Le Bolchévik nº 192

Juin 2010

 

Diviser pour mieux régner : le gouvernement multiplie les campagnes racistes

A bas les attaques contre les retraites ! A bas la loi sur la burqa !

Nous reproduisons ci-après la présentation, revue pour publication, de notre camarade Dominique Arezki lors du meeting de la LTF à Paris le 30 mars.

* * *

Depuis l’été 2008 la planète est dévastée par la pire crise économique depuis celle de 1929. Cela se traduit par des millions d’ouvriers licenciés, à commencer par ceux dont les emplois sont les plus fragiles : les intérimaires, les femmes et autres précaires. Les attaques contre la classe ouvrière vont redoubler (comme le plan d’austérité en Grèce le montre). En France la crise économique s’est traduite par la perte de centaines de milliers d’emplois (officiellement 700 000 chômeurs de plus en 2009), malgré des luttes de la part de la classe ouvrière, dont certaines emblématiques comme à Continental. Maintenant que les élections sont passées les attaques vont redoubler, la plus grande en préparation portant sur les retraites.

Non au « front populaire » ! Pour l’indépendance de classe du prolétariat !

Avec sa victoire aux dernières élections, le « front populaire », c’est-à-dire l’alliance de partis de la classe ouvrière avec des partis bourgeois, voit sa route se dégager pour les prochaines élections présidentielles de 2012. Le MoDem vient d’exploser en vol. Pour le PS, qui se déchirait depuis trois ans face au dilemme « aller ou ne pas aller avec le MoDem », cette option est maintenant écartée. Depuis les années 1930, l’ossature des fronts populaires avait été le PC avec la social-démocratie et les radicaux. L’effondrement du PC fait que l’ossature du prochain front populaire devrait être le PS et les Verts, un parti bourgeois, avec le Front de gauche comme roue de secours sur le côté gauche.

Le front populaire est en France le mécanisme traditionnel de la collaboration de classes. Les partis de la bourgeoisie dans le front populaire n’ont pas besoin d’être numériquement importants pour lui donner sa nature bourgeoise : la classe ouvrière se trouve enchaînée à la bourgeoisie à travers le bloc de front populaire dont font partie ses directions. Dans les années 1930 le PCF s’était caché derrière ses partenaires de bloc bourgeois pour prétendre que son propre programme réformiste était dû à la nécessité de préserver l’alliance avec ces bourgeois soi-disant « progressistes ». De nos jours les réformistes rejettent ouvertement la perspective d’une révolution ouvrière ; ils n’ont plus besoin de cacher derrière quiconque leur programme de gestion du capitalisme, mais ils continuent de bafouer l’indépendance politique de la classe ouvrière en contractant systématiquement des alliances de front populaire avec des partis bourgeois. Lénine définissait ce genre de partis comme des « partis ouvriers-bourgeois » parce que ces partis, se basant sur la classe ouvrière, notamment à travers la bureaucratie syndicale, ont une direction et un programme procapitalistes.

Trotsky disait du front populaire qu’« il n’existe pas de crime plus grand » pour un parti ouvrier. L’expérience historique montre que ces alliances démobilisent et démoralisent la classe ouvrière et conduisent toujours à la défaite. Le Front populaire de 1936 en France a permis à la bourgeoisie de sauver sa peau ; alors que le pays était paralysé par une grève générale et que les usines étaient occupées, ce qui posait la question du pouvoir, le front populaire, et en particulier le PC, a fait reprendre le travail à la classe ouvrière en échange des congés payés et de quelques autres acquis ; trois ans plus tard le PCF était interdit, et l’année suivante le parlement dont avait été issu le front populaire votait tous les pouvoirs à Pétain. Vous pouvez aussi lire dans le numéro actuel de Spartacist l’article sur la guerre civile espagnole qui explique comment le front populaire a conduit la classe ouvrière d’Espagne à la défaite.

La lutte intransigeante contre le front populaire, pour l’indépendance de classe du prolétariat, est un principe de base du programme trotskyste. Cela commence par le refus de donner la moindre voix non seulement au front populaire dans son ensemble mais y compris à tout parti ouvrier qui y participe. Si la Révolution russe de 1917 a pu gagner, c’est parce que le Parti bolchévique a mené une lutte féroce contre le collaborationnisme de classe, contre le gouvernement provisoire, qui était un gouvernement de coalition entre des capitalistes et les partis réformistes de l’époque, à savoir les menchéviks et les socialistes-révolutionnaires. La classe ouvrière russe, en reprenant les mots d’ordre bolchéviques demandant que leurs directions rompent avec les capitalistes, a compris rapidement que ses directions voulaient rester avec les capitalistes. C’est dans cette lutte que les ouvriers ont rompu avec elles et ont rejoint les bolchéviks, entraînant à leur suite les soldats et les paysans pour aller vers la prise du pouvoir. C’est cette tradition que nous continuons en luttant contre la collaboration de classes et ceux qui la pratiquent, c’est-à-dire nos opposants réformistes, du PS au PCF, au NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) et à LO (Lutte ouvrière). Ceux-ci cherchent à donner un visage plus « humain » au capitalisme.

On a pu voir clairement ce réformisme dans le Limousin lors des dernières élections. Le NPA était sur des listes avec le PC et le Parti de gauche (PG). Ayant eu plus de 10 %, le PC/NPA a demandé au PS de fusionner les listes, revendiquant un élu pour le NPA. C’est seulement parce que le PS a refusé que NPA/PC/PG se sont maintenus. L’Humanité du 23 mars a largement cité Christian Audouin, le chef de file du bloc PCF/NPA/PG : « Pour Christian Audouin, cette situation inédite “va se traduire par un changement de climat dans l’assemblée régionale”. Et notamment dans la manière dont les élus du Front de gauche élargi entendent “conjuguer (leur) autonomie et (leur) responsabilité politique en toutes circonstances”. “Nous ferons front en permanence contre la droite, en ne négligeant jamais la possibilité de marquer des points, mais il est tout aussi clair que nous resterons autonomes et libres vis-à-vis du PS.” » Entre le PCF et le NPA il y a politiquement une feuille de papier à cigarette. Ils sont d’ailleurs plus utiles au PS en lui prêtant un soutien à gauche tout en restant autonomes, qu’en se fondant simplement dans la liste PS. Vous pouvez lire le supplément que nous avons publié à l’occasion de la création du NPA et qui reproduit l’article « Genèse du pablisme » (supplément au Bolchévik n° 186, février 2009). Depuis longtemps la LCR avait un programme réformiste, mais, avec le NPA, cette organisation rejette officiellement le trotskysme, le léninisme et le communisme.

Quant à LO, ils se sont présentés comme de vrais « communistes » dans leur campagne électorale. Mais pour le second tour ils ont appelé leurs électeurs à s’abstenir… ou à voter pour une « liste de gauche » (Lutte Ouvrière, 19 mars). En d’autres termes ils ont encouragé leurs partisans à considérer le front populaire comme un choix valable, y compris en Languedoc-Roussillon où PC, NPA et, donc, en partie LO ont voté pour le populiste raciste Georges Frêche.

A bas les attaques contre les retraites !

Le système capitaliste est basé sur l’exploitation des ouvriers. Les capitalistes achètent la force de travail d’un ouvrier, mettons pendant 35 heures par semaine, pendant lesquelles cet ouvrier produit davantage de richesses que celles qu’il peut consommer avec son salaire direct et indirect. La différence, c’est le profit qu’empochent les patrons. De par sa place dans la production, parce que par exemple dans la grève elle coupe le robinet du profit, la classe ouvrière est la seule à avoir la puissance sociale pour renverser ce système.

Les capitalistes se trouvent devant la nécessité permanente de chercher à augmenter, ou empêcher la chute, du taux de profit, sous peine de se voir eux-mêmes absorbés par leurs concurrents ou mis en faillite par les banques. Il y a de ce fait une lutte permanente entre la classe des ouvriers et celle des capitalistes. Les réformistes ont pour politique de chercher à renégocier la part des travailleurs, les révolutionnaires au contraire veulent abolir tout le système d’exploitation en prenant le pouvoir pour exproprier les capitalistes et établir une économie planifiée internationale.

La direction actuelle des syndicats a pour rôle d’imposer la paix de classe, de canaliser la lutte de classe. Ce qui détermine le programme politique des bureaucrates syndicaux, c’est qu’ils se basent sur une couche de travailleurs relativement bien payés qui, avec l’âge, l’ancienneté et la qualification, deviennent plus conservateurs. Près de 30 % des membres de la CGT seraient aujourd’hui dans la catégorie des ingénieurs, techniciens et cadres (voir la CGT et la recomposition syndicale, sous la direction de Françoise Piotet). Même la CGT, qui reste le syndicat le mieux implanté dans la classe ouvrière, se concentre dans le secteur public et dans les grandes entreprises, une grande partie du reste étant constitué de déserts syndicaux où règne l’arbitraire patronal.

Du fait de leurs menus privilèges, les bureaucrates syndicaux s’identifient aux intérêts de leurs propres capitalistes contre leurs rivaux. Lénine dénonçait en mars 1915 les tendances dans le mouvement ouvrier qui prônaient la paix sociale et admettaient le patriotisme bourgeois, et il ajoutait :

« Certaines couches de la classe ouvrière (la bureaucratie au sein du mouvement ouvrier et l’aristocratie ouvrière qui bénéficiaient d’une parcelle des revenus provenant de l’exploitation des colonies et de la situation privilégiée de leur “patrie” sur le marché mondial), ainsi que les compagnons de route petits-bourgeois au sein des partis socialistes, ont constitué le principal appui social de ces tendances et se sont faits les véhicules de l’influence bourgeoise sur le prolétariat. »

La pression accrue des impérialistes allemands sur leurs rivaux européens ces derniers temps est due au fait qu’ils ont réussi, avec la participation du SPD au gouvernement de 1998 à 2009 et avec l’aide des bureaucrates syndicaux, à réduire significativement les salaires et développer massivement le travail précaire sous-payé. En France les salaires sont déjà tellement bas qu’il n’y a pas grand-chose à rogner si les capitalistes veulent une main-d’œuvre qui puisse se concentrer sur son travail et non pas sur son estomac vide. Là où les capitalistes ordonnent au gouvernement d’agir, c’est pour la réduction des salaires indirects ou retardés, à commencer par les retraites. C’est la prochaine attaque qui est à l’ordre du jour.

La famille, première source d’oppression de la femme

Les femmes sont visées plus encore que les hommes par le démantèlement des retraites. Non seulement elles ont dès l’embauche un salaire plus bas que les hommes à travail égal, mais elles ont moins d’annuités du fait des années de congé prises pour s’occuper des enfants. Les mères étaient jusqu’à présent créditées de deux annuités supplémentaires par enfant élevé, mais cette compensation est en train de leur être retirée en partie.

L’oppression spécifique des femmes prend son origine dans l’institution de la famille. Friedrich Engels explique dans son ouvrage l’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat que la famille est apparue au moment où le développement de l’agriculture permettait de dégager un surplus social excédant la subsistance de base. Dès lors pouvait se développer une classe oisive s’appropriant ce surplus et la famille apparaissait comme la cellule qui allait permettre l’héritage et par là même le transfert de la propriété privée. Avec l’apparition de la propriété privée est apparu l’Etat pour défendre celle-ci. L’Etat est constitué de bandes d’hommes armés pour défendre la propriété privée des moyens de production ; ce sont les flics, les juges, l’armée, les matons. Au sein de la famille, la femme est dès lors considérée comme simple force de reproduction, celle qui engendrera les enfants auxquels sera transmise la propriété privée. L’institution de la religion, celle de la famille ainsi que l’école inculquent à la classe ouvrière la superstition, la docilité, la soumission et le respect pour l’ordre établi, indispensables à l’exploitation capitaliste.

Le rôle indispensable de la famille est d’élever la prochaine génération. C’est cette fonction qui doit être remplacée et qui ne peut pas simplement être abolie. Sous le capitalisme, la jeunesse, dans son immense majorité, est destinée à l’esclavage salarié et à servir de chair à canon dans l’armée bourgeoise, et la famille joue un rôle important en lui apprenant à obéir à l’autorité. C’est aussi dans la famille qu’est en grande partie inculquée l’arriération religieuse, qui constitue un frein idéologique à une prise de conscience politique. Remplacer cette fonction de la famille pour en finir avec l’institution elle-même, cela exige la collectivisation des tâches ménagères et de l’éducation des enfants, et non un simple repartage des tâches ménagères au sein du couple. Cela exige l’expropriation de la bourgeoisie et en dernier ressort l’instauration d’une économie socialiste internationale. Il faudra, comme avaient commencé à le faire les bolchéviks après la Révolution russe de 1917, des crèches, des cantines, des laveries collectives et gratuites. Je vous renvoie à notre article publié dans Spartacist sur la Révolution russe et la lutte pour l’émancipation des femmes (édition française n° 37, été 2006).

Les acquis de 1917 et l’Afghanistan

Nombre des acquis pour les femmes en Union soviétique ont été remis en cause au fur et à mesure de la dégénérescence bureaucratique de l’Union soviétique. Staline et sa clique ont arraché le pouvoir politique à la classe ouvrière à partir de 1924 du fait de l’isolement de la Révolution russe (notamment l’échec de la Révolution allemande en 1923) et de l’arriération économique d’un pays où dominait numériquement la petite paysannerie. Mais la collectivisation des moyens de production sur laquelle reposaient les acquis de la Révolution de 1917 demeurait toujours. Et nous avons défendu bec et ongles ces acquis jusqu’à la contre-révolution capitaliste qui a détruit l’URSS au début des années 1990 et qui a réintroduit la brutalité du système capitaliste et provoqué une misère sans nom dans l’ex-URSS et les anciens pays d’Europe de l’Est. Gorbatchev a donné le signal de ce qui allait arriver en retirant l’Armée rouge d’Afghanistan en 1989. Mais c’est justement grâce aux acquis de 1917 que l’URSS a pu jouer un rôle progressiste lorsqu’elle est intervenue en Afghanistan fin 1979.

La question femmes et celle du voile étaient au cœur du conflit. Lorsque l’armée soviétique est entrée en Afghanistan en décembre 1979, nous avons dit « Salut à l’Armée rouge ! Etendez les acquis sociaux de la révolution d’Octobre aux peuples d’Afghanistan ». La défense de l’Union soviétique était posée contre l’impérialisme, et il est clair que l’intervention soviétique était progressiste. L’Armée rouge avait été envoyée à la demande du gouvernement nationaliste de Kaboul qui tentait de réduire le prix de l’épousée et d’introduire une réforme agraire. Dans ce pays terriblement arriéré, sans classe ouvrière, ces modestes mesures avaient provoqué une « guerre sainte » des islamistes réactionnaires contre le gouvernement. Ces derniers jetaient du vitriol aux femmes dévoilées et tuaient les instituteurs qui éduquaient les jeunes femmes. Les impérialistes se sont mis à financer et armer massivement les islamistes pour tuer le plus possible de soldats soviétiques, visant ainsi à la contre-révolution en URSS même.

Mais LO et la LCR (prédécesseur du NPA de Besancenot) se sont retrouvées avec les impérialistes et les moudjahidin armés par la CIA. A l’époque, LO a condamné l’intervention soviétique en la comparant au Vietnam, ce pays martyrisé par les impérialistes français puis américains. La LCR a exigé à partir de 1981 le retrait soviétique d’Afghanistan, condamnant la « réaction » et la « répression soviétique » que représentait selon elle l’intervention de l’Armée rouge. Ils étaient pour le commandant moudjahidin tadjik Massoud, qu’ils présentaient comme un progressiste afghan luttant à la fois contre les Soviétiques et les impérialistes. Ce même Massoud a été au pouvoir à Kaboul entre 1992 et 1996 ; il a restauré la charia et réimposé la burqa aux femmes. En 2001 ce sont ses forces qui ont servi de forces terrestres à l’OTAN lors de l’attaque impérialiste et de cette guerre qui dure encore à ce jour. Les impérialistes maintiennent aujourd’hui à bout de bras un régime pro-impérialiste en Afghanistan basé sur la charia. Nous exigeons le retrait immédiat des troupes françaises et de toutes les autres troupes de l’OTAN d’Afghanistan. Les talibans qui aujourd’hui combattent les troupes impérialistes sont les ennemis mortels des femmes et de toute perspective de libération nationale ou sociale. Mais lorsqu’ils portent leurs coups contre les forces impérialistes et leurs laquais, ces actions sont dans l’intérêt du prolétariat international. Toute victoire des impérialistes annonce de nouvelles guerres de pillage. Tout revers favorise les luttes des travailleurs et des opprimés dans le monde entier.

Les marxistes et la religion

Marxistes, et donc athées, nous sommes contre le voile, à la fois un symbole et un instrument de l’oppression des femmes. Le voile de la tête aux pieds est une prison ambulante qui exclut les femmes de la société ; il incarne la soumission des femmes aux hommes, leur statut social inférieur. Nous sommes solidaires des millions de femmes qui luttent pour échapper à la tyrannie du voile, que ce soit dans le monde islamique ou dans les centres impérialistes. En même temps, nous sommes opposés à l’interdiction par l’Etat du voile islamique ou de la burqa. Ce sont des mesures racistes et discriminatoires contre les musulmans, typiques de la politique des capitalistes de diviser pour mieux régner.

L’interdiction du voile, soi-disant dans le but d’intégrer les musulmans dans la société, a en réalité conduit à l’expulsion de jeunes femmes musulmanes de leur école en les isolant encore plus. Les mesures envisagées pour interdire la burqa dans les lieux publics ne feraient que renforcer cette oppression en enfermant définitivement ces femmes chez leur mari. On peut voir le cynisme complet des capitalistes et de la gauche sur cette question, notamment de Lutte ouvrière, quand on pense qu’ils ont soutenu des réactionnaires qui voulaient imposer le voile en Afghanistan contre le régime prosoviétique.

L’Etat raciste français utilise aujourd’hui la « laïcité » pour attaquer les femmes musulmanes qui portent le voile. Le principe de la laïcité de la Révolution française vient de la lutte pour protéger la liberté d’expression et pour arracher la société des mains de l’Eglise catholique. Nous défendons la laïcité et la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Mais il est ridicule de considérer l’Etat français aujourd’hui comme « laïc » : près du cinquième de l’enseignement primaire et secondaire en France demeure sous l’emprise des prêtres tout en étant financé par l’Etat. De plus l’école publique demeure influencée par l’obscurantisme catholique et les écoles sont fermées le mercredi après-midi pour permettre le catéchisme.

La « laïcité », d’instrument de lutte contre l’institution féodale du Vatican, est devenue un cri de guerre, souvent doté d’une connotation raciste, contre la population d’origine immigrée musulmane. Nombre de jeunes confrontés à la ségrégation raciste cherchent dans l’islam un refuge et une illusoire dignité retrouvée. C’est pour cela que Marx appelait la religion « le cœur d’un monde sans cœur » ; c’est « l’opium du peuple », une illusoire croyance dans un meilleur au-delà.

La religion doit être une question privée par rapport à l’Etat mais nous considérons comme une obligation pour le parti marxiste d’avant-garde de lutter contre tout obscurantisme religieux. Nous considérons avec Lénine les organisations religieuses de toutes sortes comme des organes de la réaction bourgeoise, servant à défendre l’exploitation et à intoxiquer la classe ouvrière. Nous devrons apprendre aux masses à lutter de façon cohérente, organisée et consciente contre les racines de la religion, contre le règne du capital sous toutes ses formes. Afin que la classe ouvrière lutte pour le socialisme, il faut qu’elle se débarrasse de tout préjugé, de toute arriération sociale, notamment religieuse.

Il faut bien comprendre le rôle de la « laïcité » dans l’histoire de la collaboration de classes en France. A partir de l’affaire Dreyfus à la fin des années 1890 s’est consolidé un bloc politique du ou des partis ouvriers avec les radicaux bourgeois contre les autres partis bourgeois qui étaient davantage liés au Vatican (et/ou contre les fascistes par la suite) ; sous couvert de défendre la République contre les cléricaux monarchistes et les antisémites, le « socialiste » Millerand était entré dans un gouvernement bourgeois en 1899, ce qui était une première dans la Deuxième Internationale.

La séparation de l’Eglise et de l’Etat fut finalement adoptée en 1905 sur la base d’un compromis avec le Vatican, mais l’unité de la gauche « laïque » est demeurée le ciment du front populaire dans ce pays. Une partie importante des ex-chevènementistes, des réactionnaires bourgeois « laïcs », prend maintenant toute sa place dans le « Parti de gauche » de Jean-Luc Mélenchon. Ou encore, LO, sans le moindre état d’âme, fait partie de la majorité municipale chevènementiste qui dirige la ville de Belfort. Par contre, même des partis sociaux-démocrates aussi droitiers que le PCF ou le NPA ne votent qu’à contrecœur (mais ils le font, comme par exemple à Marseille lors des municipales de 2008) pour le MoDem, dont le dirigeant François Bayrou est un chrétien-démocrate. Pourtant c’est fondamentalement la même trahison de classe de faire alliance avec le bourgeois « de droite » Bayrou ou avec les bourgeois « de gauche » chevènementistes ou verts.

Les réformistes français se mettent au garde-à-vous même face au gouvernement dès que celui-ci invoque la « laïcité » dans ses campagnes racistes contre la population d’origine immigrée musulmane. A l’automne 2003 déjà, après la défaite ouvrière sur les retraites, le gouvernement avait lancé la campagne sur le voile pour empêcher une reprise des luttes parmi les profs, chez qui la « laïcité » est un principe… sacré. Et la gauche avait capitulé, voire activement pris part à cette campagne raciste.

Le NPA et la question du voile

Pour ce qui est du NPA, la présentation de sa candidate voilée dans le Vaucluse a déclenché des vociférations de tous côtés, notamment du côté de la droite la plus raciste. Lors d’une élection vous vous présentez sur un programme. Dans le cas présent, c’était la capitulation à l’oppression des femmes et à l’obscurantisme religieux, sous couvert d’antiracisme. Dans ce monde façonné par la contre-révolution capitaliste du début des années 1990 en URSS, il y a une régression de conscience terrible, que le NPA représente de façon très concrète en présentant une candidate voilée comme un symbole de la lutte pour l’émancipation.

Pour se faire une idée du cynisme et de l’hypocrisie du NPA il faut savoir que le porte-parole national du NPA pendant cette campagne électorale était Pierre-François Grond. Cet individu a été en septembre 2003 l’un de ceux qui ont dirigé la lutte pour exclure Alma et Lila Lévy, deux jeunes filles voilées, d’un lycée d’Aubervilliers. Le cas d’Alma et Lila avait servi d’ouverture pour la campagne raciste de Chirac qui avait débouché sur la loi de 2004 excluant les jeunes femmes voilées des lycées (voir notre article dans le Bolchévik n° 167, mars 2004). Maintenant le NPA a des débats sur cette question, mais sûrement pas parce qu’il aurait soudainement découvert que les marxistes luttent contre l’arriération religieuse et anti-femmes. La véritable raison c’est que ces opportunistes ont perdu des voix à cause de cette affaire et qu’ils ont maintenant perdu la main à la « gauche de la gauche » au profit du bloc laïc-républicain PCF-Mélenchon.

La capitulation sociale-démocrate de LO aux campagnes racistes

Lutte ouvrière quant à elle est allée très loin dans la campagne de la bourgeoisie contre les jeunes filles voilées. Elle a pris part avec Grond à l’exclusion d’Alma et Lila et elle s’est ensuite félicitée de la loi raciste interdisant le port du voile. A Vénissieux en banlieue lyonnaise LO fait partie de la majorité municipale du maire PCF André Gérin, qui est à l’origine de la campagne qu’a reprise Sarkozy récemment pour faire interdire la burqa. La polémique de LO contre le NPA parue dans le dernier numéro de leur revue Lutte de classe (n° 126, mars) présente le NPA comme s’il était uniformément en faveur de sa candidate voilée. LO n’a rien à dire contre l’aile républicaine-laïcarde du NPA, car elle est fondamentalement d’accord avec celle-ci. D’ailleurs LO a longtemps été connue pour ses accointances avec Fadela Amara, une militante du PS qui avait monté l’organisation Ni putes ni soumises avant de finir dans le gouvernement de Sarkozy.

LO part de la constatation évidente que les formes d’oppression spécifiques, comme l’oppression des femmes, des Maghrébins et des Noirs, des homosexuels, divisent la classe ouvrière. Mais sa conclusion est de faire disparaître ces questions avec des incantations que la lutte économique elle-même permettrait de surmonter ces divisions. Elle écrit par exemple dans sa polémique contre le NPA : « Si la grande majorité de la population d’origine musulmane est soumise par les autorités à des mesures discriminatoires, vexatoires, c’est bien plus pour des raisons sociales que pour des raisons religieuses » ; et elle conclut son article en écrivant : « Le problème n’est pas de se pencher avec condescendance sur les malheurs des travailleurs originaires du monde musulman, mais de combattre pour leur ouvrir la seule perspective qui vaille, une société où les travailleurs de toutes origines, de toutes cultures, exerceraient ensemble le pouvoir dans leur intérêt commun. »

LO contribue à diffuser et à perpétuer l’arriération sociale dans le prolétariat français en refusant de lutter pour que la classe ouvrière prenne la direction de la lutte des opprimés contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation dans la société bourgeoise. C’est seulement de cette manière que la classe ouvrière acquiert une compréhension globale du système d’oppression capitaliste et qu’elle peut prendre la tête d’une lutte générale de tous les opprimés pour renverser le capitalisme lui-même et établir sa propre dictature. Cette conception a été développée par Lénine dès 1902 et elle a permis au Parti bolchévique 15 ans plus tard de prendre le pouvoir.

En 2005, nous avions ainsi appelé la classe ouvrière à se mobiliser pour défendre les jeunes de banlieue en révolte contre la terreur raciste, alors que LO avait signé un appel à rétablir l’ordre « républicain ». Plus récemment en septembre, LO dénonçait la campagne de Sarkozy contre l’insécurité comme « une campagne publicitaire » et disait que la délinquance ne baissait pas malgré les promesses (Lutte Ouvrière, 4 septembre 2009). Cela montre le soutien honteux de LO à cette campagne et il faut savoir que LO a soutenu une manifestation de flics en 2001. Les flics sont le bras armé de l’Etat bourgeois, ceux-là mêmes qui font régner la terreur raciste dans les banlieues. Cela en dit long sur cette organisation : elle défend le système bourgeois malgré ses prétentions de « communisme ».

Pourquoi le mouvement ouvrier doit lutter contre la ségrégation raciste

Aujourd’hui nous voyons la terreur raciste du gouvernement Sarkozy, mais la ségrégation et la terreur racistes sont inhérentes à la gestion du capitalisme, que ce soit sous un gouvernement de droite ou de gauche. C’est Mitterrand qui a mis en place le premier plan raciste Vigipirate en 1991 à l’occasion de la guerre du Golfe, et celui-ci a été régulièrement réactivé depuis, notamment en 2001 par le gouvernement Jospin puis par Sarkozy. Des expulsions d’immigrés ont eu lieu sous le front populaire de Jospin ; le PS tout comme une partie du PCF ont voté la loi raciste de 2004 sur le voile. Les jeunes des banlieues sont décriés comme étant des « délinquants » (sous Jospin-Buffet c’était des « sauvageons »), voire des « terroristes en puissance ».

Les vrais terroristes c’est l’Etat qui terrorise et massacre à l’extérieur de ses frontières et qui terrorise et tue les jeunes de banlieue avec force renforts de flics de toutes sortes, de caméras de surveillance et autres couvre-feux. Ajoutez à cela un grand nombre de lois visant à criminaliser la jeunesse des banlieues. Dans les municipalités PS ou PC dans lesquelles LO et NPA ont des conseillers, il y a surenchère pour toujours plus de flics et vous voyez cette police municipale organisée par le maire qui tourne sans cesse dans les rues.

Ce sont les jeunes qui sont le plus frappés par la crise. Le quart des jeunes actifs de 15 à 24 ans sont maintenant sans emploi. Dans les quartiers pauvres où l’oppression raciste et de classe s’y ajoute, le chiffre approche ou dépasse même les 50 %. Un jeune Français sur 9 termine l’école sans aucune qualification ni diplôme mais cette proportion monte à 1 sur 6 pour ceux nés de parents maghrébins. La réponse du gouvernement est de carrément jeter ces jeunes hors de l’école. De nombreux jeunes dans les cités sont les descendants des immigrés qui ont créé les richesses du pays après la Deuxième Guerre mondiale, les travailleurs les plus exploités et les moins payés. Mais ces jeunes ont peu de chances d’obtenir un emploi stable en cette période de déclin impérialiste ; ils se trouvent toujours au bas de l’échelle au sein de la classe ouvrière, avec les emplois les plus difficiles, les plus mal payés et les plus précaires. La bourgeoisie utilisait autrefois les immigrés et leurs enfants comme armée de réserve de chômeurs. En période de crise les jeunes d’origine immigrée à la deuxième ou troisième génération paraissent aux yeux des capitalistes comme une population excédentaire inutile. Ces jeunes se sont révoltés en 2005 et face à ce spectre la réponse du gouvernement est toujours la même : plus de répression dans les banlieues, plus de raids au petit matin de centaines de flics en tenue de combat bouclant des quartiers entiers, plus de harcèlement quotidien.

Les jeunes des banlieues n’ont pas par eux-mêmes la puissance sociale pour imposer des changements substantiels. C’est la classe ouvrière organisée qui doit défendre les immigrés, les minorités, les jeunes des banlieues. Elle doit les défendre, qu’ils soient eux-mêmes ouvriers ou non, contre l’Etat capitaliste ; elle doit lutter contre les expulsions et pour les pleins droits de citoyenneté pour tous ceux qui sont ici. Il en va de l’unité de la classe ouvrière multiethnique et multiraciale de ce pays ; il en va de sa capacité à se défendre contre les attaques de la bourgeoisie. Cela exige une lutte intransigeante contre ceux qui sont aujourd’hui la direction du prolétariat, il faut une lutte pour construire un parti d’avant-garde.

L’oppression des jeunes de banlieue ne fait pas d’eux spontanément des révolutionnaires. Le désintérêt pour la politique est même particulièrement marqué aujourd’hui chez eux, suite aux trahisons dont ils ont été victimes de la part des sociaux-démocrates depuis 30 ans et plus. L’antisémitisme est persistant, l’islam rigoriste serait même en augmentation chez les jeunes, davantage que chez leurs parents. Pourtant, du fait même de leur aliénation par rapport à l’ordre bourgeois raciste français, les jeunes travailleurs issus de l’immigration maghrébine, ouest-africaine et antillaise seront amenés à prendre une place disproportionnée dans le parti ouvrier d’avant-garde que nous cherchons à construire.

Le protectionnisme, un poison chauvin pour la classe ouvrière

Avec la crise économique les rivalités s’exacerbent entre les capitalistes. Au niveau international les différences de dynamisme entre les différentes économies nationales renforcent les frictions. On a vu ces dernières semaines les tensions entre la France et l’Allemagne survenues à propos de la Grèce, mais qui reflètent plus largement le fait que les capitalistes allemands espèrent sortir renforcés de la crise et veulent consolider leur hégémonie sur le reste de l’Europe. Pour protéger leurs capitalistes nationaux les différents Etats ont recours à des manœuvres protectionnistes de plus en plus marquées. La France se plaint que les USA aient fermé leur marché des avions ravitailleurs à Airbus, les Etats-Unis nationalisent GM et essaient de démolir Toyota, l’Allemagne proteste que la France a verrouillé son marché ferroviaire et électrique, etc.

Les bureaucrates syndicaux encouragent l’idée chauvine que l’ennemi principal n’est pas la bourgeoisie française mais les bourgeoisies rivales de celle-ci. On les a vu organiser la séquestration de cadres dans les usines « étrangères » comme Caterpillar ou Molex. A Caterpillar lors d’un rassemblement à Grenoble ils ont brûlé un drapeau américain. Mais l’exploitation reste l’exploitation, quelle que soit la nationalité de celui qui exploite.

Les directions syndicales partagent complètement la politique protectionniste qui vise à défendre les emplois pour les Français contre ceux pour les ouvriers d’autres pays. Nous avons reproduit dans le Bolchévik n° 188 (juin 2009) un article de nos camarades britanniques contre une grève réactionnaire et protectionniste l’an dernier en Angleterre. C’était à Lindsey, une raffinerie où les ouvriers ont fait grève pour que les emplois soient réservés aux ouvriers britanniques. Cette grève était soutenue par les fascistes, la bureaucratie syndicale travailliste et aussi le groupe taaffiste dont l’organisation sœur en France est la Gauche révolutionnaire, un des courants du NPA.

Le mouvement ouvrier ne doit pas se préoccuper de savoir qui les entreprises embauchent mais sur quelle grille salariale et dans quelles conditions de travail. En effet les patrons cherchent à « niveler par le bas » les salaires et les conditions de travail de tous les ouvriers en dressant les nationalités les unes contre les autres. Donc une grève digne de ce nom devrait contrer ces tentatives patronales en exigeant : Tout travail doit être rémunéré au tarif syndical en vigueur, quelle que soit la personne qui occupe l’emploi, à travail égal, salaire égal ! Le prolétariat doit se réapproprier le programme de solidarité internationale et de lutte que Marx et Engels avaient inscrit il y a plus de 160 ans sur l’étendard du mouvement communiste : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »

Les bureaucrates syndicaux, eux, s’unissent en règle générale à leurs propres capitalistes. Ils ont pris part aux états généraux de l’industrie française décrétés par Sarkozy, qui promettait des milliards à Renault et Peugeot à condition qu’ils ne ferment des usines qu’à l’étranger. Lutte ouvrière n’a, à notre connaissance, pas protesté car cette organisation a des positions clés dans la bureaucratie syndicale de ces constructeurs. Pour ce qui est du NPA, au moment de la grève dans les raffineries de Total, il s’est prononcé contre la délocalisation d’une raffinerie en Arabie saoudite tout en défendant la qualité des critères sociaux et environnementaux de la belle France par rapport à ce pays.

Pour des mobilisations ouvrières/immigrées contre les fascistes

La campagne électorale de Marine Le Pen (Front national) dans le nord du pays était basée en particulier sur la lutte pour défendre les emplois français. Le succès de cette campagne populiste a été préparé par les campagnes chauvines des réformistes, notamment de la direction du PCF et de la CGT, pour une politique industrielle pour l’impérialisme français. C’est un exemple très concret montrant comment les réformistes, avec leur politique protectionniste, font le lit du fascisme dès que la crise économique s’exacerbe un peu. Dans toute l’Europe il y a une remontée des fascistes et de l’extrême droite populiste et raciste. Les fascistes sont des bandes d’hommes armés extraparlementaires que la bourgeoisie tient en réserve pour le moment où les bonnes vieilles méthodes parlementaires et policières ne suffisent plus à maintenir l’ordre bourgeois.

Le système capitaliste décadent fournit les conditions sociales dont les fascistes se nourrissent et donc une lutte contre les fascistes est inséparable d’une lutte pour la révolution socialiste. Mais quand Tout est à nous du 18 mars, le journal du NPA, déclare « Au-delà des élections, il est urgent et nécessaire de reconstruire un front antifasciste et antiraciste large », cela donne le ton : ils vont chercher à mobiliser un bloc politique avec la bourgeoisie au nom de la lutte antifasciste, un « front populaire ». Ils avaient fait le coup de manière obscène en 2002 en appelant à voter Chirac contre Le Pen. Depuis les années 1930, derrière l’« antifascisme » des réformistes c’est le front populaire qui se profile. C’est aux antipodes de ce qu’est un réel combat contre le fascisme : il faut des mobilisations ouvrières/immigrées pour écraser cette vermine. Mais Besancenot au contraire débat avec Marine Le Pen à la télévision, ce qui donne une légitimité aux appels au meurtre des fascistes. Il faut mobiliser le pouvoir social des syndicats pour défendre les immigrés et les minorités et cela exige une lutte politique sérieuse contre les directions syndicales.

Comment gagner la classe ouvrière à un programme révolutionnaire

Il n’y a pas de solution sous le capitalisme. Il n’y a pas de raccourci à la construction d’un parti ouvrier multiethnique internationaliste. La conscience immédiate de la classe ouvrière est ce que nous appelons avec Lénine une conscience trade-unioniste (syndicale), à savoir qui se limite à lutter pour de meilleurs salaires par exemple. Le parti révolutionnaire que nous construisons lutte pour introduire dans la classe ouvrière une conscience révolutionnaire. Nous luttons pour gagner l’avant-garde de la classe ouvrière, ceux qui en seront les meilleurs combattants et qui à chaque moment montreront le chemin vers la révolution en liant les revendications immédiates de la classe ouvrière à la lutte pour la révolution.

Et pour cela nous nous basons sur le Programme de transition écrit en 1938 par Trotsky comme document fondateur de la Quatrième Internationale. Mais si la Quatrième Internationale a bien un programme, organisationnellement elle a été détruite dans les années 1950 par les pablistes, les prédécesseurs du NPA d’aujourd’hui. Ce programme est à l’opposé du blabla réformiste du NPA ou de LO. Je donnerai simplement les deux exemples les plus connus de leurs revendications : « interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des profits » et « répartition égale des richesses ». Bien naïf celui qui pense que l’on peut obtenir cela dans un système basé sur le profit.

Avec la crise économique, le chômage monte en flèche. Pour combattre la catastrophe du chômage, les travailleurs doivent mobiliser leur puissance sociale en mettant en avant des revendications essentielles, à commencer par la réduction de la durée de travail sans perte de salaire, la répartition du travail entre toutes les mains. Les salaires doivent suivre l’augmentation des prix. Il faut un programme massif de travaux publics, avec des grilles de salaires au taux syndical, pour reconstruire les infrastructures qui se dégradent et pour construire des logements sociaux de qualité, en particulier dans les cités-ghettos. Il faut lutter contre la discrimination raciste à l’embauche, dans le secteur public comme dans le secteur privé et combattre les nouvelles attaques contre le système de santé, l’enseignement et les retraites. Les travailleurs doivent exiger que les capitalistes ouvrent leurs livres de compte, ce qui montrera aux yeux de tous comment ils fraudent et dévoilera les escroqueries des banques. Ce sont là quelques-unes des revendications du Programme de transition. Le capitalisme ne voudra pas céder sur ces revendications qui sont pourtant toutes essentielles à la survie du prolétariat. C’est pourquoi la classe ouvrière a besoin d’une direction lutte de classe qui s’engage à lutter pour en finir une bonne fois pour toutes avec l’exploitation capitaliste en détruisant l’Etat bourgeois par la révolution socialiste.

Notre combat pour réimplanter le marxisme

Donc ceux qui veulent en finir avec ce système doivent considérer notre programme et notre combat au niveau international. Suite à la contre-révolution capitaliste en URSS la classe ouvrière n’assimile plus ses combats avec le socialisme. Il y a au cœur de la « mort du communisme » l’incrédulité en la possibilité historique d’une civilisation communiste d’abondance. Le NPA a ainsi fait sa campagne électorale avec des partisans de la « décroissance », c’est-à-dire une réduction des forces productives. Cela revenait à dire que les travailleurs en ont encore trop ! La perspective d’une société communiste mondiale est aux antipodes de ce que veulent ces sociaux-démocrates à la petite semaine.

Mais de nouvelles luttes surgiront et nous ne devons pas exclure la possibilité qu’un soulèvement spontané contre un gouvernement de droite, impliquant une partie substantielle de la classe ouvrière, puisse mener à une situation pré-révolutionnaire, voire révolutionnaire (c’est-à-dire avec des organes de double pouvoir qui seront l’embryon du pouvoir prolétarien) alors que la majorité des ouvriers et autres travailleurs n’aspirent pas au socialisme. Pour l’instant notre tâche première pour construire ce parti d’avant-garde tellement crucial pour la classe ouvrière est de propager la vision marxiste du monde en cherchant à recruter les éléments les plus avancés, et c’est ce que nous voulons faire avec vous qui êtes là ce soir.