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Spartacist Canada No. 176

Spring 2013

Québec : L'Etat s'acharne contre les militants étudiants

L'élection du PQ n'est pas une victoire pour les jeunes et les travailleurs

L’article ci-dessous est la traduction d’un article de SC n° 175 (hiver 2012-2013), écrit peu après l’entrée en fonction du Parti québécois nationaliste bourgeois, propulsé au gouvernement par une vague de manifestations étudiantes. Le PQ a maintenant l’intention d’imposer aussi une augmentation des frais de scolarité. L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ — dont la CLASSE était l’incarnation temporaire durant la grève étudiante) a riposté en boycottant le « Sommet sur l’enseignement supérieur » du gouvernement, et en organisant une grande manifestation devant ce sommet fin février. Lors d’une autre manifestation le 9 février, la police montréalaise, non sans évoquer la répression déchaînée par l’ancien gouvernement libéral contre les étudiants, a procédé à plus de 30 arrestations. Depuis la parution de cet article en anglais, Gabriel Nadeau-Dubois, l’ancien porte-parole de la CLASSE, a été condamné à une peine de 120 heures de travaux communautaires pour « outrage au tribunal ». L’audience en appel devrait se tenir à l’automne.


Depuis la fin de la grève étudiante qui a secoué le Québec au printemps et en été dernier, les flics et les tribunaux capitalistes s’acharnent contre les militants de la grève. Dans leur ligne de mire se trouve Gabriel Nadeau-Dubois de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE). Il était un des porte-parole les plus en vue du mouvement étudiant. Le 1er novembre, Denis Jacques, juge de la cour supérieure du Québec, a reconnu Nadeau-Dubois coupable d’« outrage au Tribunal » pour avoir encouragé les manifestants à ignorer les injonctions des tribunaux. Ce dirigeant de la CLASSE risque maintenant un an de prison et une amende de 50 000 dollars.

Le juge a accusé Nadeau-Dubois de prôner « l’anarchie » et déclaré que son « défi à la loi est le plus sûr chemin menant à la tyrannie ». Pour souligner la nature politique de ces accusations scandaleuses, il a fait référence dans son jugement à la condamnation, en mai 1972, des dirigeants des trois centrales syndicales québécoises pour outrage au tribunal. Ces chefs syndicaux avaient refusé d’ordonner à leurs membres de respecter des injonctions dont le but était de briser la grève. Leur emprisonnement déclencha une grève générale spontanée de onze jours. Ce fut la bataille de classe la plus importante de l’histoire du Québec.

D’autres militants étudiants sont accusés de délits encore plus graves. Plus de 3300 manifestants ont été arrêtés au cours de la grève, plus encore que lors de la « crise d’octobre » en 1970, quand il y eut des arrestations massives de militants de gauche, nationalistes et syndicalistes sous le coup de la Loi des mesures de guerre. Yalda Machouf-Khadir, fille d’Amir Khadir, député de Québec Solidaire, qui aurait prétendument participé au saccage du bureau d’un ancien ministre de l’éducation, est accusée de « complot », de voies de fait et d’effraction. D’autres militants font l’objet d’accusations orwelliennes comme l’« incitation à craindre des activités terroristes », ce qui pourrait les conduire en prison pour cinq ans.

Pour mieux traquer les militants politiques et manigancer ses coups montés, la police de Montréal, notoire pour sa brutalité, a mis sur pied l’année dernière [janvier 2011] une unité spéciale, GAMMA (Guet des activités des mouvements marginaux et anarchistes). La chasse aux sorcières incessante contre les militants de gauche met en relief cette vérité fondamentale : l’Etat capitaliste, avec ses flics et ses tribunaux, n’est pas neutre. C’est au contraire la force répressive de la bourgeoisie, qu’elle utilise contre les ouvriers grévistes, contre les étudiants radicaux et quiconque se permet de remettre en cause le statu quo oppressif. Nous exigeons l’abandon immédiat de toutes les poursuites !

La lutte combative et prolongée de ces dizaines de milliers d’étudiants a rencontré beaucoup de soutien parmi les travailleurs du Québec. Les étudiants ont fini par obtenir gain de cause sur leurs revendications minimales, l’abandon de la hausse des frais de scolarité et le retrait de l’infâme Loi 78 — la « loi des matraques » décrétée par le gouvernement libéral de Jean Charest pour essayer de briser la grève. Mais aucuns des problèmes fondamentaux n’ont été résolus. Beaucoup de militants étudiants savent que le Parti québécois nouvellement élu ne va pas tarder à lancer une nouvelle série d’attaques contre les travailleurs et la jeunesse étudiante : c’est ce que les gouvernements PQ ont toujours fait par le passé.

Pauline Marois, la première ministre PQ, avait révoqué l’augmentation des frais universitaires pour éteindre le feu sous la marmite sociale en ébullition. Mais déjà le PQ s’est engagé à indexer les frais à l’inflation, tandis que le Sommet sur l’enseignement supérieur qu’ils ont promis exclut catégoriquement la gratuité scolaire, juste revendication des associations étudiantes. Au milieu des affaires de corruption, qui ont mis à nu certaines des magouilles des maires et autres politiciens québécois, la priorité absolue du PQ a été de rassurer le « monde des affaires » de sa capacité à « équilibrer le budget » et à gérer efficacement l’ordre capitaliste. En clair, les travailleurs et les pauvres doivent s’attendre à de nouvelles mesures d’austérité.

L’élection des nationalistes bourgeois du PQ n’est en aucune façon une victoire pour les ouvriers et la jeunesse étudiante. L’histoire a démontré à maintes reprises que les gouvernements PQ sont hostiles à la classe ouvrière. En 1982-83, le gouvernement de René Lévesque, le fondateur du parti, avait lancé une offensive générale contre les syndicats de la fonction publique. En 1999, alors que Marois était ministre de la santé au gouvernement PQ de Lucien Bouchard, elle avait été à l’initiative de la loi spéciale pour forcer près de 50 000 infirmières en grève à retourner au travail. Avec ces attaques, et bien d’autres encore, le dernier gouvernement PQ avait pavé la voie aux assauts encore plus féroces des Libéraux de Charest.

Les luttes étudiantes peuvent servir d’étincelle aux luttes sociales plus importantes qui sont nécessaires pour repousser les attaques capitalistes. Mais, comme nous l’avons répété tout au long de la grève, la classe ouvrière organisée — dans les usines, les mines et les transports — est la seule à avoir la puissance sociale de mettre à genoux le système de profit capitaliste, et à avoir un intérêt historique à le faire. Malgré sa tradition de luttes combatives, la classe ouvrière québécoise est enchaînée à l’ordre capitaliste par la traitrise des dirigeants syndicaux, qui soutiennent depuis longtemps le PQ sous prétexte de « solidarité nationale ». Les étudiants grévistes ont reçu des « conseils » ainsi que des dons financiers des directions syndicales, et celles-ci ont utilisé leur autorité et leur influence pour restreindre le mouvement au nom de la « paix sociale ». Pour libérer la puissance sociale de la classe ouvrière québécoise, il faut forger une nouvelle direction qui puisse mobiliser les travailleurs indépendamment du PQ et de tous les autres partis capitalistes.

Luttes sociales et question nationale

La presse canadienne anglophone a répondu à la victoire électorale de Marois selon son habitude, par une volée de jérémiades chauvines, alors même que le PQ a été contraint de former un gouvernement minoritaire et que par conséquent, au grand soulagement des anglo-chauvins, aucun référendum sur la souveraineté n’est à l’ordre du jour. La question de l’indépendance québécoise n’en reste pas moins brûlante en tant qu’élément central de la politique canadienne, et finira un jour ou l’autre par revenir à l’avant-plan.

Dans ce pays la question nationale — l’incorporation forcée de la nation francophone québécoise dans un Canada dominé par les Anglais — sert depuis longtemps à diviser la classe ouvrière. Dans le Canada anglais, le chauvinisme anti-québécois est alimenté, au nom d’une « unité canadienne » démagogique, par les sociaux-démocrates du NPD et leurs alliés dans les sommets de la bureaucratie syndicale canadienne-anglaise. Au Québec, l’oppression nationale est manipulée par les nationalistes bourgeois et leurs lieutenants ouvriers pour lier la classe ouvrière à leurs oppresseurs francophones. En tant qu’internationalistes révolutionnaires combattant toute forme de chauvinisme et de discrimination et s’efforçant d’unir les travailleurs dans la lutte contre le capital, nous sommes pour l’indépendance du Québec. C’est le meilleur moyen d’évacuer la question nationale afin que les travailleurs des deux nations puissent identifier clairement leurs véritables ennemis : leurs exploiteurs capitalistes respectifs.

Alors que la lutte étudiante atteignait son apogée, les dirigeants de la grève cherchaient de plus en plus à dissiper l’énergie du mouvement en la détournant sur le terrain du parlementarisme : « N’importe qui, sauf les Libéraux ». Léo Bureau-Blouin, ancien président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), se présenta sous les couleurs du PQ et se fit élire à l’Assemblée nationale. La fédération CLASSE, plus radicale, tout en refusant de soutenir un parti politique, commença à organiser des manifestations avec des mots d’ordre comme « Les néolibéraux… DEHORS ! » Juste avant les élections, un manifeste de la CLASSE déclarait : « La seule façon de forcer le gouvernement à véritablement répondre aux volontés populaires est de mettre en place un rapport de force suffisant et ne pas lui donner de répit. »

La direction de la CLASSE, incapable de concevoir d’autre stratégie que celle de faire pression sur le gouvernement des capitalistes, entretient l’illusion que le « peuple » peut imposer sa « volonté » à la bourgeoisie. Différents groupes de gauche réformistes répandent aussi ces illusions sous une forme plus crue. Par exemple, un article du 10 septembre sur le site internet des camarades anglophones de Socialisme international (SI) s’intitulait « Elections québécoises 2012 : une victoire majeure pour les étudiants et la gauche ».

SI et d’autres réformistes ont travaillé dur pour semer des illusions dans Québec Solidaire (QS), l’alternative « de gauche » au PQ. QS est un parti populiste petit-bourgeois dont la raison d’être, comme nous l’avons déjà dit, est de canaliser la colère des jeunes et des travailleurs pour qu’elle ne sorte pas du cadre inoffensif du parlementarisme bourgeois et du nationalisme québécois. Pendant la grève, alors que la répression policière battait son plein, QS joignit sa voix à ceux qui dénonçaient la soi-disant violence des étudiants, critiquant le « vandalisme » des « émeutiers ». Après l’arrestation de sa fille, Amir Khadir déclara lors d’une conférence de presse : « S’il y a des gestes répréhensibles qui ont été commis par ma fille ou quiconque d’autre, on doit répondre de nos actes » (La Presse, 7 juin). Pendant la campagne électorale, Françoise David, dirigeante de QS, n’a pas laissé planer le moindre doute quant à l’intention de QS de soutenir un gouvernement minoritaire du PQ.

Les attaques à coup de gaz lacrymogènes, grenades incapacitantes et balles de caoutchouc contre les manifestants étudiants pendant la grève ont fourni une leçon de chose sur la brutalité de l’Etat capitaliste à une génération de jeunes dont c’était le premier engagement politique. Il faut tirer les conclusions de cette expérience pour établir un plan de route contre les attaques incessantes des exploiteurs au pouvoir; ainsi nous expliquions dans un supplément distribué pendant les grandes manifestations étudiantes :

« Il n’y a qu’en renversant le capitalisme et lorsque les ouvriers seront au pouvoir que l’on pourra mettre fin à la misère et à toutes les sortes d’oppression. On pourra ainsi ouvrir de nouvelles perspectives à l’humanité. Ce n’est pas seulement une tâche qui se pose au Québec, elle se pose dans tout le Canada, aux Etats-Unis et dans le monde entier. Si les étudiants radicalisés du Québec veulent aller de l’avant, ils doivent investir leur énergie à forger un parti d’avant-garde marxiste binational et multiethnique, qui fasse partie d’une Quatrième Internationale reforgée, le parti mondial de la révolution socialiste. »

— « Etudiants, alliez-vous à la classe ouvrière !», SC n° 174, automne 2012

Nous encourageons nos lecteurs à contribuer à la défense des étudiants et autres manifestants arrêtés pendant la grève. Adressez vos chèques à : Association pour une solidarité syndicale étudiante, 2065 rue Parthenais, Local 383, Montréal QC H2K 3T1. Vous pouvez aussi contribuer directement à la défense de Gabriel Nadeau-Dubois; adressez vos chèques à : Comité de Soutien à Gabriel Nadeau-Dubois, 2065 rue Parthenais, Bureau 08, Montréal QC H2K 3T1.

 

Spartacist Canada No. 176

SC 176

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