Documents in: Bahasa Indonesia Deutsch Español Français Italiano Japanese Polski Português Russian Chinese Tagalog
International Communist League
Home Spartacist, theoretical and documentary repository of the ICL, incorporating Women & Revolution Workers Vanguard, biweekly organ of the Spartacist League/U.S. Periodicals and directory of the sections of the ICL ICL Declaration of Principles in multiple languages Other literature of the ICL ICL events

Abonnez-vous au Bolchévik, journal de la Ligue trotskyste de France

Archives

Version imprimable de cet article

Le Bolchévik nº 183

Mars 2008

La gauche opportuniste et le référendum de Chávez

Il faut rompre avec le populisme bourgeois ! Pour la révolution ouvrière !

Etats-Unis : Bas les pattes devant le Venezuela !

Sur l’ensemble du spectre politique, le référendum constitutionnel qui a eu lieu en décembre à l’initiative du président vénézuélien Hugo Chávez a été décrit comme une tentative d’instituer un « Etat socialiste ». L’échec du référendum, à l’issue d’un scrutin serré, est maintenant célébré par une cabale qui va de l’oligarchie vénézuélienne à la Maison Blanche de Bush, en passant par l’Eglise catholique, comme une victoire pour la « démocratie ». Dans l’autre camp, elle a provoqué un tas de lamentations parmi ceux, marxistes autoproclamés ou autres, qui ont promu Chávez au rang de « révolutionnaire ». Quant à Chávez lui-même, il a immédiatement fait des gestes de conciliation envers l’opposition de droite.

Quelles que soient les illusions populaires à son sujet, Chávez, qui est un ancien colonel, est un nationaliste bourgeois qui administre un Etat capitaliste. Loin de saper le capitalisme au Venezuela, le référendum de Chávez prenait bien soin de donner toutes les garanties que la propriété privée des moyens de production serait protégée par la Constitution. Sa proposition de référendum visait avant tout à renforcer les pouvoirs répressifs de l’Etat capitaliste vénézuélien et à concentrer une autorité accrue dans le pouvoir exécutif du président. Bien qu’enveloppés dans la rhétorique populiste du « pouvoir du peuple » et promettant quelques réformes sociales, comme une semaine de travail plus courte et une retraite pour les travailleurs indépendants, les principaux articles du référendum de Chávez visaient à accroître le pouvoir du président de déclarer un état d’urgence illimité, de décréter des régions militaires spéciales, de transformer certaines parties du pays en territoires fédéraux sous le contrôle direct du président, et de permettre au président de dissoudre l’Assemblée nationale.

Ces mesures de renforcement de l’exécutif sont typiques de ce que les marxistes appellent un régime bonapartiste, où la classe économiquement dominante se trouve contrainte, pour sauvegarder ce qu’elle possède, de tolérer au-dessus d’elle le commandement incontrôlé d’un appareil militaire et policier, d’un « sauveur couronné ». Léon Trotsky expliquait en 1940, dans « Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste », pourquoi ce type de régime est si fréquent, et les formes de la démocratie bourgeoise si superficielles, dans les pays capitalistes du tiers-monde opprimés par l’impérialisme :

« la faiblesse de la bourgeoisie nationale, le manque de traditions du gouvernement démocratique, la pression de l’impérialisme étranger et le développement relativement rapide du prolétariat ôtent toute base à un régime démocratique stable. Les gouvernements des pays arriérés, c’est-à-dire coloniaux et semi-coloniaux, prennent dans l’ensemble un caractère bonapartiste ou semi-bonapartiste. Ils diffèrent les uns des autres en ce sens que les uns tentent de s’orienter dans une direction démocratique en cherchant un appui chez les ouvriers et les paysans, pendant que d’autres installent une forme de dictature militaire et policière. Cela détermine également le sort des syndicats : ou bien ils sont placés sous la tutelle de l’Etat, ou bien ils sont soumis à une cruelle persécution. Cette tutelle correspond aux deux tâches antagoniques auxquelles l’Etat doit faire face : soit se rapprocher de la classe ouvrière tout entière et gagner ainsi un appui pour résister aux prétentions excessives de l’impérialisme, soit discipliner les travailleurs en les plaçant sous le contrôle d’une bureaucratie. »

C’est là une description saisissante du régime de Chávez. Ces pays opprimés ne peuvent se libérer du joug impérialiste sans une révolution ouvrière se prolongeant dans la lutte pour son extension internationale aux centres impérialistes, la « révolution permanente ».

L’Etat capitaliste – qui a pour noyau l’armée, la police, les prisons et les tribunaux – est l’instrument de répression par la force de la classe ouvrière et des opprimés pour défendre l’ordre social capitaliste. Tout accroissement des pouvoirs de l’Etat capitaliste vénézuélien sera utilisé contre la classe ouvrière quand elle lutte pour ses propres intérêts de classe. Selon la formulation de Marx et Engels, élaborée à la suite de l’expérience de la Commune de Paris, pendant laquelle le prolétariat parisien, en 1871, a détenu le pouvoir pendant près de trois mois avant d’être écrasé dans le sang, « La Commune, notamment, a démontré que “la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la machine de l’Etat et de la faire fonctionner pour son propre compte” » (préface de 1872 à l’édition allemande du Manifeste du Parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels).

En tant que marxistes qui luttons pour la révolution socialiste prolétarienne pour écraser l’Etat bourgeois et le remplacer par un Etat ouvrier, nous étions pour le « non » au référendum de Chávez. En même temps, nous exprimons clairement notre opposition intransigeante aux forces réactionnaires qui se sont mobilisées contre le référendum. Chávez a provoqué la colère des dirigeants impérialistes américains, démocrates comme républicains. Dans l’éventualité d’un coup d’Etat fomenté par les Etats-Unis, comme celui de 2002, nous prenons position pour la défense militaire du régime de Chávez sans lui donner le moindre soutien politique, comme avec l’Espagne loyaliste entre 1936 et 1939.

Le fait que la plupart des organisations pseudo-marxistes aient ouvertement soutenu le référendum de Chávez ou aient appelé à l’abstention témoigne autant de leur banqueroute politique que de la popularité de Chávez. Les raisons mêmes pour lesquelles Chávez est une épine dans le pied de l’arrogante bourgeoisie américaine font de lui une idole pour les masses pauvres au Venezuela et pour un grand nombre de jeunes militants de gauche dans le monde entier. Chávez critique violemment l’administration Bush, et il a ostensiblement donné l’accolade au dirigeant cubain Fidel Castro, l’ennemi juré de Washington dans l’hémisphère occidental. Il a condamné l’occupation américaine de l’Irak et les menaces contre l’Iran, et il a dénoncé les politiques économiques « néolibérales » promues par les USA en Amérique latine et ailleurs. Il a embarrassé l’administration Bush quand, en 2005, il a proposé de fournir de l’aide aux déshérités de La Nouvelle-Orléans après l’ouragan Katrina (l’offre a été rejetée). Et tandis que les Etats-Unis se dirigent vers une récession, le Venezuela fournit une fois encore, cet hiver, via sa société CITGO, du fuel de chauffage bon marché aux familles pauvres dans 23 Etats aux USA.

Chávez est un populiste qui utilise les profits engendrés par le prix astronomique du pétrole pour mettre en œuvre une série de réformes sociales. Il a également effectué quelques nationalisations minimales de l’industrie et quelques redistributions de terres. Ces mesures, ainsi que le fait que Chávez s’enorgueillit de ses origines zambo (métissage africain et indigène), lui valent le mépris de l’oligarchie blanche du Venezuela.

Mais Chávez n’est pas un socialiste. Et, si l’on fait des comparaisons historiques, il n’est même pas un nationaliste bourgeois particulièrement radical. Au Mexique, dans les années 1930, Lázaro Cárdenas a nationalisé l’industrie pétrolière qui était la propriété des impérialistes américains et britanniques, et effectué des redistributions de terres significatives. Nous défendons ce genre de nationalisations bourgeoises contre les attaques impérialistes, mais ce ne sont pas des mesures socialistes. Dans le cas du Mexique, la subordination de la classe ouvrière à Cárdenas a eu pour conséquence plus de 60 ans de corporatisme et l’assujettissement du prolétariat au Parti révolutionnaire institutionnel, le parti bourgeois au pouvoir jusqu’en 2000.

Quant à Chávez, lors d’une visite en France fin 2005, il avait ouvertement soutenu la répression par le gouvernement Chirac-Sarkozy lors de la révolte des banlieues, disant même des jeunes persécutés par les flics : « Sont-ils tous fous ? […] Nous condamnons cela [la révolte] nous exprimons notre solidarité au peuple français et au gouvernement français, qui est un gouvernement frère, un ami » (Rouge, 17 novembre 2005). C’est un signe des temps qu’aujourd’hui Chávez est encensé comme le leader du combat pour le « socialisme du XXIe siècle ». Comme nous l’écrivions dans notre article « Venezuela : nationalisme populiste contre révolution prolétarienne » (le Bolchévik n° 175, mars 2006) :

« Pour bien comprendre la popularité de Chávez et de sa “révolution bolivarienne” parmi les jeunes militants de gauche idéalistes – et parmi les vieux opportunistes roublards – il faut se rappeler que nous vivons dans le contexte de la destruction contre-révolutionnaire de l’URSS. Pour ces jeunes radicaux, gavés par plus d’une décennie de propagande sur la “mort du communisme” aussi bien de la part de la droite que de la “gauche”, la révolution d’Octobre est bien souvent une “expérience ratée”. De même, ils rejettent la compréhension marxiste que seule la classe ouvrière peut mener la révolution sociale contre l’ordre capitaliste. De plus, il y a une confusion entre le capitalisme dans son ensemble et un ensemble particulier de politiques économiques connues sous le nom de “néolibéralisme” – privatisation généralisée des services publics, destruction des programmes de protection sociale, expansion impérialiste sans limite.

« L’histoire récente du Venezuela démontre amplement que le néolibéralisme et le populisme ne sont que l’avers et le revers d’une même médaille, parfois mis en œuvre par le même régime bourgeois à des époques différentes. »

De fait, au Venezuela au milieu des années 1970, le président Carlos Andrés Pérez du parti Action démocratique (AD) a nationalisé le pétrole et les mines. Surfant lui aussi sur des revenus pétroliers en forte expansion, le régime de Pérez avait également massivement subventionné les produits alimentaires, les transports, la santé et l’éducation. Lorsque le boom pétrolier se transforma en crise, le régime de Pérez institua lui-même, au début des années 1980, des mesures d’austérité brutales contre les travailleurs et les pauvres du pays.

Aujourd’hui les prix élevés du pétrole permettent à nouveau des réformes limitées. Mais le fonctionnement même du système capitaliste garantit la poursuite de l’exploitation et de l’appauvrissement des masses vénézuéliennes. En fait, si le référendum de Chávez a été perdu de peu, c’est dans une large mesure parce que les masses pauvres des villes, qui étaient descendues dans la rue contre le coup d’Etat de 2002 et qui avaient constitué la base de l’écrasante victoire de Chávez aux élections de 2006, où il avait reçu plus de 7 millions de voix, sont en grande partie restées chez elles lors de ce référendum. Comme le disait une femme habitant l’un des misérables bidonvilles de Caracas : « Si ce gouvernement est incapable de me donner du lait ou de l’asphalte pour nos routes, comment va-t-il donner une retraite à ma mère » (New York Times, 30 novembre 2007).

Contre le nationalisme populiste de Chávez, il faut mobiliser le prolétariat, à la tête de tous les déshérités et de tous les opprimés, dans la lutte pour la révolution socialiste contre toutes les factions de la bourgeoisie vénézuélienne, attachée à l’ordre impérialiste par mille liens. C’est seulement ainsi que la lutte pour l’indépendance nationale et les autres tâches démocratiques peut aboutir, à l’époque impérialiste, dans des pays à développement capitaliste retardataire comme le Venezuela. Comme le soulignait Léon Trotsky, codirigeant avec Lénine de la Révolution bolchévique de 1917, dans les « Thèses » de la Révolution permanente (1929) :

« La dictature du prolétariat qui a pris le pouvoir comme force dirigeante de la révolution démocratique est inévitablement et très rapidement placée devant des tâches qui la forceront à faire des incursions profondes dans le droit de propriété bourgeois. La révolution démocratique, au cours de son développement, se transforme directement en révolution socialiste et devient ainsi une révolution permanente. »

Il ne peut y avoir d’amélioration fondamentale du sort des pauvres des villes et des campagnes sans la destruction de l’Etat capitaliste et le renversement de l’ordre social capitaliste, jetant ainsi, par une série de révolutions prolétariennes internationalement, les bases d’une société mondiale sans classes, dans laquelle toutes les formes d’exploitation et d’oppression auront été éliminées. Cela implique, et c’est crucial, de faire la liaison entre les luttes des masses latino-américaines et le combat pour la révolution socialiste aux Etats-Unis.

Les apologistes réformistes du régime de Chávez

Sous le régime de Chávez les compagnies pétrolières étrangères ne s’en tirent pas mal, notamment la compagnie française Total qui vient en février de conclure un accord avec le gouvernement vénézuelien au terme duquel elle va toucher plus de 500 millions d’euros pour la réduction de sa part dans une co-entreprise d’exploitation des pétroles extra-lourds de l’Orénoque, et Total va pouvoir continuer à travailler très profitablement au Venezuela (le Monde, 12 février). Quant à la bourgeoisie vénézuélienne, tout en faisant d’énormes profits, elle sort une grande partie de ses profits hors du pays et elle stocke ses produits, ce qui a pour conséquence une inflation galopante et des pénuries de nourriture et d’autres produits de première nécessité. Selon la Banque mondiale, les 20 % les plus riches de la population continuent à empocher 53 % de l’ensemble des revenus alors que les 20 % les plus pauvres n’en reçoivent qu’un misérable 3 %.

Les ouvriers qui ont occupé les usines mises en faillite ou fermées par leurs propriétaires, comme celle de Sanitarios Maracay, ont été la cible des forces armées du régime de Chávez. En avril 2007, des ouvriers de cette usine, qui se rendaient à Caracas pour exiger la nationalisation de cette compagnie, ont été arrêtés en route par la police d’Etat et des unités de l’armée qui leur ont tiré dessus, avec comme bilan 14 blessés et 21 arrestations. De même, en août 2007, des représentants du syndicat de la fonction publique, qui étaient allés négocier un accord salarial avec le Ministère du Travail, ont été enfermés dans une pièce au ministère et, six jours plus tard, chassés par des nervis.

Rien de tout cela n’a empêché des marxistes autopro§clamés de faire l’éloge de la « révolution bolivarienne » de Chávez. Un des exemples les plus éhontés est la Tendance marxiste internationale (TMI) d’Alan Woods qui s’enorgueillit de son statut de conseiller « trotskyste » de Chávez. Juste avant le référendum, la section vénézuélienne de la TMI, le Courant marxiste révolutionnaire (CMR), a publié le 30 novembre 2007 une déclaration appelant à « une avalanche de Oui » et déclarant qu’une victoire « sera un nouveau pas en avant pour la révolution ». Incroyable mais vrai, le CMR prétendait que la victoire du référendum de Chávez aurait marqué « la fin de l’appareil d’Etat bourgeois » !

Le CMR prétend qu’appeler au « non » aurait fait le jeu « des capitalistes, de l’impérialisme et des bureaucrates ». Une série d’autres groupes reprennent cette ligne, y compris les camarades d’Olivier Besancenot au Venezuela dans le groupe de Stalin Pérez Borges qui a fait campagne pour le « oui » au référendum. Rouge (6 décembre 2007) se lamente de l’échec de Chávez au référendum, prétendant que « Les forces de “lutte de classe” sont, par conséquent, affaiblies ».

Il est indiscutable que les principales forces derrière le « non » étaient les opposants de droite au régime de Chávez. Mais soutenir ou s’abstenir dans un référendum qui aurait renforcé les pouvoirs répressifs de l’appareil d’Etat bourgeois est une trahison des intérêts de classe du prolétariat. La gauche opportuniste promeut la dangereuse illusion que l’Etat capitaliste peut être utilisé pour servir les intérêts des travailleurs, et renonce à la lutte pour la révolution socialiste et la dictature du prolétariat. L’indépendance de classe de la classe ouvrière vis-à-vis de toutes les agences et de tous les représentants du pouvoir bourgeois – y compris les forces bourgeoises les plus « progressistes » – est le point de départ fondamental pour que la classe ouvrière lutte pour ses propres intérêts de classe. Elle est essentielle pour forger un parti ouvrier révolutionnaire qui luttera pour le renversement du capitalisme et la libération du joug impérialiste.

Les pseudo-trotskystes enjolivent le nationalisme bourgeois

Les centristes de l’Internationalist Group (IG) argumentaient que le référendum était « un programme pour un régime d’“Etat fort” bonapartiste » et concluaient que « pour des socialistes, approuver de telles mesures reviendrait à renoncer au programme de la révolution prolétarienne » (Internationalist, décembre 2007). Et donc l’IG appelait les « ouvriers vénézuéliens ayant une conscience de classe […] à voter blanc » ou « à s’abstenir ». Autant pour le programme de la révolution prolétarienne !

Que l’IG, malgré ses dénégations d’apparence orthodoxe, n’ait pu se résoudre à appeler à voter « non », c’est de l’opportunisme pur et simple. L’IG dit que le Venezuela est un Etat bourgeois. Mais ils ne veulent pas être considérés comme des opposants au référendum de Chávez. Les rodomontades de l’IG sur la « guerre de classes » et la « lutte à mort contre les contre-révolutionnaires » ne servent qu’à promouvoir le mensonge – ouvertement colporté par les apologistes de gauche de Chávez qui ont encore moins de scrupules – qu’une révolution est en cours au Venezuela. C’est ainsi que l’article de décembre 2007 de l’IG appelait à « imposer le contrôle ouvrier sur la voie de la révolution socialiste » et à « écraser la contre-révolution par la mobilisation ouvrière ! » Tout ce bavardage sur le Venezuela qui serait « sur la voie » du socialisme est délibérément conçu pour camoufler le fait que Chávez administre un Etat capitaliste.

Il est instructif de noter qu’il y a quelques années, l’IG chantait une autre chanson. En 2000, face à un référendum de Chávez qui visait à démanteler la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV), un article sur le site Web de l’IG en espagnol titrait : « Contre Chávez, la Bourse et le FMI – Venezuela : mobilisez la puissance ouvrière pour mettre en déroute le référendum antisyndical ». Nous nous sommes nous aussi opposés à ce référendum, et nous avons défendu les syndicats de la CTV contre la mise sous tutelle et l’attaque du gouvernement. Cependant, l’IG dépeignait Chávez comme un simple pion de la Bourse de Caracas et des impérialistes, et minimisait les dangers réels d’une intervention US, ainsi que les liens organiques de la CTV avec le parti bourgeois AD et ses connexions historiques avec les paravents « syndicaux » de la CIA en Amérique latine.

Comme nous le notions dans notre article « L’opportunisme crée de drôles de couples » (Workers Vanguard n° 787, 20 septembre 2002) : « Il n’était nul besoin d’être un génie pour voir que les impérialistes US en avaient après Chávez. Seuls des idiots ou des apologistes de la CIA pouvaient laisser passer ce fait. » Nous avons également trouvé que les dénonciations de Chávez par l’IG étaient quelque peu contre nature : « Etant donné son histoire d’alignement derrière les nationalistes “anti-impérialistes” du Mexique à Porto Rico et au-delà, on se serait attendu à ce que l’IG fasse les yeux doux au populiste-nationaliste Chávez. » Et voilà, c’est finalement le cas.

Après la victoire écrasante de Chávez lors des élections de 2006, une grande partie de la gauche a salué les appels de Chávez à approfondir le « processus révolutionnaire » par davantage de nationalisations, la création de « conseils communaux » et la fondation du PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela), un parti bourgeois sur toute la ligne, comme des signes avant-coureurs d’un assaut révolutionnaire contre la bourgeoisie vénézuélienne. L’IG a suivi le mouvement en défendant Chávez lorsqu’il a révoqué le permis d’émettre de la RCTV, l’un des principaux médias porte-parole du coup d’Etat de 2002. Dans son article « Venezuela : bataille autour des médias » (L’Internationaliste, juillet 2007), l’IG argumentait que « dans des conditions de révolution ou de guerre, les questions démocratiques sont subordonnées aux questions de classe fondamentales ».

Pour les marxistes, les questions démocratiques sont toujours subordonnées à la ligne de classe. Ceci dit, il n’y a aujourd’hui au Venezuela ni révolution ni guerre civile. Pour sa part, Chávez a expliqué clairement, lors d’un meeting de masse à Caracas où il annonçait la révocation du permis de la RCTV, que « Nous n’avons pas de plan pour éliminer l’oligarchie, la bourgeoisie du Venezuela. Nous l’avons suffisamment démontré pendant nos huit années » (cité dans International Socialist Review, juillet-août 2007).

Comme l’écrivait Trotsky dans un article de 1938 contre une campagne de Vicente Lombardo Toledano, le dirigeant de la fédération syndicale mexicaine (CTM), sous le régime Cárdenas, visant à « “limiter” la presse réactionnaire, soit en la soumettant à une censure démocratique, soit en l’interdisant complètement » :

« La théorie et l’expérience historique attestent de la même façon que toute restriction de la démocratie dans la société bourgeoise est, en dernière analyse, dirigée invariablement contre le prolétariat, de même que tout impôt retombe aussi sur les travailleurs. La démocratie n’a de valeur pour le prolétariat que dans la mesure où elle permet le déroulement de la lutte des classes. En conséquence, un dirigeant de la classe ouvrière qui munit l’Etat bourgeois d’armes exceptionnelles de contrôle sur l’opinion publique en général et sur la presse en particulier, est très précisément un traître. En dernière analyse, avec l’aggravation de la lutte de classes, les bourgeois de toutes nuances finiront par se mettre d’accord entre eux et dirigeront alors contre la classe ouvrière toutes les lois d’exception, touts les règlements restrictifs, toutes les espèces de censure “démocratique”. Celui qui ne comprend pas cela aujourd’hui doit quitter les rangs de la classe ouvrière. »

– « La liberté de la presse et la classe ouvrière », 21 août 1938

Dans son article sur le RCTV, l’IG assimile sans scrupules le régime bourgeois vénézuélien d’Hugo Chávez au gouvernement soviétique en Russie après que la révolution ouvrière dirigée par les bolchéviks avait détruit l’Etat capitaliste et créé un Etat ouvrier. L’IG écrit :

« Dans un décret du 9 novembre 1917 du Soviet de Petrograd, Lénine ordonna que les seuls journaux qui devraient être fermés seraient ceux “(1) qui appellent à la résistance ouverte ou à l’insubordination contre le gouvernement des ouvriers et des paysans ; (2) qui sèment la sédition par des déformations des faits tout à fait prouvables ; (3) qui sont à l’origine d’actions d’une nature manifestement criminelle, c’est-à-dire, criminellement punissables”. RCTV (et d’autres chaînes de télévision et radios) ont rempli tous ces critères. » [la dernière phrase est soulignée par nous]

Poursuivant dans la même veine, l’IG écrit, dans son article de décembre 2007 sur le référendum, que Chávez « exprime de l’admiration pour le révolutionnaire russe Léon Trotsky, mais sa politique réelle est beaucoup plus timide ». Plus timide ! ? Trotsky était un dirigeant de la Révolution bolchévique de 1917. Selon l’IG, être « plus timide » est ce qui différencie le populiste bourgeois Chávez d’un dirigeant révolutionnaire du prolétariat international !

Malgré toutes ses déclarations sur le fait que le Venezuela est un Etat bourgeois, l’IG fait constamment des analogies et des comparaisons avec des pays où le capitalisme a été renversé. L’IG opine que « même si Chávez se débarrassait des éléments pro-capitalistes de la manière dont les staliniens d’Europe de l’Est se sont débarrassés l’un après l’autre, des ministres bourgeois selon “la tactique du salami” après la Deuxième Guerre mondiale, il n’y a pas d’Armée rouge occupant le Venezuela pour servir d’arbitre ultime et de base du pouvoir pour ériger un Etat ouvrier déformé ». Cette analogie est aussi effarante que scandaleuse. Les pays d’Europe de l’Est n’étaient pas des Etats bourgeois après qu’ils avaient été occupés par l’Armée rouge à la suite de sa victoire sur les nazis. Au contraire, le pouvoir des anciens régimes fantoches ou d’occupation du Troisième Reich a été brisé lorsque les nazis ont été écrasés, laissant derrière eux un vide de pouvoir qui a été rempli par l’armée soviétique. Confrontés au déclenchement de la guerre froide impérialiste antisoviétique, les staliniens créèrent des Etats ouvriers déformés en tant que « zone tampon » par des transformations sociales à froid faites par le haut.

Avec cette analogie surréaliste, l’IG laisse entendre assez peu subtilement que le gouvernement bourgeois de Chávez serait une sorte de « régime de transition » qui pourrait accepter ou renverser le capitalisme. C’est ainsi que l’IG consolide sa position à la gauche du spectre du « trotskysme » bolivarien.

Nous avons caractérisé la politique de l’IG comme du « pablisme de la deuxième mobilisation » en référence au courant liquidationniste, dirigé par Michel Pablo, qui a détruit la Quatrième Internationale trotskyste au début des années 1950. Face au début de la guerre froide impérialiste et à la création, en Europe de l’Est et en Europe centrale, d’Etats ouvriers déformés gouvernés par les staliniens, les pablistes se sont tournés vers des forces non prolétariennes, et ont argumenté qu’on pouvait faire pression sur les staliniens, les sociaux-démocrates et les nationalistes du tiers-monde pour qu’ils adoptent un cours « approximativement » révolutionnaire, niant ainsi la nécessité d’un parti trotskyste d’avant-garde. Au début des années 1960, Pablo lui-même est devenu conseiller du régime bourgeois du FLN en Algérie, après que celle-ci avait arraché son indépendance à l’impérialisme français. C’est de ce courant qu’est issue la LCR de Besancenot, qui aujourd’hui mène le liquidationnisme à son terme en renonçant officiellement au trotskysme, au communisme et à la révolution avec son « nouveau parti anticapitaliste ».

En référence à ceux qui voulaient faire une croix sur la lutte contre le pablisme qui avait été menée par le trotskyste américain James P. Cannon au sein de la Quatrième Internationale, en raison du caractère limité de cette lutte, Jan Norden, aujourd’hui dirigeant de l’IG, observait lorsqu’il était encore un trotskyste membre de la Ligue communiste internationale que « Le résultat de ceci, c’est de libérer les centristes nés de la dernière pluie pour qu’ils puissent se livrer sans retenue à des combinaisons éclectiques et anti-internationalistes, en se groupant et en se regroupant avec d’autres créatures du marais pseudo-trotskyste (« Yugoslavia, East Europe and the Fourth International : The Evolution of Pabloist Liquidationism » [La Yougoslavie, l’Europe de l’Est et la Quatrième Internationale : l’évolution du liquidationnisme pabliste], Prometheus Research Series n° 4, mars 1993). Cela s’applique parfaitement à l’IG. Son opportunisme reflète l’adaptation à la régression du niveau de conscience politique dans le monde postsoviétique. Cela le conduit à une quête de plus en plus désespérée de forces sociales autres que le prolétariat pour pouvoir s’adapter à elles, et à rechercher des véhicules autres qu’un parti léniniste d’avant-garde pour faire avancer la lutte pour l’émancipation humaine. Et là arrive Hugo Chávez.

Le mythe du « contrôle ouvrier » au Venezuela

L’appel de l’IG à « imposer le contrôle ouvrier sur la voie de la révolution socialiste » embrouille délibérément le sens du contrôle ouvrier, qui est le double pouvoir sur le lieu de production dans une crise révolutionnaire. Autrement dit, les ouvriers ont le pouvoir d’opposer leur veto aux actes de la direction. Une telle situation ne peut se terminer que par la prise du pouvoir par les ouvriers à travers une révolution socialiste, ou par la réaffirmation du pouvoir des capitalistes à travers la contre-révolution. Dans son article du 20 août 1931, « Au sujet du contrôle ouvrier de la production », Trotsky écrivait : « Le contrôle ne peut être imposé que par force à la bourgeoisie par le prolétariat, qui est en voie de lui arracher le pouvoir, et par là même la propriété des moyens de production. »

L’IG explique qu’il y a « des comités ouvriers qui existent sous une forme embryonnaire ou développée dans beaucoup d’usines et d’entreprises » au Venezuela. Ces comités, qui existent principalement dans les industries qui ont été nationalisées par l’Etat, sont en fait des systèmes de cogestion avec l’Etat capitaliste, dans lesquels c’est ce dernier qui a la haute main. Cela est reconnu même par les réformistes patentés du Socialist Workers Party (SWP) britannique qui écrivent : « Des représentants du gouvernement dirigent l’usine, quelquefois en coordination avec les représentants des ouvriers. Actuellement il y a environ 60 usines qui subissent une forme ou une autre d’occupation ouvrière qui fait pression pour la nationalisation. Là où ça s’est passé ainsi, ça a pris la forme d’une cogestion, qui est très loin du contrôle ouvrier » (International Socialism n° 116, 28 septembre 2007).

De fait, ce sont là des systèmes de collaboration de classes dont le but est d’enchaîner les ouvriers à l’Etat capitaliste. Il en va de même des « coopératives ouvrières », dont Jorge Martín, dirigeant de la CMR et apologiste s’il en est du régime Chávez, indique que dans beaucoup de cas elles sont « devenues une excuse pour externaliser de la main-d’œuvre », c’est-à-dire pour casser les syndicats. Un facteur significatif derrière la formation du PSUV par Chávez est de maintenir le contrôle des syndicats par le gouvernement. Comme Trotsky l’écrivait à la suite de l’expropriation des possessions pétrolières impérialistes par le régime Cárdenas au Mexique :

« La gestion des chemins de fer et des champs de pétrole sous le contrôle des organisations ouvrières n'a rien de commun avec le contrôle ouvrier sur l'industrie, car, en fin de compte, la gestion est entre les mains de la bureaucratie ouvrière, qui est indépendante des travailleurs, mais en retour complètement sous la dépendance de l'Etat bourgeois. Cette mesure de la part de la classe dirigeante vise à discipliner la classe ouvrière, et à la faire travailler davantage au service des “intérêts communs” de l'Etat qui semblent se confondre avec les intérêts de la classe ouvrière elle-même. »

– « Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste », août 1940

L’IG montre du doigt l’aile de l’Union nationale des travailleurs (UNT) dirigée par Orlando Chirino, qui s’est opposée à l’entrée dans le PSUV et a appelé à s’abstenir sur le référendum de décembre, et opine que l’UNT « est mystifiée depuis le début par l’énigme de comment s’opposer aux attaques de Chávez contre les ouvriers sans se couper de la popularité dont il jouit parmi les masses pauvres du Venezuela ». Cela mystifie tout autant l’IG. Ce qui n’est pas dit dans l’article de l’IG, c’est le fait que l’UNT a été fondée par des bureaucrates syndicaux chavistas qui ont créé la fédération en 2003, sous la houlette du gouvernement. L’UNT a été créée pour casser la Confédération des ouvriers vénézuéliens, elle-même un syndicat corporatiste lié au précédent régime bourgeois de l’Action démocratique et ayant des connexions avec les impérialistes US. La posture que prend Chirino comme défenseur de syndicats indépendants est contredite par sa loyauté envers le régime Chávez. Dans une interview donnée à la revue International Socialism du SWP britannique (9 mai 2007), Chirino s’enorgueillit d’être membre de « la première organisation politique à avoir soutenu la candidature d’Hugo Chávez à la présidence ». Mais ce n’était pas assez pour le régime de Chávez qui a licencié Chirino de son poste dans la compagnie pétrolière nationale fin décembre, juste après qu’il avait appelé à l’abstention au référendum. Nous dénonçons cette répression antisyndicale et appelons à la réintégration de Chirino.

Chirino est membre d’un courant issu de la tendance internationale de Nahuel Moreno, un aventurier argentin pseudo-trotskyste décédé en 1987. Dans l’interview à International Socialism, Chirino cite la Chine comme faisant partie des « consortiums internationaux » qui « exploitent nos ouvriers plus que jamais ». Il poursuit en affirmant que « le capitalisme a été restauré en Chine il y a un certain nombre d’années, et aujourd’hui c’est le pays où la classe ouvrière est la plus exploitée. Ce sont des esclaves des temps modernes. » En fait, la Chine est un Etat ouvrier bureaucratiquement déformé où le capitalisme a été renversé en résultat de la Révolution de 1949, une victoire pour la classe ouvrière internationale. Malgré les empiétements des « réformes de marché » instituées par la bureaucratie stalinienne, le noyau de l’économie chinoise reste collectivisé. Avec sa diatribe antichinoise, Chirino rejoint la partie importante de la gauche réformiste qui, ayant salué la destruction contre-révolutionnaire de l’Etat ouvrier dégénéré soviétique en 1991-1992, se range maintenant du côté de sa bourgeoisie et refuse de défendre la Chine. Tout ceci en faisant l’éloge du populiste bourgeois Hugo Chávez et de sa « révolution bolivarienne ».

En même temps, de nombreux militants, de gauche et autres, comparent faussement Chávez au régime de Castro à Cuba. Mais comme la Chine, et contrairement au Venezuela, Cuba est un Etat ouvrier déformé. Quand l’armée rebelle de Castro a marché sur La Havane en janvier 1959, l’armée bourgeoise et le reste de l’appareil d’Etat capitaliste qui avait soutenu la dictature de Batista, appuyée par les USA, a volé en éclats. Face à l’encerclement hostile de l’impérialisme US, en 1960-1961 le régime Castro a nationalisé la propriété capitaliste détenue par des Américains ou des Cubains, marquant l’expropriation de la bourgeoisie cubaine en tant que classe. C’était une révolution sociale. L’existence de l’Union soviétique a été cruciale pour fournir à la fois un soutien économique et un bouclier militaire qui a aidé à retenir la main du colosse impérialiste yankee, à moins de 150 km de ses côtes.

Les sociaux-démocrates font disparaître la distinction cruciale entre les nationalisations sous un régime capitaliste et l’expropriation de la classe des capitalistes sous un régime ouvrier, la dictature du prolétariat. Ils font cela dans le but transparent de défendre la démocratie bourgeoise et escamoter la nécessité d’une révolution ouvrière. Par exemple la Gauche révolutionnaire, affiliée au Comité pour une internationale ouvrière de Peter Taaffe (voir en page 5 de ce journal l’article de nos camarades britanniques sur le soutien de ce groupe aux gardiens de prison), déclare dans un récent tract électoral :

« Seule une société où l’économie sera organisée démocratiquement, pour satisfaire les besoins de tous, permettra d’en finir avec cela. C’est par la nationalisation, sous le contrôle démocratique des travailleurs, des principaux secteurs de l’économie que cela sera possible. C’est cela le socialisme ».

Pour eux le « socialisme » ce sont les nationalisations sous un gouvernement travailliste, sans la nécessité de détruire l’Etat bourgeois dans une révolution socialiste. Autrement dit ils parlent d’un gouvernement capitaliste. En 1991 à Moscou, ils étaient littéralement sur les barricades de Boris Eltsine lors du coup d’Etat de celui-ci. Eltsine a liquidé l’Etat ouvrier dégénéré soviétique, restauré le capitalisme et privatisé l’ancienne économie collectivisée soviétique.

En tant que trotskystes révolutionnaires, qui avons combattu pour la défense militaire inconditionnelle de l’Etat ouvrier dégénéré soviétique et des Etats ouvriers déformés d’Europe de l’Est et d’Europe centrale contre l’impérialisme et la contre-révolution capitaliste, nous appliquons ce même programme aux Etats ouvriers déformés qui restent, à savoir la Chine, Cuba, le Vietnam et la Corée du Nord. En même temps, nous luttons pour la révolution politique ouvrière pour chasser les bureaucrates staliniens – dont le dogme du « socialisme dans un seul pays » sape la défense des Etats ouvriers – et pour instaurer des régimes basés sur la démocratie ouvrière et l’internationalisme révolutionnaire. Ceux qui ne défendent pas les acquis existants de la classe ouvrière ne peuvent pas en conquérir de nouveaux. Notre défense militaire des Etats ouvriers déformés fait partie intégrante de notre lutte pour de nouvelles révolutions d’Octobre. Un élément clé dans notre perspective est le combat pour reforger la Quatrième Internationale de Trotsky, parti mondial de la révolution socialiste.

Olivier Besancenot s’est par contre distingué récemment par son appel à des « élections libres » à Cuba, qui est le cri de ralliement des impérialistes pour ramener la « démocratie », c’est-à-dire le capitalisme, par une contre-révolution à Cuba. Besancenot a précisé (voir le site web de la LCR) :

« Pour moi, dans le socialisme que je défends, dans le socialisme du XXIe siècle, il y a tout ça. Par exemple dans le Venezuela de Chávez, il y a des élections libres, il y a le multipartisme. »

Les ex-castristes de la LCR ont maintenant comme modèle le Venezuela capitaliste !

Pour la révolution permanente !

La différence entre les jeunes radicaux idéalistes qui se tournent vers Chávez et les vieux opportunistes roublards est que ces derniers essaient de faire passer leur soutien à Chávez pour du marxisme. Beaucoup d’intellectuels radicaux et de groupes réformistes font passer pour argent comptant la référence de Chávez à la théorie de la révolution permanente de Trotsky. Ce faisant, ils mettent la théorie de Trotsky complètement à l’envers. La révolution permanente est basée sur la conception selon laquelle dans les pays à développement capitaliste retardataire, aussi radical que soit le verbiage de leur régime, la bourgeoisie est trop faible, trop effrayée par le prolétariat et trop dépendante du capital impérialiste étranger, pour résoudre les problèmes de la démocratie politique, de la révolution agraire et du développement national indépendant. Au contraire, comme cela a été démontré par la Révolution russe de 1917, l’accomplissement de ces tâches ne peut être réalisé que sous le pouvoir de classe du prolétariat.

La conquête du pouvoir par le prolétariat n’achève pas la révolution socialiste, mais ne fait que l’inaugurer en changeant la direction du développement social. Le prolétariat au pouvoir expropriera la bourgeoisie en tant que classe pour mettre en place une économie planifiée collectivisée, où la production est basée sur le besoin social et non sur le profit. Mais sans l’extension internationale de la révolution, particulièrement vers les centres impérialistes avancés et industrialisés, ce développement social serait arrêté et finalement inversé. Les efforts de l’impérialisme américain pour renverser le régime de Chávez soulignent la nécessité de l’internationalisme révolutionnaire prolétarien qui est au cœur de la théorie de la révolution permanente de Trotsky. Les luttes du prolétariat dans les pays semi-coloniaux sont nécessairement indissociables de la lutte pour le pouvoir des ouvriers des centres impérialistes, notamment aux Etats-Unis.

En dépit de sa rhétorique populiste, Chávez n’est pas moins que ses opposants néolibéraux l’ennemi de classe de la victoire des ouvriers et des pauvres des villes et des campagnes. Nous cherchons à briser les illusions parmi les travailleurs et les opprimés – tant au Venezuela qu’internationalement – que le régime bourgeois de Chávez pourrait être un agent de la révolution sociale. Au contraire, nos opposants politiques acceptent et amplifient ces illusions. Comme nous l’écrivions dans « Venezuela : nationalisme populiste contre révolution prolétarienne » (le Bolchévik n° 175, mars 2006) :

« L’histoire réserve un verdict cruel à ces militants “de gauche” qui font la promotion de l’un ou de l’autre des caudillos capitalistes au langage gauche. On ne gagne pas à sa cause les opprimés des Amériques en faisant passer des hommes forts nationalistes pour des révolutionnaires et des aventures populistes pour des révolutions. Il faut au contraire construire les sections nationales d’une Quatrième Internationale reforgée dans l’esprit de l’hostilité révolutionnaire sans compromis à toute forme de pouvoir capitaliste. Au sud du Rio Bravo, de tels partis doivent être construits à travers la lutte politique contre les profondes illusions dans le populisme et le nationalisme. Aux Etats-Unis, l’antre de la bête impérialiste, le parti ouvrier révolutionnaire sera construit dans la lutte pour faire rompre le prolétariat d’avec les partis Démocrate et Républicain, les deux partis du capital, et pour remplacer les bureaucraties pro-impérialistes de l’AFL-CIO par une direction lutte de classe. »

– Adapté de Workers Vanguard n° 907, 1er février

 

Le Bolchévik nº 183

Le Bolchévik nº 183

Mars 2008

·

Défense de l'Etat ouvrier déformé chinois !

Emeutes contre-révolutionnaires au Tibet

·

La Cour d'appel maintient la condamnation truquée de Mumia et ordonne une audience pour rétablir la condamnation à mort ou enterrer Mumia à vie en prison

Libération immédiate de Mumia !

·

Correction

·

Libération immédiate d'Yvan Colonna !

·

La gauche opportuniste et le référendum de Chávez

Il faut rompre avec le populisme bourgeois ! Pour la révolution ouvrière !

·

Fac de Paris 8 : La LTF proteste contre l'armée française

Sergents recruteurs, hors des facs !

·

USA : Il faut rompre avec les Démocrates ! Pour un parti ouvrier lutte de classe !

La campagne Obama : « unité nationale » au service de l'impérialisme US

·

Grande-Bretagne : des « socialistes » qui s'entichent de flics et de matons

·

Nouveau bulletin de la LCI

Le dossier Logan

·

Défense de la Révolution cubaine !

·

Les illusions dans la justice capitaliste entravent la lutte pour la libération de Mumia