Le Bolchévik nº 221

septembre 2017

 

Les impérialistes américains menacent de déclencher une guerre nucléaire

Bas les pattes devant la Corée du Nord !

25 août – Nous reproduisons ci-après une déclaration du Bureau politique de nos camarades américains de la Spartacist League/U.S., publiée le 12 août, en défense de la Corée du Nord contre les menaces de guerre des impérialistes américains. Le vice-président Mike Pence a déclaré la semaine dernière que « toutes les options sont sur la table ».

L’impérialisme français n’est pas en mesure d’être directement un facteur militaire dans ces menaces, mais ce n’est pas par manque de frénésie anticommuniste – d’ailleurs la France n’a jamais pleinement reconnu l’existence de la Corée du Nord ! Et le gouvernement de Macron s’est empressé de voter début août à l’ONU le renforcement des sanctions contre la Corée du Nord en exigeant son désarmement complet face aux menaces impérialistes. Pendant la guerre de Corée (en pleine guerre d’Indochine), un contingent d’un millier de soldats français fut envoyé en août 1950 par le gouvernement français, le socialiste Jules Moch étant ministre de la guerre. C’est le même Jules Moch qui, comme ministre de l’Intérieur, avait fait tirer sur les mineurs grévistes dans le Nord de la France deux ans plus tôt.

Nous dénonçons la complicité de la gauche française dans la campagne anticommuniste contre la Corée du Nord. Le PCF notamment a publié nombre d’articles renvoyant dos à dos les impérialistes américains et l’Etat ouvrier déformé nord-coréen. Condamnant les essais balistiques nord-coréens, il a appelé l’impérialisme français à jouer un rôle moteur au travers de l’ONU pour essayer de désarmer la Corée du Nord. Lutte ouvrière ne fait guère mieux, dénonçant également les dirigeants nord-coréens pour leurs mesures de défense contre les Etats-Unis : elle déclare que « la démagogie nationaliste antiaméricaine leur a toujours servi à justifier leur dictature » (éditorial de Lutte Ouvrière, 18 août). Nous disons : Défense de la Corée du Nord ! A bas l’impérialisme !

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Les fauteurs de guerre impérialistes américains, qui cherchent à détruire l’Etat ouvrier bureaucratiquement déformé nord-coréen, sont en train de mener le monde au bord de la guerre nucléaire. Le 8 août dernier, Donald Trump a promis à la Corée du Nord « le feu et la colère » d’une ampleur « que le monde n’a jamais vue jusqu’ici », ajoutant que l’armée américaine était « fin prête » pour la guerre. Si le secrétaire d’Etat Rex Tillerson a tenté de minimiser les bruits de bottes de l’administration, le secrétaire à la Défense, James Mattis – surnommé « Mattis le chien fou » – a surenchéri en déclarant que la Corée du Nord risquait « la fin de son régime et la destruction de son peuple ».

La rhétorique guerrière de Washington n’est pas une menace en l’air. Les Etats-Unis disposent de 25 000 soldats de l’autre côté de la frontière en Corée du Sud, plus 50 000 autres au Japon. Ce mois-ci, les forces américaines et sud-coréennes ont prévu des manœuvres militaires de grande ampleur, une provocation supplémentaire contre la Corée du Nord. Le 10 août, des troupes américaines et japonaises ont commencé à Hokkaido des manœuvres militaires avec tirs réels qui devraient durer 18 jours. Les impérialistes japonais étaient les colonisateurs historiques de la péninsule coréenne, et ils ont depuis longtemps comme objectif la destruction contre-révolutionnaire de la Corée du Nord. Quand Trump a proféré ses menaces « de feu et de colère », le secrétaire général du cabinet japonais, Yoshihide Suga, a déclaré : « Notre gouvernement approuve cette prise de position. » Toutes les forces américaines hors de Corée du Sud et du Japon ! A bas l’axe impérialiste USA/Japon contre la Corée du Nord !

Les Etats-Unis et leurs alliés présentent le développement d’un arsenal nucléaire par la Corée du Nord comme une dangereuse menace. En fait, le vrai danger pour les masses du monde entier, c’est l’impérialisme américain. Les menaces américaines contre la Corée du Nord coïncident avec l’anniversaire du largage d’une bombe atomique sur Hiroshima le 6 août 1945, suivi trois jours plus tard par l’anéantissement de Nagasaki. Non seulement les Etats-Unis sont le seul pays à avoir jamais utilisé des armes atomiques, mais ils ont été à deux doigts d’utiliser des armes nucléaires pendant la guerre de Corée de 1950-1953 – c’est principalement l’arsenal nucléaire de l’Union soviétique qui les en avait alors dissuadés.

Dans cette guerre, menée sous les auspices des Nations Unies, les Etats-Unis tentèrent d’écraser les ouvriers et paysans insurgés au Sud et de renverser la révolution sociale au Nord. Ils massacrèrent trois millions de Coréens et près d’un million de soldats chinois, dont l’intervention joua un rôle clé pour renverser la situation face aux impérialistes américains et autres. La péninsule fut dévastée : 18 des 22 plus grandes villes furent totalement ou en grande partie anéanties, notamment Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord, qui fut totalement rasée. Dans les dernières semaines de la guerre, les bombardiers américains détruisirent les barrages d’irrigation qui fournissaient l’eau nécessaire aux trois quarts de la production alimentaire du Nord. La guerre se termina sans vainqueur ni vaincu. Mais les Etats-Unis refusèrent de signer un traité de paix ou de reconnaître le Nord, et depuis cette époque ils maintiennent une présence militaire massive au Sud, tout en soumettant depuis plusieurs décennies la Corée du Nord à une pression militaire et à des sanctions économiques.

Les dernières menaces de Washington ont été proférées quelques jours seulement après le vote à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution approuvant de nouvelles sanctions dévastatrices contre la Corée du Nord suite au lancement par ce pays de deux missiles intercontinentaux le mois dernier. Ces sanctions, soutenues de façon criminelle par le régime stalinien chinois, sont elles-mêmes un acte de guerre : elles visent à réduire d’un tiers les revenus d’exportations de la Corée du Nord et à mettre Pyongyang à genoux en inversant la modeste croissance économique que ce pays a connue ces dernières années. A bas les sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord !

Que ce soit sous les républicains ou les démocrates, la politique de l’impérialisme américain envers le Nord a toujours été de fomenter la contre-révolution – une étape vers le renversement des acquis de la Révolution chinoise de 1949. Le bellicisme et l’imprévisibilité de Trump font planer la menace d’une apocalypse nucléaire en Extrême-Orient. Mais Obama avait lui aussi menacé d’attaquer le Nord, y compris avec des armes nucléaires, en envoyant à plusieurs reprises des bombardiers B-2 au-dessus de la péninsule. Le déploiement en Corée du Sud du THAAD (Terminal High Altitude Area Defense), un système de défense antimissile dernier cri, décidé cette année de manière provocatrice par l’administration Trump, avait été préparé depuis des mois sous l’administration Obama.

Comme la Chine, la Corée du Nord est un Etat ouvrier bureaucratiquement déformé, où le pouvoir de la classe capitaliste a été renversé. Le pouvoir des capitalistes et des propriétaires terriens fut renversé en Corée du Nord par des forces armées agissant sous la protection de l’armée soviétique après la Deuxième Guerre mondiale. L’instauration de rapports de propriété prolétariens, collectivisés, a libéré la moitié Nord du pays de la domination impérialiste. En même temps, les Etats ouvriers chinois et nord-coréen sont dirigés depuis leur création par des castes bureaucratiques staliniennes et nationalistes qui excluent la classe ouvrière du pouvoir politique.

Il est vital pour le prolétariat international, et particulièrement aux Etats-Unis, de défendre la Chine et la Corée du Nord contre les prédateurs de la classe dirigeante américaine, leurs alliés japonais et leurs protégés sud-coréens. Le renversement et l’expropriation du capitalisme dans ces pays sont des acquis historiques pour la classe ouvrière internationale. Leur défense militaire inconditionnelle contre les agressions impérialistes et la contre-révolution capitaliste fait partie intégrante de la cause de la révolution socialiste mondiale.

Cette défense inclut nécessairement la possession par ces pays de bombes nucléaires et des systèmes d’armes associés pour dissuader une attaque impérialiste. Il y a beaucoup d’aspects bizarres et répugnants dans le régime dynastique, mythifié et bureaucratique de Kim Jong-Un et de ses prédécesseurs. Mais les efforts de Pyongyang pour développer des armes nucléaires constituent une politique d’autodéfense rationnelle et essentielle, surtout contre des Etats-Unis qui menacent ouvertement d’une « première frappe » nucléaire leurs ennemis désignés. Il est heureux que le Nord ait avancé dans le développement d’une dissuasion nucléaire crédible. En l’absence d’une telle dissuasion, les Etats-Unis auraient déjà bombardé la Corée du Nord comme ils ont bombardé tant d’autres pays, au Proche-Orient et ailleurs.

A la suite des dernières menaces de la part des Etats-Unis, la Corée du Nord a annoncé qu’elle projetait de lancer à la mi-août plusieurs missiles conçus pour retomber dans les eaux entourant l’île de Guam, dans le Pacifique. C’est à cause de l’impérialisme américain que Guam se retrouve sous cette menace. La base aérienne d’Andersen, sur l’île de Guam, était cruciale pour les opérations aériennes américaines pendant la guerre de Corée, et elle est utilisée aujourd’hui par les bombardiers qui survolent la péninsule coréenne. L’île de Guam elle-même a été capturée par les impérialistes américains il y a plus d’un siècle, pendant la guerre hispano-américaine, et elle est restée depuis cette époque un territoire colonial. Forces et bases américaines hors de Guam ! Pour le droit d’autodétermination de Guam !

Un éditorial daté du 10 août publié dans Global Times, un journal gouvernemental chinois, déclarait que Pékin « empêcherait » les Etats-Unis de renverser le régime de Pyongyang, tout en notant que « la Chine restera neutre » si la Corée du Nord tire la première sur les Etats-Unis. La politique de Pékin vis-à-vis de la Corée du Nord est basée sur la recherche stalinienne futile d’une « coexistence pacifique » avec l’impérialisme mondial. Même si la Chine est le seul allié qui reste à la Corée du Nord, elle a à plusieurs reprises fait pression sur la Corée du Nord pour que celle-ci mette un terme au développement de son armement nucléaire. Elle a voté maintes fois pour les sanctions de l’ONU contre le Nord, même si elle ne les applique pas intégralement. La collaboration de Pékin avec Washington contre Pyongyang est préjudiciable à la défense de l’Etat ouvrier chinois lui-même – la cible ultime des impérialistes américains. Une contre-révolution capitaliste en Corée du Nord amènerait les forces américaines directement à la frontière chinoise, ce qui intensifierait énormément la menace militaire impérialiste.

Un aspect capital de la défense des Etats ouvriers déformés est la lutte pour une révolution politique ouvrière pour balayer les bureaucraties dirigeantes nationalistes. Cela fait partie intégrante de notre perspective de réunification révolutionnaire de la Corée – par une révolution socialiste au Sud et une révolution politique au Nord. La lutte pour remplacer les dirigeants staliniens traîtres par des gouvernements basés sur la démocratie ouvrière et l’internationalisme prolétarien doit être liée à l’extension du pouvoir prolétarien aux centres de l’impérialisme mondial, c’est-à-dire l’Europe de l’Ouest, le Japon et le colosse impérialiste américain. Il est vital dans ce combat de créer des partis léninistes-trotskystes, sections d’une Quatrième Internationale reforgée.

L’ordre capitaliste, à l’époque impérialiste, a précipité la planète dans des guerres et des occupations continuelles, afin que les puissances impérialistes étendent leur domination sur le monde. Et, une fois de plus, il menace l’humanité d’un holocauste nucléaire. En tant que marxistes, nous comptons sur le prolétariat multiracial des Etats-Unis pour qu’il renverse de l’intérieur la bête impérialiste américaine. La même classe dirigeante qui menace la Corée du Nord d’une guerre nucléaire mène aussi une guerre contre les moyens d’existence des travailleurs et des opprimés aux Etats-Unis. Il faut absolument mener une lutte de classe contre les capitalistes, tant pour défendre les intérêts des travailleurs aux Etats-Unis que pour mettre en échec les ambitions de l’impérialisme américain à l’étranger. Nous, Spartacist League, et nos camarades de la Ligue communiste internationale cherchons à gagner les couches les plus conscientes de la classe ouvrière à l’idée que ce qui est nécessaire pour mettre un terme à l’exploitation, à l’oppression et aux massacres impérialistes, c’est de renverser l’ordre capitaliste, aux Etats-Unis et internationalement, par la révolution ouvrière. Défense de la Corée du Nord ! A bas l’impérialisme américain !