Supplément au Bolchévik nº 230

24 janvier 2020

 

Le réformisme de LO en action dans la grève

Lutte ouvrière, qui veut faire croire qu’elle seule se réclame de la classe ouvrière et du communisme, s’est en fait distinguée par ses positions droitières. Avant le début de la grève, LO avait publié dans Lutte de classe (novembre) des articles historiques sur les retraites en France dont une idée force, c’était que les patrons les avaient concédées parce que « cela ne coûtait rien aux capitalistes » ! Autant dire aux travailleurs que l’attaque contre les retraites ne vaut pas la peine d’être combattue !

Mais ensuite, dès que la lutte a éclaté, LO a dénoncé comme « corporatiste » toute revendication autre que la question des retraites. Elle cherche ainsi à restreindre la lutte au cadre économique le plus strict. Lénine, pourtant, insistait que la conscience syndicale est une conscience bourgeoise, car elle demeure dans le cadre prescrit par l’acceptation du règne du capital sur le travail. Cette étroitesse de LO équivaut à une trahison des intérêts du prolétariat.

À la gare du Nord à Paris, LO s’est opposée à la proposition de remettre sur le tapis l’abolition du statut qui va créer des divisions supplémentaires entre cheminots au statut et nouveaux embauchés. Elle s’est opposée aussi à une proposition d’accroître la focalisation sur les droits des femmes, alors qu’elles sont la première cible de l’attaque contre les retraites. Pour LO, il faut restreindre la lutte au plus petit dénominateur commun, le retrait du projet de loi sur les retraites, car tout le reste pourrait être diviseur.

Le grand dada de LO, c’est les comités de grève, qui soi-disant permettent aux travailleurs de décider démocratiquement au lieu de se faire avoir par les chefs des syndicats. En fait ces comités, de l’aveu même de LO (Lutte de classe, décembre-janvier), « sont pour l’heure, en réalité, davantage des comités d’organisation de la grève que des directions de la grève à proprement parler ». Les comités de grève de LO servent à cacher le fait que la vraie direction de la grève, c’est la direction de la CGT, de l’UNSA et de SUD, et LO en fait partie aux échelons inférieurs.

Parlons du genre d’« organisation de la grève » que font ces comités. Dans le premier numéro de Lutte Ouvrière (13 décembre) sorti après le début de la grève, on peut lire qu’au dépôt de bus de Lagny, porte de Vincennes, « le comité de grève, élu jeudi 5 décembre, avait décidé d’appeler à une réunion commune de grévistes et de non-grévistes. Cela a été l’occasion de constater que tout le monde rejette la réforme en bloc, même si certains travailleurs calculent leurs jours de grève pour ne pas perdre trop d’argent. » Autrement dit, le comité de grève de LO sert à effacer la ligne de classe entre grévistes et jaunes.

Dans le même numéro de son journal, LO avait un article qui présentait les flics comme des travailleurs. LO déplore que « vingt-cinq gendarmes et policiers sont morts en mission en 2018, sans compter les suicides. Le danger du métier est sans doute réel ». Et LO suggère que le gouvernement pourrait « conclure que tous les travailleurs devraient bénéficier des mêmes droits à la retraite que les policiers ». Ce sont les flics qui sont dangereux pour les travailleurs et les opprimés, surtout si ceux-ci ont la peau foncée et/ou peuvent donner à penser par leur apparence qu’ils sont musulmans ! Ce sont les flics qui attaquent les piquets de grève, que ce soit devant les dépôts de bus ou à la déchetterie de Vitry le 13 janvier. Ce ne sont pas des travailleurs et ils ne devraient pas être acceptés dans les syndicats, ni non plus les flics ferroviaires de la SUGE, les matons, les douaniers et les vigiles. Ils constituent le cœur de l’État bourgeois.

LO efface au contraire la ligne de classe entre le prolétariat et les chiens de garde du capital, qui disposent du monopole légal de la force armée pour garantir le maintien de l’ordre capitaliste. LO est, sur ce point, à droite des milliers de manifestants qui scandent régulièrement « Tout le monde déteste la police ». Le problème, c’est de passer de cette impulsion élémentaire à la compréhension qu’il faut lutter pour que la classe ouvrière constitue ses propres organes de pouvoir – des conseils ouvriers, avec leurs gardes rouges – qui détruiront l’État capitaliste par une révolution ouvrière et instaureront le pouvoir ouvrier. Pour cela, il faut l’intervention d’un parti léniniste d’avant-garde qui explique la nature de l’État capitaliste et cherche à mobiliser les travailleurs et les opprimés pour défendre toutes les victimes de la police et de la justice capitaliste, et indiquer la voie vers la révolution socialiste.