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Le Bolchévik nº 188 |
Juin 2009 |
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Alors que la récession frappe de plus en plus durement les travailleurs
A bas la répression du gouvernement contre les travailleurs, les étudiants et les jeunes de banlieue !
Pour un parti ouvrier révolutionnaire d’avant-garde !
Alors que les plans de licenciements se multiplient dans l’industrie, les travailleurs au pied du mur cherchent à se défendre par des grèves et occupations d’usines pour sauver leur emploi ou au moins améliorer les conditions de leur mise au chômage. La répression ne fait qu’augmenter en réponse. Toutes les semaines des militants ouvriers sont mis à pied ou doivent faire face à une procédure de licenciement, voire à des poursuites judiciaires lorsque des travailleurs ont laissé dans certains cas éclater leur colère en séquestrant leur patron ou en saccageant des institutions capitalistes comme, pour les travailleurs de Continental Clairoix, la sous-préfecture de Compiègne. Nous exigeons : Levée des poursuites contre les militants syndicaux ! Une attaque contre un est une attaque contre tous ! Le mouvement ouvrier tout entier doit défendre ses militants !
La bourgeoisie s’inquiète de la faiblesse des appareils de la bureaucratie syndicale qui a parfois du mal à contrôler la base, et qui en fait cherche à canaliser la lutte dans des journées de protestation « unitaires » bien encadrées une fois par mois ou tous les deux mois. Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) social-démocrate d’Olivier Besancenot, et de même Lutte ouvrière, qui de plus en plus souvent dirigent les syndicats au niveau des usines, se plaignent occasionnellement de la timidité des bureaucrates, à quoi ils réagissent en proposant simplement de rendre ces journées un peu plus combatives : « mettons le paquet ensemble, sans se détacher du front unitaire » (éditorial de Tout est à nous, le journal du NPA, 7 mai). Ils servent ainsi de couverture aux trahisons des sommets de la bureaucratie syndicale qui attend avec impatience la trêve estivale.
Il faut rompre avec les concessions sans fin que font accepter les bureaucrates syndicaux, dont la politique de collaboration de classes a conduit les syndicats dans l’état de faiblesse où ils se trouvent aujourd’hui. Il faut renforcer les syndicats, les organes élémentaires de la lutte économique des ouvriers sur le lieu de production, en luttant pour syndiquer les non-syndiqués, ce qui implique que les syndicats défendent les travailleurs précaires, intérimaires et à temps partiel et exigent les mêmes salaires et les mêmes droits que pour les autres ouvriers. Cela exige de lutter pour une direction révolutionnaire dans les syndicats et pour construire un parti ouvrier léniniste d’avant-garde, en opposition à LO ou au NPA. Ces derniers, eux, travaillent à un « tous ensemble » avec le PS, le PCF et divers petits partis bourgeois, comme les chevènementistes ou les Verts, qui devrait culminer en 2012 avec comme d’habitude un appel à voter pour le candidat du prochain front populaire (voir la déclaration commune qu’ils ont signée pour le Premier Mai apparemment LO ne l’a pas signée contrairement à celle publiée pour le 29 janvier). A bas la collaboration de classes !
Face à l’ampleur de la crise il n’y a pas de solution simple au niveau de la lutte syndicale. Les travailleurs doivent dé-fendre pied à pied leurs acquis et lutter pour une échelle mobile des salaires et des heures de travail permettant de répartir le travail entre toutes les mains ouvrières, sans perte de salaire. Mais les capitalistes cherchent au contraire à profiter de la crise pour diminuer les salaires et fermer les usines. Devenu depuis longtemps une entrave au développement des forces productives, le système capitaliste est irrationnel, incapable de satisfaire les besoins vitaux de la classe ouvrière. Il faut le remplacer par une économie socialiste planifiée grâce à une révolution ouvrière.
Pour mener à bien leur offensive, les capitalistes et leur Etat cherchent à dresser les travailleurs les uns contre les autres selon des barrières nationales, ethniques ou raciales. Ils tirent parti du silence, voire de la complicité affichée des réformistes (voir notre article en page 7 sur le poison du chauvinisme dans le mouvement ouvrier britannique). Ainsi Sarkozy a déclaré qu’il défendrait les sites de production en France des grands groupes automobiles français, les restructurations se reportant principalement sur les petites usines sous-traitantes où les syndicats sont plus faibles, voire inexistants, et éventuellement sur les travailleurs d’autres usines à l’étranger ; quand Sarkozy a ensuite fait machine arrière face au tollé provoqué en Europe contre cette offensive protectionniste qui menaçait les travailleurs de Renault en République tchèque, le journal du PCF, l’Humanité, a dénoncé Sarkozy pour avoir rompu ses engagements vis-à-vis de la bureaucratie syndicale française (voir l’éditorial de l’Humanité du 3 mars). Le prolétariat n’a pas de patrie ! Sa force, c’est la solidarité de classe à travers les frontières ! A bas le chauvinisme et le protectionnisme ! Pour l’internationalisme prolétarien !
La gauche se plaint aujourd’hui des mesures anti-immigrés mises en place par le gouvernement. Non seulement le mi-nistre en charge de ces attaques est lui-même un transfuge du PS, il n’a guère eu à virer sa cuti quand on se souvient que le gouvernement de front populaire de Jospin-Aubry-Buffet avait refusé de régulariser des dizaines de milliers de sans-papiers qui en avaient fait la demande. On voit aussi comment les municipalités PS ou PCF ordonnent les expulsions de familles africaines, entre autres des logements HLM qu’elles contrôlent, avec d’ailleurs généralement le soutien de Lutte ouvrière (voir notre article dans le Bolchévik n° 173, septembre 2005). De même le PS, le PCF et LO avaient demandé le rétablissement de l’ordre lors de la révolte des banlieues de 2005. Pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui sont ici ! Le mouvement ouvrier doit défendre les jeunes des banlieues !
Le rôle des réformistes est de canaliser les luttes des travailleurs pour qu’elles restent dans le cadre du capitalisme. Ils défendent ainsi l’ordre bourgeois, et ils vont souvent jusqu’à minimiser par leur silence la répression frappant certains groupes, ce qui ne peut que légitimer ensuite les attaques du gouvernement contre le mouvement ouvrier. Lutte ouvrière a attendu plus de quatre mois et une campagne de militants des droits de l’homme avant de se prononcer pour la libération des jeunes de Tarnac, alors qu’ils étaient déjà tous libres sauf Julien Coupat. De même la gauche institutionnelle, du PS au NPA et à LO, même quand elle a reconnu pour certains que le procès contre le militant nationaliste corse Yvan Colonna était une infâme machination judiciaire et qu’il n’y avait pas même le moindre indice pour mettre en doute ses déclarations constantes d’innocence, s’est refusée jusqu’à présent à exiger sa libération.
Concernant les manifestations contre l’OTAN qui ont eu lieu début avril à Strasbourg (voir notre déclaration internationale que nous reproduisons ci-contre), le Comité de défense sociale, organisation de défense en accord politique avec la Ligue trotskyste, a fait avec son homonyme allemand le Komitee für Soziale Verteidigung une déclaration de protestation contre la répression, que nous reproduisons en page 17. De façon scandaleuse le reste de la gauche s’est par contre joint à la chasse aux sorcières contre les anarchistes du Black Bloc, à commencer par le maire PS de Strasbourg Roland Ries qui a reproché à Sarkozy de ne pas avoir lâché les flics plus tôt et plus durement contre eux. Marie-George Buffet a de même déclaré pour le PCF : « des gens, qui seront présentés comme des manifestants anti-OTAN alors qu’ils ne mé-ritent que le nom d’imbéciles, ont commis des actes très graves qui méritent une condamnation claire » (l’Humanité, 6 avril). Le NPA, quant à lui, dans l’éditorial de Tout est à nous (9 avril), se plaint de l’exceptionnelle violence policière, avant de se déchaîner contre la « violence imbécile » du Black Bloc :
« Mais, lorsque les membres du black-bloc ont attaqué par exemple les locaux de La Poste, sous les huées des manifestants, où se trouvaient alors les milliers de policiers surarmés ? Ils préféraient coincer la totalité de la manifestation dans une souricière, nous imposant une cohabitation forcée avec les black-blocs. Le prétexte était alors facile, pour attaquer l’ensemble des manifestants, avec une rare violence. »
En se plaignant que les flics aient injustement attaqué les sociaux-démocrates du NPA au lieu de se concentrer sur les anarchistes, le NPA non seulement justifie la violence policière contre ces derniers, il donne aussi faussement à penser que politiquement les anarchistes seraient moins des petits-bourgeois libéraux que les cadres du NPA lui-même. En fait les anarchistes ont de profondes illusions que la police « démocratique » ne va pas réagir avec une force létale maximale et arbitraire pour défendre la loi capitaliste.
LO ne s’est pas laissée doubler sur la droite par le NPA cette fois-ci. Après une légère hésitation ils se sont joints à la chasse aux sorcières contre les anarchistes : Lutte Ouvrière du 17 avril utilise une mobilisation des habitants du quartier du Port-du-Rhin à Strasbourg, qui avait été assiégé et attaqué par les flics lors des manifestations contre l’anniversaire de l’OTAN, pour alimenter les illusions dans la police : LO, loin d’expliquer que la responsabilité des destructions qui ont eu lieu dans le quartier est à mettre au compte des milliers de flics qui ont terrorisé la ville et les manifestants de gauche pendant des jours auparavant, se plaint au contraire que les habitants ont été « abandonnés par la police » et que « les autorités » se sont « révélées incapables de protéger les habitants du quartier et de stopper les casseurs, dont la présence était pourtant prévisible » !
Tout à l’opposé, la LCI lutte sur la base des buts et des principes du marxisme révolutionnaire pour mobiliser le prolétariat international en défense de toutes les victimes de l’Etat capitaliste impérialiste afin de faire prendre conscience au prolétariat qu’il faut renverser cette machine de répression qu’est l’Etat capitaliste et la remplacer par un Etat ouvrier, la dictature du prolétariat.
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