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Supplément au Bolchévik nº 186

Février 2009

NPA : Nouvelle social-démocratie française, nouvel obstacle à la révolution

Le « nouveau parti anticapitaliste » de Besancenot : la dernière lubie du liquidationnisme pabliste

La LCI poursuit la lutte pour reforger la Quatrième Internationale, parti mondial de la révolution socialiste

Alors que la crise économique capitaliste déferle sur le monde, ravageant la classe ouvrière avec des millions de travailleurs mis au chômage, et montrant avec une férocité redoublée la banqueroute historique de ce système, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) française se réunit le 5 février pour finalement voter sa dissolution. Jetant par-dessus bord les dernières références au communisme et à la révolution qu’elle maintenait encore pour la forme, elle projette de se fondre dans un nouveau parti qui niera explicitement tout lien avec le trotskysme, le « nouveau parti anticapitaliste » (NPA).

La liquidation de la Quatrième Internationale trotskyste en 1951-1953 sous l’égide de Michel Pablo, alors dirigeant du Secrétariat international, organisme politique permanent de la Quatrième Internationale, avait déjà mis les pablistes sur la voie qui a mené leurs héritiers, la LCR en France, là où ils en sont aujourd’hui. Le fil directeur qui gouverne toute l’histoire du pablisme depuis plus de 50 ans, c’est chercher un substitut à la construction d’un parti léniniste. Nous avons relaté leur trahison du début des années 1950 dans un article, « Genèse du pablisme », publié pour la première fois en 1972 en anglais, et en 1974 en français (voir Spartacist édition française n° 4). Nous publions en page 16 de ce supplément une nouvelle traduction de cet article.

<h98>Au fond, les pablistes n’ont pas tellement changé. Le suivisme vis-à-vis d’autres forces que le prolétariat armé d’un programme révolutionnaire demeure le même, ce qui a changé c’est le monde autour d’eux. L’Union soviétique a été détruite, la classe ouvrière subit défaite sur défaite et son niveau de conscience a reculé au point que l’immense majorité des ouvriers avancés n’identifient plus leurs intérêts historiques de classe avec le communisme. Dans ce monde postsoviétique, le liquidationnisme pabliste trouve son expression dans le rejet pur et simple du marxisme. Ils mettent ainsi leur théorie en adéquation complète avec leur pratique opportuniste depuis des décennies.

A propos du SPD allemand on parle souvent du congrès de Bad Godesberg de 1959 comme le tournant où il avait soi-disant abandonné le marxisme ; en fait, le tournant fondamental avait eu lieu longtemps auparavant, avec le soutien du SPD à sa propre bourgeoisie en août 1914 lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale. De même, si les pablistes de la LCR n’ont officiellement renoncé à la dictature du prolétariat qu’en 2003, et à la révolution, au communisme et au trotskysme qu’aujourd’hui, en fait ils avaient rompu de façon décisive avec le trotskysme en 1951-1953, et ils sont devenus de simples sociaux-démocrates purs et durs avec leur soutien au front populaire de guerre froide de Mitterrand et à la contre-révolution capitaliste en URSS et en Europe de l’Est.

Le NPA surgit à un moment de crise généralisée et de réorganisation des partis sociaux-démocrates en Europe. Le SPD allemand, en perte de vitesse après plus de dix ans continus au pouvoir (en alliance avec les Verts ou maintenant la CDU chrétienne-démocrate), a subi une scission sur sa gauche qui aujourd’hui, sous le nom de « die Linke » (Parti de gauche), regroupe dans un nouveau parti social-démocrate ex-staliniens du parti qui était au pouvoir en RDA, bureaucrates syndicaux et militants de gauche divers. En Italie, la principale organisation issue de la décomposition du Parti communiste s’est liquidée dans le Parti démocrate, un parti ouvertement capitaliste sous l’égide de démocrates-chrétiens comme Romano Prodi ; un autre résidu de cette décomposition, Rifondazione comunista, est en pleine débandade après avoir été sanctionné de la perte de ses sinécures parlementaires lors des dernières élections pour avoir pris part au gouvernement capitaliste de Prodi.

En France la contre-révolution capitaliste dans l’ex-URSS et dans les pays de l’Est a provoqué le déclin terminal du PCF, ce qui remet en cause le schéma traditionnel de la collaboration de classes ici, un front populaire regroupant le PS, le PCF et des petites formations capitalistes « de gauche » (chevènementistes, Verts, Radicaux de gauche, …). Le PS, lui-même usé par plus de 17 ans de gestion centrale du capitalisme sous Mitterrand et Jospin, lorgne du coup du côté d’un élusif parti bourgeois du centre avec qui faire alliance, le MoDem, même si sous l’impact de la récession économique il se repositionne actuellement sous des couleurs social-démocrates plus traditionnelles.

Tout cela a dégagé pas mal de terrain sur la gauche, sur lequel s’est engouffrée la LCR de Besancenot. Soutenu par les médias bourgeois progouvernementaux qui font la promotion du « petit facteur » pour affaiblir le PS, Olivier Besancenot a fait un bon score aux dernières élections présidentielles, donnant ainsi à la LCR un certain leadership sur la « gauche de la gauche ». Internationalement la LCR est vue comme un exemple par d’autres groupes de gauche qui bavent d’envie de faire des scores électoraux comparables.

La LCR a donc cru le moment venu de faire le grand saut en se liquidant dans le NPA. Ils croient vraiment qu’il est possible de construire un nouveau petit parti de masse de gauche sur les décombres de la contre-révolution capitaliste dans l’ex-URSS. Mais, comme nous l’écrivions dans le dernier Bolchévik :

« L’émergence d’une nouvelle social-démocratie de masse exigera probablement des luttes sociales convulsives qui entraîneront de larges couches ouvrières dans la politique. A ce moment-là plus que jamais la LCR ou son avatar du moment représentera un obstacle à la construction du parti révolutionnaire dont a besoin la classe ouvrière. »

En ce qui nous concerne, nous proclamons au contraire haut et fort la nécessité de maintenir un programme révolutionnaire. Le parti révolutionnaire d’avant-garde, qui sert de mémoire à la classe ouvrière, impartit au prolétariat et aux nouvelles générations de la jeunesse les leçons historiques des luttes qui les ont précédés ; il est indispensable pour diriger la classe ouvrière à de nouvelles victoires. Comme le disait Trotsky dans Les leçons d’Octobre, « La révolution prolétarienne ne peut triompher sans le Parti, à l’encontre du Parti ou par un succédané de Parti. […] Cette leçon sur le rôle et l’importance du Parti dans la révolution prolétarienne nous l’avons payée trop cher pour ne pas la retenir intégralement. »

Les camarades qui ont fondé notre tendance internationale ont été exclus bureaucratiquement du SWP au début des années 1960, parce qu’ils s’opposaient au cours révisionniste de ce parti à un moment où celui-ci consommait sa réunification avec le pablisme. Nous avons depuis plus de 40 ans poursuivi la lutte contre le révisionnisme pabliste, pour reforger la Quatrième Internationale sur la base de l’internationalisme prolétarien révolutionnaire que nous ont enseigné Marx, Engels, Lénine et Trotsky. La Révolution russe n’avait vaincu que grâce à la présence d’un parti bolchévique trempé par 15 ans de lutte contre toutes les formes de révisionnisme. C’est la Révolution russe qui continue de nous servir de modèle afin de lutter pour le renversement du capitalisme, l’établissement de la dictature du prolétariat et la lutte pour son extension au monde entier. C’est ainsi que nous pourrons construire une société basée sur une économie socialiste planifiée internationalement, débarrassée de la division de la société en classes sociales antagoniques, et où chacun contribuera selon ses capacités à la société et recevra d’elle selon ses besoins.

Evolution du liquidationnisme pabliste

A chaque nouvelle mode politique dans la petite bourgeoisie radicale, les pablistes ont découvert une nouvelle avant-garde qui pourrait faire l’affaire et à qui ils ont offert leurs services. C’est difficile à croire aujourd’hui mais Pablo a commencé dans les années 1950 en liquidant le parti trotskyste dans les partis staliniens, là où c’était possible. En Chine Pablo considérait que Mao avait assimilé la théorie trotskyste de la révolution permanente ; c’était dur à avaler pour les trotskystes chinois obligés de fuir s’ils le pouvaient pour survivre à une répression sanglante déchaînée contre eux par les maoïstes en 1952. Ernest Mandel, le bras droit de Pablo dans la lutte fractionnelle de 1953, traita le dirigeant trotskyste chinois Peng Shu-tse de « sectaire indécrottable » parce qu’il s’opposait au régime stalinien de Mao ; Mandel caractérisa ses propres camarades qui protestaient dans une lettre ouverte contre les exécutions et emprisonnements de « réfugiés d’une révolution ». Mandel leur dit que leur lettre aurait dû exprimer un soutien total au régime de Mao et vanter ses conquêtes révolutionnaires, et ensuite seulement mentionner les faits de leur persécution. Pablo refusa de diffuser leur lettre ouverte.

De même, lorsqu’un début de révolution politique prolétarienne éclata en RDA contre la bureaucratie stalinienne est-allemande en juin 1953, le Secrétariat international de Pablo publia un manifeste demandant non pas une révolution politique pour chasser la bureaucratie stalinienne parasitaire, mais au contraire une « démocratisation réelle des Partis communistes » (Quatrième Internationale, juillet 1953).

Les pablistes se tournèrent ensuite vers les nationalistes petits-bourgeois du tiers-monde. Cela comprenait non seulement les guérilleros de Castro-Guevara qui, après la destruction de l’appareil d’Etat capitaliste cubain de Batista, et, face à la pression des impérialistes, exproprièrent la bourgeoisie et établirent un Etat ouvrier bureaucratiquement déformé (voir nos articles dans le Bolchévik n° 185), mais aussi les combattants du FLN algérien. Il fallait évidemment se placer du côté militaire de ces forces contre l’impérialisme, mais sans leur donner le moindre soutien politique. Mais Pablo lui-même finit carrément comme membre du gouvernement capitaliste algérien de Ben Bella ! Au Vietnam ils prétendirent ignorer les actions des staliniens vietnamiens qui avaient massacré les trotskystes fin 1945, et leur revue Quatrième Internationale (avril 1968) prétendit que la direction nord-vietnamienne était inconsciemment trotskyste :

« Malgré leurs attaques occasionnelles contre Trotsky et les trotskystes, les communistes vietnamiens font du trotskysme comme M. Jourdain faisait de la prose ; comme le faisaient Fidel Castro et Che Guevara en 1959, quand ils accomplissaient en pratique la révolution dans leur pays. »

En France la « nouvelle avant-garde » décrétée par les pablistes de la Ligue communiste en Mai 68 fut les étudiants petits-bourgeois radicalisés, dont le niveau de conscience était déclaré supérieur à celui des ouvriers qui continuaient à suivre le PCF (voir notre récent article en deux parties sur Mai 68 dans le Bolchévik n° 185 et 186). De là ils passèrent au soutien politique à d’autres mouvements petits-bourgeois, notamment le féminisme.

Les pablistes ont ainsi fait du suivisme d’un mouvement petit-bourgeois après l’autre. Ils ont très tôt exprimé ouvertement qu’ils étaient prêts à abandonner leur « Quatrième Internationale » bidon pour construire un mouvement de gauche amorphe plus large. En 1976 Ernest Mandel, à ce moment-là l’intellectuel en chef du « Secrétariat unifié de la Quatrième Internationale » (SU) pabliste, déclarait :

« Qu’importent les étiquettes. Si nous rencontrions sur le terrain politique des forces d’accord avec notre orientation stratégique et tactique, et que rebuteraient seulement la référence historique et l’appellation, nous nous en déferions dans les 24 heures. »

Politique Hebdo, 10-16 juin 1976 (cité dans Spartacist édition française n° 12)

Et voilà ! Donc si maintenant les pablistes se défont enfin de leur étiquette « trotskyste » et « révolutionnaire », ce n’est pas l’envie qui leur en a manqué depuis des dizaines d’années. Aujourd’hui ils le font au nom du nouveau parti anticapitaliste. Ils ont l’espoir de ramasser autour d’eux de petits groupes réformistes (la Gauche révolutionnaire, l’ex-minorité de Lutte ouvrière, le groupe CRI, …), un magma d’anciens militants devenus des anticommunistes endurcis et que pourrait attirer l’anticommunisme devenu officiel de la LCR, plus des jeunes n’ayant sous l’influence de la LCR bénéficié d’aucune éducation marxiste, attirés par le verbiage de gauche, style titi parisien, de Besancenot la star de la télé. La référence bidon au trotskysme était un obstacle à une telle opération.

Les véritables trotskystes ne peuvent que se féliciter que les pablistes arrêtent de salir le nom du trotskysme avec leurs fausses prétentions à s’en réclamer ! Et nous mettons en garde contre les charlatans lambertistes du CRI et autres petits groupes réformistes qui essaient d’entrer dans le NPA pour donner une couverture de gauche (soi-disant « révolutionnaire », voire même « trotskyste ») à cette organisation social-démocrate.

Le front populaire, de l’Unidad popular d’Allende au Chili à l’Union de la gauche de Mitterrand

Le soutien au front populaire (des alliances électorales de collaboration de classes entre partis ouvriers réformistes et partis bourgeois) dans les années 1970 a été crucial pour l’évolution ultérieure des pablistes. Quand il se fut avéré qu’il n’y avait pas de raccourci guérilliste vers le pouvoir à La Paz ou Santiago, les staliniens pro-Moscou du tiers-monde se remirent à la « voie pacifique », c’est-à-dire parlementaire. Au Chili cela allait être l’Unidad popular, un front populaire constitué des partis socialiste et communiste avec des petits partis bourgeois. Cette expérience a été cruciale car elle a servi aux pablistes de pont du guérillisme latino-américain au front-populisme des années 1970 et notamment au soutien à l’Union de la gauche de Mitterrand. Le Chili a été le champ de bataille où le drame du front populaire a été joué jusqu’à son final : la « voie pacifique » s’est terminée dans un bain de sang. La responsabilité des staliniens et des sociaux-démocrates est patente : ils avaient désarmé les travailleurs en prêchant la confiance dans le corps des officiers et la bourgeoisie « démocrate ».

Le SU d’Ernest Mandel et Alain Krivine n’a pas les mains propres non plus. Dans un premier temps leurs partisans chiliens avaient salué la victoire électorale d’Allende en 1970. Un an plus tard, le SU lui-même avait publié une déclaration « unanime » qualifiant l’Unidad popular de front populaire, et précisant :

« Il faut maintenir une indépendance complète vis-à-vis de la coalition de front populaire. Les révolutionnaires ne peuvent pas participer à une telle coalition, et ne doivent même pas lui donner un soutien électoral. (Les marxistes révolutionnaires peuvent dans certaines situations voter pour un candidat ouvrier, mais pas pour un candidat faisant partie d’un front incluant des partis petits-bourgeois et bourgeois.) »

Intercontinental Press, 21 février 1972 (cité dans Spartacist édition anglaise n° 25, été 1978)

Mais en 1970 il n’y avait que notre tendance internationale à mettre en avant cette politique, une question de principe fondamentale pour les marxistes : l’opposition inconditionnelle aux alliances politiques entre des organisations du mouvement ouvrier et des partis, des formations ou des individus représentant la bourgeoisie. Comment les capitalistes pourraient-ils prendre part à de telles alliances si elles n’étaient pas basées sur un programme de gestion du capitalisme ? La présence des capitalistes dans le front populaire pose dès le début une borne au-delà de laquelle le front populaire n’ira en aucun cas.

De telles alliances permettent par ailleurs aux réformistes de cacher leur propre programme de gestion du capitalisme en disant que c’est seulement le bloc avec la bourgeoisie qui les oblige à attaquer les travailleurs, en contradiction manifeste avec leurs prétentions officielles pour le socialisme ; la contradiction entre le véritable programme des réformistes et les aspirations socialistes de leur base (et leurs propres prétentions) est ainsi masquée. Quand le dirigeant du PCF Maurice Thorez a trahi la situation pré-révolutionnaire de Juin 36 en France, il l’avait fait au nom du Front populaire ; tout en continuant de se proclamer pour la dictature du prolétariat, il avait justifié l’étranglement de la grève par la nécessité de préserver l’alliance avec les Radicaux bourgeois au nom de l’« unité » contre les fascistes. Un front populaire est un bloc bourgeois, opposé aux intérêts historiques du prolétariat. Il faut le dénoncer sans concessions car il mène inévitablement le prolétariat à la défaite.

Le fait qu’en 1972 le SU pouvait faire une déclaration politique contre le front-populisme montre qu’il n’ignorait pas l’orthodoxie trotskyste sur cette question ; simplement il y était en réalité opposé ! C’était l’hommage du vice à la vertu. En tout cas, aucun des divers groupes de partisans chiliens du SU n’a jamais appliqué cette politique. Et en septembre 1973, à la veille du coup d’Etat de Pinochet, un « projet de résolution politique » de la majorité mandélienne du SU remettait en cause son propre verdict concernant l’Unidad popular, déclarant :

« Dès le début elle était différente d’un régime classique de front populaire du fait qu’elle proclamait ouvertement qu’elle était résolue à entrer dans la voie du socialisme, et qu’elle se basait ouvertement sur le mouvement ouvrier organisé. »

Bulletin intérieur international de discussion du SWP, octobre 1973

Alors que les militants de gauche chiliens se faisaient massacrer et persécuter suite au coup d’Etat de Pinochet qu’avait amené le front populaire, les pablistes ont néanmoins généralisé ce type de capitulation, y compris en France à un front populaire de leur propre bourgeoisie impérialiste. En 1972 l’Union de la gauche avait été constituée entre le PS de Mitterrand, le PCF et les Radicaux de gauche (bourgeois). Dès les élections législatives de 1973 la Ligue communiste se mettait à soutenir l’Union de la gauche, y compris ses candidats bourgeois ! Les pablistes prétendaient que la faiblesse numérique des Radicaux rendait leur présence sans importance, et que c’est le PCF qui déterminait le caractère de classe de l’Union de la gauche. Encore une fois, c’est un reniement explicite du trotskysme : Trotsky lui-même avait en 1936 rompu avec le POUM espagnol du fait de son soutien politique au front populaire, alors même que seule « l’ombre de la bourgeoisie » était dans le front populaire, tout le reste de l’appareil politique bourgeois étant passé avec armes et bagages du côté du coup d’Etat militaire de Franco.

La direction de la LCR, confrontée à une opposition interne à son front-populisme, eut recours à l’exclusion bureaucratique d’un membre de son bureau politique, Lafitte, à la dissolution de sa plus importante cellule dans l’industrie, la cellule Renault-ateliers, et à l’exclusion de tous les membres de la Fraction bolchévique-léniniste (FBL) suite à une lutte qui dura plus d’un an. Des cadres pablistes qui avaient joué un rôle dirigeant dans la grande grève des banques de 1974 protestèrent contre cette exclusion et nous rejoignirent ensuite. La LTF a été fondée en 1975 sur la base de la fusion de la FBL, exclue de la LCR, avec la Tendance spartaciste internationale, qui précédait la LCI (voir Spartacist édition française n° 9, 16 mai 1975, et n° 10, octobre 1975). Elle comprenait deux anciens membres du comité central de la LCR, Lafitte et Lesueur.

Les pablistes français n’ont depuis jamais manqué de soutenir le front populaire : pour n’en mentionner que quelques exemples, en 1977 ils ont voté pour l’Union de la gauche, en 1981 pour son candidat aux présidentielles Mitterrand (le même qui a promptement décrété le tournant « néo-libéral » dont se lamentent constamment les pablistes aujourd’hui), en 1988 pour Mitterrand toujours, en 1997 pour les candidats de la Gauche plurielle dont Jospin-le-privatiseur. Besancenot avait aussi promis de voter Jospin aux présidentielles de 2002 (avant que la LCR se rabatte sur Chirac). Et en 2007 ils n’ont pas manqué d’appeler à battre la droite et Sarkozy dans les urnes, c’est-à-dire voter Ségolène Royal. Leurs prétentions d’« indépendance » face au PS et d’« anticapitalisme » ne seraient que de la blague si elles n’avaient pas d’impact parmi les travailleurs et les jeunes ; mais elles en ont un, et ainsi dans le monde réel les pablistes ont leur dose de responsabilité dans les attaques des gouvernements de front populaire depuis 30 ans (ainsi que du dernier quinquennat Chirac).

Iran : les pablistes se prosternent devant les mollahs de Khomeiny

L’une des formes les plus atroces de la collaboration de classes eut lieu en 1979 en Iran, où le parti communiste stalinien Toudeh, qui avait une influence de masse dans le prolétariat iranien du pétrole, se subordonna aux mollahs réactionnaires de Khomeiny au nom de l’unité contre le régime particulièrement sanguinaire et pro-impérialiste du chah d’Iran. Et le reste de la gauche fit de même. Dès que Khomeiny prit le pouvoir il se mit à réprimer la gauche – qui continua à le soutenir ! Et notamment le SU, Ernest Mandel déclarant en juillet 1979 :

« Bien, certains de nos camarades sont en prison – mais notre organisation est légale. Notre journal est légal ; il est vendu à des dizaines de milliers d’exemplaires comme tous les autres journaux de gauche en Iran. Etaient-ils légaux sous le chah ? […] Ainsi, ce que vous avez, c’est un pas d’une dictature réactionnaire qui était bourgeoise vers ce que vous pourriez appeler une démocratie bourgeoise partielle. […] Nous avons dit que c’est le commencement du processus de la révolution permanente. »

– cité dans le Bolchévik n° 13, octobre 1979

Et cela alors que des dizaines de milliers de militants de gauche se faisaient assassiner ! Nous fûmes les seuls à l’époque à dénoncer ce suivisme criminel vis-à-vis de forces réactionnaires meurtrières et à lutter non seulement contre le chah mais aussi contre tout soutien aux mollahs, pour la perspective d’une révolution prolétarienne. La « Révolution iranienne » de 1979 a ouvert une période d’ascendance politique de l’islam dans le monde historiquement musulman ; ce développement a contribué à la destruction contre-révolutionnaire de l’Union soviétique, et a en retour été puissamment renforcé par celle-ci.

Les pablistes en nouveaux combattants antisoviétiques de guerre froide

A partir de la fin des années 1970 la situation internationale a commencé à changer. L’impérialisme américain se remettait de sa cinglante défaite au Vietnam et commençait une campagne de guerre froide contre l’Union soviétique, sous couvert des « droits de l’homme ». Depuis 1917 les capitalistes n’ont eu de cesse de viser à restaurer leur pouvoir de classe là-bas.

L’URSS continuait de représenter un immense acquis pour les travailleurs du monde, incarnant l’espoir d’un monde débarrassé du capitalisme. Trotsky expliquait que l’Union soviétique sous Staline demeurait un Etat ouvrier, bien que bureaucratiquement dégénéré. A cause de l’isolement de la révolution d’Octobre, dû à l’échec de la vague révolutionnaire qui avait suivi la Première Guerre mondiale, et à cause de l’arriération économique de la Russie, une caste stalinienne avait usurpé le pouvoir politique, mais sans que la propriété collectivisée soit renversée. Trotsky se battait contre l’usurpation du pouvoir politique par la caste bureaucratique stalinienne, et pour le programme internationaliste de Lénine.

La bureaucratie stalinienne soviétique n’avait pas de position indépendante au niveau des formes de propriété : elle n’était pas une classe sociale, mais une caste parasitaire qui s’appropriait une partie, il est vrai exorbitante, des marchandises produites dans le cadre de la propriété d’Etat. Mais elle ne pouvait pas posséder individuellement les moyens de production eux-mêmes, c’est-à-dire posséder les usines, ni les transmettre à ses enfants par héritage. La défense trotskyste de l’URSS veut dire que nous défendions ces formes de propriété collectivisée de façon inconditionnelle, c’est-à-dire sans poser comme condition préalable le renversement de la bureaucratie stalinienne par une révolution politique prolétarienne.

La nouvelle guerre froide atteignit un point tournant fin 1979, quand l’Armée rouge intervint en Afghanistan, à la frontière Sud de l’Union soviétique, face à une insurrection de mollahs réactionnaires dont les avantages matériels étaient remis en cause par quelques réformes améliorant notamment les droits des femmes (réduction du prix de la dot, possibilité de faire des études,…). Les impérialistes américains lancèrent la plus grande opération secrète de toute l’histoire de la CIA pour alimenter en armes et autres approvisionnements les moudjahidin moyenâgeux, dans le but de tuer le plus possible de soldats soviétiques.

Pour les trotskystes la question était simple : la défense de l’URSS était posée contre l’impérialisme ; et pour une fois les bureaucrates menaient une intervention incontestablement progressiste, une guerre où la cause des femmes était au centre. Aussi, nous avons immédiatement salué l’Armée rouge en Afghanistan. Nous avons exigé l’extension des acquis de la révolution d’Octobre aux peuples afghans et mis en garde que les staliniens pourraient au contraire fort bien se retirer et livrer les femmes et les peuples d’Afghanistan à la réaction islamique dans l’espoir chimérique d’apaiser les impérialistes (une trahison qu’ils ont effectivement commise en 1989, et que nous avons dénoncée).

Nous avons été les seuls à mettre en avant cette ligne. Le SU de Mandel/Krivine a vigoureusement condamné l’intervention soviétique, tout en déclarant dans un premier temps :

« Dans le cours du conflit entre la coalition réactionnaire et l’impérialisme d’un côté, les troupes de l’URSS et le gouvernement du PPDA de l’autre, la revendication de la souveraineté nationale afghane, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ne serait qu’une couverture démocratique aux projets de la réaction et de l’impérialisme. Le retrait des troupes soviétiques n’assurerait en rien la liberté pour les nationalités afghanes de choisir leur destin. Il laisserait seulement le champ libre à l’instauration d’un régime réactionnaire opprimant paysans et travailleurs, inféodé à Washington qui consoliderait son dispositif dans la région. »

Inprecor n° 69, 7 février 1980

Effectivement. Mais en France c’est Mitterrand qui s’était fait le principal propagandiste de la guerre froide antisoviétique, et le soutien des pablistes à ce front populaire allait les conduire ouvertement dans le camp de la contre-révolution et de la social-démocratie. A peine un an plus tard, comme par hasard au moment de l’élection du front populaire de Mitterrand pour laquelle la LCR s’était battue de toutes ses forces, le SU se prononçait pour le retrait soviétique. Il allait même plus loin en déclarant : « Pour le soutien aux organisations progressistes dans leur combat contre la réaction et contre la répression soviétique ! » (Inprecor n° 105, 6 juillet 1981).

Espérant rouler les naïfs, le SU inventait un troisième camp pour maquiller son soutien à la contre-révolution féodaliste appuyée par l’impérialisme. Comme l’a expliqué le pabliste Michel Lequenne en 2005 dans son histoire/autobiographie le Trotskisme, une histoire sans fard :

« Notre décantation des questions difficiles de cette guerre nous permit de finalement fixer notre défense sur le courant de Massoud, que la suite de l’histoire devait bien vérifier comme étant le seul progressiste. »

Il s’agit bien de « Massoud l’Afghan », au pouvoir à Kaboul entre 1992 et 1996 où ses forces ont commis d’innombrables crimes, restauré la charia et imposé le port du voile écrasant de la burqa (quand elles ont le droit de sortir de chez leur propriétaire masculin, père, frère ou mari). C’est les forces de Massoud qui ont plus récemment dirigé l’Alliance du Nord qui ont constitué les forces terrestres de l’OTAN lors de l’attaque impérialiste de 2001 qui a installé le régime pro-impérialiste du président Karzaï.

De Varsovie à Berlin-Est et Moscou, le SU se mobilise pour la contre-révolution

Les pablistes ne se sont pas contentés dans les années 1980 de capituler face aux mollahs de la CIA et de l’agent de l’impérialisme français Bernard Kouchner. Ils se sont enrôlés derrière toutes les forces de la contre-révolution. En Pologne ils se sont entichés des cléricaux réactionnaires à la tête de Solidarnosc, un « syndicat » qu’adoraient le président américain Reagan, l’ex-Premier Ministre britannique Thatcher, Mitterrand et le pape. En 1989 les staliniens en faillite leur ont finalement livré le pouvoir, suite à quoi Solidarnosc a restauré le capitalisme en jetant des millions de travailleurs au chômage, interdit l’avortement, fait adhérer la Pologne à l’OTAN et l’Union européenne, etc. Quand Solidarnosc s’est consolidé en organisation contre-révolutionnaire à l’automne 1981, nous avons sans ambages déclaré « Halte à la contre-révolution en Pologne ! Solidarité roule pour la CIA et les banquiers » (voir Spartacist édition française n° 18-19, hiver 1981-82). Les pablistes, au contraire, ont joué un rôle d’« avant-garde » pour présenter Solidarnosc comme les meilleurs socialistes du monde et pour donner des justificatifs de gauche à la contre-révolution capitaliste. Ils ont là joué un rôle de fer de lance dans la campagne anticommuniste des années 1980 en France et internationalement.

Les pablistes ne peuvent nier aujourd’hui que la bande de Walesa et Cie était un ramassis de contre-révolutionnaires catholiques. Donc, pour se couvrir, ils prétendent que ces derniers ne se seraient dévoilés qu’au milieu des années 1980. Ils mentent effrontément. La réalité c’est que lors de leur congrès en septembre 1981 ils avaient adopté un programme de plusieurs dizaines de pages, où le mot « socialisme » ne figurait évidemment pas. Quand Walesa vint à Paris en octobre 1981, il déclara que Solidarnosc se porterait « garant [des] crédits étrangers ». Lors de l’une de ses conférences de presse pendant cette visite où l’un de nos reporters lui demanda son opinion sur l’appel émis lors du congrès de Solidarnosc à rejoindre le Fonds monétaire international, Walesa répondit évasivement que Solidarité « acceptait tout ce qui pouvait être utile ». Un autre membre de sa délégation fut plus explicite : « Ce qui nous semble le plus important est le contrôle par un organisme international. De toute façon, nous sommes conscients que pour sortir de la crise, étant donné la situation actuelle en Pologne, il faudra faire de gros sacrifices. » Donc il n’est pas surprenant que lorsque le général Jaruzelski stoppa une tentative de prise du pouvoir par Solidarnosc en décembre 1981, les sociaux-démocrates, la droite et les fascistes en France descendirent dans la rue en soutien à Solidarnosc – et la LCR prit part à ces mobilisations contre-révolutionnaires (voir le Bolchévik n° 31, février 1982) !

A vrai dire, il n’y a que concernant la République démocratique allemande que la LCR fut partagée lorsque éclata un début de révolution politique prolétarienne à partir de novembre 1989. Elle hésitait, selon ses propres termes, entre le champagne et l’Alka-Seltzer (un médicament utilisé notamment pour les gueules de bois) quant à la perspective d’une réunification capitaliste de l’Allemagne. Cela reflétait sans nul doute les états d’âme de la bourgeoisie française, représentée par Mitterrand, qui soupesa le pour et le contre entre la contre-révolution capitaliste qui renforcerait l’impérialisme allemand, rival historique de l’impérialisme français en Europe, et le maintien du statu quo. Rappelons le fameux aphorisme du catholique bourgeois François Mauriac, qui disait qu’il aimait tellement l’Allemagne qu’il préférait en voir deux. Mais Mitterrand se décida de façon claire pour la réunification capitaliste (obtenant en échange l’engagement de l’Allemagne pour l’euro). Et la LCR se prononça aussi pour le retour du capitalisme en Allemagne de l’Est, Daniel Bensaïd déclarant encore en 2004 dans son autobiographie Une lente impatience qu’il fallait en passer par cette étape : « Pour qu’il devînt possible de recommencer, il fallait d’abord qu’elle [l’“agonie de l’idéal révolutionnaire”] parvînt à son terme. »

Quant à la Ligue communiste internationale, nous avons mobilisé toutes nos forces dans ce qui était en fait une révolution politique prolétarienne naissante. Le mur de Berlin était tombé non sous la poussée de forces contre-révolutionnaires, mais parce que les travailleurs est-allemands en avaient assez du stalinisme d’Erich Honecker et cherchaient la voie vers un socialisme meilleur. C’est pourquoi notre propagande (allant jusqu’à un journal quotidien fin 1989) pour une Allemagne rouge des conseils ouvriers, et contre une réunification capitaliste de l’Allemagne, rencontrait un écho grandissant. Cela culmina le 3 janvier 1990 lors d’une grande manifestation d’un quart de million de personnes dans le parc de Treptow à Berlin-Est en protestation contre la profanation du monument aux soldats soviétiques tombés dans la lutte contre le nazisme, une manifestation prosoviétique dont nous avions été à l’initiative, et pour laquelle le parti stalinien encore au pouvoir se sentit obligé de mobiliser sa base. A la suite de cette protestation de masse, face à l’intensification des menées impérialistes pour la contre-révolution capitaliste, les staliniens au pouvoir à Moscou, sous la direction de Gorbatchev, capitulèrent totalement, et les staliniens est-allemands firent de même. Comme nous l’écrivions dans Spartacist (édition française n° 27, été 1993) :

« Il y eut en fait un affrontement, marqué toutefois par la disproportion des forces, entre le programme de la révolution politique de la LCI et le programme stalinien de capitulation et de contre-révolution. »

La LCR, elle, allait jusqu’à soutenir la contre-révolution en URSS, non seulement en soutenant des forces nationalistes à la périphérie au nom du « droit à l’autodétermination » (par exemple ils saluèrent de façon rétroactive les Frères de la forêt, des nationalistes estoniens pronazis de la fin des années 1940 – voir le journal pabliste International Viewpoint, 18 septembre 1989), mais aussi au cœur de l’Union soviétique même. Lorsque Boris Eltsine fit son coup d’Etat en août 1991 contre les lieutenants de Gorbatchev qui cherchaient à ralentir la décomposition du pays, la LCR diffusa un tract national disant qu’elle était « pleinement solidaire de celles et de ceux qui, sur les barricades [d’Eltsine], ont fait face à la menace des chars » (voir notre article « La LCR sur le char de Boris Eltsine », le Bolchévik n° 113, septembre 1991). A l’époque nous avions un noyau de camarades à Moscou, dont l’une, Martha Philipps, a été assassinée à son poste peu après dans des circonstances que nous n’avons jamais pu éclaircir ; nos camarades ont diffusé à des dizaines de milliers d’exemplaires un tract appelant les travailleurs soviétiques à balayer les barricades d’Eltsine, ce qui aurait ouvert la voie à une révolution politique prolétarienne.

L’argument des pablistes pour justifier leur trahison, c’était la nécessité de rétablir la démocratie. Ils escamotaient ainsi la nature de classe de cette « démocratie », c’est-à-dire la restauration du pouvoir capitaliste. On peut discuter à quel point la société russe qui en est sortie est « démocratique », mais la dictature économique du capital, elle, est bien réelle. Lénine écrivait en 1918 dans sa polémique la Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky :

« Cette vérité intelligible et évidente pour tout ouvrier, Kautsky ne la comprend pas, car il a “oublié”, il a “désappris” à poser cette question : la démocratie pour quelle classe ? Il raisonne du point de vue de la démocratie “pure” (c’est-à-dire sans classes ? ou hors classes ?). [...]
« Si l’on raisonne en marxiste, on est obligé de dire : les exploiteurs transforment inévitablement l’Etat (or, il s’agit de la démocratie, c’est-à-dire d’une des formes de l’Etat) en un instrument de domination de leur classe, celle des exploiteurs, sur les exploités. C’est pourquoi l’Etat démocratique lui aussi, tant qu’il y aura des exploiteurs exerçant leur domination sur la majorité, les exploités, sera inévitablement une démocratie pour les exploiteurs. L’Etat des exploités doit être foncièrement distinct d’un tel Etat ; il doit être une démocratie pour les exploités et réprimer les exploiteurs ; or, la répression d’une classe signifie l’inégalité de cette classe, son exclusion de la “démocratie”. »

C’est cela la dictature du prolétariat, pour laquelle nous luttons. Dans l’URSS de Staline et de ses successeurs les ouvriers avaient été dépossédés du pouvoir politique par la bureaucratie stalinienne, mais dans les rapports de propriété la classe capitaliste avait été expropriée et liquidée. Aussi la création de l’Etat ouvrier, même s’il était ensuite bureaucratiquement dégénéré, était historiquement progressiste et ouvrait la voie au développement du socialisme et à la possibilité de révolutions prolétariennes dans le reste du monde.

Et il manque toujours la pleine « liberté d’entreprendre » en Chine, à Cuba, en Corée du Nord et au Vietnam, où l’Etat continue de défendre le noyau collectivisé de l’économie. Nous défendons ces Etat ouvriers déformés contre l’impérialisme et la contre-révolution capitaliste, tout en luttant pour des révolutions politiques pour renverser la bureaucratie stalinienne dans ces pays et la remplacer par un régime de conseils ouvriers basé sur l’internationalisme révolutionnaire. Krivine et Besancenot au contraire, en se joignant aux cris hystériques des impérialistes meurtriers sur les « violations des droits de l’homme », se retrouvent une nouvelle fois derrière des forces moyenâgeuses soutenues par l’impérialisme au Tibet ; ils se retrouvent sur la question du Tibet à la droite d’un Jean-Luc Mélenchon, fondateur du Parti de gauche, qui pour ses propres raisons de social-démocrate laïcard dénonce les réactionnaires du dalaï-lama (voir la correspondance du CDDS publiée dans le Bolchévik n° 185) ! On peut assurer d’avance que les pablistes se retrouveront alors une nouvelle fois du côté contre-révolutionnaire de la barricade, au nom de la « démocratie » bien sûr.

Evidemment il y aura de nouvelles luttes de classes et de nouvelles situations révolutionnaires en France. A ce moment les pablistes redécouvriront peut-être brusquement le langage du marxisme. Mais quel que soit leur avatar du moment, NPA ou autre, ce sera pour mieux masquer leur programme de capitulation et de liquidation. Ce sont des opposants du mouvement ouvrier révolutionnaire internationaliste. C’est la Ligue communiste internationale qui, à travers le SWP américain de James P. Cannon des années 1950, représente la continuité de la lutte contre le pablisme, de la lutte pour maintenir un programme révolutionnaire et pour reforger la Quatrième Internationale sur une base politique que Trotsky reconnaîtrait comme sienne. Pour de nouvelles révolutions d’Octobre !

 

Le Bolchévik nº Supplément au 186

Supplément au Bolchévik nº 186

Février 2009

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NPA : Nouvelle social-démocratie française, nouvel obstacle à la révolution

Le « nouveau parti anticapitaliste » de Besancenot : la dernière lubie du liquidationnisme pabliste

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Genèse du pablisme