francophones sont souvent mal entretenues et surpeuplées, y compris parce qu’elles sont souvent remplies d’enfants anglophones à cause du nombre insuffisant de programmes d’immersion francophone pour répondre à la demande. Plusieurs sont liées au système scolaire catholique financé par des fonds publics. En tant que marxistes, nous sommes pour la séparation de l’Église et de l’État, ainsi que pour une éducation gratuite, laïque et de qualité pour les francophones et les anglophones.

Le bilinguisme officiel maintient la domination de l’anglais

La véritable égalité des langues commence par la lutte contre les privilèges de la langue oppressive. Nous sommes contre l’imposition d’une éducation en anglais sur la minorité francophone. Au Québec, nous nous opposons au bilinguisme officiel du gouvernement fédéral, qui impose intentionnellement l’anglais aux francophones. Pour la même raison, nous défendons la loi 101 (voir « La bataille contre l’Hydre chauvine », Spartacist édition française no 43, été 2017). Après s’être fait dire « speak white », c’est-à-dire « anglais », pendant des décennies, la loi 101 a affirmé que les Québécois devraient pouvoir vivre, travailler, aller à l’école, faire leurs achats, obtenir des soins de santé et réaliser toute autre activité—en français. Les immigrants au Québec devraient être éduqués et intégrés en français, au même titre que, sans que personne ne le remette en question, les immigrants ailleurs au Canada cherchent à s’intégrer en anglais. Nous luttons pour des programmes bilingues, incluant la langue maternelle des immigrants, gratuits et de qualité pour faciliter leur intégration dans la société.

Au Québec, la réaction contre les attaques de Ford a été rapide et furieuse. Au Canada anglais, c’était tout le contraire. Comme le chroniqueur Patrick Lagacé l’a dit en s’adressant aux médias canadiens-anglais dans une polémique acérée, écrite en anglais pour s’assurer qu’elle soit comprise : « you don’t give a shit » (La Presse, 20 novembre 2018). Ou comme il l’a titrée en français : « Ils s’en fichent. » En effet, les Franco-Ontariens se sont trouvés essentiellement seuls dans cette bataille. La Fédération du travail de l’Ontario s’est mobilisée à maintes reprises contre diverses mesures de Ford, mais pas quand il a lancé ses attaques chauvines. Il n’y a rien de surprenant ici : les dirigeants syndicaux procapitalistes partagent à fond l’anglo-chauvinisme de la bourgeoisie et contribuent ainsi à garder les travailleurs enchaînés à leurs exploiteurs. Luttant pour briser ces chaînes, une direction lutte de classe des syndicats mobiliserait la puissance sociale de la classe ouvrière en défense de tous les opprimés.

L’arrogance anglo-chauvine a doublé d’ardeur récemment lorsque le gouvernement du Québec a annoncé le transfert de trois écoles anglophones montréalaises à moitié vides au réseau de langue française afin d’accommoder 3 000 étudiants francophones. Grâce à la loi 101, les inscriptions dans les écoles anglophones ont périclité pendant des décennies, et il y a maintenant plus de 10 000 pupitres vides dans le réseau. Mais les grincements de dents du Quebec Community Groups Network (QCGN) anglophone pouvaient se faire entendre à travers le Canada, et leurs protestations ont rapidement été récupérées par les médias canadiens-anglais complaisants.

Le QCGN, qui est subventionné par le gouvernement fédéral, a aussi trouvé des alliés chez l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick. Les trois groupes ont signé une entente pour faire de la défense de la loi sur les langues officielles un enjeu dans l’élection fédérale cet automne. C’est comme s’ils avaient signé un pacte avec le diable : le QCGN existe pour défendre les privilèges de la langue anglaise au Québec et il est donc absolument opposé aux intérêts de tous les francophones.

Au Québec, les anglophones ne rencontrent pas la pression de s’assimiler ; l’anglais est si protégé que c’est en fait l’usage du français lui-même qui est menacé. Les francophones des autres provinces ne peuvent que rêver des ressources dont disposent les anglophones du Québec : trois universités bénéficiant d’un financement public (McGill, Concordia et Bishop’s), un réseau d’hôpitaux de haut calibre, des écoles entièrement subventionnées et bien plus encore. Tout comme les Franco-Ontariens, les Acadiens et les autres francophones du Nouveau-Brunswick, qui comptent pour 32 % de la population, doivent lutter constamment contre le chauvinisme et la négation de leurs droits et services. En novembre dernier, le chauvin antifrancophones Blaine Higgs est devenu premier ministre avec l’appui de la People’s Alliance of New Brunswick, un groupe « English only » ouvertement raciste.

Les groupes acadien et franco-ontarien se sont alliés au QCGN parce qu’ils croient à tort que le bilinguisme officiel d’Ottawa et son rejeton, le multiculturalisme, défendent les droits liés à la langue française. Comme Robert Dutrisac, chroniqueur au Devoir, l’a dit : « Les deux groupes francophones tombent dans le panneau de cette fausse symétrie qui a contribué au recul du fait français au Canada » (15 juillet). Ces politiques ont longtemps été associées au Parti libéral du Canada, qui tente faussement de se présenter comme le défenseur de l’éducation en français en Ontario et qui a joint certaines des manifestations contre les attaques de Ford. L’objectif de ces politiques a toujours été de contrecarrer les aspirations nationales du Québec et de renforcer le statu quo chauvin et raciste.

La LTQC lutte pour construire un parti ouvrier révolutionnaire binational en vue de deux partis dans deux États séparés. Gagner les travailleurs canadiens-anglais à la lutte pour la défense des minorités francophones, partie prenante de la lutte pour l’indépendance du Québec, marquerait une rupture politique avec le chauvinisme « d’unité nationale » de la bourgeoisie, colporté par les sociaux-démocrates du NPD et les dirigeants syndicaux traîtres au sein de la classe ouvrière. La lutte contre l’oppression nationale des Québécois sera un puissant levier afin d’avancer la lutte du prolétariat contre les dirigeants capitalistes et vers la révolution socialiste pour briser tout le cadre anglo-chauvin répressif de ce pays.

 

Workers Tribune No. 2

WT 2

Summer/Fall 2019

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“Fight the Right” Reformists Beat Drums for Liberals and NDP

We Need a New Ruling Class — The Workers!

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U.S. Imperialists Ramp Up Trade/Tech War

Trudeau Liberals Push Anti-China Scare Campaign

Defend, Extend Gains of 1949 Chinese Revolution!

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Jim Robertson

1928-2019

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À bas les attaques anglo-chauvines contre les Franco-Ontariens !

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Down With Anglo-Chauvinist Attacks on Franco-Ontarians!

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Internationalist Group: Anglo-Chauvinist Trash

Hate Quebec Independence, Hate the ICL

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No Illusions in Canadian Multiculturalism! Independence for Quebec!

Quebec: Down With Anti-Muslim Headscarf Law!

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Behind the Mask of Fightback: Neither Socialism nor Independence

For a Binational Leninist Party!