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République ouvrière nº 1

Automne/hiver 2017-2018

Hystérie raciste contre les migrants haïtiens

Laissez-les rester !

C’est par le chemin Roxham, non loin du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, que quelques milliers de migrants ont traversé la frontière canadienne entre le début juillet et la mi-août. Cette situation qualifiée de « crise » a provoqué un torrent de poison réactionnaire de la part des médias et des politiciens contre les « illégaux » et « les immigrants tricheurs » qui « coûtent cher ». En fait, le gouvernement du Québec prévoit que les demandes d’asile pour cette année ne dépasseront pas les chiffres de 2008. Cette prétendue crise n’est rien d’autre qu’une hystérie raciste contre ces migrants qui sont pauvres et majoritairement noirs.

C’est dans l’espoir d’échapper aux dangers croissants d’être immigrant dans l’Amérique de Trump qu’autant de personnes ont décidé de tout laisser derrière elles. L’écrasante majorité sont des Haïtiens qui redoutent l’expulsion des États-Unis depuis la fin annoncée de leur statut temporaire. Ce statut leur avait été accordé suite au tremblement de terre de 2010 qui avait ravagé Haïti et fait plus de 200 000 victimes. Pourtant, loin d’être l’oasis de tolérance promise par Justin Trudeau, Philippe Couillard et Denis Coderre, le Canada ne leur offrira que discrimination raciste et incertitudes. Derrière la couverture hypocrite et prétentieuse du multiculturalisme canadien, la réalité pour beaucoup d’immigrants au Québec et au Canada, c’est la brutalité policière, le chômage et les logements insalubres.

Loin d’être accueillis à bras ouverts, les migrants doivent passer deux à trois jours dans des conditions sanitaires pitoyables sous la garde de la GRC. Durant la première semaine d’août, c’était plus de 600 personnes qui devaient dormir directement au sol, sans douche et avec l’accès à seulement quatre lavabos. Les migrants doivent ensuite rester plusieurs jours supplémentaires dans des centres d’accueil improvisés tels que le Stade olympique. Tout ça pour finalement attendre des mois que leur demande d’asile soit traitée sous la menace constante de déportation.

Avec les politiciens et les chroniqueurs qui bavent de rage contre les entrées « illégales », tout laisse croire que le gouvernement sera encore plus restrictif. D’autant plus que deux ministres haïtiens sont venus (soi-disant de leur propre initiative…) offrir aux migrants de rentrer au pays, ce qui mine directement leur chance d’être acceptés comme réfugiés. En temps normal, c’est seulement 52,6 % des demandes d’asile en provenance d’Haïti qui sont acceptées. Ahmed Hussen, le ministre fédéral de l’Immigration a cyniquement déclaré : « Si leur demande d’asile est crédible, ils restent. Sinon, ils sont expulsés. C’est la loi. » Nous disons : Laissez-les rester ! Plein droits de citoyenneté pour tous !

L’impérialisme canadien complice du ravage d’Haïti

Depuis son élection, Trudeau se pavane à travers le globe en vantant « le plus meilleur pays du monde » et en s’affichant comme l’antithèse de Trump. Ceci n’est que de la poudre aux yeux pour que le Canada puisse servir de bon flic à l’impérialisme américain. En 2004, 500 soldats canadiens ont participé à l’invasion d’Haïti pour soutenir un coup d’État militaire orchestré par les États-Unis contre le président Jean-Bertrand Aristide. La décision de se débarrasser d’Aristide avait d’ailleurs été prise au Canada lors d’une rencontre secrète baptisée « Initiative d’Ottawa sur Haïti ». Comme prévu par cette rencontre, le coup d’État fut suivi d’une mise en tutelle du pays sous l’égide de l’ONU.

À cette époque, le conseiller spécial pour Haïti auprès du premier ministre Paul Martin n’était nul autre que Denis Coderre, actuel maire de Montréal et défenseur autoproclamé des migrants haïtiens contre Trump. Coderre orientait la politique canadienne en Haïti pendant que la police haïtienne entraînée par la GRC massacrait des centaines de personnes dans la répression qui suivit le coup d’État. Il a d’ailleurs affirmé fièrement en 2005 que : « Dans mon rôle de conseiller spécial pour Haïti, j’ai pu constater que la GRC a fait un travail exemplaire à l’échelle internationale. » Comme le dit le dicton créole Bèl dan pa di zanmi pou sa [celui qui vous sourit n’est pas toujours un ami].

À cause des ravages des impérialistes, Haïti reste le pays le plus pauvre de l’Amérique duquel des milliers de personnes cherchent à émigrer pour trouver une vie meilleure. Encore aujourd’hui le pays se trouve occupé par les troupes de l’ONU. En 2010, ce sont des soldats de l’ONU qui ont provoqué le déclenchement d’une épidémie de choléra qui a touché 800 000 personnes et fait plus de 10 000 morts. Nous exigeons la fin de l’occupation de l’ONU ainsi que le retrait immédiat de toutes les forces policières et militaires du Canada et des autres impérialistes !

Le mouvement ouvrier doit défendre les migrants

L’hystérie de la bourgeoisie et ses médias autour de l’arrivée de quelques milliers de demandeurs d’asile alimente les divisions parmi les travailleurs et les opprimés. La classe ouvrière a tout intérêt à se battre contre la discrimination raciale qui est utilisée par les patrons pour affaiblir le mouvement ouvrier. Ce dernier doit riposter en luttant contre toutes tentatives d’expulsion et se battre pour que les Haïtiens et les autres minorités aient les mêmes droits et services que n’importe quel citoyen.

Malgré l’avalanche de commentaires racistes sur les médias sociaux et sur les lieux de travail, une telle solidarité serait tout à fait dans la tradition du mouvement ouvrier québécois. En 1974, c’était 1500 immigrants haïtiens que le gouvernement de Pierre Elliot Trudeau voulait déporter. Face à cette menace, la communauté haïtienne de Montréal a été capable de mobiliser un large appui dans la société québécoise, notamment au sein de la classe ouvrière. Dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir de novembre 1974, des travailleurs d’entrepôts de l’est de Montréal déclaraient :

« Nous protestons contre l’expulsion de notre camarade de travail, René Joseph, haïtien, et dénonçons la politique inhumaine et raciste du gouvernement canadien, complice du régime terroriste de Baby Doc Duvalier »

En effet, le gouvernement fédéral appuyait le régime sanguinaire de Duvalier en le finançant à travers l’Agence canadienne de développement international. Quatre ans après la Crise d’octobre, les travailleurs québécois étaient sensibles à l’oppression des masses haïtiennes par ce régime sanguinaire. De plus, l’immigration d’Haïti était largement perçue comme un contrepoids à la politique migratoire du gouvernement fédéral qui cherchait à régler « the Quebec problem » en assimilant les francophones à travers l’immigration anglophone.

Les réformistes veulent un Canada « véritablement » progressiste

Le 6 août, la gauche montréalaise a organisé une manifestation devant le Stade olympique contre les menaces racistes et en appui aux réfugiés. S’il est nécessaire de se mobiliser pour défendre les migrants, les groupes qui ont organisé cette manif alimentent les illusions dans l’État capitaliste. Dans une récente entrevue, Jaggi Singh, membre du groupe Cité sans frontières, déplore que Montréal ne soit pas une « vraie » ville sanctuaire parce qu’« une vraie ville sanctuaire ça veut dire clairement que le SPVM [Service de police de la ville de Montréal] coopère pas avec l’agence des services frontaliers du Canada ». Nous défendons toutes mesures qui peuvent rendre plus difficiles les déportations. Toutefois, c’est la fonction même de la police que de terroriser les immigrants et réprimer la contestation sociale. Il est illusoire de penser que la police de Montréal pourrait se mettre à protéger les immigrants de l’appareil d’État dont elle fait partie. Promouvoir cela contribue à alimenter le mythe que l’on pourrait réformer la police pour la mettre au service des opprimés.

Cité sans frontières demande aussi « d’ouvrir les frontières ». Cette demande est totalement utopique. Dans le système capitaliste, aucun État n’abandonnera volontairement le contrôle de ses frontières nationales. L’État-nation moderne, dont les frontières sont une composante essentielle, est apparu avec le développement même du capitalisme et restera l’un de ses fondements jusqu’à ce que ce système soit renversé par la révolution socialiste. La disparition des frontières nationales ne sera possible que dans une société communiste mondiale où l’État et les classes sociales auront disparu.

Sous le capitalisme, l’appel à « l’ouverture des frontières » peut avoir des conséquences réactionnaires. À grande échelle, l’immigration de masse est incompatible avec le droit des nations à l’autodétermination. Ceci est clairement démontré à travers l’histoire de l’État sioniste d’Israël, où l’immigration de réfugiés juifs après la Deuxième Guerre mondiale en Palestine a provoqué le déplacement des populations arabes locales. Appliquée au Canada, une politique d’ouverture des frontières serait tout aussi oppressive. La seule frontière que le gouvernement fédéral serait prêt à ouvrir ce serait celle du Québec afin d’assimiler les francophones.

Contrairement aux vœux pieux des groupes réformistes, une politique migratoire « progressiste » est impossible sous le capitalisme. Ce sont les besoins économiques et politiques de la classe dirigeante qui déterminent qui peut entrer, pas son empathie « humanitaire ». Le capitalisme canadien (ou celui d’un Québec indépendant) ne peut offrir que misère et exploitation raciste aux masses haïtiennes. Que ce soit ceux vivant au Québec et au Canada ou ceux qui sont toujours au pays, leur seule perspective d’émancipation se trouve dans une série de révolutions à travers les Amériques. Les Haïtiens dans la classe ouvrière peuvent servir de pont entre la lutte contre l’oppression néocoloniale d’Haïti et les luttes de classes dans les pays industrialisés. Partout, il faut construire des partis ouvriers révolutionnaires pour mener l’avant-garde de la classe ouvrière multiethnique au pouvoir. Ces partis devront être réunis sous la bannière de la 4e Internationale reforgée, parti mondial de la révolution socialiste.

 

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