|
|
Spartacist, édition en français,
numéro 44 |
Printemps 2019 |
|
|
Archives du marxisme Limportance et lutilité du IIIe Congrès par Alfred Rosmer Nous reproduisons ci-après un article aujourd’hui difficile à trouver d’Alfred Rosmer, paru à la veille du Troisième Congrès de l’Internationale communiste (IC) dans l’édition française de sa revue, L’Internationale communiste (no 17, juin 1921). Cet article était également paru dans les éditions russe, allemande et anglaise de la revue.
Rosmer (1877-1964) avait été une figure du syndicalisme révolutionnaire en France avant la Première Guerre mondiale. Il fit partie avec Pierre Monatte de la poignée de dirigeants ouvriers français qui résistèrent pendant la guerre au chauvinisme écœurant que manifestèrent les dirigeants de la social-démocratie française (Léon Blum, Marcel Cachin, etc.) et ceux des syndicats (comme Léon Jouhaux ou Albert Thomas) – y compris la majeure partie des anciens dirigeants syndicalistes révolutionnaires. Monatte, rédacteur en chef de La Vie ouvrière, dont Rosmer était un collaborateur central, démissionna spectaculairement fin 1914 de la direction de la CGT pour dénoncer le chauvinisme de celle-ci.
Aussi, l’IC fit des efforts considérables pour gagner au communisme cette couche de syndicalistes révolutionnaires, qui avaient mieux répondu au test de la guerre que tous les principaux dirigeants socialistes français sans exception. Pour Lénine et Trotsky, les syndicalistes révolutionnaires étaient parmi les meilleurs militants que dégoûtait le réformisme des sociaux-démocrates dans le mouvement ouvrier d’avant-guerre. La direction de l’IC se battit fermement pour gagner les syndicalistes qui avaient pris parti pour la Révolution russe, notamment en France, en Espagne, en Écosse et aux États-Unis, à la conception qu’il faut des partis d’avant-garde révolutionnaires pour diriger la lutte pour la révolution ouvrière. Rosmer figurait parmi ceux qui firent alors ce saut politique.
Rosmer vint à Moscou au printemps 1920 pour le Deuxième Congrès de l’IC, avant même la création de la Section française de l’Internationale communiste (SFIC, mieux connue sous le nom de PCF) à Tours en décembre de la même année, et il y resta près d’un an et demi. Il devint membre du Comité exécutif de l’IC et de son Petit Bureau, et il figurait parmi les fondateurs et dirigeants du Profintern (Internationale syndicale rouge). Il a relaté plus tard son expérience à Moscou dans son très utile Moscou sous Lénine (rédigé en 1949 et publié pour la première fois en 1953), traduit dans plusieurs langues.
Le texte de Rosmer que nous publions illustre remarquablement nombre d’arguments que nous exposons dans notre article sur le Troisième Congrès en page 28. Rosmer considère notamment que c’était une évidence pour les communistes de condamner ceux qui, comme l’Italien Serrati, conciliaient les réformistes. De par son propre passé et de par son rôle dans le Profintern, il insiste particulièrement sur la question syndicale au congrès et sur la nécessité d’aller combattre les bureaucrates syndicaux traîtres qui se cachent derrière des discours sur la séparation entre le politique et le syndical.
Rosmer rentra en France quelques mois après le Troisième Congrès et s’intégra dans la SFIC-PCF et sa direction. Il fit encore plusieurs voyages en Russie soviétique, notamment pour le Quatrième Congrès fin 1922. Lors de la Treizième Conférence du parti en Union soviétique en janvier 1924, l’écrasement de l’opposition en cours de formation, dont Trotsky était la figure centrale, signifia le passage du pouvoir des mains de l’avant-garde révolutionnaire aux mains des éléments les plus conservateurs de la bureaucratie et des sommets de la classe ouvrière. Rosmer ayant pris position pour Trotsky en rentrant du Cinquième Congrès de l’IC à l’été 1924, il fut exclu du Parti français dès la fin de l’année. Il était l’un des tout premiers cadres de l’Internationale communiste victimes de la lutte contre Trotsky. Rosmer retourna alors quelques années au syndicalisme.
Il avait connu Trotsky, et travaillé avec lui, pendant la Première Guerre mondiale à Paris. Ils restèrent amis pendant l’essentiel du restant de la vie de Trotsky. Début 1929, ce dernier fut expulsé d’URSS et trouva refuge à Prinkipo près d’Istanbul. Rosmer joua alors un rôle central dans les toutes premières tentatives pour rassembler les cadres fidèles au combat de Trotsky dans l’Opposition de gauche internationale (OGI), non seulement en France où il mit sur pied la Ligue communiste et publia son journal hebdomadaire La Vérité, mais aussi ailleurs en Europe, notamment en Belgique et en Allemagne.
Mais Trotsky était frustré par l’inaction de Rosmer et de la direction de la Ligue communiste dans la mise en place d’un centre international de l’Opposition de gauche. Or, cette tâche allait de pair avec la construction d’une organisation de combat léniniste, et non pas d’un paisible club de discussion.
En avril 1930, Rosmer figura parmi les initiateurs de l’Opposition unitaire (OU) dans la CGTU, la confédération syndicale pro-PCF issue de la scission avec les anticommunistes en 1921. L’OU était hétérogène ; elle contenait des éléments qui tendaient vers l’opposition droitière, c’est-à-dire réformiste, au PCF (alors en proie à la « troisième période » gauchiste). La Vérité publia le programme opportuniste de l’OU sans en faire la moindre critique. L’OU était un bloc gauche-droite contraire aux principes léninistes, ayant pour résultat de replier le drapeau du bolchévisme-léninisme dans les syndicats au profit de la droite. Pour Trotsky il fallait défendre la continuité même du programme révolutionnaire du bolchévisme : « Dans son travail syndical, c’est-à-dire dans son travail le plus important, la Ligue est subordonnée à l’opposition unitaire au bénéfice de laquelle elle a renoncé à toute indépendance. Les marxistes ne peuvent et ne doivent pas tolérer une telle politique un jour de plus » (« Les erreurs des éléments droitiers de la Ligue dans la question syndicale », 4 janvier 1931).
Trotsky lutta patiemment pour gagner Rosmer sur cette question cruciale, mais Rosmer refusa la bataille, prétendant qu’il s’agissait avant tout d’une querelle de personnes, alors qu’il s’agissait de conduire le travail dans les syndicats selon les principes et sous la discipline de l’OGI. L’article ci-après de Rosmer montre combien la difficile lutte dans les syndicats contre les réformistes requiert la direction attentive de militants liés par le programme à un parti communiste d’avant-garde. Au lieu de cela, Rosmer choisit de démissionner fin 1930 plutôt que de devenir un véritable dirigeant communiste. Sans surprise, les historiens sociaux-démocrates comme Pierre Broué ou les travaillistes de la revue Revolutionary History sympathisent typiquement avec Rosmer contre Trotsky dans cette bataille. Lutte ouvrière a pris le même côté à l’occasion de sa réédition en 2018 du livre de Rosmer Le mouvement ouvrier pendant la Guerre (la Première Guerre mondiale).
Après sa rupture, Rosmer collabora au Bulletin de la Gauche communiste, composée en partie d’anciens de la Ligue qui étaient en relation avec le groupe de Kurt Landau, en Allemagne, sur la base de leur commune hostilité à l’OGI.
Rosmer se rapprocha à nouveau de Trotsky en 1936 à l’occasion des procès de Moscou, jouant un rôle important dans la « commission Dewey » de personnalités indépendantes qui démonta les mensonges de ces procès truqués, montés à grand spectacle par Staline pour faire exécuter la vieille garde du Parti bolchévique de Lénine. C’est dans la grange de Rosmer à Périgny, près de Paris, que se tint le congrès de fondation de la Quatrième Internationale en 1938. Toutefois, Rosmer ne réadhéra jamais à la section française de l’organisation trotskyste internationale, ni à aucune autre de ses sections. Lui et sa compagne et camarade de combat, Marguerite, passèrent près d’un an à Mexico avec Trotsky en 1939-1940, pratiquement les derniers mois de la vie de celui-ci ; ils y firent le voyage de France pour amener à Trotsky son petit-fils, Sieva, après la mort du fils de Trotsky Léon Sedov (vraisemblablement assassiné).
Après la Deuxième Guerre mondiale, Rosmer abandonna toute prétention à sympathiser avec le programme du trotskysme. En fait il n’avait jamais complètement assimilé l’essence du bolchévisme de Lénine. Le premier volume de son livre sur la Première Guerre mondiale, paru en 1936, présente une riche documentation de la trahison chauvine des réformistes, mais Rosmer prend position contre Lénine sur la question du défaitisme révolutionnaire pendant la guerre. Il cherche à ressusciter les arguments de Trotsky à cette époque, lorsque celui-ci n’avait pas encore été gagné au bolchévisme. En réalité, Lénine polémiquait alors, à juste titre, contre le refus de Trotsky de dire que la défaite de son propre impérialisme serait un moindre mal, ouvrant la voie à la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile. Quant à Trotsky, lors de la parution du livre de Rosmer, il venait de défendre une fois de plus avec force la position léniniste sur la guerre, tant dans la Première Guerre mondiale que dans la Deuxième qui se profilait, dans son manifeste « La guerre et la IVe Internationale » (juin 1934).
Pour Lénine, une rupture nette avec non seulement la droite ouvertement sociale-chauvine mais aussi avec le centre kautskyste était indispensable pour forger un parti capable de mener le prolétariat à la victoire, et Rosmer ne le comprit jamais tout à fait – en témoigne sa « rechute » syndicaliste provisoire en 1925, et définitive avec l’Opposition unitaire en 1930. Aussi, il est significatif que, dans son par ailleurs pénétrant Moscou sous Lénine, Rosmer dénigre sans ménagement les « Thèses sur la structure d’organisation des partis communistes » adoptées au Troisième Congrès de l’IC, alors que pour Lénine c’était au contraire un élément clé du congrès (voir notre article en page 28).
Néanmoins, l’article de Rosmer sur le Troisième Congrès est précieux. Il jette un éclairage cru sur la trahison des bureaucrates syndicaux réformistes et montre l’importance accordée par l’Internationale communiste à la lutte pour gagner les syndicalistes révolutionnaires au bolchévisme, et pour une intervention véritablement communiste dans les syndicats.
Quand le Deuxième Congrès se réunit, il y a un an, il avait devant lui, entre autres tâches, celle de définir et de préciser les conditions d’admission à l’Internationale Communiste. Si paradoxal, en effet, que cela puisse paraître, l’I.C. qui n’avait guère qu’un an d’existence se trouvait menacée d’envahissement par des éléments indésirables : centristes, réformistes, francs ou cachés, équilibristes, etc. Lors de sa création, la plupart des leaders des vieux partis socialistes l’avaient accueillie par des sarcasmes : elle ne serait jamais une Internationale véritable ; elle ne constituerait qu’une manifestation sans portée, ni lendemain. Mais les masses ouvrières se trouvèrent d’un autre avis. Elles étaient dégoûtées des vieux partis et de la II-e Internationale qui avaient si misérablement sombré, le 2 août 1914. De même qu’elles s’étaient portées avec enthousiasme vers la révolution russe, elles se portèrent vers l’Internationale Communiste.
Le mouvement était irrésistible : les centristes furent bien obligés de le suivre. Ils tentèrent de manœuvrer et, tout en affirmant publiquement et formellement leur intention et leur ferme volonté d’aller à Moscou, ils organisèrent entre eux des conciliabules dans le but de préparer un plan commun d’action : ils voulaient bien, en effet, aller à Moscou, mais à la condition, sous prétexte d’autonomie des sections, de pouvoir continuer, chacun dans son pays, la politique de tout repos qu’ils avaient jusqu’alors suivie et qui consistait à admirer de loin la Russie soviétique, à parler de temps en temps de la Révolution, à agir en réformistes et détourner systématiquement la masse de toute action révolutionnaire.
Cette tactique simpliste et dont la malice était trop visible, a piteusement échoué. Ce ne sont pas seulement les conditions formelles d’admission qui ont fermé aux centristes les portes de l’Internationale Communiste, c’est l’ensemble des thèses votées par le Congrès et qui fixe la doctrine et les méthodes d’action de l’Internationale Communiste. Du coup, les réformistes qui se cachaient derrière une phraséologie révolutionnaire furent obligés de se démasquer, et ces grands partisans du voyage à Moscou se transformèrent soudain en critiques acariâtres de l’Internationale Communiste et de la Russie Soviétiste.
Les congrès nationaux commandés par les décisions du II-e congrès de l’Internationale Communiste déterminèrent partout la cassure nécessaire : d’un côté, les masses prolétariennes qui, elles, n’ont jamais songé à marchander leur adhésion à l’Internationale Communiste ; de l’autre, surtout des députés, des avocats, des intellectuels, des fonctionnaires syndicaux et ceux des ouvriers qui sont encore leurs dupes. Le premier de ces congrès de liquidation, le congrès de Halle, en séparant en droite et gauche le parti des Indépendants d’Allemagne, établit un précédent qui fut partout suivi. Le centrisme, groupement provisoire et instable, est maintenant disloqué ; sa fraction de gauche est allée au communisme, le reste rejoindra tôt ou tard la droite. En France, l’opération est déjà faite : la rupture entre ces deux groupements n’a duré que l’espace d’une matinée. L’Internationale deux-et-demie que ces éléments centristes avaient tenté de créer, essaie vainement de vivre : elle vient de se rencontrer une première fois, à Amsterdam, avec la II-e Internationale et l’Internationale Syndicale. L’union ne s’est pas faite formellement, bien qu’on ait constaté que les trois organisations avaient des conceptions à peu près identiques : l’accord se fera la prochaine fois. Et ainsi la situation sera parfaitement claire. Sur ce point, une des tâches du Congrès est dès à présent accomplie, et le III-e congrès se trouvera composé des représentants des partis communistes débarrassés et délestés du poids mort des réformistes, qui, sous prétexte d’unité, voulaient à tout prix leur rester attachés. Il devra examiner d’abord le recours qui lui est adressé par le Comité Central du Parti Communiste Allemand contre l’admission du K.A.P.D. comme parti sympathisant et des « communistes unitaires » d’Italie contre la décision du Comité Exécutif de ne reconnaître comme adhérents à la III-e Internationale que le nouveau Parti Communiste constitué après Livourne.
Il est vraisemblable que ces deux décisions, qui ont été prises par le Comité Exécutif à l’unanimité, seront ratifiées sans grands débats par le Congrès. Le fait que les statuts prévoient l’adhésion de partis sympathisants montre qu’on a prévu le cas de partis composés d’éléments vraiment prolétariens et révolutionnaires, mais qui, cependant, n’acceptent pas toutes les thèses de l’Internationale Communiste. Tel est le cas du K.A.P.D., le Congrès lui demandera sans doute de travailler cordialement avec le V.K.P.D., ce qui reste la meilleure préparation à une fusion ultérieure.
En Italie, la situation est quand même simple, car un fait extrêmement significatif domine tout le reste : Serrati et ses partisans qui se sont dénommés communistes-unitaires ont refusé de faire scission avec Turati, Modigliani et consorts, au moment même où ils acceptaient de se séparer de tous les éléments vraiment communistes du parti. Turati qui n’est pas communiste du tout, qui le dit et l’écrit, est en réalité la personnalité dominante de ce parti des communistes-unitaires et, à l’heure où les communistes-unitaires ne voulaient pas rompre avec lui, il prenait sous son patronage le livre des députés Nofri et Pazzoni, intitulé L’Enfer des Soviets et dont les titres des chapitres sont simplement : une dictature féroce, le triomphe de la corruption, l’agonie sociale d’un peuple, etc.
Ces deux points tranchés, le Congrès pourra aborder son ordre du jour et d’abord, la question principale : la crise économique mondiale et les nouvelles tâches de l’Internationale Communiste.
Cette crise, qui est aujourd’hui dans son plein développement, n’a pas éclaté dès la fin de la guerre impérialiste. Au lendemain de la signature de l’armistice et pendant une période relativement longue, les grandes puissances victorieuses connurent une espèce de renaissance industrielle qui pouvait faire quelque temps illusion.
Mais la catastrophe devait arriver. Les industriels constatèrent brusquement qu’ils n’avaient plus d’acheteurs ; ils avaient fabriqué en grandes quantités, profitant des perfectionnements techniques apportés au machinisme et à l’organisation du travail pendant la guerre, et leurs produits ne trouvant plus d’écoulement s’accumulaient en stocks énormes. Ainsi, dans l’Europe appauvrie, ruinée par la guerre, dont plus de la moitié de la population manquait de nourriture, de vêtements et, une partie même, d’habitations, les produits fabriqués encombraient les marchés, le travail ne trouvait plus d’emploi.
Les conséquences économiques de la guerre s’imposèrent alors avec évidence. Il y eut un moment de panique, de débâcle, dans les milieux industriels et commerciaux ; les établissements les plus solides étaient atteints, la banqueroute se dressait partout menaçante. Lloyd George, questionné par des industriels, leur donne cette explication de la crise : « Nos magasins regorgent de marchandises, mais nos clients sont en guenilles et n’ont pas d’argent. »
C’est en Angleterre que la crise se fit sentir tout de suite avec le plus d’intensité. Dès le mois de novembre, le nombre des chômeurs était d’environ 500.000 et, en outre, dans beaucoup d’industries, les ouvriers ne travaillaient plus qu’une partie de la journée. D’autre part, le coût de la vie restait en augmentation constante. Le chômage s’étendait régulièrement et touchait bientôt un million de travailleurs.
Le réveil était dur. Il l’était d’autant plus, que l’Angleterre s’était trouvée, au lendemain de la guerre, dans une situation privilégiée. Maîtresse du marché du charbon, elle avait trouvé là un moyen d’écraser et de pressurer ses alliés, la France et l’Italie, leur vendant très cher le charbon dont elles avaient besoin et qu’elles ne pouvaient alors se procurer ailleurs, tandis qu’elle le cédait à bon compte à ses industriels qui se trouvaient ainsi en mesure, malgré le change, de produire à meilleur compte que leurs concurrents du continent.
La ploutocratie britannique commençait à penser que, quoi qu’avaient pu dire de sombres prophètes, la guerre « payait » ; les excédents sur les prévisions budgétaires constituant des plus-values appréciables, déjà les optimistes parlaient d’amortir la dette. Mais cet âge d’or devait être de courte durée. De même que l’Angleterre n’a plus trouvé de clients pour ses produits fabriqués, elle n’en a plus trouvé pour son charbon : la France en recevait d’Allemagne plus qu’elle n’en pouvait consommer et les exportations des Etats-Unis se développaient rapidement. En même temps, les conflits entre patrons et ouvriers devenaient plus fréquents et revêtaient souvent un caractère d’extrême gravité : grève des cheminots, grève des mineurs : la fausse prospérité s’effondrait, cédant la place à la menace de l’effondrement du régime.
En France, bien que la crise présente, dans l’ensemble, des traits identiques, les choses se développèrent plus lentement et d’une façon sensiblement différente. Le chômage s’y fit sentir aussi dès le mois d’octobre et s’étendit progressivement ; en même temps que les stocks s’accumulaient, les banques resserraient les crédits, des entreprises parmi les plus anciennes étaient menacées de fermeture, du jour au lendemain.
La Bourse connut de sérieuses paniques, la situation financière du pays apparut dans toute sa gravité : un ancien ministre des Finances, Ribot, déclara : « Je ne crois pas qu’aucun pays à aucune époque se soit trouvé dans une situation plus difficile que celle avec laquelle nous sommes aux prises depuis notre victoire. » C’est que la France a misé sur la victoire, et sur la victoire qui rapporte. Toute sa politique a été basée là-dessus. Et aujourd’hui elle est tout entière dans cette formule : l’Allemagne doit payer.
Une crise de cette nature devait rapidement s’étendre au monde entier, et c’est ce qui est arrivé rapidement. Tous les pays, les neutres comme les belligérants, les pays d’Europe comme ceux d’au-delà des mers, ont vu leurs usines cesser de travailler, leurs échanges commerciaux s’arrêter.
Effrayée par l’étendue de cette crise et la menace permanente qu’elle comporte, la bourgeoisie songe à la mettre à profit pour déclencher une offensive générale contre les ouvriers. Ses économistes et ses journalistes ont découvert simultanément que la cause de la crise réside dans les hauts salaires et dans la journée de huit heures. L’occasion était favorable. Le ralentissement du travail permettait de faire un choix parmi les ouvriers, de se débarrasser des « meneurs » et surtout de réviser et de réduire les salaires. On disait aux ouvriers : Le travail peut reprendre, mais à condition que vous acceptiez une notable diminution sur vos salaires. Et à ce moment de grand chômage, on rétablissait la journée de 10 heures. Les économistes bourgeois ne sont jamais embarrassés ; pour eux, toutes les crises doivent se résoudre sur le dos des ouvriers : la journée de huit heures, expliquent-ils, est la cause directe de la vie chère, et la vie chère est la cause de la crise économique. Les travailleurs se trouvent ainsi frustrés d’une réforme qui ne leur avait été consentie par les capitalistes que parce qu’ils redoutaient la contagion bolchéviste, et après la grande guerre du droit et de la justice, ceux qui ont échappé à la boucherie impérialiste se retrouvent dans une situation plus dure encore qu’avant 1914.
Qu’ont fait les organisations ouvrières pour résister à cette offensive capitaliste ? Jamais une action internationale ne fut plus nécessaire. A une situation nouvelle doivent correspondre des moyens de lutte nouveaux : surtout il faut étudier et déterminer en commun la tactique la mieux adaptée à la situation révolutionnaire présente. Il faut voir comment doit être réglée l’action pour les revendications partielles et locales qui ne doivent pas être négligées, et la préparation de l’assaut révolutionnaire qui doit renverser la bourgeoisie.
Le capitalisme réussira-t-il à surmonter cette crise et à sortir indemne de cette passe difficile ? Certains socialistes-centristes, notamment les Indépendants d’Allemagne, prétendent qu’il n’a jamais été plus puissant qu’aujourd’hui, que pendant la guerre et dans la période qui a immédiatement suivi, il a renforcé son organisation. Il est vrai que, dans certains pays tout au moins, les grands trusts ont encore étendu leur domaine et leur action. Mais il n’en reste pas moins, qu’ils travaillent aujourd’hui dans un monde qui n’a pas retrouvé un équilibre stable et qui peut de nouveau, d’un moment à l’autre, être complètement bouleversé. Les capitalistes qui voient déjà devant eux de brillantes perspectives, et les socialistes qui estiment leur puissance renforcée, raisonnent comme si le monde avait trouvé la paix, alors que la guerre continue, qu’un fort parti militariste français exige chaque jour plus impérieusement que l’armée française aille à Berlin – dût-elle y aller seule – et que la menace de guerre plane partout.
L’Internationale Syndicale, qui s’était effondrée, le 2 août 1914, aussi ignominieusement que la II-e Internationale et qui s’est reconstituée avec l’autorisation des gouvernements, dont c’était la tâche principale de défendre les ouvriers contre la rapacité capitaliste internationale, n’a rien fait pour les aider dans cette lutte. Elle s’est, au contraire, employée à obscurcir toutes les questions et affaiblir la résistance ouvrière partout, car sa politique n’est pas une politique de lutte, mais de collaboration de classes. Les patrons s’organisent partout ; ils doublent l’armée de gardes blanches [milices antigrève] ; ce sont eux qui prennent toujours l’offensive. Les leaders syndicaux de l’Internationale syndicale désarment les ouvriers et leur prêchent la conciliation.
C’est pourquoi l’Internationale Communiste a dénoncé l’Internationale Syndicale d’Amsterdam comme une Internationale jaune [de briseurs de grève], comme une annexe jumelle du Bureau International du Travail [B.I.T.] de la Société des Nations. Elle a engagé contre elle une lutte sans merci et prépare la constitution d’une Internationale Syndicale rouge qui groupera tous les éléments révolutionnaires des organisations ouvrières de tous les pays.
La lutte contre les leaders réformistes des syndicats est aujourd’hui la plus urgente et la plus nécessaire. Durant la guerre, les syndicats sont devenus partout, dans tous les grands pays, par la duplicité de leurs chefs, de simples annexes gouvernementales. Entre gouvernements et leaders syndicaux, un accord tacite est partout intervenu : Les leaders ouvriers seraient, eux et leurs créatures, dispensés d’aller dans les tranchées, à condition qu’ils assurent la tranquillité de l’arrière et permettent aux gouvernants d’utiliser les ouvriers et paysans comme chair à canon, aussi longtemps qu’il leur plairait. Plusieurs furent ministres. La guerre finie, les leaders ouvriers se sont retrouvés avec les patrons et les gouvernements autour de la table du traité de paix, puis à Washington où ils ont créé le B.I.T., dont une revue française des plus réactionnaires pouvait dire que s’il disparaissait, « les patrons perdraient infiniment plus que les ouvriers ». Ce sont les mêmes leaders qui dirigent l’Internationale Syndicale jaune d’Amsterdam.
Sous la formule commode « Pas de politique au syndicat », ces leaders ont pu ainsi poursuivre une politique de paix sociale et de collaboration de classes. Bien que la plupart d’entre eux soient discrédités aux yeux des ouvriers les plus conscients, ils parviennent encore à égarer la masse qui va au syndicat, parce qu’elle croit y trouver protection et défense de ses intérêts. Peu à peu cependant, sous la poussée révolutionnaire, ils doivent céder la place. C’est ainsi qu’en novembre dernier, on pouvait lire dans les journaux anglais le communiqué suivant : « Le ministre des Mines, avec l’approbation du ministre du Commerce, a fait la nomination suivante : conseiller principal ouvrier : William Brace. »
La position que M. Brace a acceptée est un emploi permanent auquel il devra consacrer tout son temps et implique la renonciation à son siège à la Chambre des Communes, et sa démission de la présidence de la Fédération des mineurs au Pays de Galles et de la Commission Exécutive de la Fédération des mineurs de Grande-Bretagne. Son traitement sera de 2.250 livres sterling (environ 135.000 frs, au cours actuel).
W. Brace avait senti que les mineurs étaient décidés à se débarrasser de lui, et il avait pris les devants en cherchant une situation plus sûre.
Les gouvernants qui trouvent que les ouvriers gagnent de trop hauts salaires sont prêts à recueillir et à entretenir largement les ouvriers qui trahissent leur classe.
Ces leaders trade-unionistes, un député socialiste, Jack Jones, qui n’est pas bolchéviste, mais qui appelle quelquefois les choses et les gens par leur nom a pu les qualifier, en pleine Chambre des Communes, de « prostitués politiques du travail », et dire que le gouvernement, quand il se trouve dans l’embarras, est toujours sûr de pouvoir compter sur eux pour le tirer d’affaire. Il s’agissait d’un débat sur l’Irlande et les « prostitués politiques du travail » étaient, dans la circonstance : le Koltchakiste « colonel » John Ward, secrétaire du syndicat des terrassiers, et J. A. Seaden, secrétaire du syndicat des employés.
Malgré tout, la propagande révolutionnaire qu’il faut faire dans les syndicats est plus difficile que celle qui se développe au sein des partis politiques. L’Internationale Communiste a pu briser facilement les vieux partis socialistes. La tâche sera plus difficile de démasquer et de chasser les chefs syndicaux, traîtres à la classe ouvrière. Les leaders discrédités de ces vieux partis socialistes l’ont bien compris, et ils ont cherché un refuge dans les organisations syndicales. Un cas typique à cet égard est celui du Français Albert Thomas, ancien ministre des Munitions, qui demandait pendant la guerre aux ouvriers socialistes d’être les premiers à se faire tuer pour la gloire de l’impérialisme allié, aux ouvriers de travailler jusqu’à l’épuisement, et qui est aujourd’hui l’inspirateur de la C.G.T. française et le directeur du B.I.T.
Toutefois, les événements qui se déroulent actuellement sans interruption finiront bien par montrer les hommes sous leur vrai jour, et il est permis d’espérer que l’ignominieuse faillite de la triple alliance ouvrière britannique, à laquelle on vient d’assister, contribuera largement à faire comprendre aux ouvriers de tous les pays qu’aussi longtemps que les syndicats resteront entre les mains des vieux leaders, les meilleurs moyens de lutte, les combinaisons les plus sûres seront, au moment décisif, sabotés.
Contre cette offensive patronale pour la baisse des salaires, les mineurs britanniques ont engagé la lutte. Les ouvriers des transports et les cheminots, avec lesquels ils forment la triple alliance, ont promis de les soutenir. Ils ont voté pour une date fixe la grève générale. Tout à coup, stupeur : il n’y aura pas de grève générale, les mineurs, abandonnés, devant continuer seuls la lutte. Pourquoi cette trahison de la dernière heure ? Parce que J.H. Thomas est secrétaire général des cheminots, parce que, malgré que la grève de solidarité ait été votée, il n’en voulait pas, parce qu’il a manœuvré, sollicité et provoqué des manifestations hostiles à la grève, dans certains centres ferroviaires, et qu’il a déclaré finalement que la Fédération des mineurs étant sous l’influence des extrémistes, les cheminots refusaient de faire la grève.
J.H. Thomas se trouve être précisément le président de l’Internationale jaune d’Amsterdam. Digne président d’une pareille Internationale, on n’en pourrait trouver de plus symbolique.
Une telle leçon, si chèrement payée, doit servir. Il est triste cependant de penser que J.H. Thomas n’en est pas à son coup d’essai, qu’il a déjà montré à plusieurs reprises qu’il était capable de toutes les trahisons et qu’il peut néanmoins continuer d’exercer sa malfaisance.
Lors d’une précédente grève des mineurs, en octobre dernier, la question de la grève des cheminots par solidarité s’était déjà posée. Une assemblée nationale de délégués de cheminots s’était prononcée pour la grève. Que fait J.H. Thomas ? Il charge l’agence « Presse Association » de déclarer qu’il désapprouve la décision de grève prise par l’assemblée souveraine ! Naturellement, J.H. Thomas est un démocrate, adversaire acharné de la dictature du prolétariat. Son acte allait si loin cette fois, qu’une revue modérée, le New Statesman qui défend les conceptions de Webb, écrivait :
« Cette question de la relation du leader à ceux qui l’élisent a été soulevée, sous sa forme la plus aiguë, la semaine passée, par l’action de M. J.H. Thomas au sujet de la décision des cheminots en faveur de la grève, car il n’y a aucun doute que l’action poursuivie par M. Thomas, après que la décision eut été prise, était de nature à faire non seulement de la grève une grève partielle aboutissant nécessairement à la défaite si elle avait éclaté, mais elle était en réalité une invitation aux syndiqués à ne pas obéir à l’ordre de grève... On peut prétendre que la décision n’était ni sage ni nécessaire, mais cette opinion n’affecte aucunement la question soulevée par l’acte de M. Thomas, comme secrétaire général du syndicat des cheminots. Puisqu’il différait de la décision formulée régulièrement par son syndicat, il devait honnêtement, soit obéir aux instructions comme un serviteur du syndicat, soit démissionner. Mais garder son poste, alors qu’il menait une action ouverte contre ces instructions, c’est une conception qui ne saurait, selon nous, être défendue, quelque idée que l’on ait de la fonction de secrétaire de syndicat. »
Malgré la modération des termes du ton habituel du New Statesman, cette appréciation du rôle de J.H. Thomas est telle que nous n’avons rien à y ajouter.
En fait, cette clique de hauts fonctionnaires syndicaux, toujours prêts à fulminer contre la dictature du prolétariat, impose au prolétariat sa propre dictature. Ces grands démocrates acceptent la loi de la majorité tant que la majorité est avec eux, mais ils n’hésitent pas à agir en autocrates, au cas où la majorité des syndiqués se permet d’être d’un autre avis que le leur.
Nommés pour de longues périodes, retranchés derrière une bureaucratie puissante, entourés de créatures à leur dévotion, ils constituent la pire des oligarchies. Concevant leur rôle en temps ordinaire, comme celui d’agents d’affaires des ouvriers, maquignonnant des compromis et des accords avec les patrons, ils vont tout naturellement, dans les circonstances graves, jusqu’à la trahison.
Le III-e Congrès devra considérer comme une tâche de grande importance la lutte contre l’Internationale jaune d’Amsterdam, refuge de tous les traîtres du syndicalisme et du socialisme. La bourgeoisie, apeurée par la résistance pour elle déconcertante et déroutante de la Russie soviétiste et les progrès incessants et rapides du communisme, a bien compris que les syndicats pouvaient constituer des organes de conservation sociale. Elle s’est empressée d’opposer les syndicats aux partis. Le bourgeois Capus, le royaliste Maurras et le bas politicien Barthou se sont rencontrés en un touchant accord pour célébrer la « sagesse » et le « réalisme » des syndicats qui résistent au « mythe soviétique » et au « communisme désorganisateur ». Il faut leur montrer que l’esprit révolutionnaire, qui est le vrai réalisme, peut animer aussi les syndicats.
Le Troisième Congrès aura également pour tâche de déterminer la position de l’Internationale Communiste à l’égard de l’Internationale Syndicale rouge, qui sera définitivement constituée à l’issue du Congrès spécial qui se réunira le 1-er juillet.
L’appel lancé par le Conseil International des syndicats a reçu l’approbation de toutes les organisations syndicales révolutionnaires non affiliées à Amsterdam et des minorités des Centrales syndicales qui adhèrent à Amsterdam.
Les délégués qui se rencontreront à Moscou pour fixer les bases de l’organisation nouvelle et élaborer une tactique commune, seront les uns communistes, les autres syndicalistes-révolutionnaires. Parmi ceux-ci, certains sont membres des partis communistes, d’autres ayant gardé de fortes préventions contre les partis politiques, n’appartiennent à aucun parti ; toute leur activité révolutionnaire se déroule dans le cadre syndical. Ces préventions à l’égard des partis ont une pleine justification dans la pratique des anciens partis socialistes qui, presque tous, étaient des partis de réforme et non de révolution ; nous les voyons s’atténuer, dès qu’un vrai parti communiste existe et agit. C’est ce qui se passe en France où la minorité révolutionnaire de la C.G.T. disait, dans la résolution soumise au dernier congrès confédéral, après une déclaration formelle d’adhésion à l’Internationale Syndicale Rouge, qu’elle était prête à collaborer avec le parti politique qui agira révolutionnairement.
C’est la tâche de l’I.C. de favoriser le rapprochement de ces éléments d’origine différente ; les préventions disparaîtront définitivement, au cours des luttes révolutionnaires menées en commun.
Le champ d’action de l’Internationale Communiste s’étend vraiment au monde entier, et le retentissement qu’elle a eu parmi les peuples d’Asie est un des phénomènes les plus chargés de conséquences de l’époque actuelle. Ces peuples qui, jusqu’à la guerre, avaient été maintenus dans l’asservissement par l’impérialisme britannique et par l’impérialisme tsariste ou par les deux conjointement, lorsqu’ils se sont mis d’accord ont été profondément agités par la Révolution russe.
Deux motifs puissants les ont poussés vers la Russie soviétiste : le fait que désormais, cette grande puissance voisine, loin de vouloir les pressurer et entraver leur libre développement, serait pour eux un appui sûr dans leur œuvre d’émancipation et, en second lieu : l’idée soviétiste. Tous ces peuples ne sont pas au même degré de développement. Quand on lit, dans les journaux, le récit des grèves de Bombay et des incidents qu’elles ont provoqués, il apparaît clairement que le communisme doit trouver là un terrain favorable. Dans d’autres régions presque exclusivement agricoles, le processus de libération est nécessairement différent. Le II-e Congrès a, pour la première fois, posé des questions sous un jour nouveau et les a soumises à l’étude de tous les partis communistes. Le III-e Congrès aura sous les yeux les résultats de ces études, de ces discussions, les informations fournies par les représentants de ces peuples d’Asie : son œuvre théorique pourra se compléter de l’élaboration d’une action définie.
L’Internationale Communiste s’est caractérisée comme une Internationale d’action. Toute sa méthode et ses structures mêmes l’attestent. Par là, elle diffère essentiellement de la II-e Internationale qui était radicalement incapable d’agir. Elle en était incapable parce qu’aucun des partis qui la composaient ne se sentait vraiment lié par les décisions des Congrès. On l’a vu en 1914, en ce qui concerne la motion désormais fameuse de Stuttgart [au congrès de l’Internationale socialiste en 1907, engageant ses partis à agir contre la guerre et « pour précipiter la chute de la domination capitaliste »]. L’Internationale Communiste ne veut pas être exposée à une pareille faillite. Elle suit activement la vie et l’action des partis qui la composent et leur donne son appui et son aide à tous les grands mouvements qu’ils engagent ; elle n’hésite pas à intervenir directement et à dénoncer, brutalement s’il le faut, les défaillances qui se produisent.
Le Premier Congrès, en créant l’organisation internationale qui manquait au prolétariat, fournit un point de rassemblement aux groupements et aux partis révolutionnaires et communistes. Ainsi, son appel fut partout entendu et le succès rapide.
Le II-e Congrès, en donnant à l’Internationale Communiste une base solide et en imposant la sincérité et la clarté, a provoqué dans tout le prolétariat une agitation immense. Il a bouleversé et disloqué les vieux partis.
Le III-e Congrès n’aura pas un retentissement moindre : il étendra encore l’action de l’Internationale Communiste, dans les organisations ouvrières, la précisera, la coordonnera et apportera aux travailleurs les moyens de lutte les mieux appropriés aux grands problèmes de l’heure actuelle.
A. ROSMER.
Moscou, 10 mai 1921.
|
|
|
|
|