Le Bolchévik nº 226 |
Décembre 2018 |
Levée immédiate des poursuites contre les étudiants de Nanterre !
Nous reproduisons ci-après un tract publié par la LTF le 22 septembre dernier dans le cadre des mobilisations contre la chasse aux sorcières du président de l’université de Nanterre et du gouvernement visant les jeunes en lutte contre la loi ParcourSup. Le 17 octobre, le tribunal de Nanterre a scandaleusement condamné l’un des jeunes,Roga, à 6 mois de prison ferme et Victor, étudiant sur la fac, à 4 mois avec sursis. Ils ont fait appel du jugement et la lutte se poursuit pour exiger la levée immédiate des poursuites contre Roga et Victor.
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22 septembre - La Ligue trotskyste de France condamne les scandaleuses poursuites judiciaires contre trois étudiants de Nanterre suite à l’attaque brutale de l’université par les flics le 9 avril. Tous trois ont été ciblés spécifiquement par l’Etat parce qu’ils sont des militants. Nous exigeons la levée immédiate des poursuites, de même que de celles visant d’autres étudiants (dont certains de Nanterre) qui passeront en jugement le 4 décembre suite à la descente de police au lycée Arago le 22 mai.
Les images vidéo montrent des CRS frappant, aspergeant de gaz lacrymogène et traînant au sol des étudiants hors du campus de Nanterre le 9 avril, mais ce sont les étudiants qui sont poursuivis par l’Etat pour de prétendues violences contre leurs agresseurs. Lors de l’audience, le procureur a exigé des peines allant de quatre mois de prison avec sursis à six mois ferme. Le jugement sera rendu le 17 octobre, une date symbole de répression : c’est l’anniversaire du massacre en 1961 par les flics de deux cents manifestants algériens à Paris.
Le jour même où les CRS saccageaient le campus de Nanterre à la demande de Balaudé, président de l'université, Macron et compagnie ont aussi envoyé les CRS contre les étudiants et des cheminots sur le campus de Lille 2. Ils protestaient contre ParcourSup qui aggrave la sélection sociale et raciste. Pour les capitalistes au pouvoir, l’enseignement supérieur a pour raison d’être d’assurer une éducation de qualité à leurs enfants et de former les cadres nécessaires à l'administration du système capitaliste. En ce qui concerne la classe ouvrière et les pauvres, les capitalistes cherchent à ne dépenser pour leur éducation que ce qu’ils escomptent en récupérer en bénéfices dans leurs entreprises. A bas la loi ORE ! A bas ParcourSup ! Pour un enseignement supérieur de qualité accessible à tous, gratuitement, avec ou sans le bac, et avec des bourses suffisantes!
Ces mesures [de Macron], qui font suite à la loi Pécresse de 2007 et à la loi Fioraso de Hollande, s’inspirent du « processus de Bologne », une directive de l’Union européenne mise en place par le gouvernement Jospin favorisant l’ouverture de l’enseignement supérieur à la privatisation. Le PCF et Mélenchon (aujourd’hui un populiste bourgeois) ont loyalement servi dans le gouvernement de « Gauche plurielle » de Jospin.
Le mouvement ouvrier doit aussi faire sienne la défense des syndicalistes cheminots poursuivis aujourd’hui suite à leur grève de trois mois. Cette lutte était le contexte pour la répression brutale exercée par l'Etat contre les étudiants de Nanterre en avril: Macron et ses maîtres bourgeois craignaient que la protestation étudiante ne déclenche une lutte sociale plus large, enhardissant les autres secteurs de la classe ouvrière à rejoindre les cheminots qui venaient de partir en grève et à repousser les plans du gouvernement pour miner davantage les syndicats. En raison de sa position centrale dans la production sociale transports, industrie et services la classe ouvrière a le pouvoir et l’intérêt de frapper le système de profit de la bourgeoisie et de prendre la tête des exploités et des opprimés dans la lutte contre les capitalistes.
Alors que Macron cherchait à éradiquer le spectre de Mai 68, la répression policière et les provocations fascistes du printemps ne font que souligner le fait que l’Etat bourgeois a pour rôle de défendre le système capitaliste de la propriété privée. Garantir le droit de tous à une éducation de qualité, à des soins de santé, à un emploi et un logement décents, deviendra possible lorsque la classe ouvrière aura saisi les usines, les banques et les services essentiels et les aura placés sous le contrôle des travailleurs. Ce qu’il fallait en Mai 68, et ce que nous cherchons à construire aujourd’hui, c’est un parti ouvrier révolutionnaire qui se batte pour mobiliser les travailleurs et les opprimés, indépendamment de tous les partis bourgeois, dans la lutte pour une révolution socialiste.