Le Bolchévik nº 229 |
Septembre 2019 |
Autodétermination pour le Cachemire !
Troupes indiennes, hors de la vallée du Cachemire !
Le 5 août, le gouvernement chauvin hindou de Narendra Modi a délibérément intensifié une guerre contre le Cachemire qui dure depuis plusieurs décennies : soudainement, et sans avoir pris la peine d’avertir les Cachemiris, il a dissous le parlement local et dépouillé le Cachemire de l’autonomie limitée dont il bénéficiait depuis 1948. Les semaines précédentes, le gouvernement indien avait envoyé plus de 40 000 soldats dans la vallée du Cachemire pour renforcer les 500 000 déjà présents là-bas, y compris la Force de police de réserve centrale. Les musulmans cachemiris opprimés, qui habitent principalement dans la vallée, vivent sous la domination implacable de cette énorme armée d’occupation dans l’une des zones les plus militarisées du monde.
Depuis plus d’une semaine, la vallée du Cachemire et sa ville principale, Srinagar, sont complètement bouclées et isolées, les communications par téléphone portable et internet étant coupées. Malgré le black-out quasi-total des informations, on parle de soldats qui auraient tiré à balles réelles et utilisé des gaz lacrymogènes contre des manifestants qui avaient courageusement bravé le couvre-feu. Un nombre incalculable de musulmans du Cachemire ont été arrêtés et détenus, dont des personnalités politiques. Libération de toutes les victimes de la répression indienne au Cachemire!
En tant que léninistes, nous, Ligue communiste internationale, défendons le droit à l’autodétermination du Cachemire, y compris l’indépendance. Depuis 1989, l’armée indienne a massacré plus de 80 000 Cachemiris et elle soumet la population à une terreur constante. Il y a eu environ 8 000 « disparitions forcées », comme les appellent les Cachemiris, et desquelles l’État dit ne pas savoir où se trouvent les victimes. L’armée est connue pour ses exactions atroces, y compris des viols en masse. Nous exigeons sans équivoque le retrait de toutes les troupes indiennes de la vallée du Cachemire!
Nous nous opposons également à l’abrogation des articles 370 et 35A [de la constitution indienne], qui définissaient l’autonomie limitée de l’État du Jammu-et-Cachemire. Ces articles comprenaient une disposition interdisant la vente de terres à des résidents autres que ceux du Cachemire, et un article définissant qui était résident permanent. Ces articles permettaient à l’État du Jammu-et-Cachemire de contrôler ses frontières et d’empêcher le déplacement forcé de musulmans. La suppression de ces mesures – une promesse de longue date de Modi – est destinée à ouvrir les vannes à une colonisation à l’israélienne de la vallée par les Pandits hindous-brahmanes, et elle sera sans doute accompagnée d’une intensification de la violence intercommunautaire meurtrière contre les musulmans.
Cette attaque du gouvernement Modi contre le Cachemire a exacerbé les tensions avec le Pakistan, pays contre lequel l’Inde a déjà mené trois guerres pour le contrôle de ce territoire. L’hostilité entre les deux pays, qui attise les flammes du conflit intercommunautaire entre hindous et musulmans, est l’héritage empoisonné de la politique coloniale britannique de « diviser pour régner », qui a abouti en 1947 à la partition du sous-continent indien avec des massacres intercommunautaires à grande échelle. À la suite de la partition, un tiers du Cachemire est allé au Pakistan. Presque tout le reste, y compris la vallée du Cachemire, le district de Jammu majoritairement hindou et la région bouddhiste du Ladakh, est allé à l’Inde, qui a brandi la carotte de l’autonomie et le bâton de sa force militaire.
Que le gouvernement soit dirigé par le parti du Congrès ou par le Bharatiya Janata Party de Modi, le régime capitaliste indien repose sur la domination des chauvins hindous et des castes supérieures, avec une violente répression au Cachemire, le seul État à majorité musulmane. Le Pakistan, à l’instar de l’Inde, est une « prison des peuples », dominée par les Pendjabis qui oppriment des nationalités comme les Baloutches. Les femmes sont brutalement opprimées dans toute cette région du monde. L’Inde et le Pakistan sont tous les deux dépendants des puissances impérialistes ; les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres pays capitalistes avancés tirent d’énormes profits de l’exploitation des masses laborieuses dans le sous-continent indien et ailleurs dans le monde.
Pour en finir avec les monstrueuses injustices subies par le Cachemire, il faut forger un parti d’avant-garde prolétarien en Inde, un parti qui fera le lien entre la lutte pour la libération nationale et le combat révolutionnaire de la classe ouvrière contre l’exploitation capitaliste. Composé et dirigé en grande partie par des dalits, des femmes, des militants issus des minorités nationales et ethniques et d’autres couches particulièrement opprimées, un tel parti fera prendre conscience au prolétariat que la lutte contre toutes les formes d’oppression, en particulier l’oppression de caste, est dans l’intérêt de la classe ouvrière tout entière. La LCI a pour objectif de construire des partis léninistes-trotskystes, sections d’une Quatrième Internationale reforgée, et déterminés à lutter pour la révolution prolétarienne, de l’Inde et du Pakistan jusqu’aux centres impérialistes.
– Secrétariat international de la Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste), 14 août