Le Bolchévik nº 228 |
Juin 2019 |
La lutte pour la continuité révolutionnaire
Les idées du marxisme révolutionnaire n’existent pas dans l’abstrait : ce sont des générations successives de militants révolutionnaires qui les portent. Jim Robertson, le fondateur de notre tendance internationale, a consacré une grande énergie à la formation d’une nouvelle couche de militants communistes. On retrouve ce souci essentiel dans les citations suivantes de Trotsky, qui avait dirigé la Révolution russe d’octobre 1917 avec Lénine, et de James P. Cannon, le dirigeant fondateur du trotskysme américain. La Ligue communiste internationale cherche à préserver et développer la tradition prolétarienne, révolutionnaire et internationaliste de nos prédécesseurs marxistes en luttant pour reforger la Quatrième Internationale, l’instrument indispensable pour conduire la classe ouvrière au pouvoir dans le monde entier.
Je crois que le travail que je fais en ce moment – malgré tout ce qu’il a d’extrêmement insuffisant et fragmentaire – est le travail le plus important de ma vie, plus important que 1917, plus important que l’époque de la guerre civile, etc.
Pour être clair je dirai ceci. Si je n’avais pas été là en 1917, à Pétersbourg, la révolution d’Octobre se serait produite – conditionnée par la présence et la direction de Lénine. […]
Ainsi je ne peux pas dire que mon travail ait été « irremplaçable », même en ce qui concerne la période 1917-1921. Tandis que ce que je fais maintenant est dans le plein sens du mot « irremplaçable ». Il n’y a pas dans cette affirmation la moindre vanité. L’effondrement de deux Internationales a posé un problème qu’aucun des chefs de ces Internationales n’est le moins du monde apte à traiter. Les particularités de mon destin personnel m’ont placé face à ce problème, armé de pied en cap d’une sérieuse expérience. Munir d’une méthode révolutionnaire la nouvelle génération, par-dessus la tête des chefs de la Deuxième et de la Troisième Internationale, c’est une tâche qui n’a pas, hormis moi, d’homme capable de la remplir. Et je suis pleinement d’accord avec Lénine (ou plutôt avec Tourguéniev) que le plus grand vice est d’avoir plus de cinquante-cinq ans. Il me faut encore au moins cinq ans de travail ininterrompu pour assurer la transmission de l’héritage.
– Léon Trotsky, Journal d’exil (25 mars 1935)
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Je me souviens de ce que Trotsky avait écrit dans son Journal d’exil. Il était alors en Norvège, avec les mains liées ; il n’était pas en bonne santé et il avait 55 ans […]. Il disait : Il faut que je vive encore cinq ans pour préparer la succession. J’ai souvent pensé à ces mots, et que c’est le devoir suprême des dirigeants – de préparer leur succession. Et certains d’entre nous s’en sont occupés consciemment, moi en particulier. Un seul homme ne peut pas tout faire, contrairement à ce que pensent pas mal de cinglés. Un homme ne peut pas vivre éternellement et sa principale contribution, c’est de préparer d’autres à prendre la relève.
– James P. Cannon, Interview avec Harry Ring (13 février 1974)