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Traduit de Spartacist Canada n° 153, été 2007

 

Le mouvement ouvrier doit combattre la réaction anti-musulmane

Au beau milieu d’une vague de démagogie raciste contre les minorités ethniques, plus particulièrement les Musulmans, les élections québécoises du 26 mars dernier ont vu les impopulaires Libéraux de Jean Charest revenir de justesse au pouvoir, formant le premier gouvernement québécois minoritaire depuis plus de 125 ans. Le Parti québécois souverainiste, sous la gouverne du non moins impopulaire André Boisclair, a obtenu seulement 28% du vote populaire, son pire résultat en 35 ans. Le PQ a perdu son statut d’opposition officielle au profit des arrivistes nationalistes de droite de l’Action démocratique du Québec (ADQ) de Mario Dumont, qui ont initié la vague d’hystérie contre les immigrés et les minorités.

Le déclencheur a été le jugement de la Cour Suprême du Canada en 2006 en faveur de Gurbaj Singh Multani, un étudiant Sikh d’une école secondaire de Montréal. Il y a quatre ans le refus de Multani d’enlever son kirpan—un petit couteau traditionnel—a engendré une hystérie raciste « anti-violence » dans les médias. Le tribunal a décrété que Multani pouvait porter son kirpan à l’école en tant qu’ « accommodement raisonnable » (un terme qui est en lui-même très condescendant). Mais ceci était vraiment trop « raisonnable » pour les démagogues racistes des lignes ouvertes à la radio et ailleurs qui ont invectivé contre toute soi-disant « concession » visant à faciliter la vie des minorités.

En janvier 2007, la minuscule ville rurale d’Hérouxville—où il n’y a pas d’immigrés!—a passé une série de règlements contre, entre autres choses, la lapidation des femmes. Avec ses tendres références à la croix et aux autres symboles du christianisme, la déclaration était de façon flagrante une provocation raciste. Dans un court laps de temps, une poignée d’autres communautés rurales déclarèrent qu’elles suivraient l’exemple d’Hérouxville. L’ADQ, languissant loin derrière dans les sondages, a vu ses chances monter brusquement quand elle a rejoint cette affreuse campagne au nom de la défense des « valeurs traditionnelles » du Québec.

Il s’ensuivit un déferlement de racisme contre les filles et les femmes musulmanes. Ceci incluait d’ignobles attaques contre de jeunes filles musulmanes pour avoir porté le hidjab (foulard) lors d’évènements sportifs. Dumont et Charest ont endossé ostensiblement l’interdiction d’une fille de onze ans d’un tournoi de soccer en banlieue de Montréal en février. Quelques jours avant les élections, Boisclair, qui s’était opposé à l’interdiction du hidjab, s’est placé à l’avant-garde d’une campagne pour interdire à l’infime minorité de femmes musulmanes qui portent le niqab (voile complet) de voter si elles refusaient de le lever pour s’identifier. Le Directeur Général des Élections du Québec a reçu des menaces de mort à cause de sa déclaration initiale à l’effet que les femmes portant le niqab ne feraient face à aucun obstacle pour voter et il a rapidement changé d’avis.

Cette vague de xénophobie anti-musulmane est analogue à celle qui a cours en Europe, ou les femmes voilées sont de plus en plus la cible d’abus racistes sanctionnés par l’État. En Grande-Bretagne, le Parti Travailliste au pouvoir a mis au point une campagne pour interdire le niqab dans certains secteurs de la vie publique. Il y a eu des enseignantes congédiées et des filles exclues de l’école. En France en 2004, l’État a imposé une interdiction du hidjab dans les écoles et maintenant le gouvernement des Pays Bas propose d’interdire le niqab dans des endroits publics comme les autobus.

Au Canada anglais, une importante chroniqueuse du Globe and Mail, Margaret Wente, s’est jointe au tollé au sujet du niqab en déclarant que cette question en est une de « séparatisme islamique... le rejet délibéré des normes occidentales » (Globe and Mail, 24 octobre 2006). Et au Québec l’islamophobie n’est pas confinée à la droite, comme le montre une déclaration datée du 22 mars de la principale organisation féministe québécoise, la Fédération des Femmes du Québec, qui dénonça la position initiale du Directeur Général des Élections de permettre aux femmes portant le niqab de voter. En prenant cette position, ces féministes bourgeoises ont aidé à attiser l’appui à des forces profondément réactionnaires comme l’ADQ qui cherchent à renverser les gains obtenus par toutes les femmes.

En tant que marxistes—et donc athées et combattants pour la libération des femmes—nous nous opposons au voile à la fois comme symbole et instrument de l’oppression des femmes. Néanmoins nous nous opposons sans ambiguïté à toute interdiction ou restriction par l’État de ça ou de tout autre symbole religieux comme étant raciste et discriminatoire. L’affirmation qu’interdire le voile est destinée à intégrer les Musulmans dans la société est fausse jusqu’à la moelle. Ces interdictions vont seulement approfondir l’isolement et l’oppression des femmes musulmanes, les poussant hors des lieux de travail et des écoles, leur niant le droit de voter et les empêchant d’utiliser les services publics.

Les attaques actuelles contre les femmes musulmanes sont un aspect de la « guerre contre le terrorisme » raciste. Mais il est également vrai qu’au Québec la « guerre contre le terrorisme », et spécialement le rôle du Canada dans l’occupation brutale de l’Afghanistan, est impopulaire. En 2003, les Québécois se sont massivement opposés à la participation canadienne à l’assaut américano-britannique contre l’Irak en grande partie parce que l’armée canadienne est vue depuis longtemps, à juste titre, comme quelque chose qui contribue au renforcement de l’oppression nationale.

Le Québec est certainement la partie la plus laïque du Canada, mais comme les règlements d’Hérouxville l’ont bien fait comprendre, le catholicisme n’a pas vraiment quitté la scène, plus particulièrement dans les zones rurales massivement francophones. Boisclair a été lui-même attaqué pour avoir proposé de retirer le crucifix de l’Assemblée Nationale. Dans notre combat pour la séparation de la religion et de l’État, nous marxistes soutenons que toute religion moderne est un instrument de la réaction qui défend l’exploitation capitaliste et qui embrouille les idées des travailleurs et des travailleuses. La religion ne devrait avoir aucun appui officiel de l’État; en même temps les gens devraient être libres de pratiquer leur religion sans interférence ou persécution de la part de l’État. Donc même si nous dénonçons les interdictions racistes contre les Musulmans, nous nous opposions également au plan pour autoriser les tribunaux de la sharia sanctionnés par l’État quand ce fût proposé il y a trois ans en Ontario. Comme nous l’avions noté à l’époque, pour les dirigeants canadiens, nourrir la réaction religieuse et diffamer les Musulmans en tant que « terroristes » servent tous les deux à enrégimenter et à prendre les minorités comme bouc émissaire.

Chauvinisme, nationalisme et réaction raciste

Une bonne partie des médias canadiens anglais se sont fait plaisir en pointant du doigt « l’intolérance » à l’égard des minorités qui a été démontré pendant les élections québécoises. Leur accusation, sous-entendue ou non, était que le nationalisme québécois fut uniquement intolérant et réactionnaire, contrairement au « multiculturalisme » dont on a longtemps vanté les mérites en tant que politique officielle des dirigeants à Ottawa. C’est fort en effet considérant les chasses aux sorcières effectuées depuis plusieurs années par le gouvernement fédéral contre les Musulmans, sous les Libéraux comme sous les Conservateurs. De Maher Arar à la nouvelle liste pancanadienne « d’interdiction de voyager en avion », cette campagne a été marqué par de multiples coups montés, des détentions, des gens « rendus » à d’autres pays pour y être torturés et par un assaut soutenu contre les droits de tout le monde. De plus, même si le PQ souverainiste a certainement fait sa part pour fomenter le racisme anti-musulman, c’était le résolument fédéraliste Charest et le vaguement « autonomiste » Dumont qui étaient au premier plan des attaques.

De toute façon, Stephen Harper et Cie étaient entièrement satisfaits du résultat des élections québécoises. Le gouvernement fédéral et certaines sections des médias anglophones affirmaient qu’elles avaient porté (encore un autre!) un coup mortel à la souveraineté du Québec et présentaient le déclin du PQ comme un bon signe pour un « Canada uni ». Ce n’est rien d’autre que l’aveuglement habituelle du fédéralisme anglo-chauvin.

Même si le vote pour le PQ a chuté, l’appui pour la souveraineté demeure relativement élevé (autour de 45% et est beaucoup plus élevé parmi les francophones). En effet, une bonne partie du soutien pour l’ADQ venait des souverainistes mous qui ne veulent pas perdre un autre référendum maintenant. Le discours de Dumont sur « l’autonomie » est délibérément ambivalent, visant à rallier une section du vote nationaliste tout en offrant aux capitalistes québécois une alternative plus « sûre » que l’indépendance complète. Comme le chef de bureau pour le Québec du Toronto Star, Sean Gordon, l’a noté le 31 mars :

« Mais il y a un argument raisonnable qui peut être fait que le mouvement souverainiste est en meilleure forme que ses traditionnels rivaux fédéralistes….

« Les deux principaux partis souverainistes du Québec, le PQ et celui plus petit de gauche Québec Solidaire, ont obtenu ensemble à peu près autant de votes que ce qu’ils ont eu en 2003. Le PQ a eu sa pire performance en termes de total des votes depuis 1970, mais il a recueilli encore 28,5% avec probablement la plateforme souverainiste la plus radicale de son histoire.»

La rhétorique « autonomiste » de l’ADQ évoque le régime nationaliste de droite de Maurice Duplessis, qui dirigea la province avec une main de fer après la Deuxième Guerre Mondiale par une combinaison d’obscurantisme religieux et de répression, alors que les capitalistes canadiens anglais et américains exploitaient brutalement les travailleurs francophones. Aujourd’hui Dumont et l’ADQ, comme Duplessis, sont des démagogues de droite enracinés dans les petites villes conservatrices du Québec. Leur principal but est de renverser plusieurs des gains obtenus par les syndicats, les femmes et la jeunesse, provenant des tumultueuses luttes sociales qui ont accompagné et attisé la modernisation du Québec lors de la Révolution Tranquille des années 60 et 70. Et ceci signifie attaquer le mouvement ouvrier et dépecer les programmes sociaux.

Tout comme elle vise les immigrés et les minorités ethniques—qui sont massivement concentrés à Montréal—l’ADQ s’est engagée à défendre la « famille traditionnelle » par des mesures comme donner plus d’argent pour faire des enfants. Poussé par le faible taux de natalité du Québec—la croissance de sa population était seulement due pendant de nombreuses années à l’immigration—des plans similaires de « bonus pour les bébés » ont été essayés par le régime libéral de Robert Bourassa à la fin des années 80. La logique de telles campagnes pour les « valeurs familiales » est que les femmes sont à blâmer pour le faible taux de natalité et donc pour le « déclin » du Québec, et pour forcer les femmes pauvres en particulier à faire plus d’enfants. Comme toujours, derrière ceci se dresse l’ombre des attaques contre le droit à l’avortement et contre l’intégration des femmes dans la main-d’oeuvre active. Comme tous les réactionnaires complets, l’ADQ a aussi attisé le fanatisme anti-homosexuel contre le chef ouvertement gay du PQ Boisclair, ce qui était sous-jacent pendant la campagne électorale.

Syndicats : Rompez avec le PQ ! Forgeons un parti ouvrier révolutionnaire !

Nous sommes des révolutionnaires prolétariens qui luttent pour renverser le système capitaliste de misère, d’oppression et de guerres au Canada et au niveau international. Pour cette raison, la Ligue trotskyste/Trotskyist League préconise l’indépendance du Québec—à la fois pour combattre le chauvinisme anglophone qui domine au Canada et pour briser l’emprise du nationalisme défensif qu’il engendre parmi les travailleurs québécois. Le chauvinisme et le nationalisme servent à enchaîner les travailleurs et les travailleuses à la croyance que « leurs » maîtres capitalistes sont d’une façon ou d’une autre leurs alliés, et non les exploiteurs brutaux que ces derniers sont en réalité. Nous préconisons l’indépendance comme moyen de retirer la question nationale de l’ordre du jour et d’amener la question de classe à l’avant-plan. Les prolétaires doivent en venir à voir que tous les nationalismes sont au bout du compte des instruments des patrons et que, selon les mots du Manifeste du Parti Communiste, « Les prolétaires n’ont pas de patrie ».

La longue histoire du chauvinisme canadien anglais et de l’oppression nationale profondément ressentie a signifié que la classe ouvrière québécoise est largement pro-souveraineté. La montée du nationalisme a été attisée par l’intense discrimination linguistique, plus particulièrement dans les lieux de travail, l’occupation militaire en 1970 (dont la menace a plané encore en 1995 dans le contexte du référendum sur la souveraineté) et beaucoup plus. Mais les aspirations nationales et sociales des travailleurs québécois ont depuis été canalisées par les directions syndicales nationalistes du Québec vers un appui pour le PQ nationaliste bourgeois. A tour de rôle, le PQ a administré le Québec en alternance avec les Libéraux pour le compte des patrons, réalisant certaines des attaques les plus brutales contre les syndicats et les programmes sociaux.

Boisclair a tenté de distancier le PQ de ses alliés syndicaux avant la dernière campagne électorale. Néanmoins, la plupart des syndicats ont appelé à voter pour ce parti capitaliste et le PQ a conservé les bastions de sa base ouvrière francophone dans l’est de Montréal, à Longueuil sur la rive-sud et dans les régions industrielles et minières du Bouclier Canadien dans le nord. Quand le PQ est au pouvoir, les dirigeants des fédérations syndicales de la FTQ, de la CSN et de la CSQ recherchent la « concertation » avec le gouvernement. Quand les Libéraux gouvernent, ces mêmes dirigeants feignent d’adopter une position plus résistante, mais seulement pour saper les luttes ouvrières au service d’un soutien pour le PQ.

En 2003 et 2004, les attaques des Libéraux de Charest ont provoqué les plus grandes mobilisations ouvrières en deux décennies. L’année suivante, des dizaines de milliers d’étudiants des cégeps et des universités ont pris la rue lors d’une grève étudiante provinciale. Mais ces luttes furent démobilisées par les dirigeants syndicaux pro-capitalistes qui ont capitulé honteusement quand Charest a imposé des contrats de travail à un demi million de travailleurs du secteur public en décembre 2005. Ils ont annulé les grèves et les protestations de masse et ont dit aux travailleurs d’attendre plutôt les élections suivantes pour « donner une leçon à Charest ».

Maintenant les résultats sont là et la « leçon » est que non seulement Charest est toujours au pouvoir, mais que l’opposition officielle de l’ADQ est même encore plus engagée à détruire les droits syndicaux et les programmes sociaux. Toutes les sections des capitalistes québécois voient les attaques contre les syndicats (plus particulièrement dans le secteur public) comme une clé de voûte pour accroître la productivité et la compétitivité. A la fin de l’année 2005, l’ancien premier ministre péquiste Lucien Bouchard s’est joint à un certain nombre de patrons fédéralistes de droite dans le manifeste largement publicisé « Pour un Québec Lucide » qui appelait à des attaques sauvages contre les programmes sociaux et les travailleurs québécois « privilégiés ».

L’appel de Dumont pour plus d’autonomie du Canada anglais était lié à une promesse de « nettoyer » les finances de la province par des coupures sauvages et des attaques supplémentaires contre les syndicats. A part Dumont la seule autre personnalité bien connue de l’ADQ est Gilles Taillon, l’ancien chef du profondément antisyndical Conseil du patronat du Québec. Et la fort probable future chef du PQ après la démission post-électorale de Boisclair, Pauline Marois, était une personnalité centrale du gouvernement du PQ à la fin des années 90 quand il a lancé des attaques frontales contre les travailleurs organisés et les programmes sociaux.

La seule réponse contre les attaques capitalistes à venir est une lutte de classe acharnée contre les exploiteurs et leur gouvernement, en exerçant la puissance sociale des travailleurs à la tête de tous les opprimés. Mais suite aux élections, les directions syndicales demeurent fermement dévouées à leur perspective de collaboration de classe. Alors que les bureaucrates de la FTQ soutiennent ouvertement le PQ, l’ancien président de la CSN Gérald Larose (maintenant à la tête du Conseil de la souveraineté) a appelé pour une « nouvelle coalition souverainiste ». Mais vous ne pouvez combattre les Libéraux ou l’ADQ avec le PQ tout aussi capitaliste. Ce qui est nécessaire est une rupture avec tous les représentants politiques des patrons et de forger un parti ouvrier engagé pour la lutte de classe à la fois au Canada anglais et au Québec!

Le mouvement ouvrier doit défendre les immigrés et les minorités ethniques!

Les attaques de la bourgeoisie contre les immigrés et les minorités ethniques—les secteurs les plus vulnérables et les plus exploités de la classe ouvrière—sont un poison pour les luttes ouvrières. Les Musulmans et les autres minorités ethniques constituent une part croissante de la classe ouvrière dans la région de Montréal. Ce fait souligne simplement que de gagner contre les patrons exige de défendre l’unité et l’intégrité de la classe ouvrière contre la démagogie raciste anti-immigrée. Une attaque contre un est une attaque contre tous! Pleins droits de citoyenneté pour tous les immigrés!

La présence accrue du voile islamique au Québec, comme partout ailleurs, est due en partie à la montée de l’Islam politique au niveau international. C’est aussi un résultat de racisme incessant et de la pauvreté subis par les immigrés musulmans et leurs descendants dans les centres impérialistes. Les politiques de « multiculturalisme » promues par les dirigeants canadiens ont servi à renforcer la ségrégation culturelle et raciale des communautés minoritaires sous le masque de la « tolérance » et de « l’anti-racisme ». Entre autres choses, elles obscurcissent le fait que les communautés minoritaires, comme le reste de la société, sont divisées en classe et que les luttes des travailleurs immigrés, et ceux issus des minorités, pour les emplois, la syndicalisation et un statut égal exige de briser l’emprise des religieux et des autres « dirigeants communautaires » conservateurs.

Depuis la défaite serrée du référendum sur la souveraineté en 1995—lors duquel le chef du PQ Jacques Parizeau avait blâmé « l’argent et le vote ethnique »—le PQ a tenté de perdre son image d’hostilité envers les immigrés et les minorités. Un nombre croissant de minorités ethniques de deuxième génération à Montréal, dont la plupart d’entre eux se sont intégrés dans la société francophone québécoise plutôt que dans la minorité anglophone, appuient maintenant la souveraineté, bien que dans une proportion plus faible que parmi les francophones de « vieille souche ».

Tous les partis bourgeois, cependant, quelque soit leur position particulière—fédéraliste, souverainiste et « autonomiste »—font nécessairement la promotion du racisme contre les minorités, parce que de telles politiques de « diviser pour régner » sont intrinsèques à un système social basé sur l’exploitation extrême de la classe ouvrière. Nous marxistes luttons pour l’intégration volontaire de toutes les minorités basée sur une pleine égalité. Mais nous comprenons que l’éradication du racisme, de l’oppression des femmes et de toutes les formes de discrimination exige une lutte révolutionnaire, mobilisant la puissance du prolétariat pour déraciner le capitalisme et libérer l’humanité de la pauvreté et du besoin.

Québec Solidaire : Un piège populiste

Cette perspective de lutte de classe n’est définitivement pas partagée par les différents groupes de la gauche réformiste au Québec qui se sont immergés dans Québec Solidaire (QS), le nouveau parti politique populiste. Mécontents du profil droitier affiché par le PQ sous Boisclair, une couche de nationalistes plus inclinés à gauche a déplacé son adhésion vers QS. Alors qu’ils ont récolté seulement 3,6% des suffrages à l’échelle provinciale, les dirigeants de QS Amir Khadir et Françoise David ont obtenu près de 30% du vote dans leurs circonscriptions respectives sur le Plateau Mont-Royal à Montréal, un centre, largement francophone, d’artistes de gauche, de jeunes étudiants et d’intellectuels.

Mais QS n’est même pas à mi-chemin vers une alternative anti-capitaliste. Alors qu’il a gagné l’appui de certains dirigeants syndicaux incluant la CSN de Montréal, la plateforme électorale de QS ne fait même pas de référence rhétorique à la lutte de classe, encore moins au socialisme. Au lieu de ça, c’était une liste d’épicerie de revendications sous-réformistes telles qu’une augmentation de l’impôt sur les dividendes et la nationalisation du secteur de l’énergie éolienne. Ce parti—dont plusieurs dirigeants sont des restes d’organisations « marxistes-léninistes » (maoïstes) des années 1970, à l’époque fort grandes—est un obstacle pour la création d’une direction prolétarienne anti-capitaliste qui est plus que jamais nécessaire.

De Socialisme International (SI) à la Ligue pour l’action socialiste, en passant par Gauche Socialiste et le Parti communiste du Québec (PCQ), les groupes de la gauche réformiste au Québec sont des partisans enthousiastes pratiquement sans critiques des petits-bourgeois de QS. Le journal francophone de SI Résistance (janvier 2007) a salué la plateforme tiède de QS comme étant « une rupture nette avec le néolibéralisme ». Pour le PCQ, cette « plateforme à tendance écologiste, féministe et social progressiste est audacieuse » (« Une élection aux enjeux très importants », 18 mars 2007). Ces socialistes autoproclamés qui ont acclamé le potage populiste de QS témoignent de leur abandon à même prétendre lutter pour la révolution socialiste.

Les travailleurs et les jeunes qui cherchent une voie à suivre doivent rompre avec le consensus nationaliste au Québec (incluant les variantes de gauche telles que QS) et entreprendre le combat pour une perspective prolétarienne internationaliste. Notre appel pour l’indépendance du Québec est un élément de cette lutte. Mais seule la révolution socialiste posera les bases pour une grande augmentation de la production mondiale, mettant fin à la pauvreté et à la pénurie et ouvrant la voie pour une émancipation humaine complète, incluant la libération des femmes de l’emprise abrutissante de la famille et de la religion. La Ligue trotskyste/Trotskyist League lutte pour forger un parti de la révolution socialiste pour diriger le prolétariat binational et multiethnique dans une lutte pour mettre un terme au capitalisme raciste. A bas le racisme anti-musulman! Pour l’unité combattante de la classe ouvrière!