Supplément au Bolchévik nº 216 |
15 juillet 2016 |
Déclaration de la LTF sur l’attentat criminel de Nice
15 juillet – La Ligue trotskyste condamne l’horrible assassinat hier à Nice de 84 personnes, y compris des enfants; il y a plus de 200 blessés. Nous ignorons totalement les mobiles de l’assassin et s’il s’agit de l’œuvre d’un psychopathe sans idéologie, mais le gouvernement s’est empressé de saisir l’occasion pour relancer la « guerre contre le terrorisme » en déclarant que le mode opératoire de ce crime rappelle celui des attentats commis par l’Etat islamique. Hollande va encore prolonger l’état d’urgence pour trois mois de plus. Il a annoncé l’activation de la « réserve opérationnelle » de la gendarmerie et de la police – plus de 10 000 flics supplémentaires, et il va sans doute aggraver encore les mesures de surveillance policière tous azimuts déjà décidées.
Pour faire passer ces mesures de terreur raciste visant en premier lieu les musulmans, le gouvernement reprend jusqu’à la nausée les appels à l’unité nationale entre travailleurs et patrons derrière le gouvernement capitaliste, alors même que ces derniers mois la classe ouvrière s’est mobilisée de façon significative contre la loi antisyndicale Valls-El Khomri. Nous n’avons cessé de répéter pendant cette mobilisation qu’il faut s’opposer aux mesures racistes du gouvernement qui dressent les non-musulmans contre les musulmans au nom de la « laïcité » et de la « guerre contre le terrorisme ». Cette division de la classe ouvrière, rendue possible par le silence complice sur cette question des réformistes et des bureaucrates syndicaux, permet ensuite d’attaquer l’ensemble du mouvement ouvrier, quelle que soit la religion et la couleur de la peau.
L’état d’urgence et autres mesures d’Etat policier visent en dernier ressort la classe ouvrière. On a pu voir ces derniers mois comment ces mesures soi-disant dirigées contre le djihad ont en fait visé les mobilisations de la classe ouvrière, le gouvernement envisageant même d’interdire des manifestations syndicales de masse, pour la première fois depuis la guerre d’Algérie. A bas l’état d’urgence ! A bas Vigipirate et Sentinelle ! A bas les lois policières antiterroristes !
Toujours au nom de la « guerre contre le terrorisme », François Hollande venait déjà d’annoncer le renforcement de l’intervention militaire française en Irak, où sont déjà présents plus de 300 membres des forces spéciales – sans compter la Syrie où, pour la première fois depuis 1946 (lorsque le colonialisme français avait été chassé de Syrie), une base militaire française est installée au grand jour dans le secteur kurde à Kobané. Nous exigeons le retrait immédiat de ces pays de toutes les forces françaises et américaines, des autres forces impérialistes ainsi que de celles des puissances régionales impliquées. La Syrie et l’Irak sont ravagés depuis des années par une guerre civile sanglante qui a été alimentée à chaque étape par les impérialistes, et où les attentats commis par l’Etat islamique et d’autres forces réactionnaires massacrant cent civils et plus sont monnaie courante. Troupes françaises, hors du Proche-Orient, hors du Mali et de Libye ! A bas la « guerre contre le terrorisme » !
Ce sont les impérialistes qui sont les plus grands terroristes sur cette planète, et les plus meurtriers. Sans même remonter aux millions de morts des guerres coloniales (Algérie, Madagascar, Indochine…), ou aux milliers peut-être de réfugiés noyés chaque année en Méditerranée, ce sont les crimes sans nom et les machinations des impérialistes – au Proche-Orient et en Afrique notamment – qui poussent des jeunes dans les bras de la réaction islamique. Aussi, comme nous le disions déjà au lendemain des attentats du 13 novembre, tout coup porté aux forces des armées impérialistes au Proche-Orient et à leurs supplétifs là-bas (y compris les milices kurdes insérées dans le dispositif militaire impérialiste à Kobané) servirait les intérêts de la classe ouvrière internationale. Et cela même si ces coups sont portés par des forces aussi répugnantes que l’Etat islamique, auquel nous ne donnons aucun soutien politique et dont nous condamnons les horribles crimes.
L’attentat de Nice et la réaction guerrière du gouvernement donnent une mesure de la putréfaction de cette société capitaliste. En faisant subir un chômage chronique et une discrimination raciste incessante dans tous les aspects de la vie sociale aux jeunes, et aux moins jeunes, issus des anciennes colonies de l’impérialisme français, le capitalisme engendre des monstres comme celui qui a frappé hier à Nice. Pour renverser ce système capitaliste par une révolution socialiste en balayant l’appareil d’Etat capitaliste et en le remplaçant par un Etat ouvrier, il faut construire un parti ouvrier révolutionnaire. Une telle révolution permettra d’exproprier les capitalistes et de construire un ordre social nouveau, qui garantira à chacune et chacun le bien-être et la justice et mettra fin une bonne fois pour toutes à ce système en décomposition.