Le Bolchévik nº 196 |
Juin 2011 |
Limpérialisme français renforce sa mainmise sur la Côte dIvoire
18 mai Nous reproduisons ci-après un tract publié par la LTF le 4 avril à la nouvelle de l’intervention militaire française à Abidjan pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir en Côte d’Ivoire. Le 11 avril Gbagbo était arrêté dans le palais présidentiel par les troupes françaises et les « forces républicaines » de l’opposant à Gbagbo, Alassane Ouattara, après d’intenses bombardements français. Depuis, les exactions se multiplient. Ainsi Basile Mahan Gahé, secrétaire général du syndicat Dignité, a été arrêté il y a trois semaines, et l’on ignore à ce jour tout du lieu et des conditions de sa détention (l’Humanité, 17 mai). Libération immédiate de Mahan Gahé et des militants ouvriers emprisonnés !
Le tract de la LTF a été diffusé lors de plusieurs manifestations à Paris contre l’intervention française en Côte d’Ivoire. Ces manifestations, marquées par l’absence de la gauche française, avaient mobilisé presque exclusivement des militants ivoiriens pro-Gbagbo. En dépit de notre claire opposition politique au régime bourgeois de Gbagbo, nombre de manifestants ont bien accueilli notre tract, ainsi que notre déclaration internationale en défense de la Libye contre l’intervention impérialiste. Pour eux, le lien était évident entre ces deux interventions de l’impérialisme français. A l’inverse, la scandaleuse absence du mouvement ouvrier français des protestations à Paris contre cette nouvelle barbouzerie « françafricaine » est sûrement en rapport avec le soutien déclaré ou voilé que les réformistes n’ont cessé de témoigner pour les « révolutionnaires » libyens, même après que ces derniers étaient devenus les simples troupes terrestres des impérialistes pour chasser Mouammar Kadhafi du pouvoir et faciliter encore le pillage impérialiste du pays (voir notre article en première page).
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Les troupes impérialistes de la France et de l’ONU interviennent depuis aujourd’hui officiellement dans la guerre civile en Côte d’Ivoire, bombardant à l’arme lourde le palais présidentiel et les camps militaires fidèles à Laurent Gbagbo. Nous exigeons l’arrêt immédiat de ces frappes et le retrait inconditionnel de toutes les troupes de l’ONU et des troupes françaises. Il est du devoir de la classe ouvrière en France de s’opposer à cette nouvelle intervention sanglante de la soldatesque impérialiste française. Nous protestons aussi contre la chasse à l’homme pratiquée jusque dans les rues de Paris contre les partisans de Gbagbo, les flics français ayant procédé à des dizaines d’arrestations hier au commissariat central de Clignancourt dans le 18e arrondissement, et à nouveau ce soir.
Nous avions pour position ces dernières années que les deux camps en présence dans la guerre civile ivoirienne étaient deux camps également réactionnaires et, en fait, pro-impérialistes, entre lesquels les marxistes ne prenaient aucun côté. Le régime de Gbagbo (qui a donné, entre autres, la concession du terminal à conteneurs du port d’Abidjan au copain de Sarkozy le capitaliste Bolloré) avait fait sienne la propagande sur l’« ivoirité » transformant en non-citoyens des millions de personnes qui vivaient en Côte d’Ivoire depuis des années (ou depuis leur naissance) parce qu’elles faisaient parties d’ethnies du nord du pays ou des pays avoisinants au nord. Ce concept raciste avait été développé par Henri Konan Bédié, actuel allié d’Alassane Ouattara, le dirigeant du camp anti-Gbagbo. Ouattara est un ex-directeur général du FMI dont les troupes viennent de massacrer des centaines de personnes à Duékoué dans l’ouest du pays.
Ce qui a changé, c’est que les impérialistes et notamment les impérialistes français interviennent ouvertement du côté des forces à la solde d’Alassane Ouattara. Après avoir sans doute préparé de longue date l’offensive militaire de ce dernier en lui fournissant des armements, ils ont franchi le pas en intervenant directement quand l’offensive militaire ouattariste a marqué le pas à Abidjan. Comme nous l’écrivions dans notre article de décembre 2004 (« Carnage à Abidjan : made in France Troupes françaises et de l’ONU, hors de Côte d’Ivoire ! ») : « Dans tout conflit entre troupes françaises et ivoiriennes (ou rebelles) nous sommes sans ambiguïté du côté opposé à notre propre impérialisme. » Nous dénonçons également l’attaque impérialiste contre la Libye de Kadhafi, avec les troupes françaises en première ligne, et défendons la Libye contre cette attaque (voir la déclaration de la Ligue communiste internationale du 20 mars).
Nous accusons l’impérialisme français des crimes aujourd’hui commis en Côte d’Ivoire. C’est l’héritage de cent ans de colonialisme qui a conduit à l’exacerbation des tensions interethniques et à l’éclatement de la guerre civile dans ce pays. C’est l’impérialisme, notamment français et américain, qui, en prenant prétexte de la mascarade électorale de novembre-décembre dernier, marquée par des fraudes de tous côtés, a exacerbé ces tensions. Aujourd’hui l’impérialisme français prend directement part aux massacres. Nous appelons les travailleurs ici en France à se mobiliser contre la nouvelle aventure militaire colonialiste de l’impérialisme gorgé de sang, sans donner aucun soutien politique au régime bourgeois de Gbagbo.
Le prolétariat ivoirien est sûrement faible et aujourd’hui déchiré par les violences interethniques, mais il est la seule force sociale interne qui représente un avenir pour les opprimés de ce pays. La révolution ouvrière en Côte d’Ivoire doit être liée à celle des pays africains où le prolétariat est plus puissant, notamment l’Afrique du Sud et l’Egypte, et elle doit être étendue aux centres impérialistes et notamment la France.
Il y a eu ces dernières années une importante immigration en provenance de Côte d’Ivoire et de la région vers la France, qui aujourd’hui se retrouve en partie intégrée dans le prolétariat des usines de la région parisienne et ailleurs. Nous luttons pour les pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui sont ici. Nous luttons pour l’union internationale des travailleurs et pour forger un lien indissoluble entre la révolution prolétarienne dans les pays opprimés par l’impérialisme et dans les centres impérialistes eux-mêmes, un lien qu’incarnent ces travailleurs immigrés. Pour des mobilisations de la classe ouvrière en France contre les exactions de l’impérialisme français en Côte d’Ivoire et en Libye ! Défense des troupes de Gbagbo assiégées par l’impérialisme à Abidjan ! Troupes impérialistes françaises, de l’ONU, hors de Côte d’Ivoire, hors de Libye, hors d’Afrique ! Pour des partis ouvriers d’avant-garde léninistes-trotskystes, composants d’une Quatrième Internationale reforgée !