Le Bolchévik nº 221 |
septembre 2017 |
A bas l'UE impérialiste ! A bas l'euro !
Démagogie chauvine de Macron sur les travailleurs détachés
27 août Macron, en chute vertigineuse dans les sondages depuis le début de l’été, s’est lancé dans une campagne démagogique contre la Pologne, présentée comme un obstacle aux efforts du gouvernement capitaliste français pour « protéger » les travailleurs français contre la soi-disant concurrence déloyale des travailleurs détachés venus des pays de l’Est. Ceux-ci sont embauchés là-bas par des sociétés-écran pour venir travailler en France avec des prestations sociales au rabais payées dans le pays d’origine, et une fraction du salaire des travailleurs en France une fois déduits les frais de transport et d’hébergement.
Sur tous les chantiers, il est nécessaire de s’opposer à ces tentatives de diviser les travailleurs entre eux ; une direction syndicale lutte de classe se battrait pour un seul syndicat industriel regroupant tous les travailleurs, qui syndiquerait immédiatement à l’embauche tous les travailleurs détachés et employés par des sous-traitants, pour garantir le meilleur niveau de salaire et de protection sociale de façon égale pour tous. A travail égal salaire égal, y compris les prestations sociales ! C’est la seule manière pour forger l’unité de classe, par-delà les origines nationales et raciales, et faire avancer les droits de tous.
Cela impliquerait une mobilisation contre la campagne antipolonaise du gouvernement français et du populiste bourgeois chauvin Mélenchon qui, l’année dernière, avait dénoncé le « travailleur détaché qui vole son pain au travailleur qui se trouve sur place » (voir le Bolchévik n° 218, décembre 2016). Nous luttons pour les pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui sont ici : lors de l’extension de l’UE, nous avions été opposés aux restrictions imposées aux travailleurs d’Europe de l’Est venus travailler en France, et nous exigeons les mêmes droits et prestations sociales pour tous.
L’arrogance impérialiste de Macron a dépassé toutes les bornes face au gouvernement polonais, menacé de façon à peine voilée de se faire court-circuiter, voire imposer des « sanctions » s’il ne capitule pas face aux exigences françaises sur les travailleurs détachés. La « directive travailleurs détachés » de l’Union européenne n’est en effet, en l’état, pas encore assez profitable pour la bourgeoisie française. Selon le Figaro (26-27 août), elle exigerait même, maintenant, que les (si maigres) cotisations sociales des travailleurs détachés soient payées à l’Etat français. Cela renflouerait les caisses de la Sécu ici pour permettre de réduire les charges payées par les entreprises françaises et augmenter leur propre compétitivité. C’est faire preuve d’un cynisme à en faire pâlir un Sarkozy ou un Hollande que de présenter cela comme une campagne pour « protéger » les travailleurs français !
Macron a menacé ouvertement la Pologne pour « non-respect des droits et des valeurs de l’Union européenne » (le Monde, 27-28 août). C’est en fait la nature même de l’UE d’édicter et d’aggraver constamment des mesures comme celle sur les travailleurs détachés, tout en les enrobant dans des discours sur la « liberté de circulation » (du capital, en réalité) et les accords de Schengen abrogeant soi-disant les contrôles aux frontières. Il s’agit en fait, en dressant les travailleurs d’Europe les uns contre les autres, de faire pression sur les salaires de tous et ainsi d’augmenter le taux de profit des capitalistes.
Et surtout ceux des capitalistes des principales puissances impérialistes, dont la France : elles sont les principales bénéficiaires de ces mesures, puisque celles-ci mettent à leur disposition un pool de main-d’uvre qualifiée élargi et à moindre coût les frais annexes de reproduction de la force de travail, comme l’éducation des enfants et les pensions de vieillesse, étant payés par les pays d’origine qui se retrouvent doublement plumés. Les pays de l’Est et du Sud de l’Europe, et tout d’abord la Grèce, se voient de plus en plus rabaissés à un statut néocolonial à peine masqué, dépouillés de toute souveraineté politique, économique ou monétaire.
L’UE est une alliance impérialiste instable, dominée par l’Allemagne avec la France au deuxième rang. Elle a pour but de maximiser l’exploitation de la classe ouvrière dans toute l’Europe et d’affermir la domination économique des puissances impérialistes sur les pays plus pauvres, afin de renforcer les impérialistes dominant l’Europe contre leurs rivaux aux Etats-Unis et au Japon.
Les pleurnicheries de la gauche (PCF, NPA, etc.) pour une « Europe sociale » et « démocratique » ne servent qu’à semer des illusions qu’il serait possible de réformer l’UE dans l’intérêt des travailleurs, alors qu’elle est leur ennemie mortelle et c’est bien pour cela que la bourgeoisie française est aujourd’hui presque unanime pour soutenir l’UE. Et ces pleurnicheries pro-UE de la gauche gonflent les voiles de la démagogie raciste du FN, qui peut tirer parti de son opposition à l’UE pour prétendre qu’il est l’ami des travailleurs (français blancs).
Des camarades polonais ont joué un rôle de premier plan dans toute l’histoire du mouvement ouvrier français, et pas seulement dans les mines. N’oublions pas le général Dombrowski, héros de la Commune de Paris tué par les Versaillais ! Impérialisme français, bas les pattes devant la Pologne ! A bas l’Union européenne ! A bas l’euro et ses appendices coloniaux, les francs CFA ! Pour des Etats-Unis socialistes d’Europe !