Le Bolchévik nº 225 |
Septembre 2018 |
Populistes bourgeois de la FI et réformistes du PCF: unis derrière la police républicains
L’Etat capitaliste, y compris les flics, les tribunaux, le système carcéral, est là pour défendre la propriété privée et l’ordre bourgeois : on ne peut pas le réformer, il faut le renverser par la révolution socialiste. Gouvernement après gouvernement, de droite ou « de gauche », l’arsenal à disposition des flics est renforcé face à la classe ouvrière et aux opprimés. Parmi les premières mesures de Macron, avant d’entamer l’épreuve de force avec les cheminots, figurait la transposition de la plupart des mesures de l’état d’urgence, décrété sous Hollande, dans la législation « ordinaire ». La terreur policière contre les manifestations ouvrières est devenue une routine pendant l’état d’urgence et grâce à lui.
Au passage, Macron a grandement facilité l’usage des armes à feu par les flics, qui a déjà augmenté de plus de 50 %. Pratiquement pas un mois sans au moins une victime mortelle. Aboubakar Fofana a été tué à bout portant par un flic à Nantes le 3 juillet, comme quelques jours plus tard Romain Lambert, abattu en plein Paris dans la nuit du 14 au 15 août.
A bas la guerre raciste « contre le terrorisme » !
Cela montre combien la « guerre contre le terrorisme » vise en fait moins quelques terroristes islamistes criminels que l’ensemble de la classe ouvrière et des opprimés. C’est pourquoi le mouvement ouvrier doit s’opposer à ces campagnes racistes qui stigmatisent la population musulmane (ou réputée telle à cause de la couleur de sa peau ou de son nom) pour mieux diviser la classe ouvrière. Elle doit s’opposer à la ségrégation raciste qui se renforce dans l’enseignement (voir « Parcoursup ») et dans le logement (voir les plans de Macron pour livrer les HLM aux spéculateurs fonciers).
La discrimination raciste au travail va de l’embauche aux salaires et aux conditions de travail ainsi qu’à la formation professionnelle (confiée par la dernière loi de Macron aux « chambres de commerce » capitalistes). Même à la retraite, les travailleurs sont discriminés selon leur origine, comme l’a montré le scandale des chibanis à la SNCF.
Le système capitaliste est raciste de façon inhérente. C’est pourquoi nous mettons en garde contre les réformistes qui prêchent les illusions dans l’Etat, sa justice et plus généralement son appareil répressif. Le PCF s’est encore pendant l’été livré à une défense en règle de la police républicaine à propos de l’affaire Benalla, une petite barbouze de Macron prise en flagrant délit de tabassage policier le Premier Mai, aux alentours de la manifestation des travailleurs. Le député PCF Stéphane Peu a ainsi demandé l’audition des « syndicats policiers » et s’est plaint que des flics aient eu à se subordonner à des « positions de commandement » d’un Benalla non habilité (l’Humanité, 25 juillet). Les flics ne sont pas des « travailleurs en uniforme » flics, matons, vigiles, hors des syndicats !
Militants du PCF : Rompez avec le mélenchonisme et le front populaire !
Les déclarations du PCF sur Benalla ont ouvert un boulevard pour une surenchère républicaine des populistes bourgeois de la France insoumise mélenchoniste. Son député Ugo Bernalicis a protesté contre « le message d’impunité » diffusé par cette affaire (« tout le monde fait ce qu’il veut dans ce pays ? ») et il a insisté qu’« il faut remettre de l’ordre républicain dans cet Etat de droit ». Les discours contre « l’impunité » (on comprend : des jeunes de banlieue) et pour le rétablissement de l’ordre, on les entend d’habitude du côté des populistes fascisants du « Rassemblement national » lepéniste, mais les populistes mélenchonistes veulent se faire un nom sur ce créneau également. Déjà pendant la campagne présidentielle, Mélenchon s’était positionné en concurrent du FN pour le vote des flics.
En soi ce n’est pas surprenant pour un parti bourgeois comme la France insoumise. Le scandale, c’est que la direction du PCF ait la même passion républicaine pour la police. Depuis 1935 et son acceptation, à la suite de Staline, de la défense nationale française, le PCF s’est fait un pilier de l’ordre bourgeois, de son armée et de sa police.
De plus, la direction du PCF accepte, même si c’est à contrecur, le leadership de la FI sur la « gauche » : le PCF a fait campagne pour Mélenchon l’année dernière et il s’est rallié à la « marée populaire » mélenchoniste du 26 mai en pleine grève des cheminots. L’unité derrière le chauvin antiallemand Mélenchon est incompatible avec l’unité des cheminots français et allemands contre la privatisation du rail dans toute l’Europe !
Nombre de militants du PCF sont écurés par ce suivisme de leur direction derrière un démagogue qui a rompu depuis longtemps les ponts avec le mouvement ouvrier (et qui est resté tout aussi anticommuniste que lorsqu’il était ponte au PS). Mais le problème ne date pas de Mélenchon. C’est depuis les années 1930 que le PCF adhère au « front populaire », ce type d’alliance avec des partis bourgeois « antifascistes », « résistants », « écologiques » ou maintenant ouvertement populistes par laquelle le PCF se subordonne à la bourgeoisie et lui garantit qu’il défendra loyalement l’ordre capitaliste. C’est au nom du front populaire que le PCF a trahi des occasions révolutionnaires exceptionnelles, Juin 36, la Libération ou Mai 68.
Au fil des décennies, le front populaire est devenu de plus en plus droitier et le rôle du PCF de plus en plus marginal, mais le mécanisme est resté fondamentalement le même. Il faut rompre avec la collaboration de classe, et revenir à la perspective de Lénine qui, lui, avait lutté contre tout soutien au « front populaire » de 1917, le Gouvernement provisoire capitaliste, pour mener la classe ouvrière de Russie à la victoire en Octobre. Ce combat de Lénine, c’est Trotsky qui l’a poursuivi ensuite, fondant la Quatrième Internationale en 1938 après la trahison ignominieuse du KPD allemand qui avait laissé Hitler prendre le pouvoir pratiquement sans combat. Notre combat aujourd’hui, c’est de reforger la Quatrième Internationale. Pour un parti ouvrier léniniste d’avant-garde, tribun de tous les opprimés ! Pour de nouvelles révolutions d’Octobre !