Le Bolchévik nº 206 |
Décembre 2013 |
Lutte ouvrière contre l’interdiction du licenciement de Fatima Afif
La cour d’appel de Paris a rendu son verdict le 27 novembre concernant le licenciement de Fatima Afif par la crèche privée Baby Loup. Nous avions dénoncé ce licenciement dans un récent article du Bolchévik (juin 2013), « Le petit chaperon rouge, version gore laïcarde : Baby Loup dévoré par la nounou en foulard ». Fatima Afif avait été licenciée pour « faute grave » (elle insistait simplement pour porter un foulard islamique), la direction ayant refusé une rupture conventionnelle de son contrat de travail. La directrice de la crèche, Natalia Baleato, a même préféré fermer la crèche plutôt que de réembaucher Fatima. L’avocat de Fatima a judicieusement traité Baleato de « Jeanne d’Arc de la lutte contre le voile ».
Le verdict avait été précédé d’une plaidoirie en « audience solennelle », une procédure indiquant que le gouvernement capitaliste de Valls/Taubira était déterminé à peser de tout son poids pour obtenir le licenciement de Fatima. Pour justifier le licenciement, la cour est allée jusqu’à fabriquer une catégorie inconnue dans le droit capitaliste français, l’« entreprise de conviction » en tout cas celle d’interdire les convictions de Fatima Afif. Une telle jurisprudence constitue une menace directe et immédiate pour les milliers de travailleuses musulmanes portant un foulard dans ce pays.
Que le tribunal capitaliste ait rendu un tel arrêt raciste, qui bafoue même la lettre de sa propre législation, n’est pas surprenant. Le scandale est que Lutte ouvrière, une organisation se réclamant du socialisme et même de la défense des femmes opprimées, ait espéré un tel jugement (Lutte Ouvrière, 29 mars et 25 octobre), avant de persister et signer en le saluant dans Lutte Ouvrière du 6 décembre. Le titre en première page de ce même numéro proclamait en grand « Interdiction des licenciements ! ». LO du côté de la patronne qui licencie une salariée voilée cela résume toute l’hypocrisie des laïcards républicains de LO, petits godillots du gouvernement dans cette affaire. A bas le licenciement de Fatima Afif !