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Tracte de la Ligue trotskyste

25 avril 2015

Contre l’austérité et le capitalisme :

Mobilisez la puissance sociale de la classe ouvrière !

Pour un parti ouvrier révolutionnaire !

Le gouvernement libéral de Philippe Couillard a déclenché sa campagne d’austérité qui attaque les acquis des travailleurs au nom de « l’équilibre budgétaire ». Il coupe les salaires, les retraites, les programmes sociaux, les services en santé et en éducation, etc. À l’heure où les 400 000 travailleurs du Front commun des syndicats du secteur public reçoivent des offres insultantes du gouvernement — 3 pour cent d’augmentation de salaire sur cinq ans, avec augmentation de l’âge des retraites — les grandes entreprises réalisent des bénéfices toujours croissants et le dernier budget du gouvernement leur offre encore une pléthore de cadeaux.

Les centrales syndicales et d’autres organisations ont lancé le collectif Refusons l’austérité. Aux mois de mars et avril, des dizaines de milliers d’étudiants sont entrés en grève pour protester contre les attaques d’austérité. En guise de réponse, le gouvernement a lâché ses chiens de garde contre les étudiants qui manifestent. Brutalité policière et arrestations massives sont de nouveau monnaie courante. Des étudiants de l’UQAM font même face à des menaces d’expulsion pour leurs activités politiques. Le 8 avril dernier, l’administration a fait entrer la police dans l’université pour empêcher les étudiants de faire respecter les votes de grève. Les flics ont par la suite brisé violemment l’occupation d’un des pavillons en soirée. Nous exigeons la levée des accusations ! À bas les persécutions de l’administration de l’UQAM contre les militants étudiants ! Flics, gardiens de sécurité, hors des campus !

La colère chez la classe ouvrière et chez les étudiants est palpable comme en témoignent les nombreuses manifestations de milliers de personnes. Mais les revendications de leurs dirigeants ont pour fausse prémisse que le capitalisme pourrait servir les intérêts de tous. L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) demande au gouvernement de « prendre ses responsabilités et écouter la population » (ASSÉ, 12 novembre 2014), alors que le collectif Refusons l’austérité lui conseil de « dépenser davantage pour relancer l’économie, assurer la pérennité des services publics et des programmes sociaux » (« Solutions », refusons.org, sans date). En réalité, le gouvernement libéral, comme tout gouvernement capitaliste, remplit ses responsabilités en servant les intérêts de la bourgeoisie. Les services publics ne pourront jamais satisfaire les besoins des travailleurs dans un système économique marqué par des crises périodiques qui bloquent la production, détruisent les richesses et infligent à la classe ouvrière et aux pauvres de profondes souffrances.

La classe capitaliste qui possède les moyens de production comme les usines, les mines et les transports a des intérêts opposés à la classe ouvrière qui doit vendre sa force de travail pour survivre. Ce sont les ouvriers qui produisent l’ensemble des richesses matérielles de la société capitaliste, mais elles sont appropriées par une poignée de parasites. Pour tenter de maintenir ses taux de profits en hausse, la bourgeoisie doit sans cesse couper les salaires, mettre les ouvriers au chômage et réduire les services publics. Comme l’austérité s’inscrit dans la nature du capitalisme, il faut lier la lutte contre l’austérité à une lutte contre le système capitaliste.

Le mythe de « l’État providence »

À l’échelle mondiale, la classe ouvrière et les opprimés subissent les attaques d’austérité de plein fouet. Dans les dernières années, l’Europe a été secouée par de nombreuses grèves générales et d’imposantes manifestations contre l’austérité. La situation désespérée de millions d’ouvriers et de pauvres a permis la montée en popularité de partis à rhétorique anti-austérité comme Podemos en Espagne et Syriza en Grèce. Mais ce sont des partis bourgeois loyaux au système capitaliste. Le gouvernement de Syriza, élu le 25 janvier dernier, a reculé sur la plupart de ses promesses déjà limitées et a capitulé devant les diktats de l’Union européenne impérialiste. Syriza a maintenant accepté l’extension du plan de sauvetage tant détesté en promettant d’imposer encore plus d’austérité.

Au Québec, les dirigeants syndicaux et la gauche étudiante opposent à l’austérité le mythe de « l’État providence » ou de « l’État social », comme il aurait supposément existé dans les années 1960-1970. Cette période, connue comme la Révolution tranquille, vit une érosion massive des pouvoirs de l’Église et quelques réformes nécessaires au développement d’une société capitaliste moderne. Pourtant, elle correspond également à l’émergence d’une bourgeoisie québécoise, s’efforçant de mettre en place une économie politique autonome dont elle serait le centre et le principal bénéficiaire. Pour critiquer les politiques d’austérité, un nombre incroyable d’illusions sont ainsi colportées dans la gauche, laissant croire que l’État capitaliste des années 1960-1970 se souciait de la classe ouvrière et des opprimés.

Par exemple, selon les bureaucrates de la CSN, l’agenda du Parti libéral est le démantèlement de « l’État social du Québec mis en place depuis 50 ans » (« Solutions », refusons.org, sans date); et pour l’ASSÉ, l’État québécois au temps de la Révolution tranquille avait pour rôle « [d’] assurer le bien-être et l’émancipation des citoyens et citoyennes » (résumé de « Évolution des services publics au Québec : enjeux et perspectives », 1er octobre 2014). Cette vision joviale et idéaliste de l’État nie le fait que la société capitaliste est divisée en classes antagonistes. Au Québec comme au niveau fédéral, l’État capitaliste est un outil de la bourgeoisie pour maintenir en place sa domination. Comme le précisait Lénine, qui dirigea la Révolution russe d’Octobre 1917 (la seule révolution ouvrière victorieuse de l’histoire), l’État est « une machine destinée à maintenir la domination d’une classe sur une autre » (« De l’État », 1919).

Il est illusoire de penser que le même État qui passe des lois répressives comme P-6, qui brise des grèves avec sa police et ses « lois spéciales », qui participe aux guerres impérialistes au Proche-Orient et qui envoie constamment ses bandes armées brutaliser les autochtones pourrait tout à coup s’intéresser au bien-être de la classe ouvrière et au sort des opprimés. Le vrai visage et le cœur de l’État bourgeois, c’est son appareil répressif composé de flics, de l’armée permanente, de prisons et de tribunaux. Peu importe le parti à ses commandes, l’État bourgeois existe pour défendre les intérêts des patrons.

Les quelques acquis dont jouissent les travailleurs et les opprimés au Québec ne leur ont pas été donnés dans un élan de tendresse de l’État bourgeois. Ils ont été arrachés à la classe dirigeante au cours des dures luttes du mouvement ouvrier. Par exemple, l’éducation plus accessible mise en place au cours de la Révolution tranquille avait été l’une des revendications historiques des syndicats. Les infirmières, les enseignants et les fonctionnaires ont dû mener de rudes batailles contre les gouvernements « modernisateurs » des années 1960 pour arracher le droit de syndicalisation, gagnant ainsi de meilleures conditions de travail. Mais dans le cadre du capitalisme, ces acquis, bien qu’il faille absolument les défendre, sont toujours partiels et constamment réversibles. La seule perspective pour mettre un terme à l’esclavage salarié est de lutter pour la révolution socialiste, au cours de laquelle l’État bourgeois sera détruit pour être remplacé par un État basé sur des conseils ouvriers : c’est-à-dire le remplacement de la dictature de la bourgeoisie par la dictature du prolétariat.

La puissance sociale de la classe ouvrière

Jusqu’à maintenant, ce sont surtout les étudiants qui se sont mobilisés contre l’austérité. Même si de grandes et nombreuses manifestations étudiantes peuvent parfois déranger le gouvernement ou perturber certaines activités économiques, elles ne peuvent pas s’attaquer au centre névralgique du système capitaliste. Ce sont les travailleurs qui, lorsqu’ils se mettent en grève et retirent leur force de travail, arrêtent la production qui génère les profits de la bourgeoisie. Les étudiants, une couche petite-bourgeoise de la société, c’est-à-dire qui n’a pas de rapport direct avec les moyens de production, ne disposent pas d’un tel pouvoir social. Les luttes étudiantes peuvent être les déclencheurs de contestations sociales plus générales, mais au final, la seule solution c’est de s’allier au mouvement ouvrier.

La classe ouvrière exploitée qui reçoit tout juste de quoi vivre et produire la prochaine génération de prolétaires n’a aucun intérêt dans la survie du système capitaliste. Par contre, elle a objectivement tout intérêt à ce qu’il soit renversé et possède une énorme puissance en raison de son rôle dans la production, son nombre et son organisation. Cette puissance, par exemple, pourrait être mobilisée contre la répression sauvage des étudiants qui contestent l’austérité capitaliste.

Le prolétariat québécois a une riche histoire de luttes combatives dont l’apogée a été la grève générale de 1972. Peu connue parmi les jeunes travailleurs et militants de gauche d’aujourd’hui, elle nous donne une démonstration de la puissance sociale de la classe ouvrière. Ce conflit posa la question du pouvoir politique, c’est-à-dire qui, des travailleurs ou des capitalistes, dirigeraient la société.

Cette lutte de classe quasi insurrectionnelle commença en avril 1972 par un large débrayage du Front commun des trois centrales syndicales pour la négociation des conventions collectives du secteur public. Dix jours après le début, les dirigeants syndicaux exigèrent un retour au travail malgré la volonté des travailleurs de poursuivre la grève. Accusés par l’État bourgeois d’avoir néanmoins désobéi aux injonctions, les trois leaders syndicaux furent emprisonnés par le gouvernement libéral de Bourassa, ce qui provoqua une immense vague de grèves spontanées au mois de mai à travers toute la province. Plus de 300 000 travailleurs des mines, des hôpitaux, des aéroports, des usines, bref de tous les secteurs clés d’industries entrèrent en grève. Dans certaines villes comme Sept-Îles, Sorel, Thetford Mines et Joliette les travailleurs saisirent les stations de radios, érigèrent des barricades dans les rues, en un mot : prirent le contrôle des villes.

Seul l’appel au calme des trois dirigeants emprisonnés mit fin au conflit, sous prétexte d’un accord négocié avec le gouvernement. Tel que nous l’avons écrit dans un article qui fait le bilan de cette lutte :

« En 1972, le militantisme déterminé et combatif du prolétariat québécois fut poussé à sa limite, au point où il devint brutalement clair qu’une direction et un programme internationalistes et prolétariens étaient nécessaires. […] Mais les bureaucrates syndicaux nationalistes québécois ont utilisés 1972 pour mousser le support des travailleurs envers le PQ nationaliste bourgeois, et les dirigeants chauvins du mouvement ouvrier canadien-anglais ont tenté, par des orgies de chauvinisme, d’empêcher que la grève générale ne se répande dans leurs rangs. »

— « Lessons of the 1972 Quebec General Strike—From the Barricades to the Parti Québécois » [Leçons de la grève générale québécoise de 1972 — Des barricades au Parti québécois], Spartacist Canada no. 57, mars 1983

Pour une direction lutte de classe dans les syndicats !

Les directions syndicales des années 1960 et 1970 ont été poussées à mener des actions plus militantes par une base plus combative qu’aujourd’hui. Toutefois, ce militantisme a été canalisé vers le nationalisme bourgeois du PQ. Actuellement, les chefs syndicaux sont complètement enfermés dans le cadre du légalisme bourgeois, très réticents à déclencher des grèves et, comme par le passé, restent un obstacle à la mobilisation du pouvoir social du prolétariat contre le capitalisme. Ils s’investissent dans la bonne gestion de l’économie bourgeoise et cherchent une collaboration avec la classe dirigeante et leur gouvernement.

L’exemple de la Coalition pour la libre négociation, mise en place pour lutter contre le projet de loi 3 qui s’attaque aux retraites des travailleurs municipaux, illustre bien le refus des bureaucraties syndicales de déclencher des luttes de classe pour défendre les intérêts des travailleurs. Après avoir vaguement agité le spectre de la grève en octobre, la direction de la coalition a préféré amener le dossier en Cour supérieure, un processus qui prendra plusieurs mois, voire plusieurs années. La stratégie de la coalition se résume donc à contester la constitutionnalité de la loi 3 devant les mêmes tribunaux qui accordent régulièrement des injonctions contre les travailleurs en grève et qui imposent des amendes aux jeunes qui manifestent contre l’austérité.

Mais le pire des crimes de la direction de la Coalition est sans doute d’y avoir inclus les flics. Les policiers, tout comme les gardiens de prison et les gardiens de sécurité, ne sont pas des travailleurs. Ils ont pour tâche de préserver le système d’exploitation capitaliste par la violence organisée. Quand les travailleurs entrent en grève, ce sont eux que la bourgeoisie envoie pour briser les piquets de grève et arrêter les grévistes. Le mouvement ouvrier doit lutter indépendamment des forces de l’État bourgeois. C’est pourquoi nous disons : policiers, gardes de sécurité et gardiens de prison, hors des syndicats !

De plus, les leaders syndicaux donnent pratiquement tous un soutien ouvert ou tacite au PQ. Daniel Roy, directeur québécois du syndicat des Métallos, a publiquement soutenu la candidature à la chefferie du PQ de Martine Ouellet, présentant le PQ comme le parti de la « classe moyenne » et appelant à « rebâtir les ponts » avec lui (Le Devoir, 22 janvier). Le PQ est un parti bourgeois, qui est dédié à la sauvegarde des intérêts des capitalistes québécois. Au début des années 1980, René Lévesque a brisé la grève menée par le Front commun syndical. Puis, dans les années 1990, Lucien Bouchard a sabré les services publics avec sa campagne du « déficit zéro ». Plus récemment, c’est le gouvernement de Pauline Marois qui a brisé la grève de la construction avec une loi spéciale. La nature antiouvrière du PQ est claire comme de l’eau de roche sachant que Pierre Karl Péladeau, grand bourgeois et roi du lock-out, est le favori pour devenir son nouveau chef. À chaque fois c’est le même refrain : un gouvernement libéral attaque les travailleurs et les plus démunis; les directions syndicales canalisent la colère répandue vers un appui au PQ; les péquistes prennent la relève et entament leurs propres attaques.

Le nœud de l’affaire réside dans le nationalisme poussé par les directions syndicales. Le nationalisme est une idéologie bourgeoise qui sert à lier les opprimés avec leurs oppresseurs en prétendant qu’ils auraient des « intérêts nationaux » communs. La classe ouvrière du Canada est depuis longtemps profondément divisée selon des lignes nationales qui reflètent l’oppression historique de la nation québécoise à l’intérieur de l’État canadien. Le nationalisme québécois est alimenté par le chauvinisme de l’« unité canadienne » répandue par le NPD et les chefs syndicaux au Canada anglais. En réponse à ce chauvinisme, la bureaucratie syndicale québécoise agite la fleur de lys et pousse les travailleurs dans les bras des nationalistes, surtout péquistes. Nous appelons à l’indépendance du Québec pour enlever la question nationale de l’ordre du jour politique et montrer aux ouvriers des deux nations que « leur » bourgeoisie respective n’est pas leur allié contre « the French » ou « les Anglais », mais bien leur ennemi de classe.

Toutefois, nous sommes contre tout privilège accordé aux langues et aux nations. Nous dénonçons l’imposition de l’anglais comme langue de travail dans les milieux où les travailleurs sont francophones. En mars, les travailleurs majoritairement de langue française de la FTQ construisant le Centre hospitalier de l’Université de Montréal ont dénoncé la prédominance de l’anglais dans les plans de construction et dans les consignes qu’ils reçoivent. Cela met leur sécurité en danger et brime leur droit à travailler dans leur langue.

En tant qu’adversaires de tout nationalisme, nous nous opposons également à la Charte de la langue française (loi 101) qui fait du français la langue officielle du Québec et, conséquemment, impose des restrictions discriminatoires aux minorités anglophones et immigrantes. Les marxistes sont contre les lois imposant des « langues officielles » et contre les systèmes scolaires basés sur la langue ou la religion. L’unité des travailleurs francophones, anglophones et immigrants ne pourra se faire que sur la base de l’égalité des langues.

Il faut forger des oppositions dans les syndicats qui remplaceront la bureaucratie syndicale par une direction lutte de classe. Une telle direction armera les ouvriers pour mener des batailles sans merci contre les exploiteurs capitalistes. C’est sur cette base que l’on pourra forger un parti ouvrier révolutionnaire qui luttera pour une révolution socialiste, afin d’en finir une bonne fois pour toutes avec l’austérité et le capitalisme.

Le mouvement ouvrier doit défendre la minorité musulmane !

L’une des tâches centrales du mouvement ouvrier est la défense des immigrants et des minorités ethniques et religieuses. Dernièrement, la campagne d’hystérie raciste poussée par l’État contre les musulmans redouble d’intensité. Des mosquées ont été fermées par des municipalités et un juge de la Cour du Québec a même refusé d’entendre la cause d’une femme musulmane sous prétexte qu’elle était voilée. Bien que le voile soit un symbole et un instrument de l’oppression des femmes, il est nécessaire de s’opposer aux attaques du gouvernement contre les droits démocratiques des musulmans, dont celui de porter le voile.

Ces attaques ont donné un nouvel élan aux racistes qui ont multiplié les actes de vandalisme contre les mosquées (notamment à Québec, Limoilou, Ste-Foy et St-Jean-sur-Richelieu). Certains sous la bannière de Pegida Québec (mouvement raciste qui a débuté en Allemagne et qui s’oppose à l’« islamisation de l’Occident ») ont même essayé d’organiser une parade réactionnaire antimusulmans au cœur du Petit Maghreb à Montréal en mars. Des centaines de militants de gauche et antiracistes se sont mobilisés et ont fait avorter cette provocation.

Le racisme est intrinsèque au système d’exploitation capitaliste et sans cesse la bourgeoisie a recours à de telles campagnes pour diviser les travailleurs selon leurs différentes origines. Le PQ s’est hypocritement opposé à la manifestation de Pegida alors que, quand il était au pouvoir, il poussait sa « Charte des valeurs » raciste. Quant à Québec solidaire, ses dénonciations contre Pegida contrastent avec sa volonté de priver les femmes portant le voile intégral de services publics. Les musulmans et les autres minorités ethniques et religieuses constituent une part croissante de la classe ouvrière dans la région de Montréal. C’est dans l’intérêt du mouvement ouvrier de défendre les plus vulnérables contre les attaques racistes anti-immigrants. Mais la bureaucratie syndicale renonce à cette tâche fondamentale. À part la déclaration bidon contre la provocation de Pegida émise par la direction du Conseil central du Montréal métropolitain-CSN (publiée le jour même !), rien n’a été fait pour défendre la minorité musulmane. À bas le racisme antimusulmans ! Une attaque contre un est une attaque contre tous !

Québec solidaire et les pseudo-marxistes

Pratiquement toute la gauche au Québec se tourne vers QS en pensant y trouver une alternative au PQ. QS est un parti à base petite-bourgeoise, sans lien avec le mouvement ouvrier, qui ne propose qu’un capitalisme « solidaire, écologique et démocratique ». QS est même d’accord avec le retour à l’équilibre budgétaire, mais un an plus tard que l’objectif des libéraux. Depuis l’élection de Couillard, le parti multiplie les offres de collaboration avec eux pour tenter de donner un visage plus « social » à l’austérité. En fait, QS n’est pas vraiment différent du PQ du début des années 1970; tout aussi nationaliste, QS est un obstacle à la perspective d’une révolution ouvrière pour renverser le capitalisme.

Bon nombre de soi-disant socialistes se sont liquidés dans QS comme Alternative socialiste (AS, associée au Comité pour une Internationale Ouvrière) et La Riposte (associée à la Tendance Marxiste Internationale). En plus de soutenir que QS représenterait une alternative contre le capitalisme, ces deux organisations trahissent l’ABC de la conception marxiste de l’État. AS prétend que les policiers sont des « travailleurs en uniforme » (alternativesocialiste.org, 9 juillet 2014) et La Riposte affirme que les inclure dans le mouvement contre la loi 3 « affaiblit la capacité du gouvernement à les utiliser pour réprimer les mouvements de travailleurs et de jeunes qui sont à venir » (marxiste.qc.ca, 29 août 2014). Ces pseudo-socialistes font ainsi croire aux travailleurs que les corps policiers, réservoir de racisme, de sexisme et d’homophobie, pourraient être du côté de la classe ouvrière. Ou encore que leurs « syndicats », en réalité des associations de gangsters légales, feraient partie du mouvement ouvrier. Rien n’est plus dangereux pour la classe ouvrière, car les flics sont la première ligne de défense des intérêts des patrons.

En plus des réformistes qui crèchent dans QS, on trouve le Parti communiste révolutionnaire (PCR) maoïste qui s’y oppose. Ne vous laissez pas berner par leurs drapeaux rouges ! Ils rejettent la perspective prolétarienne essentielle au marxisme et défendent la « guerre populaire prolongée » comme « la voie de la révolution au Canada ». Comme Marx, Engels, Lénine et Trotsky l’ont toujours expliqué, la classe ouvrière est centrale à une lutte révolutionnaire puisqu’elle est la seule classe ayant la puissance sociale de renverser l’ordre bourgeois. Une perspective basée sur la « guerre populaire » dissout les ouvriers dans « le peuple » et conduit nécessairement à la collaboration de classes.

Le Mouvement étudiant révolutionnaire (MER), créé sous les auspices du PCR, dénoncent les syndicats comme « un puissant facteur d’adhésion des travailleurs et travailleuses au capitalisme » (MER, 5 avril). Ces maoïstes effacent toute distinction entre la base ouvrière des syndicats et la bureaucratie syndicale. Les syndicats sont des organes de défense de la classe ouvrière contre l’exploiteur capitaliste. Ils doivent englober le plus possible de travailleurs pour renforcer leur unité dans la lutte économique. Le vrai programme marxiste est la défense des syndicats contre les patrons et l’État bourgeois et la lutte pour y forger une direction révolutionnaire.

Les travailleurs du Québec et du Canada anglais ont besoin de leur propre parti qui défendra leurs intérêts. Un tel parti luttera pour l’unité de la classe ouvrière et agira comme un tribun du peuple en défendant les immigrants, les autochtones, les femmes et toutes les victimes de l’oppression capitaliste. Ce système économique pourrissant, qui produit des crises et des guerres perpétuelles et dont l’austérité est un sous-produit, doit impérativement être remplacé par une économie planifiée, dans laquelle la production sera gérée rationnellement en fonction des besoins de tous et non du profit. La Ligue communiste internationale, dont la Ligue trotskyste/Trotskyist League est la section canadienne, se consacre à reforger la Quatrième Internationale, le parti nécessaire pour le renversement du capitalisme en Amérique du Nord et partout sur la planète.