Le Bolchévik nº 214

Décembre 2015

 

Israël hors de Jérusalem-Est et de Cisjordanie !

Défendons les Palestiniens !

L’article ci-dessous est adapté de Workers Vanguard (n° 1077, 30 octobre), le journal de la Spartacist League/U.S., section américaine de la Ligue communiste internationale.

* * *

L’armée israélienne et les colons qui lui servent d’auxiliaires armés ont tué en septembre et octobre au moins 60 Palestiniens – parmi lesquels de nombreux enfants – et en ont blessé deux mille autres. Les dirigeants sionistes intensifient la répression dans les territoires occupés : ils multiplient les points de contrôle, bouclent les quartiers palestiniens et incitent à lyncher les Palestiniens en pleine rue ; plusieurs milliers de soldats et de policiers ont été déployés.

Ces tactiques répressives ne sont pas nouvelles ; elles ont pour objectif de terroriser et de démoraliser une population palestinienne qui vit déjà sous un état de siège permanent. Un étudiant originaire de la ville de Jénine exprimait récemment le sentiment oppressif d’isolement et d’emprisonnement que ressentent les 4,8 millions de Palestiniens de la Cisjordanie occupée, de Jérusalem-Est et de Gaza : « Nous devons en finir avec cette situation – même si cela doit nous coûter tout ce que nous avons. »

L’élément déclencheur de cette flambée de répression a été la décision du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou de limiter l’accès des Palestiniens à la mosquée al-Aqsa. Cette mosquée de Jérusalem-Est est le troisième lieu saint du monde musulman et c’est aussi un lieu de rassemblement religieux et culturel pour les Palestiniens de Jérusalem. Prenant prétexte de quelques agressions isolées commises par des Palestiniens armés de couteaux et de tournevis, le gouvernement israélien a bouclé derrière des murs de béton les 300 000 résidents palestiniens de Jérusalem-Est, démoli des maisons et privé de leur statut de résident les familles des Palestiniens suspectés d’avoir commis ces agressions. Cela revenait, comme l’a écrit quelqu’un sur le site internet 972mag.com, à « découper et écraser la zone palestinienne, sans la moindre considération pour la vie quotidienne des gens ni pour la possibilité d’un compromis dans l’avenir ».

C’est aussi la réponse de Nétanyahou à tous ceux qui auraient encore un quelconque espoir qu’un petit morceau de Jérusalem-Est, aussi minuscule et périphérique soit-il, puisse un jour devenir la capitale d’une Palestine « indépendante ». Depuis la conquête et l’annexion de Jérusalem-Est par Israël lors de la guerre israélo-arabe de 1967, les colons juifs se sont installés en masse dans cette partie de la ville, d’où ils ont chassé une proportion toujours croissante des habitants palestiniens – qui ne sont même pas sur le papier des citoyens israéliens.

Ce processus d’expulsion a été ponctué à plusieurs reprises d’actes de terrorisme perpétrés par l’Etat sioniste et l’extrême droite juive, visant particulièrement al-Aqsa (qui fait partie d’un ensemble de bâtiments que les Palestiniens appellent l’esplanade des Mosquées et les Israéliens le mont du Temple, le site le plus sacré du judaïsme). En 1996, quelques mois après avoir été nommé Premier ministre, Nétanyahou avait inauguré un tunnel percé sous la mosquée al-Aqsa  ; cette provocation avait conduit à un bain de sang qui avait coûté la vie à 62 Palestiniens. Quatre ans plus tard, le gouvernement soi-disant plus modéré d’Ehoud Barak avait fourni une escorte armée à Ariel Sharon, criminel de guerre raciste notoire, pour visiter l’esplanade des Mosquées. Cette provocation fut l’un des éléments déclencheurs de la deuxième intifada (soulèvement). Aujourd’hui, de nombreux observateurs évoquent la possibilité d’une « troisième intifada ».

La première intifada, qui avait débuté fin 1987, était un soulèvement populaire massif et organisé de la jeunesse palestinienne, qui en avait assez après des dizaines d’années de résolutions des Nations Unies sans aucun effet, de promesses cyniques de « solidarité » des régimes arabes, et de la passivité, face à l’expansionnisme sioniste, de la direction de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Mais après plusieurs années de lutte valeureuse et héroïque, les masses palestiniennes opprimées n’ont rien obtenu d’autre que les misérables accords de « paix » d’Oslo en 1993. Ces accords donnèrent naissance à une « Autorité palestinienne » dirigée par l’OLP, une « direction » nationale dont la tâche était de contrôler son propre peuple pour le compte des occupants israéliens – jouant ainsi un rôle de sous-traitant pour l’Etat sioniste.

Dans les années suivantes, les murs du ghetto sont devenus de plus en plus infranchissables, et les Palestiniens ont subi toujours plus de misère et d’humiliation. Plus de la moitié du territoire de la Cisjordanie a été confisquée ou interdite d’accès aux Palestiniens ; 80 % de la population de Gaza dépend de l’aide humanitaire pour sa survie. Sous prétexte de contrer l’influence du Hamas (le mouvement fondamentaliste islamiste qui contrôle Gaza et dont l’influence s’était accrue suite aux trahisons de l’OLP), Israël a lancé plusieurs offensives dévastatrices contre la bande de Gaza, un territoire minuscule. En 2014 ont été tués près de 2 200 Palestiniens, dont une majorité de civils sans défense, et 10 000 ont été blessés. Gaza n’est aujourd’hui rien d’autre qu’un immense camp de détention, avec 100 000 sans-abri, des bâtiments détruits et des infrastructures dévastées, le tout entouré d’un grillage électrifié.

Les récentes agressions suicidaires au couteau commises par des « loups solitaires » témoignent de l’immense désespoir de toute une génération de Palestiniens aujourd’hui. Certaines de ces attaques visaient des agents sionistes des forces d’occupation : des soldats, des policiers ou des colons qui leurs servent d’auxiliaires. Mais les assassinats indiscriminés de civils israéliens sont, du point de vue du prolétariat, des actes terroristes criminels. De plus, ces agressions au couteau ne font que fournir un prétexte supplémentaire à la répression meurtrière menée par les sionistes. Ce type d’agressions renforce la mentalité de forteresse assiégée qui enchaîne les travailleurs juifs à leurs propres exploiteurs et dessert de ce fait la cause de l’émancipation des Palestiniens.

La seule issue pour le peuple palestinien, c’est la voie de l’internationalisme prolétarien prônée par les marxistes : la lutte pour des révolutions ouvrières et pour une fédération socialiste du Proche-Orient, au sein de laquelle les Arabes palestiniens, les Juifs israéliens et tous les autres peuples de la région verront satisfaites leurs aspirations à la justice nationale et sociale. Tant que la lutte restera sur le terrain nationaliste ou religieux, les Palestiniens ne pourront qu’être perdants face à un Etat sioniste plus avancé technologiquement, armé jusqu’aux dents (y compris avec des centaines de bombes nucléaires) et bénéficiant de milliards de dollars d’aide militaire américaine.

De son côté, l’impérialisme américain vient de donner son approbation à l’offensive sioniste actuelle en accordant une « rallonge » d’un milliard aux 3,1 milliards de dollars d’aide militaire annuelle qu’il fournissait déjà à Israël. Il est crucial que les travailleurs et les opprimés du monde entier prennent la défense du peuple palestinien. A bas l’aide militaire américaine à Israël ! Soldats et colons israéliens, hors de Cisjordanie et de Jérusalem-Est !

L’Etat sioniste doit être renversé de l’intérieur

La société israélienne s’est considérablement déplacée vers la droite ces dernières décennies. En mars dernier, Nétanyahou a été réélu pour un quatrième mandat de Premier ministre en axant ouvertement sa campagne électorale sur le chauvinisme anti-arabe, en s’engageant à continuer l’occupation et en hurlant que les Palestiniens qui possèdent la citoyenneté israélienne iraient « voter en masse ». Il a accusé d’« incitation » à la violence les dirigeants de la « Liste commune » (une coalition d’opposition regroupant plusieurs partis arabes, qui est arrivée en troisième position en termes de sièges aux élections à la Knesset, le parlement israélien) ; il a laissé entendre que ces partis, et derrière eux tous les Palestiniens israéliens, représentaient une « cinquième colonne » de traîtres. Plus de mille Palestiniens ont été arrêtés ces dernières semaines pour avoir participé aux manifestations ou même pour avoir prévu d’y participer ; parmi eux figuraient beaucoup de Palestiniens possédant (sur le papier) la citoyenneté israélienne.

Nétanyahou est monté d’un cran dans la démagogie raciste en affirmant récemment que c’était un Palestinien pro-allemand, le grand mufti de Jérusalem, et non Hitler, qui avait eu l’idée du génocide des Juifs d’Europe pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le caractère grotesque de cette allégation, qui est une insulte à toutes les victimes de la machine de mort nazie, est indicatif du cynisme écœurant avec lequel les dirigeants sionistes brandissent l’Holocauste comme excuse pour justifier leurs propres crimes sans nombre contre le peuple palestinien.

L’idéologie réactionnaire que l’on trouvait autrefois aux marges de la société israélienne est aujourd’hui monnaie courante chez beaucoup de politiciens sionistes. Ceux qui préconisent le « transfert » (l’expulsion de tous les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, et même ceux d’Israël) ne sont plus marginaux. Avigdor Lieberman, alors ministre des Affaires étrangères, a ouvertement réclamé en mars dernier la décapitation des Palestiniens israéliens « déloyaux ».

Aujourd’hui, le maire de Jérusalem pousse encore plus les colons fascistes et ultra-orthodoxes au pogrome et au lynchage quand il incite les Juifs israéliens à s’armer. Plus de 200 colons ont attaqué le 18 octobre deux villages palestiniens près d’Hébron, en Cisjordanie ; ils ont incendié plusieurs maisons à coup de cocktails Molotov. Quelques jours plus tard, après que quatre Palestiniens eurent été abattus par des soldats israéliens, des colons ont défilé de façon provocante dans les quartiers palestiniens d’Hébron, sous la protection de l’armée israélienne.

Dans un climat d’hystérie raciste, où l’on entend crier « mort aux Arabes ! » dans les rues, beaucoup de gens redoutent de se faire lyncher par des bandes sionistes. Plusieurs Juifs israéliens ont été agressés ou abattus par des flics ou des fanatiques sionistes qui les avaient pris pour des Arabes. La terreur quotidienne qui s’abat sur les immigrés africains noirs en Israël a été encore mise en lumière par le meurtre de Habtom Zarhum, un demandeur d’asile érythréen de 29 ans. Son seul crime était d’être noir et de se trouver à proximité du lieu d’une agression, à la gare routière principale de Beersheba : il s’est fait tirer dessus par un agent de sécurité avant d’être tabassé et roué de coups par une foule israélienne alors qu’il gisait agonisant dans une mare de sang. « Les Israéliens ont un permis de racisme », disait l’un des participants à la cérémonie organisée pour ses funérailles.

Le chauvinisme qui imprègne aujourd’hui la société israélienne a toujours été inhérent au projet sioniste de créer un « foyer national juif » dans la Palestine arabe. Comme le savaient très bien les fondateurs du sionisme, on ne pouvait créer un Etat juif exclusiviste qu’en dépossédant et/ou en expulsant le peuple palestinien. Et c’est ainsi que l’Etat israélien a été créé : 750 000 Palestiniens furent chassés de leur terre en 1948. Les petits camps fortifiés qu’avaient créés une poignée de réactionnaires sionistes et orthodoxes dans les territoires occupés conquis en 1967 abritent aujourd’hui environ 650 000 colons juifs à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Les colons fanatiques servent le dessein expansionniste d’un « Grand Israël », qui à son tour attise le développement d’un racisme anti-arabe toujours plus virulent dans la population israélienne.

Le démembrement et la ghettoïsation d’une grande partie de la Cisjordanie palestinienne ont conduit certains nationalistes arabes et des sionistes de gauche à abandonner la perspective d’une « solution à deux Etats ». Le journaliste de gauche israélien Gideon Levy écrivait ainsi récemment dans un éditorial du quotidien Haaretz (17 octobre) : « Il existe déjà un seul Etat ici, et depuis 48 ans. » Il ajoutait que ceux qui « préconisent une solution à un Etat n’ont pas en tête cet Etat-ci – bien au contraire. Ils souhaitent le remplacer par un régime différent, plus juste et plus égalitaire. Quand ce régime-là sera instauré, la haine et le désespoir seront très probablement oubliés. »

En vérité, il ne peut y avoir dans le cadre du capitalisme de solution juste et égalitaire pour le peuple palestinien. La population juive israélienne et la population arabe palestinienne sont interpénétrées : elles revendiquent le même territoire. Sous le capitalisme, un Etat signifie la domination d’une nation. Autrement dit, l’exercice du droit à l’autodétermination nationale pour un peuple s’effectue nécessairement aux dépens de l’autre. C’est seulement dans une fédération socialiste du Proche-Orient que les revendications conflictuelles sur les terres et les ressources pourront être équitablement satisfaites, et que toutes les discriminations basées sur la langue, la religion et la nationalité pourront être éliminées.

Vue à travers le prisme étroit du petit bout de terre qu’on appelle Israël ou Palestine, cette perspective paraît impossible. La voie vers la libération des masses palestiniennes passe par une perspective de classe internationaliste : le renversement par le prolétariat du pouvoir de la bourgeoisie en Israël et aussi dans les pays arabes de toute la région (où vivent également plusieurs millions de Palestiniens).

L’emprise du chauvinisme sioniste sur la classe ouvrière juive israélienne peut aujourd’hui sembler impossible à briser. Mais Israël (tout comme ses voisins arabes) ne fait pas exception à la règle générale marxiste : le capitalisme engendre son propre fossoyeur, le prolétariat. Israël est une société divisée en classes, marquée par d’énormes inégalités de revenu et par de multiples lignes de fracture politiques, nationales et ethniques. Il y a eu ces dernières années des manifestations de Juifs contre la politique d’austérité du gouvernement, sur fond de mécontentement social grandissant. Il faut gagner le prolétariat israélien à la cause de la défense du peuple palestinien contre la classe dirigeante sioniste, son ennemi de classe qui tire ses richesses de l’exploitation de sa classe ouvrière.

Nombreux sont ceux qui s’identifient à la cause des Palestiniens parmi les peuples de la région – plus de cent millions d’Arabes mais aussi des millions de Turcs, de Kurdes, d’Iraniens et d’autres peuples –, et aussi un peu partout en Europe parmi les immigrés et les enfants et petits-enfants d’immigrés originaires des pays du Maghreb, du Proche-Orient et d’Afrique noire. Il existe au Proche-Orient d’importantes poches d’ouvriers industriels, notamment en Egypte, en Iran et en Turquie. Ces travailleurs sont exploités et opprimés par leur « propre » classe dirigeante, qui sert de relais à la domination impérialiste. Ces classes dirigeantes bourgeoises canalisent la colère justifiée que suscite l’oppression des Palestiniens pour attiser les préjugés antijuifs, tout en foulant eux-mêmes aux pieds les droits des réfugiés palestiniens.

Il faudra des luttes de classe intenses et l’intervention de partis révolutionnaires marxistes pour arracher les travailleurs du Proche-Orient aux préjugés religieux et nationaux et leur faire comprendre qu’ils ont un intérêt historique commun à lutter pour chasser toutes les classes dirigeantes capitalistes de la région. La Ligue communiste internationale se bat pour construire des partis d’avant-garde léninistes pour diriger la lutte pour une fédération socialiste du Proche-Orient.

A bas l’impérialisme !

Aux Etats-Unis comme en France, les politiciens impérialistes continuent à pérorer cyniquement sur la poursuite du « processus de paix » et appellent comme François Hollande « à l’apaisement, au calme et au respect des principes » des deux côtés (l’Humanité, 22 septembre). Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a fini par reconnaître que les accords d’Oslo étaient un échec ; « il était grand temps » de l’admettre, disait dans un article récent (New Yorker, 12 octobre) Rashid Khalidi, professeur à la Columbia University et défenseur bien connu des droits des Palestiniens.

Les accords d’Oslo, signés en 1993, s’inscrivaient dans le cadre des efforts de Washington pour imposer une « pax americana » au Proche-Orient au lendemain de la destruction contre-révolutionnaire de l’Union soviétique, qui avait fourni jusque-là soutien diplomatique et aide à l’OLP et à différents régimes nationalistes arabes. Ces accords n’ont jamais eu pour objectif de conduire à la création d’un Etat palestinien dans les territoires occupés, comme le prétendaient les groupes de gauche ou les nationalistes qui les soutenaient. Comme nous l’écrivions à l’époque, l’accord d’Oslo n’offrait « même pas l’expression la plus déformée de l’autodétermination. Sous couvert d’accorder l’“autonomie” à la bande de Gaza et à Jéricho, il apposerait le sceau de l’OLP sur l’oppression nationale des masses arabes palestiniennes, opprimées depuis si longtemps » (le Bolchévik n° 125, novembre-décembre 1993). Et nous ajoutions, de manière hélas prémonitoire, qu’en acceptant « ce marché grotesque sur le dos du peuple palestinien assujetti […], l’OLP permet aux réactionnaires intégristes comme Hamas de se poser comme les seuls à combattre l’occupation sioniste. Le nationalisme arabe petit-bourgeois est apparu comme l’impasse banqueroutière et impuissante qu’il a toujours été. »

Le professeur Khalidi conclut son article en conseillant aux dirigeants de l’impérialisme américain d’« arrêter de se cacher derrière les fictions d’Oslo » et d’« agir vigoureusement pour mettre fin à un système d’occupation militaire et de colonisation qui sans leur soutien s’écroulerait ». On rencontre très souvent ce genre de position dans le milieu pro-palestinien, aux Etats-Unis et ailleurs, et notamment chez les militants du mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions). Les campagnes BDS ciblent en priorité les administrations universitaires, les grandes entreprises et autres institutions capitalistes dans l’objectif d’amener les impérialistes à faire pression sur leurs partenaires sionistes pour améliorer le sort des Palestiniens (voir nos articles sur le BDS dans le Bolchévik n° 209, septembre 2014).

C’est une très dangereuse illusion : les Etats-Unis et les autres puissances impérialistes comme la France sont responsables depuis plus d’un siècle d’une longue série de massacres, de guerres de rapine et autres atrocités, et aujourd’hui encore ils multiplient les interventions militaires meurtrières au Proche-Orient. Ils sont toujours là pour apporter un soutien sans faille au gouvernement israélien quand celui-ci réprime, opprime et massacre les Palestiniens. A l’été 2014, au lendemain de l’offensive militaire contre Gaza, Hollande avait ainsi téléphoné à Nétanyahou pour lui faire part de la « solidarité de la France », en ajoutant qu’il appartenait à Israël de « prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces ».

Comme le montrent les récentes tensions diplomatiques entre Nétanyahou et l’administration Obama au sujet de l’accord sur le nucléaire iranien, les intérêts américains et israéliens au Proche-Orient ne coïncident pas toujours. Mais les dirigeants sionistes savent qu’ils peuvent compter sur le soutien des deux grands partis politiques américains, les démocrates et les républicains. Ceci vaut y compris pour les figures de proue de l’aile gauche du Parti démocrate, comme Bernie Sanders (un politicien bourgeois présenté comme une sorte de « socialiste » par une partie de la gauche américaine), qui a récemment déclaré que les Etats-Unis devraient jouer un rôle plus « équilibré » à l’égard des Palestiniens, mais qui a soutenu l’offensive israélienne à Gaza en 2014 et qui est pour la poursuite de l’aide militaire américaine à Israël.

Quant au gouvernement « de gauche » de Hollande/Taubira en France, non seulement il a refusé d’annuler la circulaire Alliot-Marie criminalisant les actions BDS, mais la justice capitaliste qu’il dirige a rendu le 20 octobre dernier un arrêt de la Cour de cassation confirmant cette circulaire – ce qui fait de la France pratiquement le pays avec la législation la plus répressive du monde sur cette question, plus sioniste que Sion elle-même ! L’arrêt confirmait la condamnation de 14 militants à 28 000 euros d’amende solidairement (plus 1 000 euros chacun avec sursis) ; ils étaient coupables… de s’être promenés en T-shirt BDS en distribuant des tracts dans un magasin près de Mulhouse en 2009 ou 2010 (le Monde, 7 novembre). Ce qui bien entendu n’empêche nullement le PCF de multiplier les déclarations exigeant que l’impérialisme français soit plus en pointe sur la diplomatie au Proche-Orient. A bas la répression contre les militants BDS !

Il est tout aussi futile et dangereux d’avoir la moindre illusion dans les Nations Unies, qui sont un instrument au service des brigands impérialistes. Parmi la longue liste des crimes de l’ONU, on peut citer le fait que l’ONU a officialisé la partition sioniste de la Palestine en 1948, et qu’elle a été complice du massacre des Palestiniens dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila en 1982 au Liban.

Après des dizaines d’années de trahisons perpétrées par ses dirigeants et après d’interminables « pourparlers de paix » bidon parrainés par les impérialistes, le peuple palestinien est aujourd’hui plus isolé que jamais. Nous cherchons à convaincre les jeunes et les travailleurs qui prennent fait et cause pour les Palestiniens qu’un monde juste et égalitaire ne pourra devenir réalité qu’après le renversement de l’ordre capitaliste mondial. Il faudra pour y parvenir construire des partis marxistes, forgés dans une lutte intransigeante contre tous les agents politiques du capitalisme et contre toutes les manifestations d’oppression basées sur l’appartenance raciale, nationale, religieuse ou sexuelle. Et il faudra gagner à ces partis les couches politiquement les plus avancées de la classe ouvrière et des opprimés, notamment dans les bastions de la réaction impérialiste. C’est la tâche que s’est fixée la Ligue communiste internationale. Il n’y a pas d’autre voie. A bas la terreur sioniste ! A bas l’impérialisme ! Reforgeons la Quatrième Internationale, le parti mondial de la révolution socialiste !