Le Bolchévik nº 193

Septembre 2010

 

A bas la loi anticommuniste en Pologne !

Nous reproduisons ci-dessous la traduction, avec une correction factuelle mineure, d’un article publié initialement dans le n° 183 (mai 2010) de Spartakist, le journal du Parti ouvrier spartakiste (SpAD), section allemande de la LCI, la Ligue communiste internationale (quatrième-internationaliste).

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Le gouvernement de droite polonais a l’intention de faire entrer en vigueur le 8 juin un amendement au Code pénal pour criminaliser la dissémination de « symboles communistes ». Cette loi, promulguée par feu le président Lech Kaczyński après un vote quasi-unanime du parlement à l’automne 2009, prévoit une peine pouvant aller jusqu’à deux ans de prison pour quiconque « produit, perpétue ou importe, détient, présente, possède, montre, porte ou envoie un texte imprimé, un enregistrement ou tout autre objet » comportant des symboles « fascistes, communistes ou autres symboles totalitaires » pour des raisons autres qu’« artistiques » ou pour les besoins de la « recherche ». Indépendamment du grotesque étalage d’« unité nationale » orchestré suite à la mort de l’archiréactionnaire président Kaczyński, cette interdiction est là pour rappeler que les intérêts du prolétariat sont opposés à ceux de toutes les fractions de la bourgeoisie polonaise. La classe dirigeante de la Pologne capitaliste, qui est responsable de la dévastation des conditions de vie de millions de travailleurs durant les deux dernières décennies, veut maintenant criminaliser tout ce qui pourrait montrer la voie de la seule solution à tous les maux inhérents au capitalisme (la misère des masses travailleuses, l’oppression des femmes, l’exploitation impérialiste et la guerre, l’antisémitisme, le chauvinisme et les préjugés) : la révolution prolétarienne internationale et la création d’une société socialiste égalitaire à l’échelle mondiale.

L’interdiction des « symboles communistes » en Pologne s’inscrit dans une série de mesures semblables mises en place, ou qui menacent de l’être, par les gouvernements capitalistes en Europe de l’Est depuis la destruction contre-révolutionnaire des Etats ouvriers bureaucratiquement déformés. La Hongrie a décrété une interdiction des symboles communistes en 1993, et la Lituanie a fait de même en 2009. Des interdictions similaires sont en cours de préparation en Estonie, en Lettonie et ailleurs. En 2007, le gouvernement tchèque a interdit l’Union de la jeunesse communiste au motif qu’elle appelait à la socialisation des moyens de production. Plus récemment, des réactionnaires tchèques ont demandé également l’interdiction du Parti communiste de Bohème et de Moravie, le troisième parti du pays en nombre de députés.

Une censure aussi flagrante fait tache de façon embarrassante par rapport aux « idéaux démocratiques » dont se réclament hypocritement les bourgeois libéraux. En 2008, la Cour européenne des droits de l’homme avait annulé l’amende infligée en 2004 à Attila Vajnai, un dirigeant du Parti des travailleurs hongrois, l’ex-parti stalinien, pour avoir arboré une étoile rouge. Et en janvier dernier, un tribunal tchèque a annulé l’interdiction de l’Union de la jeunesse communiste.

C’est un fait accablant pour les sociaux-démocrates ex-staliniens de l’Alliance démocratique de gauche (SLD) que ses députés au Sejm, la chambre basse du parlement, après s’être initialement opposés à l’amendement anticommuniste, ont ensuite voté pour le « paquet » législatif qui incluait cette interdiction. L’opposition des députés du SLD est en fait restée limitée au cadre étroitement juridique de la Cour constitutionnelle.

Que la loi soit finalement jugée « anticonstitutionnelle » ou non, le but de ce genre de mesures est d’enrégimenter la population et d’intimider tous ceux qui veulent lutter contre les injustices et les ravages du capitalisme. Comme l’expliquait à juste titre au Parlement européen le 3 décembre dernier Georgios Toussas, député du Parti communiste de Grèce, l’interdiction polonaise est « un acte de provocation visant à poursuivre en justice tous ceux qui résistent et luttent pour un avenir meilleur ». Il est certain que la bourgeoisie polonaise n’hésitera pas à dénoncer comme « communistes » les militants et sympathisants du SLD et d’autres groupes de gauche, ou les travailleurs qui prennent part à des manifestations et des grèves combatives. Il est dans l’intérêt direct de tous les socialistes, de tous les syndicalistes, de toutes les organisations qui représentent les travailleurs, les femmes, les homosexuels, les Juifs, les Roms, les immigrés ou d’autres minorités – en Pologne et au niveau international – de s’opposer à cette législation réactionnaire.

L’holocauste nazi : Nous n’oublierons pas !

Il est grotesque de voir les cliques réactionnaires au pouvoir en Europe de l’Est tirer un trait d’égalité entre fascisme et communisme. Le communisme, à l’exemple du Parti bolchévique de Lénine et Trotsky et de la révolutionnaire juive polonaise Rosa Luxemburg, exprime les intérêts historiques et internationalistes du prolétariat. Il se base sur la conception qu’en se libérant elle-même de l’exploitation et de l’oppression capitalistes, la classe ouvrière doit se débarrasser de la société de classe tout entière et construire un ordre mondial dans lequel l’Etat-nation et toutes les formes d’oppression sociale auront été éliminés une bonne fois pour toutes. Le fascisme, défini par son ultra-nationalisme, est une forme extrême de domination capitaliste : quand elle estime que son pouvoir et ses profits sont suffisamment menacés par le prolétariat insurgé, la bourgeoisie finance la mobilisation de bandes de petits-bourgeois et de lumpens enragés pour écraser le mouvement ouvrier sous le talon de fer de la réaction sociale génocidaire. La peur et la haine du communisme ont toujours été un pilier central de l’idéologie fasciste. Par exemple, l’accord conclu entre l’Allemagne hitlérienne et les militaristes japonais en 1936 était appelé « Pacte anti-Comintern ».

En réalité, les anticommunistes qui aujourd’hui dénoncent le « totalitarisme » se sont pour la plupart retrouvés au côté des nazis contre les « judéo-bolchéviks ». Les nationalistes baltes se proclament ouvertement les héritiers des Frères de la forêt estoniens qui avaient soutenu l’Holocauste nazi, l’assassinat de millions de Juifs, de Roms et de citoyens soviétiques. Et en Pologne les fondateurs de Solidarność, qui ont été le fer de lance de la campagne pour la restauration du capitalisme dans tout le bloc soviétique, s’inspiraient de leurs prédécesseurs anticommunistes comme Jozef Pilsudski (dont le régime avait imposé toute une panoplie de mesures discriminatoires contre les Juifs) et les nationaux-démocrates (Endeks, un parti ultra-chauvin et ouvertement antisémite).

Beaucoup de travailleurs polonais se sont courageusement opposés à l’antisémitisme en le traitant d’instrument de la réaction bourgoise. Cependant, l’immense majorité des nationalistes non seulement n’ont rien fait pour combattre la « solution finale » nazie mais, comme les Endeks, l’ont en fait applaudie, et ont participé à des pogroms contre les Juifs avant et après la libération de la Pologne par l’armée soviétique. En 1991, le Premier ministre Jan Krzysztof Bielecki, un ancien militant de Solidarność, déclarait : « 45 années de communisme ont causé davantage de dommages à la Pologne que l’occupation nazie. » (Ce bénéficiaire du capitalisme polonais « ressuscité » est aussi connu pour avoir dit : « Le premier million, il faut le voler. ») Pour Bielecki et ses compères, le massacre de trois millions de Juifs polonais (et aussi de Roms et de presque trois millions d’autres Polonais), dont une importante composante dynamique du mouvement ouvrier révolutionnaire multiethnique, n’était pas du tout « dommageable ».

Quand ils évoquent les prétendues dizaines de millions de victimes du communisme, les réactionnaires polonais reprennent les allégations du Livre noir du communisme publié en France en 1997, qui à son tour reprenait une quantité non négligeable des élucubrations démentes du Mein Kampf d’Hitler. Stéphane Courtois, le coordinateur du Livre noir, dénonçait dans son introduction le fait que « la mise en exergue d’une “singularité” du génocide des Juifs, en focalisant l’attention sur une atrocité exceptionnelle, a aussi empêché de percevoir d’autres réalités du même ordre dans le monde communiste ».

Faisant écho à cette propagande répugnante, le Parlement européen a l’année dernière proclamé « Journée européenne du souvenir » pour les « victimes de tous les régimes totalitaires et autoritaires » le 23 août, jour anniversaire du pacte de 1939 entre Hitler et Staline, qui avait précédé l’invasion nazie de la Pologne et entraîné la division de celle-ci en deux zones sous contrôle allemand et soviétique, comme. En fait, le rôle joué par l’Allemagne et par l’Union soviétique en Pologne en 1939-1941 montre que ces deux pays reposaient sur des bases de classe fondamentalement différentes. Pendant que dans l’Est de la Pologne les forces soviétiques encourageaient l’expropriation des capitalistes et des grands propriétaires fonciers, dans l’Ouest de la Pologne les nazis érigeaient des camps de concentration pour les ouvriers et les intellectuels de gauche, et parquaient les Juifs dans des ghettos. Comme le faisait remarquer succinctement Trotsky dans un article de janvier 1940 contre l’opposition de « troisième camp » dirigée par Max Shachtman, qui avait renoncé à défendre l’Union soviétique : « Pourquoi ce furent surtout les révolutionnaires, les “démocrates” et les juifs qui durent s’enfuir de là-bas, tandis qu’en Pologne orientale ce furent surtout les propriétaires fonciers et les capitalistes qui se sauvèrent ? » (Trotsky, « D’une égratignure au danger de gangrène », Défense du Marxisme).

Du point de vue de l’internationalisme prolétarien, un accord diplomatique avec l’impérialisme allemand n’était pas différent, dans le principe, des accords précédents et ultérieurs de Staline avec les impérialistes « démocratiques » de France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Le véritable crime du régime de Staline était sa politique de conciliation avec l’impérialisme, au nom de la construction du « socialisme dans un seul pays », ce qui voulait dire trahir la révolution prolétarienne, comme en Espagne et en France au milieu des années 1930. La décapitation de l’Armée rouge par Staline lors des purges sanglantes de la fin des années 1930 affaiblit de façon dramatique la défense militaire de l’Etat ouvrier dégénéré soviétique lorsque celui-ci fut envahi par les armées d’Hitler en juin 1941. Mais, malgré Staline, l’Armée rouge allait réussir à écraser l’Allemagne nazie. Les vrais bolchéviks, comme les trotskystes polonais morts dans le ghetto de Varsovie, se sont battus pour la défense militaire inconditionnelle de l’Union soviétique tout en s’opposant à tous les belligérants impérialistes, y compris les puissances alliées « démocratiques », pour qui la Deuxième Guerre mondiale était une bataille pour le repartage des colonies et des sphères d’exploitation. Et nous rendons hommage aux 600 000 soldats soviétiques qui sont morts pour libérer la Pologne du joug nazi.

De Walesa à Kaczyński, une cause célèbre antisoviétique de Solidarność et de ses héritiers a toujours été le massacre des officiers de l’armée polonaise à Katyn, près de la ville russe de Smolensk en 1940. Comme nous l’écrivions dans un article publié en 1981 dans Workers Vanguard, le journal de la section américaine de la LCI : « Les marxistes révolutionnaires ne soutiennent pas le meutre indiscriminé de la caste des officiers bourgeois, pas plus que celui des propriétaires d’usines ou des politiciens bourgeois. (Les individus personnellement responsables de crimes et d’atrocités contre la classe ouvrière sont une autre question ; il est clair qu’ils devront subir la justice révolutionnaire.) Cependant, Katyn n’était pas un crime contre les travailleurs polonais. C’étaient les officiers d’une dictature fascisante et antisémite qui massacrait régulièrement les travailleurs et même des dissidents bourgeois » (« Pilsudski et la contre-révolution en Pologne », Workers Vanguard n° 293, 20 novembre 1981).

L’anticommunisme et l’antisémitisme faisaient partie intégrante du nationalisme polonais bien avant le pacte Hitler-Staline. Presque depuis sa naissance en décembre 1918, le Parti communiste polonais était interdit dans la Pologne capitaliste « indépendante » (qui était en fait complètement dépendante des impérialismes français et britannique). Pendant toute l’existence du parti, jusqu’à sa dissolution par Staline en 1938, les héroïques communistes polonais, qui se battaient dans la clandestinité pour la cause du prolétariat, subirent la prison, la torture et le meurtre. Contre les nationalistes de tous poils, nous proclamons le slogan historique de l’Internationale communiste de Lénine et Trotsky : Pour l’unité révolutionnaire des prolétariats polonais, russe et allemand !

L’anticommunisme, fer de lance de la réaction sociale

La destruction contre-révolutionnaire de l’Etat ouvrier déformé polonais et la restauration de la domination de classe des capitalistes en 1989-1990 ont amené un chômage et une misère généralisés, et l’intrusion de l’antisémitisme et de la réaction catholique anti-femmes dans toutes les sphères de la société. Des millions de femmes ont été exclues de la production sociale et confinées au cadre abrutissant des quatre murs de leur cuisine. Le droit inconditionnel à l’avortement a été supprimé ; les crèches ont été fermées ; l’éducation laïque et la séparation de l’Eglise et de l’Etat ont été abolies, tandis que les crucifix et l’instruction religieuse étaient imposés dans les écoles. Pour beaucoup de travailleurs « la magie du marché » signifiait émigrer à l’étranger dans le but d’obtenir de quoi vivre de manière à peu près décente.

L’anticommunisme va toujours la main dans la main avec une réaction sociale plus large. Ainsi, l’interdiction anticommuniste actuelle est liée à des mesures visant la pornographie, les activité sexuelles impliquant des jeunes de moins de 15 ans et d’autres « crimes sans victimes ». Ces mesures sont liées à une infâme chasse aux sorcières contre le droit des adultes et des jeunes à des relations sexuelles mutuellement consenties, avec une bourgeoisie polonaise qui réclame à cor et à cri la prison et la « castration chimique » des pédophiles. Nous sommes contre toute intrusion de l’Etat dans les relations sexuelles librement consenties. A bas la criminalisation de la pédophilie ! A bas le concept réactionnaire de la « majorité sexuelle » ! Prêtres, flics et procureurs hors des chambres à coucher ! Pour le droit à l’avortement sans restrictions ! Avortement libre et gratuit !

L’interdiction proposée des symboles communistes généraliserait et légitimerait la vendetta qui est la marque de fabrique de la restauration capitaliste en Pologne. La droite continue à mener une chasse aux sorcières contre les ex-responsables staliniens de la République populaire de Pologne. Début 2010, le gouvernement a réduit les retraites des ex-employés de l’appareil de la sécurité d’Etat, jusques et y compris des préposés au nettoyage et des employés de bureau. Wojciech Jaruzelski, qui, à la tête du régime stalinien, avait réprimé la tentative contre-révolutionnaire de Solidarność de s’emparer du pouvoir en décembre 1981, se retrouve une fois encore devant les tribunaux. D’anciens membres des ZOMO, la police anti-émeute, ont été condamnés l’année dernière à des peines allant jusqu’à six ans de prison pour une fusillade qui avait coûté la vie à neuf mineurs à Katowice pendant l’état d’urgence de 1981.

Jaruzelski est jugé par la mauvaise classe pour les mauvais crimes. Pour des révolutionnaires prolétariens, réprimer la contre-révolution de Solidarność n’était pas un crime. Depuis le moment où Solidarność s’était, lors de son premier congrès national, en septembre 1981, consolidé autour d’un programme ouvertement favorable à la restauration du capitalisme, nous, trotskystes, avions déclaré : Halte à la contre-révolution de Solidarność ! (voir « Solidarité roule pour la CIA et les banquiers », Spartacist édition française n° 18-19, hiver 1981-1982). Ce faisant, nous nous opposions à une alliance qui allait du Vatican et de la CIA à la social-démocratie allemande (SPD), au syndicat des enseignants de New York d’Albert Shanker et Yetta Barshevsky (la veuve de Max Shachtman) et à l’immense majorité des pseudo-trotskystes. Nous nous sommes battus pour qu’une révolution politique prolétarienne remplace l’incurie du pouvoir stalinien par un régime de conseils ouvriers démocratiquement élus, animés par une perspective révolutionnaire prolétarienne internationaliste. Nous avons condamné la bureaucratie stalinienne polonaise pour ses trahisons, pour son nationalisme et pour sa politique conciliatrice envers l’impérialisme à l’étranger et envers l’Eglise à l’intérieur, pour ses mensonges et son bureaucratisme qui, au bout du compte, en 1980-1981, ont poussé une grande partie d’un prolétariat historiquement pro-socialiste dans les bras de la réaction cléricale. Par la suite, en 1989-1990, les staliniens ont vendu les Etats ouvriers déformés à Solidarność et à ses soutiens impérialistes. Nous disons : Bas les pattes devant Jaruzelski et les autres ex-responsables staliniens !

Dans une protestation honorable contre l’interdiction anticommuniste mise en ligne sur son site internet (kompol.org, 26 septembre 2009), le Parti communiste de Pologne (KPP) écrivait : « Nous nous opposons fortement aux tentatives de tirer un trait d’égalité entre le fascisme – qui est basé sur le racisme et a conduit à la guerre la plus sanglante de l’histoire, avec la mise en application d’un plan visant à exterminer des millions de personnes – et le communisme, qui est bâti sur les principes de la justice sociale, et qui a vaincu les fascistes génocidaires grâce au dévouement absolu à la lutte et au sacrifice de millions et de millions d’hommes, de femmes et d’enfants. Même la plus brutale des répressions ne nous empêchera pas de lutter pour la victoire du socialisme, et ne nous détournera pas de la voie pour un destin communiste victorieux ! »

Mais ce que le KPP entend par « communisme » n’est pas l’internationalisme prolétarien de Marx et Engels et des bolchéviks mais son antithèse nationaliste, codifiée dans le dogme stalinien du « socialisme dans un seul pays ». A leur manière, le SLD et le KPP sont tous les deux des produits de la décomposition de l’ancienne bureaucratie stalinienne et de sa parodie de « démocratie populaire ». Alors que le SLD exalte la « démocratie » (capitaliste), le KPP glorifie Staline.

Contrairement aux réformistes et aux libéraux, nous n’appelons pas l’Etat bourgeois à interdire les fascistes. De tels appels, qui reposent sur des illusions dans la bienveillance des autorités en démocratie bourgeoise, seront inévitablement utilisés contre la gauche et le mouvement ouvrier, qui sont la cible principale de la répression capitaliste. Par exemple, une loi interdisant un groupe fasciste en Allemagne de l’Ouest au début des années 1950 a été utilisée quelques années plus tard pour interdire le Parti communiste. Et une décision récente d’un tribunal tchèque interdisant le « Parti des travailleurs », un groupe fasciste, fournit maintenant des munitions à ceux qui veulent interdire le Parti communiste de Bohème et de Moravie. Nous cherchons à mobiliser le prolétariat, avec derrière lui toutes les victimes désignées de la terreur fasciste, pour balayer les fascistes des rues.

S’il est vrai que la domination de classe de la bourgeoisie n’est pour l’instant pas menacée, la récession mondiale souligne la justesse de l’analyse de Marx que les crises sont inhérentes au système capitaliste. Les partis de droite qui gouvernent la Pologne sont au pouvoir depuis un certain nombre d’années. Mais la Pologne est loin d’être une démocratie bourgeoise stable, et même si la révolution socialiste n’est pas imminente, cette bourgeoisie décadente de troisième zone a bien raison d’avoir peur d’un réveil du prolétariat polonais, jadis pro-socialiste. En dépit du fait que certaines couches de la classe ouvrière ont été intoxiquées par le national-cléricalisme de Solidarność, quand le premier gouvernement de Solidarność, en 1990, essaya de mener ses attaques au nom de l’« économie de marché » contre la classe ouvrière, il se heurta à une vague de grèves et fut rapidement remplacé par un gouvernement mené par les sociaux-démocrates du SLD. Aujourd’hui encore, malgré 20 ans d’hystérie anticommuniste officielle dans toutes les sphères de la vie publique, la moitié de la population continue à soutenir l’état d’urgence imposé par Jaruzelski en décembre 1981. « Dieu, honneur et patrie », le cri de guerre de la réaction polonaise, est une formule qui sonne creux pour une génération de jeunes élevés dans la glorification de l’avidité capitaliste et la capitulation servile aux impérialistes de l’OTAN.

Ceux qui cherchent un moyen pour sortir de l’abrutissante impasse de cet ordre capitaliste décadent trouveront l’authentique communisme dans les « trois L » – Lénine, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Comme le déclarait en 1990 le document de fondation du Groupe spartaciste de Pologne, section de la Ligue communiste internationale (Spartacist édition française n° 26, printemps 1991) :

« Un parti trotskyste doit être un tribun du peuple, défenseur de toutes les victimes de l’oppression. La campagne de restauration du capitalisme fait revivre et aggrave tout le “vieux fatras” de l’ordre social d’avant-guerre, du cléricalisme réactionnaire au nationalisme pilsudskiste en passant par l’antisémitisme. […]
« Les trotskystes polonais doivent chercher à se réapproprier les meilleures traditions du mouvement ouvrier polonais, forgées dans la lutte contre le chauvinisme national. Cela a été illustré par Rosa Luxemburg, communiste juive polonaise, dirigeante du prolétariat révolutionnaire allemand. Staline, qui traîna dans la boue Luxemburg pour son internationalisme, n’eut jamais confiance dans le PC polonais ; il liquida finalement ce parti qui avait été le premier à défendre le camarade Trotsky en affirmant en 1923 que “le nom du camarade Trotsky est indissolublement lié à la victoire de la Révolution soviétique, à l’Armée rouge, au communisme”. »

A bas l’interdiction anticommuniste ! En avant pour une Pologne rouge des conseils ouvriers, partie intégrante des Etats-Unis socialistes d’Europe ! Reforgeons la Quatrième Internationale de Trotsky, parti mondial de la révolution socialiste !