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Supplément au Bolchévik nº 176

23 juillet 2006

USA, France, ONU, bas les pattes devant le Liban, la Syrie, l’Iran !

A bas l’attaque sioniste contre le Liban et la bande de Gaza !

Pour une fédération socialiste du Proche-Orient !

23 juillet 2006 – Alors que les troupes israéliennes sont prêtes à envahir le sud du Liban, les bombardements sionistes incessants sont en train de réduire en décombres de vastes zones du pays. Au moins 350 civils ont été tués, l’infrastructure du pays est en ruines, et Beyrouth se fait à nouveau dévaster. Sur une population de moins de quatre millions de personnes, 500 000 personnes ont été déplacées. En même temps le pouvoir sioniste continue à se déchaîner de façon meurtrière contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, où il bombarde des zones densément peuplées ; des dizaines de personnes ont été tuées. Les dirigeants sionistes ont une mentalité qu’ils sont une race supérieure, ce qui leur dicte de tuer vingt Arabes pour chaque Israélien tué, qu’il soit civil ou militaire. Les impérialistes américains sont derrière Israël ; ils lui ont donné le feu vert tout en poursuivant leur propre occupation meurtrière de l’Irak et en battant le tambour de guerre contre la Syrie et l’Iran.

Et les impérialistes français sont également jusqu’au cou dans ce massacre. C’est leur résolution 1559 de l’ONU, qu’ils ont concoctée ensemble avec les USA, et qui demande le désarmement des milices du Hezbollah et le retrait des troupes syriennes, qui a dans une large mesure pavé la voie à l’attaque sioniste actuelle. Cela à lui tout seul souligne la futilité des appels aux impérialistes ou aux Nations Unies pour qu’ils viennent en aide au Liban ou aux Palestiniens, comme par exemple le soutien du PCF aux initiatives de Chirac pour un « corridor humanitaire » (éditorial de l’Humanité, 21 juillet), ou les appels de la LCR (déclaration du 17 juillet) disant que « des sanctions politiques et économiques contre l’Etat d’Israël s’imposent » – à mettre en œuvre par qui, sinon par l’impérialisme français entre autres ? Ces réformistes ne peuvent imaginer autre chose que de se tourner vers les impérialistes. Les innombrables peuples du Proche-Orient ne connaîtront pas la paix, la prospérité ou la justice tant que l’ordre capitaliste dans la région n’aura pas été renversé par une série de révolutions socialistes.

Le général de corps d’armée israélien Dan Halutz a déclaré de façon menaçante qu’Israël allait « faire revenir le Liban en arrière de vingt ans » : c’est une menace de dévastation totale rappelant la guerre civile de 1975-1990. Israël a rappelé des milliers de réservistes, et ses troupes ont déjà fait plusieurs incursions dans le Sud-Liban où elles affrontent une résistance farouche des forces du Hezbollah. Il est remarquable que, dans l’atmosphère d’hystérie chauvine attisée par le gouvernement israélien, environ 2 000 personnes aient manifesté à Tel-Aviv le 16 juillet contre l’attaque visant le Liban. Nous, trotskystes de la Ligue communiste internationale, nous défendons militairement le Hezbollah contre la machine de guerre israélienne dans ce conflit, tout en maintenant notre opposition politique à cette organisation islamiste réactionnaire. Israël, hors du Liban, de la bande de Gaza et de tous les territoires occupés ! Défense du peuple palestinien !

Cette nouvelle offensive d’Israël se produit dans le contexte de l’occupation US meurtrière de l’Irak, qui a provoqué et déchaîné un bain de sang interethnique et religieux. D’après un récent rapport de l’ONU concernant l’Irak, rien qu’au mois de juin plus de 3 000 civils ont été tués – cela fait 100 par jour. Et maintenant les impérialistes, avec Chirac fermement au côté de Bush, augmentent les bruits de bottes contre la Syrie et l’Iran en prétendant qu’ils sont le vrai pouvoir qui se tient derrière le Hezbollah. En cas d’attaque visant la Syrie ou l’Iran, qu’elle soit le fait des USA ou d’autres forces impérialistes, ou d’Israël agissant pour le compte de ces derniers, il est du devoir du prolétariat du monde de se prononcer pour la défense militaire de l’Iran et de la Syrie, sans donner de soutien politique ni à la dictature baasiste de Damas, ni au régime réactionnaire des mollahs de Téhéran. Face au chantage nucléaire impérialiste, nous disons que l’Iran a besoin d’armes nucléaires et de systèmes de missiles adéquats pour se défendre et pour dissuader les impérialistes d’attaquer. De plus, dans le cadre de notre défense militaire inconditionnelle de l’Etat ouvrier déformé nord-coréen, nous soutenons le fait que ce pays développe et teste des armes nucléaires et des missiles. Bas les pattes devant la Syrie et l’Iran ! Aucune sanction de l’ ONU contre la Corée du Nord ! USA, hors d’Irak ! France, hors d’Afghanistan, du Proche-Orient et d’Afrique !

Israël et les USA déclarent que leur objectif est de désarmer et d’écraser le Hezbollah. Et les Français se positionnent pour faire une partie du travail. Cela ne pourra en fin de compte se réaliser qu’en annihilant la population chiite plébéienne du Sud-Liban, qui est l’une des plus grandes minorités parmi les nombreuses communautés mutuellement hostiles de ce pays. Loin d’être une nation, le Liban est un petit pays artificiel qui a été découpé de la Syrie par les impérialistes français après la Première Guerre mondiale. Afin de diviser pour mieux régner, la France avait créé l’entité qu’elle appelait le « Grand Liban » en annexant des régions musulmanes de Syrie à celle du Mont-Liban, qui était peuplée d’une majorité chrétienne. Ils avaient ainsi créé en connaissance de cause un Etat qui devait par sa construction être marqué par des conflits entre les communautés, ce qui justifierait leur force impériale de « maintien de paix » et leur influence plus largement dans la région. La guerre civile qui a ravagé le Liban pendant une quinzaine d’années à partir de 1975, avec plus de 150 000 morts, n’a été que l’expression la plus sanglante de ces conflits intercommunautaires qui ont toujours tourmenté le pays.

Quand le gouvernement de Beyrouth, qui est arrivé au pouvoir l’année dernière avec le soutien de Washington et Paris, a fait appel à la « communauté internationale » pour réfréner Israël, l’impérialisme français a sans conviction décrit l’attaque meurtrière comme « excessive » et « disproportionnée ». Depuis, Chirac parle de plus en plus d’un accord de paix humanitaire, consistant pour l’essentiel en un cessez-le-feu immédiat, et encore une fois une force de « maintien de la paix » soutenue par l’ONU pour occuper le Sud-Liban. Chirac a déjà promis que les troupes françaises étaient prêtes à jouer un rôle central. L’armée française a déjà massé des navires de guerre et des troupes d’élite près du Liban, sous couvert de rapatrier les citoyens français. Non à une intervention française, de l’Union européenne ou de l’ONU ! Les propositions de Chirac représentent simplement une tentative de la France pour utiliser le bain de sang – causé en grande partie par la résolution 1559 de l’ONU – pour se réinsérer dans son ancienne colonie et pour essayer à nouveau de regagner de l’influence au Proche-Orient riche en pétrole.

Prenez garde aux illusions dans l’ONU, une caverne des brigands impérialistes et de leurs victimes ! C’était l’ONU qui avait voté (avec l’approbation de l’URSS de Staline) la partition de la Palestine et la création de l’Etat sioniste raciste d’Israël. De la guerre de Corée aux sanctions de famine contre l’Irak de Saddam Hussein, l’ONU a toujours servi d’instrument pour les déprédations impérialistes de par le monde. C’était l’ONU, avec un important contingent de troupes françaises, qui avait désarmé les combattants palestiniens pendant la sanglante guerre civile libanaise ; ils ont ainsi créé les conditions pour le massacre de 2 000 civils en 1982 dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila par des forces chrétiennes d’extrême droite dirigées par les troupes israéliennes sous la direction du boucher Ariel Sharon, qui est maintenant dans le coma.

En ce qui concerne la soi-disant « opposition » en France, le Parti socialiste a déclaré ouvertement son soutien aux dirigeants israéliens : « nous pensons que la réaction est légitime de la part du gouvernement israélien, au regard du fait qu’il y a eu agression » (déclaration de Julien Dray, 17 juillet). Pendant ce temps le PC, qui a déjà annoncé son intention de mobiliser le soutien pour le PS au deuxième tour des élections présidentielles de l’année prochaine, a adopté une posture ultra-gaulliste. Sa première réaction était de se lamenter que la France était trop dans le sillage des USA au lieu de s’opposer à eux comme en 2003 contre la guerre de Bush en Irak. Mais la politique de Chirac était à l’époque (comme aujourd’hui) dictée par les intérêts du capitalisme français tels qu’il les voyait, et aucunement par ceux des masses opprimées du Proche-Orient. A cette époque le soutien éhonté du PCF et de la LCR au gouvernement Chirac, pour qui ils venaient de voter, sur la question de l’Irak avait cimenté, qu’ils le veuillent ou non, l’« unité nationale » dont avaient besoin Chirac et Sarkozy pour envoyer des milliers de troupes en Côte d’Ivoire, remettre en route les déportations de sans-papiers par charters entiers à la veille de la guerre, et ensuite à la fin de la guerre pour mener l’attaque contre toute la classe ouvrière française sur la question des retraites.

Lutte ouvrière s’est abstenue de faire de misérables demandes aux impérialistes comme le PC et la LCR, mais n’a pas non plus participé jusqu’à présent à aucune des manifestations à Paris contre l’attaque de Gaza et du Liban. On peut présumer que cela a à voir avec leur refus de prendre un côté militaire avec les forces du Hezbollah contre Tsahal, et avec leur tendance à renvoyer dos à dos les islamistes du Hezbollah et du Hamas avec les sionistes : « Evidemment, les dirigeants du Hamas et du Hezbollah n’ont rien à envier aux dirigeants israéliens. Leurs actions terroristes ne servent pas la cause de leur propre peuple » (Lutte Ouvrière, 21 juillet). L’« antiterrorisme » de LO va de pair avec son soutien très actif à la loi du gouvernement contre le foulard islamique dans les collèges en France, et avec son refus constant de s’opposer au quadrillage policier raciste de Vigipirate, qui fait la chasse aux jeunes des banlieues à la peau foncée sous couvert de lutte contre le « terrorisme islamique ». A bas Vigipirate !

Les révolutionnaires doivent prendre le côté militaire du Hezbollah, attaqué par tous les impérialistes qui sont du côté des sionistes alors que ceux-ci essaient de rayer de la carte les Palestiniens. Cela ne veut pas dire que, comme le groupe Agir contre la guerre, dirigé par une tendance à l’intérieur de la LCR associée au Socialist Workers Party (SWP) de feu Tony Cliff en Grande-Bretagne, nous enjolivions le Hezbollah comme un « mouvement de résistance national ». Depuis des années les cliffistes considèrent que l’intégrisme islamique montant « a contribué à une renaissance du sentiment anti-impérialiste, à travers le filtre de la religion » (Socialist Review, février 1992). L’intégrisme islamique, avec ses attentats-suicide et ses massacres contre d’autres communautés, n’est pas la solution pour les masses du Proche-Orient.

Pendant la période de la guerre froide contre l’Union soviétique, l’impérialisme (et Israël vis-à-vis du Hamas) avait alimenté la croissance de la réaction islamiste comme contrepoids au communisme et au nationalisme laïc. Cela s’est exprimé de la façon la plus claire dans les milliards versés par les USA aux assassins moudjahidin assoiffés de sang qui se battaient contre les troupes soviétiques en Afghanistan dans les années 1980. Nous avons dit à l’époque « Salut à l’Armée rouge en Afghanistan », et nous avons appelé à l’extension des acquis de la Révolution d’octobre 1917 aux peuples afghans. Nous avons condamné le retrait soviétique d’Afghanistan ordonné par Gorbatchev en 1989 ; ce retrait voulait dire abandonner à leur sort les femmes et les travailleurs d’Afghanistan et capituler à l’impérialisme, une capitulation qui a ouvert la voie à la contre-révolution en Union soviétique même. Le fait qu’aujourd’hui des millions d’Arabes perçoivent les intégristes islamiques comme les meilleurs combattants contre l’impérialisme et le sionisme est en soi une mise en accusation de la banqueroute politique du nationalisme arabe et du stalinisme. C’est aussi un indice du climat politique réactionnaire introduit par la contre-révolution capitaliste en URSS en 1991-1992.

La domination capitaliste, qui attise les divisions nationales, ethniques et religieuses, alimente le bain de sang incessant qui caractérise le Proche-Orient. Les « plans de paix » annoncent l’un après l’autre de nouveaux massacres et une misère encore accrue pour les Palestiniens, et chaque proclamation pour la « démocratie » sert de couverture à l’occupation impérialiste sanglante et à des bains de sang intercommunautaires. Il est clair qu’il n’y aura aucune solution équitable aux revendications incompatibles des peuples de la région tant que le pouvoir de la bourgeoisie ne sera pas renversé et qu’il ne sera pas mis fin au joug impérialiste. C’est notamment le cas en ce qui concerne le droit d’autodétermination tant pour le peuple palestinien arabe que pour le peuple de langue hébraïque.

La lutte pour le pouvoir prolétarien au Proche-Orient comprend, et c’est crucial, la destruction de l’Etat-garnison sioniste de l’intérieur, par une révolution ouvrière arabe/hébraïque. Pour cela il faut absolument forger des partis ouvriers marxistes dans tout le Proche-Orient pour unifier le prolétariat – arabe, persan, kurde et hébraïque, sunnite et chiite, musulman et chrétien – dans une lutte contre l’impérialisme et contre les sionistes, les mollahs, les cheiks et autres dirigeants capitalistes. De tels partis, des sections d’une Quatrième Internationale reforgée, sont essentiels pour que le prolétariat rompe avec l’intégrisme et avec toutes les formes de nationalisme, dans une lutte pour une fédération socialiste du Proche-Orient.

La conquête du pouvoir par le prolétariat au Proche-Orient n’achèvera pas la révolution, elle ne fera que la débuter en changeant le cours du développement social. Mais on ne pourra consolider un tel développement social que par l’extension internationale de la révolution, notamment aux centres impérialistes avancés et industrialisés. Pour défendre ceux qui sont sous le joug de l’impérialisme de par le monde, il faut poursuivre la lutte de classe aux USA, en France et dans d’autres centres impérialistes, en orientant la classe ouvrière vers la lutte pour le pouvoir. La LTF, section française de la Ligue communiste internationale, se dédie à la lutte pour forger un parti ouvrier révolutionnaire pour diriger le prolétariat multiethnique pour balayer l’impérialisme français par la révolution socialiste.