Le Bolchévik nº 221 |
septembre 2017 |
Cinquante ans d'occupation
Les Palestiniens sous la botte d'Israël
Pour une fédération socialiste du Proche-Orient !
L’article ci-dessous a été traduit de Workers Vanguard n° 1114, 30 juin.
* * *
La première colonie sioniste en Cisjordanie occupée était opérationnelle quelques mois à peine après la guerre des Six Jours de 1967 et la saisie par Israël des terres arabes palestiniennes de Cisjordanie et de Gaza (ainsi que du plateau du Golan syrien). Cinquante ans plus tard, le nombre de colons dépasse les 750 000. La soi-disant « ligne verte », la frontière israélienne d’avant 1967, a depuis été remplacée par un « mur de séparation » en béton érigé sur des terres arabes confisquées. Plus de deux millions et demi de Palestiniens luttent pour survivre entre ce monstrueux mur de ghetto et le Jourdain. Presque tous sont entassés dans 40 % de la Cisjordanie, entourés de postes de contrôle militaires et de fortifications ; ils sont séparés entre eux par des routes réservées aux Juifs et subissent des brutalités incessantes de la part des soldats et des colons fascisants.
Deux millions d’autres Palestiniens sont confinés dans l’enfer de la minuscule bande de Gaza. Ayant retiré en 2005 sa petite population de colons, Israël a transformé Gaza en champ de tir où son armée se livre impunément à des massacres répétés, qui servent de punition collective contre la population de Gaza punition pour la victoire électorale des islamistes du Hamas en 2006 face au Fatah de Mahmoud Abbas, qui conserve le contrôle de l’Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie. Israël maintient un blocus draconien avec l’aide de l’Egypte et s’assure que la population reste totalement démunie, dépendante de l’aide internationale et sans aucun moyen de reconstruire les habitations et les infrastructures détruites par les bombardements.
Encouragé par la Maison Blanche de Trump, le gouvernement israélien, le plus à droite de toute l’histoire d’Israël, resserre maintenant encore davantage l’étau sur les populations palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie. Début juin, il a coupé brutalement l’électricité aux habitants de Gaza, qui n’ont plus aujourd’hui que deux à quatre heures de courant par jour. Cette coupure électrique aurait été demandée par l’Autorité palestinienne d’Abbas pour affaiblir le Hamas. Cette trahison de l’AP contre le peuple palestinien n’est que la dernière en date d’une longue série ; l’AP est méprisée et considérée avec raison comme le garde-chiourme des sionistes en Cisjordanie. Sa faillite politique a jeté de nombreux Palestiniens dans les bras du Hamas, une organisation réactionnaire anti-femmes et antijuive.
A la veille de la visite en Israël de l’« envoyé spécial pour la paix » (et gendre de Trump) Jared Kushner, le gouvernement Nétanyahou a annoncé sans sourciller qu’il lancerait la construction d’une nouvelle colonie près de Ramallah, une première depuis 25 ans. Le gouvernement israélien usait dans le passé d’un euphémisme, qualifiant d’« extension » de colonies existantes la construction massive de nouvelles colonies. Il renonce maintenant même à cette mince couverture. Bas les pattes devant Gaza ! A bas le blocus de famine ! Troupes israéliennes et colons hors des territoires occupés !
Dans la mémoire collective des masses palestiniennes, la conquête de 1967 rivalise maintenant avec la Nakba, la Catastrophe de 1948, lors de laquelle 80 % des Palestiniens furent chassés de ce qui devint alors l’Etat d’Israël. La dépossession jusqu’à ce jour du peuple palestinien nourrit depuis des décennies la résistance nationale et provoque la sympathie et la solidarité de milliers et de milliers de militants dans le monde entier. Cependant, ce qui manque aux Palestiniens et à leurs partisans, c’est une stratégie qui réponde à la cause profonde de l’oppression des Palestiniens.
La nation arabe palestinienne et la nation juive israélienne revendiquent toutes deux le même bout de territoire au Proche-Orient. Sous le système capitaliste de profit où règne la loi de la jungle, cela signifie forcément que l’une des nations domine et que l’autre est dominée. Pour garantir le droit des deux peuples à une existence nationale, la domination de classe capitaliste doit être renversée dans toute la région. Il y a une voie pour l’émancipation des Palestiniens, tant de ceux vivant en Israël et dans les territoires occupés que des millions d’autres vivant dans des camps de réfugiés sordides au Liban, en Jordanie et ailleurs : c’est la lutte pour forger des partis prolétariens révolutionnaires qui pourront diriger les travailleurs et tous les exploités et opprimés dans des révolutions socialistes victorieuses. Ce n’est que par la création d’une économie collectivisée et planifiée dans une fédération socialiste du Proche-Orient qu’on pourra résoudre équitablement les conflits pour la terre et l’eau, et que les langues, religions et cultures seront mises sur un pied d’égalité.
Nous écrivions dans « “Intifada” : un an de soulèvement palestinien » (le Bolchévik n° 90, février 1989) :
« Il peut y avoir une place une place entière pour les Juifs, les Arabes, les Druzes, les Bédouins, les Kurdes, pour tous les peuples qui composent le patchwork national et religieux du Moyen-Orient. Mais pour qu’il en soit ainsi, les classes possédantes doivent être écrasées. Alors, les travailleurs pourront avec une confiance retrouvée imposer leur domination sur une nouvelle société égalitaire, respectant profondément ses différentes composantes nationales. »
Résistance et trahison
Pendant longtemps, les nationalistes petits-bourgeois de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont la fraction dirigeante est le Fatah, se sont tournés vers les monarques arabes, les cheikhs et les dictateurs pour « libérer » la Palestine. Ce ne fut jamais qu’un rêve chimérique. Les dirigeants bourgeois arabes ne sont pas moins des ennemis de la libération nationale des Palestiniens que les oppresseurs sionistes. Lors du massacre de Septembre noir en 1970, environ 10 000 Palestiniens furent massacrés en Jordanie sur ordre du roi hachémite Hussein, avec l’assentiment du président égyptien, et idole du nationalisme arabe, Gamal Abdel Nasser.
Dans les guerres qui eurent lieu entre Israël et les Etats arabes, l’émancipation des Palestiniens n’a jamais été à l’ordre du jour. Cela fut vrai tant en 1967 que dans les guerres de 1948 et 1973, où les régimes bourgeois arabes tentèrent de mettre la main sur autant de terres palestiniennes que possible. Dans ces guerres, les marxistes révolutionnaires les trotskystes appelaient les travailleurs juifs et arabes à retourner les fusils contre leurs propres exploiteurs capitalistes. (Par contre il fallait en 1956 défendre l’Egypte contre l’attaque des impérialistes britanniques et français, à laquelle se joignit Israël.)
Le manque d’empressement évident des bourgeoisies arabes à défendre les Palestiniens a conduit l’OLP à mendier directement aux pieds des impérialistes, et ce, de plus en plus ouvertement. Depuis des années, les impérialistes et les régimes bourgeois arabes à leur solde cherchent à consoler et à réduire au silence les Palestiniens avec quantité de résolutions de l’ONU et de multiples plans de « paix » qui promettent une « solution à deux Etats » bidon à leur oppression. Il y a deux ans, le président de l’AP, Mahmoud Abbas, a fait pour la première fois hisser un drapeau palestinien devant le siège des Nations unies à New York. Ce geste futile était une parfaite expression de la faillite de cette stratégie de confiance dans les impérialistes poursuivie par l’OLP.
Ce sont les impérialistes français et britanniques qui ont dépecé le Proche-Orient à la fin de la Première Guerre mondiale. C’est l’ONU qui a effectué la partition de la Palestine en 1947. Aujourd’hui les impérialistes, et au premier chef les Etats-Unis, fournissent des milliards d’aide économique et militaire à Israël tout en dévastant d’autres pays dans la région : l’Irak, la Libye, la Syrie. Depuis le mois de mars dernier, des centaines de civils sont tués chaque mois par la coalition dirigée par les Etats-Unis en Irak et en Syrie. Etats-Unis, hors du Proche-Orient ! A bas l’aide américaine à Israël !
Après avoir pendant des années participé à de futiles « négociations de paix » tout en courbant l’échine devant l’oppresseur sioniste, Abbas et l’Autorité palestinienne sont profondément discrédités. Diana Buttu, qui a participé pendant des années aux « négociations » avec Israël du côté de l’AP, expliquait dans une tribune libre publiée dans le New York Times (27 mai) que beaucoup de Palestiniens considèrent maintenant l’AP comme « simplement un outil de contrôle pour Israël et la communauté internationale ». Une grève de la faim a été déclenchée en avril par des prisonniers politiques palestiniens dans les geôles israéliennes ; elle était dirigée par Marwan Barghouti, rival d’Abbas et lui-même prisonnier. Le chef de l’AP a à peine fait semblant de les soutenir. Finalement, après 40 jours de grève, les prisonniers ont réussi à arracher quelques modestes concessions à leurs geôliers sionistes. Plus récemment, Abbas a réduit drastiquement les salaires des anciens employés de l’AP à Gaza, supprimant ainsi une source de revenus vitale pour la population assiégée.
Les accords d’Oslo, parrainés par les Etats-Unis, ont été signés en 1993 par le chef de l’OLP d’alors, Yasser Arafat. Ces accords, qui établissaient l’AP, ont été alors acclamés non seulement par les gouvernements capitalistes, mais aussi par des groupes socialistes réformistes partout dans le monde. A l’opposé, nous autres marxistes avons déclaré que cet accord « n’offre même pas l’expression la plus déformée de l’autodétermination » et qu’il « apposerait le sceau de l’OLP sur l’oppression nationale des masses arabes palestiniennes, opprimées depuis si longtemps » (« Accord Israël-OLP pour un ghetto palestinien », le Bolchévik n° 125, novembre-décembre 1993). Nous ajoutions que « l’essence de cet accord, c’est qu’en échange de la reconnaissance formelle de son existence par Israël et de promesses de subsides impérialistes et d’argent du pétrole, l’OLP prendra en charge le contrôle policier des masses palestiniennes ».
L’accord Israël-OLP était, de façon très directe, la trahison de la mobilisation la plus massive et la plus intense qu’aient connue les masses palestiniennes. La première intifada, déclenchée en décembre 1987, avait galvanisé la société palestinienne et ébranlé Israël. Des comités populaires avaient pris le contrôle de la vie économique, sociale et politique en Cisjordanie et à Gaza. Les femmes étaient à la pointe de cette lutte. La direction de l’OLP fit tout pour contenir cette explosion de colère populaire, tout en l’utilisant pour faire pression sur les dirigeants arabes et les maîtres impérialistes afin qu’ils poussent Israël à accepter un mini-Etat palestinien dans les territoires occupés. En même temps, l’effondrement de l’Union soviétique en 1991-1992 a privé d’un soutien clé l’OLP et les régimes capitalistes arabes « radicaux ». Le résultat a été Oslo.
La juridiction de l’AP ne s’étend dans les faits que sur 18 % de la Cisjordanie. Le reste est entièrement ou dans une grande mesure sous le contrôle d’Israël. Les colons sont plus nombreux que les Palestiniens sur plus de 60 % du territoire. Un nombre croissant de porte-parole palestiniens, y compris Buttu et Ali Abunimah de la publication en ligne Electronic Intifada, reconnaissent aujourd’hui que la « solution à deux Etats » est morte et enterrée.
Ces gens-là sont maintenant partisans d’une « solution à un seul Etat ». Quand elle était avancée par des nationalistes radicaux et leurs parasites de gauche dans les années 1960 et 1970, la revendication d’une « Palestine démocratique et laïque » était l’expression d’une hostilité aux droits nationaux des Juifs israéliens, qui étaient considérés comme une « population de colons » et un « avant-poste de l’impérialisme ». Cette façon de voir ne pouvait que pousser davantage les travailleurs juifs dans les bras du chauvinisme sioniste.
Aujourd’hui, appeler à une « solution à un seul Etat » c’est simplement accepter le statu quo sioniste. Appeler Israël à donner des droits démocratiques égaux aux millions de Palestiniens des territoires occupés revient au fond à exiger d’Israël qu’il cesse d’être Israël, c’est-à-dire un Etat sioniste.
La dernière riposte en date du régime Nétanyahou contre l’idée de « droits égaux dans un seul Etat », c’est la loi qui maintenant fait son chemin à la Knesset (parlement) ; elle vise à dépouiller la langue arabe de son statut formel de langue officielle au côté de l’hébreu, et à graver dans le marbre le fait que le droit d’autodétermination en Israël concerne « uniquement le peuple juif ». Ce projet de loi est une attaque de plus contre les droits nationaux et linguistiques de la minorité palestinienne en Israël. En même temps, il suffit de jeter un coup d’il à la condition sociale de ces Palestiniens pour voir qu’il s’agit en grande partie d’une codification de la réalité existante.
La société israélienne est profondément ségrégée : les Juifs et les Arabes fréquentent des écoles différentes, vivent dans des villes différentes et sont même séparés dans les maternités des hôpitaux. Un article du Times of Israel (13 janvier 2016) faisait remarquer que « bien que les Arabes représentent près de 20 % des citoyens israéliens, la métropole de Tel Aviv, la plus grande d’Israël, est à près de 95 % juive ». Il ajoutait : « Huit des dix villes les plus pauvres d’Israël sont arabes. » Le salaire moyen des Arabes palestiniens est de 30 % inférieur à celui des Juifs. Le budget alloué par élève aux écoles arabes représente un cinquième de celui dont bénéficient les écoles juives. On pourrait multiplier les statistiques de ce genre.
L’oppression des Palestiniens, y compris ceux qui sont citoyens d’Israël, n’est pas simplement le fait d’une politique décidée par une série de gouvernements israéliens ouvertement chauvins et réactionnaires : c’est la logique inexorable du sionisme. Ceux qui dirigent Israël ne cherchent pas à exploiter les Palestiniens mais à les déplacer. Jusqu’aux années 1990, les Palestiniens des territoires occupés faisaient partie de la classe ouvrière d’Israël, tout en étant confinés, dans leur grande majorité, aux emplois les plus pénibles et les plus mal payés. Mais, après les accords d’Oslo, la bourgeoisie israélienne a remplacé beaucoup de ces travailleurs palestiniens par des travailleurs migrants horriblement opprimés et exploités originaires d’Afrique, d’Asie et d’Europe de l’Est.
Les fondateurs du mouvement sioniste avaient cherché dès le début à déposséder la population arabe autochtone, de façon à se tailler un « foyer national pour le peuple juif ». C’est le Troisième Reich de Hitler et l’Holocauste qui ont permis aux sionistes de réaliser leur rêve réactionnaire. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne refusèrent l’entrée aux réfugiés juifs qui fuyaient l’horreur nazie, tant avant la Deuxième Guerre mondiale qu’après. A la place, ceux-ci furent poussés vers la Palestine.
Révolution ouvrière contre moralisme libéral
Israël, renforcé par les milliards de dollars d’aide américaine qu’il reçoit chaque année, est la puissance militaire prééminente au Proche-Orient et le seul Etat, dans la région, disposant de l’arme nucléaire. A la veille de la guerre de 1967, Israël avait un plan pour faire exploser une bombe nucléaire de « démonstration » sur une montagne près d’une base militaire égyptienne dans la péninsule du Sinaï, au cas où son offensive échouerait. Les dirigeants sionistes ne sont pas près de se laisser convaincre par des arguments moraux qu’il faudrait partager le pouvoir avec les Arabes palestiniens. Diana Buttu fait observer que, lorsque les négociateurs de l’OLP avaient signalé à leurs homologues israéliens que les colonies étaient illégales, « les négociateurs israéliens nous ont ri au nez. Le pouvoir est tout, disaient-ils, et vous n’en avez aucun. » Et cela ne va pas changer avec le mouvement libéral Boycott désinvestissement sanctions (BDS) que soutiennent de nombreux militants palestiniens et pseudo-socialistes.
Une déclaration du Comité national BDS publiée sur le site internet Electronic Intifada « appelle les personnes qui ont une conscience dans le monde entier à intensifier encore la campagne BDS pour mettre fin aux liens de complicité universitaires, culturels, sportifs, militaires et économiques avec le régime d’occupation israélien ». Le boycott universitaire et culturel ne sert qu’à isoler davantage les opposants à l’occupation sioniste à l’intérieur d’Israël. Nous soutiendrions des actions syndicales limitées dans le temps contre l’Etat d’Israël, mais nous sommes politiquement opposés aux boycotts économiques permanents, aux désinvestissements et aux sanctions, qui de toute façon ne pourraient être effectifs que par l’usage de la force impérialiste. Les campagnes de boycott de ce genre ne font que renforcer l’idée d’une société israélienne monolithique, niant ainsi le fait que c’est une société divisée en classes.
Israël et ses alliés impérialistes répondent au mouvement BDS par une répression féroce. Les militants BDS aux Etats-Unis et dans d’autres pays sont victimes d’odieuses chasses aux sorcières et d’arrestations. L’année dernière, le ministre du renseignement israélien Yisrael Katz a appelé à une « élimination civile ciblée » de dirigeants du BDS. En mars, la Knesset a promulgué une loi interdisant l’entrée en Israël aux partisans du BDS. Les termes de cette loi sont si vagues que cette interdiction pourrait s’appliquer à toute personne opposée aux colonies d’Israël. En dépit de notre opposition sans équivoque à la stratégie libérale du BDS, nous défendons vigoureusement les militants BDS contre les persécutions et la répression.
Ceux qui ont la puissance sociale nécessaire pour défendre les masses opprimées palestiniennes, ce sont les millions de prolétaires du Proche-Orient y compris en Turquie, en Iran, en Egypte, et aussi tout particulièrement en Israël même prolétaires dont les intérêts de classe sont irréconciliablement opposés à ceux de leurs exploiteurs capitalistes. Tant que l’esclavage salarié capitaliste perdurera, la contradiction entre exploiteurs et exploités pourra seulement se résoudre, comme l’expliquaient Karl Marx et Friedrich Engels dans le Manifeste du Parti communiste, « soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte ».
Israël, comme tout autre pays capitaliste, est régi par les lois de la lutte des classes. Bien que les travailleurs juifs israéliens soient profondément imbibés de chauvinisme sioniste, cela ne les empêche pas d’être attaqués par leurs exploiteurs capitalistes. Perry Anderson faisait observer dans son article « La maison de Sion » (New Left Review, novembre-décembre 2015) qu’entre 1984 et 2008 le salaire moyen avait stagné alors que le prix du logement grimpait en flèche, les dépenses de santé diminuaient et un cinquième de la population vivait sous le seuil de pauvreté. Anderson ajoutait : « Au pôle opposé de ce modèle de croissance, la richesse est incroyablement concentrée entre les mains d’une poignée de magnats nouveaux-riches. » Le prolétariat israélien ne se libérera de l’exploitation par sa bourgeoisie qu’à condition qu’il reprenne à son compte la lutte du peuple palestinien.
Que la lutte pour la révolution éclate d’abord au Proche-Orient ou non, ce qui sera décisif, c’est l’intervention d’un parti d’avant-garde léniniste-trotskyste, construit sur la base de l’indépendance de classe du prolétariat et d’une opposition sans compromis à toute forme de chauvinisme national ou religieux. La perspective d’une révolution prolétarienne dans la région doit être liée à celle pour la révolution dans les pays capitalistes avancés aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. En bref, la lutte pour l’émancipation nationale dans le cadre d’une fédération socialiste du Proche-Orient est inextricablement liée, de façon directe, à la bataille pour forger des partis trotskystes, sections d’une Quatrième Internationale reforgée.