Le Bolchévik nº 208

Juin 2014

 

Deux ans de mesures racistes et anti-ouvrières

Hollande pave la voie à la réaction et aux fascistes

Nous reproduisons ci-après l’exposé de notre camarade Myriam Morin lors du meeting de la LTF du 17 avril à Paris, revu pour publication.

* * *

J’aimerais commencer ma présentation en vous montrant spécialement deux titres de la première page du Bolchévik : le numéro de mars 2012, « Elections 2012 : aucun choix pour les travailleurs », et le numéro de décembre dernier, « Austérité, matraquages racistes, expéditions militaires néocoloniales… A bas le gouvernement capitaliste de Hollande/Duflot ! Pour un gouvernement ouvrier ! » Mais en 2012 le NPA, le Front de gauche de Mélenchon et du PCF, etc., des bureaucrates syndicaux de premier plan comme Bernard Thibault (alors chef de la CGT), tous avaient appelé à « battre Sarkozy » lors des élections présidentielles, c’est-à-dire à voter Hollande.

On a maintenant le résultat sous les yeux : une montée sinistre des fascistes non seulement dans les urnes, mais aussi des attaques de ces bandes homophobes et racistes dans la rue, un redoublement de la terreur raciste des flics et des attaques sans précédent contre le droit du travail, le démantèlement de la Sécurité sociale, etc. Tout ce que Sarkozy avait promis aux capitalistes en 2007 et n’avait pas réussi à faire, Hollande est en train de l’accomplir avec la complicité ouverte de la direction de la CFDT et, à peine masquée, de celle de la CGT. Sous Sarkozy, des millions de personnes étaient descendues dans la rue contre les attaques visant les retraites ; Hollande, lui, a fait passer à 43 annuités la condition de base pour avoir droit à une retraite (elle-même réduite par rapport au plan Sarkozy), et il a réussi à nous enfourner ça sans pratiquement la moindre protestation. Vous avez dû voir les annonces de Valls hier soir en matière de blocage des retraites et autres manières de prendre 50 milliards supplémentaires aux travailleurs pour les donner aux capitalistes français.

A bas le gouvernement capitaliste de Hollande !

Alors on entend ces derniers temps la question : est-ce encore un gouvernement « de gauche » ? La question est mal posée. Qu’il soit de gauche ou de droite, le problème c’est que ce gouvernement est un gouvernement capitaliste, tout comme l’était le gouvernement Ayrault avant lui. Il est là pour assurer par la force de ses flics et autres « bandes d’hommes armés » la pérennité du système d’exploitation capitaliste. Pour nous, marxistes, la société n’est pas divisée entre « droite » et « gauche », mais en classes sociales – les deux classes fondamentales, par le rôle qu’elles jouent dans la production, sont la bourgeoisie et le prolétariat, la première exploitant le second par l’esclavage salarié.

En période de crise, on ferme les usines et on met les champs en jachère alors même que les ouvriers ne peuvent plus se payer de quoi se vêtir ni se nourrir correctement. Il y a d’un côté accumulation effrénée, de l’autre paupérisation croissante et misère. C’est un système irrationnel dont les décideurs bourgeois sont incapables de prévoir les inévitables crises cycliques, encore moins de les combattre, et qui amène en fin de compte les Etats à la guerre – car la guerre est la seule manière d’établir les rapports de force exacts entre rivaux et concurrents. On ne peut pas réformer un système aussi pourri à la racine, on ne peut pas le rafistoler en essayant de le gérer d’une manière un tout petit peu plus favorable pour les ouvriers. Il faut le renverser par une révolution socialiste prolétarienne.

La « gauche » au pouvoir, c’est simplement une autre manière de gérer le capitalisme, où l’on essaie de nourrir les ouvriers, à défaut de pain, avec de belles paroles sur un « juste » partage des sacrifices. Cela paralyse la classe ouvrière, puisque celle-ci reçoit les coups d’un gouvernement sur lequel elle avait compté pour la protéger un minimum des capitalistes. Et loin de préparer automatiquement un regain des luttes, cela a un effet profondément démoralisateur.

PG, PCF, NPA et même LO : la responsabilité des réformistes

Les quelques illusions qu’il pouvait y avoir vis-à-vis du PS (car les gens avaient surtout voté contre Sarkozy) sont bien tombées. Les municipales se sont soldées par une débâcle pour ce parti ; l’abstention dans la classe ouvrière, parmi les employés et les jeunes, a dépassé tous les records – et cela alors même que les éléments politiquement les plus arriérés, eux, se mobilisaient pour voter à droite et, de plus en plus, pour les fascistes. Le PS a perdu pas loin du tiers de ses mairies, en dépit de la progression du Front national qui a gêné électoralement la droite parlementaire. Mais le PCF a été entraîné également dans la tourmente. Il a perdu environ le quart de ses mairies, le Parti de gauche a perdu un certain nombre aussi des quelques mairies qu’il avait emportées du PS lors de la scission de Mélenchon en 2008.

Quant au NPA et à LO, leurs résultats ne sont guère brillants. Evidemment pour LO la comparaison avec leurs résultats de 2008 est difficile à faire, vu qu’il y a six ans ils étaient dans des dizaines de municipalités carrément sur la liste du maire PCF ou PS ou sur d’autres listes de ce genre, de petites alliances locales avec des partis capitalistes comme les radicaux de gauche, les Verts ou les chevènementistes (à Belfort par exemple). En tout cas une chose est claire : aucune de ces organisations, là où elle a pu présenter une liste, n’a été vue comme une alternative de gauche au hollandisme. Et pour cause, vu qu’ils avaient aidé à porter Hollande au pouvoir.

En lisant l’Anticapitaliste, le journal du NPA, on aurait peine à croire aujourd’hui qu’ils avaient appelé à « battre Sarkozy » en 2012, c’est-à-dire qu’ils avaient voté Hollande. Pour la première fois depuis 41 ans (si l’on compte le NPA avec son prédécesseur, la LCR) ces gens-là n’ont pas appelé ouvertement à voter PS ou PCF au deuxième tour des élections (mis à part bien sûr 2002 où la LCR avait voté Chirac). Cela ne reflète certainement pas un tournant à gauche du NPA, mais c’est un indice sûr de l’ampleur du discrédit du PS que les opportunistes du NPA aient préféré ne pas le soutenir ouvertement.

Lutte ouvrière, plus hypocrite encore que le NPA, donne à entendre aujourd’hui qu’ils s’étaient abstenus il y a deux ans. En fait ils avaient parlé d’un « choix personnel » que les ouvriers étaient libres de faire entre l’abstention et le vote Hollande, à l’exception seulement d’un vote pour Sarkozy. Et à Hénin-Beaumont, LO avait appelé aux législatives de juin 2012 à voter PS contre Le Pen – deux ans plus tard, les fascistes du FN, vus comme les seuls opposants sérieux au « système UMPS » discrédité, ont remporté cette mairie.

De Mitterrand à Hollande en passant par Jospin et Ségolène Royal, nous avons toujours refusé d’appeler à voter pour de telles alliances avec des partis capitalistes, des gouvernements ou des municipalités de front populaire. En France le mécanisme classique de la collaboration de classes tourne autour d’une alliance du PS et du PCF incluant des partenaires bourgeois, radicaux, radicaux de gauche, chevènementistes, verts, etc. On a appelé cela Union de la gauche sous Mitterrand, ou plus tard Gauche plurielle sous Jospin il y a quinze ans. A chaque fois cela a servi à démoraliser la classe ouvrière et préparer un retour en force de la réaction. C’est à nouveau le cas aujourd’hui avec non seulement l’écrasante victoire électorale de la droite revancharde aux dernières municipales, mais aussi la sinistre montée des fascistes du Front national.

Avec le discrédit du gouvernement, on a un double mouvement où de tous les côtés les anciens partenaires cherchent à assurer leurs arrières ; les Verts bourgeois ont quitté le gouvernement, et les organisations ouvrières se découvrent des accents oppositionnels inédits – ce qui dans certains cas est d’un ridicule achevé, notamment dans le cas du PCF qui vient à peine de se présenter sur des listes communes avec le PS dans des centaines de municipalités.

Quant au PS lui-même, Hollande, qui était déjà à l’aile droite du Parti socialiste, a décidé après sa défaite électorale de promouvoir Manuel Valls, qui ne rêve depuis des années que de transformer le PS en parti bourgeois pur et simple. Harlem Désir, le chef du PS, a été limogé et remplacé par Jean-Christophe Cambadélis, l’ex-gros bras droit de Dominique Strauss-Kahn, lui-même ex-directeur du FMI. Pour tous ces gens Tony Blair est un modèle. Il avait entrepris il y a près de vingt ans de transformer le Parti travailliste britannique en un parti bourgeois normal, en coupant les liens avec les syndicats qui avaient créé le Parti travailliste ; il prenait pour modèle les Démocrates américains.

Jean-Luc Mélenchon, jamais à court d’illusions dans d’hypothétiques forces vives du PS, avait quitté le PS en 2008 car il anticipait ce genre de développement et voulait regrouper derrière lui les éléments du parti encore liés d’une manière ou d’une autre à la classe ouvrière et à des prétentions socialistes. Les choses ne sont pas allées aussi vite, et le Parti de gauche se développe très lentement : on ne construit pas un nouveau parti de masse de la classe ouvrière, y compris un parti réformiste, en l’absence de luttes sociales prolétariennes convulsives. Mélenchon n’a nullement l’intention de faire autre chose que de gérer loyalement le capitalisme français ; il veut tout au plus revenir au PS de Mitterrand ou Jospin (dont il avait été sous-ministre) ; quelques-uns de ses principaux lieutenants sont issus du chevènementisme, un courant bourgeois particulièrement chauvin et protectionniste.

Mélenchon a lancé après les municipales des appels à constituer un grand front populaire écologiste pour faire pression sur le PS depuis la gauche, et il a adressé des suppliques en ce sens aux Verts, qui ne se réclament ni de près ni de loin de la classe ouvrière ou de la lutte contre le capitalisme. La dernière grande manifestation du Front de gauche le 12 avril était bien typique de la perspective politique des Parti de gauche, PCF, NPA, etc. : les mots d’ordre étaient du genre « quand on est de gauche, on taxe la finance ».

Lutte ouvrière s’est abstenue de participer à cette dernière manifestation. Ils ont déclaré que ce n’était pas assez à gauche pour eux car LO est un groupe communiste pur et dur. A eux d’expliquer alors pourquoi ils étaient par contre en première ligne le 1er décembre au côté de Mélenchon et autres qui réclamaient du gouvernement Hollande/Valls une « révolution fiscale ». En matière de « communisme », LO vient surtout de voter pour le Parti communiste français dans un certain nombre de municipalités capitalistes où LO faisait partie depuis 2008 de la majorité municipale – notamment à Saint-Denis où le maire PCF Didier Paillard a comme tant d’autres pratiqué les expulsions. Paillard a par exemple en juin de l’année dernière fait expulser des ouvriers africains sans papiers qui logeaient rue Gabriel Péri ; en guise de « relogement », certains se sont retrouvés en centre de rétention – mais vous pouvez toujours courir pour entendre parler de cette affaire dans Lutte Ouvrière. Et LO ne peut pas prétendre que son appel à voter Paillard ne prête pas à conséquence et qu’on ne peut donc pas lui en tenir rigueur : Paillard a été élu au deuxième tour contre le PS avec 181 voix d’écart, alors que la liste Philippe Julien de LO en avait eu 363 au premier tour.

Terreur raciste du gouvernement et montée des fascistes

François Hollande est un cynique adorateur de son père spirituel François Mitterrand. Comme Mitterrand au début des années 1980, Hollande a vu d’un bon œil la montée des fascistes du Front national ; il pensait que cela allait affaiblir la droite parlementaire et ainsi sauver les positions électorales du PS. La manœuvre a échoué parce que le discrédit du PS est d’une ampleur inédite. Dans nombre de municipalités, dont l’emblématique Marseille que le PS avait espéré conquérir, il s’est retrouvé troisième derrière le FN. Dans le 7ème secteur de Marseille, où le FN l’a emporté, le PS est passé de 41 % des inscrits à la présidentielle de 2012 à moins de 18 % au deuxième tour des municipales.

Ce qu’il y a de grave là-dedans, ce n’est pas les pertes du PS mais les campagnes racistes incessantes que le gouvernement a menées depuis deux ans, avec à l’avant-garde le flic Valls qui a aujourd’hui pris du galon. Ces campagnes de banalisation du racisme durent depuis 40 ans. Valls s’est mis à interdire des manifestations islamistes (nous avons été pratiquement les seuls à protester) en déclarant potentiellement verboten tout mot d’ordre contre des « Etats alliés » de l’impérialisme français – comme les Etats-Unis ou Israël. Il a multiplié les expulsions de Roms et les destructions de bidonvilles, non pas pour reloger les Roms mais pour les précariser encore plus et attiser le racisme contre eux. Les expulsions de sans-papiers sont maintenues au rythme effarant qu’avait instauré Sarkozy, et même à un rythme supérieur pour les expulsions hors d’Europe. Dans les cités, les flics continuent de marauder en toute impunité, avec chasse au faciès et razzias dans les logements sous couvert de lutte contre le trafic de drogue. On annonce un renforcement des contrôles dans les transports publics, avec la police de l’immigration derrière pour rafler les sans-papiers. Pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui sont ici ! A bas les expulsions ! Le mouvement ouvrier doit défendre les jeunes de banlieue contre la terreur raciste des flics !

Et Valls a été envoyé à Forbach et dans d’autres villes dévastées par le chômage où le FN convoitait la mairie. Il y avait un article intéressant dans le Monde il y a quelques jours (12 avril), qui montrait l’étroite corrélation entre le chômage et non pas l’abstention mais le vote pour le FN. Comme toujours avec les fascistes, le FN recrute et accroît son audience parmi les chômeurs en voie de marginalisation sociale, et plus généralement parmi les petits-bourgeois enragés par la crise (et le long de la Méditerranée, où il y a les anciens pieds-noirs – qui sont pour beaucoup enragés même en période de prospérité).

Valls n’adore rien comme caresser dans le sens du poil le beauf raciste « blanc white blanco », comme il l’appelle, et essayer de récupérer son vote. Officiellement sa tournée à Forbach et ailleurs avait pour but de combattre le FN. En réalité, ses discours de flic raciste ont contribué à légitimer le racisme du FN, qui a prospéré. Le FN a conquis une douzaine de municipalités et plus de mille conseillers municipaux dans l’ensemble du pays, alors même que pleuvaient les révélations presque quotidiennes sur la présence sur ses listes de nervis fascistes et de nazis avérés, de négationnistes, etc.

Car c’est cela la vraie nature du Front national. Pour le moment il a une posture de parti réactionnaire et raciste « normal ». Les premières décisions des nouveaux maires FN ont été tout à fait constitutionnelles, par exemple l’expulsion de la Ligue des droits de l’homme de ses locaux à Hénin-Beaumont. Mais la couche de vernis démocratique est bien fine. Les municipalités et les conseillers municipaux vont devenir autant de points d’ancrage pour recruter dans tout le pays un appareil de militants prêts au coup de poing contre les travailleurs, le jour où l’on considèrera qu’ils se mettent à menacer l’ordre capitaliste. Les manœuvres d’enfumage « démocratique » et « républicain » sont classiques chez les fascistes. Trotsky écrivait d’Hitler en décembre 1931 : « Son calcul est tout à fait clair et évident : il cherche à endormir l’adversaire avec la perspective plus lointaine de la croissance parlementaire des nazis, pour porter au moment favorable un coup mortel à l’adversaire que l’on aura endormi. »

Trotsky a publié au début des années 1930 de nombreux écrits pour faire comprendre ce qu’était le fascisme et comment on pouvait le combattre avant qu’il ne soit trop tard. Il écrivait notamment dans Comment vaincre le fascisme :

« Le régime fasciste voit son tour arriver lorsque les moyens “normaux”, militaires et policiers de la dictature bourgeoise, avec leur couverture parlementaire, ne suffisent pas pour maintenir la société en équilibre. A travers les agents du fascisme, le capital met en mouvement les masses de la petite bourgeoisie enragée, les bandes des lumpen-prolétaires déclassés et démoralisés, tous ces innombrables êtres humains que le capital financier a lui-même plongés dans la rage et le désespoir. »

La cause du fascisme, c’est l’incapacité de la démocratie capitaliste à résoudre les contradictions d’une société en crise et à rétablir un taux de profit acceptable pour les capitalistes. La petite bourgeoisie enragée, les chômeurs exclus du processus de production sont mobilisés contre différents boucs émissaires minoritaires (Juifs, immigrés, musulmanes voilées, Roms, etc.), mais la véritable cible est le mouvement ouvrier organisé, qui doit être détruit complètement, comme cela a été le cas en Italie dans les années 1920 et en Allemagne dans les années 1930. Trotsky disait aussi :

« Le fascisme italien est issu directement du soulèvement du prolétariat italien, trahi par les réformistes. Depuis la fin de la guerre, le mouvement révolutionnaire en Italie allait en s’accentuant et, en septembre 1920, déboucha sur la prise des fabriques et des usines par les ouvriers. La dictature du prolétariat était une réalité, il fallait seulement l’organiser et en tirer toutes les conclusions. La social-démocratie prit peur et fit marche arrière. Après des efforts audacieux et héroïques, le prolétariat se retrouva devant le vide. L’effondrement du mouvement révolutionnaire fut la condition préalable la plus importante de la croissance du fascisme. En septembre, l’offensive révolutionnaire du prolétariat s’arrêtait ; dès novembre, se produisait la première attaque importante des fascistes (la prise de Bologne). »

Il est clair que nous ne sommes pas au lendemain d’un échec révolutionnaire qui a semé la terreur parmi la bourgeoisie. En ce sens une dictature fasciste n’est pas à l’ordre du jour immédiatement. Mais la crise capitaliste est si profonde, en Europe encore plus qu’ailleurs, et le PS, l’UMP, etc. sont si déconsidérés que, s’il y a une explosion sociale face aux attaques qui pleuvent, les fascistes chercheront à se présenter comme le seul recours potentiel pour la bourgeoisie. Les capitalistes sont de plus en plus acculés, notamment l’impérialisme français dont la décadence s’accélère au fur et à mesure qu’il perd du terrain par rapport à son principal rival, l’impérialisme allemand.

A bas l’Union européenne capitaliste impérialiste, et son instrument monétaire, l’euro !

Après six ans de crise économique, on voit un peu partout la montée du nationalisme bourgeois et de sa forme la plus brutale, le fascisme. En Hongrie il y a un parti de droite dure installé au pouvoir, avec les fascistes du Jobbik qui font 20 % des suffrages. En Grèce il y a Aube dorée, sur laquelle je ne vais pas m’étendre parce que nous avons publié plusieurs articles de nos camarades grecs là-dessus. Et ainsi de suite. En Ukraine a eu lieu en février un coup d’Etat avec les fascistes en première ligne. Et derrière il y avait les impérialistes, notamment les impérialistes américains avec Fabius en écho – et le NPA qui essayait désespérément de donner une coloration « révolutionnaire » à la racaille néonazie de la place Maïdan. En réaction, les peuples minoritaires luttent contre l’oppression nationale qu’ils subissent, que ce soient les Russes en Crimée (voir notre article page 28), les Catalans en Espagne, les Basques en France et en Espagne.

En France ont aussi contribué à la montée du FN les campagnes protectionnistes de Montebourg pour « acheter français » et celles de Mélenchon pour le « protectionnisme solidaire », c’est-à-dire prônant l’unité nationale avec les capitalistes français contre les ouvriers du reste du monde. Et le mois prochain le FN risque de rafler le gros lot aux élections européennes, ce qui va lui assurer une nouvelle tribune et de considérables financements de l’Etat capitaliste pour déverser ses appels à la haine raciale.

Nous avons toujours été contre l’Union européenne : c’est un consortium impérialiste instable emmené par l’Allemagne (et dans une moindre mesure la France) pour davantage peser économiquement face aux impérialistes américains et japonais, et pour saigner la classe ouvrière au niveau intérieur. L’UE et ses règles économiques de plus en plus draconiennes servent de prétexte aux bourgeoisies européennes, y compris française, pour pratiquer une austérité sauvage et organiser le contrôle de l’immigration en amont des frontières : ce sont les flics italiens ou grecs qui coulent ou laissent sombrer les navires d’immigrants en Méditerranée, les flics espagnols qui tirent sur les bouées d’immigrés qui essaient de gagner à la nage l’enclave espagnole de Ceuta au Maroc, et ainsi de suite. Nous disons : A bas l’Union européenne capitaliste ! A bas la forteresse Europe raciste ! Pour les Etats-Unis socialistes d’Europe !

La stratégie suicidaire des bureaucrates syndicaux contre les fascistes

Alors comment combattre le fascisme ? La classe ouvrière, qui est la cible ultime de cette racaille, a un intérêt direct à le faire. Aujourd’hui, les bandes fascistes sont encore relativement petites, et des mobilisations déterminées de la classe ouvrière pourraient faire rentrer dans son trou cette racaille. Nous avons mentionné dans le Bolchévik en septembre dernier comment en France, dans les années 1920, le jeune Parti communiste mobilisait les forces issues des syndicats et de la jeunesse pour systématiquement empêcher les fascistes de tenir leurs meetings. Loin de terroriser les travailleurs, ce sont les fascistes qui se retrouvèrent à tâter le goût du pavé, ce qui a fini par donner à réfléchir aux fils à papa et autres paumés qui se croyaient déjà un destin de surhommes aux ordres de leur führer. On ne les revit plus guère jusqu’en 1934.

Ce n’est pas que les syndicats aujourd’hui soient indifférents à la montée du FN, ni qu’ils soient aveugles au danger physique que représentent les fascistes. Ils sont confrontés dans les entreprises à cette racaille qui s’enhardit à chaque provocation de Valls ; ils comprennent comment le FN divise les travailleurs et les affaiblit face aux patrons. La question, c’est quelle est la réponse des bureaucrates face à cette situation.

En janvier dernier a été lancée une campagne syndicale contre le FN. Il y a eu un grand meeting au siège de la CGT le 29 janvier, avec les dirigeants de trois fédérations syndicales (Thierry Lepaon pour la CGT, Bernadette Groison pour la FSU et Annick Coupé pour Solidaires). Une plaquette intersyndicale de 100 pages sur papier glacé a été diffusée pour faire « barrage syndical antifasciste ». On y parle sans détour du meurtre de Clément Méric par les fascistes et d’un nombre croissant d’agressions ; on ajoute que « cette violence s’exprime de plus en plus sur le terrain physique ». Mais on a beau chercher dans ces cent pages de baratin sur la méchanceté du FN la moindre ligne pour préparer la classe ouvrière à affronter et stopper les fascistes dans la rue, c’est-à-dire là où ils terrorisent les personnes à la peau foncée ou les couples homosexuels. Tout au plus trouve-t-on page 35 la déclaration suivante d’un bureaucrate de la CGT :

« En portant le fer contre la politique gouvernementale, nous contribuons à créer les conditions du retour à une politique de progrès social et à faire reculer le FN. En défendant au quotidien le service public de proximité, nous combattons un parti qui progresse particulièrement dans les zones où le service public a été mis à mal. »

Autrement dit, la seule chose à faire, c’est faire pression sur le gouvernement capitaliste de Hollande pour qu’il ralentisse la fermeture des perceptions et bureaux de poste, qu’il ouvre plus de commissariats de police et peut-être qu’il augmente le SMIC et les prestations sociales (ah oui, il y a aussi : mettre des petits bouts de papier de n’importe quelle couleur sauf brune dans des boîtes en plastique le 22 mars). Un tel constat de faillite du mouvement ouvrier organisé aide les fascistes à se présenter comme les seuls défenseurs de l’ouvrier (français bien sûr), et les seuls qui soient déterminés à liquider ce système en pleine putréfaction.

J’ai un exemple très concret à offrir. Vous savez probablement que nous avons un local à Rouen. Non loin de là il y a une grosse usine Renault à Cléon, près de la ville d’Elbeuf. Elbeuf est une ancienne ville industrielle ravagée par les fermetures d’usines. Aux élections municipales une liste FN, avec notamment un ex-militant de la CGT, se présentait contre le maire PS. Le FN avait appelé à un meeting pour lancer ses appels à la haine raciste dans le quartier du Puchot, un quartier ouvrier rongé par un chômage chronique massif. Une manifestation a été appelée le jour même par la gauche locale, et il y avait de nombreux militants syndicaux avec leurs drapeaux, y compris de l’usine Renault. Cela faisait des centaines de personnes, la plus grosse manifestation dans la ville depuis des années.

Mais là où le service d’ordre de la CGT s’est montré particulièrement actif, organisé et décidé, cela a été lors de la dissolution de la manifestation, pour disperser les antifascistes. L’idée même d’envisager d’empêcher la tenue du meeting raciste et anti-syndical du FN est complètement étrangère aux bureaucrates syndicaux et aux réformistes.

Cette histoire d’Elbeuf montre à la fois que les travailleurs du coin étaient mobilisés face au danger du FN, mais que la stratégie de leur direction était opposée à une action déterminée pour empêcher le FN de tenir sa provocation. Au final, le FN a fait plus de 35 % des voix dans cette ancienne ville ouvrière.

NPA, LO : chambre d’écho de la bureaucratie syndicale

Maintenant la politique du NPA, c’était ni plus ni moins ce que les bureaucrates ont mis en place dans les rues d’Elbeuf : une « mobilisation unitaire », « tous ensemble contre le F-haine », etc. Le NPA appelle à des meetings antifascistes unitaires où tout le monde est invité et est le bienvenu, sauf les trotskystes de la LTF qui sont les seuls à avoir une perspective pour stopper les fascistes. Nos camarades ont sorti un petit tract sur les exclusions répétées contre nous par le NPA de Rouen (nous l’avons publié dans le Bolchévik du mois de décembre).

Quant à LO, elle a fait des commentaires désobligeants sur les tactiques de « gauchistes » qui cherchent la baston entre leurs maigres forces et les groupes de fachos ; c’est effectivement le genre de tactique qui mène les antifascistes le plus souvent à l’hôpital ou au commissariat de police. Mais le message que LO fait passer avec ces commentaires, c’est qu’elle est opposée à l’idée de chercher à mobiliser en masse le prolétariat organisé à la tête de tous les opprimés pour stopper physiquement les fascistes.

Au fond, LO n’a pas non plus d’autre politique que la CGT ; ils noircissent des pages et des pages de papier pour essayer de convaincre les électeurs potentiels du FN qu’en fait ce parti est simplement anti-ouvrier et capitaliste, qu’en gros c’est de l’UMPS en pire. Vous pouvez regarder la propagande électorale de LO pour les municipales, qu’ils ont republiée dans Lutte de classe (mars) : la question du racisme est purement et simplement évacuée, et au lieu de cela on a quelques plates mises en garde du genre que le FN « est autant [que la droite et la gauche] au service du grand patronat et des banquiers que les autres, mais en prônant une politique encore plus réactionnaire et plus autoritaire contre les classes populaires ».

Ou encore il y a eu la discussion jeudi dernier (10 avril) à la télé entre Marine Le Pen et Jean-Pierre Mercier, dirigeant de LO (qui se présentait pour l’occasion en simple ouvrier de l’automobile et syndicaliste). Accepter de discuter avec les fascistes revient à légitimer leurs discours racistes et anti-syndicaux. C’est tout le mouvement ouvrier qui est perdant à ce genre de « débat ».

Et c’est bien ce qui s’est passé. Le Pen a prétendu que le FN est le meilleur défenseur des ouvriers, et elle s’est réjouie que seuls 22 % des Français, d’après elle, font confiance aux syndicats pour les défendre ; elle disait à Mercier : « vous les faites défiler et après c’est bon, on rentre à la maison, c’est fini ». Elle a accusé les syndicats d’être « main dans la main avec les patrons… complices du grand patronat… et les ouvriers s’en rendent compte » – faisant démagogiquement l’amalgame entre les syndicats et les trahisons bien réelles des Lepaon (chef de la CGT) et autres Berger (CFDT). Les fascistes veulent carrément détruire les syndicats, ce n’est pas avec eux qu’on peut débattre des problèmes de leur direction. Mercier a farouchement nié cette complicité des bureaucrates avec les patrons, prenant ainsi la défense de leur politique. Et en effet, le travail de LO dans les syndicats est réformiste, comme LO le reconnaissait il y a quelques années (voir Lutte de classe, février 2008), et comme Mercier l’a montré à la direction de la CGT PSA Aulnay – j’en reparlerai tout à l’heure.

De même, comme LO n’est pas opposée sur le fond à l’Union européenne capitaliste et à l’euro (elle s’était abstenue sur le traité de Maastricht en 1992), Mercier a permis à Le Pen de se présenter mensongèrement comme le défenseur de l’« ouvrier » français (y compris d’origine immigrée), notamment face à la « directive détachement » de l’UE, qui organise la destruction des acquis sociaux en permettant l’emploi de travailleurs étrangers détachés à des conditions salariales et de protection sociale bien pires.

Les ouvriers ont raison d’être défiants vis-à-vis de l’UE, mais ils ne doivent pas céder aux sirènes nationalistes du protectionnisme. Ils doivent au contraire comprendre que les ouvriers d’Europe de l’Est, embauchés par des compagnies sous-traitantes à une fraction des avantages sociaux du droit français, et dans des conditions s’accompagnant généralement d’heures supplémentaires massives non payées, sont des frères de classe. Il faut lutter pour les recruter au syndicat et pour les faire embaucher avec des contrats de travail égaux à ceux des travailleurs « français ».

Quel programme pour vaincre le fascisme ?

Loin de nous l’idée que les choses soient faciles. La classe ouvrière a été décimée par plus de trente années de fermetures d’usines et de désindustrialisation du pays, menées notamment par des gouvernements « de gauche ». Et là où il reste des usines, les syndicats eux-mêmes sont terriblement affaiblis. Ils ne sont souvent plus que l’ombre de ce qu’ils avaient été. A force de trahisons et de divisions syndicales entretenues par les patrons et par les bureaucrates, les travailleurs ont souvent perdu la compréhension qu’ils doivent s’organiser pour défendre leurs intérêts face aux attaques des capitalistes.

A PSA Aulnay, qui vient de fermer, la CGT dirigée par Lutte ouvrière organisait peut-être 10 % des travailleurs. La CGT était à la tête de la lutte contre la fermeture de l’usine. Des centaines de travailleurs ont courageusement fait grève pendant des mois. Mais le plus haut fait d’armes dont se soit revendiqué Jean-Pierre Mercier, l’un des bureaucrates CGT (et dirigeant LO dont je viens de parler), a été d’organiser une intrusion surprise dans une réunion de la direction du PS, afin de faire pression sur Moscovici pour qu’il aide les ouvriers de Peugeot. Moscovici, c’était le ministre de l’économie et député dans le Doubs où se situe le siège historique de Peugeot – autrement dit l’un des obligés de la famille Peugeot dans l’état-major du PS et du gouvernement. C’est sûr que ce genre de lutte, qui en plus est présentée comme exemplaire par LO, un groupe qui se prétend « révolutionnaire » et « communiste », induit la démoralisation dans la classe ouvrière.

Il faudrait en quelque sorte reconstruire les syndicats, contre les directions réformistes qui ont mené la classe ouvrière de ce pays dans l’état où elle est. Une telle lutte doit être liée au combat pour gagner les ouvriers les plus avancés à un programme de transition, qui fasse le pont entre les revendications immédiates de la classe ouvrière et la lutte pour le renversement du capitalisme par la classe ouvrière. Le fascisme est inhérent au capitalisme, et l’on ne pourra l’éradiquer qu’avec le renversement du capitalisme. La nécessité de l’autodéfense ouvrière face aux milices fascistes posera la question des milices ouvrières, embryons d’un futur pouvoir prolétarien.

La lutte pour l’unité de la classe ouvrière exige de s’opposer avec la plus grande intransigeance à toutes les campagnes de division selon des lignes de clivage ethniques, raciales ou sexuelles. Il faut en finir avec les divisions entre CDI et CDD, stagiaires et autres intérimaires et sous-traitants – y compris ceux qui viennent d’Europe de l’Est dans le cadre des directives européennes. Tous les travailleurs sur un site devraient bénéficier de la même grille de salaire, calée sur la plus favorable, et des mêmes avantages sociaux, et ils devraient pour cela être organisés dans un même syndicat industriel groupant tous les ouvriers d’un site. Les femmes doivent pouvoir disposer elles aussi de contrats à plein temps, ce qui pose la nécessité de crèches et garderies gratuites et de qualité, ouvertes 24 heures sur 24, avec des cantines accessibles à tous les enfants matin, midi et soir.

Ces revendications paraissent élémentaires et de bon sens pour défendre les intérêts immédiats de la classe ouvrière, et pourtant elles se heurtent frontalement aux intérêts des capitalistes et aux intérêts des bureaucraties syndicales, rivales entre elles pour se partager les quelques miettes qui tombent de la table des capitalistes. Elles posent la question d’une nouvelle direction de la classe ouvrière, une direction révolutionnaire.

C’est ce genre de questions que poserait un parti révolutionnaire de type bolchévique. C’est le genre de parti pour lequel nous luttons. Nous ne prétendons pas être en mesure aujourd’hui d’avoir un impact significatif sur le cours des événements. Pourtant c’est la seule perspective qui puisse mener les travailleurs de l’avant, et un jour elle aura une audience à la mesure de la radicalisation de la classe ouvrière en lutte. Pour que ce jour-là elle existe, il faut la tracer aujourd’hui.

Les obstacles sont considérables. Il n’y a pas « seulement » (si j’ose dire) les trahisons des sociaux-démocrates français depuis trente ans et plus. Il y a aussi des facteurs d’ampleur internationale et historique qui pèsent sur le niveau de conscience de la classe ouvrière. La destruction de l’Union soviétique a provoqué une grande démoralisation dans le prolétariat. La bourgeoisie proclame depuis sans relâche que « le communisme est mort », et qu’il faut donc accepter la perpétuation du capitalisme pour les siècles des siècles.

Le résultat, c’est que les anciens militants croient souvent aujourd’hui que le communisme a beau être une belle idée, cette belle idée a échoué. Quant aux plus jeunes, ils n’ont simplement même pas l’idée qu’il pourrait y avoir une société socialiste égalitaire basée sur l’abondance matérielle ; leur conception du socialisme ne va guère au-delà d’une certaine redistribution des revenus ; les conceptions réactionnaires sur la « décroissance » font florès, y compris dans une partie de la gauche comme le NPA. Dans le contexte de récession permanente que nous vivons depuis l’éclatement de la crise capitaliste internationale en 2008, cela revient à faire accepter l’idée que les pauvres en ont encore trop !

Pour un parti ouvrier léniniste tribun du peuple

La régression des idées ne frappe pas seulement le mouvement ouvrier organisé. Toutes les couches de la population sont concernées, même si le phénomène est inégal et qu’il n’est pas éternel. On voit aussi parmi les opprimés la résurgence de toutes sortes de préjugés arriérés. Il y a une résurgence de la pratique de l’islam, y compris sous ses formes les plus obscurantistes : respect strict de l’alimentation halal, port du foulard islamique, pratique généralisée du ramadan, fréquentation régulière de la mosquée. Comme l’expliquait Karl Marx il y a plus de 150 ans, la religion est l’âme d’un monde sans cœur, la promesse consolatrice d’un au-delà pour un ici-bas de souffrance et d’oppression. Un certain nombre d’imams ont activement mobilisé à Paris et Lyon notamment pour les manifestations contre le droit au mariage des homosexuels ; on a vu ainsi des contingents de Maghrébins au milieu de la lie de la société bourgeoise française : fascistes, politiciens UMP, catholiques intégristes prêts à toutes les croisades contre l’islam.

Les trahisons des sociaux-démocrates et des bureaucrates syndicaux font qu’aujourd’hui il n’est plus du tout automatique pour les populations issues de l’immigration africaine ou nord-africaine de voir du côté du mouvement ouvrier ou de la gauche en général une force qui les défende. Il y a maintenant des politiciens de droite issus de l’immigration maghrébine et africaine. Même les fascistes – comble de l’ironie vu leur programme de terreur raciste – obtiennent des voix et recrutent dans ces couches. Dieudonné et son partenaire national-socialiste Alain Soral y excitent les préjugés anti-juifs et homophobes, et ils contribuent ainsi à présenter comme une alternative envisageable les antisémites du Front national.

Nous avons écrit tout un article dans le dernier Bolchévik contre Dieudonné pour mettre en garde contre cet individu. En même temps, nous avons condamné le soutien que Mélenchon et Lutte ouvrière ont apporté à la censure de ses spectacles par le gouvernement Valls. Ce genre de soutien, plus ou moins avoué, ne peut que créer des illusions que l’Etat bourgeois serait un rempart contre la montée des idées réactionnaires et l’oppression. C’est tout le contraire. L’Etat, c’est fondamentalement un ensemble de forces répressives pour protéger le système d’exploitation capitaliste contre les travailleurs et les opprimés. Pas plus tard qu’avant-hier, vous avez dû entendre comment les flics avaient pour consigne de faire la chasse aux Roms, de façon ciblée, dans le 6e arrondissement de Paris.

Nous cherchons à nous inspirer des conceptions de Lénine. Il a construit le Parti bolchévique en s’opposant à toute manifestation de l’oppression capitaliste, quelle qu’en soit la victime – que ce soient des Juifs, des étudiants, des sectes religieuses, des minorités nationales – et en cherchant à mobiliser la classe ouvrière et les opprimés sur ces questions, pour montrer à tous la portée émancipatrice de la lutte prolétarienne pour le socialisme. Notre tâche, c’est aujourd’hui de maintenir le programme révolutionnaire que nous avons hérité directement de nos prédécesseurs révolutionnaires, et fondamentalement des bolchéviks de Lénine et Trotsky. C’est à cette condition que nous pourrons gagner l’avant-garde de la classe ouvrière au seul programme qui puisse nous donner la victoire lors des soulèvements révolutionnaires qui un jour se produiront.