République ouvrière nº 3 |
Hiver/printemps 2019 |
À bas les attaques racistes contre les musulmans !
Pour un parti ouvrier révolutionnaire, binational et multiethnique !
L’une des premières décisions du nouveau gouvernement de la CAQ, élu en octobre 2018, a été de confirmer son intention de légiférer pour interdire le port des signes religieux pour les enseignants, les juges et les policiers. Le projet de loi, dont le dépôt est annoncé pour le printemps prochain, mettra vraisemblablement les employés de l’État « en position d’autorité » face au choix suivant : ou bien retirer leur symbole religieux ou bien perdre leur emploi. Sous couvert frauduleux de défense de la « laïcité » et de l’égalité hommes/femmes, il s’agit en réalité de la dernière d’une longue série d’attaques racistes, menées tour à tour par les libéraux et le PQ lorsqu’ils étaient au pouvoir, et qui visent particulièrement la minorité musulmane. Québec solidaire a lui aussi joint sa voix au chœur raciste au long de cette campagne hystérique, en mettant de l’avant ses propres mesures qui attaqueraient les musulmans.
Toute cette campagne a vraiment pris son essor en 2006, avec l’épisode sur les « accommodements raisonnables » et la commission Bouchard-Taylor. La société québécoise demeure infectée depuis par des vagues de fièvre raciste antimusulmans que les représentants capitalistes déclenchent au besoin. En 2013, en plein épisode sur la « Charte des valeurs » du PQ, les agressions contre les femmes voilées avaient grimpé en flèche à Montréal et ailleurs au Québec. En janvier 2017, alors que les libéraux reprenaient le flambeau de ce « débat identitaire », le terroriste fasciste Alexandre Bissonnette faisait irruption à la mosquée de Québec et abattait six musulmans. À peine quelques mois plus tard, les libéraux adoptaient le projet de loi 62, devenu la « Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État ». L’article 10, qui interdisait la prestation et la réception de services à visage couvert (incluant celui de monter dans un service de transport en commun) fut finalement suspendu par la Cour supérieure en décembre 2017. Essentiellement, le projet de loi qu’entend déposer la CAQ signifie étendre le projet de loi 62 des libéraux pour y inclure le « consensus Bouchard-Taylor » — c’est-à-dire l’interdiction pour les employés de l’État en position d’autorité de porter un signe religieux — mais avec les enseignants en plus. Même si Legault prétend que le projet de loi concernera tous les signes peu importe la religion, il est clair que celui-ci vise particulièrement le foulard musulman (ainsi que la kippa juive et le turban sikh) et permettrait de préserver un « visage public » de l’État qui soit entièrement compatible avec le catholicisme.
Il est dans l’intérêt vital du mouvement ouvrier de mobiliser sa puissance sociale pour combattre ces attaques racistes ! Les attaques « officielles » issues de l’Assemblée nationale encouragent non seulement les fascistes et la racaille réactionnaire en tous genres à commettre leurs propres attaques racistes, mais elles visent surtout à diviser la classe ouvrière multiethnique pour mieux faire passer les salves d’austérité capitaliste contre l’ensemble des travailleurs. La persécution par l’État des femmes musulmanes, qui sont parmi les personnes les plus opprimées dans la société, est un poison pour les luttes ouvrières. Les dirigeants des principaux syndicats de l’enseignement (FNEEQ-CSN, FAE, CSQ) ont pris position contre l’interdiction du foulard islamique. Une direction lutte de classe dans les syndicats mobiliserait d’ores et déjà les employés du système scolaire, toutes catégories confondues, pour faire échec au projet de loi. À bas les attaques racistes antimusulmans ! Une attaque contre un est une attaque contre tous !
Le voile et l’hypocrisie bourgeoise
Le prétexte frauduleux de « protection » de l’égalité hommes/femmes derrière les interdictions du gouvernement est complètement hypocrite. En tant que marxistes, nous sommes opposés au foulard et au voile, qui sont des symboles et des instruments de l’oppression des femmes. Ceux-ci incarnent un programme social réactionnaire pour confiner les femmes dans la famille, dans la maison et dans une position de servitude. L’institution de la famille constitue la principale source de l’oppression des femmes et, avec l’État et la religion, l’un des trois piliers réactionnaires du système d’exploitation capitaliste dans son ensemble. Nous sommes solidaires des femmes qui luttent pour échapper à la tyrannie de cette « tradition » oppressive du voile et de toute autre forme de traditionalisme religieux réactionnaire.
Mais les lois qui interdisent aux employées de l’État de porter le foulard ou de recevoir ou de prodiguer des services à visage couvert renforcent au contraire l’oppression de ces femmes ; et notre opposition au voile et au foulard fait partie en réalité des raisons pour lesquelles nous nous opposons à ces lois. Ces dernières ne peuvent avoir pour résultat qu’un isolement et une oppression encore plus profonds pour les femmes qui les portent. C’est cette oppression qui alimente les croyances religieuses. Comme le disait Marx :
« La détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, la chaleur d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. »
— Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel (1843)
Cela signifie que pour lutter contre la religion, il faut lutter pour détruire la source de l’oppression ; il faut renverser le capitalisme et son État par une révolution ouvrière, et non pas renforcer celui-ci en augmentant ses pouvoirs par des lois répressives.
Les agressions racistes que ces lois encouragent, en plus des menaces légales qu’elles posent pour les employées qui refusent de s’y soustraire, signifient reclure davantage ces femmes et en pousser plusieurs encore plus dans les bras de leur famille et milieu réactionnaire. Ahlam Ghatoussi, technicienne en éducation spécialisée qui porte le voile, touchait à ces conséquences lorsqu’elle disait :
« Ça me décourage parce que lors de la charte des valeurs du gouvernement péquiste, des amies et moi, on a été agressées à l’extérieur à cause de notre voile. Quand la porte s’ouvre, les gens se permettent des agressions. J’ai peur que ça recommence comme il y a quatre ans. [...]
« Je pense que je suis assez restée à la maison [...]. J’ai eu mes trois enfants back à back, j’ai mis mon enfant en CPE. Là je suis animée par le désir de travailler avec les gens. »
— La Presse, 5 octobre 2018
Il est clair que le projet de Legault ouvre à terme la possibilité de s’en prendre non seulement aux enseignantes voilées, mais aussi aux assistantes d’éducation et autres personnes travaillant dans l’enseignement sous prétexte que lorsqu’un enseignant est absent ou sort de la salle de classe, ces personnes se retrouvent en « position d’autorité ». Il s’agit souvent d’emplois moins payés parmi lesquels les musulmans sont relativement nombreux. Cela souligne à quel point l’unité de l’ensemble des travailleurs de l’éducation passe par une lutte déterminée contre l’interdiction du foulard.
L’hypocrisie du gouvernement du Québec est d’autant plus manifeste que François Legault a annoncé récemment que l’interdiction des signes religieux ne s’appliquerait pas aux écoles privées subventionnées, historiquement confessionnelles. Plus de la moitié des écoles privées au Québec se rattachent à une tradition religieuse, et les écoles catholiques accueillent 86 % des élèves qui fréquentent une école religieuse. Autant pour la « laïcité de l’État » ! Les écoles des minorités religieuses (juive et musulmane comprises ensemble) accueillent seulement 1,3 % du total des élèves du Québec. En fait, la majorité des élèves issus des minorités juive et musulmane fréquente le réseau public, de plus en plus décrépit et laissé à l’abandon. Pour une éducation publique gratuite, laïque, en français et de qualité ! En tant que méthode rationnelle pour aider les élèves immigrants à faire la transition entre leur langue maternelle et le français, nous demandons des programmes bilingues gratuits et de qualité.
Même si la « Révolution tranquille » a brisé l’emprise quasi totale qu’exerçait l’Église catholique sur la société québécoise, son influence demeure très importante aujourd’hui. En témoigne le crucifix qui trône toujours au-dessus du président de l’Assemblée nationale. Fondamentalement, c’est parce que la hiérarchie catholique et son idéologie (comme toutes les religions) sont trop utiles à la bourgeoisie pour entretenir le conservatisme et sanctifier la domination de classe capitaliste. C’est le clergé catholique qui, pendant des décennies, a prêché la soumission et la docilité des travailleurs francophones pour les vendre comme main-d’œuvre bon marché aux patrons anglophones, ou encore qui imposait aux femmes d’enfanter sans arrêt. Les « valeurs » catholiques, ce sont celles de la bourgeoisie, pas celles du prolétariat ! Au Québec, la religion dominante c’est encore le catholicisme ; l’islam ne sera toujours qu’une religion minoritaire, d’opprimés.
Nous sommes pour la laïcité, le principe qui remonte à l’époque de la Révolution française et selon lequel il doit y avoir séparation de l’Église et de l’État. Il s’agissait d’arracher la société bourgeoise émergente à la mainmise oppressive d’une religion établie (dans ce cas-ci le catholicisme) et non pas d’empêcher la population de professer ou d’afficher ses croyances religieuses. Tout au contraire, c’était pour empêcher l’État d’imposer une religion dominante aux athées et aux adeptes d’autres confessions : la religion devait devenir une affaire privée par rapport à l’État. C’est tout l’opposé de la « laïcité » catholique de Legault et des laïcards antimusulmans du PQ ou de QS.
Au fond, le racisme et l’oppression des femmes sont inhérents à toute société capitaliste et nécessaire au maintien de l’exploitation de la classe ouvrière par la bourgeoisie. Seule une révolution socialiste, qui détruira la machine d’État capitaliste — constituée en son cœur par l’armée, les policiers, les prisons et les tribunaux — et la remplacera par un État ouvrier reposant sur une propriété collectivisée des moyens de production, pourra s’attaquer à la base matérielle de ces oppressions. La Révolution russe d’octobre 1917, qui fut l’acte le plus libérateur à ce jour pour le prolétariat international (et aussi pour les femmes et les minorités opprimées sous l’empire tsariste, comme les juifs) demeure notre meilleur modèle. Le facteur décisif de cette révolution fut la direction d’un parti révolutionnaire d’avant-garde, le Parti bolchévique de Lénine et Trotsky, qui montre le type de parti qu’il nous faut construire aujourd’hui.
Pour la république ouvrière du Québec !
Face aux attaques racistes et antimusulmans répétées en provenance de Québec, certains se tournent vers Ottawa comme un rempart supposément progressiste pour contrer les attaques des nationalistes « identitaires ». C’est une erreur fatale ! La bourgeoisie canadienne-anglaise n’est certainement pas moins raciste que celle du Québec, mais est responsable, en plus, de l’oppression nationale du Québec, avec tout le racisme antifrancophones que cela comporte.
La question nationale du Québec est la question stratégique dans ce pays : l’oppression nationale du Québec est (avec la couronne britannique et la Reine, chef de l’Église anglicane) le ciment qui tient ensemble l’État réactionnaire canadien. La lutte de libération nationale du Québec peut donc servir de puissant moteur pour une révolution socialiste dans ce pays. Il est primordial de lutter contre les mensonges et les illusions que propage la bourgeoisie canadienne-anglaise contre l’indépendance du Québec, et notamment chez les immigrants et les minorités. Ainsi, contrairement à l’immense majorité de la gauche qui laisse à la droite réactionnaire et xénophobe le monopole de la critique du « multiculturalisme canadien », la Ligue trotskyste se fait le devoir d’exposer le mensonge hypocrite anti-Québec et anti-immigrants derrière cet instrument aux mains de la bourgeoisie canadienne-anglaise. Comme nous l’expliquions précédemment :
« Depuis le début, la politique du ‘‘multiculturalisme’’ instiguée par le géniteur de l’actuel Trudeau, et toujours soutenue par les sociaux-démocrates procapitalistes du NPD, a eu pour objectif de nier les droits nationaux du Québec, maintenu de force dans la Confédération, tout en dressant les travailleurs québécois et les minorités ethniques (et les travailleurs anglophones au Québec) les uns contre les autres. »
— « Déclaration de la Ligue trotskyste sur l’attentat raciste de Québec », 8 février 2018
Concrètement, le « multiculturalisme » canadien nie les droits nationaux du Québec en faisant des Québécois simplement une « culture » parmi tant d’autres dans une grande mosaïque. Historiquement, les politiques « officielles » du multiculturalisme ont permis au Parti libéral du Canada d’enligner les communautés culturelles contre l’indépendance du Québec, tout en s’arrogeant leur vote virtuellement à vie, notamment par l’entremise de généreuses subventions. Cela a aussi permis de lier une partie de la petite bourgeoisie immigrante (et aussi de la petite bourgeoisie autochtone) aux intérêts du gouvernement, tout en agissant comme une force de conservatisme social pour réprimer les minorités culturelles. C’est au nom du « multiculturalisme » que le gouvernement libéral de l’Ontario avait considéré la possibilité en 2004 que des tribunaux religieux fonctionnant selon la charia (loi islamique) aient valeur légale concernant les litiges familiaux, alors que des tribunaux chrétiens et juifs étaient déjà en place depuis 1991. Nous sommes opposés à ces tribunaux réactionnaires, une preuve cruelle que le « multiculturalisme » canadien est l’ennemi de la libération des femmes, musulmanes et autres.
De plus, le mensonge hypocrite du « multiculturalisme canadien » est un vernis bien trop mince sur la répression policière qui forme le quotidien de plusieurs immigrants et minorités. Depuis des années, sous prétexte frauduleux de « guerre au terrorisme », l’État fédéral lui-même persécute les musulmans partout au pays, sans compter les horreurs perpétrées par les troupes canadiennes en Afghanistan et leurs crimes aujourd’hui en Irak et au Mali. Le vrai visage du Canada « multiculturel », ce sont aussi les déportations par milliers, qui continuent à un rythme effréné sous Trudeau — notamment avec la reprise des expulsions de réfugiés haïtiens en novembre dernier, après une brève suspension — et auxquelles le mouvement ouvrier doit impérativement s’opposer. À bas les expulsions ! Pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui sont ici !
Les immigrants, les minorités et les travailleurs anglophones n’ont aucun intérêt dans le maintien de cet État oppressif et réactionnaire qu’est le Canada. L’indépendance du Québec porterait un grand coup à la bourgeoisie canadienne-anglaise et coïncide directement avec l’intérêt de tous les travailleurs exploités par celle-ci. Comme le disait un immigrant grec dans Le confort et l’indifférence (le documentaire de Denys Arcand sur le référendum de 1980) :
« Tous les capitalistes de la communauté grecque votent non, pourquoi ?... Je suis un ouvrier et je veux supporter les ouvriers québécois. Parce que si je supporte les ouvriers québécois et si ces gens gagnent du pouvoir, moi aussi je gagne du pouvoir. »
En effet : que le Québec se libère de la botte de l’oppression de la nation dominante canadienne-anglaise serait aussi un pas en avant pour les immigrants et les minorités. Les travailleurs québécois et immigrants partagent les mêmes intérêts. Pour une république ouvrière du Québec !
Les attaques racistes et antimusulmans des nationalistes « identitaires » sont un véritable cadeau pour la bourgeoisie canadienne-anglaise. Cela montre bien qu’après deux échecs référendaires, les nationalistes bourgeois sont prêts à saborder la lutte pour l’indépendance en jetant les immigrants dans les bras des réactionnaires fédéralistes et en isolant ainsi les travailleurs du Québec de leurs frères et sœurs de classe combatifs chez les immigrants et les minorités. Pour les bourgeois, les profits viennent avant la lutte contre l’oppression nationale.
Il faut lutter dès maintenant pour briser les liens qui unissent les travailleurs québécois à leurs directions nationalistes bourgeoises, notamment par l’entremise des bureaucraties syndicales et leur allégeance au PQ. Au fond, si les travailleurs québécois sont si solidement liés par le nationalisme à leur propre bourgeoisie, c’est justement parce qu’ils sont victimes d’oppression nationale. Face à l’État fédéral qui opprime le Québec, et aux dirigeants du mouvement ouvrier anglophone qui se joignent au chauvinisme de leur bourgeoisie, il est facile pour les nationalistes québécois d’exploiter la colère légitime contre l’oppression nationale pour pousser le mensonge que bourgeois et travailleurs du Québec ont un intérêt commun. Loin de renforcer le nationalisme, la séparation du Québec permettrait au contraire d’exposer encore davantage les intérêts irréconciliables de la classe ouvrière multiethnique et de la bourgeoisie nationaliste.
Ce qu’il faut, c’est lutter dès aujourd’hui pour la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire et binational qui se fasse le plus ardent champion de l’indépendance du Québec. Ce parti luttera aussi pour gagner les travailleurs et les immigrants au Canada anglais à l’indépendance du Québec, contre le poison anglo-chauvin de la bourgeoisie et de la social-démocratie canadienne-anglaise. Ce sera l’outil essentiel pour unir la lutte du prolétariat, la lutte de libération nationale et celle en défense des immigrants et des minorités opprimées vers la république ouvrière du Québec et la révolution socialiste au Canada et au-delà. Cette perspective se reflète notamment dans notre appel à construire un parti binational composé à 70 % de Québécois et de minorités opprimées, jusqu’à l’établissement de deux partis dans deux États séparés.
La « laïcité » de QS : même poison antimusulman
Québec solidaire n’est en rien un « moindre mal » face aux attaques racistes et antimusulmans de la CAQ, du PQ et des libéraux. QS n’est qu’une nouvelle mouture du populisme bourgeois qui cherche à canaliser les luttes sociales vers le parlementarisme en exploitant les illusions répandues dans l’État capitaliste (voir « QS et GND : charlatans populistes », République ouvrière n° 1, automne/hiver 2017-2018). QS est un parti capitaliste dont l’objectif n’est que d’administrer l’État bourgeois pour lui donner un vernis « de gauche », ce qui ne changerait rien à la nature de l’État capitaliste, où flics, prisons et tribunaux serviraient toujours à réprimer la classe ouvrière et à terroriser les minorités.
Ses tentatives à présent de se faire valoir comme l’opposition « de gauche » face aux attaques antimusulmans de Legault sont absolument hypocrites ; QS est au diapason avec les autres partis de l’Assemblée nationale en ce qui concerne la « laïcité », le parti ayant mis de l’avant ses propres mesures antimusulmans. En 2013, QS avait proposé sa propre mal nommée « Charte de la laïcité » qui maintenait la privation de services publics pour les femmes portant le niqab. En 2017, les députés de QS se plaçaient à la droite des libéraux, en voulant ajouter à leur projet de loi 62 une interdiction du port des signes religieux pour les magistrats, les procureurs de la Couronne, les policiers et les gardiens de prison ainsi que pour la présidence de l’Assemblée nationale. La position historique du parti sur le port des symboles religieux, c’est donc celle de la CAQ, avec les enseignants en moins. Peu importe la « discussion » que poursuit actuellement QS pour apparaître comme moins raciste, en tant que petit parti capitaliste, QS est engagé à maintenir en place le système économique et social qui est à la source de l’oppression des immigrants et des minorités.
QS peut bien se dire pour l’indépendance du Québec, mais avec la débâcle électorale du PQ en octobre dernier, ses tentatives de se positionner comme l’alternative souverainiste ont plutôt abouti dans le camp de... Trudeau. Gabriel Nadeau-Dubois, utilisant comme prétexte l’intention de Legault de réduire le nombre d’immigrants admis, a renforcé les illusions dans le premier ministre canadien :
« On est rarement d’accord avec Justin Trudeau, mais de garder un nombre de réfugiés qui nous permet de jouer notre rôle de solidarité envers les plus mal pris de notre planète, c’est une bonne chose. »
— ICI.Radio-Canada.ca, 14 novembre 2018
Les mesures anti-immigrants de Legault, dont la récente annulation de 18 000 dossiers d’immigration, font partie intégrante des attaques racistes qu’il mène pour diviser les travailleurs : un poison qui doit être combattu dans la classe ouvrière. Reste que la lutte pour que le Québec ait son État indépendant ne peut être dissociée de la lutte pour contrôler ses frontières. Les revendications menées en ce moment par Legault pour rapatrier au Québec les compétences du fédéral sur l’immigration sont donc, de ce point de vue, légitimes. En définitive, seule la prise du pouvoir par le prolétariat pourra jeter les bases d’une société juste et équitable pour tous. Le présent bloc politique entre QS et Justin Trudeau illustre bien l’hypocrisie du discours « indépendantiste » et « de gauche » de QS.
Les groupuscules pseudo-socialistes (comme Alternative socialiste ou La Riposte socialiste) qui se sont complètement liquidés dans QS — une trahison de classe — et qui propagent des illusions dans cette formation petite-bourgeoise sont des obstacles à la construction d’un parti léniniste. Seule la Ligue trotskyste se bat pour une perspective véritablement révolutionnaire et se consacre dès aujourd’hui à la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire, binational et multiethnique, c’est-à-dire l’outil essentiel pour une révolution socialiste. Pour nos camarades ici, ces tâches vont de pair avec la construction de sections communistes fortes à l’international et qui luttent pour reforger la Quatrième Internationale.