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Bain de sang sioniste à Gaza
Défense du peuple palestinien ! Israël, hors des territoires occupés ! Pour une fédération socialiste du Proche-Orient !
1er janvier « Que l’on sache que cela se passe au XXIe siècle alors que le monde entier regarde mais reste silencieux. Je me demande ce que vaut le sang palestinien », disait un habitant de Gaza (english.aljazeera.net, 28 décembre 2008). Quatre cents Palestiniens ont été massacrés depuis qu’Israël a commencé ses bombardements dans la bande de Gaza il y a cinq jours, avec 1800 blessés. Les frappes aériennes de samedi, le premier jour de l’opération, ont provoqué le plus grand nombre de morts à Gaza depuis qu’Israël l’avait occupée, ainsi que la Cisjordanie, lors de la guerre israélo-arabe de 1967 ; plus de cent tonnes de bombes ont été larguées sur l’un des endroits les plus densément peuplés de la terre. Les troupes et les chars israéliens encerclent Gaza en préparation d’une possible invasion, le ministre de la défense Ehud Barak, du totalement bourgeois Parti travailliste, ayant déclaré une « guerre sans merci ». Nous sommes pour la défense militaire du Hamas contre Israël, sans donner le moindre soutien politique à cette organisation fondamentaliste réactionnaire.
La bande de Gaza, peuplée d’un million et demi de Palestiniens, n’est guère plus qu’un camp de concentration entouré par une barrière électrifiée, une frontière fermée avec l’Egypte et la Méditerranée à la merci d’une bourgeoisie sioniste génocidaire. La bande de Gaza est victime d’un embargo américano-européano-israélien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007. Elle est en grande partie aujourd’hui réduite à un tas de ruines et de vies brisées. Les hôpitaux, qui manquent cruellement d’équipements et de médicaments, sont débordés par le nombre de blessés. Même le New York Times, un journal pro-sioniste, a trouvé que les bombardements aériens initiaux, qui ont eu lieu alors que les femmes se rassemblaient sur les marchés et que les enfants sortaient des écoles, avaient un « caractère choquant ».
Les attaques israéliennes visaient notamment les bâtiments gouvernementaux et autres installations occupées par le Hamas, que les sionistes et les impérialistes traitent depuis longtemps de « terroristes ». Pour préparer ces attaques, Israël a lancé une campagne de désinformation, annonçant qu’il allait ouvrir les passages aux frontières et reporter les frappes aériennes dont il avait agité la menace. Le Hamas, qui avait évacué son personnel des bâtiments officiels, y a ensuite, d’après un haut fonctionnaire israélien, « renvoyé ses gens quand ils ont entendu que tout était suspendu » (Ha’aretz online, 28 décembre 2008). Des dizaines d’entre eux sont morts dans le bombardement.
Pendant ce temps, en Cisjordanie, la population palestinienne est enfermée derrière un mur d’apartheid et soumise à une occupation militaire meurtrière. Un jeune Palestinien qui manifestait près de Ramallah contre les frappes aériennes à Gaza a été tué par balles par les forces israéliennes. Toutes les troupes israéliennes et les colons, hors des territoires occupés !
Le massacre israélien avait été préparé de sang froid depuis des mois. Ha’aretz online (28 décembre) rapporte que Barak « avait donné l’instruction aux Forces de défense israéliennes de préparer l’opération il y a plus de six mois, alors même qu’Israël commençait à négocier un accord de cessez-le-feu avec le Hamas [
]. Barak avait donné l’ordre de mener une campagne de renseignement exhaustive pour dresser une carte de l’infrastructure sécuritaire du Hamas. » Israël a dans les faits mis fin au « cessez-le-feu » instable avec le Hamas, la nuit de l’élection présidentielle américaine, en lançant des attaques sur la bande de Gaza qui ont tué plusieurs militants du Hamas. Les attaques au mortier et à la roquette qui ont suivi depuis la bande de Gaza contre des villes israéliennes avoisinantes (des attaques dans une grande mesure inefficaces) ont ensuite servi de prétexte à l’assaut massif.
Dans tout le Proche-Orient des manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes ont éclaté, dénonçant non seulement le massacre sioniste mais aussi condamnant les régimes arabes pro-américains, notamment le régime égyptien. La veille de l’assaut, la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni avait dévoilé au président égyptien Hosni Moubarak les plans israéliens. Moubarak s’est dépêché d’envoyer en urgence des centaines d’agents supplémentaires pour aider à garder le mur frontalier qui sépare la bande de Gaza de l’Egypte. Des gardes égyptiens ont ouvert le feu alors que des Palestiniens paniqués se précipitaient à la frontière en fuyant les bombardements israéliens. D’après Al Jazzeera (30 décembre), « Moubarak a annoncé à la télévision égyptienne [
] que le passage de Rafah ne sera pas entièrement rouvert jusqu’à ce que Mahmoud Abbas, le président palestinien, recouvre son autorité sur le territoire ». Pour sa part, Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, tout en condamnant les attaques israéliennes, a fait porter le chapeau au Hamas pour l’attaque israélienne, et l’a sommé d’« arrêter le bain de sang ».
Cet appel est à mettre en parallèle avec celui de l’administration Bush, qui comme on pouvait le prévoir a annoncé qu’elle « tient le Hamas pour responsable ». Pendant ce temps, le président élu Barack Obama a insisté pendant sa campagne électorale qu’il soutenait les attaques israéliennes contre le Hamas ; il a ainsi déclaré : « Si quelqu’un jette des pierres dans ma maison où dorment mes deux filles la nuit, je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour arrêter cela. Et je m’attendrais à ce que les Israéliens fassent la même chose. »
Quant aux impérialistes français et européens, ils ont de même dénoncé les « provocations »
du Hamas (le Figaro, 30 décembre). En réponse aux préparatifs militaires israéliens l’Union européenne, présidée par Nicolas Sarkozy, avait décidé à la mi-décembre d’« intensifier » ses relations politiques avec Israël. Dès aujourd’hui Sarkozy reçoit la ministre des Affaires étrangères israélienne Tzipi Livni, et il compte aller sur place dès lundi pour y défendre les intérêts de l’impérialisme français.
Il peut compter sur le soutien des sociaux-démocrates français, qui du PCF à la LCR ont signé un appel à la manifestation du 30 décembre qui exige « l’arrêt du massacre, la levée immédiate et totale du blocus de Gaza, la suspension de tout accord d’association entre l’UE et Israël, des sanctions immédiates contre l’État israélien, la protection de la population de Gaza et de tout le peuple palestinien » (l’Humanité, 30 décembre). Jacky Hénin, député européen du PCF, a explicité cela dans une lettre à Sarkozy, publiée dans le même journal, exigeant « que des forces d’interpositions [sic] européennes s’installent entre les belligérants ».
Ces réformistes répandent ainsi le mensonge que l’Union européenne, surtout quand elle est présidée par leur propre bourgeoisie française et qu’elle agit indépendamment des impérialistes américains, pourrait faire quelque chose d’utile au peuple palestinien. On a vu il y a deux ans comment l’impérialisme français avait, avec le soutien du PCF, envoyé des troupes dans le sud du Liban, suite à l’échec militaire israélien, pour dissuader toute nouvelle opération militaire du Hezbollah contre l’Etat sioniste. Israël a maintenant ainsi les mains libres à Gaza. L’impérialisme français raciste, qui a mené entre autres la Guerre d’Algérie et les bombardements de Damas en 1926 ou en 1943, est couvert de sang arabe, et du sang des opprimés de par le monde. Troupes françaises, hors du Liban et du Proche-Orient, hors d’Afghanistan ! A bas l’impérialisme français ! A bas la forteresse raciste de l’Union européenne !
Et en France la ministre des flics Alliot-Marie a préparé les esprits avec sa grotesque opération médiatique en « découvrant » des bâtons de dynamite dans un grand magasin parisien, uvre d’un soi-disant groupe terroriste islamiste, puis en mobilisant une gigantesque armée de 35 000 flics le soir du réveillon du Nouvel An pour prévenir toute explosion de colère des jeunes des banlieues. Nous disons : A bas la chasse aux sorcières « anti-terroriste » ! A bas Vigipirate ! Le mouvement ouvrier doit défendre les jeunes des banlieues !
Le peuple arabe palestinien et le peuple de langue hébraïque revendiquent en Israël/Palestine la même terre exiguë. Sous le capitalisme, l’exercice par l’un de ces peuples du droit à l’autodétermination nationale ne peut se faire qu’aux dépens de l’autre. L’émancipation nationale des Palestiniens y compris le droit au retour de tous les réfugiés et de leurs descendants implique nécessairement des révolutions ouvrières pour détruire de l’intérieur l’Etat sioniste et pour balayer le royaume hachémite de Jordanie, les bonapartistes baassistes syriens et les dirigeants capitalistes du Liban, des pays qui tous comprennent des populations palestiniennes significatives. Nous nous tournons plus largement vers le prolétariat de la région, comme en Egypte qui a été toutes ces dernières années un foyer de grèves ouvrières et de protestations. Pour une fédération socialiste du Proche-Orient !
La société israélienne n’est pas une masse réactionnaire homogène ; c’est une société divisée en classes, avec une classe ouvrière exploitée par sa « propre » classe dirigeante. Nous ne nous faisons aucune illusion qu’il sera facile d’anéantir le chauvinisme de la classe ouvrière hébraïque. Il faudra probablement des événements catastrophiques comme une défaite militaire ou des soulèvements révolutionnaires dans la région pour que le prolétariat israélien rompe avec le sionisme. Et cette tâche n’est pas facilitée par les bombardements terroristes indiscriminés et criminels pratiqués par des forces palestiniennes contre des civils israéliens, qui poussent encore davantage la population hébraïque dans les bras des dirigeants sionistes. La clé en Israël/Palestine, comme dans toute la région, c’est de forger des partis ouvriers révolutionnaires qui luttent internationalement pour la révolution socialiste.
Ligue trotskyste de France, 1er janvier 2009 |
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