Le Bolchévik nº 215

Mars 2016

 

Les attaques anti-ouvrières et racistes du gouvernement pavent la voie à la réaction et aux fascistes

Il faut stopper les sinistres attaques anticommunistes sur la fac de Rouen !

Les étudiants ont le droit de lire le Bolchévik !

Nous publions ci-après le tract du 13 janvier que nous avons distribué sur la fac de Rouen. Nous continuons la lutte pour défendre notre droit à distribuer de la littérature communiste sur la fac.

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Depuis maintenant plusieurs semaines, les militants de la Ligue trotskyste ont dû repousser à plusieurs reprises des provocations de la part d’une poignée de réactionnaires anticommunistes ; ceux-ci cherchent à nous expulser du hall de la fac de Lettres, où nous distribuons régulièrement notre presse depuis plus de trente ans. En parallèle, les journaux collés sur notre panneau ont été entièrement arrachés par deux fois. Le slogan « Pas de politique à la fac ! » et une croix gammée ont été inscrits au marqueur rouge. A bas la censure anticommuniste ! Les étudiants ont le droit de lire le Bolchévik à la fac !

Bien entendu, d’après ces réactionnaires, ce n’est pas « faire de la politique » que de jouer au censeur anticommuniste pour chasser les trotskystes de la fac. L’un des provocateurs qui nous ont menacés le 7 décembre dernier arborait un tatouage en lettres gothiques « gloire, honneur, fidélité », un slogan nazi détourné qui laisse assez peu de doute sur la nature de cet individu et sur le danger que ces menaces représentent pour les étudiants étrangers, les femmes, tout le mouvement ouvrier et la gauche en général.

C’est pourquoi il est dans l’intérêt de tous les étudiants, syndicats de profs et de personnels BIATSS, militants de gauche sur la fac, de se mobiliser pour stopper ces tentatives d’intimidation et de censure, car si aujourd’hui c’est nous, il est évident qu’ils seront les prochains sur la liste. Une attaque contre un est une attaque contre tous !

De même que le NPA et d’autres organisations de gauche, nous avions déjà eu dans le passé des problèmes ponctuellement sur la fac de Rouen avec des fascistes, dieudonnistes antijuifs, soraliens et autres réactionnaires anticommunistes. Mais ce n’est pas un hasard si les provocations sont montées d’un cran depuis les attentats criminels du 13 novembre à Paris : le gouvernement a instauré l’état d’urgence sur tout le territoire, une première depuis la guerre d’Algérie.

Les flics de Valls, sous couvert de « guerre contre le terrorisme », ont encore renforcé la chasse aux sorcières contre les musulmans et les « Maghrébins », alors qu’elle était déjà à un niveau sans précédent depuis la campagne d’unité nationale pour Charlie Hebdo. Et sous le même prétexte l’impérialisme français multiplie à l’étranger les bombardements meurtriers en Syrie et les exactions en Afrique. A bas l’état d’urgence ! A bas les bombardements français en Syrie et en Irak ! Troupes françaises, hors du Proche-Orient et hors d’Afrique !

Le résultat de cette politique gouvernementale est spectaculaire, avec les scores faramineux du FN aux dernières élections et la multiplication des agressions racistes dans tout le pays, comme lors des mobilisations pogromistes à Ajaccio le 25 décembre sous la protection des flics. Le fascisme n’est pas simplement une idéologie réactionnaire un peu plus extrême que le sarkozysme, c’est un programme de terreur physique extralégale contre les minorités, les homosexuels, les militants de gauche ; son but fondamental est d’écraser complètement par la violence le mouvement ouvrier dans un contexte de crise capitaliste exacerbée.

Mais le sort réservé aux militants écologistes et autres herbivores placés en résidence surveillée à la veille de la dernière « conférence sur le climat » montre combien les mesures antimusulmans sont le fer de lance d’un renforcement sans précédent de l’Etat policier contre toute forme potentielle de dissidence politique, y compris avec des mesures de surveillance policière contre toute la population jusque dans les chambres à coucher. En dernier ressort c’est le mouvement ouvrier organisé qui est la principale cible potentielle de la terreur de l’Etat : seule la classe ouvrière a la puissance sociale et l’intérêt historique pour renverser ce système capitaliste pourrissant, car c’est elle qui fait tourner l’économie par son travail et produit les profits qu’empochent les capitalistes.

Les provocateurs anticommunistes de la fac de Rouen se font les auxiliaires volontaires du gouvernement Hollande pour faire taire tous ceux qui aujourd’hui expriment leur opposition à sa politique raciste et austéritaire. Lors de l’AG du 8 décembre à la fac organisée par l’UNEF, les Jeunesses communistes (JC – qui dirigent l’UNEF sur cette fac) se sont lamentés sur le sort des universités, mais cela n’empêche pas le PCF d’avoir appelé pour le deuxième tour des élections régionales à « battre la droite et le Front national », autrement dit à voter PS – celui-là même qui étrangle les budgets des facs et consolide les « réformes universitaires » passées sous Pécresse/Sarkozy !

Nous sommes intervenus lors de cette AG pour alerter les étudiants face au danger que posent les provocateurs anticommunistes à tous les étudiants qui veulent se battre contre les attaques racistes et l’austérité gouvernementale. La réponse des JC, soutenus par des dirigeants de la Gauche révolutionnaire (GR), a été de nous déclarer « hors sujet » – une politique suicidaire qui elle-même alimente la campagne anticommuniste « contre la politique à la fac ». Les réformistes des JC ont le droit d’expliquer devant tous les étudiants pourquoi pas un seul des députés et sénateurs PCF n’a voté contre la prolongation de l’état d’urgence, ni contre celle des bombardements français en Syrie !

A force de trahisons, la gauche réformiste est aujourd’hui en pleine déliquescence. Un cycle est en train de se refermer depuis la contre-révolution capitaliste en Union soviétique, une immense défaite pour les travailleurs du monde entier qui alimente une campagne triomphaliste incessante des capitalistes sur la soi-disant « mort du communisme ».

Sur les facs, les organisations étudiantes en France étaient dominées par la gauche depuis que la guerre d’Algérie et la grève générale ouvrière de Mai 68 avaient poussé beaucoup de jeunes intellectuels à se tourner vers la classe ouvrière politiquement. Maintenant ce sont les « corpos » qui dominent de plus en plus la vie politique sur la fac. Ces « corpos » sont des fraternités antisyndicales et anti-ouvrières pour aider les étudiants à préparer leur carrière en s’insérant dans des réseaux de sociabilité bourgeois ; elles étaient en sourdine depuis la fin de l’Etat français pronazi de Vichy, dont la doctrine officielle était justement le « corporatisme ». L’un de nos apprentis censeurs anticommunistes s’est d’ailleurs présenté comme venant de la « corpo » d’Histoire.

L’université est tout sauf un terrain neutre et « apolitique ». C’est une institution de la bourgeoisie dont le but principal est de recruter les cadres intermédiaires destinés à gérer le capitalisme français. D’ailleurs en période de crise capitaliste et de chômage massif, il n’y a aucun intérêt à investir dans les universités pour les capitalistes – d’où les coupes claires actuelles.

Les jeunes, quelle que soit l’origine nationale ou sociale de leurs parents, devraient avoir droit à une éducation de qualité et gratuite. Nous luttons pour l’ouverture des facs à toute personne voulant y étudier et pour l’attribution d’une bourse permettant de vivre décemment et de se consacrer aux études. Pour nous les universités devraient être gérées non par l’Etat capitaliste (avec ses institutions de collaboration de classe où sont complètement embourbés les syndicats et les organisations de gauche), mais par les travailleurs de la fac, les étudiants et les profs.

Mais la bourgeoisie ne lâchera jamais le contrôle sur ses fabriques de cadres moyens : il faut la renverser ! Cela exige une révolution ouvrière. Nous ne cachons pas l’objectif très politique de notre intervention sur les facs. Nous voulons gagner de jeunes militants à la perspective d’une société socialiste sans classes internationale, où l’exploitation capitaliste, la terreur raciste et l’oppression des femmes et des jeunes, les guerres impérialistes et même les frontières auront disparu. Nous voulons leur faire comprendre que pour cela, il faut lutter pour construire un parti ouvrier révolutionnaire d’avant-garde. La Révolution bolchévique d’octobre 1917 en Russie a montré qu’un tel parti est indispensable pour la victoire. Pour une Quatrième Internationale reforgée !